375,4 – Pouvoir, Commandement

– Contrairement à l’affirmation d’une ministre sinistre (à tous les sens du terme), un politique, fût-il sincère (espèce rare) n’a pas mission de réformer la société.

– Le pouvoir n’est jamais celui que j’exerce sur autrui, c’est toujours celui des autres.

– Il y a le pouvoir officiel et le pouvoir officieux. Les couples le savent depuis toujours. Comme ils savent que le pouvoir au quotidien est aux mains de celui (aujourd’hui, le plus souvent, celle) qui gère le domicile.

– L’influence des lobbies, des groupes de pression, des associations et comités de ceci et de cela, des braillards, des journalistes et des juges justiciers, du gang des inquisiteurs haineux de la police de la pensée et des organisations discrètes n’échappe qu’aux gogos.

– Ne pas confondre Puissance, diffuse, et Pouvoir, concentré, officiel. En France avant 1789, la puissance appartenait à la bourgeoisie, aux clubs, aux encyclopédistes. En Pologne dans les années 80, la puissance s’est manifestée sous la forme du mouvement Solidarnosc… Une phrase ironique et bien connue de Staline évoque involontairement cette distinction « Le pape, combien de divisions ? », oui, mais sans pouvoir, il représentait quand même une puissance, on l’a bien vu. Aujourd’hui, la puissance est dans les média.

– Le souci de tous les pouvoirs est d’empêcher des puissances incontrôlables  d’émerger ; d’où, par exemple, les mensonges et saletés officiellement et médiatiquement déversées sur les imposantes manifestations de 2012/13 sur la question du mariage pour tous, et leur répression autant qu’il était décemment possible

-« Disloquer et déprimer. » (Gilles Châtelet) – Plus efficace que réprimer, encore qu’en dernier ressort, il faille bien, hélas, songer à recourir au bon vieux gourdin

-Pas de domination politique sans domination culturelle ; pas de pouvoir sans puissance.

Sur le pouvoir, voir en finale de la rubrique 375, 1, des considérations diverses et mêlées sur l’Etat et/ou le Pouvoir tirées du livre d’Eugène Enriquez, Clinique du pouvoir, les figures du maître.

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« Il y a ceux qui sont au pouvoir et ceux qui voudraient y être. Les brutes qui sont en place et celles qui n’y sont pas encore. » (Raymond Abellio)

« Ce qui importe, ce n’est pas l’origine des pouvoirs, c’est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants. Un tyran peut être élu au suffrage universel, et n’être pas moins tyran pour cela. » (Alain)

 « Les pouvoirs élus ne valent pas mieux que les autres ; on peut même soutenir qu’ils valent moins. L’électeur ne saura pas choisir le meilleur financier, ni le meilleur policier. » (Alain) – Quant aux partis ! Rigolade générale.

 « ‘Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir’ … Il ne s’agit pas seulement de faire en sorte que la domination prenne le masque de l’obligation juridique, mais d’opérer une transfiguration, une conversion existentielle : de la contrainte au consentement, de la soumission à la reconnaissance. » (Myriam Revault d’Allonnes – citant J. J. Rousseau) – Voir tous les systèmes politiques.

«  Types de domination légitimes … Rationnelle est la domination fondée sur la croyance  en la légalité des règles instituées par le système – Traditionnelle est celle fondée sur la croyance en la sainteté de traditions éternellement valables – Charismatique est celle fondée sur la dévotion à l’égard du caractère sacré ou de la force héroïque ou de la valeur exemplaire d’une personne ou de l’ordre qu’il révèle ou qu’il crée. La validité de ces types de domination légitime tient à son etayage sur la croyance. » (Myriam Revault d’Allonnes) – Que reste-t-il de la possibilité de telles croyances aujourd’hui ?

« La concentration de pouvoir au sein d’une minuscule institution (l’ENA) … n’a probablement pas son équivalent dans le monde … La caste de gouvernement la plus hermétique qui soit dans le monde occidental … La consanguinité de cette oligarchie a inévitablement engendré une forte corruption. » (Perry Anderson)

« Le pouvoir et la violence s’opposent par leur nature même ; lorsque l’un des deux prédomine de façon absolue, l’autre est éliminé. » (Hannah Arendt) – La complète paix totalitaire ou le triomphe de la situation révolutionnaire.

« La bureaucratie est une forme de gouvernement où chacun est entièrement privé de la liberté politique et du pouvoir d’agir. » (Hannah Arendt – citée par Myriam Revault d’Allonnes)

« Ce qui est conforme à la nature, c’est que le pouvoir se distribue en une multitude de cités indépendantes les unes des autres. » (Aristote – La politique) – Ce type n’a rien compris aux vertus de la mondialisation.

« Il a plus les attitudes du pouvoir que les aptitudes. » (Jules Barbey d’Aurevilly- sur François Guizot)  – On reconnaîtra nombre de nos clowns (dont l’ineffable  jacques Chirac).

« Plus un pouvoir est faible sur le fondamental, plus il est inflexible sur les détails qui briment et humilient. » (Denis Bachelot – sur les Edouard Philippe et Emmanuel Macron)

« Plus on laisse les gens s’organiser d’eux-mêmes, plus un pouvoir politique est assuré de sa position et de sa stabilité. » (Jean Baechler) – Assurément, mais nous n’avons que faire de la stabilité, bien au contraire. De plus laisser les gens s’organiser d’eux-mêmes c’est se priver du plaisir et des profits de les contraindre, de les diminuer, de les aliéner.

« Le pouvoir perd ce qui faisait sa force dans les sociétés de tradition : être le gardien du sens, en étant lié à un ordre symbolique relativement stable par lequel le social est institué. »  (Georges Balandier)

« La trinité qui régit maintenant toutes choses :information, communication, technique … ce qui est en cause, c’est l’effacement du politique par le médiatique et l’abandon de la gestion au profit des seuls ‘compétents’, chargés de la gestion technique des problèmes … Le mal démocratique, aujourd’hui, c’est l’anesthésie cathodique de la vie politique … Gouvernante de l’arrière-scène, la ‘théâtrocratie’ … à cette ‘théâtralité’ à laquelle  les acteurs politiques doivent payer leur tribut quotidien … Déjà, la Florence de Savonarole soumise à la ‘dictature de la voix’ …  Le temps de la démocratie manifestante … Le mythe de l’unité, qu’il s’exprime par la race, le peuple ou les masses, devient le scénario régissant la théâtralisation politique qui reçoit son application la plus spectaculaire dans  la fête qui place la nation toute entière en situation cérémonielle … Tout pouvoir politique obtient finalement la subordination par le moyen de la théâtralité, plus apparente dans certaines sociétés que dans d’autres … La dramatisation ne disparaît pas avec les révolutions modernes, elles consacrent, elles commémorent et recherchent l’adhésion par le moyen du spectacle (Mirabeau prônant les  fêtes civiques, Danton leur contenu religieux, Robespierre et la régénération dans la fraternité) … La société ne  ‘tient’ pas par le seul moyen de la coercition, des rapports de force légitimes, mais aussi par l’ensemble des transfigurations dont elle est à la fois, l’objet et le réalisateur. » (Georges Balandier – Le pouvoir sur scènes) – Comme fêtes civiques nous n’avons plus que les diverses ‘prides’ et autres techno-parade.

« Le pouvoir faisait souhaiter, après la libération de tous les excès et l’effacement de toutes les limites, le retour au règne de la règle et du normal. A travers la fête médiévale des fous, ou ces formes appauvries qu’en sont les carnavals, effaceurs des différences sociales et des censures, le procédé a perduré. Il a maintenant d’autres équivalents ou substituts ; mais il conduit toujours à rendre manifeste et sensible la menace du chaos. » (Georges Bandelier)

« Le pouvoir est une action, et le principe électif est la discussion. Il n’y a pas de politique possible avec la discussion en permanence. » (Balzac)

« Ne cherchez pas le pouvoir aux Tuileries … Il s’est transporté chez les journalistes. » (Balzac – cité par Régis Debray) Déjà !

« Le nouveau pouvoir se veut culturel et intellectuel. Il ne veut plus être une puissance historique cynique, il veut être l’incarnation des valeurs. » – – D’où paradoxalement ses ambitions dictatoriales.  –  « Nous connaissions en gros, dans ces vingt dernières années, la promotion de l’économie comme gigantesque prothèse référentielle …  On nous propose  (impose) une autre convention collective : c’est la morale et la culture qui se matérialisent comme prothèses de gouvernement. » (Jean Baudrillard)

« Le pouvoir ne représente que la maîtrise de l’univers réel, alors que la séduction représente la maîtrise de l’univers symbolique. » (Jean Baudrillard) – Les propagandes manipulatrices connaissent bien l’importance de celle-ci pour agir sur le premier.

« Le pouvoir se perd, le pouvoir s’est perdu. Il n’y a plus tout autour de nous que des mannequins de pouvoir, mais l’illusion machinale du pouvoir régit encore l’ordre social. » (Jean Baudrillard)

« Vérité informulable et pourtant connue de tous, le pouvoir n’a plus les capacités de transformer la vie. » (Jean Baudrillard)

« Peut-être préférons-nous être dominés par des machines que par des hommes, peut-être préférons-nous une domination impersonnelle et automatique … Dessaisissement, indifférence sans illusion à une économie mentale proche de celle des machines ; elles aussi parfaitement irresponsables … Ce n’est pas un choix, il n’y a plus assez d’énergie pour cela. » (Jean Baudrillard)

 « La facilité étrange avec laquelle tous ces pouvoirs communistes se sont effondrés. Ils n’ont pas été vaincus : il a suffi qu’on y touche pour qu’eux-mêmes s’aperçoivent qu’ils n’existaient plus … Ils n’ont pas succombé à un ennemi externe, ni même à un ennemi interne (sinon ils auraient résisté), mais à leur propre inertie, profitant en quelque sorte de l’occasion pour disparaître (ils en avaient peut-être assez d’exister ?)… Le spectacle de ces pouvoirs qui implosent avec une telle facilité devrait faire trembler ceux de l’Ouest, ou ce qu’il en reste, car ils n’existent guère davantage … L’inexistence du pouvoir est certes moins visible à l’Ouest, à cause de sa haute dilution et de sa transparence qui lui permet de survivre. A l’Est, il était opaque, et à haute concentration, si bien qu’il a suffi d’une dose de plus pour le faire se liquéfier. » (Jean Baudrillard)

« La prise du pouvoir a généralement été interprétée par la population comme un aboutissement : ça y est, le travail est fait, tout le monde peut rentrer chez soi. » (Miguel Benassayag, Florence Aubenas) – Place aux apparatchiks !

« Tolstoï conte qu’étant officier et voyant, lors d’une marche, un de ses collègues frapper un homme qui s’écartait du rang, il lui dit : ‘N’êtes-vous pas honteux de traiter ainsi un de vos semblables ? Vous n’avez donc pas lu l’Evangile ?’ A quoi l’autre répondit : ‘Vous n’avez donc pas lu les règlements militaires ?’ Cette réponse est celle que s’attirera toujours le spirituel qui veut régir le temporel; Elle me paraît fort sage. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n’ont que faire de la justice et de la charité. » (cité par Julien Benda)

« Le bain de foule est devenu l’onction des nouveaux sacres. » (Emmanuel Berl)

« Plus je vieillis, plus je suis convaincu que la vieillesse a plus besoin que la jeunesse des postes, des places, des choses qui la distraient. Quand on est jeune, on peut encore aller rigoles, mais quand on est vieux, s’il n’y a pas de gens qui viennent vous demander des audiences, des signatures, des décorations, qu’est-ce qu’on est ? Plus rien. » (Emmanuel Berl) – Le pouvoir nécessaire à la vieillesse.

« Qu’en est-il, d’autre part, de ce fameux pouvoir que vous trouvez si  désirable et qui vous éblouit tant ? Mais, pauvres mortels, ne voyez-vous pas qui vous êtes et à qui vous croyez commander ? Si tu voyais dans une assemblée de rats, un seul d’entre eux revendiquer d’exercer des droits et une autorité‚ sur tous les autres rats, de quel éclat de rire ne tremblerais-tu pas de tout ton corps ?… (Boèce)

« Le ‘ressort’ et le ‘soutien’ le plus ‘secret’ de la tyrannie dans la mesure où il n’est même pas visible : c’est la chaîne des tyranneaux qui enferme dans son filet tout l’ensemble de la société … La tyrannie est fondée sur la dissémination du pouvoir ; se démultipliant dans ses effets, elle devient alors invisible. Le ressort de cette domination tient au désir, en chacun, quelle que soit la place qu’il occupe, de s’identifier avec le tyran, en se faisant maître d’un autre. La chaîne de l’identification est aussi celle de la servitude … L’établissement de nouveaux états, de nouvelles charges … fournir de nouveaux soutiens à la tyrannie. » (Etienne de La Boétie) – Tout pouvoir est tyrannique. Multiplication des comités, des autorités, des commissions, des conseils, des observatoires, des fonctionnaires, des élus, des interdits…

« Unité en tout … L’unité est indivisible, la division commence à deux … L’homme … s’éloignant de l’idée simple et vraie de l’unité et de l’indivisibilité du pouvoir, se perd dans les combinaisons laborieuses de la division et de l’équilibre des pouvoirs. » (Louis-Ambroise de Bonald) – Source de tous les arrangements, compromissions, marchandages et inefficacités…

« Je considère le pouvoir dans la société comme l’être qui a le ‘vouloir’ et le ‘faire’ pour la conservation de la société. » (Louis  Ambroise de Bonald) – Aujourd’hui, en Occident, ce serait plutôt pour sa destruction.

 « Le pouvoir, une fois écarté de son principe qui est l’unité, a une tendance irrésistible à se diviser sur tous les membres de la société … Lorsqu’il n’y a plus de pouvoir général dans la société, chaque membre de la société tend à exercer son pouvoir particulier … Et il n’ y a plus de société parce qu’il n’y a plus de pouvoir général. » (Louis Ambroise  de Bonald)

« ‘Nul ne sait user de la puissance, que celui qui la sait contraindre’ ; celui-là sait maintenir son autorité, qui ne souffre ni aux autres de la diminuer, ni à elle-même de s’étendre trop ; qui la soutient au dehors et qui la réprime au-dedans. » ((Bossuet – citant saint Grégoire)

« La puissance est le principe le plus ordinaire de l’égarement ; en l’exerçant sur les autres, on la perd souvent sur soi-même, elle est semblable à un vin fumeux qui fait sentir sa force aux plus sobres. » (Bossuet)

« Le pouvoir politique s’inspirant de Bodin, il ne peut être efficace que s’il est concentré – Le pouvoir politique selon Montesquieu et la ‘séparation des puissances’. » (Raymond Boudon) – Vieux débat. Et, quoi qu’on prétende, qui  est loin d’être fini.

« ‘Il faut que tout change pour que rien ne change.’ (Le Guépard) – ‘Changer pour conserver’ ou la loi de sa perpétuation pour une fraction de la classe dominante pratiquant le conservatisme progressiste, le langage de l’optimisme de la croissance, du progrès, celui de la nécessité de l’évolution, de la ‘volonté’, de ‘l’effort’, du ‘choix’, du ‘courage’, de la ‘discipline’ … La bourgeoisie intelligente  a tiré les leçons du passé, les leçons de ses échecs historiques, elle sait qu’à vouloir tout conserver, on risque de tout perdre … Pratique du discours neutre qui s’engendre ‘naturellement’ dans la confrontation d’individus appartenant à différentes fractions et prélevés dans la fraction de chaque fraction la plus disposée à entrer en communication avec d’autres fractions, réunissant dans des lieux neutres les intellectuels les plus proches du champ du pouvoir, les plus intellectuels des patrons, les plus libéraux des conservateurs et les plus raisonnables des progressistes. » (Pierre Bourdieu, Jean-Luc Boltanski) – Quand François Hollande clamait pour se faire élire : Le changement c’est maintenant, il se mettait explicitement au service de la bourgeoisie éclairée, ce qu’elle a parfaitement compris.

 « Pour ratisser large, il ne faut pas pratiquer la simplicité … Pour conquérir le pouvoir et pour le conserver, la cohérence n’est pas forcément la qualité la plus efficace … Compliquer pour arriver au pouvoir : promesses mirifiques et mesures  catégorielles … Compliquer pour montrer que l’on a un peu de pouvoir (la complication est en général proportionnelle au nombre de députés, qui veulent soit servir quelque catégorie, soit même plus simplement montrer qu’ils existent) … La complication, revanche des techniciens (hauts fonctionnaires) comme également assurance pour eux contre quelque ingratitude, créer un enchevêtrement de textes (déjà obscurs et contradictoires en eux-mêmes) … Compliquer pour dominer, et obtenir la servilité, ces fatras d’avantages fiscaux représentent la tentative dérisoire que font les hommes politiques régnants pour donner l’impression qu’ils gouvernent. » (Jacques Brichot – Le labyrinthe, compliquer pour régner) – « Cessez d’emmerder les Français. » (Georges Pompidou – s’élevant contre le délire législatif) – Oui, mais si on ne les emmerde pas, ils auront le temps de réfléchir, de s’apercevoir de certaines magouilles (c’est là un euphémisme)  – Cette perversion qu’est l’inutile complication, n’est pas réservée aux pouvoirs publics. Le privé sait faire également.

« Ce corporatisme (de la grande bourgeoise à la petite ouvrière) permettant à quelques-unes de parler au nom  de toutes les autres et d’exercer un pouvoir idéologique … De justifier un pouvoir qui aujourd’hui n’est plus seulement idéologique … Corporatisme, dont le but inavouable est le rétablissement de l’ordre moral … Et c’est toujours par l’angélisme, à partir de cette blancheur-là qu’on fabrique censeurs, tueurs et flicaille en tout genre. » (Annie le Brun – sur les néoféministes)

« Il n’y a pas de pouvoir entièrement fondé sur la contrainte : le consentement est toujours le principal … Les sources et les formes de pouvoir son multiples … Depuis Max Weber, on les range sous trois rubriques principales. – Le pouvoir légitime … s’appuie sur une tradition. La naissance y destine. Un prestige irrationnel y est attaché … Société communauté organique admettant une sorte d’autorité paternelle – Le pouvoir fonctionnel … attaché à la fonction, définie par la loi ainsi que ses prérogatives, ses devoirs et ses limites … confié pour un temps limité … en principe au plus compétent … Sociétés de type contractuel – Le pouvoir charismatique … attaché à la personne du chef … répondant mystique du groupe … Sans contrôle, vient de la faveur populaire et ne repose que sur la fascination qu’il exerce … Société en mouvement, association d’hommes réunis par une ambition identique dans la poursuite   d’une entreprise commune (Adolf Hitler, au moins à ses débuts). » (Roger Caillois)

« Au pouvoir s’associe l’idée de quelque chose de proche, de présent. C’est une force, plus immédiate que la puissance. Le chat qui tient la souris exerce le pouvoir, le chat qui joue avec elle tout en la gardant sous contrôle, exprime la puissance … La puissance de Dieu s’étend sur tout croyant, mais il n’exerce pas son pouvoir d’intervention … Une caractéristique notable de la puissance est la rapidité. » (Elias Canetti – simplifié)

« Je n’ai jamais encore entendu parler d’un homme qui ait attaqué la puissance sans la vouloir pour lui. » (Elias Canetti)

« Le pouvoir se définit de préférence comme ayant la mission de coiffer la masse qu’il dirige, citoyens ou sujets, plutôt que d’exprimer attentivement leurs vues. » (Colette Capitan)

« Le désir de pouvoir ne tolérait pas une quelconque réalisation possible. La caractéristique et l’essence de la volonté de puissance résidaient dans son aspect inépuisable … Elle conduit nécessairement à la corruption ainsi qu’à la destruction dès lors qu’elle l’emporte sur les autres désirs … La soif ardente, avide de posséder toujours plus … Cet appétit pour le toujours plus excédait et détruisait toute mesure. » (Ernst Cassirer – reprenant Platon – La République) – S’adapterait aussi bien à l’avarice.

« Les indigènes eux ne fonctionnent guère en somme qu’à coups de trique, ils gardent cette dignité, tandis que les blancs, perfectionnés par l’instruction publique, ils marchent tout seuls. » (Louis-Ferdinand Céline)

« Toute autorité repose sur une adhésion. Proudhon dit même qu’elle est ‘matière de foi’ et qu’elle a pour fondement une ‘croyance’. Un accord spirituel donne seul, finalement, à l’exercice d’un pouvoir sa légitimité. » (père Michel de Certeau)

« Un leader, aujourd’hui, c’est quelqu’un qui donne du sens … C’est quelqu’un qui inspire plus qu’il ne fait. » (Pierre-André de Chalendar)

« Ce ne sont jamais les forts, ce sont les faibles qui visent au pouvoir et y atteignent, par l’effet combiné de la ruse et du délire. » (Emil Cioran)

« Autorité et pouvoir … Le second se révèle impotence arbitraire lorsqu’il en vient à ne plus refléter l’autorité qui, précisément, en autorise l’exercice par la transcendance qu’elle suppose et à laquelle il se réfère – en démocratie, ‘le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple’. » (Jean-François Colosimo) 

« A quoi ça sert le pouvoir si c’est pour ne pas en abuser ? » (Coluche)

« Tout pouvoir, de quelque nature qu’il soit, en quelques mains qu’il ait été remis, de quelque manière qu’il ait été conféré, est naturellement ennemi des lumières … La vérité est à la fois l’ennemie du pouvoir et de ceux qui l’exercent. » (Condorcet)

« Quand le gouvernement  repose sur la vertu et que l’ordre est assuré par les rites, le peuple acquiert le sens de l’honneur et se soumet volontiers. » (Confucius)

« Qui ne sait se gouverner soi-même, comment pourrait-il gouverner les autres ? » (Confucius) – Confucius pensait-il d’avance à François Hollande président, sur son scooter allant voir sa maîtresse en catimini ?

« Le pouvoir appartient aux plus ‘apparents’ … L’homme politique ne devient pas le plus apparent parce qu’il a accumulé les mandats électifs, il est élu parce que sa capacité à communiquer lui a permis d’être le plus apparent. » (Jean-Marie Cotteret) – Au sens médiatique.

« L’une des dérives des sociétés actuelles consiste à estimer que le pouvoir et le prestige donnent droit à l’argent, alors qu’ils étaient jadis considérés comme suffisants en eux-mêmes. » (Marc Crapez)

« Le pouvoir de A sur B est la capacité de A d’obtenir que B fasse quelque chose qu’il n’aurait pas fait sans l’intervention de A. » (Robert Dahl – cité par Michel Crozier – meilleure définition du Pouvoir)

« La hiérarchie des pouvoirs ici-bas se réduit à une question simple : qui a la trouille de qui ? » (Régis Debray)

– « Le vieux monde normalisait, le nouveau polarise. Sensoriel et velouté. Il ne dicte plus, il électromagnétise. Il ne verrouille plus, il formate. La mouvance plutôt que la motion, la gouvernance, non le gouvernement, la guidance, non la tutelle, la sous-traitance, non la subordination. Et la dominance – informationnelle, économique, culturelle. Mots obscènes à proscrire : envahir, occuper, imposer, subjuguer, commander, exclure, asservir…Nos leaders se fatiguent à transformer leur impérialisme en secourisme. » (Régis Debray)

« Un homme de pouvoir se reconnaît à ceci qu’il est physiologiquement incapable de reconnaître qu’il s’est contredit, déjugé ou renié, ou encore qu’il nous a possédés, ou encore qu’il a menti. Il est d’un bloc et restera entier jusqu’à son dernier souffle. » (Régis Debray)

 « La tribune d’où la parole retentit le plus fort et porte le plus loin ; d’où le maître du discours peut interpeller les princes d’égal à égal … Le lieu où l’asymétrie est la plus grande entre l’émetteur et le récepteur de messages, tel est le lieu du pouvoir … Vous pouvez être sûr d’y trouver les ‘grands intellectuels’ du moment. Les plus en vue et les plus écoutés, car ce lieu combine la visibilité sociale la plus élevée à la meilleure résonance. C’était en 1680 la chaire du prédicateur ; en 1750, la scène du théâtre ; en 1850, l’estrade du professeur ; en 1890, le barreau de l’avocat ; en 1930, la une d’un quotidien ; en 1960, la rédaction en chef d’un ‘news-magazine’ ; en 1980, la production d’une émission de télévision … Chaque système de domination politique a ses porte-voix et son enceinte privilégiée. » (Régis Debray)

 « Un régime de domination qui marche à la communication marche à l’intelligentsia. Il place donc celle-ci sur le plus haut piédestal possible … La surévaluation des intellectuels par la société bourgeoise est une nécessité fonctionnelle du système. » (Régis Debray) – Mais aujourd’hui les prétendus intellectuels ne font que dissimuler la vraie intelligentsia du pouvoir que sont les possesseurs des moyens de communication.

« Les convives parasites du pouvoir, admis à la curée des charges, au festin des places, au partage des honneurs. » (Alexandre Dumas)

« ‘Il est du devoir des princes et des chefs d’une république de maintenir sur ses fondements la religion qu’on y professe ; car alors rien de plus facile que de conserver son peuple religieux, et par conséquent bon et uni’ (Machiavel) … Face à l’affadissement (des croyances religieuses), les sociétés, ou du moins ceux qui avaient la charge de leur direction et de leur gestion ont réagi en organisant des cérémonies cherchant à remplacer les pratiques cultuelles et à maintenir sous l’influence du pouvoir la masse des sujets et des citoyens : c’est ce que nous appelons la ‘théâtralisation du politique’ … Ce jusqu’à la médiatisation de la ‘guerre du golfe’ donnée pour une lutte des Nations unies contre une dictature … La Révolution française s’est théâtralisée en organisant de grandes fêtes (qui nous paraissent aujourd’hui sublimes et ridicules) … Faire revivre théâtralement l’événement fondateur dont la société, l’Etat ou un groupement se réclame … La théâtralisation totalitaire : ‘est-il vraiment possible de remplacer la société civile par cette fusion délirante ? (question à propos des grandes fêtes nazies), de remplacer l’ancienne solidarité nationale d’antan par des cérémonies à fonction unificatrice … Actuellement, nous subissons un réenchantement du monde par les médias, par l’hystérie propagandiste des médias occidentaux. … Manichéisme permanent … Théâtraliser, c’est aussi faire oublier ce qui est derrière la scène. »  (d’après Jean Duvignaud)

 « La démocratie a presque toujours été analysée sans intégrer le phénomène du pouvoir, auquel elle ne peut échapper puisqu’elle est une forme de gouvernement, politique par définition … Le pouvoir est toujours abstrait, il n’est jamais nommé comme tel. » (Alain Etchegoyen) – L’évoquer serait contredire la farce qui consiste pour les politiciens à faire croire qu’ils sont comme tout le monde, et au service de tous.

« Un prince chrétien ne sera jamais plus, quoi qu’il en ait, ce qu’avait idéalement à être un prince avant Jésus. Parce que la place du parfait médiateur est prise et que nul après la venue du dieu-homme ne pourra plus prétendre occuper en vérité le lieu-charnière où se conjoignent en un corps nature et surnature … On ne peut plus être à la fois roi et prêtre, empereur et pontife … gérer les affaires terrestres et administrer les choses célestes. » (Marcel Gauchet)

« Quand l’individu ne veut pas exercer le pouvoir lui-même, et très majoritairement il ne le veut pas, il veut au moins que ce pouvoir soit fortement identifié et qu’il soit pleinement exercé, de manière personnifiée. Or nos gouvernants actuels donnent une image de faiblesse profondément frustrante au regard de cette demande. » (Marcel Gauchet) – C’est même peu dire, impuissance, négligence, lâcheté conviendraient mieux.

« Le commandement ne va pas sans mystère et sans éloignement. » (Charles de Gaulle)

« Les plans du pouvoir ne correspondent pas à la réalité, encore moins la reflètent-ils puisque le pouvoir tient justement à faire plier la réalité jusqu’à ce qu’elle réponde aux plans. » (André Glucksmann)

« Arriver à avoir un comportement tel que la personne puisse oser vous contredire. » (Jean-Pierre Le Goff – sur le vrai pouvoir de commandement et son exercice)

« Le pouvoir ne cherche plus à régler ses actions sur la sagesse, la vertu, la foi, la gloire ou l’idéal, mais il gouverne selon des calculs : calcul des richesses, des facteurs de risque, des relations et des opinions, de leur optimisation… » (Roland Gori)

« L’allégorie du ‘Centaure machiavélien’, cet être mi-homme mi-cheval en qui Machiavel et Gramsci après lui voient une représentation de la nature bifide du pouvoir, symbolisant l’alliance de la ‘force’ et du ‘consentement’ … Exercer une hégémonie sur un groupe suppose de prendre en considération et même d’assouvir, dans une certaine mesure, ses intérêts matériels. » (résumé d’Antonio Gramsci par un autre auteur) 

« Pour diriger vraiment ce qui se meut, il ne faut pas être entraîné soi-même dans le mouvement. » (René Guénon) – Allez dire cela à nos  hystériques politicards.

« Les pouvoirs publics initient des politiques qui ne sont pas des réponses à une ‘demande sociale’ mais d’abord une réaction à une ‘demande médiatique’. » (Christophe Guilluy)

« Le bornage du pouvoir est le plus important des problèmes de l’ordre social … L’effort de cantonnement cessa lorsqu’on vint à croire, à tort, que le contrôle démocratique sur l’exercice du pouvoir fournissait une garantie suffisante contre sa croissance excessive. » (Friedrich von Hayek)

« Le pouvoir intellectuel et spirituel traditionnellement assumé par ceux qui, accomplissant en eux le grand mouvement d’auto-accroissement de la vie, se donnaient pour tâche de le transmettre à d’autres en une répétition possible, ce pouvoir a été arraché aux clercs et aux intellectuels par de nouveaux maîtres qui sont les serviteurs aveugles de l’univers de la technique et des médias, par les journalistes et les hommes politiques. » (Michel Henry)

« La protection est l’archétype de la domination. » (Max Horkheimer)

« Le principal ressort du pouvoir, religieux ou politique, secréter la culpabilité dont il prétend nous libérer. » (Roland Jaccard)        

« Le principal ressort du pouvoir, politique, religieux, secréter la culpabilité dont il prétend nous libérer. » (Albert Jacquard)

« Max Weber distingue trois types de pouvoir légitime : – Le traditionnel (l’on croit à la sainteté de traditions toujours valables) – Le rationnel (l’on croit à la légalité d’un système constitutionnel et du gouvernement qu’il établit) – Le charismatique (l’on croit à la sainteté, à la vertu héroïque ou à l’excellence d’un homme) … Un prince investi par la tradition, des autorités désignées par la loi, un chef qualifié par son prestige. » (Karl Jaspers)

« Le pouvoir est une beauté qui fait aimer aux femmes la vieillesse même. » (Joseph Joubert)

« Aimer, c’est renoncer au pouvoir sur autrui … Le bien est un renoncement au pouvoir. » (Jacques Julliard)

« Il ne faut pas s’attendre à ce que les rois philosophent ou que les philosophes deviennent rois parce que la possession du pouvoir corrompt inévitablement le libre usage de la raison » (Emmanuel Kant)

La théorie des deux corps du roi. « Le roi possède un corps terrestre et mortel, tout en incarnant le corps politique et immortel, la communauté constituée par le royaume. La double nature, humaine et souveraine, du ‘corps du roi’. » (selon Ernst Kantorowicz)

« Toute vision large suppose en première ligne un certain éloignement. Seul le principe de distance, opposé à celui d‘intimité, rend possible le commandement. » (Hermann von Keyserling)  – Ne pas s’étonner alors de l’impuissance de nos politiciens. 

« Quand le pouvoir économise l’usage de ses armes, c’est au langage qu’il confie le soin de garder l’ordre opprimant. » (Mustapha Khayati – cité par David Bosc)

« Le pouvoir est la possibilité de contraindre les hommes à faire quelque chose ou à s’en abstenir. Sur le fond … on trouve toujours la force et la violence … même si le pouvoir en tant que tel ne s’identifie pas avec elles. » (Karel Kosik)

« Partout où le pouvoir se déifie il produit automatiquement sa propre théologie. » (Milan Kundera)

« Il n’y a qu’un moyen de se hisser au pouvoir, c’est de crier : ‘Peuple, on te trompe !’ » (Louis Latzarus)

« Incorporé dans le prince, le pouvoir donnait un corps à la société … En regard de ce modèle, se désigne le trait révolutionnaire et sans précédent de la démocratie. Le lieu du pouvoir devient un lieu vide … Son exercice (du pouvoir) est soumis à la règle d’une remise en jeu périodique … au terme d’une compétition réglée … Ce phénomène implique une institutionnalisation du conflit … Le lieu du pouvoir se révèle infigurable. » (Claude Lefort) 

« Tout exercice du pouvoir à long terme, en particulier dans le domaine démographique, ne peut être autre chose que le pouvoir des générations qui précèdent sur celles qui suivent … Chaque nouvelle génération exerce un pouvoir sur celles qui lui succèderont ; et chacune résiste au pouvoir de ses prédécesseurs et le limite dans la mesure où elle modifie l’environnement dont elle hérite et se rebelle contre la tradition … Tout nouveau pouvoir conquis par l’homme est aussi un pouvoir sur l’homme … Le pouvoir qu’a l’homme de faire de l’espèce humaine ce qui lui plaît est en fait le pouvoir qu’ont certains hommes de faire des autres ce qui leur plaît. » (C. S. Lewis) – Cet aspect du pouvoir, son incidence sur les hommes à venir : le conditionnement qu’il opère sur le futur est bien connu en matière d’environnement, d’écologie de la nature ; il n’est absolument pas perçu en matière de mœurs, de conception, contraception, par exemple…

« A la manière dont elle voyait qu’on se déconsidérait à Versailles, devinant la révolution, elle me disait : ‘les souverains sont donc las des trônes’. » (prince de Ligne – citant la clairvoyance de sa tante) – Nos présidents de la république sont donc si las de leurs fonctions pour se saisir de la moindre occasion de se déconsidérer dans des propos, entretiens, vidéos d’une vulgarité écœurante. Il ne semblerait pourtant pas à voir leur avidité pour reconduire leurs privilèges. 

« La méfiance qui prévaut dans la tradition musulmane, comme dans la tradition protestante, à l’égard d’une autorité religieuse centralisatrice est légitime et démocratique ; mais elle a un effet secondaire calamiteux ; sans cette insupportable autorité centralisatrice, aucun progrès n’est enregistré de façon irréversible ; les mêmes controverses reviennent encore et encore concernant le licite et l’illicite, le pie et l’impie ; en l’absence d’une autorité suprême, aucune ‘avancée’ n’est validée une fois pour toutes, aucune opinion émise au cours des siècles n’est marquée comme obsolète. Chaque pas en avant est suivi d’un pas en arrière. La porte est constamment ouverte à toutes les surenchères, à toutes les virulences, comme à toutes les régressions (thèses créationnistes extrêmes de milieux américains évangélistes…) … L’autorité papale a admis que la Terre était ronde et tournait autour du soleil, elle ne condamne plus Darwin, elle sévirait si l’un de ses évêques s’amusait à interpréter les textes sacrés de manière étroitement littérale comme le font certains ulémas d’Arabie ou certains prédicateurs évangélistes d’Amérique. » (Amin Maalouf)

« Les hommes changent volontiers de maître s’ils croient y gagner. »  (Machiavel – Le Prince)  – D’où l’instabilité des démocraties.

« Le prince naturel a moins de motifs et de nécessité de maltraiter ses sujets … L’ancienneté et la continuité d’une domination effacent le souvenir et les raisons des dominations ; toujours en effet un changement laisse des pierres d’attente pour en édifier un autre. » (Machiavel – Le Prince.

« Du moment où on peut lui résister sous prétexte d’erreur ou d’injustice, il n’existe plus. » (Joseph de Maistre – sur le pouvoir)

« Le pouvoir se définit par la possibilité d’en abuser. » (André Malraux) 

« Le fait du pouvoir pur et simple devient le vrai dieu de l’époque, et, au fur et à mesure que ce pouvoir s’accroît, la soumission de la pensée au fait s’accentue. » (Herbert Marcuse)

« Le pouvoir en France, qu’il soit monarchique ou populaire, a toujours eu le goût des médiocres. L’intelligence y fut toujours redoutée. » (François Mauriac)

« Napoléon personnifie la réponse ironique et dure des militaires aux songes littéraires du XVIII° siécle. » (Charles Maurras) – Du temps où en Occident il n’y avait pas que des larves

« Si diviser pour régner est une maxime, il ne faut pas se diviser, soi, mais s’inspirer des éternelles lois de la force et de la puissance. L’égalité sera pour la masse du peuple ; mais la différenciation, l’organisation, la hiérarchie joueront … un peu secrètes, mais puissantes, au profit du petit nombre dans lequel le pouvoir aura choisi ses agents. » (Charles Maurras) – C’est bien le seul conseil de Maurras que suivent nos gugusses, surtout en ce qui concerne le secret de leurs arrangements et manipulations.

« La révolution s’était accomplie dans les profondeurs de leur mentalité : depuis que le philosophisme les avait pétris, ce n’étaient plus eux qui régnaient ; ce qui régnait sur eux, c’était la littérature du siècle. Les vrais rois, les lettrés, n’avaient donc qu’a paraître pour obtenir la pourpre et se la partager. » (Charles Maurras – L’avenir de l’intelligence – sur Louis XVI et ses successeurs) – C’est du Gramsci  sur la prise du pouvoir politique par le culturel.

« A partir du moment où le pouvoir qui est établi s’appuie sur, a pour référence, sa propre force et ne cherche à défendre rien d’autre que son existence en tant que pouvoir, son statut de pouvoir, nous sommes dans la barbarie. » (Charles Melman)

« La puissance scientifique et technique dont les hommes disposent désormais donne à de plus en plus d’entre eux un pouvoir de domestication, de sélection et d’action qu’ils n’ont pas cherché à avoir et qu’ils répugnent même parfois à exercer … Médecins, enseignants, psychologues, éducateurs et rééducateurs de toutes sortes, responsables de tous niveaux qui ont à faire des choix d’orientation, de traitement, d’interventions, de recrutement, de licenciement, de réforme, d’attribution … et aux couples procréateurs eux-mêmes qui ont à faire des choix sur leur descendance … Et (les normes de sagesse et de mesure adossées au principe de réalité ayant disparues), le régime démocratique de notre existence complique encore une situation compliquée par l’élargissement de nos pouvoirs. »  (Yves Michaud – interprétant Peter Sloterdijk)

« Chacun sait, à l’exception, peut-être, des militants eux-mêmes, que l’univers des partis, des syndicats, des associations n’est pas mieux protégé qu’un autre, et peut-être moins bien, contre les luttes de pouvoir et les conflits d’ego. » (Jean-Claude Michéa) – Là, ceux qui ont un peu bourlingué savent qu’on règle des comptes, imaginaires, au couteau, plus toutes les perversions humaines qui s’y donnent libre cours.

« Toute politique est une lutte pour le pouvoir ; or le pouvoir sous la forme ultime, c’est la violence. » (C. W. Mills)

« Commander, c’est d’abord parler aux yeux. » (Napoléon Bonaparte)

 « On est plus sûr d’occuper les hommes par de absurdités que par des idées justes. » (Napoléon Bonaparte) – Voilà une leçon qu’ont  retenu nos brillants dirigeants. 

« Mais un Etat ne requiert point uniquement l’exercice des forces brutales de ses juges, de ses militaires, de ses fonctionnaires, de ses policiers. Il requiert encore des moyens plus subtils de domination. Il n’est pas toujours nécessaire d’abattre par la force des adversaires déclarés : on peut les persuader d’abord. C’est pourquoi le pouvoir répressif est doublé par le pouvoir  préventif … C’est pourquoi un Etat bien fait s’adjoint des organes du pouvoir spirituel … Les désordres que la puissance spirituelle n’a pas arrêtés par la persuasion, la puissance temporelle les doit réprimer par la force. » (Paul Nizan)

«  Le parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir. Il ne recherche ni la richesse, ni le luxe, ni une longue vie, ni le bonheur. Il ne recherche que le pouvoir, le pur pouvoir. » (George Orwell – 1984)  – Et là est le grand péril, il n’y a plus aucune prise.

« Toutes les idéologies en vogue ces douze dernières années, le communisme, le fascisme et le pacifisme sont en définitive des formes d’adoration du pouvoir » (George Orwell) – « La fascination de l’intellectuel pour la puissance, pour le pouvoir,  provient de l’intuition qu’il va en devenir le prochain maître. » (Bruce Bégout)

« De tous les maîtres qu’il peut avoir, le pire, selon La Boétie, ce n’est point celui qui règne par droit de conquête et qui abuse sans scrupule de son butin ; ce n’est point non plus celui qui a reçu son temple comme un héritage et qui le traite en naturel esclave ; c’est celui qui ‘a le royaume par l’élection du peuple, à qui le peuple a donné l’Etat’. Il est pire, dit La Boétie, parce que résolu à ne ‘point bouger’ du sommet où l’on l’a mis, et décidé ‘à rendre à ses enfants la puissance que le peuple lui a baillée’ … Sa tâche est plus difficile que celle des autres ; aussi est-il réduit à l’exécuter avec plus d’énergie et plus de violence. » (Prévost-Paradol – citant, s’inspirant, de La Boétie) – Il s’agit de régimes qu’il est possible de rendre héréditaires ; voir Cromwell, Napoléon partiellement.

« La conquête du pouvoir passe aujourd’hui par la référence à la bonté, aux ‘contrats de solidarité’, aux lois ‘anti-racistes ‘ou à la défense des droits de l’homme. » (Perrot, Rist et Sabelli) – Postures incantatoires permettant de masquer l’impuissance sur l’économie et la sécurité. Ravissement des imbéciles.

« Il n’est pas possible de bien commander si on n’a pas commencé par servir correctement. » (Plutarque – reprenant Platon)

« A leurs yeux (les nouveaux maîtres du monde : dirigeants d’audiovisuels, de communication, du numérique, des fonds d’investissement…) le pouvoir politique n’est que le troisième pouvoir. Il y a d’abord le pouvoir économique, puis le pouvoir médiatique … Et quand on possède ces deux-là, s’emparer du pouvoir politique n’est plus qu’une formalité. » (Ignacio Ramonet)

« L’hypertrophie des organes de commandement et d’administration au sein des sociétés modernes signale moins une entreprise accrue du personnel dit dirigeant sur le cours des événements, que les efforts extraordinaires qui doivent être déployés pour que ce personnel garde un semblant de maîtrise sur ce qui arrive. » (Olivier Rey)

« Passions sans objet concret, comme le sont en définitive toutes les passions, le goût du pouvoir et celui de l’argent ne veulent en aucun cas entendre parler de bénéfice réel … Désir d’aucune chose réelle. » (Clément Rosset)

« Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou. » (Claude Roy)

« A Moscou, à Prague, à Pékin, à Budapest, à Cuba… la richesse ne donnait pas le pouvoir mais le pouvoir donnait la richesse. » (Claude Roy) – Parce qu’il en irait autrement à Paris ?

« Faire croire aux autres que l’on sait, est la clé de toute conquête du pouvoir par une classe ou un clan (ou un parti) … Mais il faut que ce savoir supposé, dans la classe dirigeante ou en passe de l’être, soit à la fois visible, manifeste et invisible, qu’il soit montré et caché en même temps aux yeux des gouvernés et dirigés … Il faut ‘savoir que le Savoir supérieur existe chez les dirigeants’. Mais il faut qu’ils ne le partagent pas complètement sans quoi le charme serait rompu. … C’est  pourquoi les classes dirigeantes se réservent des arcanes … Vocabulaire imposant, technicité hérissée, fils barbelés pour écarter les profanes, difficulté d’initiation… »  (Raymond Ruyer)

 « La force du sceptre dépend de l’encensoir. » (marquis de Sade) – Tout pouvoir dépend de la complicité, sinon de la servilité des média. C’est une grande simplification que de fusionner les deux.

« Le pouvoir n’échoit qu’à ceux qui le prennent, non à ceux qui, en bons scouts, sont ‘toujours prêts’ à y être appelés. » (Michel Schneider) – Ce pourquoi, de tout système de primaires ne peuvent sortir que des médiocres.

« Exercé par des hommes qui se réfugient dans les modes les plus archaïques, les plus maternels de l’autorité, le gouvernement des hommes s’est mis à ressembler à l’éducation des élèves ou au soin des malades … Le pouvoir est devenu maternel … L’Etat est aujourd’hui substantiellement matriarcal (agissant selon des buts et au nom de valeurs maternels) … C’est par blague ou mauvaise foi que l’on impute au paternalisme…» (Michel Schneider) – Pères et paternalisme ont disparu depuis longtemps, tués.

« Ce fonctionnement du gouvernement du peuple à base de familiarité et de connivence, cet ‘entre nous’ où le citoyen est traité en enfant, oublient, ou veulent faire oublier, que le pouvoir n’est pas là pour être aimé, mais pour être obéi. » (Michel Schneider) – La bassesse des sondages du type : le ministre… le plus aimé.

« Première de ces puissances : les média. Leur magistère moral, magistère autoproclamé, est dénué de toute légitimité électorale – Deuxième puissance dictatoriale, les sondages, qui entraînent la quête forcenée de l’image – Troisième puissance court-circuitant désormais les autorités traditionnelles, Internet et l’extension foudroyante des tweets et des blogs qui offrent  à chacun la faculté de dire ce qui lui passe par la tête. » (Jean Sévillia) – A ces limites et freins à l’autorité et à la légitimité des électeurs comme des élus, on peut rajouter l’autonomie de juges non élus, excités et politisés, qui se prennent pour des justiciers au-dessus de tous.

« Le pouvoir vient d’en haut et la confiance d’en bas. » (Abbé Siéyès)

« A partir du moment où l’homme s’arroge un pouvoir sur absolu sur toutes les autres formes de vie, rien ne peut empêcher certains hommes, au nom des mêmes principes, de s’arroger un pouvoir absolu sur d’autres hommes. » (Claude Lévi-Strauss)

« C’est prodigieux tout ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout. » (madame Swetchine)

 « Enfermés dans leurs châteaux et leurs hôtels, ils n’y voient que les gens de leur monde, ils n’entendent que l’écho de leurs propres idées, ils n’imaginent rien au-delà ; deux cent personnes leur semblent le public. – D’ailleurs, dans un salon, les vérités désagréables ne sont point admises, et une chimère y devient un dogme parce qu’elle y devient une convention.  L’idylle étant à la mode, nul n’ose y contredire ; toute autre supposition est fausse parce qu’elle serait pénible, et les salons ayant décidé que tout ira bien, tout ira bien. » (Hippolyte Taine – sur la noblesse d’utilité qui s’était muée, dès Louis XIV, en noblesse d’ornement, l’aristocratie d’utilité en aristocratie d’agrément) –  Aucune ressemblance avec l’aristocratie d’Etat qui encadre le président aujourd’hui.

« Le pouvoir politique est toujours le pouvoir suprême, celui qui régit le cercle social le plus étendu, dans lequel sont emboîtés des cercles moindres, province, canton, ville, famille, qui, jadis pourvus du pouvoir politique, en ont successivement été dépouillés à mesure que se traçait un cercle supérieur à chacun d’eux. » (Gabriel Tarde) – Plus le pouvoir est lointain, plus il peut se permettre de mépriser et de dépouiller les citoyens. L’Europe est justement destinée à éloigner encore plus le citoyen du pouvoir.

« Prophètes et sorciers, chefs de clans, ‘patres familias’ et tribuns, prédicateurs, suzerains, féodaux, journalistes. A travers toutes les variétés, on voit se dessiner une espèce de loi générale : c’est que l’écart va grandissant entre le nombre des meneurs et le nombre des menés. Avec 20 orateurs ou ‘chefs de gentes’ dans la main, on gouvernait dans l’Antiquité une ville de 20.000 citoyens. A présent, avec 20 journalistes dévoués ou achetés, on gouverne dans certains cas 40 millions d’hommes. » (Gabriel Tarde)

« Le pouvoir d’un homme d’Etat, d’un fonctionnaire, d’un magistrat quelconque, a deux sources – Le plus ou moins de confiance qu’on a dans son aptitude à remplir ses fonctions, et le plus ou moins de diffusion de cette confiance – Le plus ou moins de besoin qu’on a de cette fonction, et la diffusion plus ou moins étendue du sentiment de ce besoin … Police de sûreté en temps de troubles. » (Gabriel Tarde)

« Toujours, par une nécessité de nature, tout être exerce tout le pouvoir dont il dispose. » (Thucydide)

« De toutes les manifestations du pouvoir, celle qui impressionne le plus les hommes, c’est la retenue. » (Thucydide) – Oubliée chez nos politicards bavards et hargneux atteints de diarrhée verbale.

« Si vous admettez qu’un homme revêtu de la toute-puissance puisse en abuser contre ses adversaires, pourquoi n’admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Les hommes en se réunissant ont-ils changé de caractère ? » (Alexis de Toqueville) – Aujourd’hui, on serait plutôt dans la tyrannie des minorités. » (Philippe Raynaud)

« Parce qu’idéologiquement on a pulvérisé la démocratie en détruisant le sujet collectif, la démocratie ne devient plus ainsi que le décor d’elle-même … Les nouvelles élites du pouvoir gouvernent à distance, depuis le dehors du système politique, en promouvant un projet politique (multiculturalisme, post-démocratie, démocratie participative…) destiné aux masses, tandis qu’elles sont retranchées dans leurs quartiers d’exception (le campus, le média, la Bourse, le Tribunal…) à la façon d’une oligarchie, coupée des masses. Le souverain siège ainsi à l’extérieur de la communauté politique. Mais il n’y a plus de souverain … Le post-modernisme se paie le luxe d’une critique du pouvoir au nom d’un anarchisme de parade (le boboïsme). Il est tout simplement en phase avec le fait que le pouvoir n’est plus là où il était, Etat, partis, syndicats, mais se niche dans les fabriques de communication mondiales. Elles sont devenues le cadre dans lequel on peut exercer le pouvoir sans en assumer la responsabilité. Le nouveau pouvoir ne réside plus dans les palais, il n’a plus d’adresse officielle. Il s’établit dans des lieux qui ressemblent à des plateformes maritimes, extraterritoriales, des bases à partir desquelles il est possible de faire des ‘raids’ sur la terre ferme avant de s’y replier. Je distingue quatre plateformes du pouvoir post-moderniste, dont les élites émanent de ‘corporations’, c’est-à-dire d’instances non élues, ni responsables, ni contrôlées, cooptées sur la base d’une expertise supposée : les mass-médias, la justice, l’université, la financiarisation mondialisée et numérique de l’économie. L’exercice du pouvoir de ces corporations est non violent, immatériel. Elles produisent des récits, des narratifs (suivant le terme fétiche), donnent forme à la réalité, la confirment, la décrètent, la limitent … En opposant les ‘droits de l’homme’ aux ‘droits du citoyen’, la pseudo ‘communauté internationale’ à l’Etat souverain, la ‘démocratie’ au régime démocratique, l’ouverture à la fermeture, etc. » (Shmuel Trigano – La nouvelle idéologie dominante) – Il y a quand même un objectif : manipuler l’opinion et la conditionner à se plier aux intérêts de l’oligarchie mondiale (voir récente élection en France). L’exercice du pouvoir de ces corporations est non violent, immatériel : oui, mais seulement tant que la méthode douce donne les résultats escomptés, à défaut, quand et où ce ne sera plus le cas, la violence dictatoriale surviendra.

« Le pouvoir ne corrompt pas tant qu’il sélectionne les plus corrompus et les plus corruptibles. » (Robert Trivers)

« Sire, je ne peux à la fois vous plaire et vous servir. » (Vauban à Louis XIV)

« La dialectique des hommes de pouvoir et de ce qu’on pourrait appeler le ‘corps mystique’. Sous ce nom, on peut compter une partie du clergé, les ordres monastiques, certaines congrégations et nombre de théologiens … Les hommes de pouvoir ont souvent fait dévier la parcelle de pouvoir qu’ils détenaient dans des directions fort éloignées du  message  évangélique  qui justifiait l’institution … Le ‘corps mystique’ n’a pas cessé d’exercer une sorte de surveillance conflictuelle sur les hommes de pouvoir. ce, à travers pressions, résistances,  négociations  et conflits ouverts … de surveiller les hommes de pouvoir et de les ramener, par une réforme permanente, aux fondements de la catholicité  … A l’évidence, cette dualité fut la cause du succès historique de l’Eglise, mais aussi de schismes et d’hérésies dont la plus lourde de conséquences fut la Réforme luthérienne et calviniste …Dans le monde nouveau,  l’on a vu des religions politiques se substituer aux religions de salut. Tandis qu’à la tête des révolutions se succédaient des hommes de pouvoir (souvent aussi des hommes de foi à leur façon), on a vu se dessiner parfois les contours imprécis d’un ‘corps mystique’ qui n’eut pas la durée lui permettant de se déployer … Lorsque la politique s’est apparentée à la religion, le ‘corps mystique’ fut implicitement constitué de tous ceux, militants, cadres et intellectuels actifs, qui étaient entrés en politique ‘comme on  entre en religion’. Ceux-là étaient en quelque sorte les garants d’une ‘révolution permanente’ aussi nécessaire à la formation d’un homme nouveau dans la cité, que la réforme permanente l’avait été pour l’Eglise.  Seulement, la forme rigide et sommaire des partis, ainsi que leur brève durée et leur nature même, n’ont pas permis à ces ’corps mystiques’ politiques d’exister et de se déployer avec l’autonomie et la multiplicité de leurs modèles religieux. » (Dominique Venner – Le choc de l’histoire – sur la dialectique de pouvoir, en s’inspirant de l’Eglise catholique, vieille de deux mille ans, mais à élargir au monde profane)

« Les pouvoirs ne sont plus là où la loi et les ans les avaient installés. Dans la médiacratie, le peuple reste souverain, mais il ne pèse plus par son vote. Il pèse par son opinion. » (François-Henri de Virieu)

« C’est la possibilité de faire faire à d’autres ce qui me plaît. » (Voltaire)

Nous sommes entrés  dans un « nouveau gouvernement de l’insécurité sociale. Une époque où toutes les grandes idées ayant perdu leur crédibilité, la crainte d’un ennemi chimérique est tout ce qui reste aux hommes politiques pour assurer leur pouvoir. » (Loïc Wacquant) 

« Faire prévaloir ma volonté sur la résistance d’autrui. » (Max Weber)

« Tout être exerce toute la puissance dont il est capable. » (Simone Weil)   

« Cette capacité d’indifférence qui fait les grands politiques. La même boulimie de pouvoir. Avec ses mêmes attributs archaïques, éternels : luxe et volupté. La même relation avec l’argent, qu’on méprise et qu’on dépense sans compter, dont on ne s’occupe pas et qui ne manque jamais, qui vient d’on ne sait où et suit partout où l’on va. La même jouissance intime quand ils récompensent un fidèle ou punissent un rebelle, élèvent un ami ou détruisent un ennemi. Le pouvoir, c’est d’abord le pouvoir sur les hommes. Des hommes à soi qu’on bichonne, protège, soigne … On n’abandonne jamais quelqu’un qui a servi, surtout les soirs de défaite … Deux grands féodaux qui utilisent leurs ‘gens’ comme un peintre sa palette de couleurs, chacun sa place, chacun son rôle, chacun sa mission. Deux grands prédateurs qui ‘tuent’ avec la bonne conscience d’un tueur à gages, qui ont compris que l’adversaire principal se trouvait dans son camp, Rocard pour l’un, Giscard pour l’autre … Des aventuriers du pouvoir pour qui tout est permis. Des cyniques sans états d’âme pour qui les idées, les convictions, les politiques, sont faites pour être tordues à leur service personnel. Mais chacun à sa manière… » (Eric Zemmour – L’homme qui ne s’aimait pas) – Sur Mitterrand et Chirac.

« Les armes cèdent à la toge. » (vieille devise) – Le militaire cède au civil.

« Quand le pouvoir est dans le caniveau, il suffit de le piétiner. » (?)

« Le pouvoir suprême s’exerce non par délégation, mais par incarnation. » (?) – Voir la doctrine d’Ernst Kantorowicz sur  les deux corps du roi à la rubrique Devoir d’Etat, 210, 2.  Qui se sentirait, se voudrait, se sentirait incarné par un bouffon de quartier tel un François Hollande ?

« Le pouvoir ne persuade pas, il dissuade. » (?)

« Un chef doit tout d’abord être celui qui indique la direction, celui qui garde le cap … Pour ce faire… il s’appuie sur ce qui s’appelle aujourd’hui … une vision : une certaine idée de l’avenir de son organisation ou de son Etat, vers laquelle il convient de tendre. » (?)

Ci-dessous, extraits (remaniés) de l’ouvrage de Jean Baechler, Le pouvoir pur.

« L’homme est le seul animal porté à opprimer son semblable et à accepter l’oppression, le seul enclin à admirer et à se laisser admirer, le seul capable d’unir ses forces pour atteindre un objectif collectif … Une humanité sans pouvoir est aussi inconcevable qu’une humanité programmée et privée de conscience … Le pouvoir réside dans la capacité de dominer une volonté possiblement récalcitrante … Si le pouvoir pouvait être défié sans risques il disparaîtrait aussitôt. La sanction qui vient frapper la désobéissance est donc un élément indispensable du pouvoir … Sans obstacles à surmonter, il s’éteint pour laisser place à un mécanisme bien huilé … D’où l’invention des opposants imaginaires … le soupçon remplace la désobéissance disparue … La nature n’exerce pas sur les hommes un pouvoir, mais une contrainte (ni volonté d’un côté, ni obéissance de l’autre) … Modalités du pouvoir (qui se dissolvent nécessairement si l’une est privée des deux autres) : – La puissance qui repose sur la force (se soumettre ou périr), rencontre la peur,  voit de dresser en face d’elle la révolte, réduit par la mort  – L’autorité qui repose sur le charisme (confiance, respect et admiration, partage des valeurs, union des deux volontés), rencontre l’assentiment, voit se dresser en face d’elle le dissentiment qui entraîne la rupture  et qu’elle réduit par l’excommunication – La direction qui repose sur la compétence (contrat et discipline portant sur une tâche définie,  rencontre le consentement, voit se dresser en face d’elle la dissidence, qu’elle réduit par l’exclusion … Cette dernière solution, (la source et la légitimité du pouvoir se trouvant dans le peuple, peuple comme collection d’individus, les titulaires du pouvoir n’étant que ses délégués) développée jusqu‘au point où elle ne tombe pas dans l’anarchie, est idéale mais elle suppose pratiquement des sociétaires insensibles aux sortilèges de la puissance et de l’autorité … La puissance se manifestera probablement par la ‘terreur subtile’ (frappe de catégories déterminées (aristocrates, juifs, personnes refusant l’idéologie dominante et mettant en péril le monopole de l’oligarchie…) entraînant passivité et même collaboration (délation) chez les autres … Hormis les cas extrêmes (camps…), la puissance concrète est nécessairement accompagnée d’autorité et de direction, mais la part d’autorité de la puissance ne peut être déléguée (les autorités héritées du passé doivent être dévalorisées et les autorités émergentes brisées – La dévalorisation du passé, comme le sabotage de l’autorité des parents, des maîtres, démontre que nous sommes aujourd’hui dans un régime reposant sur la puissance, la compétence technique et la force nue) … Les duos peuvent être très variés … Le possesseur du pouvoir peut aussi bien être une collectivité l’exerçant sur un seul individu (Ex. : professeur chahuté, lynchage médiatique), une collectivité l’exerçant sur une autre collectivité (Ex. : conquêtes), qu’un individu ou un groupe d’individus. »

Ci-dessous considérations diverses et mêlées sur l’Etat et/ou le Pouvoir tirées du livre d’Eugène Enriquez, Clinique du pouvoir, les figures du maître.

« Le désir pleinement satisfait est un désir totalitaire d’un monde sans déchirure, où chacun reste à sa place … que ce désir se traduise par la volonté de créer des Etats totalitaires ou la société sans classe, le même mythe d’une communauté exclusive de toute déchirure gouverne des entreprises qui pourtant s’opposent farouchement … Fiction d’une société harmonieuse, sans heurts, où existent des statuts et des rôles, mais où la ‘séparation’ n’apparaît pas, où se jouent des désaccords mais jamais de conflits … Le chef pervers, c’est celui qui ne voit la situation qu’à travers des plans, des programmes, des indicateurs économique et sociaux qu’il a élaborés. La réalité doit se conformer au modèle construit. Si elle est différente, ce n’est pas le modèle qui est inexact, c’est la scène du réel qui se trompe … Et il ne peut en être autrement pour lui puisqu’il possède le ‘savoir’ … C’est lui qui peut définir ce dont l’autre a besoin … quel genre de vie il doit mener … Prenant en charge le destin des autres en contrôlant toutes les sources d’information et les réseaux de décision, c’est-à-dire en les mettant en situation d’aliénation totale … la vérité c’est la technologie dans tous les domaines, la ritualisation de toutes les conduites … Tous les aspects de la vie seront envahis par le calcul … le résultat étant un produit humain standardisé, rationalisé, systématiquement surveillé … Le pouvoir pervers, c’est celui de l’économie comme seule réalité vitale, celui de la réification des rapports humains … C’est un pouvoir serein, sans sentiment de culpabilité, scrupuleux (comme Eichmann) … la démocratie sera la règle des sociétés perverses … n’acceptant pas la division, visant l’uniformité, la résolution anticipée des conflits, la suppression des différences dangereuses … Les révolutionnaires de 1789 édifient pour la première fois dans l’histoire des grandes nations une ‘société de l’immanence’ … En procédant au parricide royal, les révolutionnaires deviennent des frères et proclament hautement que les hommes peuvent établir un pacte social durable sans avoir besoin de se croire les descendants d’un père sacré. Ils se transforment eux-mêmes en dieux … Ils revivent ainsi, sans le savoir, le moment décrit par Freud dans ‘Totem et tabou’, du ‘crime commis en commun’ par les frères conjurés, prélude à la naissance de la civilisation … L’Etat est investi comme l’expression de la volonté générale, comme le seul corps ayant droit à la parole souveraine … A ce jeu là, la communauté, la société civile est flouée … On aboutit à la sacralisation de l’institution étatique … Il ne reste plus de place que pour un seul sacré, l’Etat … Même dans les pays qui se proclament les plus démocratiques nous n’avons vu que la croissance d’un pouvoir exorbitant … aux mains d’un nombre restreint de personnes ou de grandes compagnies qui ne se soucient des ‘sans-grade’ que lorsqu’elles y sont obligées … Elles sont parvenues à rendre les individus de plus en plus inertes, atones, sans réaction, angoissés, apeurés … Elles sont arrivées à massifier le monde et en même temps à le fragmenter en tribus, sectes, confréries, associations… Les Etats modernes ne veulent pas seulement exercer une autorité débonnaire et quelque peu relâchée … mais au contraire codifier, règlementer, moderniser, civiliser, pénétrer tous les pores de la société, conduire et maîtriser, faire de chaque homme un administré … L’Etat démocratique finit par lier liberté et soumission … L’homme libre de ses décisions peut entrer dans une compétition mortelle avec les autres hommes … C’est à l’Etat que va être dévolu le rôle de mettre de l’ordre (fiction du contrat social). » (Eugène Enriquez)

 Ci-dessous extraits très remaniés et très simplifiés du remarquable ouvrage de Bertrand de Jouvenel , Du Pouvoir

« Le Pouvoir … est au vrai le maître de la société.  D’autant plus incontesté qu’il prétend émaner d’elle. D’autant plus irrésistible qu’il ne rencontre aucune puissance en dehors de lui capable de le limiter. Le renversement de la foi ancienne, qui liait l’Etat lui-même a laissé un vide de croyances et de règles  qui permet au Pouvoir d’édicter et d’imposer les  siennes … Un maître immensément distinct et impersonnel … Etendue du Pouvoir, étendue de la Guerre : La guerre était petite parce que le pouvoir ne disposait pas de ces deux leviers essentiels : l’obligation militaire (il suffit d’un ordre pour remplir les casernes ) et le droit d’imposer, ce qu’un monarque médiéval n’aurait pas même osé rêver (le régime social qui donne le moins à la guerre est le régime aristocratique, parce que c’est le plus contraire à l’expansion du  Pouvoir) . .. C’est précisément de ces charges  qui lui paraissaient les plus odieuses que le peuple a cru se débarrasser en renversant le Pouvoir royal (les intendants royaux ont été remplacés par les préfets) …  Qui a détruit ces corps puissants sur lesquels les monarques de jadis n’osaient point porter la main? … ‘Toutes les révolutions n’ont faites que rendre plus parfaite la machine gouvernementale au lieu de la briser, les partis voyaient dans la conquête de l’énorme édifice d’Etat la proie offerte au vainqueur.’ (Karl Marx) … En ouvrant à toutes les ambitions la perspective du pouvoir, ce régime (démocratie) facilite beaucoup son extension, aucun prétendant n’a intérêt à diminuer une position à laquelle il espère accéder, ‘Les hommes de parti se regardent comme des héritiers et ménagent leur propriété future’ (Benjamin Constant) … De régime en régime, plus d’impôts, plus de lois, plus de fonctionnaires … Le pouvoir reniant sa juste cause et sa juste fin, se détachant de la société pour se situer  au-dessus d’elle, comme un corps distinct et oppresseur, se révélant capable d’exister comme pur commandement … Domination parasitaire d’une petite société sur un agrégat d’autres sociétés … Le pouvoir n’arrêtera le pouvoir (les fameux contre-pouvoirs) que si chacune des institutions distinctes est l’organe d’une force existante dans la société. Non, si elles émanent de la même force (de l’unique pouvoir qui les désigne et y nomme ses laquais) …Comment les dirigeants (forts de leur compétence et de la connaissance des dossiers) ne se convaincraient-ils pas qu’ils sont supérieurs et indispensables  ? Ils forment corps, naissance d’une petite société  … Tout pouvoir commence sa carrière en  abaissant ce qui est élevé, et en élevant ce qui est abaissé (le roi, homme seul, détruit les ‘Grands’, ses compagnons de conquête et s’appuie sur la masse, les révolutions ne font rien d’autre…) …Conflit avec l’aristocratie, alliance avec la plèbe, dans  sa croissance, le Pouvoir a pour victimes prédestinées et pour opposants naturels les puissants dans la société …  L’Etat trouve dans les plébéiens les serviteurs qui le renforcent, les plébéiens trouvent dans l’Etat le maître qui les élève …  La noblesse est une limite au Pouvoir, on ne peut nulle part et en aucun temps construire un Pouvoir envahissant avec les aristocrates. … De même, plus les croyances d’une société sont stables et enracinées, plus les comportements sont prédéterminés, moins le pouvoir est libre dans son action (d’où les tentatives actuelles de démolition-déconstruction) … Tout changement de gouvernement est, comme une reproduction réduite d’une invasion barbare (distribution des places et prébendes) … En refusant de reconnaître qu’il y a  deux entités distinctes, on a livré la Nation au Pouvoir, qui accueillerait comme sédition ce que la monarchie accueillait comme remontrance et le peuple reste sans défenseur … Le Minotaure est indéfiniment protecteur, mais il faut aussi qu’il soit indéfiniment autoritaire … Il a besoin d’être convaincu et, pour être obéi, de convaincre ; il réunit le magistère spirituel au temporel, il rassemble les deux pouvoirs que la civilisation occidentale avait toujours tenus séparés … Une métaphysique destructrice a méconnu le rôle des autorités morales et de tous les pouvoirs sociaux intermédiaires qui encadrent, protègent et dirigent l’homme ; elle n’a pas prévu que la destruction de toutes ces entraves et de tous ces remparts déchaînerait le désordre des intérêts égoïstes et des passions aveugles … Trois choses important au Césarisme : – Que les membres les plus anciennement libres dans la société perdent leur crédit moral et deviennent incapables de communiquer une fierté d’allure gênant le pouvoir – Que s’élève une classe nouvelle de capitalistes, ne jouissant d’aucune autorité morale et qu’une richesse excessive divorce du reste des citoyens – La réunion de la force politique avec la faiblesse sociale dans une large classe de dépendants. »

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés du très remarquable ouvrage de René Guénon, Autorité spirituelle et pouvoir temporel (autorité, indépendante de tout appui sensible, qui ne s’affirme que par elle-même – pouvoir, idée de puissance, de force matérielle, qui s’appuie sur des moyens extérieurs)

« A l’origine, les deux pouvoirs n’ont pas dû exister à l’état de fonctions séparées, exercées respectivement par des individualités différentes (doctrine hindoue de la caste originelle unique) … Il devait y avoir originairement une parfaite harmonie, par laquelle l’unité première était maintenue … (L’organisation sociale du moyen âge occidental a été calquée exactement sur la division des castes, le clergé correspondant aux Brahmanes, la noblesse aux Kshatriyas, le tiers-état aux Vaishyas, et les serfs aus Shûdras, même si ce n’étaient pas exactement des castes) … La distinction des castes avec la différentiation des fonctions sociales à laquelle elle correspond résulterait d’une rupture de l’unité primitive … Apparition des pouvoirs spirituel et temporel (apparition de l’hétérodoxie), distinction transformée en un autre stade en opposition et rivalité, en attendant que les forces inférieures prétendent à leur tour à la suprématie pour aboutir à la grande confusion (apparition  de la nuit occidentale, des ténèbres)  – Révolte contre la soumission au pouvoir spirituel, rivalité des Brâhmanes et des Kshatriyas, du Sacerdoce et de l’Empire dans l’Europe du moyen-âge (en France, les ‘légistes’ de Philippe le Bel – début du XIV° siècle- sont déjà, bien avant les’ humanistes ‘ de la Renaissance, les véritables précurseurs du ‘‘laïcisme’) … La centralisation temporelle est d’ailleurs généralement la marque d’une opposition vis-à-vis de l’autorité spirituelle (la substitution du système national au système féodal, l’apparition des ‘nationalités, les rois préparant à terme leur propre ruine, la bourgeoisie s’emparant du pouvoir auquel la royauté l’avait tout d’abord fait participer indûment  ) … D’un côté, conservation et transmission de la doctrine traditionnelle (sacrée et pas forcément religieuse), connaissance, enseignement des principes, indépendamment de toute application contingente, accomplissement extérieur des rites (l’accessoire, déviation, réduction  moderne de l’intellectualité, caractéristique du monde moderne atteignant la fonction sacerdotale) – de l’autre maintien de l’ordre terrestre (au sens large, administratif, judiciaire, militaire) …  Mais les ‘formes ‘supérieures’ contiennent ‘éminemment’ les forces inférieures (Aristote), le supérieur contient ‘éminemment’ l’inférieur ; celui qui est compétent dans certaines limites, définissant son domaine propre, l’est donc aussi a fortiori pour tout ce qui est en deçà de ses mêmes limites, tandis que, par contre, il ne l’est plus pour ce qui est au-delà … d’où même le pouvoir temporel s’il appartient ‘formellement’ à la caste royale appartient (ou continue d’appartenir en régime de laïcité) ‘éminemment’’ à la caste sacerdotale … La dépendance du pouvoir temporel à l’égard de  l’autorité spirituelle a son signe visible dans le sacre des rois …  Les hommes qui sont faits pour l’action ne sont pas faits pour la pure connaissance, et, dans une société traditionnelle, chacun doit remplir la fonction pour laquelle il est vraiment ‘qualifié’ ; autrement, tout n’est que confusion et désordre … c’est l’époque actuelle … Toute action qui ne procède pas de la connaissance manque de principes et n’est plus qu’une vaine agitation, le renversement des rapports de la connaissance et de l’action, dans une civilisation (la nôtre) est une conséquence de l’usurpation de la suprématie par le pouvoir temporel (sur l’autorité spirituelle) … La conception des deux pouvoirs comme corrélatifs ne peut apparaître que dans la marche descendante du cycle historique, la subordination du spirituel au temporel (la religion, le sacré,  conçues tout au plus comme éléments de l’ordre social, la subordination de la connaissance à l’action, l’asservissement du spirituel au temporel, ou même  l’absorption  de celui-là dans celui-ci, en attendant la complète négation du spirituel) ne peut se produire que dans une période de décadence intellectuelle très avancée (Occident) … Dans l’apologue, le paralytique – autorité spirituelle – est juché sur les épaules de l’aveugle – pouvoir temporel ; Le Confucianisme, doctrine sociale, distingué, parfois conflictuellement,  du Taoïsme, doctrine métaphysique … le renversement des rapports prépare directement la suppression du terme supérieur … La fonction de l’autorité spirituelle est la seule qui se rapporte à un domaine supra-individuel ; dès lors que cette autorité est méconnue, il est logique que l’individualisme apparaisse aussitôt … La méconnaissance de l’ordre hiérarchique (des doctrines traditionnelles) entraîne partout et toujours les mêmes conséquences : déséquilibre social, confusion des fonctions, domination d’éléments de plus en plus inférieurs, dégénérescence intellectuelle, oubli des principes transcendants, puis, de chute en chute, on en arrive jusqu’à la négation de toute véritable connaissance … Nous sommes arrivés à ce moment de l’histoire caractérisée, dans tous les ordres, par le développement des possibilités les plus inférieures … allant toujours plus avant dans le sens du changement et de la multiplicité … L’instabilité étant en quelque sorte à son maximum, le désordre et la confusion partout. »

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés du livre de Jean-Léon Beauvois, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social.

 « Les gens déclarés libres par un agent de pouvoir et ayant accepté de faire à la requête de cet agent quelque chose qui s’avère contraire à ce qu’ils auraient spontanément fait (contraires à leurs valeurs, à leurs motivations, à leurs objectifs ou intérêts du moment) … ont tendance à produire des idées ou des attitudes qui … en viennent à justifier ce qu’ils ont fait (effet dit de ‘rationalisation’, qui est bien le produit d’une soumission rendue paradoxale par la liberté libérale) … C’est en effet par la position de soumis, position impliquant notre obéissance, que nous optons généralement lorsqu’on nous déclare ainsi libres. … Ce choix de position détermine la rationalisation, qui fera apparaître un illusoire choix d’acte comme rationnel.  »

 « Le pouvoir d’une personne A est ce qui permet à cette personne A d’obtenir d’autrui qu’il fasse quelque chose qui convient à un titre ou à un autre à A et qu’autrui n’aurait pas fait sans l’intervention de A et l’usage de son pouvoir … Vu sous l’angle de la relation chacun disposant de quelques cartouches pour obtenir quelque chose d’autrui  entre deux personnes …  le pouvoir est nettement plus distribué (la mine et l’attitude des étudiants influant sur le professeur, les demandes bénignes de la concierge…). » (inspiré de Robert Dahl)

 « La liberté des anciens est la liberté de participer au traitement décisionnel des affaires des groupes auxquels on appartient … La liberté des modernes est la garantie d’être tranquille chez soi, dans son cocon, pour y jouir tranquillement de leur ‘indépendance privée’,  pour y faire et penser ce que l’on veut, indépendamment de ce que l’on est et fait dans la vie sociale (distinction de Benjamin Constant) … L’attirance des valeurs individualistes, se départir des influences malsaines venues du social … Le pouvoir social est à l’œuvre  dans l’univers organisationnel … Coupure libérale entre le politique (dans lequel s’épanouiraient nos libertés) et le civil , l’existence sociale (dans laquelle nous sommes le plus souvent soumis) … Nos organisations (usines, hôpitaux, écoles, prisons, armée…) ne sont pas démocratiques … Les organisations placent les gens sous l’emprise de structures de pouvoir qui n’ont rien de démocratique … Les attitudes de ceux-ci ne sont que de très piteux prédicteurs de leurs comportements … Leur image n’est certainement pas celle d’individus libres donc consistants, se comportant dans la vie sociale dans le sens de leurs attitudes affichées … Seuls les votes sont assez bien prédits par les attitudes politique (précision  des sondages).. Pourquoi ? En raison de l’isoloir,  lieu quasiment magique, anti-situation du point de vue social, réalisant une sorte d’apesanteur sociale dont nous ne jouissons la plupart du temps que dans les fantaisies douces et paisibles qui permettent de s’endormir, où on rencontre l’individu de nos rêves, celui qui se comporte exactement comme il a prévu de le faire … Les pratiques consommatoires reflètent encore une relative consistance entre les attitudes et les comportements (justifiant ainsi la publicité) … Mais nous ne sommes pas que des électeurs ou des consommateurs … Dans d’autres situations où pèsent de multiples déterminations, où le social se réalise presque toujours à travers l’exercice du pouvoir social par les uns et la soumission à cet exercice par les autres   (enfants, élèves, étudiants, travailleurs, tout personnel, militaires, retraités en institution, malades, touristes, et même quelquefois épouses…), les attitudes (croyances, opinions, valeurs…) s’avèrent fort peu prédictives d’un comportement donné. »

 

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