020,3 – Jeunesse

– Elle ne sait pas mais elle peut. Confrontation pénible avec d’autres qui savent mais ne…

– Il convient de lui pardonner ses maladresses, comme il convient à ses membres de ne pas abuser de cette indulgence.

– La jeunesse actuelle est matériellement, existentiellement, comblée (à des degrés inégaux certes). Il lui manque l’épreuve qui forme, sa dose raisonnable de difficulté, de manque, de frustration, le ressenti de quelques ‘coups de pied au derrière’ qui forcent à prendre conscience de ses limites et à avancer. Tous éléments qui expliquent, entre autres facteurs, l’extraordinaire conformisme dont elle fait preuve au grand étonnement des Anciens. Comment fera-telle quand les conditions d’existence seront bouleversées ? Par le proche bouleversement climatique, les migrations  inimaginables, la réduction drastique des ressources… Toutes situations que sa jeunesse justement lui permettra de connaître, à défaut d’être capable de les affronter.

– « Le commandement théologique de la modernité : ‘rester jeune’ à tout prix, là où toutes les civilisations d’autrefois admettaient sans peine qu’il fallait bien que ‘jeunesse se passe’ .» (Jean-Claude Michéa) – « Comme s’il allait de soi que ce fût un état toujours souhaitable. » (Baudouin de Bodinat) – « J’avais vingt ans, je ne permettrai à personne de dire que c’est le plus bel âge de la vie. » (Paul Nizan)

– La notion de ‘jeunes’ est une invention mercantile. » (François Taillandier) – Il est possible de faire avaler n’importe quoi, notamment en matière de prétendue avancée sociétale, à des jeunes (par définition sans expérience ni beaucoup de raisonnement), sous prétexte de nouveauté, de modernité, de soi-disant progrès… C’est là, la raison principale de la propagande obsessionnelle pour ce qu’on appelle le Jeunisme.

« Qu’avons-nous à offrir à notre jeunesse ? … Les activités socio-éducatives peuvent-elles combler le vide existentiel ?» (Natacha Polony) – Pas étonnant qu’elle en soit réduite à défiler pour ses futures retraites !

-« Qualité qu’on admire chez les vieillards. » (?)

– Le jeunisme est un naufrage. » (Philippe Muray – sur le lamentable impératif du rester jeune)

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« L’adolescent est l’être qui blâme, qui s’indigne, qui méprise. » (Alain)

« Dire ‘Je me sens bien’ montre déjà qu’on a cessé d’être jeune – car lorsqu’on est jeune on ne se sent ni bien ni mal, on est tout simplement. » (Jean Améry – cité par Christiane Singer)

« Les jeunes sont déjà les vieux de quelqu’un. » (Jean Anouilh)

« On n’a tiré de sa jeunesse que ce qu’on peut et c’est bien peu. » (Louis Aragon)

« Le soulèvement des jeunes, leurs protestations débridées, a correspondu exactement à la diminution des pressions exercées par le besoin de sécurité matérielle. » (Robert Ardrey) – rassurons-nous, ce besoin va bientôt revenir, et avec une force grand V.

« La jeunesse a l’assurance de celui qui paie comptant. » (Anne Barratin)

« Les jeunes croient facilement que nous avons toujours été vieux. » (Anne Barratin)

« Retour à la jeunesse peut-être ; à la naïveté, jamais. » (Anne Barratin)

« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage

« Traversé çà et là par de brillants soleils. » (Baudelaire – Spleen et idéal)

« Jeunesse : orage traversé par de brillants éclairs. » (Baudelaire)

« Si tous doivent être appelés en conseil, c’est que souvent le Seigneur révèle au plus jeune ce qu’il y a de mieux à faire. » (règle de saint Benoît)

« Ce qui est anormal ce n’est pas que la jeunesse se révolte, mais que sa révolte soit prise pour autre chose que ce qu’elle est ; et que les adultes, subjugués par sa rhétorique, lui témoignent une complaisance dénotant, chez eux , une déperdition d’énergie, et prouvant qu’ils ont désormais le même âge mental que leur progéniture. » (Alain de Benoist – reprenant Konrad Lorenz)

« Le premier discernement à la sortie de l’adolescence : trouver qui l’on est. Et être sûr de ce que l’on veut être. » (Alain de Benoist ?)

« A l’adolescence on ne pense pas de la vie, on désire ceci ou cela c’est tout. » (Georges Bernanos)

« Le grand malheur de notre jeunesse est de risquer de commencer trop tôt les expériences de l’âge mûr. » (Georges Bernanos)

« C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit le monde claque des dents. » (Georges Bernanos)

« J’ai peu de tendresse pour l’adolescence, l’âge femelle de notre vie. Tout y est, le bien et le mal, dans une confusion extrême. » (Georges Bernanos) – Aujourd’hui, la horde féministe lyncherait un tel auteur pour une telle affirmation.

« On peut poser cette règle générale, que, pour éviter la révolte de l’adolescent, une chose est nécessaire et suffit : que les parents sachent ce qu’ils pensent et pourquoi ils le pensent … l’adolescent doit avoir quelque chose à penser et des maîtres pour lui l’enseigner. » (Alain Besançon) – Il ne s’agit pas d’endoctriner, mais d’apprendre à penser.

« Ce qui a poussé loin d’eux  a toujours meilleur goût pour les garçons. » (Ernst Bloch)

« Il n’existe aucune nécessité, aucune morale, aucune pression sociale, aucun sacrifice à faire qui  milite en faveur ou à l’encontre d’aucune de ces directions, et il existe des désirs qui s’orientent vers chacune d’entre elles, avec, contradictoires entre eux, des arguments pour étayer chacun des choix …Toutes leurs relations doivent résulter d’un consentement, d’un contrat, d’un choix. Aucune n’est donnée d’avance. Ils peuvent être tout ce qu’ils souhaitent être, mais ils n’ont aucune raison particulière de souhaiter être quelque chose en particulier … ‘La jeunesse démocratique vit au jour le jour, satisfaisant le désir qui la prend, tantôt … tantôt … puis à nouveau …puis … Il n’y a ni ordre ni nécessité dans sa vie, mais la qualifiant de libre, de douce et de bénie, il la poursuit ainsi tout du long’ (Platon). » (Allan Bloom) – « Sur l’avenir indéterminé et ouvert et en l’absence de tout passé aliénant des jeunes Américains, libre du lieu, de croire en Dieu ou d’être athée ou agnostique, hétéro ou homosexuel ou les deux, mariés ou non, le restant ou non, ayant ou non des enfants, et ainsi de suite à l’infini … Comment s’étonner que ces voyageurs sans bagages se préoccupent principalement d’eux-mêmes, et de trouver le moyen d’éviter une chute libre permanente ? …  Nous sommes des solitaires sociaux. » (idem) – Situation angoissante, dépressive pour beaucoup.

« Lorsqu’on est jeune on cherche à avoir raison envers et contre tout. C’est une horreur. » (Jorge Luis Borges)

« Ce qu’on laisse derrière soi ne vaut pas toujours d’être regretté. Mais, ce qu’on laisse derrière soi, c’est toujours sa jeunesse. » (Robert Brasillach)

« Le crétinisme avancé a touché tous les milieux, ce n’est plus une question de rapport de classes, mais un affrontement de générations. La doxa n’est plus ce qui émanait des castes supérieures, elle provient désormais de la lie de l’humanité, condensée dans sa jeunesse. La censure vient d’en bas. On a formaté une génération, qui a aujourd’hui entre 12 et 20 ans, de crétins définitifs persuadés d’avoir toujours raison et d’être beaux et aimables. ‘génération connards’ … Les réseaux sociaux, en offrant la parole à des jeunes qui n’avaient rien à dire, en leur permettant de mettre en ligne en deux clics la vidéo qui témoigne de leur nullité agressive, ont accentué le phénomène  … Car c’est au niveau intellectuel (un mot très excessif en ce qui les concerne) que les dégâts sont les plus nets. Suffisance et insuffisances, inculture abyssale, méconnaissance de tout ce qui est antérieur à leur naissance, mépris de tout ce qui n’est pas eux — et aliénation totale vis-à-vis des produits obsolescents qu’on leur impose et qu’ils croient choisir. Ajoutez à cela l’option cannabis, et le panorama sera presque complet … Ce tableau n’est pas seulement celui du jeune acculturé de banlieue. Il est aussi celui des pseudo-élites de demain. Manipulés par des sociologues qui trouvent là de quoi étayer leurs théories fumeuses et défouler leur libido, ils ont des jugements définitifs sur ce qu’il convient de penser. Et rien de plus conforme que ces rebelles de carton-pâte, ces féministes qui subodorent des violeurs dans tout homme encore un peu mâle, ces pseudo-transsexuels qui affectent d’être autres pour se dispenser d’être eux-mêmes, ces révoltés à deux balles. »  (Jean-Paul Brighelli)

 « Leur idée de la démocratie se résume à faire taire ou à mépriser tout ce qui n’est pas elle-même. »  (Jean-Paul Brighelli –  sur la jeunesse inculte et consumériste, dévoreuse de séries….)

« Le jeunisme est une idéologie de nations vieillissantes. » (Pascal Bruckner)

« Les grèves de l’automne 2010 en France auront montré le spectacle étonnant de lycéens manifestant pour leurs retraites. Ces adolescents aux tempes grises… » (Pascal Bruckner)

« La jeunesse est peut-être un idéal esthétique, amoureux, sexuel, sportif, militaire, économique et Dieu sait quoi encore, ce n’est en aucune façon un idéal philosophique. » (Renaud Camus)

« Tout jeune homme se considère comme l’origine du monde. » (Elias Canetti)

« On perd la plus grande partie de sa jeunesse à coups de maladresse. » » (Père Michel de Certeau) – Pitoyables soi-disant adultes.

« Les gens de votre âge qui ajoutent au privilège de n’avoir rien fait et de ne rien savoir l’outrecuidance et le toupet de vieux politiciens. » (un personnage de Bruno de Cessole)

« Le jeune homme moderne ne changera jamais son milieu ; parce qu’il changera toujours d’idée. » (Chesterton)

« J’aime dans la jeunesse cette fécondité luxuriante. On réduit aisément la vigueur des ceps qui ont poussé trop de branches ; mais si la souche ne vaut rien, aucune culture ne fait croître de nouveaux sarments. » (Cicéron)

« J’étais jeune et ne pouvais admettre d’autres vérités que les miennes, ni concéder à l’adversaire le droit d’avoir les siennes, de s’en prévaloir ou de les imposer … Celui qui avant la trentaine n’a pas subi la fascination de toutes les formes d’extrémisme je ne sais si je dois l’admirer ou le mépriser, le considérer comme un saint ou comme un cadavre … Il a triomphé du démon ou, chose plus grave, il n’en a jamais été possédé. » (Emil Cioran)

« La jeunesse est une acquisition de l’âge mûr. » (Jean Cocteau)

« L’enfance sait ce qu’elle veut. Elle veut sortir de l’enfance. Le malaise débute lorsqu’elle en sort. Car la jeunesse sait ce qu’elle ne veut pas avant de savoir ce qu’elle veut. Or ce qu’elle ne veut pas c’est ce que nous voulons. Elle nous fréquente pour jouir du contraste … Cette minute entre l’enfance et la jeunesse est la pire. » (Jean Cocteau)

« Pour la première fois dans  son histoire, la domination spectaculaire a pu élever une génération pliée à ses lois … Les conditions extraordinairement neuves dans lesquelles cette génération dans l’ensemble a effectivement vécu, constituent un résumé exact et suffisant de ce que désormais le spectacle empêche ; et aussi ce ce qu’il permet. » (Guy Debord –   Commentaires sur la Société du Spectacle)

« La jeunesse, le changement de ce qui existe, n’est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. » (Guy Debord – La société du spectacle)

« La jeunesse n’est plus un âge, c’est une valeur en soi. » (Régis Debray)

« Il est devenu clair que le jeunisme est l’ennemi numéro un des jeunes. Le culte de la facilité cher aux pouvoirs en place ne leur prépare pas un bel avenir. » (Régis Debray) – C’est bien pourquoi il faut les flatter pour les endormir jusqu’au brutal réveil.

« Il est de bonne guerre, pour les vieux en place et qui tiennent à y rester, de donner au peuple jeune des compensations honorifiques d’ordre sociétal et esthétique. D’où toutes sortes d’hommages prophylactiques et anesthésiants, élans de la rue subventionnés, impros programmés et bruitages à gogo. Cela calme le jeu, et fait oublier qui tient le manche. » (Régis Debray) – ‘Jeunisme’ et  flatteries en tout genre.

« La sénilité n’attend pas le nombre des années. » (Régis Debray) – Lycéens défilant pour leur retraites !

« Le sujet qui vit une crise d’identité est comme une ‘personne déplacée’ d’un monde à un autre … L’adolescent ne peut plus donner satisfaction en se  comportant comme un enfant soumis aux adultes, mais il ne peut pas encore se comporter comme un adulte assuré de sa place dans le monde … Il y  a crise parce que tout se passe comme s’il était demandé à l’individu, écartelé entre deux mondes, d’exister à plusieurs exemplaires, de façon à donner satisfaction à des demandes incompatibles entre elles et pourtant toutes inconditionnelles … Le problème que pose l’individu en crise c‘est justement d’exister comme un individu donc à un seul exemplaire.  » (Vincent Descombes)

Le plus pathétique est de voir des quinquagénaires courir après la jeunesse afin de rattraper la leur. « Depuis trente ans, la jeunesse, c’est-à-dire la frange la plus totalement parasitaire de la population, bénéficie, sous nos climats, d’une dévotion frileuse qui confine à la bigoterie. Malheur à celui qui n’a rien fait pour les jeunes, c’est le péché suprême et la marque satanique de la pédophobie est sur lui. » (Pierre Desproges)

« Un jeune homme constamment judicieux ne vaut pas grand-chose. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov)

« Après avoir affolé quelques politiciens paternalistes, la ‘crise de la jeunesse’ est devenue une composante de l’organisation, intégrée aux circuits du marché et canalisée par eux. Le communisme réprimait toute contestation. Le capitalisme la met en scène. Il s’en nourrit. » (Benoît Duteurtre)  – La contestation est même un des moteurs du capitalisme.

« La jeune génération rejoue les combats de ses parents soixante-huitards mais en pire, car la plupart de ces combats ont déjà été gagnés et il lui faut trouver de nouveaux ennemis. Elle se mobilise donc sur des sujets de plus en plus dérisoires. Elle ne veut plus guère faire la révolution au sens économico-politique comme les gauchistes des années 60-70 mais une révolution domestique, dans chaque domaine de la vie privée, du sexe et de l’environnement. Tout cela repassé à la moulinette de la lutte des classes. »(Benoît Duteutre)

« On ne comprend jamais le mot jeunesse avant trente ans. » (Jean Dutourd)

 « Âge où l’on doute de tout ce qui est possible et de rien de ce qui est impossible. » (Jean Dutourd – sur l’adolescence)

« Comment un jour avons-nous pu faire semblant de croire que des gamins de vingt ans pouvaient avoir raison et porter le monde … Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers de je ne sais quelle vérité absolue. Les Jeunes, les jeunes, les jeunes… On eût dit qu’ils venaient d’arriver dans leurs navires  spatiaux … Seul un délire collectif peut nous avoir fait considérer comme des maîtres dépositaires de toutes les vérités des garçons de quinze ans. » (Federico Fellini – revenant lucidement sur ses errements des années 1968)

« La jeunesse ressent un plaisir incroyable lorsqu’on commence à se fier à elle et à la faire entrer dans quelque affaire sérieuse. » (Fénelon)

« Notre jeunesse cherche individuellement et désespérément une raison à son existence. Et le désespoir motive, soit la torpeur soit la terreur. » (Henri Feng) – Sont-ce nos fameuses valeurs qui vont lui fournir quelque raison ?

« En 68, on était très cons, mais pas au point de manifester contre les retraites. » (Luc Ferry)

« L’adolescence est un âge où l’éveil au monde se combine avec la bienheureuse ignorance des vicissitudes de notre condition incarnée. L’adolescent habite le no man’s land de l’irresponsablité civique et matérielle. Il n’a à répondre de rien. Il n’est pas  en situation de lutter pour son existence ou celle de ses proches. Ses engagements sont d’autant plus radicaux, ses motivations d’autant plus pures et sa morale d’autant plus tranchante que son expérience est pauvre. Il n’y a aucune raison de s’en offusquer. Ce qui est grave … c’est que tant d’adultes responsables érigent cet angélisme qui ne mange pas de pain en critère de sagesse et de probité. » (Alain Finkielkraut – sur des manifestations lycéennes)

« L’adolescent contemporain, vivant dans l’abstraction exaltante d’un univers de substitution où toute la souffrance des hommes résulte de la politique des méchants, ne rencontre, sauf exception, que lui-même, c’est- à-dire l’allergie à l’inextricable et l’extase des engagements binaires … Mas où sont passés les adultes ? » (Alain Finkielkraut)

« La maturité n’est plus pour la société une valeur : les jeunes n’ont d’autres vis-à-vis que les vieux, les archaïques, les ringards. Comment, dés lors, sortiraient-ils de leurs sentiers battus ? …  Trop d’adultes les portent aux nues et s’enchantent obséquieusement de leur intransigeance abstraite pour qu’ils puissent aspirer à des qualités, à des dispositions qu’ils ne trouvent pas spontanément en eux-mêmes, comme la modération, le goût du concret ou le scrupule intellectuel … » (Alain Finkielkraut) – La lâcheté des adultes, et d’abord des gens des média.

« La jeunesse était un âge de la vie. C’est désormais une modalité de l’être, une identité collective, une culture spécifique, un monde avec ses mœurs, ses codes, ses valeurs, se références, ses supports, sa langue, son ‘look’, ses goûts et ses besoins. Et son besoin primordial, dit-on, c’est la fête. La jeunesse vit sous le rythme de l’intensité. » (Alain Finkielkraut)

« ‘Leur expérience du monde étant pauvre, les jeunes n’aiment pas l’ambiguïté’. Ils n’aiment pas la complexité non plus. Trop ardents pour prendre le temps de la réflexion, trop impatients pour accepter l’idée qu’il y a de l’inextricable, ils ne rencontrent jamais de problèmes, ils ne voient, en toute circonstance, que des Justes et des Salauds ; Ils entrent en politique par la porte de l’indignation et ce qui les attire dans l’écologie, c’est la simplicité apparente de ce combat. » (Alain Finkielkraut – citant Primo Levi)

« Chaque année dans les rues de Berlin, près d’un million de jeunes venus de toute l’Europe délivrent un grand message d’amour en dansant sur les rythmes envoûtants de la musique électronique. ‘We are one family’ hurlent-ils à la planète et, le lendemain du défilé, les lapins, les écureuils et les batraciens du ‘Tiergarten’ se ramassent à la pelle, le tympan crevé par les décibels. Les crapauds qui survivent à la ‘Love parade’ restent sourds. » (Alain Finkielkraut) – Belle jeunesse trop tarée même pour avoir l’audace de la barbarie.

« Jeune homme. – Toujours farceur. Il doit l’être. S’étonner quand il ne l’est pas. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« La jeunesse, en France, on ne l’admire que chez les vieillards. » (Maurice Martin du Gard)

« Lorsque la jeunesse trouve l’aliment spirituel dont le présent la prive, elle éprouve un véritable enthousiasme : le court terme auquel on cherche cyniquement à l’habituer cède la place à une vue plus ample qui apprend à se défier du bruyant éphémère. » (Emmanuel Godo)

« Méfiez-vous de vos rêves de jeunesse, ils finissent toujours par se réaliser. » (Goethe)

« Chacun croit dan sa jeunesse que le monde n’a commencé qu’avec lui et que toutes choses sont faites exprès pour lui. » (Goethe)

« La perniciosité du ‘jeunisme’, de ces phénomènes de mode qui, pensons-nous, sont à la source de tous les fanatismes idéologiques et abolissent, par le terrorisme intellectuel … l’esprit critique au profit de l’esprit de système ou, tout simplement, de l’esprit grégaire. » (Gilles William Goldnadel)

« Les jeunes sont-ils devenus des vieux cons ? Par naïveté, par plaisir ludique ou par désespérance, de jeunes mutins de Panurge descendront encore dans la rue. Ils n’incarneront jamais plus ni la jeunesse, ni la générosité, ni l’avenir, quant aux plus intelligents, ils savent déjà combien le jeunisme est crétin. » (Gilles William Goldnadel) – Sur les étudiants impuissants et les étudiantes braillantes et éructantes dans des défilés pour les Allocs et les Retraites.

« La plupart des hommes trahissent leur jeunesse. » (Julien Green)

« Si les jeunes avaient toujours accepté la sagesse de leurs anciens, il y a beau temps que le monde serait invivable. » (Jan Greshoff)

« Être évidemment si niais, et être insolemment si beaux, quel gaspillage ! La jeunesse devrait être une récompense, une faveur aussi rare que tardive ? » (Nicolas Grimaldi)

« L’adolescence est l’âge de l’ascétisme, du mépris de la matière (inconsciemment du corps), à ériger un idéal d’austérité, en réponse aux forces psycho-sexuelles que le jeune ressent … Participant de l’univers de la pureté. »  (Béla Grunberger et Janine Chasseguet-Smirgel) 

« Qu’est-ce qui poussera le jeune à devenir adulte si l’état d’adolescence est l’objet d’une apologie délirante de la part de tous, si l’idéal de la collectivité entière se projette sur sa jeunesse ? Comment accepter de grandir, de mûrir, de vieillir ? Comment s’aimer en tant qu’adulte et à travers les âges de la vie, condition pourtant indispensable à la conservation de la santé mentale et physique ? »  (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel) 

« La réduction de la banlieue à la jeunesse (idée aussi fausse que dominante) tend également à imposer l’idée d’une réduction de la jeunesse à celle des banlieues … Discours caractéristique de l’amnésie française qui, après avoir oublié la classe ouvrière et les catégories populaires est dans l’impossibilité désormais de concevoir une autre jeunesse … que celle vue à la télé des quartiers sensibles. » (Christophe Guilluy)

« En Occident la jeunesse est désemparée. On n’exige plus assez de la jeunesse ;  la jeunesse avec raison exige qu’on exige. » (Jean Guitton)

« Ceux qui deviennent jeunes tard le restent longtemps. » (Victor Hugo)

 « L’enfance, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, est une invention du XIX° siècle, comme l’adolescence sera une invention du XX° … La conception de l’enfant comme un être à part entière, autonome et distinct de l’adulte, est tout à fait récente, puisque contemporaine de la révolution industrielle. » (Roland Jaccard)

« Toute jeunesse est par avance et presque par définition une jeunesse perdue ; car il est sans exemple qu’un jeune ait sur le moment et opportunément ‘profité’ de sa jeunesse ; la jeunesse est une heureuse opportunité rétrospective reconstituée après coup par un adulte en retard. ‘Dis, qu’as-tu fait de ta jeunesse ?’. » (Vladimir Jankélévitch) – ‘Et de ta vie, qu’en as-tu fait ?’

« Avec un cœur de vingt ans et une énergie de huit heures du matin. » (Vladimir Jankélévitch) – La jeunesse n’est pas qu’une question d’âge.

« Adressez-vous aux jeunes hommes, ils savent tout. » (Joseph Joubert)

« Ces jeunes gens qui au lieu de chercher à comprendre cherchent à juger. » (Joseph Joubert)

« La jeunesse, en ce temps-là, était un âge plein d’enthousiasme et par là même de bonheur, mais ses enthousiasmes étaient doux et ses félicités paisibles. Elle n’imposait pas la loi d’admirer ce qu’elle admirait et d’aimer ce qu’elle adorait. Ses goûts étaient vifs et décidés, mais ils n’étaient pas tyranniques. Elle se fiait à son instinct, mais non pas à ses jugements. » (Joseph Joubert)

« La vieillesse aime le peu et la jeunesse aime le trop, inhabituée à la sagesse, n’estimant rien, n’aimant rien et ne voulant rien avec poids, avec nombre et avec mesure. » (Joseph Joubert)

« Ce jury que chaque génération institue afin de juger la génération précédente. » (Kierkgaard) – Procureur, la gamine autiste, Greta Thunberg.

« La jeunesse n’est pas un mérite particulier. Elle n’est pas non plus le fruit d’un heureux hasard. Ceux qui ne sont plus jeunes l’ont été jadis ! … Le culte de la jeunesse est extrêmement répandu … pourquoi ? … … Certes, évidente supériorité physique … Source d’énergie, la bêtise de la jeunesse est le ferment des changements positifs … Mais le réel attrait de la jeunesse, c’est la réalité de l’inachevé, le sentiment que la vie s’offre à nous … rien n’est encore joué ni décidé … toutes les portes sont ouvertes et tout est possible (en théorie !). » (Leszek Kolakowski)

« Elle n’a qu’un temps. » (Eugène Labiche)

« L’effacement des rites d’initiation, pour marquer le passage de l’enfance à l’âge adulte, expose la jeunesse à s’attarder dans une adolescence sans fin qui participe de son actuelle désorientation. L’adolescence censée être une période de transition … semble durer une éternité impossible à délimiter. » (Nathalie Sarthou-Lajus)

« Il semble admis qu’il appartient aux jeunes, comme une espèce de droit, de vouloir que tout le monde soit occupé de leurs pensées. » (Giacomo Léopardi)

« Pas d’âge plus conformiste que celui de l’adolescence. La jeunesse est grégaire et la hantise d’être marginalisé, redoutable. » (Bérénice Levet)

 « Le spectacle d’une jeunesse considérant que la réussite lui est due et refusant le moindre effort pour parvenir à ce qu’elle veut… » (Elisabeth Lévy)

« Les vieux ont voté pour l’aventure et le grand large, les jeunes pour le statu-quo et la sécurité … On croyait que le risque c’était un truc de jeunes, et on les découvre défilant pour leurs retraites et terrifiés à l’idée de devoir voyager sans Erasmus … Quoi de plus amusant que l’idée de vieillards indignes infligeant une petite leçon de vie à des jeunes propres sur eux, pressés de jouir des privilèges de l’économie mondialisée, ce qui n’est bien sûr pas répréhensible, mais pas non plus très exaltant. » (Elisabeth Lévy – sur le Brexit) – Ce n’est pas la première  fois où on remarque l’invraisemblable conservatisme et conformisme des jeunes – « Ces jeunes gens festifs semblent n’accepter que les bonnes surprises, n’attendre par hypothèse que du bon de la démocratie (Easyjet, Eurostar, Erasmus, des jolies nordiques sans frontières et sans entraves) et la prendre pour une prestation logistique au service du fun perpétuel de leur moi jouissant ; il y a un malentendu. Qu’on le dissipe en expliquant à ces chères têtes blondes que la démocratie c’est beau comme principe, mais c’est assez pénible comme pratique. » (Marin de  Viry)

« La modernité numérique berceau du conformisme inintellectuel …  L’ignorantisme prégnant comme fabrique à geignards indignés …  Une jeunesse innombrable et boursouflée d’inculture se croit libre et éveillé. » (Esteban Maillot) – Sur le rôle des réseaux sociaux et des  Gafam

« La possibilité de mise en question n’apparaît guère qu’avec la dix-septième année de la vie … au moment où commence la vie auto-expérimentatrice. Ce n’est qu’à partir de ce moment que la vie se déroule dans la problématique contemporaine et qu’il s’avère possible de la ressentir comme telle. » (Karl Mannheim – Le problème des générations)

« Autrefois, l’adolescence était le moment où l’on s’émancipait de son statut de sujet pour devenir un individu à part entière. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus douloureux, car le voyage se fait en sens inverse. Habitué à être traité en individu depuis l’enfance, l’adolescent doit se subjectiver en apprenant à accepter la place de l’autre, à s’amputer de sa toute-puissance illusoire pour s’intégrer dans la société. » (Daniel Marcelli –pédopsychiatre)

« La jeunesse, c’est quand on ne sait pas ce qui va arriver. » (Henri Michaux)

« J’aurai bientôt vingt-huit ans. C’est un âge où avec de l’émulation et quelques connaissances, on peut n’être pas tout à fait inutile ; mais c’est aussi celui où l’on n’a plus de temps à perdre. » (Mirabeau)

« L’idéologie mondialiste identifie absolument et durablement l’avenir de l’Humanité à la Jeunesse ; non seulement pour son oubli et son rejet radieux du passé caduc, mais aussi en tant que population prolétarisée et réduite à la condition d’armée de réserve uniforme et universelle… L’éloignement naturel de la jeunesse envers le marché du travail est artificiellement prolongé et glorifié … Tous les problèmes sociaux subissent une cure de rajeunissement ; c’est le ‘chômage des jeunes’, le ‘mal-vivre des jeunes’… » (Flora Montcorbier) – Bien entendu cela correspond à une stratégie de subversion.

« Les jeunes gens n’ont pas besoin de maître à penser, mais de maîtres à se conduire. » (Henry de Montherlant)

« Le temps des échecs. » (Henry de Montherlant)

« Certaines réalisations accomplies trop jeune vident l’avenir. » (Henry de Montherlant) – Rimbaud ?

« Il faut en finir tôt avec la jeunesse, sinon que de temps perdu. » (Philippe Muray) – afin d’atteindre « La capacité qu’a l’individu de se quitter, de se mettre entre parenthèses, de se libérer de soi afin d’être libre pour autre chose que soi … de plus grand que soi. » (Bérénice Levet – s’appuyant sur Alain Finkielkraut)

« Assurer et Craindre. » (Hector Obalk) – Deux maîtres mots de la jeunesse. Pour qui s’intéresse aux modes jeunes, déjà anciennes (Pop, Hippies, Babas, BCBG, Punks, Minets, New-Wave, Fun…), le livre d’Hectot Obalk, Alain Soral, et Alexandre Pasche, Les mouvements de mode expliqués aux parents, est une mine d’informations plaisantes, même si déjà datées (début des années 1980)

« Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout.  » (Michel Onfray – répondant à la question : Que dire à un jeune ?) – L’auteur est pourtant bien loin d’être un pessimiste né.

« Des jeunes à la fois présomptueux et frustrés, à cause  de la bêtise et en même temps de l’impossibilité d’atteindre les modèles que leur propose l’école et la télévision, ont une tendance irrésistible à être agressifs jusqu’à la délinquance, ou passifs jusqu’au malheur. » (Pier Paolo Pasoloni) – Facile de leur monter la tête.

« La classe dominante, dont le nouveau mode de production a créé une nouvelle forme de pouvoir et en conséquence une nouvelle forme de culture, a procédé ces dernières années en Italie (mais pas que là) au génocide des cultures particularistes (populaires) … Les jeunes sous-prolétaires romains (mais pas qu’eux) ont perdu leur ‘culture’, c’est-à-dire leur manière de se comporter, de parler, de juger la réalité. On leur a fourni un modèle de vie bourgeois (consumériste) … ils ont été classiquement détruits et embourgeoisés. Leur connotation de classe est maintenant purement économique et non plus ‘également’ culturelle. » (Pier Paolo Pasolini)

« On cesse d’être jeune quand on distingue entre soi et les autres ; c’est-à-dire quand on n’a plus besoin de leur compagnie … La maturité c’est l’isolement qui se suffit à lui-même. » (Cesare Pavese)

« Est-ce de ma faute si la jeunesse aujourd’hui cherche des maîtres un peu plus maigres ? » (Charles Péguy)

« Le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités. » (circulaire de Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, sur une question de société controversée – cité par Natacha Polony) – Maladresse sans doute, mais typique. Nous avons effectivement connu des régimes qui s’appuyaient fortement sur la jeunesse pour changer les mentalités, en Europe comme en Chine. On ne saurait affirmer qu’ils étaient les plus démocratiques.

« Cet âge de la vie où l’on a l’impression d’être chassé par force de l’enfance, et où l’on est encore profondément rebuté par les duretés d’un monde vraiment adulte. L’adolescence est cette étroite plate-forme où le malaise peut être grand et dont on tente de s’échapper par le haut, grâce à la rêverie et au goût de l’absolu » (Pierre Péju – préface au  Grand Meaulnes)

« Dire que, quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! » (Louis Pergaud)

« On met très longtemps pour devenir jeune. » (Picasso)

« L’œillade au juvénile est signe de la décadence du peuple. » (Platon)

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,

« Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,

« Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,

« Lorsque les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne,

« Alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. » (Platon)

« Toute notre société aboutit à ce que nous produisions une jeunesse hors sol, comme on produit des tomates, sans le moindre lien avec la civilisation qui l’a précédée. Les nouvelles technologies et l’accès qu’elles donnent à toutes les connaissances n’y changent rien : nos jeunes n’iront même jamais y voir de plus près puisque nous les confortons dans leur ‘culture jeune’, ce narcissisme simplet qui considère que tout ce qui est vieux est ringard, et qu’il faut être résolument moderne, autrement dit frénétiquement inculte … C’est la destruction de nos racines, et avec elles, de notre avenir. » (Natacha Polony)

« La jeunesse est une apparence, elle n’est qu’impulsions, caprices, divagations…. A quoi les adolescents ressemblent le plus ? A des machines mal dirigées. Leurs violences, comme leurs désespoirs, sont des accidents. » (Robert Poulet – Contre la jeunesse)

 « Ce qu’il y a d’agaçant et d‘accablant en elle, ce n’est pas ce qu’elle est, c’est ce qu’elle prétend être. » (Robert Poulet)

« Les jeunes gens nomment liberté la latitude de professer des opinions qui fassent scandale, et dont ils tirent gloire. Ils comprennent d’ailleurs qu’on ne puisse leur permettre d’agir conformément à ces opinions, qui sont toutes de parade. » (Robert Poulet)

« Pour nous charmer, les jeunes gens n’ont qu’à être ce qu’ils sont, c’est-à-dire beaux et bêtes. Hélas, ils ne sont même pas toujours beaux ! » (Robert Poulet)

« Il convient d’user de la jeunesse sous le seul angle où ses qualités ne soient pas contestables, c’est-à-dire sous l’angle esthétique. Encore faudrait-il que le beau garçon ou la jolie fille se tût. » (Robert Poulet)

« La jeunesse n’a d’intérêt que quand elle ne comprend rien à rien. Ensuite, ce n’est plus qu’un tas d’homme. » (Robert Poulet)

« L’âge où l’on croit que l’on crée ce que l’on nomme. » (Marcel Proust)

« Un motif qui trahit un certain rapport entre la crainte de mourir et la disposition au narcissisme, est le désir de rester toujours jeune. » (Otto Rank) – Alors notre société, imposant la jeunesse jusqu’à quatre-vingt-dix ans, est imprégnée de narcissisme. Ce dont on se doutait.

« La génération lyrique est la première à connaître, dés l’enfance, ce qu’on peut appeler la normalisation de la richesse … Mythe de la naissance d’un monde … L’idée de l’autonomie inviolable et de la supériorité de l’enfance … en tant que groupe, catégorie sociale de plein droit … Territoire régi par des lois et des ‘valeurs’ qui lui sont propres et auxquelles ce sont les adultes qui doivent désormais se soumettre … Influence sur la conscience que se fera la génération lyrique de sa place dans la société … Monde dont on peut retirer ce qu’il a de meilleur et de plus utile … mais qui n’aura pas vraiment pesé sur eux ni ne les aura opprimés … Une éducation, l’une des meilleures dont aucune génération ait jamais bénéficié, à mi-chemin entre l’ancien et le nouveau, entre la tradition et le changement … Le plus d’encadrement et le moins de contraintes … Des parents proches et discrets, présents et effacés … Milieu bouillonnant, actif, travaillé par le changement, où règne une sorte de fébrilité … Mélange de tradition et de libéralisme, d’ordre et d’aventure … Aux avantages de la décadence se joignaient ceux des commencements … Avant le culte de l’ignorance et le mépris du passé qui allaient succéder … Appartenir à la génération lyrique : être à la fois le  dernier et le premier … Le dernier de l’ancien monde, dont on a connu la stabilité sans en subir l’oppression, et le premier du monde à venir, dans lequel on saute avec d’autant plus d’enthousiasme qu’on a sous les pieds ce filet solide hérité du passé … L’éclatement du phénomène ‘jeunesse’ des années soixante … Temps de s’exprimer et d’exercer ses facultés dans le monde, sans avoir pourtant à le gérer ni à se charger de son poids … Non plus une étape ou un âge de transition … mais une installation dans la jeunesse où on va demeurer … En ce sens, la génération lyrique pourrait aussi s’appeler la ‘génération de la légèreté du monde’ … Enthousiasme, assurance, atmosphère de commencement, joie de se savoir sans attaches comme sans responsabilité, sans aucun poids qui retienne l’être de prendre son envol vers le ‘château étoilé’ où s’ouvrent librement toutes les possibilités, où tous les besoins sont comblés, où se prennent sans frein toutes les jouissances …Percevoir le monde comme dénué de pesanteur … ouvert et libre, à un moment où toute la société ne demande que cela : se transformer, s’alléger, rejeter le poids du passé, ce n’est pas exactement se trouver en exil, banni ou méprisé par les détenteurs du pouvoir et de la morale. Bien au contraire … Se trouver au centre du monde, à la fine pointe de la marche de l’histoire, porter en soi, mieux que tout autre groupe, l’esprit, la ‘vibration’ même de l’époque. » » (François Ricard – considérations éparses et simplifiées sur la génération lyrique issue du baby boom d’après guerre, le début des trente glorieuses, l’écart fabuleux de toutes les conditions économiques et de vie entre l’immédiat avant guerre et à partir des années soixante, l’émergence du phénomène jeunesse…)

 « Le repli sur soi, la contemplation et la jouissance de sa propre image sont ici le fait non de l’individu mais du groupe, non de chaque sujet en particulier mais de l’ensemble qu’ils forment, homogène, innombrable, se sentant à la fois distinct de tous les autres et seul dans le monde. Ce sentiment de ‘centralité’… Il n’y a plus d’Autre, mais un gigantesque ‘nous’ pareil à moi-même, qui m’accueille, m’enveloppe, me prolonge et apporte à mon existence une confirmation et un élargissement de chaque instant … Woodstock … Evénements purs, sans signification autre que de se produire … ce que dit bien le mot ‘happening’ … Former une foule, éprouver pendant un instant de grâce son appartenance à quelque chose de plus vaste et de plus fondamental que soi-même. Au fond cela tient du pèlerinage … Ils sont venus pour se voir et s’adorer … Le seul nombre fait toute la fête … Humanité meilleure et pure, joie de se trouver pareils et seuls, ensemble et à l’écart. » (François Ricard – sur le narcissisme démographique ou collectif de la jeunesse des années soixante…) – Aussi le goût pour les manifs.

« L‘âge, la jeunesse, où les blessures et les fractures morales les plus compliquées se guérissent aussi vite que les blessures du corps ; le bois vert est moins cassant que le bois sec. » (Jean-Paul Richter)

« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

« ……………………………………………………

« On divague ; on se sent aux lèvres un baiser

« Qui palpite là comme une petite bête. » (Arthur Rimbaud – Roman)

« Oisive jeunesse a tout asservi,

« Par délicatesse j’ai perdu ma vie. » (Arthur Rimbaud)

« Je  regrette les temps de l’antique jeunesse,

« ……………………………………………………………

« Je regrette les temps où la sève du monde

«  L’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts

« Dans les veines de Pan mettaient un univers !

«  …………………………………………………………….

« Modulant sous le ciel le grand hymne d’amour

«  ……………………………………………………………….

«  La terre berçant l’homme, et tout l’océan bleu

« Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu ! » (Arthur Rimbaud – Soleil et Chair)

« La jeunesse est une ivresse continuelle, c’est la  fièvre de la raison. » (La Rochefoucauld)

« La plupart des jeunes gens croient être naturels quand ils ne sont qu’impolis et grossiers. » (La Rochefoucauld) – Un peu sévère. 

« Le vrai trésor de l’homme est la verte jeunesse,

« Le reste de nos ans ne sont que des hivers. » (Ronsard)

« Toute cette jeunesse que la jeunesse gaspille et qui profiterait tellement aux personnes âgées. » (Claude Roy)

« La thèse de la jeunesse réprimée, exploitée, victime de la société établie, est évidemment fausse jusqu’au grotesque, puisque les jeunes ne produisent pas mais consomment, et que les parents et adultes se surmènent pour eux … Pour les démagogues, la jeunesse a l’avantage de se renouveler automatiquement dans sa vigueur vitale et sa parfaite viduité cérébrale. » (Raymond Ruyer)

« L’idéologie marxiste, en Occident, (et bien d’autres) a beaucoup plus de prise sur les jeunes que sur les vieux parce qu’elle est simple, correspond bien à leur volonté de comprendre avant d’étudier, de révolutionner avant d’évoluer, de survoler avant de marcher, de juger avant d’être jugé. » (Raymond Ruyer)

« La jeunesse est ‘l’âge du malheur’ : elle se croit facilement malheureuse, et veut ‘faire un malheur. » (Raymond Ruyer)

« Un jour vient où la jeunesse n’est plus un fait mais une décision. » (Robert Sabatier)

« Les jeunes gens ont deux obsessions : eux-mêmes et l’humanité. Cela ne leur laisse pas le temps de s’occuper des personnes de tous les jours. » (Maurice Sachs)

« Rien n’étoffe la jeunesse comme d’écouter et de croire avant de prendre le temps de juger. Ceux qui n’ont pas eu de maîtres un jour, en souffriront toute leur vie. Il n’en est pas d’ailleurs dont on n’abandonne enfin l’enseignement. Cette ingratitude est nécessaire au développement de soi, aussi nécessaire que ne le fut avant l’esclavage. » (Maurice Sachs)

« Une âme inachevée dans un corps tout récemment achevé fait le charme de la jeunesse. » (Maurice Sachs) 

« Etant les plus malléables et les plus manipulables des consommateurs, les mieux adaptés au monde de la camelote, puisqu’ils n’ont jamais rien connu d’autres, les jeunes sont constamment donnés en exemple au reste de la population. » (Jaime Semprun)

« Une infantilisation générale est liée au mythe médiatique de la jeunesse. Mais la caractéristique de la puérilité, comprise comme la survivance de traits ostensiblement infantiles chez des personnes adultes, est justement une attitude agressive, égoïste et dangereuse. » (Raffaele Simone)

« La jeunesse, lieu d’expérimentation et d’erreur. »(Christiane Singer)

« Celui ou celle que tu prétends être, et dont le nom est pour mémoire sur ta porte et tes papiers d’identité, n’existe encore que de façon rudimentaire … Cet être que tu n’es qu’à l’essai, que tu ne connais pas encore… » (Christiane Singer)

« Dans la jeunesse, l’âme n’est pas jeune. Elle est percluse du rhumatisme des modes, plie sous les idéologies, les normes en vigueur ; L’Alzheimer juvénile la ronge : l’oubli de ce que tout l’enfant savait encore sur le sens profond des choses. La jeunesse transbahute tous les préjugés qu’on lui a inculqués, les jugements féroces, les catégories assassines. Elle est souvent dure comme le monde qui l’accueille. Sa lumière est sous le boisseau. » (Christiane Singer)

« Cette mode du jeunisme qui veut qu’on confie le commentaire à celui qui n’y connaît rien. » (Alain Soral)

« Vénère la jeunesse impétueuse et laisse-la suivre son cours. Elle a tout son temps pour se perdre dans la prudence inféconde. » (Père Zanotti-Sorkine)

« Qu’est-ce qui poussera le jeune à devenir adulte si l’état d’adolescence est l’objet d’une apologie délirante de la part de tous ? … ‘Si on me donne tout pourquoi en sortir’ (de mon état d’adolescence). » (André Stéphane)

« Montherlant avait eu un jugement prophétique quand il disait que les sociétés payent très cher le fait d’avoir constitué la jeunesse comme une entité séparée. C’est le signe que les générations en place ne sont plus sûres de leurs valeurs … Les sociétés se maintiennent parce qu’elles sont capables de transmettre … A partir du moment où elles se sentent incapables de rien transmettre … et se reposent sur les générations qui suivent, elles sont malades. » (Claude Levi-Strauss) – Prêtes à crever, ou plutôt à être crevées.

«  La sensiblerie délicate des étudiants. A l’époque antédiluvienne où j’étais étudiant, si on m’avait dit qu’un cours parlait de sexe et de violence, je l’aurais choisi tout de suite. Une telle publicité aurait déclenché une ruée vers les inscriptions … Maintenant, les jeunes sont encouragés à croire qu’ils sont essentiellement fragiles, et que tout ce qui sort de l’ordinaire peut les choquer. Le terme inventé par la méchante génération du baby boom pour décrire leurs enfants et petits-enfants est snow flakes,’flocons de neige’ : au moindre contact avec une notion désagréable, ces mauviettes se liquéfient … Le système pousse généralement les individus à se considérer comme vulnérables, à leur fournir des prétextes pour éviter tout ce qui est un peu déplaisant dans la vie. Dans les établissements scolaires, dans les universités, le mot sur toutes les lèvres est ‘bien-être mental’. Ce bien-être mental doit être protégé à tout moment, quoi qu’il en coûte, et le prétexte de cette protection permet d’éviter au besoin les questions difficiles, les matières difficiles et jusqu’aux épreuves scolaires difficiles. Notre 1984 contemporain  ce n’est plus seulement la dictature des hommes forts, inspirés par la volonté de puissance ; c’est aussi la dictature des jeunes faibles, inspirés par la volonté de larmoiement. » (Jeremy Stubbs)

« La notion de ’jeunes’ est une invention mercantile, et tout discours qui l’utilise a probablement effectué sa reddition. » (François Taillandier – Les parents lâcheurs)

« Fanatisme des jeunes gens. La jeunesse n’est pas l’âge de la liberté‚ c’est celui de la ferveur. Des passions violentes au service d’idées éétroites. Quand les idées s’élargissent – et jusqu’au point où, littéralement, on ne sait plus que penser face aux aspects contrastés du réél – la ferveur tombe en proportion. Et, de cet abîme de scepticisme, émerge une liberté sans limite, mais sans danger : toute menace d’incendie étant conjuré, car les vents intérieurs n’agitent plus que des cendres. » (Gustave Thibon)

« Tout comme l’ennui forçait les enfants à la lecture, le désordre de la vie estudiantine traditionnelle contribuait à l’épanouissement intellectuel de nos élites. Le temps de cet épanouissement a été supprimé. Accumulations de vidéos (entre 6 et 10 ans)  et de  concours (entre 18 et 25) convergent pour créer en France un problème majeur de déficience cognitive … La corrélation entre les deux variables : l’éducation et l’intelligence est en cours de dissociation, déconnexion entre niveau de diplôme et intelligence réelle. » (Emmanuel Todd)

« Phénomène très visible en Amérique, la fragilité des étudiants se dessine peu à peu en France et se propage au-delà des campus.  Revendications identitaires extrêmes, outrage moral, demandes d’accommodations en tous genres, obsession du trauma, sacralisation de la victime : la tyrannie du bien-être fait exploser l’anxiété de masse. » (Samuel Veissiere) – « L’informe et l’inordonné sont horrifiants. » (Michael Hardt, Antonio Negri) – Rendons grâce à toutes nos libérations. Remercions nos si bienveillants  déconstructeurs. Enfin la sortie de l’odieux carcan de jadis et l’arrivée dans la plénitude. 

« Qu’as-tu-fait, toi que voilà, de ta jeunesse ? » (Paul Verlaine)

« L’adolescent n’a guère de mal à exiger de ses parents qu’il le traite en jeune adulte doté de droits et de la liberté d’action correspondant à ce statut, et à laisser entendre qu’il est bien trop jeune pour songer aux devoirs et responsabilités d’un adulte. » (Paul Watzlawick)

« Si l’on veut retrouver sa jeunesse il suffit d’en répéter les erreurs. » (Oscar Wilde)

« Les jeunes sont toujours prêts à donner à leurs aînés le bénéfice de leur inexpérience. » (Oscar Wilde)

« C’est dans les pays en perte de jeunes qu’est apparu le ‘jeunisme’, caractérisé par un affranchissement des règles de conduite transmises par les aînés, une mise en cause de l’autorité des adultes et des institutions, une revendication d’autonomie de comportement, celui-ci organisant de plus en plus le référentiel des modes et les jeunes allant même jusqu’à exercer une sorte de magistère moral sur les conduites individuelles et collectives … Le jeunisme est un produit de la diminution du poids relatif des jeunes et de l’amplification de la considération. » (Paul Yonnet)

« L’adolescence ne s’accompagne plus dans les sociétés occidentales d’une progression de l’expérience utile et reconnue, d’un accroissement des responsabilités vérifiée par quelque responsabilité. Ces sociétés ont libéré un espace de l’adolescence historiquement inédit ; elle ont fait de la période par excellence de la croissance sociale une période d’enlisement et de stagnation … Le mouvement adolescent s’est constitué en groupe séparé, suffisamment autonome, ayant rompu avec le groupe décideur des adultes … il s’est organisé musicalement autour du rock, véritable conscience de classe … Groupe d’abord entièrement contaminé par des attentes de rôles venus du monde adulte, il a retourné la situation à son bénéfice et se livre à son tour à une contamination permanente des goûts, des idées et des conduites sociales des groupes plus âgés … Bien plus qu’une classe d’âge,  qu’une classe sociale, l’adolescence se présente comme une ethnie internationale, une nation cosmopolite, un continent, ou mieux un ‘peuple’ … En inventant le rock’n roll, les adolescents américains inauguraient le premier des grands rassemblements horizontaux générationnels. » (Paul Yonnet)

« On comprend comment le sentiment d’immortalité, conséquence de la fuite du risque majeur de mort …  a contribué à suturer, en quelque sorte, la structure psychologique et sociale de l’adolescence, en l’orientant vers l’absence de gravité … S’est formé l’idéal social d’un état, l’état adolescent, caractérisé par la fierté de sa personne, le sentiment d’immortalité, l’arrêt de la croissance sociale … le recul devant l’établissement, le goût de la fête, l’expérience ludique, une énergie sans fin … L’émancipation adolescente n’avait donc pas pour but l’émancipation de l’adolescence, mais de les y faire entrer, de les faire entrer dans ce nouvel état en voie de constitution dans la société … Les adolescents des sociétés occidentales  ne se sont ou n’ont été émancipés que pour rester plus ou moins longuement et, presque interminablement, adolescents. La société a étendu l’adolescence … et n’a fait que prolonger les dispositions proprement adolescentes, l’inachèvement, la croissance, la ‘pousse’ (que certaines pratiques observables : mariage, inscription sur les listes électorales, participation aux scrutins… incitent à situer plus prés de trente-cinq ans que de vingt et un an)… L’adolescent a été doté d’une personnalité précocement poussée à l’autonomie, mais en lui faisant interdiction de l’utiliser utilement avant longtemps. » (Paul Yonnet)

« Plus nous enfermons les enfants dans une culture jeune, séparée, plus notre conversation et la leur s’appauvrissent. » (Théodore Zeldin) – Elargir le propos : d’enfants à jeunes, de conversation à connaissances, maturité, entente, complicité… La prétendue culture-jeune est aussi un ghetto.

« Jeunesse sans discipline, maison sans toit. » (proverbe)

« A jeune fol rien n’est impossible. » (proverbe)

« L’âge ingrat des filles : quand elles n’ont plus à compter sur leurs doigts et qu’elles ne peuvent encore compter sur leurs jambes. » (?)

« La jeunesse est une amplification de la valeur de toute chose, elle donne de la réalité à la vie. » (?)

« Ne côtoyez pas le monde que comme contemporain de vous, des idées de votre lieu et de votre époque, il est espace vous le savez, mais il est temps aussi. » (?) 

« Se sentir immortel : privilège illusoire de l’éphémère jeunesse. » (?) 

« Si quelqu’un n’est pas jeune à vingt ans, comment le sera-t-il à quarante ? »(?) 

« Ne côtoyez pas le monde que comme contemporain de vous, des idées de votre lieu et de votre époque, il est espace vous le savez, mais il est temps aussi. » (?) 

– On ne voit l’égalité que dans l’espace. Or, était-il opportun de naître au temps de la peste noire, du choléra, avant l’anesthésie ? Plus près de nous, était-il intéressant pour un Français, pour un Allemand… d’avoir 20 ans en 1914 ? D’être envoyé à la mort par ses aînés ou, si femme, de finir vieille fille ? L’humanité existe dans le temps autant que dans l’espace.  « Le progrès de l’humanité représente une sorte d’injustice chronologique, puisque les derniers venus bénéficient de l’avantage de pouvoir profiter du travail accompli par leurs prédécesseurs, sans être contraints d’en acquitter le prix. » (Alexandre Herzen)

Ci-dessous, extraits simplifiés du livre de Louis Chauvel, Le destin des générations.

« Même en Chine … pour la première fois, de jeunes générations de diplômés commencent à douter de la qualité des places qu’ils trouveront en comparaison avec ce que leurs aînés titulaires du même diplôme avaient connu … L’ampleur et la profondeur des difficultés françaises à socialiser correctement les jeunesses de la crise … Les générations sorties de l’école avant 1973 avaient connu dans les douze mois de leur entrée dans le monde  du travail un taux de chômage de seulement 6%, ceux sortis en 1985 ont subi un taux moyen de 36% … depuis ce chômage dit transitionnel n’est jamais descendu au-dessous de 20% , le chômage est devenu pour beaucoup une étape ‘normale’ de l’entrée dans la vie adulte, la mobilité n’est plus le choix  du salarié et  s’appelle flexibilité … Une fois venu le temps de la stagnation, celle-ci est essentiellement subie par les nouvelles générations entrant dans la vie adulte et non par la totalité de celles déjà engagées dans le monde contemporain … Or le plein emploi à l’entrée dans la vie adulte est une ressource collective inestimable, le point de départ dans la vie adulte porte des conséquences lourdes sur toute la trajectoire ultérieure  …  En France, les statuts sociaux tôt acquis ou à l’inverse les échecs précoces tendent à se cristalliser et à prendre un tour définitif, car il n’existe guère de seconde chance, pour l’individu engagé dans une carrière ascendante  ou sur une voie de garage, sa situation devient rapidement irréversible (c’est l’effet d’accumulation dit’ effet Matthieu’, accumulation des gains chez les gagnants, des pertes chez les perdants – voir au début de la rubrique ‘Admiration, 065, 2’) … Déclassement scolaire massif des jeunes bacheliers par surabondance des diplômés par rapport aux positions sociales disponibles … Le baccalauréat, massivement dévalué (seulement 5% de bacheliers dans une génération du premier tiers du XX° siècle !) , n’est plus vraiment un diplôme … ‘Le diplôme est une condition de plus en plus nécessaire et de moins en moins suffisante de la réussite sociale’ (?) … Pour une génération nourrie dans  la société de consommation, bénéficiant d’un niveau scolaire supérieur à celui des parents, habitué à penser avec les termes de la modernité (croissance, progrès…), la confrontation aux réalités crues (déclin, déclassement, difficulté à se loger…) peut relever de la perte brutale de toutes les illusions (contrairement aux générations antérieures socialisées, elles,  dans un contexte de pénurie, d’effort, de souffrance et d’abnégation) … Rappelons que les nouveaux modes de vie familiaux (célibat prolongé, instabilité matrimoniale, monoparentalité, recompositions familiales…) furent inventées par les catégories sociales qui en avaient les moyens (soit déjà installées)  et furent diffusées ensuite à celles qui n’avaient pas cette indépendance et cette sécurité et pour qui ce nouveau mode d’existence comportait de nombreux risques existentiels (suivant propos d’Irène Théry) … Les générations nées au début du XX° siècle furent sans liberté par rapport aux modèles d’encadrement social (Eglise, Communisme, Etat…), plongées dans une structure sociale verticale comportant des écarts béants. Celles nées dans l’entre-deux-guerres ont connu la même soumission aux encadrements idéologique et confessionnels mais bénéficièrent de l’intégration professionnelle de la société salariale émergente et de l’expansion des Trente Glorieuses ; celles nées dans le courant des années  1940 connurent l’émancipation par rapport aux normes et aux repères sociaux traditionnels tout en continuant à bénéficier de l’expansion ; les suivantes nées à partir de 1950 arrivent essentiellement dans un monde où seule existe l’émancipation. »

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