535,8 – Héros

– Jadis, foncièrement solitaire, né tel et non devenu tel, il était caractérisé par ses qualités personnelles (courage…). Il s’est transformé en Grand Homme, caractérisé par ses vertus et ses actions sociales ou morales (ou même financières !), distingué par ce qu’il fait et non par ce qu’il est, inscrit dans une vision progressiste et optimiste. Ses vertus alléguées étant établies à l’aune de l’idéologie dominante imposée à une époque. Voir qui va désormais au Panthéon !

-Nous n’avons plus de héros, plus de grands hommes, plus de leaders, mais, consolons-nous, nous ne manquons pas de requins en affaires, de pitres médiatiques, de députés, de médiateurs… Mitterrand nous avait bien fabriqué un héros pour notre temps : Bernard Tapie (laissons ce dernier aujourd’hui en paix).

– Parfois qualifié auparavant du qualificatif péjoratif de terroriste du temps où son camp n’avait pas encore mérité d’écraser l’autre. Généralement tué pendant cette triste période. Dans ce cas mérite d’avoir sa rue.

– Peut aussi passer du statut de héros à celui de traître, suivant les fluctuations politiques. Exemple : Joseph Darnand, héros de la première guerre mondiale, traître lors de la seconde.

– Les obscurs (les secouristes, les pompiers, les liquidateurs de centrale nucléaire, les démineurs…) n’ayant sans doute pas servi une cause suffisamment bonne sont trop heureux de rester anonymes.

– « Qui sont les femmes des héros de la Ryder cup ? » (presse, même pas people, dite sérieuse) – Sujet passionnant. Pour les ignorants, il s’agit d’une compétition de golf. Nous avions déjà les héros du foot, du rugby, de la télé-réalité… D’ailleurs Emmanuel Macron, qui comme ses prédécesseurs n’en est pas à une outrance près, a bien décerné le titre de héros à Johnny Hallyday, un héros français. Ce qui est parfaitement stupide, même si moins dégueulasse que l’appréciation du boucher-tortionnaire de la cabana, Che Guevara (idole-romanesque…), par la maire de Paris, Mme Hidalgo. L’Occident a les héros, et les héroïnes, qu’il mérite, les célébrités du show-biz et de la jet-set bourrées de fric et de drogue. Quelle décrépitude ! Et, c’est avec ça qu’on va combattre le terrorisme !

– « Devenir le héros de sa propre vie. » (Psychologies Magazine – grâce aux outils de développement personnel) – Nos ennemis (mais les bisounours n’en ont pas) n’ont qu’à bien se tenir.

-L’immense somme des héroïsmes dépensés par l’humanité depuis la nuit des temps, des petits quotidiens comme des grands, suffirait à justifier qu’il y eût une transcendance.

 ——————————————————————————————————————————-

« Les héros d’aujourd’hui ‘Che’ ou ‘Mao’, incarnent le culte de la violence ; ils exaltent le combat plus que la victoire, le sacrifice plus que ce qui le justifie,  ils  sacralisent le non-sens comme les fascistes le faisaient. Les dérivations les plus différentes recouvrent l’état émotionnel dont naît le fascisme. » (Raymond Aron) – Che Guevara, comme Mao et leurs supporters parisiens,  parfaits fascistes. 

« C’est à ce signe qu’on reconnaît les vrais héros : ils ne se plaignent jamais de leur sort. » (Yvan Audouard)

« Que peut-on espérer d’une société qui prend des fabricants d’ordinateurs pour des héros comme on put s’en apercevoir en 2011 à la mort de Steve Jobs ? »  (Olivier Bardolle) – Ou, bien pire, au décès de n’importe quel, ou quelle, médiocrité engendrée par le show-biz.

« Chacun crée des héros ou des héroïnes à sa mesure. » (Anna Barratin)

 « Le héros tragique ne se demande pas … ce qu’il peut retirer de l’existence, mais ce qu’il peut donner à la vie … Pour le héros, la vie est un destin auquel on ne se dérobe pas. La seule liberté que l’on y possède est de satisfaire aux échéances avec ou sans honneur. Dans la hauteur et l’affirmation, ou dans la bassesse et l’anonymat … L’héroïsme consiste à poursuivre un but au regard duquel nous ne comptons plus. » (Alain de Benoist – reprenant Nietzsche)

« Autrefois on se vantait des prouesses de ses ancêtres, pas de leurs humiliations … Aujourd’hui il est plus convenable d’être une victime plutôt qu’un héros. » (Alain de Benoist). – Oui, et c’est tellement plus rentable. « Je suis un homme d’aujourd’hui, c’est-à-dire une couille molle. » (Frédéric Pajak)

« D’ordinaire, je n’aime pas m’opposer à ce qui me paraît inéluctable ; c’est la voie de l’héroïsme, mais elle a tôt fait de verser, ou dans l’imposture ou dans la jactance. » (Emmanuel Berl)

« Le culte du héros est celui du violent, car il n’est pas tout à fait exact que le héros se définisse par son consentement à mourir, il implique aussi le consentement à tuer. » (Emmanuel Berl)

« Les saints ne sont pas des héros, à la manière des héros de Plutarque. Un héros nous donne l’illusion de dépasser l’humanité, le saint ne la dépasse pas, il l’assume, il s’efforce de la réaliser le mieux possible. » (Georges Bernanos)

« On peut être héros sans ravager la terre. » (Boileau)

« Le héros moderne est fait par les médias qui ont besoin, quotidiennement, de héros, de pur métal ou non, peu importe. C’est le journalisme qui crée l’actualité, non l’inverse … Il y  aun marché pour l’héroïsme. » (Jean Borie)

« Malheureux le peuple qui a besoin de héros. » (Bertold Brecht)

 « Parce que le modèle héroïque, comme son nom l’indique, incite à se dépasser. Si tout ce que l’on vous donne, ce sont des tireurs de pénaltys ratés, je ne donne pas cher de vous. »  (Jean-Paul Brighelli)

« J’en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je ne crois pas à l’héroïsme, je sais que c’est facile, et j’ai appris que c’était meurtrier. » (Albert Camus – La Peste)

« Que veut le héros ? La gloire, elle fait illusion sur les motifs profonds de ses exploits … A l’origine ils voulaient ce sentiment d’invulnérabilité … La situation concrète dans laquelle se retrouve le héros après avoir surmonté le danger est celle du survivant. Ce tas de morts tout autour de lui, le survivant le regarde en heureux, en privilégié. Il vit encore, et non plus tant d’autres qui étaient encore avec lui à l’instant … Sentiment d’invulnérabilité. » (Elias Canetti)

« Thomas Carlyle distingue quatre catégories de héros : le fondateur de religion ou prophète, le réformateur religieux, l’homme de lettres et le chef politique … Ils détiennent le sentiment profond de la réalité visible et invisible. En eux s’incarne le symbole de l’autorité qu’attendent les peuples à un moment de leur histoire … Dignes d’admiration, par leur sincérité et l’activité conçue comme renonciation au moi  … Instruments de la Providence au service de la communauté … héros moral, ni conservateur ni révolutionnaire … Le rôle des grands hommes dans l’Histoire, longtemps dévalué par la vision marxiste soulignant l’action des masses et les structures économiques, minimisant, sinon évacuant l’individu, nous paraît être en cours de réhabilitation … Un Gorbatchev, un Jean-Paul II, un Lech Walesa, un Vaclav Havel ont témoigné en faveur de la philosophie de l’histoire de Carlyle. » (Bruno de Cessole) – « Le héros est destiné à être poète, prophète, roi, prêtre ou autre chose en fonction des caractéristiques du monde dans lequel il est né. » (Thomas Carlyle) – Quelques héros au sens de Thomas Carlyle (et analysés par lui) : Odin, Wotan, Homère, Eschyle, Dante, Shakespeare, Mahomet, Luther, Oliver Cromwell, John Knox, Samuel Johnson, Goethe, Napoléon (dans sa première période, avant l’Empire)

« Le héros en tant que divinité, comme le héros en tant que prophète, sont des créations des temps anciens qui ne sauraient être reproduites … Ils appartiennent au passé .. Le héros-homme de lettres est lui une figure qu’a produite la modernité. » (Thomas Carlyle)

« Ce qu’il admirait le plus chez les héros n’était pas seulement la sincérité des sentiments, mais la clarté de la pensée. Une grande énergie dans l’action ainsi qu’un grand pouvoir de volonté réclament toujours un élément intellectuel. Sans un pouvoir correspondant de pensée, la force de la volonté ainsi que celle du caractère étaient impuissantes. L’équivalence entre ces  deux éléments était la marque distinctive du véritable héros … vivant parmi les choses et non parmi leurs apparences … Le culte du héros a toujours signifié pour lui le culte d’une force morale. » (Ernst Cassirer – commentant Thomas Carlyle et sa doctrine du culte du héros) – Le héros de Carlyle étant autant et plus le grand homme que l’homme héroïque. – « On trouve à toutes les époques de l’histoire, le grand Homme, qui est l’indispensable sauveur de son époque ; l’étincelle sans laquelle le feu n’aurait jamais brûlé. » (Thomas Carlyle – Le culte du héros)

« Dans le système hégélien le culte  de l’Etat sera combiné avec celui du héros. La grandeur de ceux-ci n’aura rien à voir avec les prétendues ‘vertus’. La grandeur signifiant le pouvoir, le vice deviendra aussi grand que la vertu … Sur l’interprétation psychologique de l’histoire, minimisant tous les grands gestes comme tous les héros, en les réduisant à des motivations insignifiantes et médiocres : ‘C’est la vue des valets de chambre psychologiques pour lesquels il n’y a pas de héros, non que ceux-ci ne soient des héros, mais parce que ceux-là ne sont que des valets de chambre’. » (Ernst Cassirer – citant Hegel et l’interprétant) – Le mépris hégélien des interprétations psychologiques ; à lire par nos tout petits journalistes.

« Le Maître et le Héros sont devenus, à nos yeux, des hommes dangereux, et nous souhaitons, par bassesse et démission être des esclaves endormis aux traits singuliers effacés par une générale ressemblance. » (Jean Cau)

« Les héros fatiguent les Français. Au pays de Jeanne d’Arc, Napoléon et Jaurès, les idoles viennent désormais du foot ou de la téléréalité. Un destin étriqué n’a pas besoin de grands hommes … Les peuples sans héros sont menacés de mourir de tiédeur. » (publication : Causeur)     

« Le culte des héros, c’est le culte de la veine. » (Louis-Ferdinand Céline)

« Le héros est périmé. Seul le carnage impersonnel a cours. Nous sommes des fantoches clairvoyants, tout juste propres à faire des simagrées devant l’irrémédiable. » (Emil Cioran)

« Les opportunistes ont sauvé les peuples, les héros les ont ruinés. » (Emil Cioran)

« Les gens ne sont des héros que quand ils ne peuvent pas faire autrement. » (Paul Claudel)

Le héros aurait même une fonction réparatrice. « Il sauve le groupe social blessé ou humilié.» (Boris Cyrulnik)

« L’héroïsme est un signe de pathologie sociale. Quand un peuple a besoin de héros, c’est qu’il a besoin d’être réparé d’une humiliation et qu’il est incapable de se transcender sur le plan symbolique.» (Boris Cyrulnik)

« ‘Mourir pour des idées – Mais de mort lente – Car à forcer l’allure il arrive qu’on meure – Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain’ … On voudrait le jour sans la nuit, le héros positif sans négatif … On oublie la double nature des martyrs, sacrifiés et sacrificateurs, suicide et homicide … Et que ‘les hommes capables de mourir pour leurs idées’, comme on dit sans trop y réfléchir,  sont aussi capables de tuer pour elles. » (Régis Debray – citant Brassens)

« Les traîtres d’aujourd’hui sont les héros de demain. » (Casimir Delavigne) – Et vice versa.

« La morale de l’héroïsme a fait place à la morale de la victimisation. » (Chantal Delsol)

« Notre seul héros est l’homme d’ouverture, mais il doit être ouvert à tout, y compris aux plus grandes aberrations (sauf à la transcendance) … Le citoyen moderne, fils de la philosophie du soupçon, et qui soi-disant ne s’en laisse pas compter, avale béat d’admiration toutes les crétineries des média. » (Chantal Delsol) – Y compris les plus énormes mensonges.

« Le hacker, le surfeur, le raider, le borderline, le queer et quelques autres susceptibles de dénier les grandes différences instituantes de l’humanité sont des héros deleuziens… » (Dany-Robert Dufour) – Et des héros médiatiques.

« Il y a deux héros dans l’histoire de France pour lesquels j’ai toujours éprouvé une admiration et une tendresse particulière : Rivarol et le colonel Rossel, qui ont l’un et l’autre défendu des causes perdues sans y croire, en n’étant dupes de rien, par honneur, peut-être, et aussi par esprit de contradiction. Pour l’un, c’était la Commune, pour l’autre, la monarchie. » (Jean Dutourd) – La Commune de Paris, 1871. « Il faut savoir être minoritaire ; il faut savoir sombrer avec une cause perdue. » (François Taillandier) – Même, et peut-être surtout, si on ne croyait guère à cette cause ; par ultime dignité.

 « Je ne veux pas suggérer que toutes les idéologies et tous les idéaux sont des couvertures transitoires pour des pulsions violentes qui naissent dans les profondeurs de notre espèce. Il y a peut-être une distinction, et elle est très simple. Les vrais héros, ceux qui se sacrifient pour le bien de la collectivité … sont toujours des gens qui agissent à contrecœur. Ils meurent, mais ils préfèreraient ne pas mourir. Ils tuent, mais ils ne voudraient pas tuer … Ils sont toujours entraînés par les circonstances  … Le véritable héros est toujours un héros par erreur, son rêve serait d’être un honnête lâche comme tous les autres. S’il avait pu, il aurait résolu l’affaire autrement, sans effusion de sang. Il ne se vante, ni ne se repent … Ce sont les autres qui l’exploitent en en faisant un mythe… Au contraire … nous savons que nous devons nous méfier de ceux qui partent sur les chapeaux de roue, poussés par un idéal de purification par le sang, le leur et celui des autres mais plus souvent celui des autres. Ils sont en train de jouer un scénario animal. » (Umberto Eco)

 « L’héroïsation du quelconque. » (Alain Ehrenberg) – Le délire des média.

« Le chef de l’Etat a salué en Johnny Hallyday un ‘héros français’ » (Alain Finkielkraut) – Héros de l’incivisme fiscal, certainement.  L’inculte gamin E. Macron n’en est pas à une imbécillité près. Qu’en pensent les vrais héros : pompiers, colonel Beltrame, membres des forces spéciales…. ?

« La figure du perpétuel gagnant, nouvel héros de la modernité. » (Jean-Pierre Le Goff) – Chaque époque a les héros qu’elle mérite.

« Qui sont nos héros ?  Les présentateurs de télé, à la blancheur Colgate ? … Tapie-la-frime pour son génie de l’entreprise … Nous assistons à une effrayante inversion des valeurs, faux penseurs, savants bidons, chanteurs nuls, imposteurs en tout genre : il est dans la nature même du monde de l’image, c’est-à-dire du ‘paraître’, de propulser en avant les escrocs médiatiques, les ‘malfaiteurs des apparences’. » (Jean-Edern Hallier)

« ‘Les héros sont fatigués’, proclamait-on. .N’étaient-ce pas plutôt les spectateurs qui étaient fatigués des héros ? » (Jean-Edern Hallier) – On peut mettre au présent.

 « ‘Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre’, dit-on, s’il en est ainsi, j’ajoute (comme Goethe) ce n’est pas parce que celui-là n’est pas un héros, mais parce que celui-ci n’est qu’un valet. » (Hegel)

« Zidane ne remplace pas Jeanne d’Arc du jour au lendemain. » (Guy Hermet)

« La folie et le monde ne font qu’un, et qui mourut pour une erreur n’en reste pas moins un héros. » (Ernst Jünger) – Mais la société des vainqueurs, parée de la vérité, le tient pour un criminel.

« La coutume et l’usage furent toujours que le résultat vienne en dernier lieu et que, si l’on veut vraiment apprendre quelque chose des grandes actions, il faut justement prêter attention au commencement. Si celui qui doit agir veut se juger lui-même à partir du résultat, jamais il ne parviendra à commencer … On ne connaît le résultat que lorsque tout est terminé … On devient un héros parce qu’on commence. » (Kierkegaard)

« Le héros tragique renonce à lui-même pour exprimer le général (au sommet, l’universel) … Il renonce à son désir pour accomplir son devoir … Il exprime le général et se sacrifie pour lui. » (Kierkegaard)

«  ‘Héroïquement, nous combattons…’  dans les bulletins, ‘héroïquement’ fait penser à un éloge funèbre. » (Victor Klemperer)

« Ceux qui, abusés par le glamour de la Maison Blanche, idolâtraient Kennedy, confondaient héroïsme et célébrité. Leur toquade pour Kennedy… » (Christopher Lasch) – Confusion volontaire très fréquente. Par servilité des média et aux média, on décerne des qualités de héros à un personnage des plus ordinaires et même frelaté pourvu qu’il ait réussi et soit donc célèbre. Multiples exemples.

« Les nains détestent les héros qui leur rappellent qu’ils sont des nains … Seuls les nains n’ont pas besoin de héros. » (Alexandra Laignel-Lavastine) – Ou alors, ils vont les chercher à leur hauteur, dans le caniveau, préférentiellement dans le show-biz.

« Muni d’un téléphone portable et d’une connexion Internet, l’homme vertueux est invité à dénoncer les ‘dérapages’ de ses semblables et les crimes de ses supérieurs, les mauvaises blagues de ses voisins et les penchants coupables de ses élus … La machine à dénoncer tourne à plein rendement … Le héros de notre temps est une ‘balance’. » (Elisabeth Lévy) – Le majordome qui espionne une vieille dame pour la protéger… celui qui rapporte des propos privés un peu légers au prétexte de lutter contre le racisme… Certains prétendus lanceurs d’alerte…

« La grande originalité du libéralisme est d’avoir voulu éliminer totalement le héros. Car il part du principe que l’humanité entière est à l’écoute … Il a éliminé l’acteur … Il ne fait appel à aucun agent particulier pour  se charger de lutter contre le mal … Il se hisse au niveau de l’impersonnel pour échapper au problème humain » (Walter Lippman – Il s’agit du libéralisme américain équivalent de la gauche française et non pas du libéralisme économique)

  « Pas de héros sans auditoire. » (André Malraux)

« Le personnage appartient à l’imaginaire … Son action ne vient pas des résultats qu’il atteint, mais des rêves qu’il incarne et qui lui préexistent. » (André Malraux)

« Pour la ville d’Anne Hidalgo, le Colonel Beltrame aurait été ‘victime de son héroïsme’ comme d’autres sont ‘victimes de leur imprudence’ – ou pire : ’victimes de la barbarie nazie’… Est-ce donc que l’héroïsme serait une chose dangereuse et dont il faudrait se méfier, puisqu’il fait des victimes, à l’égal d’une idéologie sanguinaire ou du non-respect des règles de sécurité ? Prétendre qu’Arnaud Beltrame fut  ‘victime de son héroïsme ‘est un message fort : baissez la tête, courbez l’échine, suivez les consignes pour ne pas attirer la vindicte de ‘l’ennemi dont on ne doit pas prononcer le nom’ » – et surtout, surtout ne prononcez pas son nom, vous pourriez stigmatiser, vexer, et vous attirer l’infamante accusation de’ faire le jeu de’ … Eh bien oui, l’héroïsme est une chose dangereuse ! Une chose qui brise le carcan de la peur et du conformisme, une chose qui confronte les lâches à leur lâcheté, les menteurs à leurs mensonges, les traîtres à leur traîtrise. L’héroïsme et l’exemple de l’héroïsme sont incroyablement dangereux pour tous ceux qui voudraient le peuple résigné et soumis, perpétuellement prisonnier d’une culpabilité soigneusement entretenue et oublieux de ce que fut sa propre grandeur. L’héroïsme et l’exemple de l’héroïsme sont terrifiants pour tous ceux qui voudraient nous faire oublier que survivre n’est pas vivre … il est un héros, pas une victime. ‘Victime de son héroïsme’, seulement aux yeux de ceux dont la médiocrité est telle qu’ils sont incapables de comprendre ce que sont l’héroïsme et la grandeur. » (Aurélien Marq) – Sur la légendaire lâcheté de la gauche.

« La France ploie sous le nombre croissant de résistants (1946 et 1947 furent des millésimes exceptionnels), c’est fou comme les héros se manifestent bruyamment après les combats. »  (Thomas Morales)

« L’époque confond deux choses, le héros et la victime. » (François Marchand)

« De nos jours, on se bat. On se bat contre la maladie. On se bat contre la vieillesse. On se bat contre l’exclusion. On se bat pour la solidarité. On se bat pour les acquis. On se bat contre le chômage. On se bat contre la solitude. On se bat contre l’échec scolaire. On se bat contre le handicap. On se bat contre les préjugés. On se bat contre l’intolérance. On se bat pour faire bouger les mentalités etc. etc. » (Philippe Muray) – Que de héros méconnus dont l’existence est une lutte perpétuelle !

« L’héroïsme consiste à faire de grandes choses, sans se sentir en compétition avec d’autres ou avant d’autres. » (Nietzsche)

« Rassasiez vos âmes de Plutarque, et en croyant à ses héros, osez croire en vous-mêmes. » (Nietzsche) – « Nous vivons à une époque où le spectacle transmis par la télévision ne mène pas précisément au culte des grands hommes et où la dérision a remplacé l’admiration. » (Jean d’Ormesson) – Voir les émissions dites de divertissement, les talk show, où règne la vulgarité crasse.

« La première qualité d’un héros c’est d’être mort et enterré. » (Marcel Pagnol)

« Celui qui est désigné doit marcher. Celui qui est appelé doit répondre. C’est la loi, c’est la règle, c’est le niveau des vies héroïques, c’est le niveau des vies de sainteté. » (Charles Péguy)

« Il est plus facile d’être un héros qu’un honnête homme. Héros, on peut l’être une fois par hasard, honnête homme, il faut l’être toujours. » (Luigi Pirandello)

« La France n’a plus besoin de héros. » (Paul Ramadier) – L’idéal rad-soc maçonnique ?

« C’est, dit Bacon, un pauvre centre pour les actions d’un homme que lui-même … Des mortels d’élite … se croyant nés, suivant une parole stoïcienne, non pour eux, mais pour le monde entier. Ce furent ceux que les Grecs crurent enfants des dieux et qu’ils appelèrent des héros. La grandeur d’âme était le propre des héros … la grandeur qui consistait à s’élever au-dessus de soi-même comme de l’univers par un sacrifice de tout ce qu’on avait et de tout ce qu’on était … Le sort des autres les touchait comme le leur. Ils avaient conscience d’une force en eux … Ils se croyaient appelés, par leur origine, à délivrer la terre des monstres qui l’infestaient … Purificateurs, libérateurs … Dés l’origine, des hommes d’élite eurent la conscience qu’il y avait en eux une volonté par laquelle ils savaient se rendre indépendants des circonstances … Aspirant à l’infini et à la perfection, il leur était naturel d’y croire. Ils voulaient, ils espéraient, l’immensité et l’éternité non tant des choses que des âmes immortelles. » (Félix Ravaisson – sur l’origine, mythique ? des héros)

« Les héros admirés et adulés, l’homme le plus populaire de France n’est autre qu’une star du ballon rond, Zinedine Zidane, succédant d’une année à Yannick Noah. » (Robert Redeker)

« Le primat de la victime atteste un renversement : dans notre monde actuel, la victime devient le véritable héros … la mort en victime devenant, sur le même mode de la parodie inconsciente, la véritable mort héroïque. »  (Robert Redeker) – Lâcheté pleurnicharde

« Il est plus difficile d’être un honnête homme huit jours qu’un héros un quart d’heure. » (Jules Renard)

« A une grande vanité près, les héros sont faits comme les autres hommes. » (La Rochefoucauld)

« Un héros, c’est celui qui fait ce qu’il peut ; les autres ne le font pas. » (Romain Rolland)

« Notre misère, je ne la vois ni dans l’abandon des églises, ni dans l’abaissement de notre culture : je vois la preuve de notre carence spirituelle dans le fait que le héros moderne, le héros-type du XX° siècle, c’est le grand financier, le milliardaire, envisagé évidemment sous les aspects du plus faux romantisme, mais, admiré ou haï, envié toujours, pour ses sacs de bank-notes et ses carnets de chèques. » (Daniel-Rops – cité par Alain Ehrenberg)

« C’est seulement à mesure que les valeurs dont il a été le premier témoin obtiennent du crédit et constituent la morale régnante qu’il peut, considéré rétrospectivement, être considéré comme un héros moral. » (Max Scheler) – Sur les précurseurs s’avançant jusqu’à un point où la masse ne peut encore les suivre ; jusque là, ils risquent le lynchage.

Quelques caractéristiques de la notion de Héros développée par Max Scheler (héros civils plus que militaires) : « Type idéal de personne humaine, qui dans le centre de son être se voue au ‘noble’ … qui se consacre donc aux valeurs vitales pures (valeurs de développement, d’épanouissement), non aux valeurs vitales techniques … Concentration du vouloir, constance et assurance … homme de volonté et d’énergie … unifiant, dominant la vie passionnelle, la faisant servir continuellement à des buts de longue haleine avec le minimum de dispersion … Maîtrise de soi … Homme des réalités, il est celui qui réalise les idées dans la matière concrète du monde … Réaliste et praticien … Sens aigu de la responsabilité et désir d’étendre cette responsabilité … Hardiesse, courage, esprit de décision, combativité, audace … De type ‘expansif’ et non de type ‘captatif’, bienveillant et libéral. »

« Les héros sont comme les grands fleuves. Leur source est petite, ils grandissent en marchant. » (Louis-Philippe de Ségur)

« L’héroïsme n’affronte pas seulement des ennemis concrets, mais aussi des états de l’âme. » (Oswald Spengler)       

« Ce n’est pas à donner la mort, mais à la braver, qu’un héros attache la gloire. » (Vauvenargues)

« Nous vivons une époque étrange…  où l’on condamne la guillotine et où l’on exalte le bourreau, le terroriste, le guet-apens, le crime de guerre, la guerre civile, la guerre sans loi. Parce que, paraît-il, ‘c’est autre chose’. On va si loin dans cette préférence a priori qu’on exalte tout simplement la révolte pour la révolte. Ce qui est assez déconcertant. Car il faut alors approuver la révolte contre la révolte puisque c’est une révolte aussi. On fait des héros d’opérette avec des gens qui ont du sang jusqu’aux yeux. » (Alexandre Vialatte) – Pourquoi pas, puisque plus rien n’a de sens.

« Cette réaction contre la tendresse, ce rejet du jugement d’autrui, c’était un pas vers la solitude. Parce que j’ai eu peur, parce que j’ai eu honte, parce que j’ai été déçu, j’ai voulu jouer les héros indifférents. Quoi de plus seul qu’un héros ? » (Boris Vian)

« Les héros doivent mourir. L’humanité ne les mérite pas. » (Wagner)

« Mot du mousse breton au journaliste qui lui demandait comment il avait pu faire cela : ‘Fallait bien !’ Héroïsme le plus pur. On le trouve dans le peuple plus qu’ailleurs. » (Simone Weil)

« Cet éternel besoin de fabriquer des héros. » (Stefan Zweig)

« Quel est le vrai héros ? Celui qui a le plus de courage contre soi-même. » (proverbe)

« L’indispensable à tout héros : un ennemi. » (?)

Ce contenu a été publié dans 535, 08 - Héros , avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.