400,1 – Histoire – Fin de l’histoire et dernier homme

-Jusque il y a peu d’années, l’Histoire était écrite par les vainqueurs . Depuis peu, quelques vingt ans, elle est écrite pat les soi-disant victimes. On est passé des cocoricos prétentieux aux pleurnicheries lamentables,  

– Hérodote a introduit la perspective que son souci, quand il est respectue   reflète l’idée d’une dette envers les hommes d’autrefois.

– Quand on lit Thucydide, il est impossible de savoir à quel camp il appartenait. Hérodote, Tacite même sont des modèles d’objectivité et de respect des vaincus. Loin de certains de nos hystériques histrions actuels. « Les hauts faits des grecs et des Barbares. » (le Grec Hérodote)

– Histoires. Parler d’Histoire sans une bonne connaissance de la complexité de l’âme humaine et de sa propension à se défausser sur autrui, c’est vouloir lire et écrire sans connaître l’alphabet. Présomption qui ne saurait intimider les jeunes hommes ou femmes sévissant dans les média. La bonne mine, le ton, l’emphase et une bonne dose de servilité étant bien suffisants pour traiter du sujet.

– Sacraliser l’histoire, lui donner un sens, une destination (suivant Hegel : « Progression de l’Imparfait vers le plus Parfait », la raison dans l’histoire), béatitude. C’est donner la prévalence au ‘Nous’ futur sur le ‘Je’ actuel, valider toutes les utopies d’un bien à venir justifiant le mal d’aujourd’hui.

– L’Histoire ne sera jamais objective. Même honnêtement présentée, elle sera toujours réduite à présenter non ce qui a été mais ce qui en a été dit. Jadis les contemporains d’un événement étaient à peu près honnêtes, seul l’historien se trompait, déformait ou mentait. De nos jours même les contemporains, placés pour savoir, trichent de façon éhontée, les historiens futurs qui s’appuieront sur ces documents se tromperont, déformeront, mentiront donc encore plus.

– Pour ceux qui ont connu l’histoire contemporaine (disons depuis 1930), qui ont un peu vécu, écouté, lu et réfléchi, ce qu’on peut raconter dans les média (notamment films télévisés), dans les discours officiels et, plus grave dans les manuels scolaires, relève fréquemment du simplisme orienté, de l’affabulation, de l’intoxication, de la déformation, du mensonge pur et simple parfois, par action et par omission, reflète un monde manichéen qui n’a jamais existé et n’existe pas.

– L’Histoire officielle est aussi écrite, racontée par les vainqueurs, les gagnants. « Ce sont toujours les bons qui gagnent », ce mot d’enfant résume l’histoire telle qu’elle est présentée, et, pire, telle qu’elle est crue. Qui a jamais entendu parler d’atrocités commises par des vainqueurs ? Quel camp a-t-il l’exclusivité des criminels de guerre ? L’histoire passe aussi sous silence ce qui ne convient pas à l’idéologie du temps, ce qui lui ferait honte. Parle-t-on du sac du Palatinat par les Français, du génocide vendéen, de l’insurrection de Sétif et de sa répression en mai 1945 ? Des abominations des Nordistes lors de la guerre de sécession américaine ? De la famine organisée par Staline pour anéantir la population ukrainienne ? De Dresde, Hambourg, Tokyo, Hiroshima et Nagasaki ? De l’esclavage organisé pendant des siècles par les Barbaresques , les Ottomans, les royaumes africains ?

– Maintenant, et pire encore, en France l’histoire (comme en URSS jadis) est dictée par le pouvoir politique, c’est-à-dire que la loi verrouille l’histoire et que certaines présentations sont interdites sous peine de ruine, ce, en toute cordialité démocratique. « On ne fait plus d’histoire, on débite le catéchisme du politiquement correct. » (?) –  « On ne sait vraiment pas où l’on va si l’on ne sait pas d’où on vient. » (?) 

– Selon Jean Sévillia – « La lecture du passé est dictée par l’idéologie dominante de l’époque. »   On déforme actuellement l’histoire par trois procédés :

. « L’anachronisme : le passé étant jugé à partir des critères politiques, moraux, mentaux et culturels d’aujourd’hui. » Exemple : le Moyen Âge, époque communautaire et sacrale est analysé suivant les droits de l’homme et une vision sécularisée de la société.

. « Le manichéisme : l’histoire étant conçue comme la lutte du bien et du mal, mais un bien et un mal définis selon les normes actuellement dominantes. »  Les bons sont opposés aux méchants, mais toujours selon les canons d’aujourd’hui. Les bons sont toute pureté, les méchants sont immondes. Est-ce simple !

. « La simplification ou l’esprit réducteur : la complexité du passé étant gommée au profit d’un ou deux facteurs qui, en occupant tout le champ de la connaissance, faussent l’interprétation de la réalité. (exemples, selon moi : le racisme, l’intolérance, la course au progrès) avec des matériaux… tirés de l’arsenal idéologique contemporain »

-Toujours selon Jean Sévillia, on peut ajouter ce que l’historienne Georgette Elgey appelle des Isolats, soit le fait d’extraire des éléments de leur contexte pour les considérer isolément, comme des événements existant en eux-mêmes, ainsi la Shoah indépendamment de la guerre mondiale, la saint Barthélémy indépendamment des guerres dites de religion et des luttes de pouvoir entre puissances qu’elles reflètent entre autres… Ce qui ne doit cependant pas interdire de considérer certains événements comme exemplaires (souvent au mauvais sens du terme), comme symptomatiques d’une époque, d’un régime…

– C’est une tendance fâcheuse de l’Histoire que de donner à penser que si un événement s’est produit c’est qu’il était écrit. Ce n’est pas parce qu’une situation a débouché sur un certain futur (immédiatement devenu passé) qu’une infinité d’autres n’étaient pas possibles

-Que serait devenue l’Angleterre sans le grain de sable dans l’urètre de Cromwell, le monde antique « si le nez de Cléopâtre avait été plus long » ? Si, en juillet 89, Louis XVI avait fait placer un peloton de gendarmes devant la Bastille… pas de Révolution, pas d’Empire et Bonaparte serait resté Bonaparte, l’unité allemande se serait réalisée différemment, sans la conflagration de 1940 de Gaulle n’aurait pas de rue à son nom (on s’y retrouverait aussi bien), dans une Inde non soumise Gandhi serait resté un très honorable petit avocat inconnu… En Histoire « il n’y a pas proportionnalité entre la cause et l’effet. » (Raymond Aron)

– La pure histoire présente toujours les événements comme hors du temps, elle oublie la chronologie. Elle recommence toujours à zéro. Mais les hommes ne recommencent pas à zéro. Parler de la conflagration de 39-45 sans évoquer celle de 14-18, le traité de Versailles, l’occupation et les interventions françaises en Allemagne (vingt ans d’écart ! Parfois moins), c’est se foutre du monde.  De part et d’autre, ceux qui avaient la quarantaine en 40 étaient les survivants de 14.

-L’Histoire décervelante a renoncé à expliquer. Par exemple, trompeuse et partielle est toute évocation de la seconde guerre mondiale sans tenir compte de l’atmosphère fétide de la décennie des années 1930, au moins en France, du traité de Versailles, de l’occupation de la Rhénanie, de la misère entretenue en Allemagne, de la révolution bolchevique en Russie, de la guerre civile espagnole, etc. 

– Toute lecture rigidement optimiste de l’histoire relève de l’illusion, et parfois de la mauvaise foi, l’histoire n’est pas l’accomplissement d’un dessein. On va avoir confirmation de cette évidence très prochainement, quand il va nous falloir laisser nos illusions et dégringoler vertigineusement. Cette lecture relève du mythe dit historiciste, selon lequel tout est périssable, les valeurs elles-mêmes, tout doit être accepté passivement comme un état de fait légalisé par le mythe de la nécessité de l’histoire, tout déroulement historique apportant forcément un progrès, au moins  à terme.

– Enfin, on ne comprendra rien à l’histoire française en particulier et à l’histoire européenne en général si on ignore ou néglige l’éternel jeu de balance de l’Angleterre, soutien ou hostilité à l’une des parties, entre d’une part la France et d’autre part les puissances continentales, menées essentiellement par l’Allemagne. Tenir les uns par les autres grâce à la cavalerie de saint George (l’argent anglais).

« La triste précarité. » (Emmanuel Kant) – « Le navrant mélange de violence et d’absurdité. » (Goethe) – Sur l’histoire. 

– « Nul ne sait de quoi hier sera fait. » (boutade soviétique quand on réécrivait l’histoire tous les matins) – Ne s’applique plus dans l’ex-URSS, mais est devenue une plaisanterie hélas bien réelle aux Etats-Unis et par contagion servile en Europe occidentale.

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« Les communications de masse changent tout. En devenant à la fois instantanée et universelle, l’information ne se contente pas de rendre compte de l’histoire, elle la fait. » (Raymond Abellio)


« L’Histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées. » (Konrad Adenauer)

« Si l’on veut être juste à l’égard du passé immédiat, il faut avoir formé quelque idée du passé lointain … Être homme, c’est continuer ; c’est aussi conserver ; c’est se souvenir. » (Alain) – Mais aujourd’hui, il ne s’agit point d’être juste, mais de mentir, de déformer, d’intoxiquer pour asservir.

« Ils ne sont plus en situation de se démentir, de se diminuer ni de vieillir, il ne reste d’eux que ce qui mérite respect ; aussi leurs maximes valent mieux qu’eux-mêmes … Aucun mort ne fut digne de ses œuvres, et c’est pourquoi les publications de lettres intimes et de médiocres aventures sont proprement impies… Il faut laisser mort ce qui a mérité de mourir. » (Alain) – « Etaler les petits côtés d’un grand homme, insister sur les scories et les retombées du génie, c’est offrir un baume à l’irritation causée par la grandeur … Elever des statues n’autorise pas à profaner des tombeaux. » (Gustave Thibon) – Oui, mais comment satisfaire alors notre voyeurisme et notre passion pour la boue ?

« L’Histoire s’est constituée en ‘Histoire’ au sens moderne, c’est-à-dire en une histoire ayant un sens, du seul fait que l’attente chrétienne s’est orientée vers le Salut … L’espérance eschatologique avait constitué l’Histoire. L’antique caractère cyclique du temps, qui empêchait toute historicité, était désormais dépassé du fait que ce qui n’était pas encore arrivé courait droit devant, dans une voie à sens unique, à la rencontre du ‘Royaume’. Nous, en revanche, c’est la fin de l’Histoire que nous envisageons à travers notre attente de la fin. » (Günther Anders – Le temps de la fin)

« Ce qui a cédé c’est la trinité romaine qui, pendant des millénaires, a uni religion, autorité et tradition … Ce qui est perdu, c’est la continuité du passé, telle que les générations successives semblaient se la transmettre et qui sécrétait, au fur et à mesure, sa cohésion interne. » (Hannah Arendt)

« Le seul antidote à l’irréversibilité de l’histoire est la faculté de pardon. » (Hannah Arendt)

« Vouloir que l’Histoire ait un sens, c’est inviter l’homme à maîtriser sa nature et à rendre conforme à la raison l’ordre de la vie en commun … L’homme aliène son humanité et s’il renonce à chercher et s’il s’imagine avoir dit le dernier mot. » (Raymond Aron)

« Dans notre conscience historique, se mêlent et s’opposent les visions fatalistes, tout se répète, les visions mélancoliques, une époque s’achève, et les visions optimistes, notre  présent marque autant un début qu’une fin. » (Raymond Aron)

« La sélection historique est dirigée par les questions que le présent pose au passé. » (Raymond Aron)

« Nous retenons du passé ce qui nous intéresse (ou va dans le sens de nos obsessions, de notre partialité). La sélection historique est dirigée par les questions que le présent pose au passé … Les valeurs ou les intérêts auxquels se réfère la connaissance historique n’ont pas de validité universelle, ils varient avec les époques … Chaque société a son histoire et la récrit au fur et à mesure qu’elle change elle-même … Chaque époque se donne un passé en reconstruisant sa propre histoire. » (Raymond Aron)

« La bêtise comme facteur déterminant de l’histoire. » (Raymond Aron) – Et de son interprétation.

« Ce sont les hommes qui écrivent l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils écrivent. » (Raymond Aron) – « L’homme n’avance jamais avec autant d’assurance que lorsqu’il ne sait pas où son chemin le mène. » (Cromwell)

« Il n’est pas d’exemple, à travers l’histoire, que le peuple-maître n’ait pas attribué le triomphe de ses armes à la vertu. » (Raymond Aron)

« Une lutte impitoyable entre des unités politiques d’un certain type (d’un type proche : nations européennes en 1914, cités grecques 2.500 ans auparavant…) précipite la ruine commune des belligérants. » (Raymond Aron)

« L’histoire exige que des changements dispersés s’unissent en un mouvement dirigé … Car deux concepts régissent d’histoire : l’un, lié à la notion de hasard implique la discontinuité de la trame causale, l’autre, rattaché à la notion d’évolution  implique, au contraire, un mouvement global et orienté. » (Raymond Aron – Introduction à la philosophie de l’histoire)

« Les préférences des historiens se manifestent naïvement ; l’histoire que l’on enseignait était pleine de personnages dignes des romans populaires, héros et traîtres, bons et méchants … les uns chargés de crimes, les autres de vertus … Le méchant obéit toujours à ses passions ; même lorsque sa conduite fut opportune et efficace, on incrimine toujours des motifs personnels.  » (Raymond Aron – Introduction à la philosophie de l’histoire) – Sans oublier que les sources des historiens sont les récits des vainqueurs, dont l’unique préoccupation est de faire taire les vaincus et de les salir, de masquer leurs massacres et leurs pillages.

« La conscience historique varie avec les peuples et les époques, tantôt elle est dominée par la nostalgie du passé, tantôt par le sens de la conservation ou l’espoir de l’avenir. Fluctuations aisément intelligibles : certains peuples attendent la grandeur, d’autres en gardent le souvenir, certains se sentent liés à une tradition qu’ils veulent prolonger, d’autres sont impatients de nouveauté, avides de liberté et d’oubli. » (Raymond Aron – Introduction à la philosophie de l’histoire) – Et nous aujourd’hui, on attend quoi ? On garde quoi ? On est lié à quoi ? on est impatient de quoi ? Seule réponse, la polémique quotidienne pour captiver les imbéciles ?

« Qu’il s’agisse d’une victoire militaire ou de l’écroulement d’un empire, on découvre toujours des raisons lointaines et valables qui, après coup, confèrent une apparent nécessité à l’issue effective. » (Raymond Aron) – « Le présent semble se déduire du passé, si bien que la tentation est grande d’oublier que ce passé à un jour été présent , c’est-à-dire fragile, aléatoire, riche de possibles, incertain de l’avenir. » (Alain Finkielkraut)

« L’histoire de la révolution qu’on enseigne aux petits Français c’est l’histoire écrite non par des historiens mais par des hagiographes. » (Lucien Arréat)

« La révolution française qui a prescrit vigoureusement le droit de banalité aurait bien dû l’interdire aux historiens. » (Lucien Arréat)

« Entre le niveau intime et le niveau historique (celui de la grande histoire), il y  a des niveaux intermédiaires : les histoires de famille, les histoires professionnelles, les nouvelles, les faits divers, la politique, le sport … D’autres récits, partagés, collectifs, entrelacés … récits intermédiaires (entre ce qui relève de la sphère privée et ce qui se rattache à la macro-société) qui passionnent ceux qu’ils impliquent (les amateurs, les collègues, les militants…) et laissent parfaitement indifférents, ceux qu’ils n’impliquent pas, qui n’ont pas ‘d’implication’» (Marc Augé) 

« Pour les historiens du contemporain, le siècle n’est plus un instrument de mesure pertinent. Il leur faudra bientôt découper des périodes de vingt ou même dix ans pour rendre compte de l’évolution du monde et de la science. » (Marc Augé) – A moins que le climat ne fasse descendre leurs examens à l’année, sinon moins encore.

« Chaque époque privilégie un des fondements, ce qui a été considéré comme fondement, du monde : la nature, les dieux ou dieu, l’homme ou la société. » (Kostas Axelos)

« L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs et c’est toujours celle des perdants qui disparaît. » (Gaston Bachelard)

« On ne peut comprendre une époque si on travestit les représentations mentales des acteurs de cette époque et les informations dont ils disposaient … Quand une idée triomphe, elle fait porter à tout le monde son uniforme mental par l’emploi de mots nouveaux. Puis elle juge et condamne au nom de ces mots.  » (Maurice Bardèche) – Ainsi on peut aligner les événements historiques sur ses obsessions et fanatismes du moment, ainsi on peut mentir  et intoxiquer les esprits.

« Erigée en mythe, représentée en noir et blanc, l’histoire devient ‘morale et, du même coup, incompréhensible … Elle se transforme en un champ d’affrontement du Bien et du Mal. Les jugements politiques ou intellectuels sont placés dans la dépendance des jugements moraux qui ne veulent connaître que des bons et des méchants … Parallèlement on institue des récits sacrés, des révérences obligées, des sujets dont on ne plaisante pas. » (David Barney)

« Il y a des historiens qui marchent dans l’Histoire comme dans leur parc, en arrachant, à droite et à gauche, tout ce qui les gêne. » (Anne Barratin)

Exceptionnellement, une tranche d’histoire quasi contemporaine en raison de son incidence sur le temps actuel : « L’affaissement généralisé des années 1980. Les années fric, strass et kitsch. Un plongeon abyssal. L’ère du vide. L’enfer mou. Les maîtres à penser : Jack Lang, Bernard Tapie, Jacques Séguéla … Un traquenard qui ne disait pas son nom. » (Jean-Marc Bastière) – L’arrivée triomphante des socialistes avides, méprisants et arrogants n’a pas peu contribué à ce déferlement de ce qu’il y a de plus vulgaire et médiocre.

« Tout peuple est académique en jugeant les autres, tout peuple est barbare quand il est jugé. » (Baudelaire)

« Ce qui est en train de se passer collectivement, confusément, à travers tous les procès, toutes les polémiques (toutes les reconstitutions historiques telle la baudruche mensongère de 1989 – grotesque bi-centenaire de la révolution), c’est le passage d’un stade historique à un stade mythique, c’est la reconstruction mythique et médiatique de tous ces événements. » (Jean Baudrillard) – Fabrication d’une histoire pour maternelles – « Célébrations de 1789, commandées à un expert de l’image … comme un défilé de chars fleuris. » (Jean-Claude Milner)

 « Tour au long de cette stagnation des années 1990, c’était la ‘grève des événements’. Eh bien, la grève est terminée. Les événements ont cessé de faire grève. » (Jean Baudrillard – sur la période de calme entre l’effondrement de l’URSS en 1980 et les attentats islamistes à New-York de septembre 2001)

« Nous sortons d’une longue période de l’histoire de l’humanité marquée par la conviction que ‘l’homme faisait ou devait faire l’histoire’. La postmodernité a tenté avec un relatif succès de nous persuader qu’au contraire l’homme ne peut rien faire ni dans ni avec l’histoire ; il doit simplement la suivre,  la supporter, l’accepter. » (Miguel Benasayag – sur l’inutilité des révolutions classiques, par prise du pouvoir) 

« Notre siècle aura été‚ le siècle de l’organisation intellectuelle des haines politiques. Ce sera un de ses grands titres dans l’histoire morale de l’humanité. » (Julien Benda)   

 « L’enseignement de l’histoire de France a été remplacé par l’enseignement de l’histoire de la France criminelle ou collabo. » (Cyril Bennasar)

« Le prophétisme juif a puissamment contribué à la construction de ‘l’historique’ en général, car c’est lui qui a donné le véritable point de départ en introduisant l’idée de messianisme … Alors que la religion des Grecs montre avant tout une résignation devant le destin … Ceux-ci pour lesquels le monde n’avait ni commencement ni fin et n’était qu’un éternel mouvement circulaire, un éternel retour se révélaient incapables d’appréhender le processus historique, gardant une conception cyclique masquant le lien entre l’avenir et le passé … ne pouvant donc considérer l’histoire comme une sorte de drame qui se déroule. » (Nicolas Berdiaeff)

« Le passage de l’histoire du moyen âge à l’histoire moderne marque en quelque sorte le passage du divin à l’humain. » (Nicolas Berdiaeff)

« Si le moyen âge, grâce à son ascétisme, ses institutions monastiques et sa chevalerie, a su préserver et garder intactes la puissance et l’énergie humaine pour les laisser s’épanouir dans les créations artistiques du début de la Renaissance, toute la période humaniste de l’histoire n’a été que la négation de cette stricte discipline et de la nécessité d’une soumission à des principes supérieurs ultra-humains … L’histoire moderne n’a été qu’une source d’amères désillusions et l’homme ressent douloureusement la distance qui sépare l’élan créateur, plein de force et d’audace qu’il avait au début et l’impuissance créatrice dont il est frappé à la sortie de la période moderne. Il en sort profondément déçu, affaibli, dédoublé, avec des forces épuisées… » (Nicolas Berdiaeff)

« Les forces qui agissent au cours de l’histoire sont irrationnelles, explosives ; aux époques diurnes succèdent des époques nocturnes, et après une période rationaliste et ‘éclairée’ survient un temps où dominent ce que Keyserling appelle les principes telluriques, où les instincts l’emportent sur l’intellect. » (Nicolas Berdiaeff)

« Rien n’est plus stupide et plus malhonnête que de condamner les morts d’après des idées et des valeurs qui se sont élaborées bien après eux … plus on va, plus on se contente de mettre d’un côté les bons, de l’autre les mauvais, pour ceux-ci pas la moindre circonstance atténuante ; pour ceux-là, pas la moindre réserve, pas la moindre  réticence. » (Emmanuel Berl) – La bêtise encore plus grande que la malhonnêteté. 

« Il ne convient pas de le juger le monde par des sentences qui vont de jugements derniers en jugements derniers. » (Emmanuel Berl)

« On avait pris le parti (dans l’instruction de l’histoire) d’y chercher la France d’abord, et même ‘la France seule’, quitte à indiquer, dans le lointain, l’histoire générale sur quoi elle se détachait, géante … On enseigne’ l’Histoire de France’ et non pas celle de la France dans le monde … On pouvait très bien devenir bachelier sans savoir qui était l’empereur Frédéric II, l’empereur Héraclius … Les autres Etats tombaient en léthargie quand ils n’étaient pas en guerre avec la France, soit comme ennemis, soit comme alliés. » (Emmanuel Berl) – Encore l’auteur n’a-t-il pas connu la vertigineuse ignorance d’un bachelier du XXI° siècle !  

 « Le Moyen Âge a donné le scandale de beaucoup de vices, mais il n’a jamais été vulgaire. » (Georges Bernanos) – Le nôtre cumule vice et vulgarité.

« Mythologie : ensemble de croyances d’un peuple primitif … A ne pas confondre avec les récits véridiques qui sont inventés par la suite. » (Ambrose Bierce)

« L’investigation historique est de la sorte profondément limitée par le caractère idéologique de la perception qu’on en a et qui conduit à éliminer tout sachant et historien qui ne seraient pas, selon certains, du bon côté de l’Histoire. » (Philippe Bilger)

« Rien ne me semble pire que la propension actuelle à constituer la recherche historique comme l’obligation d’une bienséance. Il convient que les sujets historiques ne soient pas librement abordés, appréhendés, choisis mais relèvent du convenable et de la décence. La remarquable biographie L’Énigme Pierre Pucheu a été pauvrement mise en lumière parce qu’il était insupportable de consacrer son étude à un tel personnage. Cette dérive est désastreuse qui a introduit la moraline dans une matière qui devrait plus qu’ailleurs la rejeter. » (Philippe Bilger)

« Le satanique ennemi de la véritable histoire : la manie du jugement. » (Marc Bloch) – Qui écrivait encore avant la censure et le mensonge systématique.

 « A force de juger, on finit presque fatalement, par perdre jusqu’au goût d’expliquer ».( Marc Bloch – sur le rôle de l’historien) – De nos jours, impartialité mise au rebut, reste haine et mensonges. 

« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la fédération. » (Marc Bloch)

« Les faits historiques sont, par essence, des faits psychologiques. C’est dans d’autres faits psychologiques qu’ils trouvent normalement leurs antécédents. Sans doute les destinées humaines s’insèrent dans le monde physique et en subissent le poids. Pourtant là même où l’intrusion de ces forces  extérieures semble la plus brutale, leur action ne s’exerce qu’orientée par l’homme et son esprit. » (Marc Bloch). Et Alain Besançon qui cite commente : « la marche suicidaire du parti bolchevik à l’époque des purges est aussi incompréhensible que sa marche meurtrière tant que n’a pas été compris l’arrangement psychique de base qui contenait en germe le meurtre puis le suicide. Il ne faut pas chercher l’intérêt là où se trouvent les exigences irrationnelles du désir. »

« Toute grandeur est exilée au fond de l’histoire. » (Léon Bloy)

« …Les changements d’institutions politiques ont une influence très faible sur la vie des nations. C’est la mentalité des peuples et non les institutions qui détermine leur histoire. » (Gustave Le Bon)

« Les livres d’histoire reflètent surtout les croyances de leurs auteurs … On doit considérer les livres d’histoire comme des ouvrages d’imagination pure. Ce sont des récits fantaisistes de faits mal observés, accompagnés d’explications forgées après coup. » (Gustave Le Bon) – Et destinés à valider les mensonges du vainqueur, du plus puissant à un moment, de l’idéologie ou des intérêts qui l’animent.

« La raison crée le progrès, mais les bâtisseurs de croyances créent l’histoire … Il était invraisemblable que les plus importantes civilisations naquissent d’un charpentier de Galilée … invraisemblable que quelques bandes d’arabes sortis de leurs déserts pussent conquérir la plus grande partie du vieux monde gréco-romain … invraisemblable que dans une Europe très vieille et hiérarchisée, un simple lieutenant d’artillerie (Bonaparte) réussit à régner sur une foule de peuples et de rois  (Gustave Le Bon) – Invraisemblable qu’un simple coup de pistolet à Sarajevo entraîna le continent Européen à se suicider et à disparaître de l’histoire, invraisemblable que cinquante pages d’un manifeste (celui du parti communiste) entraîna un tel enthousiasme et un tel dévouement, de tels bouleversements, une telle folie monstrueuse.

« Il n’y aurait qu’une histoire, ‘humaniste’, celle de la Civilisation, celle de l’Occident, donc … L’idée du roman de Flaubert, Salammbô, ne peut traduire, selon Georg Lukàcs, qu’un refus délibéré de l’intelligence et de la rationalité de l’Histoire … Or, c’est la notion d’Histoire ici qui a changé : ce n’est plus un processus temporel,  linéaire et progressif, un enchaînement de déterminismes, un empilement cumulatif d’effets et de causes sans solution de continuité, une suite de conflits parfaitement définis dont les acteurs connaissent clairement les enjeux. Il y a un inconscient de l’histoire … Il n’y a pas nécessairement d’opposition entre ce qui reste de plus archaïque et ce qui se fait de plus moderne, comme le croyaient et le croient encore les tenants d’une Histoire linéaire et progressiste, la modernité se nourrit d’archaïsme tout autant que du passé ‘traditionnel’ mis en ordre par les historiens … La modernité saute des étapes intermédiaires et établit des courts-circuits. Les historiens peuvent bien expliquer que le progrès s’est organisé au long d’une série continue dont tous les moments eurent leur nécessité, du Moyen âge à la Réforme, au Classicisme, aux Lumières, à la société industrielle … Scènes de l’humain qui se joue entièrement devant une suite bien limitée de décors, de l’Inde à la France, l’Histoire à la Michelet, Histoire arrangée pour la mise en scène définitive du triomphe de l’Occident. » (Jean Borie – critiquant, à propos du roman de Gustave Flaubert,  la vision de l’Histoire au XIX° siècle, l’apologie unilatérale de l’Occident par, notamment, le sectaire Jules Michelet, les tenants béats d’optimisme d’une histoire linéaire et progressiste, dont les marxistes du XX° siècle, tel Georg Lukàcs) – « Il m’est impossible d’admettre avec vous, que la France soit une condition absolue, ‘sine qua non’, pour la marche de l’histoire … Votre passé à vous, occidentaux, nous sert d’instruction, et voilà tout ; nous  ne nous considérons nullement comme exécuteurs testamentaires de votre histoire. » (Alexandre Herzen – à Jules Michelet)

« La vérité d’une idée se détermine à partir de son utilité en faveur de telle ou telle cause politique. » (Raymond Boudon – critiquant fortement certains personnages, historiens notamment, tels Georges Sorel, Houston Chamberlain, Heinrich von Treitschke…Il pourrait aujourd’hui incendier quasiment tous les politiciens et gens des média). A titre d’exemple, du même auteur : « Pour les hommes politiques américains il était utile d’oublier qu’Abraham Lincoln avait possédé des esclaves et que le thème de l’anti-esclavagisme avait été bruyamment présenté comme étant à l’origine de la guerre de Sécession deux ans seulement après son déclenchement … pour en neutraliser l’impopularité croissante auprès des élites européennes. L’idée qu’elle visait à abolir l’esclavage devint alors vraie, car elle était utile. » – A l’époque, tout le monde savait qu’elle avait servi  à libérer de la main d’œuvre bon marché pour les usines du Nord.

« Les historiens contemporains découvrent tous les jours des épisodes de l’histoire que le contexte politique recommande d’occulter de façon durable, comme l’absurdité des bombardements intenses que l’entêtement de Roosevelt fit subir au Cotentin à la fin de la seconde guerre mondiale. Valognes, qui ne comptait en tout que quatre militaires allemands, fut rasé, tout comme Saint-Lô. » (Raymond Boudon) – comme il n’est pas rappelé (sans d’ailleurs discuter des nécessités militaires) que ce sont les bombardements alliés qui ont causé le plus de pertes civiles en France, et de loin !

« Deux langages explicatifs (principalement dans les matières historiques), le ‘Génétique’ et le ‘Fonctionnel’ (Explication de la règle de la majorité soit en analysant les circonstances et raisons d’apparition de cette règle, soit en démontrant que les individus ont choisi la règle la moins mauvaise possible…). » (Raymond Boudon)

  « Notre finitude confrontée à la complexité du réel : le fait qu’on ne puisse voir les réseaux de causes dans toute leur complexité et que l’on doive les lire à partir d’ a priori explique pourquoi il y a des histoires sectorielles (de la mode, de l’art…). » (Raymond Boudon – s’appuyant sur Georg Simmel) 

« Le sens d’une vie ou d’un événement n’étant pas unique, l’histoire de la Révolution française est toujours recommencée, comme les biographies de Louis XIV ou de Pierre le Grand. Ces histoires nouvelles ne sont généralement pas provoquées par la découverte de faits nouveaux, mais plutôt parce que, par définition, un nouveau point de vue est toujours possible, et qu’on perçoit toujours le passé à la lumière du présent. Staline fit qu’on vit Pierre le Grand autrement. » (Raymond Boudon)

« Nous avons une vision hollywoodienne du passé. Nous privilégions les événements frappants, même si leur valeur explicative est faible ou nulle. » (Rémi Brague)

« L’Histoire, c’est la légende sans le merveilleux. »(Albert Brie)

« L’on se trouve dans le cas du paysan qui souhaite la pluie ou le beau temps selon ses intérêts particuliers. » (Jacob Burckhardt – Lui-même historien. Sur l’inévitable (et parfois consciente) partialité des historiens.

« Dieu ne peut rien changer du passé. Les historiens, si. » (Samuel Butler) – « L’histoire de France n’est plus que l’instrument d’une expiation collective, comme ces processions de frères flagellants qui sévissaient au Moyen Âge … Pénitence et mortification  … Vision très sulpicienne qui l’apparente à un ordre moral. » (François Bousquet) – Qui a assisté à quelque événement et en lit ensuite la description par les historiens officiels d’aujourd’hui ne peut que hausser les épaules pour tant de mépris et de mensonge.

« L’histoire a servi de tout temps moins à expliquer le présent qu’à le fonder coûte que coûte, à faire naître au forceps le futur souhaité, ou l’avenir le moins craint. A certains moments il devenait urgent de hisser Vercingétorix sur le pavois, d’inventer ou de réinventer sainte Geneviève, de rappeler Jeanne d’Arc au service ou de mettre l’abbé Grégoire au Panthéon… »  (Renaud Camus)

« Il existe des secrets de patrie comme il existe des secrets de famille. » (Alfred Capus)

« Discréditation de notre passé orchestrée pour entretenir la détestation de soi qui sommeille en chaque Français. » (Dimitri Casali) –Tel est le fond de nos manuels scolaires.

« L’Histoire est une histoire de passions ; mais si l’histoire elle-même se veut passionnée elle cesse d’être histoire. » – Et elle n’est plus que propagande le plus souvent mensongère, doublée d’une ignorance abyssale, telle qu’hélas on l’enseigne actuellement – « L’historien ne doit pas manifester les affections, les emportements et les folies qu’il décrit. » (Ernst Cassirer)

« Ce monde, depuis, nous l’avons truqué. Films, romans, récits, témoignages ne nous ont parlé et ne nous parlent encore que de ‘lutte héroïque’, de ‘soulèvement de tout un peuple’, d’années noires et terribles, de combats acharnés contre l’ennemi … » (Jean Cau sur les quatre années de l’Occupation)  

« Thomas Carlyle distingue quatre catégories de héros : le fondateur de religion ou prophète, le réformateur religieux, l’homme de lettres et le chef politique … Ils détiennent le sentiment profond de la réalité visible et invisible. En eux s’incarne le symbole de l’autorité qu’attendent les peuples à un moment de leur histoire … Dignes d’admiration, par leur sincérité et l’activité conçue comme renonciation au moi  … Instruments de la Providence au service de la communauté … héros moral, ni conservateur ni révolutionnaire … Le rôle des grands hommes dans l’Histoire, longtemps dévalué par la vision marxiste soulignant l’action des masses et les structures économiques, minimisant, sinon évacuant l’individu, nous paraît être en cours de réhabilitation … Un Gorbatchev, un Jean-Paul II, un Lech Walesa, un Vaclav Havel ont témoigné en faveur de la philosophie de l’histoire de Carlyle. » (Bruno de Cessole) – « Le héros est destiné à être poète, prophète, roi, prêtre ou autre chose en fonction des caractéristiques du monde dans lequel il est né. » (Thomas Carlyle) – Quelques héros au sens de Thomas Carlyle (et analysés par lui) : Odin, Wotan, Homère, Eschyle, Dante, Shakespeare, Mahomet, Luther, Oliver Cromwell, John Knox, Samuel Johnson, Goethe, Napoléon (dans sa première période, avant l’Empire)  

« Il est illégitime de comparer entre eux deux hommes non contemporains l’un de l’autre. » (Père Teilhard de Chardin) – Ainsi que des mœurs, des règles sociales…

« Sur le moment tout est clair, il y a une atmosphère qui ne trompe pas. Cette évidence des choses vues et entendues se dissipe vite : alors l’histoire commence à raconter ses histoires, qu’il faudra deux siècles pour débrouiller. » (Jacques Chardonne)

« Cette falsification de l’Histoire … c’est juger une époque, non dans sa vraie lumière (ce que fut Vichy, par exemple, en son temps) mais après, dans une perspective nouvelle, selon les intérêts d’une autre époque. » (Jacques Chardonne)

« Les événements que l’histoire ne montre pas; l’histoire n’étale que l’endroit. » (Chateaubriand)

« Il y a deux conséquences en histoire : l’une immédiate et qui est à l’instant connue, l’autre éloignée et que l’on n’aperçoit pas d’abord. Ces conséquences souvent se contredisent ; les unes viennent de notre courte sagesse, les autres de la sagesse perdurable. L’événement providentiel apparaît après l’événement humain. Dieu se lève derrière les hommes. » (Chateaubriand)

« Une ribambelle de lois mémorielles … dans un bel élan vertueux du législateur décidé à de substituer aux historiens, à verrouiller autant que possible  la liberté d’expression  et à flatter un électorat … ‘Stalinisme de la pensée’ (Pierre Nora). » (Anne-Sophie Chazaud)

« Anciens et modernes auront eu en commun d’avoir été malheureux de l’existence, de tout, tandis que les médiévaux étaient au moins heureux de l’existence. » (Chesterton) – Hypothèse, mais possible, probable.

« La figure de l’histoire doit son profil exact à la volonté de l’homme. Une histoire économique ne serait pas une histoire du tout … Ce n’est pas parce que l’homme ne peut vivre sans manger qu’il ne vit que pour manger. » (Chesterton – contre le matérialisme historique)

« Les élites ne veulent plus que les citoyens en apprenant leur histoire puisse faire peuple. » (Jean-Pierre Chevènement) – Telle est leur haine et leur peur du peuple et de la France.

« L’Histoire sera très gentille avec moi puisque c’est moi qui vais l’écrire. » (Winston Churchill)

« Le conquérant rêveur est la plus grande calamité pour les hommes ; ils ne s’empressent pas moins de l’idolâtrer ; fascinés qu’ils sont par les projets biscornus, les idéaux nuisibles, les ambitions malsaines. Aucun être raisonnable ne fut l’objet de culte, ne laissa un nom  … L’humanité n’a adoré que ceux qui la firent périr.» (Emil Cioran)

« En étant théologien ou cynique on peut supporter l’histoire. » (Emil Cioran)

« Les Romains de la décadence n’appréciaient que le repos grec, la chose qu’ils avaient méprisée le plus au temps de leur vigueur. L’analogie avec les nations civilisées d’aujourd’hui est si flagrante qu’il serait indécent d’insister. » (Emil Cioran)

« Heureux en amour, Adam nous eût épargné l’Histoire. » (Emil Cioran)

« L’historien qui se mêle de juger le passé fait du journalisme dans un autre siècle. » (Emil Cioran)

« Attribuer au processus historique une signification … c’est souscrire … à une forme de providence. Bossuet, Hegel et Marx, du fait même qu’ils assignent aux événements un sens, appartiennent à une même famille … L’important n’étant pas de définir, de déterminer ce sens, mais d’y recourir, de le postuler … Passer d’une conception théologique ou métaphysique au métérialisme historique, c’est changer simplement de providentialisme. » (Emil Cioran)

« Les époques d’effroi prédominent sur celles de calme ; l’homme s’irrite beaucoup plus de l’absence que de la profusion d’événements ; aussi l’histoire est-elle le produit sanglant de son refus de l’ennui. » (Emil Cioran)

Deux approches de l’histoire : « – La thèse des circonstances. Ce n’est pas la Révolution qui a commencé ; elle n’a jamais agi (les massacres révolutionnaires, le génocide vendéen, la Terreur…) que sous le coup de circonstances extérieures qu’elle ne pouvait même pas prévoir  ; telle est la thèse de tous ses défenseurs, argument de salut public, tyrannie de fait au service de la liberté de principe … Mais les circonstances rendent compte d’un acte, d’un accident, non d’un dogme, d’une foi, d’une morale nouvelle – La thèse du complot. Les sociétés populaires, puissances à part ayant des tendances, des intérêts, un être à elles, ne sont pas le peuple, telle est la vérité qui éclate en Thermidor.  La raison des sociétés de pensée n’est pas de ce monde, née dans le monde à part de ces sociétés (ou au sein d’un parti bien fermé) , elle ne peut régner que par la fraude et la force. » (Augustin Cochin – traitant des crimes commis par la révolution de 89, mais la distinction peut être transportée au bolchevisme et même généralisée à beaucoup de révolutions)    

« Que l’on réécrit le point de départ selon la ligne d’arrivée, elle-même mythifiée en finalité. » (Jean-François Colosimo)

« L’histoire est une construction, un récit … L’objectivité ou la transcendance de l’histoire est un mirage, car l’historien est engagé dans les discours par lesquels il construit l’objet historique. Sans conscience de cet engagement, l’histoire est seulement une  projection idéologique. » (Antoine Compagnon, évoquant Michel Foucauld) – L’engagement de l’historien se double aujourd’hui d’une contrainte beaucoup plus redoutable, car inidentifiable à une personne, la censure de fait et l’histoire impitoyablement arrangée et déformée qui, si elle le fut de tout temps au profit des vainqueurs, l’est maintenant au profit du projet d’une société que l’on veut imposer aux peuples.

« Le Moyen Âge a été pour l’Europe l’ère de l’unité, qui sera détruite au XVI° siècle par la Réforme. » (Auguste Comte)

« Roger Dupuy constate que les grands moments historiques correspondent à l’articulation heureuse de la politique du peuple avec les projets d’une élite (La Fronde, 1789, les débuts de la III° République…). La fécondité historique dépend de l’accord entre le peuple et ses élites … Suppose que les élites aient la conscience d’une obligation vis-à-vis de la société … Or si les élites n’ont rien perdu de leur pouvoirs (bien au contraire), elles ont beaucoup abandonné de leurs devoirs … Elles se sont transformées en oligarchie (caste qui se sert elle-même en se servant de son pays  au lieu de le servir) » (Eric Conan) – On ne risque certes plus de voir de grands moments historiques.

« Quand on meurt pour le prince on est mis dans l’histoire. » (Thomas Corneille)

« L’historien doit voir les faits comme les contemporains les ont vus, pas comme l’esprit moderne les imagine. » (Fustel de Coulanges, historien)

« Nos historiens depuis cinquante ans ont été des hommes de parti. L’Histoire est devenue une sorte de guerre civile permanente. Être patriote, c’est être ennemi de l’ancienne France. Notre patriotisme ne consiste le plus souvent qu’à haïr nos rois, à détester notre aristocratie, à médire de nos institutions. » (Fustel de Coulanges) – Depuis que les historiens ont été sommés de s’aligner sur les élucubrations des politiques et des journalistes serviles ont voit pire. Patriotisme, çà veut dire quoi aujourd’hui ?

« Un des problèmes du débat contemporain dans la presse et les médias comme sur les réseaux sociaux, des affrontements verbaux dont, nous Français, sommes si friands, c’est la confusion entre raison et sentiment … L’histoire ne doit pas porter de jugement moral, mais essayer d’établir des faits, de les contextualiser, voire de définir des responsabilités, ce qui n’est pas toujours facile. Mais dans tous les cas il ne peut jamais être question de rendre l’historien moralement complice des faits qu’il énonce. Pourtant, en réaction aux hypothèses historiques de X on constate souvent des propos indignés, des réactions émotionnelles, des condamnations violentes (parfois surjouées) et des jugements moraux sur sa personne. Comme si son point de vue historique le rendait ipso-facto complice. Mais Refuser le débat rationnel sur une opinion, et préférer le combat émotionnel contre la personne qui la porte, c’est évidemment une façon d’éviter toute discussion sur tout ce que propose la personne en question. Aujourd’hui, bien trop souvent, le débat d’idées bascule dans la querelle de personnes, et le sentiment remplace la raison … Si je pense qu’il faut stopper l’immigration, je n’ai pas de cœur … Ne pas accepter la mise en cause argumentée, mais ouvrir tout de suite le parapluie de la posture victimaire, c’est une tactique qui a fait ses preuves et qui aujourd’hui fait florès plus que jamais … La méthode n’est pas nouvelle. Les communistes ont été maîtres en la matière, réussissant à garder pendant toute la seconde partie du XXe siècle une emprise totale sur la grande majorité des intellectuels et des artistes, en jouant systématiquement sur ce type de réaction. A tout argument, à tout écrit, à toute œuvre un peu critique sur l’URSS, sur le Parti Communiste, sur la CGT, sur la révolution soviétique, sur le marxisme, on opposait le couperet moral : ‘tu fais le jeu des réactionnaires… tu es donc contre les ouvriers… tu es pour les exploiteurs… tu es contre la paix… tu es pour les fascistes ‘… On ne discute pas, on n’argumente pas, on dit ‘si tu penses ça tu es un salaud‘. Malheureusement cette culpabilisation de l’adversaire fonctionne toujours à plein, au nom d’un humanisme de pacotille. Les gauchistes, les féministes, les anti-racistes, les décolonialistes, les woke de toutes espèces ont parfaitement assimilé la méthode. Cela s’appelle le terrorisme intellectuel. » (Pierre Cretin – considérations éparses sur nos prétendus débats,)

« L’esprit est presque entièrement absent du XIX° siècle français. Il est parti avec la Révolution ; il a été en exil avec Rivarol et il n’est revenu que timidement … chassé par les penseurs de néant, les verbeux tribuns et les mornes salonnards. » (Léon Daudet) – un siècle fabriquant le suivant, il n’est guère étonnant que le XIX° ait engendré la première moitié du XX°, débutant par la monstrueuse stupidité de 1914 et la fin programmée de l’Occident.

« La première intention de la domination spectaculaire était de faire disparaître la connaissance historique en général ; et d’abord presque toutes les informations et tous les commentaires raisonnables sur le plus récent passé … La fin de l’histoire est un plaisant repos pour tout pouvoir présent. Elle lui garantit absolument le succès de l’ensemble de ses entreprises, ou du moins le bruit du succès … Qui vend la nouveauté a tout intérêt à faire disparaître le moyen de la mesurer. » (Guy Debord – La société du Spectacle) – Quand on voit ce qu’on nous raconte sur des événements qu’on a pu connaître soi-même !

« Avec la destruction de l’histoire, c’est l’événement contemporain lui-même qui s’éloigne aussitôt dans une distance fabuleuse, parmi ses récits invérifiables, ses statistiques incontrôlables, ses explications invraisemblables et ses raisonnements intenables. » (Guy Debord – La société du Spectacle)

« Un aspect de la disparition de toute connaissance historique objective se manifeste à propos de n’importe quelle réputation personnelle, qui est devenue malléable et rectifiable à volonté par ceux qui contrôlent toute l’information, celle que l’on recueille et aussi celle, bien différente, que l’on diffuse ; ils ont donc toute licence pour falsifier … Il est permis de changer du tout au tout le passé de quelqu’un, de le modifier radicalement, de le recréer dans le style des procès de Moscou … On peut tuer à moindres frais. » (Guy Debord – La société du Spectacle) – Et la meute ne se prive pas de tuer, de condamner à la mort civile « Ce dont le spectacle peut cesser de parler pendant trois jours est comme ce qui n’existe pas. » (Idem)

« Le progrès peut s’avérer rétrograde. Ainsi voit-on des nations civiques édifiées par des progressistes au XX° siècle (Ataturk, Nehru, Jinnah, Nasser ou Ben Gourion) – Turquie, Inde, Pakistan, Egypte, Israël – redevenir au XXI° des nations ethno-religieuses. » (Régis Debray)

Peut-on signaler que : « La France existait avant l’apparition des isoloirs et des partis politiques comme elle existera après eux. » (Régis Debray) – La finale est moins sûre vu la conjonction des dominants (Europe et mondialisation) pour la faire disparaître.

« L’histoire se résume finalement dans celle des grands hommes. L’autorité devient le seul fil conducteur capable de nous rendre signifiant le cours des événements. Rien ne se fait que par l’obéissance, l’admiration, le mimétisme, d’un côté, et le prestige, la supériorité traduite en intelligence, en lucidité et en courage, de l’autre. Les peuples sont des suiveurs de lumières. » (Chantal Delsol) – Vision de l’histoire très peu marxiste, mais, elle a sa pertinence.

 « Il y a des sujets dont les spécialistes du passé ne peuvent pas parler en France, où c’est le pouvoir qui décrète la vérité historique … lois mémorielles (comme de même, au nom de la morale, des collectifs dépourvus de toute légitimité, régnant par le chantage, décident de ce que les scientifiques doivent dire ou penser) … Instrumentalisation de la vérité historique par la morale …  Se civiliser consiste à reconnaître la réalité au lieu de la décréter. » (Chantal Delsol) – Morale évidemment sélective, fonction des intérêts des pouvoirs – « Le pays des pamphlétaires, de Voltaire … réinventer le délit d’opinion ! » (Hervé Juvin)

« En France, les gouvernements sont négationnistes au sujet du génocide vendéen et autres massacres perpétrés pendant la grande Terreur … La parole imposée oscille entre ‘Ce n’est pas grave’, ‘on ne fait pas d’omelettes sans casser les œufs’ et ‘Ce n’est pas vrai’ (oblitération dans les manuels d’Histoire). » (Chantal Delsol) – Exemples d’occultation, entre autres.

« La Seconde Guerre mondiale demeure l’unique événement porteur de sens. La lutte contre le nazisme, l’unique combat réellement légitime (on dirait toujours que rien ne s’est passé depuis). Les seuls résistants réellement valeureux, ceux que menaçait la Gestapo (les dissidents du communisme, qui ont risqué tout autant, ne récoltent pas d’auréoles) … Le nazisme est, en tant que mal absolu, le seul référent moral commun à tous et indiscutable. » (Chantal Delsol – à propos de panthéonisation)

« L’historien antique qui ‘ne mettait pas de notes en bas de pages’ (Paul Veyne) ne cherchait pas à démontrer ses affirmations, il écrivait comme un conteur, mêlant l’imagination et la réalité … De nos jours l’idée de mensonge a disparu avec l’idée de vérité et toute histoire est acceptable dès lors qu’elle sert la morale du temps … Les postmodernes se trouvent dans la situation des Grecs … Nous avons aussi les moyens de sacraliser le mythe, de le rendre tabou, d’interdire d’y toucher par toutes sortes d’ostracismes verbaux et pénaux ; type postmoderne de l’excommunication. » (Chantal Delsol – sur notre manière moderne de conter l’histoire)

« Les Occidentaux sont persuadés que l’histoire est une longue marche vers l’universel ; des tribus primordiales jusqu’à l’Etat mondial, de la famille à vendetta jusqu’aux familles multinationales … On rejette avec horreur toute pensée capable de s’opposer à l’individualisme et à l’émancipation sans limite, de regretter les solidarités perdue, de décrire les identités comme exigences humaines fondamentales. Ces pensées se voient réduites à des formes d’extrême-droite. » (Chantal Delsol) – Ils vont bien voir ce qui va leur tomber sur le nez, pauvres Bobos-béats.

« La Modernité : Maudit passé ! Le présent et le futur tout proches sont vus comme des transfigurations par rapport à des siècles précédents de vice et d’horreur … Seul le présent serait vertueux … N’y a-t-il pas là quelque chose de louche ? Rapport idéologique/utopique à l’Histoire» (Chantal Delsol) – Repentance, excuses et compagnie. Combien nous sommes meilleurs que nos salauds d’ancêtres.

« La fascination de l’histoire tient à ce qu’elle se répète avec insistance, persuadée que nous sommes complètement idiots et qu’elle doit insister lourdement pour que nous prêtions attention à ses prophéties. » (Michel Déon)

« Les événements ne sont pas ce qu’ils sont, ils sont aussi tels qu’on les présente pour les besoins de telle cause. Chaque pays se donne à lui-même des mythes sur sa propre histoire… se fabrique-t-il des légendes dorées, se chante-t-il des hymnes à sa propre gloire. » (André Drijard, historien)

« L’aplatissement de l’histoire en immédiateté événementielle et en instantanéité informationnelle. » (Dany-Robert Dufour)

« L’histoire ne donne raison qu’à ceux qui ont le dernier mot, c’est-à-dire ceux qui ont le plus fait tuer. » (Jean Dutourd)

« Les légendes sont plus importantes que la réalité historique dans la vie d’un peuple. … Grâce à elles, une nation conserve sa fierté … son identité, sa spécificité … Peu importe qu’elles soient le produit de la mauvaise foi ou du mensonge… » (Jean Dutourd)

« ‘La reine (Marie-Antoinette) fut expédiée en deux jours’ écrit Michelet. Il y a un malheur d’expression dans cette formule dédaigneuse. Les historiens partisans, eussent-ils du génie, montrent parfois le bout de l’oreille. » (Jean Dutourd)

« Voltaire était pessimiste, mais il ne l’était pas assez … il considérait que ce ‘meilleur des mondes possibles’ était une caverne de brigands ou une jungle peuplée de bêtes fauves ; mais il n’allait pas imaginer que la France deviendrait triste et bête, et que l’Europe, à la remorque de la France, comme toujours, en ferait autant. Il tenait Rousseau pour un fou. Comment eût-il pu penser qu’à la raison, au bon sens, aux Lumières, l’avenir préférerait les élucubrations d’un fou ? … Rousseau au pouvoir avec sa foi en l’homme, en sa douceur, en sa perfectibilité, en ses droits, alors que nous vivons dans la caverne de brigands ou la jungle de fauves … Rousseau a jeté un sort sur l’Occident. Il lui a fait croire que l’homme n’avait que des vertus et qu’il suffisait de le débarbouiller de la société pour s’en apercevoir. Il a ouvert la porte au désordre et à l’horreur. » (Jean Dutourd)

« Le génie de l’Histoire a sans doute été de reconstruire un rempart contre l’imprévisible, de chercher une logique contre les hasards Sécurisation de la peur de l’expérience non encore vécue, d’être affronté à tout ce qui peut arriver. » (Jean Duvignaud) 

« Régénération continue du temps … répétition infinie du même phénomène (création, destruction, création nouvelle) … Le temps cyclique, refus de l’histoire, annulation de l’irréversibilité du temps. » (Mircea Eliade – sur les mythes du retour au commencement, de l’éternel retour…) 

« La théorie de l’archétype qui transformait un personnage historique en héros exemplaire, et l’événement historique en catégorie mythique. » (Mircea Eliade)

« Comment justifier et supporter le problème de l’histoire comme telle, du ‘mal’ lié au comportement des hommes : les tragédies historiques, les douleurs et la disparition de tant de peuples qui souffrent et disparaissent pour le seul motif qu’ils se trouvent sur le chemin de l’histoire, qu’ils sont les voisins d’Empires en expansion (le sud-est de l’Europe sur la route des envahisseurs asiatiques puis voisin de l’empire ottoman), les déportations, les massacres, jusqu’au bombardement atomique, si cela n’est que le jeu aveugle de forces sans intention transhistorique ou, pis encore, le résultat des ‘libertés’ qu’une minorité prend sur la scène de l’histoire … Jadis, punition de Dieu, déclin de l’Âge avant la régénération du temps par recommencement … Sinon impuissance à justifier l’histoire, ‘terreur de l’histoire’, sauf postulation de l’Esprit Universel (d’un sens idéologique énonçant  un avenir radieux). » (Mircea Eliade)

« Un provincialisme non de l’espace, mais du temps, pour lequel le monde est la propriété des seuls vivants, propriété où les morts n’ont pas de part. » (T. S. Eliot –sur le mépris du sens historique)

« Il faut suivre le cours de l’histoire, dit-on – La découverte du cours de l’histoire … Depuis la disparition du Père éternel de nos horizons de pensée, il y avait un grand trou. Tout partait à la dérive. La situation devenait impossible … Et puis, tout à coup, on découvre le fil de l’histoire. Un bout de fil, on tire, et toute la pelote de l’histoire du monde, passée et à venir se déroule en ordre, bien gentiment, à notre disposition. Quelle maîtrise … Tout est d’un coup résolu. Nous savons clairement où nous allons, nous savons donc ce que nous avons à faire : ‘suivre le cours de l’histoire.’ Marcher avec son temps.’ Avancer avec le progrès.’ ‘L’histoire jugera.’… Il n’y a qu’un sens de l’histoire et nous sommes rassurés … Le fameux fil de l’histoire, comme Dieu, ne se prouve pas … Il se croit. Le fil de l’histoire, c’est la fatalité réintégrée, réadmise, vénérée sous des paraboles scientifiques et des intentions politiques. » (Jacques Ellul – sur le ‘cours de l’Histoire’ – Exégèse des nouveaux lieux communs)

« D’après la conception matérialiste de l’histoire, le facteur déterminant dans l’histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle.  Ni Marx ni moi n’avons jamais affirmé davantage. Si ensuite quelqu’un torture cela jusqu’à dire que le facteur économique est le seul déterminant, il transforme cette proposition en une phrase vide, abstraite et absurde. » (Friedrich Engels)

« Que le pacifisme fut le vecteur principal de la collaboration, que les pacifistes fussent nombreux à collaborer (plus jamais la monstruosité de 14 !), et qu’ils fournirent de très nombreux collaborateurs, que la gauche fut dominante dans la collaboration parce qu’elle fut dominante dans le pacifisme – toutes ces vérités dérangeantes échapperont aux politiciens, aux polémistes et aux historiens… » (Simon Epstein, historien israélien – Un paradoxe français) – Il n’y pas eu que Déat et Doriot. Mais la doxa communiste règne toujours.

« Notre histoire n’est pas notre code … Tout détruire ; oui, tout détruire puisque tout est à recréer. » (Rabaut  Saint-Etienne)  – Ce révolutionnaire de 1789 a fait des émules jusqu’à aujourd’hui où les prétendues élites s’acharnent à détruire toute notre histoire, tout notre passé.

« L’importance accordée au concept ‘d’histoire’ est un phénomène tout à fait moderne, étranger à toute civilisation normale, et encore plus, sa personnalisation sous la forme d’une sorte d’entité mystique, objet d’une religion superstitieuse … Sous l’influence de l’historicisme, on est passé d’une civilisation de ‘l’être’ à celle du ‘devenir’ … progrès, évolution, l’optimisme progressiste de la philosophie des Lumières qui a caractérisé tout le XIX° siècle et a servi de toile de fond à la civilisation rationaliste, scientiste et technique. » (Julius Evola)

« ‘Celui qui croit que l’histoire est uniquement faite par les hommes qui tiennent le devant de la scène et qu’elle est déterminée par les facteurs économiques, politiques, sociaux et culturels les plus apparents’, celui-là ne voit et ne cherche rien de plus ; et c’est cela que recherche toute force qui veut agir en sous-main … Le préjugé positiviste. » (Julius Evola – citant Disraeli) 

« Une histoire qui sert est une histoire serve. » (Lucien Febvre)

« Il n’y a pas de machine que d’acier. La catégorie intellectuelle que nous forgeons dans nos ateliers cérébraux s’impose à nous avec la même force, la même tyrannie … Histoire, coffre-fort bien gardé et verrouillé, d’où rien ne sort … Le concept de’ Renaissance’ est né en France, il y un siècle tout au plus … inventé par Jules Michelet (on l’employait avant pour désigner tantôt la renaissance des lettres, tantôt la renaissance des arts) … mais enfin, pourvu d’un sens assez restreint,  il ne s’imposait pas … Cette fille de Michelet, née de son cerveau ? Pas tant, certes, que de son cœur, de sa sensibilité, de son amour invaincu de la vie (allusion à une passion, brusquement surgie dans la vie de l’historien après une période de troubles, d’énervements, de médiocres aventure et de contacts sans gloire) … La Renaissance de Michelet ne fut pas restitution de la pureté médiévale. Elle fut négation du Moyen Age. Rupture de la tradition. Elle n’ajouta  pas un maillon à la chaîne. Elle fut ‘tabula rasa’. Ou, si l’on préfère, ‘miracle’ …Raisons d’ordre intellectuel d’ordre historique ? Non, raisons d’ordre personnel…  Michelet n’opère pas à froid sur l’histoire … Et comme il est violent, il faut qu’il piétine, tue, achève, pour pouvoir vivre à l’aise dans sa Renaissance, cet état bizarre et monstrueux ‘le Moyen Age chrétien’. » (Lucien Febvre)

« Nous ne trouvons jamais dans l’histoire que ce que nous y avons d’abord mis nous-mêmes. » (Fichte)

Suivant Fichte, Discours à la nation allemande, deux des grands apports à portée universelle qu’a accompli le peuple allemand sont : « L’un, l’opposition des Germains à la menace de l’hégémonie mondiale (du moins européenne et méditerranéenne)  de Rome, malgré les avantages immédiats – L’autre, la Réforme de l’Eglise et l’introduction (ou la réintroduction) de la pensée libre et spontanée. » – L’auteur, l’humaniste plus que le nationaliste. On ne peut pas discuter les faits. On peut discuter du caractère bénéfique de ces apports.

« L’art hégélien de convertir les vérités de fait en vérités de raison. » (Alain Finkielkraut) – Puisque tel événement est arrivé, c’est qu’il était nécessaire au progrès historique. C. Q. F. D.

« L’Histoire ne s’est écroulée en 1914 que pour donner en 1917 (année de la révolution bolchevique) à l’historicisme un pouvoir de séduction, d’illusion et de dévastation jamais atteint. L’image de l’enfantement douloureux du Bien (les lendemains radieux) a recouvert le sentiment du désastre. » (Alain Finkielkraut)

« Quelle que soit la fin que l’on s’assigne, la disponibilité absolue de l’Histoire, son entrée dans le domaine du faisable et du fabriquable exposent les hommes à une violence illimitée car elles leur ôtent toute dignité ontologique. Ils ne sont plus que les pierres d’un gigantesque édifice, les moyens, les obstacles ou les esquisses d’une œuvre qui a nom, dans un cas, hiérarchie, et dans l’autre égalité. » (Alain Finkielkraut – sur fascisme et communisme)

« Afin de purger le présent de tout impérialisme culturel, les historiens ne déroulent plus le fil du temps, ils le brisent et nous enseignent à ne pas retrouver dans nos ancêtres l’image et l’esquisse de nous-mêmes. Ils travaillent à ‘mettre en morceaux tout ce qui permettait le jeu consolant des reconnaissances’. » (Alain Finkielkraut – citant Michel Foucault)

« Ces étonnants chercheurs ne sont pas en quête de la nation française, ils  s’assignent la mission de la faire disparaître … Le dégoût du ‘nous’. » (Alain Finkielkraut – sur certains prétendus historiens) – Entre autre, en  ne retenant que ses méfaits, que ses fautes 

« Féodalité. – N’en avoir aucune idée précise, mais tonner contre. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Derrière l’histoire bousculée des gouvernements, des guerres, et des famines se dessinent des histoires presque immobiles sous le regard, des histoires à pente faible : histoire des voies maritimes, histoire du blé ou de l’or, histoire de l’irrigation… Pour l’histoire dans sa forme classique, le discontinu était à la fois le donné et l’impensable : ce qui s’offrait sous l’espèce des événements dispersés : décisions, accidents, initiatives, découvertes … devait être contourné, réduit, effacé pour qu’apparaisse la continuité des événements … Le devenir devait offrir à la souveraineté de la conscience un abri plus sûr, moins exposé … Ce qu’on pleure c’est cet usage idéologique de l’histoire par lequel on essaye de restituer à l’homme tout ce qui  … n’a cessé de lui échapper … qui était pour le sujet le lieu du repos, de la certitude, de la réconciliation, du sommeil tranquillisé. » (Michel Foucault) 

« Elever un arc de triomphe après un désastre militaire, baptiser Robespierre ou Saint-Just des promotions de l’ENA, … c’est proprement délirer. Une histoire falsifiée et une idéologie surannée ont désorienté un peuple intimidé par ses élites. » (Claude Fouquet)

 « Du règne de Charles VII, vainqueur de la guerre de Cent Ans, à celui de Louis XVI, lui aussi victorieux des Anglais, les Français pendant plus de trois siècles ne furent jamais écrasés comme à partir de Napoléon, quatre fois en un peu plus d’un siècle. » (Claude Fouquet) – Il est vrai qu’à partir de la Révolution et de la géniale idée de la conscription, nous avons beaucoup fait la guerre.

 « Pourquoi ne pas reconnaître et enseigner que Waterloo, Sedan et 1940 sont les terribles  conséquences du nationalisme que nous avons mis en branle en 1792 ? » (Claude Fouquet) – Nationalisme poursuivi par les deux Napoléon et Clémenceau, cette furie.

 « Notre mémoire collective est encombrée de calomnies répandues, entre autres, par Jules Michelet, Henri Martin ou Ernest Lavisse qui les avaient empruntées à une infra-littérature de caniveau : ‘L’Etat, c’est moi’, ‘Après moi le déluge’, ‘Qu’ils mangent de la brioche’… » (Claude Fouquet) – On s’en tirerait à bon compte, s’il n’y avait que l’invention de ces petites saletés.

 « Si l’histoire a un sens nous ne sommes pas libres et il ne nous reste plus qu’à aller dans ce sens, sous peine d’être exclus et broyés par elle, ou par ceux qui connaissent le bon sens, Jacobins … Communistes … Ayatollahs … élite mondialiste. » (Claude Fouquet)

« Faire surgir la France moderne, entièrement et uniquement, de la Révolution et du génie de Napoléon est une falsification … Avoir expérimenté (depuis lors) quinze régimes en deux siècles n’est pas un signe de réussite. » (Claude Fouquet)

« Notre jugement sur un événement historique dépend de notre date de naissance. » (Bernard Franck)

« Il arrive que l’histoire repasse les plats, mais ce sont rarement les meilleurs. » (André Frossard) 

« C‘est au XIX° siècle que l’Histoire remplace Dieu dans la toute-puissance sur le destin des hommes, mais c’est au XX° siècle que se font voir les folies politiques nées de cette substitution. » (François Furet, historien contemporain) – « Ruse hégélienne de la raison, lutte marxiste des classes, loi darwinienne de l’évolution : dans tous les cas le mal est bon et la violence utile car ils servent les fins supérieures et rapprochent l’humanité de sa destination. » (Alain Finkielkraut)

« L’émergence de la pensée rationnelle et le développement de la foi monothéiste sont à comprendre comme deux expressions ou deux moments … d’un même procès… de transformation de l’univers magique-mythique … Il n’y a plus ce point général de ralliement qu’imposait la vision unitaire et graduée de l’être …  alors dépendante de l’imbrication hiérarchisée du visible et de l’invisible. » (Marcel Gauchet)

« Au moment … où les hommes ne peuvent plus ignorer qu’ils font l’histoire, ils sont forcés de s’avouer qu’ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. Ils n’ont gagné leur complète liberté d’acteurs que pour plonger dans le chaos et l’impuissance vis-à-vis d’eux-mêmes. Le doute s’insinue que la sortie de la religion pourrait avoir donné naissance à une société intenable. » (Marcel Gauchet)

« L’histoire ne comporte plus ni direction intrinsèque à déchiffrer ni but idéal auquel se dévouer. Elle se réduit à la somme des actions et interactions humaines. » (Marcel Gauchet) – Donc au chaos et à la lutte de tous contre tous.

« L’idée que le passé peut être remodelé à volonté est une idée totalitaire. » (Marcel Gauchet) – Si l’auteur dit vrai, alors nous sommes en régime totalitaire.

« Nous jugeons l’histoire comme si nos ancêtres étaient coupables de ne pas penser comme ‘Le Monde’ et le ‘New York Times’ au XII° siécle. » (René Girard) – Si leurs mœurs étaient plus rudes, on peut même penser qu’ils étaient moins serviles et moins abrutis.

« L’horrible comédie médiatico-larmoyante de l’interminable après-guerre. » (René Girard) – Pour comprendre il faut y avoir assisté. L’auteur qui est parti aux Etats-Unis dés le début de cette période glauque devait avoir ses raisons.

« Le XIX° siècle connut peu de bouleversements sociaux et politiques, il en programma beaucoup. Ordre, Travail, Révolution, Chaos final, les idées aujourd’hui dominantes sont produites à cette époque. Nous n’avons rien inventé que de les appliquer. » (André Glucksmann – Ecrivant en 1977, depuis il y a eu du nouveau !)

« Toutes les élites européennes ont donné tête baissée dans la boucherie de 14. » (André Glucksmann) – Les élites modernes, assises sur le fric et le pouvoir, dépourvues d’intelligence, d’honneur et de sens de leur devoir, trahissent toujours le peuple et les peuples.

« Ecrire l’histoire est une manière de se débarrasser du passé. » (Goethe)

 «  La vision manichéenne et puriste de l’histoire fait écho à une mentalité infantile … Cette sous-culture pour laquelle l’absolutisme, l’esclavagisme, le colonialisme, Pétain et la collaboration constituent le résumé succinct de l’histoire de la France, à quoi s’ajoute désormais la vision d’une humanité prédatrice de la nature et de l’environnement … Nous sommes arrivés à un point limite où la dénonciation et la réécriture de l’histoire sous l’angle du moralement correct participent d’une détestation mortifère. » (Jean-Pierre Le Goff) 

« Il n’y a que deux grands courants dans l’histoire de l’humanité : la bassesse qui fait les conservateurs et l’envie qui fait les révolutionnaires. » (Edmond et Jules de Goncourt)

« La prétention anachronique d’exiger du passé qu’il pensât comme nous pensons aujourd’hui … suppose une pensée dogmatique valable en tout temps et dans tous les pays, qui devient la mesure de tout jugement sur le passé. L’anti-historicisme méthodique n’est rien d’autre que de la métaphysique. » (Antonio Gramsci) – Si l’auteur voyait, entendait, nos petits (et petites) incultes péremptoires !

« Aussi l’histoire ne paraît-elle à à Tocqueville comme à Chateaubriand qu’une raillerie, déjouant tous les calculs, culbutant tous projets et renversant tous les plans. En une telle loterie, même le pire n’est pas sûr ; de sorte que l’unique leçon que l’on puisse tirer de l’histoire est qu’on n’en doit pas tirer, qu’il faut n’y rien attendre et s’y attendre à tout … ‘Presque toujours en politique le résultat est contraire à la prévision. » (Nicolas Grimaldi – citant Chateaubriand)

« Le plus souvent un empire, un Etat, une civilisation, une société, ne sont détruits par l’adversaire qu’autant qu’ils se sont préalablement suicidés … Une société, une civilisation ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leur raison d’être, quand l’idée dominante autour de laquelle elles étaient naguère organisées leur est redevenue comme étrangère. »  (René Grousset – Bilan de l’histoire)

« Quant à l’histoire humaine, quel historien, jugeant de haut, osera la regarder sans épouvante ? » (René Grousset)

« L’histoire vraie n’est pas celle du va-et-vient des frontières, c’est celle de la civilisation. Et la civilisation c’est, d’une part, le progrès des techniques, d’autre part, le progrès de la spiritualité. » (René Grousset) – Du dernier point de vue nous sommes assez mal partis.

« Périodiquement l’humanité (ou partie de), à travers des tâtonnements infinis, se met en marche vers un nouvel idéal. Elle finit par l’atteindre, le réalise en une courte et singulière réussite, mais au lieu de s’y tenir, elle s’en déprend soudain, l’abandonne et repart comme à l’aventure, sans axe et sans guide jusqu’à ce qu’elle imagine à l’horizon le plan de quelque autre société parfaite qu’elle accourt édifier … La théorie des ‘Grands siècles’ ou la conception indienne des ‘Kalpa’ correspond à la nature des choses. » (René Grousset) – En France du grand XIII° siècle aux sombres siècles suivants jusqu’au XVII°. Les seigneuries italiennes passées pour trois siècles du resplendissant quattrocento au statut de champ de bataille où les puissances environnantes viendront vider leurs querelles.

« En général, aucune civilisation n’est détruite du dehors sans être tout d’abord ruinée elle-même, aucun empire n’est conquis de l’extérieur, qu’il ne se soit préalablement suicidé. Au V° siècle, l’empire romain allait s’effondrer de lui-même, bien plus que sous le coup des grandes invasions, omnipotent et impuissant, chargé de tout, il succombait sous sa charge. L’empire romain allait tomber pour les raisons économiques qui menacent la société moderne. » (René Grousset) – Prémonitoire. C’est fait, pour la France en particulier, pour l’Europe occidentale en général. « L’impressionnabilité illimitée et la compréhension ouverte à tout, qui sont les caractères distinctifs des époques de décadence. » (Georg Simmel)

Trois lois historiques selon René Grousset : « Dans la vie des sociétés humaines, le progrès, le plus souvent, ne s’acquiert en un point donné qu’au prix des plus douloureuses régressions sur d’autres secteurs. »  Améliorations techniques et régressions artistiques – « En se diffusant, une civilisation perd en profondeur une partie de ce qu’elle gagne en étendue. » L’empire achéménide, l’empire romain et les vieilles vertus romaines – « Une société, une civilisation, ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leurs raisons d’être, quand l’idée dominante qui les avait rassemblées, leur est redevenue comme étrangère. »  Idée dominante en France d’aujourd’hui ? Ne pas perdre les élections pour garder les bons fromages. Est-ce suffisant ?

« En histoire, il n’y a pas de ruptures bien nettes, seulement des transformations et des mutations qui viennent de loin, des moments de cristallisation, des seuils critiques, des points de retournement … qui ne deviennent repérables qu’à posteriori. » (Henri Guaino)

« Les représentations mentales persistent longtemps au-delà de la disparition des formes sociales et idéologiques  qui leur ont donné naissance. » (Henri Guaino) – Tout le XX° siècle a vécu sur les élucubrations du XIX°, et encore au XXI° !

« Les nations défaites sont toujours trahies. Le peuple ne peut être lâche, le pouvoir est fautif, les dieux sont distraits ou contre elles. » (Jean Guitton)

« Ce que le public demande à l’historien ce n’est pas l’exactitude de certains détails, c’est la vérité d’un long développement. » (Jean Guitton)

Nous serions donc sortis du XX° siècle « affolés de massacres et assourdis d’inventions . » (Jürgen Habermas). Mais « au-delà de la chair et du sang, des idées majeures ont été englouties elles aussi dont nous portons encore le deuil. » (Jean-Claude Guillebaud)

« L’histoire européenne connaît deux formes de terreur : l’une est l’ivresse sanguinaire effrénée d’une masse révolutionnaire déchaînée grisée par sa victoire ; l’autre est la cruauté froide, délibérée, d’un appareil étatique triomphant qui cherche à intimider, à manifester son pouvoir. Ces deux formes sont normalement réparties entre révolution et répression. La première est révolutionnaire ; elle s’excuse par l’émotion, par la rage du moment, par l’emportement. La deuxième est répressive ; elle s’excuse par les représailles à l’encontre des atrocités de la révolution. » (Sébastian Haffner – Histoire d’un Allemand)

«  Le sens de l’histoire exige de ses sectateurs un total amoralisme … Le mal, c’est tout ce qui fait obstacle à la révolution salvatrice. Le bien, c’est tout ce qui travaille à la faire arriver, sans considération des moyens. » (Jean-Louis Harouel – Droite-Gauche, ce n’est pas fini – Sur tout ce que Raymond Aron a appelé les Religions Séculières : communisme, Droits de l’homme, etc.)

« La première catégorie de la conscience historique, ce n’est pas le souvenir. C’est l’annonce, l’attente, la promesse. » (Hegel)

« Tous les grands événements et les personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois : la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce. » (Hegel) – Karl Marx a repéré cette bizarrerie à propos des deux Napoléon dans son 18 brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte. C’est lui qui a complété la phrase de Hegel (tragédie et farce)

« L’histoire nous apparaît comme l’autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus. » (Hegel)

« L’Histoire n’est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont ses pages blanches ; car ce sont des périodes de concorde. » (Hegel)

« L’histoire n’est rien d’autre que l’autel où ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus. » (Hegel – La raison dans l’histoire)

« Dans le spectacle que nous offre l’activité (historique), ce sont les besoins, les passions, les intérêts qui apparaissent comme les seuls mobiles … Les lois et les principes (d’ordre supérieur, porteurs de vertu : amour de la patrie, de la famille…) ne vivent pas et ne s’imposent pas immédiatement d’eux-mêmes … Pour que je fasse de quelque chose une œuvre, il faut que j’y sois intéressé … César a combattu ses ennemis poussé par le seul intérêt  d’assurer sa position, son honneur, sa sécurité et les a vaincus… Or, l’accomplissement de son but était en même temps en soi une détermination nécessaire dans l’histoire de Rome (le pouvoir unique) et dans l’histoire du monde … César devait accomplir le nécessaire et donner le coup de grâce à la liberté moribonde … Ce n’est pas l’Idée qui s’expose au combat, au conflit et au danger, elle se tient en arrière … et envoie au combat la passion pour s’y consumer … On peut appeler ‘ruse de la raison’ le fait qu’elle laisse agir à sa place les passions. (Hegel – simplifié)

Dans l’histoire des peuples « il existe un moment où l’ordre existant est détruit parce qu’il a épuisé et complètement réalisé toutes ses possibilités, parce que l’histoire et l’Esprit du Monde sont allés plus loin … Ce progrès est intimement lié à la destruction et à la dissolution de la forme précédente du réel, laquelle a complètement réalisé son concept. » (Hegel) – Le fou du progrès en histoire.

« Rien de grand ne s’est jamais accompli sans passion, rien de grand ne peut s’accomplir sans elle … rien ne se réalise sans intérêt … Les passions constituent l’élément actif … Ce n’est qu’une moralité morte, hypocrite le plus souvent, que celle qui se déchaîne contre la passion comme telle … En poursuivant leurs intérêts les hommes font l’histoire et sont en même temps les outils et les moyens de quelque chose de plus élevé, de plus vaste, qu’ils ignorent, qu’ils réalisent de façon inconsciente.  C’est la ‘ruse de la raison’ qui utilise la déraison pour se produire dans le monde … Il résulte des actions des hommes quelque chose d’autre que ce qu’ils ont projeté et atteint, que ce qu’ils savent et veulent immédiatement … L’histoire est au-delà du bien et du mal et des critères de la vie morale ordinaire … L’histoire universelle n’est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont les pages blanches … Nous devons chercher dans l’histoire un but universel, le but final du monde, non un but particulier de l’esprit subjectif ou du sentiment humain … La Raison est présente dans l’histoire universelle et elle gouverne le monde … Le mouvement du système solaire se poursuit suivant des lois invariables, ces lois constituent sa raison … C’est la forme de la vérité religieuse, d’après laquelle le monde n’est pas livré au hasard ou à des causes extérieures et accidentelles, mais est régi par une ‘Providence’ … L’histoire universelle est le progrès de la conscience de la liberté. » (Hegel – La raison dans l’histoire) – Qu en pensent nos féroces moralistes qui veulent expurger l’histoire de tout ce qui n’est pas bisounours ? Le nom de Hegel leur évoque-t-il quelque chose, et même quelqu’un ?

« La raison a régné et règne dans le monde, donc aussi dans l’histoire universelle … Le spectacle d’incohérence et de chaos qu’elle présente n’est que l’histoire apparente … derrière cette histoire apparente vit l’histoire vraie, celle de l’Esprit universel. » (Hegel) – Progressisme, le temps droit de l’histoire allant vers…

La fameuse Ruse de la raison de Hegel : « Rien n’est jamais advenu indépendamment des intérêts de ceux qui y ont participé … Ces déterminations du vouloir n’ont pas seulement un contenu personnel, mais constituent l’élément moteur des actions universelles (de l’Histoire) … Rien de grand dans le monde ne s’est jamais accompli sans passion (l’idée que les  égoïsmes et les passions particuliers contribuent à l’intérêt général se trouve déjà dans la Fable des abeilles de Bernard Mandeville, voir Vertus, 740,1) … Si les hommes semblent effectivement poursuivre des buts éloignés de ceux de l’Esprit (pouvoir, richesse, gloire…), cela n’empêche pas qu’ils travaillent à la réalisation de ce but. Les passions sont les ‘bras’, les ‘moyens’ de la réalisation de l’Esprit … Ce n’est pas l’Idée qui s’expose au combat, au conflit et au danger. Elle se tient en arrière hors de toute atteinte et de tout dommage et envoie au combat la passion pour s’y consumer. On peut appeler ‘ruse de la raison’ le fait qu’elle laisse agir à sa place les passions ; en sorte que c’est seulement le moyen par lequel elle parvient à l’existence qui éprouve des pertes et subit des dommages … La portée historique des actions humaines n’est jamais réductible aux motivations subjectives des acteurs. » (Hegel – approx.) – L’ambition personnelle de Jules César a conduit à la notion de maître individuel de l’Etat, à l’Etat impérial, et a fait avancer l’idée de l’Etat moderne (Wikipédia).

« Les grands événements ce sont les grandes pensées… Les événements se déroulent dans la réalité de l’esprit avant de se manifester dans la réalité extérieure de l’histoire. » (Heinrich Heine)

« L’historien est un prophète qui regarde en arrière. » (Heinrich Heine)

« Pourquoi transporte-t-on dans tous les siècles le roman ‘d’un mensonge dérisoire et partial’ au moyen duquel on raille et salit les mœurs de tous les peuples et de tous les temps … si bien qu’on ne trouve guère dans toutes les histoires du monde entier que le répugnant fatras de ‘l’idéal célébré par son temps’. » (J. G. Herder)

« L’Egyptien ne pouvait exister sans l’Oriental, le Grec bâtit sur l’un et sur l’autre, le Romain s’éleva sur les épaules du monde entier … Il y a véritablement progression continue, développement suivi, dût l’individu ne pas y gagner ! Le monde se dirige vers quelque chose de grand ! devient ce dont l’histoire superficielle se vante si orgueilleusement et ce qu’elle montre si peu, le théâtre d’une intention directrice sur terre ! » (J. G. Herder) – Très représentatif de la conception du temps, jonction des XVIII° et XIX° siècles, due à Kant même si alors Herder s’élève contre une histoire universelle de l’humanité et proclame que chaque culture doit être appréciée en elle-même et non point sous l’angle d’une quelconque ‘Idée’ de l’histoire humaine – « Tout être vivant jouit de sa vie et ne se demande pas pour quelles raisons il se trouve là ni ne proteste : son existence constitue pour lui sa fin et sa fin est l’existence. »

« Alors naquit dans le Nord un homme nouveau … et tout le monde nouveau, de la Méditerranée à la Mer Noire, de l’Atlantique à la Mer du Nord, est leur œuvre ! leur race ! leur constitution ! Ce ne fut pas seulement des forces humaines qu’ils apportèrent … mais aussi quelles lois et quelles institutions ! Sans doute ils méprisaient les arts et les sciences, l’opulence et le raffinement qui avaient désolé l’humanité ; mais comme ils apportaient à la place des arts, la nature ; à la place des sciences, le bon sens nordique ; à la place des raffinements, des mœurs fortes et bonnes bien que farouches … Leurs lois comme elles respiraient le courage viril, le sens de l’honneur, la confiance en l’intelligence, en la loyauté et en la vénération des dieux ! Leur organisation féodale, comme elle mina le fouillis de villes populeuses et opulentes, cultiva la campagne, occupa les bras et les hommes, fit des gens sains… » (J. G. Herder – sur les bienfaits apportés par ce qu’on a appelé les invasions barbares qui remplacèrent heureusement la décadence romaine)

« Les rudes corporations et seigneuries engendraient l’orgueil des chevaliers et des artisans, mais en même temps aussi la confiance en soi, la fermeté dans sa sphère, la virilité concentrée, écartait le pire fléau de l’humanité, la mise sous le joug des contrées et des âmes … Si le ciel ne nous avait pas fait précéder par les temps barbares et ne les avait pas maintenus si longtemps parmi tant d’à-coups et de heurts, pauvre Europe policée que serais-tu ? … Penchants et vertus de l’honneur et de la liberté, de l’amour et de la bravoure, de la courtoisie et de la parole, qu’êtes-vous devenus ? … Rendez-nous à maint égard votre piété et votre superstition, vos ténèbres et votre ignorance, votre désordre et votre rudesse de mœurs, et prenez-nous nos lumières et notre incrédulité, notre froideur et notre raffinement privé de vigueur, notre veulerie philosophique… » (J. G. Herder) – Que dire aujourd’hui !

« Très peu de choses se produisent au moment opportun et le reste ne se produit pas du tout. L’historien consciencieux corrigera ces défauts. » (Hérodote)

« Cette époque fabuleuse qui engendra à la fois les pratiques des sorcières et le culte de la Madone, les facéties brutales et la légende de Parsifal, l’art des masques ricanants et grotesques et les grandes cathédrales gothiques …  Le mélange typique d’esprit médiéval fait d’aspirations nobles et fervente comme de dépravation sauvage, l’extrême proximité du diabolique et du céleste, d’une morale scolastique et fanatique déformée jusqu’à la caricature et d’une mentalité noble et sainte… » (Hermann Hesse – Histoires médiévales – sur cette époque extraordinaire que fut le Moyen Âge)

« Le jugement des contemporains sur les événements de leur époque est pour l’historien d’une grande importance. Nous avons très souvent le tort d’apprécier suivant nos idées les générations passées. » (baron de Hübner)

« Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. » (Aldous Huxley) – Qui contrôle le langage contrôle les esprits.

« Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’histoire est la leçon la plus importante que l’histoire nous enseigne. Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. » (Aldous Huxley)

« Des courants de folie ébranlent le monde. Pour résister à ces courants, il faut se dire que l’histoire a toujours tort alors que l’on croit généralement que l’histoire a toujours raison. » (Eugène Ionesco)

« C’est la trop grande perfection du crime parfait qui est suspecte, à force d’être irréprochable ; c’est justement la disparition absolue de toute trace qui est, paradoxalement, la ‘trace’, et qui révèle l’artifice, le scénario, le camouflage ; une humaine négligence serait sans doute plus crédible ! Le menteur avait trop d’alibis. » (Vladimir Jankélévitch) – Ainsi, les vainqueurs seraient trop soigneux en nettoyant la scène.

 « Quand on efface son histoire, on efface les fondations morales d’un peuple. » (Ma Jian, chinois – cité par Simon Leys) – C’est bien le but poursuivi par la modernité occidentale pour le plus grand profit de la mondialisation décervelante. On ne les efface pas précisément, on les modifie, et parfois même les inverse.

« L’histoire moderne s’écrit avec des préjugés, l’ancienne avec des ciseaux. » (Maurice Joly) – Pour la dernière, aujourd’hui, on l’accable en plus de nos préjugés et de notre insondable bêtise.

« Vous voulez tout expliquer par les faits qui vous sont connus. Mais les faits que vous ignorez ? Que diraient-ils ? » (Joseph Joubert)

« L’histoire est encore plus propre à nous donner de la patience que de la prévoyance. » (Joseph Joubert) 

« Hegel a implanté … cette admiration pour la ‘puissance de l’histoire’ qui, pratiquement, se transforme … en une admiration toute nue du succès et qui conduit à l’idolâtrie des faits … ‘Tenir compte des faits’ … Celui qui a appris à courber l’échine et à incliner la tête devant la ‘puissance de l’histoire ‘, celui-là aura un geste approbateur et mécanique devant toute espèce de puissance, que ce soit un gouvernement, ou l’opinion publique, ou encore le plus grand nombre. » (Kierkegaard)

 « Depuis à peu près soixante-dix ans l’Europe vit sous un régime de procès … Au fur et à mesure qu’entre les juges (gens d’aujourd’hui) et les accusés (gens d’hier) l’abîme du temps se creuse, c’est toujours une moindre expérience qui juge une expérience plus grande. Le conformisme de l’opinion publique n’est pas là pour comprendre, pour perdre son temps avec des pensées, il est là pour instruire des procès (qui se résument au fait de proclamer que nous sommes bien meilleurs que nos vilains et stupides parents) … Si l’esprit du procès réussit à anéantir la culture de ce siècle, il ne restera derrière nous que le souvenir des atrocités chanté par une chorale d’enfants … Au fur et à mesure que la liberté de la pensée, la liberté des mots, des attitudes, des blagues, des réflexions, des idées dangereuses, des provocations intellectuelles se rétrécit, surveillée qu’elle est par la vigilance du conformisme général, la liberté des pulsions va grandissant. On prêche la sévérité contre les péchés de la pensée ; on prêche le pardon pour les crimes commis dans l’extase émotive. » (Milan Kundera) – Le lien étroit entre la censure de la pensée politique déviante et la lâcheté devant les actes relevant du droit commun.

« Goethe a vécu ce moment de l’histoire, bref et unique, où le niveau technique permettait déjà un certain confort, mais où l’homme cultivé pouvait encore comprendre tous les outils qui l’entouraient … Le monde des objets techniques était pour lui intelligible et transparent. » (Milan Kundera) – Comme pour ses contemporains.

« Je sais bien que certains prétendent que le stalinisme a été prévu. Mais alors pourquoi n’a-t-il pas été évité ? Le danger de l’Histoire c’est de faire croire après coup à une causalité linéaire qui n’existe jamais. » (Henri Laborit)

« L’absence de continuité des informations, la crise d’aujourd’hui cèdera demain la place à une autre crise sans rapport avec la précédente, intensifie le sentiment de discontinuité de l’histoire, l’impression de vivre dans un univers où le passé n’éclaire pas le présent, et où le futur est devenu complètement imprévisible. » (Christopher Lasch)

« L’Histoire : une collection de faits qui n’étaient pas obligés de se produire. » (Stanislas Jerzy Lec)

« Si l’histoire doit avoir une couleur, ce serait le gris, et pourtant elle est constamment instrumentalisée, offrant parfois l’image d’une caricature des faits en noir et blanc. » (Barbara Lefebvre) – La réforme des programmes d’histoire en 2015 qui promettait une lecture renouvelée du passé, voilà qui est clair, le mensonge systématique est annoncé. – Qui a jadis assisté à des événements, assisté et vécu, reste stupéfait du récit officiel qu’on en fait. D’ailleurs « On ne devrait plus enseigner l’histoire des Français, mais celle des femmes, des homosexuels, des immigrés, des descendants d’esclaves, et la liste peut s’étirer à l’infini étant  donné que chaque Français abrite en lui une multitude d’identités particulières … La préhistoire sert à diffuser des messages idéologiques du type ‘archéologie des migrations’, on explique le XIX° siècle sous les thèmes de ‘Voter de 1815 à 1870’ et ‘Conditions féminines dans une société en mutation’, thèmes certes passionnants mais qui ont davantage leur place en classe de prépa ou en fac d’histoire, plutôt qu’à l’école. » (Barbara Lefebvre)

« L’histoire doit purger le passé, trier les bons héros des méchants monstres et proposer un récit binaire à une opinion rendue inculte par l’Education nationale, la société de loisir et les médias de masse. Des personnages vaniteux à la tête d’associations, d’institutions privées ou publiques, qui vivent de la rente morale des crimes du passé, ont décidé que la moraline devait régner … Les personnages de notre histoire ne sont pas destinés à être classés dans un tableau à double entrée ‘gentils / méchants’. L’histoire, fleuve tranquille des Bisounours ! » (Barbara Lefebvre) 

« Du cœur de la grande Histoire au rythme lent – où les conflits mettent des siècles, parfois des millénaires à mûrir, sans toujours se résoudre, à une étape, dans le passage direct à un mode de production supérieur – surgit comme son produit une histoire accélérée, celle d’un monde haletant, emporté par la fièvre de la création et de la destruction … Discontinuité radicale, mutation de l’humanité. » (Claude Lefort – sur l’interprétation marxiste et certains chocs historiques)

« En lieu et place d’histoire, on propose à nos contemporains du ‘folklorique’, du ‘festif’ … un passé livré par bribes, sorti de tout contexte, sans autres significations que les appropriations individuelles dont il peut faire l’objet. » (Bérénice Levet)

« L’histoire, contrairement à ce que croit l’opinion, n’enregistre pas les événements. Elle enregistre seulement les échos des événements, ce qui est fort différent ; et, pour ce faire, elle s’appuie sur l’imagination tout autant que sur la mémoire. » (Simon Leys) – Soit sur ce qu’ont répercuté à l’époque les trompettes triomphantes et asservies. Ou, dans le présent, la version idéologique et mensongère dont a besoin la clique des dominants pour asseoir son pouvoir.

« Ce qui me déplaît dans la manière de traiter l’histoire, c’est qu’on voit dans chaque action une intention et qu’on déduit une intention de chaque événement. Cela est complètement faux. Les plus grands épisodes se produisent sans intention ; la Fortune commet d’heureuses erreurs et défait l’entreprise la plus savamment planifiée. Les plus grands événements mondiaux ne sont pas provoqués : ils surviennent. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Le duc d’Enghien a tué Bonaparte. La vanité a tué sa gloire. Sa folie impériale a abaissé les Alpes. Saint-Cloud a détruit Marengo.  Ses gendarmes ont effacé les mamelouks . Son trône a culbuté sa tente. La fable a écrasé l’histoire. » (prince de Ligne – pourtant grand admirateur de Napoléon) – Exemple de lucidité historique 

« La philosophie de l’histoire (ce qu’on appelle ainsi, la recherche d’un sens global, d’une orientation) comme fait et son questionnement du sens ultime sont issus de la croyance eschatologique en une fin ultime de l’histoire du Salut … Qu’à travers les tribulations des peuples domine une fin ultime … que la raison soit présente dans l’histoire du monde, non la raison d’un sujet particulier, mais la raison divine, absolue … C’est la pensée juive et la pensée chrétienne qui ont donné naissance à ce questionnement démesuré … L’homme moderne a imaginé une philosophie de l’histoire en sécularisant les principes théologiques dans le sens d’un progrès vers un accomplissement (ce qui supposait également un point de départ, une création)… Alors que l’Antiquité ne voyait qu’un mouvement cyclique. » (Karl Löwith) – Ce mouvement d’essence religieuse a conduit aussi bien à des conceptions totalement athées, comme le Positivisme et surtout le Marxisme, type exemplaire de religion matérialiste de salut.

« Toute époque a toujours été la pire. Et s’il y en a qui furent vraiment pires, c’est elles qui enfantèrent les plus grandes choses (maints exemples) … N’y a-t-il pas là de quoi nous donner courage ? » (cardinal Henri de Lubac)

« Ce n’est pas la chrétienté qui est une des grandes choses de l’histoire, c’est l’histoire qui est une des grandes choses de la chrétienté. » (cardinal Henri de Lubac) – Nul orgueil dans cette remarque, seulement la constatation que le souci historique correspond à la notion du temps droit, d’un allant vers… propres à la culture biblique et particulièrement chrétienne.

« L’essence de l’histoire réside dans la modification de ces formes structurelles (économiques, politiques, sociales, idéelles…) par l’intermédiaire desquelles a lieu la confrontation de l’homme avec son milieu et qui déterminent l’objectivité de sa vie intérieure et extérieure … Pour pouvoir comprendre le changement, la pensée doit dépasser la séparation rigide de ses objets ; elle doit mettre sur le même plan de réalité leurs relations entre eux et l’interaction de ces relations et des choses. » (Georg Lukàcs – toujours l’idée de totalité)

« Les pays d’Occident n’eurent pas de peine à exalter l’histoire, à lui attribuer une signification et une finalité. Elle leur appartenait, ils en étaient les agents : elle devait donc suivre une marche rationnelle … Aussi la placèrent-ils tour à tour sous le patronage de la Providence, de la Raison et du Progrès. » (Jean-François Lyotard)

« L’histoire est une conspiration permanente contre la vérité. » (Joseph de Maistre)

« Longtemps nous l’avons prise pour un événement ; nous étions dans l’erreur ; c’est une époque et malheur aux générations qui assistent à aux époques du monde ! Heureux mille fois les hommes qui ne sont appelés à contempler que dans l’histoire des grandes révolutions les chocs des empires et les funérailles des nations ! Heureux les hommes qui passent sur la terre dans un de ces moments de repos qui servent d’intervalle aux convulsions d’une nature condamnée et souffrante ! » (Joseph de Maistre) – Sur la révolution, mais la constatation va au-delà de cet épisode.

« Le train de l’histoire ne fait fonction de processus qu’aussi longtemps que la classe en position d’observateur fonde encore ses attentes sur lui. C’est d’elles seulement que sont issues les ‘utopies’ d’une part, et les conceptions de ‘processus’ d’autre part. Mais quand une classe a réussi son ascension, c’en est fini de la veine utopique, les perceptions de long terme passent toujours plus à l’arrière-plan, afin que les énergies mentales et psychiques puissent s’investir dans les tâches du jour. » (Karl Mannheim)

« L’action du spirituel sur les hommes et sur l’histoire est plus vaste et plus puissante que l’action temporelle, qui, si elle est de grande portée, est cependant dans une dépendance radicale à l’égard de ce qui s’est déroulé dans l’ordre spirituel. Le Marxisme et la révolution communiste n’auraient pas été sans Hegel, qui n’aurait pas été sans Descartes et sans Luther. » (Jacques Maritain)

« La rupture avec Dieu qui avait commencée comme revendication d’indépendance et d’émancipation, comme une hautaine rupture révolutionnaire, s’achève dans une soumission révérente et prostrée au tout-puissant mouvement de l’histoire. » (Jacques Maritain – sur le matérialisme).

« L’histoire ne fait rien. » (Karl Marx – sous-entendant qu’il n’y a que des hommes agissant dans des conditions données)

« L’histoire de la société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes. » (Karl Marx)

« L’Histoire se répète, mais la première fois c’est une tragédie et la deuxième fois c’est une comédie. » (Karl Marx – sans doute à propos des deux Napoléon, l’oncle et le neveu)

« Donnez-moi la force humaine et vous obtiendrez une société d’esclavage, le moulin à bras et vous obtiendrez une société féodale, la machine à vapeur et vous aurez une société capitaliste. » (Karl Marx, approx.) – Le premier, celui du matérialisme historique, distinguant les priorités, l’essentiel, l’état de la technique, de ce qu’elle conditionne, la structure sociale.

« Pour vivre, il faut avant tout boire, manger, se loger, s’habiller et quelques autre choses encore. Le premier fait historique est donc la production des moyens permettant de satisfaire ces besoins, la production de la vie matérielle elle-même… » (Karl Marx – Engels)

« Plus les sphères individuelles, qui agissent l’une sur l’autre, s’agrandissent dans le cours de ce développement, et plus l’isolement primitif des diverses nations est détruit par le mode de production perfectionné, par la circulation et la division du travail entre les nations qui en résulte spontanément, plus l’histoire se transforme en histoire mondiale. » (Karl Marx – Engels) – Annonçant la mondialisation.

« Dans la vie courante, n’importe quel boutiquier sait bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu’il est réellement ; mais notre histoire n’en est pas encore arrivée à cette connaissance vulgaire. Pour chaque époque, elle croit sur parole ce que l’époque en question dit d’elle-même et les illusions qu’elle se fait sur soi … Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une époque sur sa conscience de soi. » (Karl Marx – Engels – L’idéologie allemande)

« Toute solution, quand elle prétend résoudre l’énigme de la totalité de l’histoire, est nécessairement une solution ‘finale’. Le crime de masse, stalinien ou  hitlérien, ne relève donc pas d’on ne sait quelle aberration fâcheuse de l’histoire qui aurait dévié de sa route. » (Jean-François Mattéi)

« Ce n’est pas un hasard si notre vingtième siècle, fanatique, haineux, doctrinaire, ne perd pas une occasion de donner une image calomniatrice et caricaturale des anciens Romains : d’instinct, il déteste ce qui lui est supérieur. » (Gabriel Matzneff) – Comme de tout le passé en général.

« L’histoire des deux derniers siècles peut être lue comme une formidable conjuration des élites pour saccager une culture populaire dont elles ne comprenaient rien. Une traque impitoyable pour détruire ou enlaidir les lieux qu’elles ne fréquentaient pas. Annihiler les modes de vie qui n’étaient pas les leurs, tandis qu’elles se réfugiaient dans un luxe inaccessible, jouissant seules des beaux fruits de la civilisation du passé. » (Olivier Maulin)

L’opération Apocalypse c’est la guerre de Trente ans (1618 -1648) : « Aucun peuple civilisé n’a subi une aussi grande catastrophe. L’Allemagne fut comme rejetée de deux siècles en arrière, il lui fallut deux cent ans pour retrouver le niveau économique d’avant la guerre de Trente ans … La paix de Westphalie s’installa sur des cimetières. » (F. Mehring – cité par André Glucksmann) – Disparition d’un Allemand sur trois, le sac du Palatinat. Ne rien comprendre à l’Allemagne et à la suite si on n’en parle jamais (comme en histoire de France toujours immaculée – au moins jusqu’à récemment). Pendant des siècles, et jusqu’à Napoléon, le territoire germanique fut le champ de bataille de l’Europe, et ses habitants les victimes.

« Lorsque l’espèce humaine a conçu le désir de prendre elle-même sa destinée en main … elle s’est agenouillée devant l’Histoire … Or, celle-ci est une idole cruelle … C’est une ‘philosophie-force’ qui ne relève que de celle-ci … mais qui ne sait pas pénétrer jusqu’au fond du cœur humain … Et si les miracles manquaient ? » (Czeslaw Milosz – évoquant le questionnement d’un apparatchik comparant avec la diffusion du christianisme dans l’empire romain)

« Un peuple qui n’enseigne plus son histoire est un peuple qui perd son identité. » (François Mitterrand) – Ce qui n’a pas empêché ce grand homme de faire fi, une fois de plus, de ses proclamations.

« La grande aventure est terminée, l’histoire se fait glaciale ; on n’a plus rien à dire et à se dire. » (Thomas Molnar)

« Un historien doit être comme Dieu, il doit aimer tout et tous, même le diable. »  (Mommsen)

« Les historiens de la Révolution française avaient chacun projeté l’expérience de leur présent sur le passé de l’événement. Pour comprendre l’histoire, tout historien devrait s’auto-historiser … L’observateur/concepteur doit s’inclure dans l’observation et la conception. La connaissance nécessite l’auto-connaissance, connaissance de la complexité humaine, mais également connaissance individuelle de sa complexité personnelle. » (Edgar Morin)

« On ne juge jamais bien des hommes si on ne leur passe les préjugés de leur temps. » (Montesquieu)

« Ce ne sont pas les masses qui font l’histoire, mais les valeurs qui agissent sur elles à partir de minorités inébranlables dans leur foi. L’unité n’est pas ce par quoi on commence, mais ce à quoi on aboutit, au bout de longues luttes et de longues solitudes. » (Emmanuel Mounier)

« Les de Mun, les Déroulède, les Barrès ont accompli une œuvre néfaste. Il fallait enterrer 1870. » (abbé Mugnier – sur 1914 que nous avons bien cherché et dont on s’est indécemment réjoui, au moins au début) – Plus clairvoyant et plus charitable que tant d’autres.

« C’est toujours quand on sort de l’Histoire qu’on invoque la morale, par laquelle on espère encore donner au présent une apparence d’éternité. » (Philippe Muray)

« Faire le ménage dans les temps anciens (dans la Jadisphère). » (Philippe Muray)

« Le passé n’est promené sur les tréteaux (médiatiques) que pour mieux nous inciter à mesurer notre chance de n’en avoir pas été les contemporains. » (Philippe Muray)

« ‘Ce que nos pères ont fait, nous ne l’aurions pas fait’. Au nom de l’éradication de la violence nous tournons notre violence non liquidable contre nos ancêtres ; et nous tirons de l’inoffensive confrontation avec leurs fantômes un sentiment éclatant de supériorité morale. » (Philippe Muray) – Rien de nouveau depuis les Pharisiens – « Pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » (Mt 23 : 28)

 « Chaque époque a intérêt à noircir la précédente, de sorte qu’elle-même sera déclarée idéale et délectable. Le ‘ténébreux’ Moyen Âge a été inventé par la Renaissance comme son repoussoir … Chaque ‘nouveau monde’ pour se croire nouveau, a besoin d’un ancien monde, d’un Ancien Régime blâmable et condamnable à merci. Au besoin on l’invente. L’innocence du temps présent ne peut s’établir que sur la culpabilité du passé. Par le dévoilement des turpitudes de la vieille société, l’homme de l’époque actuelle se découvre encore plus propre qu’il ne croyait, plus beau, plus sain, plus réconcilié, plus innocent et plus moral. Plus soumis aussi… » (Philippe Muray)

« L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels les hommes se sont mis d’accord. » (Napoléon Bonaparte) – Et, pour ceux qui ne seraient pas d’accord, la loi les y oblige, car les députés savent mieux l’histoire que les historiens (espèce disparue, devenue inutile puisque remplacée par les politiques et autres groupes de pression).

« Les plus grands événements et les plus grandes pensées – mais les plus grandes pensées sont les plus grands événements – ne sont compris que très tard. Les générations contemporaines ne vivent pas de ces événements – elles vivent à côté. » (Nietzsche)

« Deux sortes de visions  de l’histoire : les mouvements de l’histoire comptent plus que la pâte humaine ou les hommes sont  toute la qualité ou le secret de l’histoire. Bernanos comme Péguy se trompera parfois sur les événements quand Maurras trébuchera sur les hommes. »(Roger Nimier) 

« Le passé a cessé d’être un savoir pour devenir un enjeu. » (Pierre Nora)

« Cette manie d’aujourd’hui de ne juger l’Histoire qu’en termes moraux et de plaquer sur le passé des grilles d’interprétation qui ne sont valables que pour le présent. » (Pierre Nora)

« Et de déclarations de vérité officielle et d’établissement d’une vérité d‘Etat qui sont le propre des pays totalitaires … Quel sens y a-t-il à condamner un phénomène historique vieux de quatre siècles ? … Quand les acteurs ont disparu, on s’en prend aux gens qui évoquent ces crimes, c’est-à-dire aux historiens, ce qui est une absurdité intellectuelle. » (Pierre Nora – manifestant son hostilité aux lois mémorielles en réponse à une question, et évoquant la loi Taubira sur l’esclavage) – On sait que ces lois ont pour but d’imposer une histoire officielle.

« On peut toujours, cent ans plus tard, juger le siècle passé avec les acquis de la pensée contemporaine.  A cette aune, très peu, voire personne, ne s’en sort indemne. Autant reprocher à Jésus de n’être pas spinoziste….» (Michel Onfray)

« Taine montre combien les passions tristes jouent un rôle majeur dans la Révolution française (comme dans toute révolution) , la haine et l’envie, la jalousie et le ressentiment, la convoitise et la rancœur, la malveillance et l’inimitié, la rancune et l’antiphatie, en un mot, la méchanceté. Dans les livres d’histoire, la noirceur du cœur des hommes se trouve souvent recouverte avec la peinture des grands mots, le bleu de la liberté, le blanc de l’égalité, le rouge de la fraternité … Aucun philosophe ne fait le bilan de la Révolution française ‘pour le peuple’ au nom duquel elle a été faite : s’en porte-t-il mieux ? Est-t-il plus heureux ? ses conditions de vie ont-elles changé ? Le régime du capitalisme bourgeois instauré par la révolution lui est-il plus doux que le régime féodal aboli la nuit du 4 août ? » (Michel Onfray) – Pas plus que de la révolution bolchevique plus tard. 

« Ce vingtième siècle du progrès, de la science, du rationalisme aura été … un siècle de mythes et de légendes ; les idéologies, les Lénine, Staline, Trotski, Hitler, Churchill, de Gaulle, Nasser, Peron, Guevara, Mao-tsé-toung surtout, etc. » (Jean d’Ormesson)

« Il est faux de dire que l’histoire n’est pas prévisible ; elle a été prophétisée d’innombrables fois … ‘Les masses avancent’ déplorait Hegel, ‘Sans un nouveau pouvoir spirituel, notre époque, qui est une époque révolutionnaire, produira une catastrophe’ annonçait Auguste Comte, ‘Je vois monter la marée du nihilisme’ s’écriait Nietzsche. » (Cités par Ortega y Gasset)

« ‘Lorsque quelqu’un n’a pas de points extérieurs à quoi se référer, le tracé même de sa propre vie perd de sa netteté … Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé’. » (George Orwell – cité par Jean Sevillia) – Qui contrôle le temps et le langage contrôle les esprits.

« Je vis en fait l’Histoire qui s’écrivait non pas suivant ce qui c’était passé, mais suivant ce qui aurait dû se passer, selon les diverses lignes officielles. » (George Orwell – prenant connaissance de la presse de Barcelone à son retour du Front) – Expérience identique à celle des poilus de 14 et à celle de tous les combattants partout et toujours. Alors l’histoire cinquante ans après !

« La version qui entre dans l’histoire n’est pas due à la recherche méthodique des preuves, mais se décide sur le champ de bataille. » (George Orwell) – Aux vainqueurs, la vérité historique.

Sauf rares exceptions, je me suis abstenu dans ce recueil de mentionner des citations traitant explicitement de points d’actualité et d’histoire contemporaine ou relativement proche (je dis en citations, pas dans mes remarques !). Je fais ci-dessous une brève exception. Si on veut en savoir plus sur le sujet de la collaboration on peut se référer à deux ouvrages de qualité (les trouve-t-on encore ?), dont l’utilisation ne se justifiait pas dans le dit recueil : Les collaborateurs et la France allemande, les deux de Pascal Ory, ainsi qu’à l’œuvre considérable d’Henri Amouroux « … distinguer le terrain initial, germanophile et ‘européen’, l’appel plus ou moins conscient de certains milieux politiques français cédant petit à petit à la tentation fasciste, enfin l’affirmation de plus en plus crispée d’un ultrapacifisme bientôt prêt à toutes les concessions … Les ‘hommes de gauche’ ne vont pas plus manquer dans le nouvel échantillonnage des options politiques que les fascistes de vieille souche. » (Pascal Ory – Les collaborateurs) –  Ne rien comprendre, à la défaite de 39-40 et à la collaboration, du moins à ses touts débuts (ensuite, c’est une autre histoire !), si on ne tient pas compte que 30-40-41 ne suivent la boucherie de 1914-18 que de quelques vingt ans.

« Ce qu’une histoire mal faite a produit … une histoire bien faite peut le redresser. » (Mona Ozouf ) – Il suffit de bien l’écrire.

« L’histoire des sociétés humaines est, en grande partie, l’histoire de la succession des aristocraties. » (Vilfredo Pareto – sur le phénomène de la constante circulation des élites)

« La perverse tentation masochiste qui nous a conduits, depuis deux ou trois générations, à pourrir nos racines. Nous avons réussi ce tour de force, un siècle après l’école des Annales, à faire de l’Histoire qui était le fleuron de notre université une science suspecte. » (Xavier Patier)

« Si l’histoire est le site du sens (si on la considère ainsi), celui qui fait fond sur l’histoire est comme un naufragé qui voudrait s’accrocher aux vagues. » (Jan Patocka)

« Longtemps l’humanité a vécu hors de toute conception messianique de l’histoire. Le monde archaïque se passait d’idées sur la dynamique de l’histoire. L’Inde ignora l’histoire. La pensée antique ne s’est jamais posé la question d’un projet, d’un sens, d’une finalité de l’histoire. » (Louis Pauwels) – Et les populations ne s’en sont que mieux portées.

« Ce n’est pas l’histoire qui fait le jugement, c’est le jugement qui fait l’histoire. » (Gaétan Picon)

« Ecrire l’histoire à l’envers. Le novice ne peut s’empêcher, en s’efforçant de décrire les mentalités d’une certaine période du passé, de faire comme si les gens avaient pu connaître les événements des périodes ultérieures. Il faut …  empêcher son imagination d’attribuer à des personnages historiques une préconnaissance de leur propre avenir, lequel fait désormais partie intégrante de l’idée que nous avons d’eux. » (Karl Polanyi)

« On ne sait jamais ce qui serait arrivé si ce qui est arrivé n’était pas arrivé. » (André François-Poncet)

« Ce qui ajouta à la stupeur du XX° siècle, c’est qu’il ne résulta rien de politique, ni de religieux, ni de xénophilique, ni de national, ni d’international, de l’ouverture des camps de concentration et d’extermination … ni des massacres des bombardiers, ni du sadisme d’Hiroshima-Nagasaki … Les pogroms reprirent ; les camps essaimèrent ; la férocité multiplia son visage ; les procédés de la torture se perfectionnèrent ; la terreur s’amplifia. » (Pascal Quignard – Les ombres errantes) – Les boucheries n’ont servi à rien. Si ce n’est à inspirer Staline, le tortionnaire Che Guevara, les Khmers rouges, les Américains dans leurs meilleures formes, les fous de Dieu  et tant d’autres.

« Il faut sortir de cette logique qui enrôle l’évolution historique au service de ses désirs. » (Jacques Rancière) – Propre de beaucoup d’utopies, dont le marxisme.

« L’esprit de parti, obligé d’avouer les faits, en altère les circonstances et les motifs. Et c’est ainsi que toutes les histoires contemporaines parviennent falsifiées à la postérité qui ne peut démêler la vérité du mensonge. » (Charles Régismanset)

« Il n’y a pas d’histoire immaculée. » (Ernest Renan)

« Celui qui souhaite faire l’histoire doit oublier l’histoire. » (Ernest Renan) – Soit cesser de remâcher ses doléances ancestrales, de se poser en victime, d’imposer le devoir de mémoire (ou au moins de le transformer en devoir de pénitence et d’expiation pour l’éternité), de déformer les faits et les mots, d’utiliser les morts au profit des intérêts des vivants….

« L’oubli, et je dirais même, l’erreur historique sont un facteur essentiel de la création d’une nation. L’investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l’origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été les plus favorables. » (Ernest Renan) – A l’époque de l’auteur on ne savait pas encore larmoyer dans la repentance.

« L’Histoire n’est qu’une histoire à dormir debout. » (Jules Renard)

« Entretenir la plus grande ignorance du passé, de manière à faciliter la plus grande tromperie possible dans le présent. » (Jean-François Revel) – C’est bien en effet pour fausser la représentation du présent qu’on ment tellement en Histoire.

« Le déroulement de l’histoire dans ces manuels (les manuels d’histoire d’Ernest Lavisse …  et de bien d’autres) repose entièrement sur le principe de l’explication par les causes finales … La France qui naît en 987, n’est que la lente gestation d’une révolution française qui se cherche et d‘une troisième république dont l’avènement est légèrement retardé par les complots moyenâgeux de l’absolutisme clérical. » (Jean-François Revel) – Rien de changé aujourd’hui, l’Europe devait s’unifier (rigolade), la mondialisation est écrite dans les astres… Notons incidemment que les éditeurs des manuels scolaires (y inclus en économie) n’ont le choix qu’entre l’obéissance aux syndicats d’enseignants et au ministère composé des mêmes ou la ruine.

« L’imagination est le cancer de la rigueur historique. » (Arturo Perez-Reverte)

« L’abbé Millot n’est pas un historien ; il fait des commissions dans l’histoire. » (Rivarol)

« La raison est historienne, mais les passions sont actrices. » (Rivarol)

« L’histoire a un sens car ‘elle accomplit le salut en Jésus-Christ’ ; et un sens clairement progressif, que signale le terme ‘d’accomplissement’. » (Frédéric Rouvillois – citant ?)

« Toujours l’Est sera une terre de départ. Toujours l’Ouest sera une terre d’arrivée, d’enracinement, d’installation et de fin. » (Dominique de Roux) – Le grand historien, René Grousset, ne dit pas autre chose.

« L’Histoire : ce qui se passe entre le Bang et la Bombe. » (Claude Roy)

« Comme les hommes aiment la justice quand ils jugent les crimes d’autrefois ! » (Armand Salacrou)

« Thompson dépeint un passé auquel se superpose la trame de ses propres émotions. » (Roger Scruton) – Peu importe le dénommé Thompson. Mais c’est une tendance déplorablement répandue chez quantité de prétendus historiens (évidemment encensés par les média). Non seulement trouver dans l’Histoire des tendances qui correspondent à leur propre idéologie (marche, sens, de l’histoire…), mais pire encore, dessiner l’Histoire pour satisfaire leurs propres obsessions, ambitions, frustrations

« Tous les livres d’histoire font le même bruit en se fermant : Abrutis ! » (Louis Scutenaire)

« Les images des légendes disent plus vrai que l’histoire. » (Michel Serres)

« Puiser dans l’histoire des clichés pour alimenter des débats d’idées d’aujourd’hui. » (Jean Sévillia) –Tel est le fond de nos manuels scolaires.

Les trois grandes périodes de l’histoire humaine suivant Max Scheler : « Le primat du sang (ciment des communautés étroites), le primat de la force (politique, Etats, nations, chefs de guerre…), le primat de l’économie (l’âge moderne). »

« ‘Nous sommes fatigués de l’homme.’ L’histoire nous apprend les raisons de désespérer d’elle-même … L’historicité est le mot de passe de la dépressivité … Déjà, pour la génération romantique, le ‘mal du siècle’ résidait dans le sentiment que ce monde historique est un cimetière des enthousiasmes, tous les projets si bien commencés y pourrissent … L’anthropologie n’est autre que la science de la légèreté, de la frivolité de l’homme qui consiste à construire des formes de vie sur des promesses. C’est cette légèreté qui a fait histoire et l’histoire comme science dresse la table des matières de toutes les farces culturelles qui peuplent la Terre. Qui pourrait contester que nous trouvons dans le livre de l’histoire un étalage de la variété bigarrée des escroqueries faites de promesses ? … Que les hommes de la civilisation développée, de l’ère qui promet, se sont promis ce qui à la longue sera sans doute impossible à tenir. » (Peter Sloterdijk – citant Nietzsche)

« Tant que l’Histoire représente l’éternel mouvement pendulaire du coup et du contrecoup, la sagesse veut que l’on immobilise le pendule. » (Peter Sloterdijk) – Mais où est la sagesse ?

« Presque inconsciemment, l’historien, dés qu’il se laisse aller à embrasser de longs espaces de temps, se représente malgré lui les civilisations comme passant par trois périodes : une époque de gestation, les temps primitifs ou héroïques, caractérisés par la rudesse et la vigueur barbare, supposée forte d’une saine simplicité ; puis l’épanouissement ou âge classique, période de plénitude et d’équilibre ; enfin l’heure de la décadence, qui amène l’énervement et la morbidesse (?), le raffinement excessif et la corruption. » (Peter Sloterdijk)

« L’historien n’a  pas à délivrer des prix de vertu, à proposer des projets de statues, à établir un catéchisme quelconque ; son rôle est de comprendre ce qu’il y a de moins individuel dans les événements. » (Georges Sorel) – C’était jadis, avant notre époque de dictature manipulatoire sentimentalo-intéressée.

« Je ne vois ni progrès, ni but, ni voie de l’humanité, si ce n’est dans les cervelles des ‘Homais’ (personnage de Flaubert) progressistes de l’Occident … C’est faire de l’histoire une grand-route où l’humanité trotte tout droit, toujours dans la même direction, toujours attirée par la carotte d’un lieu commun philosophique … L’histoire est quelque chose qui ne tient absolument pas compte de nos espérances. » (Oswald Spengler) – C’est pourtant ce postulat socialiste qui a pourri l’Occident.

« Libre à Platon et Rousseau, pour ne rien dire des esprits médiocres, d’échafauder des édifices politiques. Alexandre, Scipion, César, Napoléon n’attribuent dans leurs projets, leurs batailles, leurs règlements, aucune espèce d’importance à ces échafaudages. Les premiers dissertent sur le destin, eux se contentent d’être ce destin. » (Oswald Spengler)  

« En prétendant imposer une vérité historique (comme si c’était possible !), les lois mémorielles laissent entendre que cette vérité est douteuse, puisqu’elle a besoin d’être protégée et que les historiens sont incapables, sans l’aide du législateur (et de dures sanctions) de l’établir. » (André Comte-Sponville)

« Beaucoup d’historiens ressemblent à ces confesseurs de roi. Ils se montrent fort indulgents pour les crimes heureux et réservent toute leur sévérité philosophique pour les crimes et les criminels maladroits qui n’ont pas su conduire leur barque à bon port. » (baron de Stassart)

« Comme le notait Goethe à Valmy, la conscription et le concept de la nation en armes  avaient fait de l’histoire l’affaire de Jacques Bonhomme. » (George Steiner) – Lequel n’en demandait pas tant !

-Les années 1820 à 1915, suivant George Steiner, « L’agitation, l’aventure passionnée de l’intellect et du sentiment, mises en branle par les événements de 1789 … La grande épopée, l’effervescence démente de ces quelques années … L’avènement de la ville tentaculaire … L’union d’un intense dynamisme économique et technique  et d’un immobilisme social rigoureux … composait un mélange détonant … La fougue de rêves et de désirs contrariés (madame Bovary) … L’ennui enfantait de minutieux fantasmes de catastrophe imminente … les années 1900 étaient fin prêtes pour ce que Yeats devait appeler ‘la marée de sang’… L’intellect et l’affectivité étaient … hypnotisés par l’éventualité d’un feu purificateur. » (George Steiner – La culture contre l’homme) – Avec l’aboutissement prévisible des boucheries insensées du vingtième siècle.  En histoire, les descendants payent toujours les erreurs des ascendants – Aujourd’hui, ils payeront le saccage de la nature et des ressources (bouleversement climatique) 

« L’histoire ne consiste pas en une accumulation de faits, mais en l’établissement de liens entre eux. Collectés sans art, les faits du passé ne forment que des compilations qui ne sont pas plus l’histoire que le beurre, les œufs, le sel, ne sont l’omelette. » (Lytton Strachey)

« L’événement enseignait à tous que l’Histoire, tout comme la Nature, se plaît particulièrement à faire des sauts. » (Botho Strauss) – Le prochain, demain, étant d’ordre climatique.

« Ce n’est là, d’ailleurs, que l’antique volonté d’avoir le destin pour soi, mise toutefois sous forme scientifique. » (Georges Suffert – sur l’invocation du sens de l’histoire)

« Conception du travail historique, qualifiée de positiviste, s’attachant à la description précautionneuse de faits qui demeurent en eux-mêmes inintelligibles pour la raison qu’ils ne sont pas rapportés à des idées sans lesquelles les événements semblent simplement contingents. » (Denis Sureau) – C’est aussi ainsi que procèdent les média officiels et bien-pensants pour surtout ne rien expliquer.

« La première opération en histoire consiste à se mettre à la place des hommes que l’on veut juger, à entrer dans leurs instincts et leurs habitudes, à épouser leurs sentiments, à repenser leurs pensées, à reproduire en soi-même leur état intérieur, à se représenter minutieusement et corporellement leur milieu, à suivre par l’imagination les circonstances et les impressions qui,, s’ajoutant à leur caractère inné, ont déterminé leur action et conduit leur vie. » (Hippolyte Taine – cité par Paul Veyne)

« Plus regrettable encore, réduire la complexité de l’Histoire à des adjectifs de pur jugement moral comme ‘positif’ ou ‘négatif’ imposant une vision ‘optimiste’ ou ‘pessimiste’ ( à propos de la colonisation, par exemple) … L’histoire comporte peu de pages écrites seulement en noir et blanc … En quoi l’élection d’un député le rend-elle compétent pour juger l’histoire ? » (Tzvetan Todorov – à propos des stupides lois mémorielles, incluses dans un catéchisme obligatoire et assorties de sanctions pénales. L’inquisition n’en demandait pas tant !)

« L’histoire serait une excellente chose, si seulement elle était vraie. » (Tolstoï)

« Les civilisations sont plus vieilles, et plus étendues, que nos patries … Les Etats sont susceptibles de vie courte et de mort subite … Il faut penser l’histoire en termes de civilisation et non en termes d’Etat et penser aux Etats comme à des phénomènes presque secondaires et éphémères de la vie des civilisations au sein desquelles ils apparaissent et disparaissent. » (Arnold Toynbee)

  « Les voyages océaniques de découverte faites par les marins de l’Europe de l’Ouest il y a quatre ou cinq siècles furent un événement historique faisant époque … A partir de l’an 1500 environ, l’humanité a été rassemblée en une seule société mondiale … Et la seule société locale qui l’a effectivement réalisée est celle qui, de toutes, était le candidat le plus improbable … Société à l’origine  de la grande révolution technique qui fit sa fortune et lui assura  la primauté sur toutes les autres civilisations vivantes … D’abord en substituant l’Océan à la steppe comme principal moyen de communication mondiale … en démontrant à chacune des civilisations séparées qu’elle n’était pas  l’unique société civilisée au monde et que le reste de l’humanité n’était pas composé que de barbares, d’intouchables ou d’infidèles … Tôt ou tard, l’Occident, à son tour, devra accepter la rééducation que l’unification du monde par l’action occidentale a déjà donnée aux autres civilisations … Notre propre histoire est en train d’être engloutie par ses propres résultats … L’élément le plus apparent en Occident est la technique, et l’homme ne peut pas vivre seulement de technique … La religion après tout est l’affaire sérieuse de la race humaine … Un trou spirituel (semblable à celui de la culture héllénique jadis) se remarque dans la culture de notre chrétienté occidentale … (La religion, élément gênant de l’héritage culturel … Pourquoi ne pas se mettre tacitement d’accord pour en finir avec les guerres de religion en en finissant avec la religion elle-même, et pour se consacrer à l’application des sciences physiques aux affaires pratiques, entreprise qui ne soulèverait pas de querelle et promettait d’être lucrative) … Dans les territoires tropicaux ‘ouverts’, la civilisation occidentale a produit un plein économique et politique, mais en même temps un vide spirituel … les institutions primitives ont été pulvérisées par le choc de la lourde machine occidentale … La suprématie de la civilisation occidentale, au début de l’année fatale 1914, l’expansion de la chrétienté Occidentale, était à la fois récente et sans précédent, aucune civilisation n’avait encore jeté son filet tout autour du globe  … Toutes s’étaient étendues à la limite de leurs possibilités, mais sans entrer en collision » (Arnold Toynbee – La civilisation à l’épreuve– 1947)

« Le communisme, hérésie chrétienne, page tirée du livre du Christianisme, page arrachée et mal lue, vidée de la moitié de sa signification … le premier coup tiré dans la contre-offensive antioccidentale ; mais cette décharge, cette riposte russe … pourrait se révéler n’être qu’une petite affaire quand les civilisations probablement bien plus puissantes d’Inde et de Chine répondront à leur tour à notre défi occidental. » (Arnold Toynbee) – Bien vu en 1947.  Mais sous-estimation compréhensible alors des capacités extraordinaires de récupération de l’ultracapitalisme qui est en train de dompter l’ensemble du monde.

 « Les événements qui fournissent de bonnes manchettes frappent notre attention parce qu’ils sont à la surface du fleuve de la vie et qu’ils nous distraient des mouvements plus lents, impalpables, impondérables, qui travaillent sous la surface et pénètrent les profondeurs. Mais ce sont ces mouvements plus lents et plus profonds qui, en fin de compte, font l’histoire, alors que les événements sensationnels et passagers sont réduits, en perspective, à leurs réelles proportions … Les historiens futurs diront, je pense, que le grand événement du XX° siècle fut le choc de la civilisation occidentale sur toutes les autres sociétés, affectant les comportements, les horizons, sentiments et  croyances… » (Arnold Toynbee)

« Dans l’Histoire, les personnages qui n’ont pas eu la tête coupée et les personnages qui n’ont pas fait couper de têtes disparaissent sans laisser de traces. Il faut être victime ou bourreau. » (Paul Valéry)

« L’histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré … Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. » (Paul Valéry)

« L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. » (Paul Valéry)

« Les faits concernant les vaincus, ainsi que leurs luttes, sont violemment expulsés de la mémoire collective.  Ceux qui gèrent l’histoire, ce sont les vainqueurs qui ne conservent que ce qui peut rentrer dans l’image qu’ils s’en font, afin de légitimer leur propre pouvoir. » (Gianni Vattimo)

« L’interprétation de l’histoire et de la politique en termes de morale (le bien contre le mal) est la source des fanatismes et des totalitarismes. » (Dominique Venner) – Comme on le voit en France aujourd’hui.

« ‘La vraie science de l’Histoire est de remarquer, dans chaque temps, ces secrètes dispositions, qui ont préparé les grands changements, et les conjonctures importantes qui les ont fait arriver’. L’événement, la ‘conjoncture’, n’est pas seulement le repère qui rend l’histoire intelligible, il lui impose souvent une direction imprévisible. Napoléon est un événement, comme le fut Alexandre. Ces deux personnages rappellent que l’histoire est vécue et mise en œuvre par des hommes concrets, non par des entités sociales abstraites… » (Dominique Venner – citant Bossuet et son discours sur l’Histoire universelle)

« L’histoire n’a pas d’invariants à travers les siècles. Il n’y a pas de tendance naturelle à passer du polythéisme au monothéisme ; il n’est pas vrai que l’histoire universelle soit celle de la lutte des classes ; la démocratie athénienne n’a que le nom de commun avec la nôtre ; il n’existe pas de nature humaine ni de lois de l’histoire ou de la société … Il n’y a là que phrases creuses. » (Paul Veyne)

« Les deux conventions qui mutilent l’histoire … La première voulait qu’il n’y eût d’histoire que du passé … la connaissance du présent semblait au contraire aller de soi. La seconde voulait que l’histoire racontât la vie passée d’une nation, fût centrée sur l’individualité singulière de celle-ci et s’installât dans un ‘continuum’ spatio-temporel : histoire grecque, histoire de France, histoire du XVI° siècle ; on n’ a pas songé qu’il était tout aussi légitime de découper la matière historique en ’items’ : la cité à travers les siècles, le millénarisme à travers les âges, paix et guerre entre les nations. » (Paul Veyne – Comment on écrit l’histoire)

« Qui étudierait les favoris de Louis XIII sans étudier la ‘série’ des favoris d’Ancien Régime méconnaîtra ce qu’a signifié le système des favoris et ce qu’ont par conséquent représenté les favoris du temps de Louis XIII : il fera de l’histoire étroitement événementielle. Pour comprendre un seul favori et raconter son histoire, il faut en étudier plusieurs ; il faut par conséquent sortir de sa période, ne plus tenir compte des unités de temps et de lieu. Seule l’histoire comparée permet d’échapper à l’optique des sources et d’expliciter le non-événementiel. » (Paul Veyne – Comment on écrit l’histoire)

« Le lecteur sent obscurément que la conquête romaine, qui va jusqu’aux limites de l’horizon humain, sans y être poussée par une idéologie, ni par l’amour des grands coups d’épée, ni par l’amour de la gloire, est une chose étrange et qui ne ressemble à rien … Si l’on entreprend de se demander pourquoi les Romains ont brusquement conquis ou plutôt finlandisé le monde hellénique, on est en présence d’une énigme : pourquoi cette soudaine intervention dans le système international des Etats grecs, dont Rome s’était pendant longtemps tenue à l’écart ? Intervention dont  la brutalité et l’orgueil  surprirent et scandalisèrent les grecs … Occuper tout l’horizon humain pour se procurer une bonne fois une sécurité entière et définitive ? » (Paul Veyne) – Ce que veut dire l’auteur par cet exemple, c’est que l’histoire peut trouver, ou inventer, des causes mais, profondément, ne peut  guère répondre à la question de fond du Pourquoi.

« On suit toujours le sens de l’histoire quand on la pousse devant. » (Alexandre Vialatte)

« L’esprit humain est ainsi fait que les actions aboutissent autrement qu’on ne les a calculées. » (Giambattista Vico) – « Négation de la capacité de l’homme à prévoir et à fabriquer son histoire. » (Thomas Molnar)

« Certaines pages d’histoire ne peuvent plus être abordées sans risquer l’amende ou la prison … Cette multiplication des lois mémorielles  représente une négation de la liberté d’expression et de la démocratie … attitude propre aux régimes totalitaires. » (Pierre le Vigan) – Mais il y a bien longtemps que nous sommes en caricature de démocratie.

« L’Histoire est née le jour où l’homme a raconté sa vie à l’homme. » (Alfred de Vigny)

« ‘Inquiets des risques d’une moralisation rétrospective de l’histoire et d’une censure intellectuelle, nous en appelons à la mobilisation des historiens européens et à la sagesse des politiques. L’histoire ne doit pas être l’esclave de l’actualité … Dans un Etat libre, il n’appartient à aucune autorité politique de définir la vérité historique’.  Ainsi débute l’appel de Blois de l’an 2008, cette exigence d’une ‘liberté pour l’histoire’ qui a provoqué le regroupement d’un millier d’historiens derrière René Rémond et Pierre Nora. » (Paul Virilio) – Suite aux aussi arrogantes que scandaleuses manipulations législatives françaises. Cependant, en appeler à la sagesse des politiciens, évoquer un Etat libre, manifestent une gentille naïveté de la part des auteurs de l’appel, ou bien l’ignorance qu’ils sont en France.

« Le passé détruit ne revient plus jamais, La destruction du passé est peut-être le plus grand crime. » (Simone Weil – L’enracinement) – C’est bien sa destruction définitive, afin de fabriquer des laquais stupides, que veulent les sinistres destructeurs qui hantent média, universités et ministères.

« Le christianisme a voulu chercher une harmonie dans l’histoire. C’est le germe de Hegel et de Marx. La notion d’histoire comme continuité dirigée est chrétienne. L’humanisme et ce qui s’est ensuivi n’est pas un retour à l’Antiquité, mais un développement de poisons intérieurs au christianisme. » (Simone Weil) – Conclusion un peu brutale, mais à rapprocher des idées chrétiennes devenues folles de Chesterton.

« Chaque historien pose ses questions et il choisit librement ses questions. » (Max Weber) – Suivant ce qu’il veut, ou ce qu’on lui demande, de prouver.

« Cette débandade de foules éperdues que nous appelons l’Histoire. » (H. G. Wells)

« Il existe encore beaucoup trop d’historiens ou d’auteurs de romans historiques qui se croient obligés d’appliquer des critères moraux aux personnages historiques, et qui distribuent la louange et le blâme avec l’impertinence et l’aplomb d’un maître d’école. » (Oscar Wilde) – Ainsi stupidité, corruption mentale et prostitution matérielle sévissaient dés l’époque de l’auteur. Pas étonnant qu’à la nôtre !

« Comment raconter une Histoire de France qui serait une Histoire de France sans contrevenir à tous nos totems et tabous ? » (Eric Zemmour – Destin français) – A toutes nos dérives, à toutes nos obsessions, à toutes nos dissimulations, à tous nos mensonges que ce soit par action ou par omission

« Foch se rendait compte qu’il n’avait été, lui, et ses millions de soldats, que l’épée de l’Angleterre, combattant pour la pérennité ultime de la puissance britannique, comme Blücher et les Prussiens l’avaient fait en leur temps contre Napoléon. Clémenceau comprendrait mais un peu tard que la France n’avait pas été dans cette héroïque boucherie le soldat de l’idéal mais celui de l’Angleterre … Depuis Waterloo, la France … avait accepté d’être le fidèle second de l’Angleterre. Le soldat qui se bat, ou pas, en fonction des intérêts de l’empire de sa Gracieuse  Majesté. » (Eric Zemmour) – Il est évident que l’objectif britannique a toujours été de faire se battre les continentaux les uns contre les autres. Il faut avoir eu la bassesse de la soi-disant élite française pour vendre notre paysannerie à l’Angleterre en 1914 et pour se prostituer culturellement devant elle. Encore aujourd’hui avec et devant le monde anglo-saxon.

« Comprendre ne signifie pas justifier. On peut comprendre sans justifier. On peut justifier sans comprendre. La justification est un phénomène d’ordre moral, la compréhension d’ordre  gnoséologique. Si l’on s’en tient au point de vue de la compréhension, les causes du présent résident dans le passé. Si l’on cherche à justifier ou juger, il n’existe aucun lien avec le présent … On ne peut pas juger le passé en se référant au présent. On ne peut pas davantage justifier ou juger le présent en se référant au passé. Examiner l’histoire en se cantonnant dans les catégories  de la justification ou du jugement, signifie s’ôter toute possibilité de comprendre. » (Alexandre Zinoviev – Un héros de notre jeunesse sur l’époque stalinienne – cité par Jean Cau) – C’est pourtant ainsi qu’on évoque l’Histoire de nos jours, à coups de jugements moraux qui faussent la compréhension et n’ont bien souvent aucun rapport avec la réalité. On ne fait pas de l’Histoire, on s’en sert.

« L’Histoire ne tolère aucun intrus, elle choisit elle-même ses héros et rejette sans pitié les êtres qu’elle n’a pas élus. » (Stefan Zweig)

« Toutes les histoires nationales, dans tous les pays, doivent nécessairement mettre la faute sur le compte de la nation voisine… » (Stefan Zweig)  – Mais, c’est quand même l’avantage et le privilège des vainqueurs que de se valoriser eux-mêmes en traînant les vaincus dans la boue.

« Formule pour caractériser l’époque d’avant la première guerre mondiale dans laquelle j’ai grandi : ce fût l’âge d’or de la sécurité …  Un univers où les événements du monde extérieur ne se produisaient à vrai dire que dans le journal et ne venaient pas frapper à la porte de la chambre … Jamais il ne se produisait rien de soudain : les catastrophes qui pouvaient survenir au loin, à  la périphérie du monde, ne traversaient pas les parois bien capitonnées de cette vie ‘assurée’  … Seul celui qui pouvait regarder l’avenir sans appréhension jouissait du présent avec sérénité … Nous qui avons encore connu le monde de la liberté individuelle, nous savons et nous pouvons témoigner que l’Europe, autrefois, a joui avec insouciance de toutes les couleurs de son kaléidoscope … avant de céder à sa rage suicidaire … Une merveilleuse insouciance s’était répandue sur le monde, comment imaginer ce qui pourrait interrompre cet essor, contrarier cet élan … Personne ne regrettait plus comme avant le ‘bon vieux temps’ … Le monde était devenu plus beau, plus libre dans le domaine des mœurs … La terre appartenait à tous ses habitants. Chacun allait où il voulait et y restait aussi longtemps qu’il voulait. Il n’y avait pas de permissions, pas d’autorisations, ni permis, ni visas, ni tracasseries, on n’avait pas à remplir un seul de ces centaines de papiers qu’on réclame aujourd’hui … Je voyageais en Inde et en Amérique sans avoir de passeport  … On montait dans le train et on en descendait sans rien demander, sans qu’on vous demandât rien … Il y avait un tout autre rythme dans le monde. Un an, que ne se passait-il pas en un an ! Une invention, une découverte chassait l’autre (Nous exultâmes à Vienne quand Blériot franchit la manche, comme s’il était un héros de notre propre pays) … Je plains tous ceux qui n’ont pas vécu dans leur jeunesses ces dernières années de confiance dans l’Europe, cette confiance universelle … L’assaut d’orgueil et d’optimisme qui submergeait l’Europe charriait aussi des nuages. L’essor avait peut-être été trop rapide … et le sentiment de leur force incite toujours les hommes aussi bien que les Etats à en user ou à en abuser … La conjoncture avait rendu fou … Le sang montait à la tête des Etats … On en voulait toujours plus … gagner toujours plus … Il devenait finalement inévitable que l’excès de force se dégage … Notre confiance crédule dans la raison nous faisait penser qu’au dernier moment elle saurait arrêter la folie, notre optimisme déterminé par le progrès nous fit sous-estimer le danger et croire  que la force morale et spirituelle de l’Europe finirait par triompher au dernier instant critique. » (Stefan Zweig – Le monde d’hier) – La dernière partie de ce paragraphe évoque notre attitude béate (provisoirement) après l’effondrement du mur de Berlin, la chute de l’empire soviétique et la fin de la guerre froide.

« Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. » (proverbe)

« Les peuples heureux n’ont pas d’Histoire. » (proverbe) 

« Le Moyen-Âge, temps de symbiose entre le collectif et l’individuel. » (?) – C’est bien pourquoi la horde baveuse ne cesse de mentir sur cette époque. 

 « Dans le naufrage universel des espérances de Condorcet, il n’y a qu’une chose qui surnage et tienne bon : c’est l’esprit optimiste de sa philosophie de l’histoire, incorrigiblement persistant alors que tout le condamne. » (?) – Non, même cette hallucination selon Hegel qui a dévasté le monde occidental pendant près de deux siècles, le triomphe final du Bien sur le Mal, s’effondre.

«  Chacun sera jugé suivant la loi qu’il a pu connaître en son temps. » (?) – Non ! Tous nos ancêtres ont été malfaisants. Nous seuls, vivants, sommes bons et purs.

« La vérité historique est faite sur le silence des morts. » (?)

« Savoir ce qui s’est passé au cours des siècles sur un arpent de terre, voilà qui développe le regard et la personnalité. » (?)

« L’histoire, en vérité, ne sert à rien. On prend, tous les jours, l’humanité avec de vieux pièges qui ont déjà servi. » (?)

L’Histoire : « pleine de fureur et de bruit », « histoire contée par un idiot … et qui ne veut rien dire. » (?)

« Guerre de trente ans du XX° siècle. » (?) – Pour qualifier la sinistre période 1914 – 1945.

« L’histoire, cette prophétesse tournée vers le passé. » (?)   

« Plus de nations, plus de patriotisme, alors on a remplacé l’Histoire par la morale, une morale pour midinettes. » (?)

« Les grands hommes ne font pas l’histoire, mais l’histoire ne se fait pas sans grands hommes. » (?)

« Constante dans l’histoire, les formes qui s’achèvent ont tendance à se figer en totalitarisme. » (?) – Il s’agit de formes humaines, institutions… non de formes naturelles.

« L’histoire ne retient pas les faits, elle ne retient que leur écho. » (?)

« La principale leçon de l’histoire c’est que les homme ne retiennent jamais les leçons de l’histoire. » (?)

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés de l’ouvrage du Père Michel de Certeau, L’écriture de l’histoire – sur le contexte et les conditions de sa fabrication)

« L’historiographie sépare d’abord son présent d’un passé. Mais elle répète partout le geste de diviser. Ainsi sa chronologie se compose de  ‘périodes’ (par exemple Moyen Âge, Histoire moderne, Histoire contemporaine) entre lesquelles se trace chaque fois la décision d’être ‘autre’ ou de ‘n’être plus’  ce qui a été jusque -là (la Renaissance, la Révolution). A tour de rôle, chaque ‘nouveau’ temps a donné lieu à un discours traitant comme ‘mort’ ce qui précédait … La coupure est donc le postulat de l’interprétation (qui se construit à partir d’un présent) et son objet (les divisions organisent les représentations à re-interpréter). Le travail déterminé par cette coupure est volontariste. Dans le passé dont il se distingue, il opère un tri entre ce qui peut être ‘compris’ et ce qui doit être oublié … Loin d’aller de soi, cette construction est une singularité occidentale. En Inde, par exemple, ‘les formes nouvelles ne chassent pas les anciennes’. Il y a plutôt ‘empilement stratifié’ … Travail d’histoire : à la fois une période (l’histoire dite ‘moderne’), un objet (l’histoire religieuse) et un lieu (la situation française) … Qu’est-ce qu’un ouvrage de ’valeur’ en histoire ? Celui qui est reconnu comme tel par ses pairs. Celui qui peut être situé dans un ensemble opératoire. Celui qui représente un progrès par rapport au statut actuel … qui, lié au milieu dans lequel il s’élabore rend à son tour possibles de nouvelles recherches … Résultat et symptôme du groupe … L’étude historique se rattache au complexe d’une fabrication spécifique et collective bien plus qu’elle n’est l’effet d’une philosophie personnelle … C’est le produit d’un lieu, c’est le produit d’un temps … Le travail s’articule de plus en plus sur des équipes, des leaders, des moyens financiers, et donc aussi, par la médiation de crédits, sur les privilèges que des proximités sociales ou politiques valent à telle ou telle étude. Ce travail est lié à un enseignement, donc aux fluctuations d’une clientèle ; aux pressions qu’elle exerce, aux réflexes de défense, d’autorité ou de repli que l’évolution des étudiants provoquent chez les enseignants … Est-ce un hasard si l’on passe de ‘l’histoire sociale’ à ‘l’histoire économique’ pendant l’entre-deux-guerres autour de la grande crise de 1929, ou si l’histoire culturelle l’emporte au moment où s’impose partout, avec les loisirs et les mass-média, l’importance sociale, économique et politique de la ‘culture’ ? … Inscription dans un complexe qui lui ‘permet’ seulement un type de productions et lui en ‘interdit’ d’autres … Rôle de censure par rapport aux postulats présents (sociaux, économiques, politiques) … De part en part, l’histoire reste configurée par le système où elle s’élabore, elle est déterminée par le fait d’une fabrication localisée en tel ou tel point de ce système … Prendre au sérieux son lieu,  ne pas installer le discours dans un non-lieu, sachant que la dénégation de la particularité du lieu est le principe même de l’idéologie. »

– Quelques considérations tirées de l’ouvrage Bilan de l’histoire du grand historien René Grousset. Ces constatations n’ont peut-être plus cours dans notre monde urbanisé, mondialisé et accéléré, mais elles expliquaient l’histoire universelle jusqu’à il y a relativement très peu de temps et suivant les régions, notamment l’Asie (Chine et steppes du nord, Moyen-Orient). Et, il n’est pas exclu qu’on puisse encore en tirer quelques leçons sur la lourdeur de la civilisation occidentale.

. Les peuples ont marché généralement en direction de l’Ouest, ou du Sud (de la zone des steppes à la zone des cultures).

. Les populations nomades, habitantes des steppes, des déserts ou des forêts denses, ont migré ou envahi violemment les terres cultivées des sédentaires (que d’ailleurs souvent elles laissèrent à l’abandon après les avoir parcourues et dévastées). « L’irruption, la poussée des pasteurs nomades ou des chasseurs forestiers dans les labours des agriculteurs sédentaires. »

. Il a existé une sorte de décalage chronologique entre l’humanité restée au stade pastoral et celle parvenue au stade agricole le plus avancé. Contraste économique et contraste social entre l’humanité pastorale et chasseresse et les sociétés agricoles.

. Même stade culturel, le pastoral, entre les Huns des steppes et les envahisseurs venus du Midi (les uns du Sud au Nord contre la Grande Muraille, les autres marchant vers l’Ouest et le Nord, la chevauchée de l’Islam primitif).

. Retenu par son habitat urbain, le sédentaire est toujours vulnérable. Aussi le système des incursions réussit-il presque toujours.

. Le nomade, mobile et sans attaches, l’archer véloce, a fait la loi aux sédentaires jusqu’à ce que celui-ci lui oppose l’artillerie (la canonnade par laquelle Ivan le Terrrible a dispersé les derniers héritiers de la Horde d’Or).

. Le barbare fédéré, quasi mercenaire, gardien des portes de la cité, devient bientôt le barbare dans la cité (Romanité tardive).

. « La steppe peut, par ses envahisseurs devenus colons, donner naissance à des cultivateurs sédentaires, mais le pays sédentaire ne refait pas des nomades. Il y a transformation à sens unique et jamais réversibilité. »

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– Etant donné l’incroyable chauvinisme français (dont les lamentables opérations de repentance ne sont que le contrepoint grotesque) et l’histoire telle qu’elle est présentée de nos jours, on trouvera ci-dessous quelques considérations dues à Emmanuel Berl (livre L’interrogatoire avec Patrick Modiano sur l’entre deux guerres), combattant de 1914, juif pourchassé en 1944, peu suspect de complaisance pour le nazisme. Nous ferions mieux de placer nos repentances sur notre attitude belliciste avant 1914 (Ce fougueux maître, auteur de ‘Maximes sur la guerre’, qui voyait venir le drame de 1914 en s’écriant : ‘On mangera sur l’herbe !’ selon Julien Benda) et nos rejets de toutes les tentatives de paix durant cet atroce conflit (Benoît XV, Charles de Habsbourg, empereur d’Autriche, Joseph Caillaux chez nous). « La guerre de 1914 a marqué le déclin et l’agonie de l’Europe. » (Emmanuel Berl) – Pire son suicide ; attitude belliciste et de fermeture à laquelle il faut rajouter notre arrogance infecte, notre cupidité, notre égoïsme et notre myopie politique après 1918 qui  ont contribué à nous amener à la deuxième manche, quelques vingt ans après, ce qui n’exonère en rien le nazisme. « A partir de 1875, la bourgeoisie ne cesse plus de harceler les chefs de la France parce qu’ils ne préparent pas la ‘revanche’, parce que l’objet de leur préoccupation n’est pas exclusivement la guerre. » (Julien Benda) – La bourgeoisie toujours au service de l’Angleterre.

« Le destin de la France (et celui de l’Europe) a été modifié par l’hémorragie de 14-18 … Il faut bien admettre qu’il y a eu un certain bellicisme en France de 1906 à 1913-1914 … ‘La revanche, reine de France’ (Charles Maurras) … Il était et reste pour moi évident que Poincaré (président de la république) désirait la guerre, il l’avait toujours désirée … Dans son ensemble la bourgeoisie française sentait comme Poincaré … Il voulait la revanche (de 1870) avec un cœur d’huissier, avide de saisies, de papier bleu, de triomphe juridique sur l’adversaire … Chaque jour la guerre était présentée comme une chose plus bénigne que la veille … Les éléments les plus valables ont été éliminés, l’élite française (en 14-18) … Un monde allait s’écrouler, ensevelissant sous ses débris la moitié des jeunes gens de ma génération …(Dans l’entre-deux guerres) même ceux qui ne voulaient pas aller tuer des Allemands en Allemagne se résignaient sans trop d’efforts à ce qu’ils meurent de misère et de faim. Nous avons tous manqué envers le peuple allemand d’élémentaire humanité, et c’est ce manquement qui a rendu Hitler possible, puis inévitable… Les erreurs monstrueuses que nous avons commises : la marche sur Francfort, l’occupation de la Ruhr (et les brimades, et les exécutions – cela nous savons faire aussi bien que les autres…), le rejet méprisant des appels au secours du chancelier Brüning et cette imbécillité qui a consisté à demander des réparations qu’en aucun cas nous ne pouvions obtenir (mais qui ont affamé l’Allemagne au point de la jeter dans les bras d’Hitler). » – Si certains Allemands ont beaucoup fait souffrir, si le régime nazi a versé dans l’horreur organisée, pendant toute la première moitié du XX° siècle, jusque dans les années cinquante le peuple allemand a aussi énormément souffert. Sur l’occupation de 1945…, on pourra même lire L’interrogatoire de Vladimir Volkoff – « J’ai vu la fièvre nationaliste et belliqueuse entre 1900 et 1914 » (Jacques Chardonne)

Ci-dessous extraits d’un livre de Karl Popper, Misère de l’historicisme, critiquant fortement cette tendance de l’esprit et des ravages qu’elle a opéré et qu’elle continue de plus belle à opérer.

« ‘L’historicisme’, une théorie, touchant toutes les sciences sociales, qui fait de la ’prédiction historique’  leur principal but et qui enseigne que ce but peut être atteint si l’on découvre les rythmes ou les ‘patterns’, les lois ou les tendances générales qui sous-tendent les développements historiques  … S’il est possible à l’astronomie de prévoir les éclipses, pourquoi ne serait-il pas possible à la sociologie de prédire les révolutions ? … ‘Lors même qu’une société est arrivée à découvrir la pente de la loi naturelle qui préside à son mouvement, elle ne peut ni dépasser d‘un saut ni abolir par des décrets les phases de son développement naturel. Mais elle peut abréger la période de la gestation et adoucir les maux de leur enfantement’. (Karl Marx – on ne saurait mieux résumer la position historiciste) … Elle est l’étude des forces agissantes et des lois de l’évolution sociale … Elle n’implique pas le fatalisme et ne conduit pas nécessairement à l’inactivité, tout au contraire … Seuls sont raisonnables les activités qui s’adaptent aux changements imminents, et les aident … L’activisme ne peut être justifié  que dans la mesure où il donne son assentiment aux changements imminents et les épaule, vaine est toute tentative pour modifier les changements imminents … Beaucoup ont été attirés par ce penchant à l’optimisme et à l’activisme … Ce qui est moralement bon est ce qui est progressiste, ce qui est en avant de son temps, en conformité avec les modèles de conduite qui seront adoptés à l’avenir … Idéal et justification du planificateur. » (Karl Popper – Misère de l’historicisme) – « L’opportuniste sait combien peu il sait. Il sait que seules nos erreurs nous instruisent. Il fera son chemin pas à pas, en comparant les résultats attendus et les résultats obtenus, et toujours à l’affût des conséquences non-désirées mais inévitables de toute réforme ; et il évitera d’entreprendre des réformes d’une complexité et d’une envergure telle qu’il lui serait impossible de débrouiller les causes et les effets, et de savoir ce qu’il est effectivement en train de faire … Toute machine physique est le résultat d’un grand nombre de petites améliorations, d’innombrables petits réglages … Nous ne faisons de progrès que si nous sommes prêts à apprendre de nos erreurs … au lieu d’y persévérer avec dogmatisme …  Il est très difficile de tirer un enseignement de  très grosses erreurs. Techniquement, parce qu’il est impossible de dire quelle mesure particulière est responsable de n’importe lequel des résultats. Moralement, parce qu’une discussion libre au sujet d’un plan totaliste ne sera pas tolérée, car un tel plan entraînera forcément pléthore de protestations déraisonnables ou raisonnables, qu’il importera de repousser si on veut arriver. » (même auteur) – On voit combien la position historiciste est liée à la démesure humaine, au progrès, à l’immense stupidité arrogante dans laquelle a versé la modernité en Occident depuis environ le milieu du XIX° siècle.

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– Considérations sur les notions de fin de l’histoire et corrélativement celle de dernier homme.

– A considérer en regard avec le processus de socialisation : 115,4 (fin).

 « Point final de l’évolution idéologique de l’humanité et universalisation de la démocratie libérale occidentale en tant que forme finale de gouvernance humaine. » (Francis Fukuyama) 

– La première conception introduite par Hegel, poursuivie depuis lors et au point maintenant où un consensus général sur la démocratie mettrait, mettra selon ses partisans, fin aux conflits idéologiques. La société sans classes de Marx correspondrait aussi à une fin de l’histoire.  Les péripéties événementielles n’étant plus que des soubresauts ne mettant pas en cause un statut final, radieux évidemment, ou au moins séduisant. Le siège psychologique de toutes les vertus nobles (esprit de sacrifice, moralité, honneur), a disparu, d’où, interactivement, la fin de l’histoire. Dans ce monde lissé où règne l’ennui la négativité (caractéristique de l’humain) est devenue sans emploi. « On pose le constat d’un triomphe incontestable de l’Occident, c’est-à-dire du capitalisme et de la démocratie des droits de l’homme, censés constituer l’horizon indépassable de notre temps … Victoire ultime de la démocratie dans le monde entier.» (?) – Foutaises pour Gogos- Bobos que vient démentir, hélas, le terrorisme.

– Plus rien ne se passe, si ce n’est une vaine et creuse agitation sans but ni finalité, sur fond d’angoisse dans le vide. Plus de distinctions, tout baigne dans le neutre.

– Peut-être que Francis Fukuyama, dans sa thèse « constatait simplement avec humour la fin de l’historicisme hégélo-marxiste et se moquait discrètement de ses dévots. » (Claude Fouquet) – « Remise à l’ordre du jour d’une version frelatée de la thèse hégélienne de la ‘fin de l’Histoire’ en invoquant la disparition d’alternative crédible  aux démocraties libérales occidentales … L’universalisation de la démocratie s’évaluant à l’aune du ‘laissez-faire’, hors de ce modèle, il n’y aurait plus désormais de salut. » (Armand Mattelart – critiquant la thèse de Fukuyama) –  « La crise née des nouvelles peurs met à bas la vision idyllique de Francis Fukuyama (l’accord sur l’économie de marché et la démocratie représentative) qui se révèle aussi obsolète que la vieille lune de la société sans classes. » (Marc Augé)

– Francis Fukuyama avait raison s’il voulait signifier qu’était arrivé le moment où les hommes pris individuellement sentiraient, sauraient, qu’ils n’ont plus aucune prise, fût-elle fort modeste, sur les événements et sur l’avenir de la société. Constatation qui est aussi récente (quelques décennies) qu’angoissante et démoralisante. La dimension et la volatilité des flux financiers hors toute justification économique, les transports et migrations de masse, les bouleversements de localisations industrielles, les périls écologiques immédiats et monstrueux (le péril atomique reste aussi même si on ne l’évoque plus guère), les innovations technologiques invraisemblables (NBIC, Nano-technologies, Biologie, Informatique et Cognitique), la confiscation du pouvoir à l’échelle mondiale par une oligarchie occulte cooptée par elle-même, donnent à l’homme, non pas l’impression, mais la certitude qu’il est devenu superflu, sauf en son rôle (provisoire ?) de consommateur.

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« La Révolution n’appartient plus à l’ordre de l’imaginaire politique, mais à l’ordre économique et financier, à l’ordre technique et technologique …  Fukuyama affirme que les individus contemporains auraient renoncé à l’estime de soi, à la volonté d’être le meilleur,  à tout risque et tout courage en échange de la paix, de l’absence d’antagonisme sociaux et du confort social procuré par les biens matériels. La fin de l’histoire dans les sociétés démocratiques serait donc le résultat de l’accomplissement démocratique. » (tiré de Jean Baudrillard par Ludovic Leonelli)

« La post-modernité entend faire passer tout un credo réaliste humaniste qui énonce que nos sociétés occidentales, démocratiques, libérales, sont la forme achevée, l’aboutissement de l’histoire de l’humanité » (Miguel Benasayag) – La disparition des ressources, la démographie démentielle, les perspectives climatiques vont bien vite nous forger une autre histoire, assez peu tranquille.

« Ce qui est attendu de l’histoire, c’est donc la fin de l’histoire, la ‘fin du temps’, imaginée comme un repos bienheureux. Le ‘repos translucide et simple’ dont parle Hegel est bien l’attente commune, et les diverses représentations de l’histoire peuvent se classer d’après la forme et le moment de cette fin … L’histoire chrétienne, comme l’histoire juive, impose un délai qui est une souffrance. Une résistance, qui est le mal, s’oppose à ce que l’action divine fasse passer sans transition l’être de la puissance à l’acte, à ce que l’humanité prenne instantanément la plénitude d’être à laquelle sa forme la destine. L’histoire est un retard. » (Alain Besançon) – Retour au sein maternel, fantasme et plénitude de la mort, plus prosaïquement, la hantise de tout vieillard devant toute tâche à accomplir encore.

« Le retour de l’homme à l’animalité est une ‘certitude déjà présente’ et la figuration de ‘l’éternel présent’ qui caractérise la post-histoire consiste à l’évidence dans ‘l’Américan way of life’ … L’homme post-historique qui a cessé d’engager son existence dans la lutte et dans l’action. » (Jean-Michel Besnier – citant et reprenant Alexandre Kojève sur la ré-animalisation de l’homme)

« A peine la fin de l’histoire a-t-elle été proclamée, qu’est déclaré le choc des civilisations … Du pacifisme intégral de Francis Fukuyama on passe au bellicisme global de Samuel Huntington, quatre ans entre les deux publications … L’idéologie dominante bascule du tout au tout dans le milieu des années 1990. » (Jean-François Colosimo)

« ‘Fanatisme cosmopolite proprement moderne né de la corruption idéologique de l’exigence d’universalité et d’égalité’ … ‘Rejet des valeurs transmises’ … Idée d’un individu affranchi de toutes entraves, nécessairement plus intelligent que ses pères, qui n’aurait aucun compte à rendre au devenir historique d’une communauté temporalisée … Fuite éperdue hors de sa culture, refus absolu d’un quelconque respect vis-à-vis des ascendants, absence de toute dette protectrice. » (Marc Crapez – citant Pierre-André Taguieff et Georg Simmel)

« La première intention de la domination spectaculaire était de faire disparaître la connaissance historique en général ; et d’abord presque toutes les informations et les commentaires raisonnables sur le plus récent passé. » (Guy Debord) – C’est là une fin de l’histoire non par extinction de celle-ci mais par fin du récit, ou plutôt par substitution d’un récit menteur au récit à peu près véridique.

 « La fin de l’espérance, le royaume à espérer est remplacé par une force à craindre. On attendait quelque chose, on redoute à présent quelque chose … Il est bien possible que la hantise de la catastrophe irrémédiable engendre elle-même un désir de cesser ‘de faire l’histoire’, une secrète envie de stagnation ? » (Chantal Delsol)

« La volonté de clore l’histoire ne diffère pas fondamentalement entre Marx et Fuku-Yama. Il s’agit toujours de parvenir à un état indépassable … Les sujets des pays totalitaires et les citoyens des sociétés modernes vivent dans une situation de post-histoire parce qu’ils pensent avoir aboli, l’Histoire avec ses aléas et ses imperfection . » (Chantal Delsol) – Grotesque ambition  d’esclaves ou de Bobos, les mêmes.

« Il se peut bien que ce à quoi nous assistons, ce ne soit pas seulement la fin de la guerre froide ou bien d’une phase particulière de l’après-guerre, mais la fin de l’histoire en tant que telle, le point final de l’évolution idéologique de l’humanité, et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain. » (Francis Fukuyama – en 1988) – On ne reculait devant l’affirmation de n’importe quelle sottise.

« Le christianisme introduisait le concept d’une histoire qui était finie dans le temps … Une fin de l’histoire est implicite dans l’idée même de l’écriture d’une histoire universelle … Les événements particuliers de cette histoire ne peuvent être signifiants que dans la perspective d’une finalité plus vaste et plus universelle, dont la réalisation apporte nécessairement avec elle la fin du processus historique. » (Francis Fukuyama)

« La physique moderne est la seule activité sociale à grande échelle qui soit universellement reconnue comme cumulative, donc orientée … Sans évaluation morale ou éthique sur l’orientation historique impliquée par la science physique moderne … Il y a de bonnes raisons de penser que l’histoire déterminée par le développement de la physique moderne se meut dans une seule direction cohérente … Est-il possible pour des sociétés industrialisées de revenir à des Etats prémodernes et préscientifiques ? En bref, le sens de l’histoire est-il réversible … Est-il possible pour l’humanité dans son ensemble d’inverser le sens de l’histoire par le rejet ou la perte de la méthode scientifique ?  … Si l’emprise des sciences … est irréversible, alors l’orientation de l’histoire et toutes ses conséquences si diverses … ne sont pas davantage réversibles. » (Francis Fukuyama)

« Lorsque Francis Fukuyama affirme que l’évolution historique contemporaine est définie par la ‘fin de l’histoire’, il veut dire que l’ère des grands conflits est terminée ; le pouvoir souverain n’aura plus à affronter son Autre ni son extérieur, puisqu’il va progressivement étendre ses frontières pour embrasser le monde entier comme son domaine propre … Il n’y a plus d’extérieur qui puisse limiter le lieu de la souveraineté. » (Michael Hardt et Antonio Negri – L’Empire) – Pour L’Empire, voir à la rubrique Mondialisation, 500, 2

Mais « l’expérience suggère que si les hommes ne peuvent plus lutter pour une juste cause, parce que celle-ci a été victorieuse au cours d’une génération antérieure, ils lutteront alors contre cette juste cause. Ils lutteront pour le plaisir de la lutte. Ils se battront en raison d’un certain ennui. » (Francis Fukuyama) – Renouant ainsi avec l’élan du premier homme. On a vu des prémisses de cette attitude dans l’enthousiasme guerrier de l’été 1914. Voir la citation d’Ernst Jünger (535,1) que je répète ici « Nous avions quitté les salles de cours, les bancs de l’école et les brèves semaines d’instruction nous avaient fondus dans un grand corps brûlant d’enthousiasme. Elevés dans une ère de sécurité, nous avions tous la nostalgie de l’inhabituel, des grands périls. » (Ernst Jünger – Orages d’acier )

« La prétendue fin de l’histoire est la préface inachevée à la tragédie historique de retour. » (Hervé Juvin)

« La mort de Dieu n’est-elle pas en effet manifestée dans un geste doublement meurtrier qui, en mettant un terme à l’absolu, est en même temps assassin de l’homme lui-même. » (Emmanuel Kant)

« L’Histoire s’arrête au moment où disparaît la différence, l’opposition entre maître et esclave, au moment où le maître cessera d’être maître, parce qu’il n’aura plus d’esclave, et l’esclave cessera d’être esclave, parce qu’il n’aura plus de maître, sans d’ailleurs redevenir maître, puisqu’il n’aura pas d’esclave … Au moment où sera réalisé la synthèse du maître et de l’esclave, cette synthèse qu’est l’homme intégral, le citoyen de l’Etat universel et homogène. » (Alexandre Kojève) – Société sans classes ou prescience de mondialisation heureuse ?

« Il se passe toujours quelque chose, de nouveau, le plus nouveau évince le nouveau … l’instant d’après il tombe en désuétude, dans ce courant incessant de nouveauté, rien de nouveau ne naît … tout est frappé d’inessentialité et de stérilité comme ce qui a précédé … L’essence de l’histoire moderne et de sa ‘fin’ est l’accroissement de l’inessentiel, l’évincement de l’essentiel par l’accessoire, la substitution de l’un par l’autre, la course à l’accessoire, l’accumulation du secondaire… ‘Sur nous déferlent des choses vides et indifférentes, des choses apparentes, des attrapes de vie’ (Rainer Maria Rilke). » (Karel Kosik)

« Tout, y compris la vie privée, y compris la politique, y compris la vie culturelle, se transforme en espace d’exhibition, et le ‘schauspieler’ devient omniprésent … l’apparence constitue la catégorie principale de l’époque … Ce n’est pas l’homme en lui-même qui est important, c’est son image … la vie publique est une arène où les ‘schauspieler’ de tous styles et de tous âges concourent pour leur image … première place dans les concours de popularité … se maintenir en haut de l’échelle. Ceux qui sont à la pointe de la popularité, des enquêtes, représentent les sommets de la culture moderne, c’est à eux que revient l’admiration, ils sont reconnus comme des héros … Le ‘Schauspieler’ est la figure de la  ‘fin de l’Histoire’. Son essence est l’imitation, comme la ‘fin de l’Histoire’ est une imitation en grand et une grandiose production de succédanés. » – Le ‘schauspieler’ (Nietzsche – Le gai savoir) celui qui se montre, celui qui s’exhibe, qui n’est rien sans spectateurs, l’homme de l’instant, le centre de l’attention… – « Se rendre visible … Le ‘showman’ devient le personnage central de notre époque. Son entrée en scène annonce la fin de la culture. Un ‘showman’ prend la réalité pour une scène et se donne en spectacle en ‘se la’ jouant de telle ou telle manière … Avec de tels bouffons, notre époque est incapable de produire autre chose qu’une farce … Dotée des moyens techniques les plus modernes, notre époque est capable de tout, à l’exception de trois choses : révérer ce qui est sacré, avoir le sens de l’humour et respecter la dignité. La bouffonnerie est l’essence même de sa vacuité. » (Karel Kosik) 

« La réalité absolue a été pour vous Dieu puis l’homme ; mais l’homme est mort, après Dieu, et vous cherchez avec angoisse celui à qui vous pourriez confier son étrange héritage. Vos petits essais de structures pour des nihilismes modérés ne me semblent plus destinés à une longue existence. » (André Malraux – La tentation de l’Occident, lettre d’un Chinois à un Occidental – cité par Rémi Brague) – Que dirait le Chinois d’aujourd’hui ?

« L’histoire est de retour à une cadence accélérée. Une décennie à peine : c’est le laps de temps qui sépare le rêve né dans l’euphorie de la chute du mur de Berlin d’une planète sans murs et la ‘realpolitik’ de la guerre au terrorisme (suite à la chute des deux tours). » (Armand Mattelart)

« Il n’y a plus de différences entre le discours des artistes, celui de l’élite éclairée et celui de la classe politique … La fusion s’est opérée, la division sexuelle s’est effacée, les discriminants ont disparu, tout est noyé dans une même et interminable homélie sur la nécessité de la tolérance, l’abjection du racisme, la suavité de la liberté d’expression, l’aplatissement devant les ‘valeurs‘ d’un temps démoli. » (Philippe Muray)

« La fin de l’histoire … le résultat du processus de désexualisation du monde ; et l’annonce du saut décisif dans le Royaume des merveilles de l’univers sans autrui, sans principe de contradiction (où s’abolit la différence masculin/ féminin), dans cet espèce de marécage où les sexes se confondent comme l’eau et la terre, où l’homme et la femme ne sont plus que des éléments parmi d’autres, et où l’énergie cosmique substitue son inconscient consolateur à l’ancienne libido négative, inégalitaire, hiérarchisante, injuste et conflictuelle. » (Philippe Muray) – Telle est l’aspiration de la mondialisation.

« Ce dernier homme, ce représentant de l’humanité. » (Georges Orwell – 1984) – Ainsi est qualifié Winston, le rebelle égaré, par O’Brien, l’apparatchik policier.

« Le dernier homme, l’homme le plus vil, le plus dégradé, l’homme du troupeau dépourvu de tout idéal et de toute aspiration, mais bien nourri, bien vêtu, bien logé, bien soigné par les médecins et les psychiatres est l’homme du futur. » (Léo Strauss) – Le rêve des mondialisateurs et de leurs admirateurs, des Occidentaux…

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