375,7 – Monarchie

– Suivant Alexis de Tocqueville, c’est toujours un jeu à trois composantes, le prince, une certaine forme de noblesse ou d’aristocratie proche de ce dernier et le peuple proprement dit. Le prince, plus lointain et unique, inspire au peuple moins de jalousie et moins de crainte que la noblesse ou aristocratie plus proche et ressentie comme profiteuse.

– En France, à partir de Richelieu et de Louis XIII, puis de l’échec de la Fronde, on peut dire que la monarchie devint absolue, soit que la notion d’Etat (et son poids, fiscal notamment) acquit sa prééminence sur toutes les collectivités locales, sur tous les corps intermédiaires (malgré la résistance des Parlements). La Convention, l’Empire, les diverses républiques ont conservé, et même accru ce déplorable héritage, dont témoigne, aujourd’hui encore, l’espèce d’idolâtrie dont le concept d’Etat fait l’objet.

– En France, jadis et au moins à partir de Louis XIV, le rôle politique et social de la noblesse fut confisqué par le prince se plaçant ainsi objectivement du côté du peuple (la centralisation qui prive du pouvoir effectif les notables locaux héréditaires est toujours bienvenue au niveau du peuple, au moins initialement). D’où la révolution de 89, initialement dirigée, non contre le prince mais contre la noblesse devenue superflue et ressentie comme abusive de par ses privilèges (alors qu’en Angleterre elle fut toujours plus étroitement alliée avec le peuple qu’avec les rois – selon Heinrich Heine). D’où on a pu dire que Louis XIV était le père de la révolution, en privant les campagnes de ses cadres, en les transformant en courtisans inutiles.

– Peu de choses ont changé au fond dans les régimes fortement présidentiels. Il suffit de remplacer noblesse ou aristocratie par haute technocratie et élus à vie (parfois quasiment héréditaires) établis en notables régionaux ou nationaux.

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« Jamais un souverain légitime n’aurait, au XVIII° siècle, songé à la levée en masse. » (Raymond Aron) – Il fallait des révolutionnaires pour oser transformer le peuple en guerriers.

« Ils n’ont plus contre eux que les intérêts. » (Maurice Barrès – sur les monarchistes de l’Action Française) – Certes, mais c’est une opposition puissante, c’est le moins que l’on puisse dire.

« Si la Monarchie lie son sort à celui du Réalisme, si elle en adopte les méthodes, elle sera brisée avant d’avoir servi. La monarchie n’a pas de dossiers, elle a des titres. On ne plaide pas des titres, on les montre, et on ne les montre qu’à des égaux. » (Georges Bernanos)

« Le premier serviteur du peuple, son protecteur naturel contre les puissances oligarchiques, hier les féodaux, à présent les trusts. » (Georges Bernanos

« Là où tous les hommes veulent nécessairement dominer avec des volontés égales et des forces inégales, il est nécessaire qu’un seul homme domine ou que tous se détruisent. » (Louis-Ambroise de Bonald) – Idéalement c’est le roi, non parce qu’il est de toute nécessité le meilleur, mais pour éviter des luttes féroces à chaque succession.

« La monarchie est la forme de gouvernement la plus commune, la plus ancienne et aussi la plus naturelle … Jamais on n’est plus uni que sous un seul chef ; jamais aussi on n’est plus fort, parce que tout va en concours. » (Bossuet) – Complètement dépassé ! Depuis qu’on est tous chefs et qu’on adopte les larmoiements et gémissements comme modèle de conduite. 

« Elle n’était pas une technique de gouvernement, mais d’abord une présentation du fondement même de la cité. Avec son abolition … la cité n’était plus fondée dans son être. Elle devait, pour ainsi dire, se justifier à chaque instant par son contenu et par les avantages qu’elle apporte aux hommes. » (Pierre Boutang) – D’où la fébrilité constante qui règne en république (dictée, entre autres) par la peur constante de la dissolution et la démagogie obligeant à concéder sans cesse des avantages aux plus exigeants et aux plus bruyants.

« La démocratie implique la possibilité de ‘jeter les vauriens à la porte’, ce qui est une excellente chose. Mais elle réduit à un bref espace de temps les possibilités d’agir réellement. Ce qui implique que les décisions qui doivent orienter un pays pendant très longtemps soient prises par des gens qui exercent un pouvoir tout à fait éphémère … Les sociétés traditionnelles étaient pour la plupart gouvernées par un monarque … se considérant comme faisant partie d’une dynastie, d’une lignée … héritiers d’un passé  … et devant préserver le royaume dans le futur. le transmettre en bon état. Ils pensaient à long terme … parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement … parce que le modèle sous-jacent pour l’ensemble de leur action était la famille. » (Rémi Brague) 

« Dans les sociétés pré-démocratiques, les ‘anciens régimes’, trônait un prince qui se souciait du très long terme, et qui le pouvait parce qu’il le devait … Les édits des rois de France s’adressaient ‘à tous, présents et à venir’ … Un des traits caractéristiques de nos sociétés est l’absence de toute instance qui serait compétente et responsable pour le très long terme. Or les problèmes les plus graves sont justement ceux qui concernent ce très long terme. » (Rémi Brague) – Imagine-t-on un politicien s’adresser comme le faisaient les rois de France, y penser même, lui qui n’a d’autre horizon que sa réélection.

« Ceux qui concilient l’amour vrai du peuple avec le dégoût des formes démocratiques. » (Albert Camus – sur les vrais monarchistes – cité par Gustave Thibon)

« Les mœurs étaient réglées par la coutume plus que par la loi, et d’innombrables pouvoirs, locaux et privés, politiques, judiciaires et même militaires gouvernaient la vie quotidienne. Théoriquement absolue, la monarchie était pratiquement bien plus limitée que les moins totalitaires des Etats modernes. » (Bernard Charbonneau) – D’autant plus que la monarchie n’avait pas la fatuité intéressée de se mêler de tout.

« De son pays n’est pas sire qui n’est aimé. » (Charles V)

« La monarchie française lie le monde ancien au monde moderne. L’hérédité enfantant la légitimité, ou la permanence, ou la durée. » (Chateaubriand) –  A mettre au passé !

« ‘Non respublica in ecclesia, sed ecclesia in respublica’ disaient déjà Guillaume de Nogaret et les légistes médiévaux, puis monarchistes.» (Jean-François Colosimo)                                           

« Sur les trente-trois monarques ayant occupé le trône de France entre le X° et le XVIII° siècle, seize, soit près d’un sur deux, ont été excommuniés par Rome. » (Jean-François Colosimo) – Et les imbéciles parleront encore de l’alliance du trône et de l’autel ! Il s’agissait évidemment de conflit de pouvoir d’où a émergé la laïcité à la française.                                                     

« Que la monarchie française soit dite de droit divin n’implique pas quelque filiation céleste mais qu’elle détient son pouvoir d’elle seule sans le recevoir et se trouver dépendante d’une puissance intérieure ou extérieure. L’absolutisme n’est jamais que le miroir du prince qui décide, à tous risques, du Bien collectif (‘absolutus’ signifiant en latin détaché, libre, indépendant)»(Jean-FrançoisColosimo)                                                                                    

« La monarchie, telle qu’elle existe dans la plupart des Etats européens, est une institution modifiée par le temps, adoucie par l’habitude. Elle est entourée de corps intermédiaires qui la soutiennent à la fois et la limitent, sa transmission régulière et paisible rend la soumission plus facile et la puissance moins ombrageuse. Le monarque est en quelque sorte un être abstrait … Elle n’est pas une préférence accordée à un homme aux dépens des autres ; c’est une suprématie consacrée d’avance : elle décourage les ambitions, mais n’offense point les vanités … Le monarque suit une route dans laquelle il ne s’est point lancé par sa volonté propre. Il n’a point sa réputation à faire ; il est seul de son espèce : on ne le compare à personne … Il n’est pas obligé de justifier son élévation. » (Benjamin Constant)

« Le jour où la France coupa la tête à son roi, elle commit un suicide. » (Fustel de Coulanges) – D’ailleurs depuis, sauf le bref éclat de la révolution à l’étranger et l’aussi bref et discutable épisode napoléonien, elle n’a cessé de dégringoler et d’être la risée du monde.

« Tout ce qu’il y eut d’esprit de virile justice, d’amour du pauvre dans les répressions terribles de nos rois, tantôt contre les grands seigneurs, tantôt contre les financiers… » (Edouard Drumont) – Depuis que ces derniers sont au pouvoir suprême, ils peuvent faire, et ils font ce qu’ils veulent.

 « Institution populaire dès son origine, la royauté tend toujours à affaiblir l’aristocratie. » (Georges Duveau) – Ce que les obsédés de la République, enfermés dans leur sectarisme,  sont incapables de comprendre.

« Le fait que la monarchie n’apparaisse pas ‘actuelle’ prouve non pas un progrès, mais une régression : cela signifie qu’une partie de l’humanité … n’est plus à la hauteur d’une telle institution. » (Julius Evola)

Monarchie absolue « ‘Absolutus’ signifie délié, achevé, parfait, et non pas sans limites. » (Claude Fouquet)

« L’absolutisme monarchique fut le mythe qui permit ensuite de faire de l’absolutisme républicain une réalité. » (Claude Fouquet)

« Nos trois derniers rois légitimes n’étaient pas des aigles et ils n’ont guère de monuments. Pourtant … ils se gardèrent bien de mobiliser les Français et furent économes de leur sang, comme l’avait été leur grand-père, Louis XV, qui disait que la véritable gloire, c’est d’éviter de verser le sang. Ils surent nous épargner invasion et occupation. De plus, chaque fois qu’ils engagèrent notre armée, ils furent victorieux, sur mer et en Amérique pour Louis XVI, à Trocadéro en Andalousie pour Louis XVIII. Toutes les entreprises militaires de Charles X, si décrié, furent des succès : victoire navale de Navarin, expédition en Morée, et surtout prise d’Alger en 1830. » (Claude Fouquet) – La république, elle, a toujours été plus prodigue du sang des Français.

« Les Français sont des monarchistes qui ne veulent pas de roi. » (André Frossard)

« L’aristocratie, évidée par l’Etat monarchique de tous les pouvoirs ‘vulgaires’ il ne lui restait que l’insigne supériorité du goût et des manières. Cela ne suffisait pas pour faire d’elle le rempart d’une monarchie discréditée et qui avait été la première à condamner à l’impuissance sa noblesse d’épée. » (Marc Fumaroli)

« La monarchie absolue n’est rien d’autre que la victoire du pouvoir central sur les autorités traditionnelles de seigneurs et des communautés locales. » (François Furet) – Elle s’exerce donc plutôt en faveur du peuple.

« La suprématie de l’Etat a pour effet d’abaisser l’aristocratie et, davantage, de ruiner tendanciellement le principe hiérarchique dont elle se soutient. » (Marcel Gauchet – sur l’absolutisme royal français, Louis XIV, et ses conséquences néfastes pour le principe monarchique), Mais « La dimension monarchique est au service de la lutte contre la captation de la souveraineté populaire, là où la pente naturelle des démocraties libérales est le fonctionnement oligarchique. » (Marcel Gauchet) – Fonctionnement dont la France montre un modèle parfait dans l’hypocrisie la plus complète.

« La distinction de Carl Schmitt entre deux sens de la représentation politique : la représentation-mandat et la représentation-présentification d’un invisible. La seconde acception étant méconnue par le parlementarisme libéral-bourgeois qui ne voit qu’une commission ‘juridico-technique’ … Il y a pourtant une transcendance de l’ensemble sur les individus qui exigent d’être symboliquement manifestée … A côté de la délégation par laquelle les individus commettent la défense de leurs intérêts, il existe une dimension symbolique de la représentation politique au travers de laquelle s’exhibe et s’atteste le primat du tout … qui passe par une irrésistible personnification du pouvoir. Il faut que soit quelque part marqué aux yeux de tous qu’un vaut pour tous, que l’ensemble se ramène à une personne. Le pouvoir représentatif comporte une part probablement incompressible d’incarnation … Et si le trait est spectaculairement concentré au sommet, il n’en est pas moins présent et actif, de manière diffuse, dans l’ensemble du système. Les représentants sont toujours autre chose que de simples et transparents porteurs de procurations, ils sont des personnificateurs… » (Marcel Gauchet) – Dimension perdue en démocratie, la personnification évidente et déplorable du pouvoir n’équivalant absolument pas à une dimension de supra-dignité (d’ailleurs incompatible avec certaines personnes, qu’on ne songe qu’à un François Hollande, comme elle l’est tout autant dans un système d’exhibitionnisme médiatisé forcené). Ni Carl Schmitt ni Marcel Gauchet n’était ou n’est monarchiste (à ma connaissance), mais leur remarque évoque forcément un regret de ce qu’incarnait et incarne la monarchie, au moins en théorie.

« Là où la royauté a pu se maintenir en devenant ‘constitutionnelle’ elle n’est plus que l’ombre d’elle-même et n’a guère qu’une existence nominale et ‘représentative’. Comme l’exprime la formule : ‘le roi règne mais ne gouverne pas’ … Caricature de l’ancienne royauté. » (René Guénon)

« C’est d’ordinaire l’entourage qui règne à la place des rois absolus … Les princes absolus ne sont que trop souvent les esclaves les plus dépendants de leur entourage. » (Heinrich Heine) – Est-ce différent en démocratie ? Où, en plus, s’ajoute le parti.

« La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment : celle que nous donne la clémence est éternelle. » (Henri IV) – Nos rois étaient d’une autre trempe que nos politiciens.

« C’est une singulière illusion que la loi de la majorité ne fonctionne qu’en démocratie. Le roi, un homme tout seul, a plus qu’aucun gouvernement besoin que la majorité des forces sociales penche en sa faveur. » (Bertrand de Jouvenel)

« Largesses du roi  à ceux dont l’appui consolide … Distribution des deniers publics aux groupes sociaux et classes dont on veut s’assurer les votes. » (Bertrand de Jouvenel) – Changement ?

« Dans les régimes aristocratiques et monarchiques les instruments de coercition devraient être à leur maximum puisqu’on n’attend rien que d’eux. Tandis que dans les démocraties modernes, ils devraient être à leur minimum puisqu’on ne demande rien aux citoyens qu’ils n’aient voulu. Or, de la monarchie à la démocratie le passage s’est accompagné d’un prodigieux développement des instruments coercitifs … C’est une illusion que de croire que la loi de la majorité ne fonctionne qu’en démocratie. Le roi, un homme tout seul, a plus qu’aucun gouvernement besoin que la majeure partie des forces sociales penche en sa faveur … Le monarque est à la fois le destructeur de la république des conquérants (tout agrégat résulte d’une conquête), et le constructeur de la Nation  …  Tout pouvoir commence sa carrière en  abaissant ce qui est élevé, et en élevant ce qui est abaissé (le roi, homme seul, détruit les ‘Grands’, ses compagnons de conquête et s’appuie sur la masse, les révolutions ne font rien d’autre…) …Conflit avec l’aristocratie, alliance avec la plèbe, dans  sa croissance, le Pouvoir a pour victimes prédestinées et pour opposants naturels les puissants dans la société … L’Etat trouve dans les plébéiens les serviteurs qui le renforcent, les plébéiens trouvent dans l’Etat le maître qui les élève. … Plus le monarque est avide de pouvoir, plus il porte de coups aux princes sociaux, plus il avance l’œuvre d’affranchissement … La noblesse est une limite au Pouvoir, on ne peut nulle part et en aucun temps construire un Pouvoir envahissant avec les aristocrates. … De même, plus les croyances d’une société sont stables et enracinées, plus les comportements sont prédéterminés, moins le pouvoir est libre dans son action (d’où les tentatives de démolition-déconstruction) …  Une métaphysique destructrice a méconnu le rôle des autorités morales et de tous les pouvoirs sociaux intermédiaires qui encadrent, protègent et dirigent l’homme ; elle n’a pas prévu que la destruction de toutes ces entraves et de tous ces remparts déchaînerait le désordre des intérêts égoïstes et des passions aveugles. » (Bertrand de Jouvenel – considérations éparses sur le pouvoir, les régimes, la monarchie… )

La théorie des deux corps du roi. « Le roi possède un corps terrestre et mortel, tout en incarnant le corps politique et immortel, la communauté constituée par le royaume. La double nature, humaine et souveraine, du ‘corps du roi’. » (selon Ernst Kantorowicz) –  « Comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu’il recevait ces respects, qu’il n’était pas ce roi que ce peuple cherchait  … Il  avait une double pensée : l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable … il cachait cette dernière pensée, et il découvrait l’autre. C’était avec la première qu’il traitait avec le peuple, et par la dernière il traitait avec soi-même. » (Blaise Pascal – Discours sur la condition des Grands). – S’applique de fait à toute fonction de souveraineté, y inclus les présidences démocratiques. Le roi a un corps privé dont je n’ai rien à connaître et un corps politique qui incarne la communauté, la nation. Si les deux se mélangent, on ne le respecte plus ; ce qui est devenu le cas en raison de l’exhibitionnisme indécent des leaders en démocratie en général et en France en particulier. On n’est pas loin de la séparation entre conduite privée et devoir d’état (rubrique Devoir d’état, 210, 2, où  cette doctrine est plus largement expliquée).

« Dans une monarchie, si constitutionnelle soit-elle, il y  a toujours quelques questions qui ne regardent pas le particulier. Dans une  république, chacun décide à propos de tout … Dans une république chacun est en principe souverain et chacun peut devenir le premier ; c’est ainsi que personne n’est porté à garder la mesure : l’ambition, le désir de gouverner, la volonté de puissance dépassent toutes les limites. » (Hermann von Keyserling) – D’où le vacarme et la cacophonie et l’envie et le ressentiment…

 « Nous fûmes les guépards, les lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. » (prince de Lampedusa – Le guépard)

« La monarchie sera partout tant que les hommes les plus opposés à cette forme politique n’auront pas d’autre idéal que d’être eux-mêmes en petit des monarques. » (Pierre Leroux – un des premiers vrais socialistes, celui même qui créa le terme socialisme – cité par Jean-Claude Michéa)

« On ne peut que respecter et craindre les meilleurs lois, mais pont les aimer. On respecte les bons régents, on les craint et on les aime. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« C’est moi qui nomme mes ministres; mais c’est la nation qui les renvoie. » (Louis XV – cité par Alexis de Tocqueville)

« Mon sang coulera pour me punir de n’en avoir jamais versé. » (Louis XVI)

« Le royaume de France est heureux et tranquille parce que le roi est soumis à une infinité de lois qui font la sûreté des peuples. » (Machiavel) – Qui n’était pas un naïf.

« La monarchie est causée soit par le peuple, soit par les grands, selon que l’un ou l’autre de ces partis en a l’occasion. Car les grands, voyant qu’ils ne peuvent résister au peuple, commencent à orienter la faveur vers l’un d’entre eux et le font prince, pour pouvoir à son ombre, assouvir leur appétit. Le peuple aussi, voyant qu’il ne peut résister aux grands, ayant orienté la faveur vers quelqu’un, le fait prince, pour être protégé par son autorité. » (Machiavel – Le Prince

« Le prince naturel a moins de motifs et de nécessité de maltraiter ses sujets … L’ancienneté et la continuité d’une domination effacent le souvenir et les raisons des dominations ; toujours en effet un changement laisse des pierres d’attente pour en édifier un autre. » (Machiavel – Le Prince

« Le roi ne règne que par la loi, et n’a puissance de faire toute chose à son appétit … trois ordres, trois chambres, trois délibérations ; c’est ainsi que la nation est représentée. Le résultat des délibérations, s’il est unanime, représente le vœu des états généraux … Les lois du royaume ne peuvent être faites qu’en assemblée générale de tout le royaume, avec le commun accord des gens des trois états. Le prince ne peut déroger à ces lois … La nécessité du consentement de la nation à l’établissement des impôts, est une vérité incontestable, reconnue par les rois … On voit Louis XIV reconnaître solennellement ce droit de libre vérification et ordonner à ses magistrats de lui désobéir sous peine de désobéissance, s’il leur adressait des commandements contraires à la loi …  Le roi pour les causes qui le concernent plaide dans ses tribunaux contre ses sujets. On l’a vu condamné à payer la dîme des fruits de son jardin … Les magistrats sont inamovibles… Le roi ne peut posséder de propriété particulière qui ne soit, par les lois, réunie au domaine public au bout de dix ans de possession. » (Des magistrats développant à l’époque les Principes fondamentaux de la monarchie française) – Pour rectifier un peu les sottises de nos manuels scolaires et de nos émissions télévisées et pour comparer avec les pouvoirs exorbitants de nos politiciens arrivés.

« Les lois du royaume, différentes des lois de circonstance ou non-constitutionnelles lesquelles sont appelées lois du roi, que les rois se sont avoués dans l’heureuse impuissance de violer. » (Joseph de Maistre)

« Un roi est rarement détrôné sans périr. » (Joseph de Maistre) – Charles I d’Angleterre, Louis XVI…

« Ôtez la reine d’un essaim, vous aurez des abeilles tant qu’il vous plaira, mais de ruche, jamais » (Joseph de Maistre)

« Parce qu’il est héréditaire, un prince n’est certes pas infaillible ; mais par position, par fonction, il est plus intéressé que personne à corriger ses fautes aussitôt qu’il les a découvertes, un acte contraire au bien de sa nation étant aussi contraire au bien de sa dynastie. » (Charles Maurras)

« Ces régimes, fondés sur l’hérédité, ne sont pas obligés d’acheter sans cesse les consentements de la foule. » (Charles Maurras) – C’est dire qu’on pouvait gouverner dans l’intérêt général et non suivant les sondages !

« L’alliance (provisoire) de la bourgeoisie et de la monarchie a été une coalition anti-féodale … c’était un moyen d’empêcher les ordres féodaux-aristocratiques de reprendre le pouvoir. » (Thomas Molnar)

« La monarchie n’a jamais toléré les féodalités qui la dépassent. Pas plus celle des féodaux de l’épée que celle des féodaux de l’argent. Ne relevant ni des élections ni de la presse, son autorité vient de la naissance et non de la finance. Elle est le seul régime indépendant des puissances d’argent. Elle peut donc les courber sous sa loi. » (Henri d’Orléans) – On comprend parfaitement, et l’histoire comme l’actualité montrent, que ces féodaux, ces puissances, préfèrent d’autres régimes dans lesquels ils peuvent manœuvrer à leur aise.

« La monarchie exerce en Angleterre une fonction des plus déterminées et hautement efficace, la fonction de symboliser. » (José Ortega y Gasset) – Fonction absente, sauf rares exceptions provisoires, dans la plupart des démocraties, et cette absence se paye cher. Vous sentez-vous symbolisé par un président, normal ou anormal ?

« Les guerres civiles ne manqueront pas si on veut récompenser les mérites car tous diront qu’ils méritent ; alors que le mal à craindre d’un sot qui succède par droit de naissance n’est ni si grand ni si sûr. » (Blaise Pascal)

« Le roi avec l’hérédité c’est le ‘premier venu’. Il fournit, avec le tirage au sort, la solution au problème : comment se gouverner tout en évitant la tyrannie des ‘habiles’. » (Jean Paulhan – cité par Pierre Boutang)

« L’ancien régime au moins n’avait pas commis cet abus d’être uniquement, inexpiablement le règne, le régime de l’argent. Des puissances spirituelles existaient encore, balançaient encore la puissance de l’argent. » (Charles Péguy)

« Dans cent ans, il ne restera que cinq rois dans le monde ; le roi de trèfle, le roi de cœur, le roi de carreau, le roi de pique et le roi d’Angleterre. » (Plaisanterie de jadis)

« Louis XIV fuyait les miroirs tant il craignait l’insolation. » (Jacques Prévert)

« Le jour où la France coupa la tête à son roi, elle commit un suicide. » (Ernest Renan – qui n’était pourtant pas un conservateur) – Et, effectivement, elle ne s’en est pas relevée.

« Un roi honnête homme, et qui n’est que cela, est un pauvre homme de roi. » (Rivarol)

« Comme roi, il méritait ses malheurs, puisqu’il ne sut pas faire son métier. » (Rivarol) – Sur la faiblesse de Louis XVI.

« Il y a toujours anarchie ou despotisme quand la crainte n’est que d’un côté (si le peuple craint le roi, il n’y a pas de révolte, et, si les rois craignent le peuple, il n’y a pas d’oppression). » (Rivarol)

« Aux guerres limitées des rois, la conscription nationale substitua les guerres d’extermination des peuples. Au pouvoir des monarques, tempéré par les ordres établis, le suffrage universel substitua l’omnipotence d’assemblées irresponsables qui, prétendant agir au nom de la volonté du peuple en tant que souverain, s’en servirent pour l’opprimer en tant que sujet. »  (Louis Rougier)

« Même président, un élu reste un élu, qui estime que c’est à lui qu’appartient le pouvoir: à lui seul, et non à ceux qui l’ont désigné … Dans une monarchie, le referendum, quel qu‘en soit l’initiateur, n’est pas perçu comme une atteinte, ni politique ni symbolique, au pouvoir du monarque. L’exemple du Maroc nous montre même que c’est le contraire … Un chef échappant par nature à l’élection, constitue par là même un pôle de stabilité incontestable au milieu d’une réalité mouvante, permettant d’accepter en-dessous les risques d’instabilité … il n’existe pas de pouvoir indépendant de ceux qui l’ont fait élire, des féodalités de tous ordres qui lui ont permis d’accéder à sa place … C’est parce qu’il n’est l’élu de personne que le roi peut-être l’homme de tous … le roi, lui, peut et doit penser sur le long terme. Ce qui veut dire, entre autres, qu’il n’est pas obligé de donner des gages à de futurs patrons, collègues ou clients. » (Frédéric Rouvillois) – On pourrait trouver mille avantages de plus au régime monarchique, tels que freiner le désordre, le chaos, la démagogie, la corruption, la servilité, s’épargner la profonde bêtise de certains dirigeants (François Hollande, Jacques Chirac à un degré moindre mais quand même consistant)… 

« L’Etat, notion abstraite qui s’incarne dans le second corps du roi, le corps abstrait, dynastique et immortel du souverain par opposition à son corps individuel et périssable. » (Jean- Claude Schmitt)

« Tandis que la paix et la confiance assurent la gloire et la sécurité de la monarchie, une république a besoin de craindre quelqu’un … En tant que telle, la monarchie veille déjà à la cohésion d’éventuels éléments antagonistes, elle a souci de leur maintien ensemble ; mais quand ceux-ci n’ont personne au-dessus d’eux pour leur imposer l’unité, quand ils ont une relative souveraineté, ils auront facilement tendance à se séparer si un danger partagé par tous  ne les force à rester ensemble … un danger qui doit rester une menace constante et non se traduire par un combat mené une fois pour toutes. » (Georg Simmel – reprenant des remarques de Montesquieu) – Ce pourquoi une république ne peut pas se passer d’ennemi extérieur ou intérieur.

« Balzac, le critique de gauche le plus lucide … était paradoxalement royaliste ; préférant, foutu pour foutu, la monarchie d’un prince de Conti à la démocratie selon Bernard Tapie. » (Alain Soral)

« Ce rapport direct, de personne à personne, qui d’ailleurs a fait la solidité de la monarchie, pendant si longtemps ; cette connivence avec le peuple, le serment. Toutes choses dont la démocratie a aboli jusqu’à l’idée. » (Gustave Thibon)

« S’il est quelque chose que notre tradition royale et les princes français ont ignoré, c’est bien précisément la loi du nombre. » (Gustave Thibon)

« Louis XVI, retraçant dans son cachot, ses dernières et plus secrètes pensées disait encore ‘mes concitoyens’ en parlant de ses sujets. » (Alexis de Tocqueville)

« Le chef-d’œuvre de l’aristocratie anglaise est d’avoir fait croire si longtemps aux classes démocratiques de la société que l’ennemi commun était le prince, et d’être ainsi parvenue à devenir leur représentant au lieu de rester leur principal adversaire. » (Alexis de Tocqueville)

« Dans une aristocratie le peuple est à l’abri des excès du despotisme, parce qu’il se trouve toujours des forces organisées prêtes à résister au despote. » (Alexis de Tocqueville)

« La monarchie n’est pas la vitrine ringarde du passé d’un pays fatigué. C’est une communauté engagée dans l’histoire, y compris dans les mauvaises passes, mais qui ne se dissout jamais … Une république vit dans les régions grecques de l’Idée, tandis que la monarchie vit dans les régions de l’Incarnation … Un régime dont le langage parlait à la fois à l’Eglise et aux laïcs, à la société et au ciel, aux humbles et aux grands … Un roi, le portier du royaume … La monarchie m’offre tout ce dont j’ai besoin pour abaisser les puissances : un honneur dans lequel je vois le courage, le don, la politesse, le respect de la parole donnée et reçue, la fidélité. La monarchie est le désir que l’homme tienne la promesse de sa grandeur dans une société qui est faite pour l’y encourager. Cela me suffit … La chose monarchiste a un pied ailleurs, dans un autre monde voluptueux … Le roi est à la place où ce qui était séparé devient uni. Le ciel et la terre. Le sacré et le profane. » (Marin de Viry – considérations sur la monarchie)

« Pour moi, je crois que le roi a raison, et, puisqu’il faut servir, je pense que mieux vaut le faire sous un lion de bonne maison, et qui est né beaucoup plus fort que moi, que sous deux cents rats de mon espèce. » (Voltaire – à propos de l’édit de dissolution des parlements en 1771) – Eh, oui, le critique Voltaire était royaliste.

« Le prince en ses conseils, le peuple en ses Etats. » (axiome de séparation des pouvoirs)

« De par le roy, interdit à Dieu de faire des miracles en ce lieu. » (graffiti d’un plaisantin après un édit du roi interdisant des rassemblements près d’une église parisienne)

« Pour être roi des autres, il le faut d’abord être de soi-même. » (?)

« L’avantage des monarchies héréditaires est de limiter au plus strict les luttes au sommet pour le pouvoir. » (?) – L’avantage n’est pas mince, quand on voit et les dégâts et les coûts et la profonde et perverse nullité de certains de nos présidents de la république.

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