435,1 – Information / Désinformation, Intoxication, Propagande ; Média ; Débat, Sondage ; Qualificatifs, Nombres

– Le nouveau terme est Communication : manipulation, intoxication, narcissisme, infantilisme,  bêtise…

– Etymologiquement, donner une forme. Celle qui convient à l’émetteur le plus souvent. Mais aussi : « Informer, c’est rendre informe. » (?)

– De plus en plus d’information, de moins en moins de compréhension. L’excès d’information fait partie des techniques dites d’ahurissement, destinées à abrutir complètement les récepteurs, même s’il s’agit d’un déluge d’informations exceptionnellement exactes. C’est la quantité constante, et la masse des informations contradictoires, qui agit comme un rouleau compresseur du cerveau tout en donnant l’illusion de la liberté.

-Si une information (à arranger quelque peu si besoin) permet de baver sur D. Trump, J. Bolsonaro, V. Poutine, V. Orbàn… elle est la bienvenue et doit être communiquée largement au bon peuple avec tambours résonnant de vertueux étonnement et trompettes vibrant de légitime indignation. Si la divulgation de la même information risquait de gêner aux entournures quelque personnage également en vue mais estimable, politique tel Emmanuel Macron,  milliardaire mondialiste et humanitaire, Européiste convaincu, philosophe donneur de leçons, il serait charitable de ne pas en informer le dit bon peuple pour ne pas le choquer. 

– A qui profite tel événement ou telle information ? Qui est derrière ? Qui paye ? Pourquoi tout ce vacarme autour d’un événement mineur et amplifié, peut-être provoqué ? Pourquoi n’évoque t-on pas tel fait ? Que me cache-t-on ?… Le degré d’asservissement à l’information médiatique est tel que plus personne ne se pose ces questions élémentaires que se pose n’importe quel lecteur de roman policier.

– Ne pas négliger de décomposer le mot in-formation : former (déformer) à l’intérieur de l’être. « Cette annonce et communication directe de nouvelles qui, en même temps et d’un autre côté, entreprend d’imprimer sans bruit sa marque sur les lecteurs et auditeurs, de les in-former. » (Martin Heidegger)

– L’information est un produit magique. Elle résout toute question en dispensant de toute action. Sa diffusion est réservée à des professionnels de cet art, des experts, des consultants, des politiques, des syndicalistes, des philosophes… soigneusement triés par leurs pairs pour leur capacité à savoir ce qu’il faut dire et ce qu’il convient de taire. « Ce qui se voit empêche de songer à ce qui ne se voit pas. » (Gabriel Tarde). La connaissance de la langue française, un minimum de culture, ne sont pas  exigées, ils peuvent même constituer des handicaps.

– La fonction ne doit épargner personne, le solitaire est à mettre au rebut de la société, surtout si, comble de perversité, il s’obstine à penser par lui-même. Elle inonde aussi le manant de prospectus, publications, numéros téléphoniques d’appel… Elle vous traque partout, elle anime un monde qui, sans elle, serait inanimé. Elle mérite notre reconnaissance, que d’ailleurs elle ne manque pas une occasion de solliciter : On est là pour vous informer… Merci, merci…

– Comme l’accompagnement, l’activité est peu exportatrice, mais elle permet aux émetteurs d’exister glorieusement et fructueusement, aux récepteurs béats d’être enfin maternés.

– L’information-marchandise, source d’énormes profits à voir la lutte des grands groupes de communication.

– Le code génétique, c’est de l’information ; heureusement plus fiable que celle que nous émettons nous-même ou qu’on émet pour nous.

– Enfant, j’ai connu le tambour de ville, fier et moustachu, s’arrêtant à chaque carrefour, sortant ses baguettes de leur étui, dépliant le papier de la Mairie, ajustant ses lunettes et commençant sa déclamation par un sonore Avis à la population, devant le groupe des badauds religieusement attroupé ou ceux et celles qui tendaient l’oreille à leurs fenêtres. Ce n’est pas si vieux. Alors, on ne communiquait pas pour ne rien dire ou pour vanter la gloire de l’élu du coin.

L’infotainment (jargon du métier), ou la liturgie de la dérision (Vincent Trémolet de Villers), ces formats où l’information et le divertissement, plus un peu d’appel à l’émotion, se mêlent et se confondent à la télévision en s’appuyant sur le voyeurisme. En fait, utilisés d’abord pour éviter le phénomène de zapping, ensuite pour abrutir les gens et surtout pour les intoxiquer au service de l’idéologie dominante en faisant ridiculiser avec méchanceté par de prétentieux et prétentieuses amuseurs et amuseuses tout ce qui est propre et populaire.

– « La dissolution de l’information dans la communication. » (Gilles Lipovetsky)

– « La fausse alerte permanente » (Nietzsche) – Entretenue par les média, emprise de l’idéologie, illusion de l’instant.

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« Les communications de masse changent tout. En devenant à la fois instantanée et universelle, l’information ne se contente pas de rendre compte de l’histoire, elle la fait. » (Raymond Abellio)

« A s’informer de tout, on ne comprend jamais rien. » (Alain)

« Il y a même des événements qui n’arrivent que parce qu’on a envie ou besoin de les retransmettre. On ne sait plus alors où s’arrête la réalité et où commence le jeu … La reproduction peut l’emporter sur le modèle … Conçues à l’origine pour ceux qui y prennent la parole ou pour ceux qui viennent les écouter, des manifestations sont désormais ‘conçues en amont’ pour les millions d’auditeurs ou de spectateurs de leur reproduction. Beaucoup de ces événements ne sont pas d’une importance telle qu’ils doivent être retransmis ; c’est parce qu’ils sont retransmis qu’ils deviennent importants et on ne les organise que pour cela … Ils ne deviennent réels qu’une fois reproduits, ils n’ont plus lieu qu’en vue de leur reproduction … produisant un monde qui ‘aille mieux’ à l’homme et un homme qui ‘aille mieux’ au monde (caractéristiques du conformisme) … L’esprit du consommateur est déjà préformé (comme dans ces disques qui ne nous restituent pas seulement la musique mais aussi les applaudissements dans lesquels nous devons nous reconnaître, nous dictant la façon de réagir – voir aujourd’hui les publics stupides d’émissions télévisées assemblés et guidés pour nous conditionner). » (Günther Anders – simplifié) – Rôle des Communicants.

« Les événements du quotidien frappent bien à toutes les portes, mais ils savent que je ne reçois pas des hôtes aussi agités. » (Aharon Appelfeld – cité par Alain Finkielkraut) – Grande sagesse.

« Une démocratie est d’autant plus solide qu’elle peut supporter un plus grand volume d’informations de qualité. » (Louis Armand) – De qualité ! Quelle exigence.

« Comment faire le distinguo entre la rumeur, le ragot, le bruit de chiottes et l’information avérée ? …  Le journalisme de trou de serrure. » (Patrick Poivre d’Arvor, Eric Zemmour)

« Il ne s’agit pas seulement de destruction de l’information par le bruit … Mais il s’agit bien de création de bruit pour le système … Non pas tellement une absence des choses, mais une absence du sens des choses, en particulier de la possibilité de leur transcendance. » (Yves Barel – sur la surabondance de l’information créant le vide)

« Le droit de s’en aller. » (Baudelaire)

« On devrait parler du seuil de tolérance mentale à l’information. » (Jean Baudrillard)

« L’information a une fonction profonde de déception. Peu importe ce dont elle nous ‘informe’, peu importe sa ‘couverture’ des événements, car ce n’est précisément qu’une couverture – ce qu’elle vise c’est le consensus par encéphalogramme plat … Abolir toute intelligence de l’événement. » (Jean Baudrillard)

« A une certaine vitesse, celle de la lumière, on perd même son ombre. A une certaine vitesse, celle de l’information, les choses perdent leur sens … Heureusement, personne n’ira demander compte à tel ou tel (expert ou intellectuel de service) des sottises ou des absurdités qu’il a proférées la veille, puis qu’elles sont effacées par celles du lendemain. » (Jean Baudrillard) – Idem pour les politiciens.

« Comme tout ce qui passe par le psychique devient l’objet d’une spéculation indéfinie, ainsi tout ce qui passe par l’information devient l’objet d’une spéculation sans fin, le lieu d’une incertitude totale. L’information est comme un missile non intelligent qui ne rencontre jamais sa cible (ni hélas son anti-missile) et donc s’écrase n’importe où, ou va se perdre dans le vide, sur une orbite imprévisible, où elle gravite éternellement sous forme de déchet. » (Jean Baudrillard)

« Nous sommes dans un univers où il y a de plus en plus d’informations et de moins en moins de sens … La déperdition du sens est directement liée à l’action dissolvante, dissuasive, de l’information, des media … L’information dévore la communication et le social … Car, au lieu de faire communiquer, elle s’épuise dans la mise en scène de la communication, Au lieu de produire du sens, elle s’épuise dans la mise en scène du sens … Et, derrière cette mise en scène exacerbée de la communication, l’information au forcing poursuit une irrésistible destruction du social. » (Jean Baudrillard) – Il n’y a plus que de la ‘Com’.

« Si on escamote  le moment de stupéfaction, d’admiration … où se trouve condensée, à travers l’immoralité de l’image, l’intuition stupéfiante de l’événement, si on récuse ce moment-là on perd toute capacité de comprendre.  Si la première pensée est de dire : cela est monstrueux … alors toute l’intensité, tout l’impact de l’événement se perd dans des considérations politiques et morales. Tous les discours nous éloignent irrévocablement de l’événement et nous ne pourrons plus jamais nous en rapprocher … La consommation de l’image épuise l’événement par procuration. Cette visibilité de substitution est la stratégie même de l’information; c’est-à-dire, en fait, la poursuite de l’absence d’information par tous les moyens.  Dans le régime normal des médias, l’image sert de refuge imaginaire contre l’événement. C’est une forme d’évasion, de conjuration de l’événement. » (Jean Baudrillard – à propos des attentats du 11 septembre 2001)

« Selon certaines estimations, un quotidien contiendrait autant d’informations que la moyenne des gens de la Renaissance en recevaient au cours de leur vie. » (Zygmunt Bauman)

« La surinformation, structurée comme information spectaculaire, agit comme explication et justification du constat que ‘nous ne pouvons rien faire’. L’avalanche d’informations nous noie dans l’impuissance … Nous sommes chaque jour plus informés au sujet de choses dont nous ne savons rien du fonctionnement et de l’orientation. La tristesse comme symptôme de l’impuissance est alors la conséquence de cette déréalisation du monde … Plus le monde apparaît comme virtuel et incompréhensible … Dans un monde où il n’existe plus d’ailleurs, ni temporel, ni spatial, tout est ici, tout est instantané. » (Miguel Benasayag – La fragilité)

« La machine à informer fait prouesse sur prouesse pour gagner quelques instants dans l’annonce de ce qui sera oublié demain. » (Philippe Bénéton) 

« Passé un certain seuil, l’information n’aide plus à agir, mais inhibe l’action, asphyxiant les esprits critiques, tuant les raisons raisonnantes, subvertissant les significations, aboutissant à une désintégration généralisée … Derrière les vacarmes et les charivaris, derrière les turbulences quotidiennes, ce qui se dessine, si l’on peut dire, c’est un silence absolu. Une indifférence mortelle, qui marginalise à la périphérie ceux qui croient avoir encore quelque chose à dire. » (Alain de Benoist) – Et c’est bien le but recherché par le groupe politico-médiatique : silence et soumission.

« Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. » (Georges Bernanos) – Pensait-il déjà aux Gogos-Bobos, lecteurs du journal de référence ?

« On conviendra que les nouvelles d’aujourd’hui, entendues il y a vingt ans, nous auraient paru un absurde cauchemar, une mauvaise plaisanterie. Le journal de l’année prochaine ne nous semblerait pas moins inepte et déprimant. Nous le lirons pourtant de notre vivant. » (Baudouin de Bodinat)

« Le sensationnalisme. Le développement d’un journalisme de reportage est accusé de flatter la ‘curiosité malsaine’ du public. »  (Luc Boltanski)

« Le flot incessant de nouvelles informations nous amène à tout oublier … Aucun stimuli n’est plus insistant que ce torrent qu’on appelle ‘actualités’.» (Alain de Botton) –  Avec le dressage et  l’abrutissement, c’est l’objectif du gang médiatique.

« Nous nous informons toujours auprès des mêmes sources, celles qui correspondent à nos valeurs personnelles … au risque de tomber dans la ‘clôture informationnelle’ … Nous nous montrons sensibles aux seuls signaux que filtre notre clôture informationnelle. » (Daniel Bougnoux)

« Nos représentations … ne relèvent pas de la seule vérité, mais composent avec d’autres valeurs, notamment celles de la proximité, de l’affectivité et d’une (bonne) communication. » (Daniel Bougnoux)

« Tout se passe comme si les ‘mondes propres’ et les revendications identitaires, la passion démocratique du droit à l’expression et à la valorisation des petites différences subordonnaient toujours davantage la vérité à la pertinence. » (Daniel Bougnoux)

« Une bonne information est en général précédée par une campagne de communication. Avant de toucher les gens avec une information, il faut avoir construit avec eux une sphère de communauté d’intérêts et de relations mutuelles. Si l’on veut argumenter auprès des gens … il faut d’abord les séduire. La communication répond à cette nécessité … capter la bienveillance, l’écoute, le regard. » (Daniel Bougnoux)

« Nous fuyons l’information … quand celle-ci dérange outre mesure nos ‘mondes propres’ (Déni) … Non seulement on ‘ne lit pas tous le même journal’ (comme chante Alain Souchon), mais personne ne le lit de la même façon. A chacun ses événements, ses rubriques et ses grilles d’interprétation. » (Daniel Bougnoux)

« Être bien informé ce n’est pas savoir un petit peu de tout, mais tout savoir sur peu ; à condition que ce peu soit essentiel. » (Pierre Bourgault)

« L’information a désormais pris nettement le pas sur la réalité et a fini par devenir plus réelle qu’elle … Ce que constate Karl Kraus est que l’humanité avait en un sens plus besoin d’un découvreur du pôle Nord que de la découverte elle-même … ‘Ce monde aime les faits accomplis et il va dormir en toute tranquillité en se disant : soyons heureux d‘avoir un découvreur du pôle Nord’. » (Jacques Bouveresse – sur Karl Kraus – à propos d’une nouvelle de 1909)

« La différence fondamentale qui existait (selon Denis de Rougemont) entre ‘information’ et ‘savoir’, entre ‘information’ et ‘connaissance’ … L’un des troubles provoqués par les média est que l’homme croit avoir accès à la signification des événements simplement parce qu’il est informé sur eux … L’ignorance n’a pas de meilleur alliée que l’illusion du savoir.» (Philippe Breton) – En supposant même que l’information ne soit pas tordue, ce qui est faire preuve de beaucoup d’indulgence, ou d’aveuglement.

« L’information a élevé le commérage à la dignité de la culture. » (Albert Brie)

« Dans le marché des idées où la cacophonie a augmenté de façon géométrique depuis l’apparition d’Internet, l’information, ou ce qui passe pour tel, est si abondante qu’elle a perdu beaucoup de sa valeur, et c’est au contraire le ‘temps de cerveau disponible’ qui en a.  » (Gérald Bronner)

« Ce dont il s’agit sur le marché concurrentiel de de l’information et de l’attention à capter, c’est de faire de son discours un signe reconnu par autrui dans le bruit ambiant. La polémique et le clash, pour utiliser un terme à la mode, sont de bons outils de distinction. » (Gérald Bronner) – Vers la société occidentale des imbéciles, des voyeurs et des lâches sadiques.   

« Face à l’offre pléthorique d’informations, à l’espace sauvagement concurrentiel qu’organise la révolution du marché cognitif, l’individu peut être tenté de composer une représentation du monde commode mentalement plutôt que vraie. » (Gérald Bronner)

«  Le biais de confirmation : ‘Les hommes, infatués des apparences vaines, prêtent attention aux événements, quand ils remplissent leur attente ; mais, dans les cas contraires, les plus fréquents, ils se détournent et passent outre’ … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance.» (Gérald Bronner – citant Francis Bacon et le Novum Organum)  – Connu aussi comme biais d’exposition sélective.  – « L’aptitude de l’homme de résister à toute information extérieure dès lors que celle-ci ne s’accorde pas avec l’ordre de l’attente et du souhait, de l’ignorer, d’y opposer si la réalité s’entête un refus de perception qui clôt le débat, aux dépens naturellement du réel … Sorte de verrou offrant une dénégation préalable, une  protection à l’avance, une réfutation à priori. » (Clément Rosset)

«  L’effet ‘rateau’, notre esprit, passant sur un amas confus d’événements un rateau mental pour créer une répartition plus régulière que ce que ne provoque le hasard dans les faits. Nous supposons des répartitions uniformes (malgré notre expérience de la loi des séries). 12 dates prises au hasard dans l’année ne seront pas séparées par près de 30 jours, mais le plus faible écart sera de 2,53 jours (tirage 100.000 fois). » (Gérald Bronner) – Ceci est important quand on évoque des vagues de suicide, des risque s de proximité… A partir, et au-delà’ de 15 personnes dans une assemblée, on peut parier que deux d’entre elles ont la même date (mois-jour) de naissance.

« Il existe sur le marché cognitif, une forme de concurrence déloyale entre les idées du précautionnisme et celles qui s’y opposent (recensement de sites Internet favorables et défavorables, de livres, d’articles des médias), par le coût des connaissances méthodiques par rapport aux simples croyances, la différence dans l’effort mental requis … par la vérification rendue impossible par la surabondance de l’information … par la motivation des croyants, supérieure à celle des sceptiques … par la nature de la connaissance scientifique et du discours scientifique qui, en raison de sa prudence et de sa complexité, est un mauvais produit médiatique quand la rhétorique de l’inquiétude en est un très bon, parce que ce discours, désenchanteur et peu spectaculaire, manquant de sensationnalisme, achoppe à une caractéristique de l’esprit humain qui est sa difficulté à accepter des explications pluricausales. » (Gérald Bronner et Etienne Géhin – L’inquiétant principe de précaution)  – On peut étendre à beaucoup de croyances, y compris de nature complotiste.

« Un volume écrasant d’information n’est pas une question innocente ; de grosses quantités de données brutes créent un fait politique : le contrôle devient plus centralisé à mesure que le volume augmente. » (John Seely Brown – cité par Richard Sennett) – En clair, inonder les gens pour les soumettre. Information n’est pas communication.

« Nous sommes passés d’une logique de la restriction (et même de la censure) à une logique de la saturation … Les détresses ont cessé d’être poignantes puisqu’elles ne sont plus passées sous silence … Nous étouffons sous une pléthore d’enquêtes, de chiffres, de cris d’alarme. Et les appels pathétiques au réveil produisent une sorte d’insensibilité redoublée…» (Pascal Bruckner) – Comme pour le matraquage des informations dites politiques, les média ne peuvent ignorer qu’ils excèdent nos capacités d’absorption.

« Il faut surtout ne jamais rien prendre au sérieux … Ces journaux dont les titres d’articles ne sont plus guère que des calembours ou des contrepèteries qui ont fini par remplacer la simple information et tenir lieu d’analyse … Qu’importe que l’on ne sache rien … pourvu qu’on ait souri … quand n’importe quel à-peu-près garantira la complicité du lecteur … Pirouettes,  clin d’œil et infantilisme … tout entretien sur les affaires du monde n’est plus guère qu’assaut de plaisanteries, magasin de farces et attrapes, succession de sous-entendus graveleux. » (Jean Clair)

« Tout est calculé pour provoquer une sensation qui est remplacée par une autre précisément au moment où elle allait se transformer en pensée. Le travail de la cervelle est réduit à la perception pure. L’image à peine née avorte. » (Paul Claudel) – Tel est l’effet, recherché, du déluge continuel d’informations. Tel est le rôle, et l’objectif, de l’inflation médiatique. L’abrutissement continuel et général.

« Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » (Jean Cocteau) – Quel bon conseiller en communication gouvernementale il eût fait.

« – L’information est fragmentaire, isolée, disparate – Sa valeur est indexée sur le temps qui la dévalue –  Sa valeur est déterminée par le public auquel elle s’adresse (une nouvelle en Australie n’en est pas une en France) – Elle n’a pas d’instance d’appel, son sort se joue dans l’instant, si elle n’est pas reprise à bref délai,  elle est perdue – C’est une marchandise, elle se vend et s’achète. » (Régis Debray)

« Informer n’est pas instruire. Si les savoirs se nourrissent d’informations, ils ne leur sont pas réductibles. Savoir que tel événement est arrivé n’est pas savoir pourquoi il est arrivé. L’information est fragmentaire, isolée, disparate, elle vient du dehors … la connaissance est un acte synthétique qui unifie des données empiriques en les ramenant à l’unité, elle vient du dedans. » (Régis Debray)

« La ‘loi du tapage’, l’occupation préventive des média, avec l’obsession, parfois fâcheuse pour le discernement de voir se répéter un peu partout des événements passés, tels que la destruction des juifs d’Europe pour cause à la fois d’indifférence et de sous-information. » (Régis Debray)

« L’information est un certain rapport du vivant à son milieu. Chacun cherche à protéger son monde propre, à bon escient … chaque organisme, individu ou société, doit faire le tri de ce qu’il peut ou non absorber. Appelons ce filtrage ‘l’autodéfense informationnelle’. Face à un fait dérangeant, je me referme, me rétracte … Il est des mauvaises nouvelles qu’on ne peut pas ‘physiquement’ entendre, qu’on ne doit pas entendre dés lors qu’elles brisent notre clôture vitale ou ruinent nos entreprises en cours. » (Régis Debray) – Il y a donc une double censure, d’abord celle opérée par le pouvoir politico-médiatique et ensuite, dans le prolongement, celle opérée d’eux-mêmes par les récepteurs dûment conditionnés.

« La communication de masse, par sa nature propre, renforce, à l’instar de la chaîne de montage, la concentration du pouvoir et la concentration hiérarchique de la société … Pas en diffusant une idéologie autoritaire … comme tant de critiques de gauche l’affirment (en fait, font semblant de croire), mais en détruisant la mémoire collective, en remplaçant les autorités auxquelles il était possible de se fier par un ‘star system’ d’un nouveau genre, et en traitant toutes les idées, tous les programmes politiques, toutes les controverses et tous les conflits comme des sujets également dignes d’intérêt du point de vue de l’actualité … Réduire les idées au statut de marchandises … Substituer au jugement populaire politique leur propre conception de l’intérêt médiatique … Appétit insatiable pour la nouveauté (vieilleries présentées sous de nouveaux oripeaux), … Dépendance à l’égard de l’immédiateté et du succès … Besoin d’une ‘révolution idéologique annuelle’ (Régis Debray) … Seul critère du mérite intellectuel : la visibilité… » (Christopher Lasch) – On pourrait ajouter, la gigantesque inculture des journalistes.

« L’hystérie de la modération confirme qu’elle résulte de la recherche systématique du consensus, qui n’admet effectivement qu’une gamme restreinte de choix de pensée et d’expressions. » (Jean-Philippe Domecq – sur l’invasion des modérateurs dans tout média) – Dont la fonction n’est autre qu’exercer la censure au profit du groupuscule dominant et empêcher le peuple d’’être informé autrement que par les canaux officiels.

« La télévision en direct, la multiplication des images et des écrans et la victoire du spectacle sur la vérité, nous mènent à une inquiétante société de la post-vérité où le pouvoir est détenu par ceux habilités à contrôler les images, la puissance médiatique. » (Georges Dumas)

« Une information n’est plus vraie ou fausse, mais potentiellement utile ou néfaste à telle cause ou à tel parti. » (Duverger, Ménard) – Le fameux ‘fact-checking’ ne sert qu’à imposer la version officielle des dominants ; évidemment, rien à voir avec la vérité qui d’ailleurs n’intéresse personne.

« Quelle est la sagesse que nous perdons dans la connaissance et quelle est la connaissance que nous perdons dans l’information ? » (T. S. Eliot)

« La multiplicité des informations n’éclaire nullement le lecteur et l’auditeur, mais le noie. Il ne peut ni les retenir dans sa mémoire, ni les coordonner en système, ni les expliquer : s’il ne veut pas risquer de devenir fou, il est obligé d’en retenir une image globale. Et cette image sera d’autant plus simpliste que le nombre de faits qu’on aura fourni aura été plus grand … Plus l’information se développe et plus l’individu est déterminé par elle. » (Jacques Ellul) – Toile d’araignée des informations, hypnose.

« Comment l’information peut-elle rendre l’homme aliéné par rapport à son propre monde ? … Il se trouve dans cet univers, tout lui vient et lui circonvient. Il se trouve envahi, et même polarisé sur certains thèmes qui lui sont fournis (imposés) par les informations (auxquels les sens rendent quasi impossible d’échapper). Il n’y a donc pas ouverture sur… mais insertion dans un univers informatif, qui à la fois est constitué par l’information et fait l’objet des informations … Par l’excès des communications et des messages l’homme occidental moderne se trouve plus profondément intégré à un système social qui l’accapare … On ne peut assimiler intégration et aliénation. Mais la seconde peut être une conséquence extrême de la première. Il y a aliénation lorsque l’intégration dans le groupe est telle que rien de l’individu ne semble plus capable de prendre ses distances par rapport à ce groupe, de le juger, de rompre éventuellement avec lui. »  (Jacques Ellul)

 « L’excès de sollicitation psychique et cognitive produit l’inverse de l’effet recherché : le spectateur se sent incompétent et impuissant, il se roule en boule comme le hérisson, il se met aux abonnés absents. La masse d’information dont il est bombardé est impossible à assimiler intelligemment. Les messages sont refusés ou récusés. » (Hans Enzensberger – sur le déluge d’informations) – Le but est atteint, le citoyen est décervelé, anéanti, humilié, culpabilisé, rendu impuissant… Les plus lucides ferment le robinet, mais alors le pouvoir est encore plus tranquille pour ses magouilles, ces plus courageux ne savent plus rien.

« Dans la société de l’information, il est essentiel de savoir se protéger contre les 99,99% d’informations qu’on nous offre et dont nous ne voulons pas … Au lieu de hiérarchiser le savoir, la société de l’information offre des cascades de signes décontextualisés, connectés de façon plus ou moins aléatoire les uns aux autres … Plus on distribue rapidement des quantités croissantes d’informations, plus on a de mal à créer des récits, des ordres, des séquences de développement. Les fragments menacent de devenir hégémoniques. » (Thomas Eriksen – cité par Zygmunt Bauman)

« Cela me libère de l’obligation d’avoir raison et n’exige de moi que d’être intéressant. » (Stanley Fish – cité par Tzvetan Todorov) – Dans la société moderne où sont passés les déconstructeurs, puisque et où rien n’est vrai.

« La communication consiste à sélectionner, parfois en les déformant, des faits,, à leur adjoindre des allusions, des impressions, des sentiments ou des ressentiments, pour que l’ensemble fasse système et serve un message. » (Jean-Paul Fitoussi)

« Il s’est spontanément créé un discours d’euphémisation au nom du respect inconditionnel des personnes, qui permet d’escamoter ce qui dans les faits serait susceptible de jeter le doute … Un discours d’évitement qui véhicule en même temps un optimisme obligatoire … Les choses ne peuvent qu’aller bien, et si elles vont mal c’est parce qu’il subsiste des rémanences du passé dont il s’agit de se purger au plus vite : le racisme, les discriminations, le passéisme. » (Marcel Gauchet) – « L’euphémisation de la réalité, expurgée de tous ses aspects susceptibles de troubler le simplisme du noir et blanc. » (Elisabeth Lévy)

« La remarquable amnésie qui accompagne cette noria des présents : ils sont conçus pour se supplanter l’un l’autre, pas pour se cumuler. D’où la non moins remarquable indifférence à l’intelligibilité de ce flux événementiel … c’est l’actualité sans l’histoire. » (Marcel Gauchet)

« Dans l’univers flottant où la réalité tend à s’évaporer dans un flux ininterrompu d’images, de mots, de commentaires qui s’étalent à l’infini, peut-on encore faire la part des choses entre le réel et cette bulle imagière et langagière qui le recouvre aussitôt. » (Jean-Pierre Le Goff)

« En mai 1968, s’est développé un nouveau rapport à l’information qui annihile le recul et la distance au profit du règne de l’émotion. L’information dans sa forme même (le direct) et dans sa façon de rendre compte de la réalité (le ton émotionnel et dramatique). » (Jean-Pierre Le Goff)- Nouveau rapport par et pour hystériques visant à hystériser le public.

« Décisions jetables, promesses intenables, élucubrations de lobbys arrogants et d’experts pompeux, changements de discours au gré des circonstances, politique de communicants. » (Pierre-Yves Gomez) – Voilà le quotidien de l’information jetée en pâture par nos soi-disant dirigeants et diffusée par des journalistes aussi incultes que serviles.

« Au contraire du récit ou de la parole vivante, l’information n’a de valeur qu’à l’instant où elle est nouvelle. » (Roland Gori)

« C’est cet horizon des sociétés animales qui guette nos sociétés de masse entièrement captives des actualités. ‘Observe le troupeau qui paît sous tes yeux : il ne sait ce qu’est hier ni aujourd’hui, il gambade, broute, se repose, digère, gambade à nouveau, et ainsi du matin au soir et jour après jour, étroitement attaché par son plaisir et son déplaisir au piquet de l’instant, et ne connaissant pour cette raison ni mélancolie ni dégoût’ … Ce ‘bonheur animal’ qui met l’homme sur le seuil de l’instant, de l’immédiat. » (Roland Gori – citant Nietzsche dans Considérations inactuelles)

« Rien n’est plus trompeur que le sentiment d’avoir une représentation neutre de la réalité, comme si les mots ne venaient qu’après coup pour dépeindre la situation qui tombe sous notre regard … ‘L’homme se comporte comme s’il était le créateur et le maître du langage, alors que c’est celui-ci au contraire qui est et demeure le souverain’ (Martin Heidegger) … Il nous semble que notre pensée précède le langage, qu’elle trie les mots … mais nous cherchons des mots avec d’autres mots. Le langage est la matrice et non l’outil de la pensée … La principale menace qui entraverait toute possibilité de désaliénation provient d’une acceptation sans réserve de nos habitudes linguistiques que l’idéologie tend à faire passer pour une condition universelle et transcendantale … Quand nous n’arrivons pas à trouver un autre terme que ‘gérer’ ou ‘structurer’ pour qualifier …  nous expérimentons une forme d’enfermement de la langue dans la barbarie technocratique et technico économique … La langue dirige aussi nos sentiments, elle régit notre être moral d’autant plus naturellement que nous nous en remettons  inconsciemment à elle. Et qu’arrive-t-il si cette langue est constituée d’éléments toxiques. Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic ; on les avale sans y prendre garde … Chacun croit qu’il joue son propre rôle, qu’il participe à des scénarios sociaux dont il se croit l’auteur alors qu’il n’en est que le figurant. » (Roland Gori et Pierre Le Coz)  – Sans même avoir lu Orwell et la novlangue de 1984, tous les  systèmes politiques savent que ; qui dirige la langue dirige  la pensée et  la conduite des locuteurs. 

« En acquérant davantage de connaissances, nous sommes mieux informés. Mais pour être mieux formés, il nous faut avoir développé nos capacités ou acquis de nouvelles aptitudes … Il ne suffit pas d’être plus informé pour être mieux formé. De même ne sommes-nous pas plus cultivés en étant plus instruits. » (Nicolas Grimaldi)

« Tout en cherchant à donner l’impression que, grâce aux progrès de la technique, les hommes n’ont jamais été aussi bien informés, les médias produisent des quantités énormes d’informations redondantes, inutiles, insignifiantes. L’excès d’informations de cette sorte constitue la façon moderne de ne pas informer. » (Marc Guillaume) – Noyer l’important, ce qui fait sens dans l’accessoire, le superflu, le vain… Technique élémentaire.

« L’alibi du compte rendu … ‘Voilà ce qui est’ et non point ‘voilà ce que j’ai choisi’ … Le médiatique établit … une hiérarchie à laquelle il feint d’obéir … C’est le mensonge ingénu …  Dans le commerce des choses, l’innovation, le nouveau … le jamais vu bénéficient d’une prime de curiosité … La mode … Il en va à l’inverse dans le commerce des idées. Le ‘confort intellectuel’ répugne à la nouveauté … Le marché de l’information favorise mécaniquement le connu … Il est un formidable accélérateur de conformisme.» (Jean-Claude Guillebaud) – Dites-leur ce qu’ils veulent entendre, axiome de toute désinformation.  Ainsi peut s’appliquer ironiquement la phrase d’un physicien, Heinz von Foerster : « L’environnement tel que nous le percevons est notre invention. »

« Comme le dit Debord, seul ce qui paraît existe dans la société du spectacle et les principaux médias ne sont pas loin d’avoir le monopole sur ce qui apparaît à la population. » (Michael Hardt et Antonio Negri – L’Empire)

« Mais en même temps que l’information informe, c’est-à-dire renseigne, elle in-forme, c’est-à-dire dispose et dirige. » (Martin Heidegger)

« Après l’objectivisme unilatéral de la science, s’impose celui des médias qui arrache l’homme à lui-même, produisant à chaque instant le contenu venu occuper son esprit, autorisant une manipulation idéologique sans précédent, sans limite … Ce bouleversement émotionnel en lequel quelqu’un se faisait le contemporain d’un autre, se ramène à l’apparition de messages objectifs sur un écran … Communication où personne ne communique avec personne, dont le contenu ne cesse de s’appauvrir avec la vitesse … Informations multiples, incohérentes, coupées de toute analyse, de toute critique, de leur histoire, de leur genèse, de tout principe d’intelligibilité, sans rime ni raison. » (Michel Henry – La barbarie)

« Produit résiduel de l’impermanence, l’information s’oppose à la signification … Une société ayant atteint un certain palier de surchauffe n’implose pas nécessairement, mais elle s’avère incapable de produire une signification, toute son énergie étant monopolisée par la description informative de ses variations aléatoires …  Ce monde a besoin de tout, sauf d’informations supplémentaires.  » (Michel Houellebecq)

« Il disait, et en un sens il le croyait vraiment, que l’augmentation du flux d’informations à l’intérieur de la société était en soi une bonne chose. Que la liberté n’était rien d’autre que la possibilité d’établir des interconnexions variées entre individus, projets, organismes, services. Le maximum de liberté coïncidait, selon lui, avec le maximum de choix possibles … Si les relations humaines deviennent progressivement impossibles, c’est bien entendu en raison de cette multiplication des degrés de liberté dont il se faisait le prophète enthousiaste. » (Michel Houellebecq – Extension du domaine de la lutte) – Description de la servilité stupide de notre époque.

« La surinformation rend toutes les interprétations possibles, mais incite à choisir celles qui correspondent à ses convictions et encourage le conformisme. Il est tentant de se limiter à sa bulle cognitive partagée avec sa communauté. » (François-Bernard Huyghe)

« Les discours de l’égalité, de l’émancipation, de la tolérance de l’épidémie idéologique engendrent culturellement un nivellement par le bas, une aliénation généralisée parfois proche d’une maladie mentale. » (Claude Jannoud)

« Les gens ont besoin qu’on les fasse ressouvenir bien plus qu’ils ont besoin d’informations neuves. » (Samuel Johnson)

« Je veux bien qu’on me coupe les morceaux mais je ne veux pas qu’on me les mâche. » (Joseph Joubert)

« Comme on le sait, la censure, aujourd’hui, ça n’existe plus, la liberté est totale. Mais un journal ou une radio doivent opérer des choix dans l’information … Si quelque émission est déprogrammée, ce n’est pas de la censure, cela tient simplement qu’un média doit coller aux urgences de l’événement … Il ne faut pas imaginer n’importe quoi… » (Pierre Jourde)

« La propagation d’images de comportements antisociales (journaux à sensations notamment) et l’accoutumance aux ‘raisonnements émotifs’.» (Bertrand de Jouvenel – sur les nuisances de la presse, et des média en général)

 « Le nombre dit la vérité, la quantité assure le beau, le bon, le vrai … le nombre de clics dit la qualité, celle de l’amitié comme des œuvres. » (Hervé Juvin)

« Le désir de violer l’intimité d’autrui est une forme immémoriale de l’agressivité, qui, aujourd’hui, est institutionnalisée … moralement justifiée (le droit à l’information devenu le premier des droits de l’homme), et poétisée (par le beau mot : transparence). » (Milan Kundera)

« La production de l’information se conforme aux thèses classiques. Elle implique un travail et une organisation du travail, un coût de production, une composition organique du capital, une plus-value, c’est-à-dire des bénéfices et profits pour ceux qui dirigent la production. Produite et consommée, l’information se vend et s’achète. C’est donc une marchandise. Quelconque ? Non. Elle n’est pas matérielle. Mais elle a un caractère privilégié : faire vendre et acheter toutes les autres marchandises. » (Henri Lefebvre)

« C’est très agréable d’appartenir au clan des gentils, çà donne le droit d’insulter en boucle et de calomnier en bande un tas de méchants : Sarkozy, Zemmour, Finkielkraut, La Manif pour tous…» (Elisabeth Lévy – à propos de France-Inter)

« Poussé à la limite, cette victoire du direct et ce glissement de l’information vers la ‘communication’ abolit le métier spécifique de journaliste puisqu’en lieu et place du travail de sélection, de vérification, de construction, d’interprétation des données se développent l’effort pour faire fusionner l’événement et l’information, de même que la volonté de transformer tout fait, tout document, tout discours en information, aussi dénués d’intérêt soient-ils. » (Gilles Lipovetsky) – Parce que les journalistes incultes étaient censés faire ce travail de sélection, de vérification… ?

« Comment éduquer les individus et former des esprits libres dans un univers d’excès informationnel ? » (Gilles Lipovetsky, Jean Serroy) – grave question en effet. Du moins le serait-elle si l’intention et l’objectif était d’éduquer les individus et de former des esprits libres, et non des laquais.

« Condamnés à vivre sous un flot d’informations hétéroclites … Chacun a la tête farcie d’une cacophonie de discours de controverses et d’événements décousus. » (Water Lippman)

« Nous ne vivons plus dans le monde des choses, mais dans celui de l’information … ‘L’ordre terrien est aujourd’hui remplacé par l’ordre numérique’ et celui-ci ‘déréalise le monde en l’informatisant’ … Les choses sont remplacés par ces non-choses que sont les informations qui nous submergent et nous empêchent de voir le monde réel … ‘La masse d’informations qui recouvre la réalité empêche les expériences de la présence’… Le GPS comme fin de la dimension sensible de l’espace, suppression de l’autre et de l’empathie par la prééminence des écrans  et l’abolition du regard … Nous n’habitons plus le ciel et la terre, nous habitons Google earth et le cloud. » (Pierre Lurçat -s’inspirant du coréen, Byung-Chul- Han La fin des choses,  bouleversements du monde de la vie

« Le message qui nous arrive par l’oreille est chaud et plus chargé d’émotion que celui qui vient de la vue … Le média sonore susciterait une affectivité directe à laquelle ne peuvent prétendre ni l’image ni le texte. » (d’après Marshall Mac Luhan)

« Le décryptage est une fonction essentielle de la démocratie cybernétique, sans laquelle les crétins qui lisent encore leurs journaux seraient dans le brouillard. » (Thierry Marignac) – Et pire, ils pourraient accorder quelque crédit aux complots.

« Devoir d’informer ? Mon cul ! Une volonté délibérée de gonfler ses parts de marché en scotchant la ménagère devant son téléviseur des heures durant, en agitant à l’aide de pseudos ‘experts’ supputations, peurs et fantasmes. Une télé dont bavardage et remplissage sont les deux mamelles. » (Bruno Masure) – A propos de suivis d’attentats. Objectif indirect de ce racolage : augmenter le nombre de lâches, déjà substantiel, donc accroître la soumission à n’importe quoi.

« Théorie de Tocqueville, du ‘niveau zéro’, d’après laquelle la diffusion sans limites des idées et des coutumes conduirait les peuples à se fondre dans un ‘seul tout mental’ par un phénomène de contagion semblable à celui qui régit la foule. » (Armand Mattelart) – Encore un des charmes de la mondialisation. C’est bien un des objectifs poursuivis.

« Le culte de l’information fait la nique à la culture et à la mémoire. Seule la tuyauterie importe. La production de sens n’est pas au programme de l’ingénieur. » (Armand Mattelart)

« On ne vend pas seulement une information, mais, avec elle, le type de bonne conscience dont va se parer un interlocuteur, le récepteur … On lui vend de la bonne conscience sous prétexte d’information et on lui vend également le mode de pensée correcte qui le dispense de se référer à une idéologie clairement formulée, laquelle est bien présente cependant mais dissimulée. » (Charles Melman – sur le sensationnalisme et l’exhibitionnisme des média)

« L’excès d’émotions, d’informations, d’attentes, de sollicitations porte atteinte à l’intégrité de la personne et la pousse dans un état de fatigue insoutenable. » (Père Mendonça)

« Les engouements médiatiques auxquels il est impossible d’échapper sont créés de toute pièce par le phénomène de répétition et la psalmodiation crescendo qu’il faut alimenter sans cesse par un nouveau détail essentiel. » (Sophie de Menthon)

« Les sociétés modernes bénéficient à la fois en continu d’informations et de connaissances sur elles-mêmes comme jamais aucune société n’en a disposé auparavant, et ne disposent pour autant jamais d’un point de vue totalisateur ni dominateur ; à un reflet, à une image en succèdent sans cesse d’autres, et leur nombre même est un défi à la totalisation … Sondages, débats, commissions et observatoires, rapports, études, forums, colloques, éditoriaux, tribunes, rebonds et réflexions, rencontres, opinions libres, groupes de discussion et de ‘chat’, thèses, mémoires, livres, missions et recommandations… » (Yves Michaud) – Désolé, s’il n’y a pas de point de vue totalisateur, il y a bien un point de vue dominateur (marché, fric, pseudo-démocratie, bidonnage des droits de l’homme…) et celui-ci est parfaitement dictatorial. Il consiste notamment à noyer le poisson et à abrutir le pseudo-citoyen en donnant l’impression de l’action.

« Nous ne situons plus un événement dans son éloignement ou sa proximité relative … Tout est disponible, immédiatement présent, mais à force de présence, il n’y a plus qu’un présent qui se dévore lui-même, qui empêche l’identification de choses, d’êtres, d’affects, de situations, de souvenirs, de projets… La ‘mobilisation infinie’ de Peter Sloterdijk … notre temps est celui de la mobilisation planétaire et de la révolution permanente. » (Yves Michaud)

« Une information est un fait qu’un rédacteur en chef a décidé de publier. » (Gil Mihaely)

« L’information  continue, omniprésente, obsidionale, est une des figures les plus évidentes de l’ordre horizontal. Ce perpétuel redoublement du monde par un commentaire sous forme d’images et de mots a fait entrer l’événement dans une discréditation permanente qui trouve dans l’inflation spectaculaire de quoi se re-légitimer ; ainsi peut-on se représenter comme un droit ce qui n’est que de la propagande. » (Richard Millet)

« S’informer c’est se retrancher. N’importe quel père de famille vous le dira à l’heure de la vaisselle, le quotidien qui informe nous préserve de celui qui encombre. » (Daniel Pennac)

« On n’imagine pas à quel point recevoir les nouvelles trop tard annule la gravité des événements. » (Georges Perros)

« La plupart de nos contemporains, abrutis d’informations, ont l’oreille dure et l’intelligence lourde. » (Georges Picard)

« Orwell craignait ceux qui interdisaient les livres. Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres car plus personne n’aurait envie de lire … Orwell craignait qu’on nous cache la vérité. Huxley redoutait que la vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiances. Orwell craignait que notre culture ne soit prisonnière. Huxley redoutait que notre culture ne devienne triviale. Huxley avait compris qu’il n’était pas nécessaire de cacher quoi que ce soit à un public insensible et anesthésié par les divertissements technologiques. » (Neil Postman) – C’est Huxley qui a gagné. Même s’il subsiste quelque poussière qu’il vaut quand même mieux dissimuler en la mettant sous le tapis.

« La plupart de nos nouvelles sont inertes … Informations qui nous procurent un sujet de conversation mais ne peuvent nous amener à aucune action significative, à entreprendre quelque action, à éclairer quelque problème que nous aurions à résoudre… Jadis ce dont les gens étaient au courant avait une valeur pour leur action … Avec le télégraphe le contexte des nouvelles est devenu le monde entier … De plus, les nouvelles sont fragmentaires, détachées de leur contexte, sans considérations sur leurs conséquences et leur valeur, sans sérieux véritable … pur divertissement … La crédibilité (impression de sincérité, authenticité…) de celui qui énonce une nouvelle, une proposition est l’ultime critère de sa véracité. » (Neil Postman) – Et depuis le télégraphe !

« Quand une population devient folle de fadaises, quand la vie culturelle prend la forme d’une ronde perpétuelle de divertissements, quand les conversations publiques sérieuses deviennent des sortes de babillages, quand le discours sérieux se dissout en gloussements, quand, en bref, un peuple devient un auditoire et les affaires publiques un vaudeville … la mort de la culture menace. » (Neil Postman) – Et derrière, la mort de toute civilisation.

« Une affligeante fascination pour les images tournées en direct, de scènes violentes et de faits-divers sanglants … Cette demande encourage l’offre de faux documents, de reconstitutions et de manipulations diverses. » (Ignacio Ramonet)

« L’hyper-émotion, figure caractéristique de la surinformation … sous l’influence du média d’information dominant qu’est la télévision … sa fascination pour le ‘spectacle de l’événement’ qui a déconceptualisé l’information et l’a plongée dans le marécage du pathétique … qui a établi insidieusement l’équation suivante : ‘Si l’émotion que vous ressentez en regardant le journal télévisé est vraie, l’information est vraie’. » (Ignacio Ramonet) – « La course au mieux-soi disant émotionnel. » (Elisabeth Lévy)

« Le seul moyen dont dispose un citoyen pour vérifier si une information est vraie est de confronter les discours des différents médias. Alors si tous affirment la même chose… » (Ignacio Ramonet) – Ou occultent la même chose. On peut  aussi se poser les questions élémentaires : à qui ça profite ? Pourquoi ici et maintenant ? Les services secrets cotent l’information suivant : la fiabilité de la source et la crédibilité en contexte de l’information ; on pourrait s’en inspirer.

 « Ce qui fait désormais la valeur marchande d’une information, c’est la quantité de personnes susceptibles d’être intéressées par cette information. » (Ignacio Ramonet) – Rien à voir avec sa véracité et même avec son utilité.

« Le cœur de la machine d’information, c’est l’interprétation. On a besoin d’événements, même faux, parce que leurs interprétations sont déjà là, qu’elles leur préexistent et le rappellent … Ce qui est insupportable aux yeux du journaliste moraliste c’est qu’il ne se soit rien passé … que les témoins de l’événement (de la prétendue agression) n’aient rien fait … Aucun commentateur n’a pensé à tirer la conclusion la plus simple : c’est peut-être parce qu’il n’y avait rien à faire, parce que l’événement n’a pas eu lieu … Il faut toujours qu’il y ait des événements pour que la machine (médiatique) tourne … La machine n’a pas besoin qu’il arrive toujours quelque chose. Elle a besoin qu’il arrive aussi un certain type de choses ; ce qu’on appelle des ‘phénomènes de société’ … Il y a du trouble dans la société parce qu’elle n’est pas assez moderne … des groupes trimballent des valeurs tribales traditionnelles …  Une société inlassablement occupée à la tâche de son auto-interprétation et de son auscultation …. L’essentiel c’est qu’il y ait toujours des événements à interpréter, des symptômes à déchiffrer … Un non-événement est toujours un événement qui s’ignore. » (Jacques Rancière)

« Tu crois ce qui est marqué dans les journaux, que tu le comprennes ou non ! » (Wilhelm Reich – Ecoute, petit homme !)

« La connaissance inutile. » (Jean-François Revel – sur l’information vaine)

« C’est l’opinion qui doit être pluraliste, pas l’information … L’information peut être fausse ou vraie, non pas pluraliste …  Le mal le plus pernicieux, c’est l’opinion déguisée en information.» (Jean-François Revel)

« Lorsqu’un journaliste invoque le ‘droit d’informer’, le ‘droit à l’information’, il se réfère à son propre droit de présenter les faits comme il l’entend, presque jamais au droit du public d’être informé avec exactitude et sincérité. » (Jean- François Revel)

« La ‘com’, c’est ce qui sert à expliquer que les échecs sont des succès. » (Jean-François Revel)

« Il serait sans doute injuste et excessif d’écrire que l’information est interdite dans une moitié du monde et fausse dans l’autre. Car elle est interdite dans beaucoup plus de la moitié du monde. » (Jean-François Revel) – Et reste fausse dans la petite zone où elle n’est pas interdite.

« L’Occident a depuis longtemps compris que, dans une société qui respire grâce à la circulation de l’information, régler cette circulation constitue un élément déterminant du pouvoir. » (Jean-François Revel) – C’est-à-dire l’omettre ou l’inventer, au moins la falsifier. 

« Selon une maxime illustre, ‘le commentaire est libre, l’information est sacrée’. J’avoue avoir souvent l’impression que c’est l’inverse : que l’information est libre et le commentaire sacré. Mais le mal le plus pernicieux c’est l’opinion déguisée en information … Le droit d’exprimer toutes les opinions, y compris les plus extravagantes, les plus haineuses, le droit d’avoir tort, de mentir, de bêtifier a déteint sur la mission d’information. » (Jean-François Revel) – Ecrit avant l’introduction de la censure en France qui interdit ce qui est contraire à l’idéologie dominante, à l’histoire officielle ou même aux intérêts de certaines associations.

« L’information, ce n’est pas ‘ce qui s’est passé’, mais la ‘communication sur ce qui s’est passé’. » (Ingrid Riocreux) – L’écart peut être gigantesque.

« La classe dominante considère qu’il est plus facile de garder sous contrôle une société d’idiots que de gouverner un peuple intelligent. » (Ingrid Riocreux) – Ce qui explique les politiques suivies depuis plus de trente ans en matière d’information (média), d’éducation (si on peut employer ce terme) et de communication en général.

« Quand la réception d’informations prend une part trop grande des heures de veille, il ne reste rien pour la réflexion et l’assimilation. Il y aura manque d’expérience directe et affective, famine dans l’abondance, désensibilisation. » (Raymond Ruyer)

 « Les événements arrivent jusqu’à nous, non plus accompagnés mais privés d’explication ; à peu près rien de ce qui advient désormais ne profite à l’information. » (Christian Salmon) – On se contente de narrer, d’énoncer des faits bruts (plus souvent faux que vrais), et de les assaisonner avec des histoires (la panacée du storytelling américain).

« Rien ne cache plus les choses nouvelles que les nouvelles de l’actu et de l’info. » (Michel Serres)

« Oui, on sait tout. En information, pas en connaissance. » (Michel Serres) – Ne pas confondre.

« Les thèmes dont le Front national s’est emparé sont interdits. Rien de ce qui motive son électorat n’est légitime. Décrétés tabous, ces thèmes ne sont abordés ni par la droite ni par la gauche. Immigration, insécurité, famille, nation, Europe ? Aucun problème. Consigne (exigence absolue plutôt) : ne pas ‘faire le jeu de Le Pen’. » (Jean Sévillia)

« En tant que média, les hommes sont toujours des messagers … des intermédiaires. Ils informent d’autres hommes de quelque chose dont eux-mêmes ont été informés … mais le dire est quelque chose de proscrit dans la théorie dominante des média, qui s’est lancée dans une célébration démentielle des images et des appareils, et des programmes … Réification à grande échelle … Des gens que l’on prive massivement de leurs qualités de médiateurs – au moyen, justement, de ce que l’on appelle les média – développent les caractéristiques du ‘dernier homme’ (celui du Zarathoustra de Nietzsche) … L’hébétude est un état qui force l’homme à se réfugier dans le vécu, dans l’amusement, dans l’actualité, parce que ce sont les seules formes actuelles permettant de donner par la force quelque chose comme du sens. » (Peter Sloterdijk) 

« Les sociétés modernes sont organisées comme des bourses à thèmes. On y émet constamment de nouvelles valeurs thématiques qu’on négocie au jour le jour. Le débat public …  forum destiné à régler les affaires que l’on fait avec ces thèmes. Les grands mass-médias … sont engagés dans un combat permanent pour que leurs thèmes aient la cote la plus élevée possible. Et lorsqu’un thème à scandale s’impose dans la société, cela signifie seulement qu’une rédaction est parvenue à émettre une proposition d’émotion  telle  que les concurrents doivent l’imiter à n’importe quel prix, jusqu’au point où toute une société devient quasiment monothématique et se synchronise sur une seule et même émotion … Nous vivons constamment  dans des champs d’excitation collective, dans des épidémies d’opinion dont il est difficile de s’immuniser» (Peter Sloterdijk – Ni le soleil ni la mort)  – C’est ainsi qu’on assiste à la semaine consacrée et obsédée par l’inceste, suivie de la semaine de la catastrophe climatique, suivie de la semaine du remaniement gouvernemental, suivie de la semaine de l’extension de la pauvreté, etc. – « La possibilité d’être contacté en permanence n’est qu’une expression de la mise en réseau ou de la mondialisation Lorsque nous disons ‘globalisation’ ou ‘mondialisation’ … nous parlons de la mise en place du système de stress  synchrone à l’échelle mondiale …  Les thèmes chargés d’une forte énergie emportent presque tout … Passe pour asocial celui qui ne se tient pas disponible en permanence pour le stress synchrone. L’excitabilité est désormais le premier devoir civique. »  (même auteur)

« Être au courant’, c’est la façon d’être borné aujourd’hui. » (Botho Strauss)

 « Internet a effacé la frontière entre producteurs et consommateurs d’information. Si bien que chaque tribu virtuelle crée et répand de fausses nouvelles. » (Jeremy Stubbs)

« Pensée unique, parti unique, journal unique … Une nouvelle forme de despotisme symbolique se profile à l’horizon : le totalitarisme communicationnaire. L’impératif de communication totale … s’y noue avec l’obligation de transparence absolue … Que tout du social soit visible, clair et net ; que tout dans l’humain soit parfaitement intelligible, que tout ce qui est humain s’épuise dans une compréhension rationnelle. Que rien n’échappe à l’espace public. Toute information doit être enregistrée, stockée et ses traces disponibles à chaque instant. » (Pierre-André Taguieff) –  Big brother  actuel !  

« Des gens pendus à toutes les radios, avides de toutes les nouvelles, réceptifs à toutes les idées. On appelle cela sensibilité, ouverture … Je serais plutôt porté à considérer comme un signe de santé et d’unité intérieures l’existence de larges zones d’indifférence. Une réceptivité universelle implique, exception faite de quelques esprits extraordinaires, une passivité dangereuse … L’écho vibre à tous les sons. » (Gustave Thibon)

« Danger de l’excès d’information. Tout finit par devenir indifférent à l’homme à qui rien n’est étranger. » (Gustave Thibon)

« Ma réaction est celle d’un convive devant un repas démesurément copieux et servi à toute allure. » (Gustave Thibon)

« La mémoire surchargée réagit par l’oubli : la tête encombrée rejoint la tête vide. Nous souffrons de dénutrition par gavage. » (Gustave Thibon)

« Tourbillon démentiel d’informations hétéroclites. » (Pierre Thuillier)

« Le problème n’est pas d’obtenir plus d’information mais d’en obtenir moins : de choisir. Une information infinie égale une information nulle. » (Tzvetan Todorov)

« L’idéologie, l’information, la culture tendent de plus en plus à perdre leur contenu pour devenir du quantitatif pur. » (Raoul Vaneigem)

« A la surproduction de biens inutiles … correspond un fatras d’informations qui décourage la digestion. » (Raoul Vaneigem – Adresse aux vivants

« L’information immédiatement disponible est confondue avec la culture et sa circulation sous le nom de communication est considérée sans examen comme un progrès. » (Pierre le Vigan) 

« Il paraît souhaitable de s’interroger aussi sur la ‘liberté de perception’ de l’individu (en sus de la liberté d’expression) et les menaces que fait peser sur cette liberté, l’industrialisation de la vision et de l’audition ; la pollution sonore se doublant fréquemment d’une discrète pollution de notre vision du monde par les divers moyens de communication. » (Paul Virilio)

« ‘La plus grande calamité moderne, ‘les informations’ (réponse d’un vieux paysan à la question.) ‘La guerre de 1914, on ne l’a pas vue venir. Tandis qu’avec la radio, puis la télévision, nous avons l’impression d’être toujours à la veille d’une guerre ou d’une catastrophe, et ce n’est plus vivable’. » (Paul Virilio)

« Le sabir des gens qui font habilement passer les idées, la vision du monde, de leur caste sociale pour celles de la société tout entière. » (Eric Zemmour – sur la caste des Communicants en particulier et l’esprit Canal + en général)

« Notre génération n’eût aucun moyen de se dérober ou de se mettre à l’abri dont disposèrent les générations précédentes. Du fait de notre nouveau régime de la simultanéité nous étions constamment impliqués dans l’époque … Ce qui se produisait à mille lieux au-delà des mers nous sautait physiquement dessus en images. Rien ne nous protégeait, ne nous mettait à l’abri. Il fallait constamment que nous fussions informés et impliqués … Aucune tranquillité que l’on pût acheter. » (Stefan Zweig – à la jonction des XIX° et XX° siècles – Le monde d’hier) – Les tout débuts de la généralisation du stress par les moyens de communication.

« Ragots, bavardages, futilités, tiennent lieu d’information. » (?)

« Dans la société de l’information personne ne pense, nous voulions bannir le papier, nous avons banni la pensée. » (?)

« Trop d’information tue l’information. » (?)

« Qui tient l’information tient la pensée. » (?)

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