375,2 – Etat, Nation

– Le premier devoir de l’Etat est la sécurité de tous et de chacun, le second de veiller à assurer une économie prospère qui profite à tous. Les dirigeants de l’Etat moderne préfèrent délaisser ces rôles demandant courage et esprit de suite et s’occuper de ce qui ne les regarde pas : bouleverser sans cesse la société, et de ce qui ne les regarde que trop : garder les privilèges de leur fonction, soigner les copains.

– Du temps où Etat et nation avaient une consistance, l’Etat était une figure masculine, paternelle ; la nation ou la patrie étant alors une une figure féminine, maternelle (voir ses représentations).

– Le premier s’est abaissé jusqu’à être réduit aux rôles de Nounou, de censeur, de distributeur de places et de dictateur des conduites privées.

– La deuxième a disparue dans le ‘melting pot’ et le fourbi européen.     

– « Possession en commun d’un riche legs de souvenirs et consentement actuel, désir de vivre ensemble, volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. » (Natacha Polony) – Qu’en reste –t-il ?

Sur l’Etat, voir en finale de la rubrique 375, 1, des considérations diverses et mêlées sur l’Etat et/ou le Pouvoir tirées du livre d’Eugène Enriquez, Clinique du pouvoir, les figures du maître.

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 « Le principe des nationalités prêtait à de multiples interprétations, selon que l’on mettait l’accent sur le libre choix des personnes (conception française) ou sur l’essence nationale dont participaient les hommes, même s’ils la récusaient (tendance de l’idéologie allemande). » (Raymond Aron)

 « Une nation trouve son droit à la victoire dans la quantité d’énergie dont elle dispose. » (Lucien Arréat)

« En fait de civilisation rien n’est absolu. Les idées qui conviennent à une contrée (un milieu) sont mortelles dans une autre. » (Balzac – Médecin de campagne)

« L’Etat, la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » (Frédéric Bastiat)

« Les nations n’ont de grands hommes que malgré elles, comme les familles. » (Baudelaire) 

« L’Etat, dépassionné, désincarné, désaffecté, mais tout-puissant dans sa transparence … A la fois, personne n’y croit, et il y a une espèce d’oblation totale, de recours total,  de sollicitation universelle vers cette figure elle-même disparue, ou en voie de disparition du point de vue politique : l’Etat. » (Jean Baudrillard)

« Le Nouvel Ordre Mondial a besoin d’Etats faibles pour se maintenir et se reproduire. Les Etats faibles, les quasi-Etats, peuvent être facilement réduits au rôle (indispensable) de commissariat de police local, assurant le minimum d’ordre nécessaire pour la conduite des affaires sans qu’on puisse craindre qu’ils viennent interférer dans la liberté de manœuvre des compagnies mondiales … Il n’existe aucune contradiction entre la nouvelle extraterritorialité du capital et la prolifération récente d’Etats faibles et impuissants… La fragmentation politique et la mondialisation économique sont de proches alliés et conspirent de concert. » (Zygmunt Bauman) – D’où la bienveillance des institutions supra-étatiques, créées par et au service du capital (types : ONU, Union européenne), envers les diverses régionalisations, autonomisations (types : Catalogne, Ecosse…).

« Un Etat ne survit que dans le réalisme ; réalisme que les chefs d’Etat ont toujours pratiqué. Autrefois, cependant, ils ne l’honoraient pas et ne prétendaient pas que leurs actes fussent justes ou moraux … Louis XI, Charles-Quint… pratiquaient le réalisme mais ne prétendaient pas que leurs actes fussent moraux. Ils ne déplacaient pas la morale de l’Evangile, et c’est pourquoi, malgré toutes leurs violences, ils n’ont troublé en rien la civilisation. La moralité était violée, mais les notions morales restaient intactes ..  Un Richelieu, qui ne doit de compte qu’à son roi, peut ne parler que du pratique et laisser à d’autres les vues dans l’éternel … Le gouvernant moderne, du fait qu’il s’adresse à des foules, est tenu d’être moraliste, de présenter ses actes comme une morale, une métaphysique, une mystique… » (Julien Benda)

« L’Etat est devenu prisonnier du principe de plaisir ; au lieu d’apaiser la revendication, toute satisfaction donnée à ceux qui réclament la rend encore plus aiguë … Dans le domaine spirituel, l’Etat ne dit plus rien, ne propose plus rien, ne secrète plus rien. Il ne trace l’ébauche d’aucun destin … L’Etat ne donne pas de sens. Il ne fournit pas des raisons de vivre mais des moyens d’exister. » (Alain de Benoist)

« Les valeurs étant exclues de ses préoccupations, laissant ainsi le champ libre à l’affrontement des intérêts, les lois y ont autorité dès lors qu’elles sont conformes à la Constitution et aux procédures prévues pour leur adoption. La légitimité se réduit alors à la légalité. Cette conception positiviste-légaliste de la légitimité invite à respecter les institutions pour elles-mêmes, comme si celles-ci constituaient une fin en soi… » (Alain de Benoist –sur l’Etat de droit) 

« La formidable croissance de l’Etat, dans le monde moderne, répond moins à la surexcitation du sentiment national qu’au développement du progrès technique. Tout se passe comme s’il était un aspect de la révolution industrielle. » (Emmanuel Berl) – Sauf que dans les pays où il n’y a plus d’industrie (ni de travail), l’Etat gonfle encore pour le plus grand profit de ses représentants. Quel est ce pays ?

« C’est la socialisation qui est liée au développement de l’Etat … Ce qui est curieux, c’est que ceux qui voulaient socialiser, c’est-à-dire Marx, Proudhon, etc., voulaient précisément le dépérissement de l’Etat. » (Emmanuel Berl) – Comme s’il était exceptionnel, anormal, surprenant qu’une idéologie aboutisse au résultat absolument contraire à ses prétentions affichées !

« Le bourgeois de 1912 recevait d’elle (la nation) plus qu’il n’en reçoit aujourd’hui (en 1971) … Elle exprime et défend beaucoup moins que dans le passé un style de vie. Elle n’empêche nullement l’unification progressive, et souvent désastreuse, des architectures, des modes, des média. » (Emmanuel Berl)

« Lorsque l’Etat devient Dieu, c’est qu’il est devenu incapable de remplir humainement sa besogne humaine. » (Georges Bernanos)

« Vous attendiez de l’Etat presque tout. Lorsque vous en attendrez tout, vous ne serez plus rien. » (Georges Bernanos)

« La course à mort est commencée entre l’individu et l’Etat … Ce qu’il y a d’affreux, c’est que le Français s’habitue petit à petit à n’être plus libre. » (Georges Bernanos) – Et on sait bien qui va la perdre. Ecrit il y  a soixante-dix ans, que dire maintenant ?

« L’image du troupeau et de la ruche, l’Etat moderne et la cité antique … Le troupeau peut avoir besoin d’un berger mais chaque animal paît pour son propre compte et on peut facilement le séparer des autres. Dans la ruche, au contraire, il y  a répartition du travail en vue d’un résultat pour lequel tout le monde œuvre en commun. Se séparer de la ruche, c’est mourir … ou bien, le bateau qui est destiné à gagner un port et à laisser se disperser ses occupants et le bateau qui est destiné à rester en mer pour toujours, et les différences de relations qui s’établissent à bord.  » (Allan Bloom)

« Il n’y a d’accroissement de la force d’un pays, que si les efforts des générations s’additionnent, si les vivants se considèrent comme des usufruitiers entre leurs morts et leurs descendants. » (Paul Bourget)

« D’une part, la stigmatisation de la figure populaire nationale devenue rapidement raciste, xénophobe, sexiste et homophobe ; et, d’autre part, l’exaltation de la différence identitaire culturelle comme d’un bienfait en soi pour les individus comme pour la société. » (Laurent Bouvet – sur comment s’est opéré le rejet du peuple – Le sens du peuple – cité par Jacques Julliard)

« Le jeunisme est une idéologie de nations vieillissantes. » (Pascal Bruckner)

« ‘L’Etat est l’Esprit absolu certain de lui-même qui ne reconnaît pas de règles abstraites du bien et du mal, du honteux et du méchant, de l’artifice et de la ruse’ … Valable pour la volonté individuelle, la moralité cessera de l’être pour la volonté universelle incarnée par l’Etat … L’Etat possède une ‘unité organique’ et, dans un tel organisme, le tout l’emporte sur les parties … L’Etat n’est nullement une œuvre d’art ; il vit dans le monde et il évolue dans la sphère du choix, de l’accident et de l’erreur. » (Ernst Cassirer – citant Hegel et l’interprétant)

« Dans le système hégélien le culte  de l’Etat sera combiné avec celui du héros. La grandeur de ceux-ci n’aura rien à voir avec les prétendues ‘vertus’. La grandeur signifiant le pouvoir, le vice deviendra aussi grand que la vertu … Sur l’interprétation psychologique de l’histoire, minimisant tous les grands gestes comme tous les héros, en les réduisant à des motivations insignifiantes et médiocres : ‘C’est la vue des valets de chambre psychologiques pour lesquels il n’y a pas de héros, non que ceux-ci ne soient des héros, mais parce que ceux-là ne sont que des valets de chambre’. » (Ernst Cassirer – citant Hegel et l’interprétant) – Le mépris hégélien des interprétations psychologiques ; à lire par nos tout petits journalistes.

« La ‘Nation’, poussière d’individus théoriquement homogénéisés, n’a plus d’existence politique autre que celle de ses représentants. Le jacobinisme commence à délirer et la Terreur s’installe à partir du moment où le peuple se retire de la scène et où l’indivisibilité de la souveraineté se transforme en absoluité du pouvoir, laissant les représentants dans un sinistre tête-à-tête avec l’abstraction. » (Cornelius Castoriadis) – Constatation historique certes, mais nous prenons le chemin de répéter la sinistre histoire.

« Les  bourgeoisies, les classes dirigeantes de l’Occident européen ne comprennent pas que l’aliénation, par elles, des identités nationales sonnera l’heure de leur propre liquidation. » (Jean Cau)

« Comment songer raisonnablement à un Etat qui accepterait, non par incapacité … mais par décision, de desserrer son étau de contraintes exercé sur le niveau moléculaire de la société, qui consentirait à y laisser agir les forces de nouveauté, qui cesserait d’y tendre les pièges de sa Providence… ? » (François Châtelet) – Qui se limiterait à son rôle, sans exercer et étendre sa  tyrannie tout partout.

« Une nation s’éteint  quand elle ne réagit plus aux fanfares ; la décadence est la mort de la trompette. » (Emil Cioran)

« Dès qu’une nation conserve la conscience de sa supériorité, elle est féroce, et respectée. Dès qu’elle la perd, elle s’humanise et ne compte plus … Les nations montantes craignent par-dessus tout l’absence de préjugés et d’interdits, l’impudeur intellectuelle, qui fait l’attrait des civilisations finissantes. » (Emil Cioran) – On voit pourquoi  des minorités imposent la repentance et son corollaire de génuflexions.  On voit ce qu’il en est, et va être, de l’Occident anglo-saxon en général et de la France prostituée en particulier.

« Que l’Etat se contente d’être juste, nous nous chargeons d’être heureux. » (Benjamin Constant)

« Ce que l’Etat encourage dépérit, ce qu’il protège meurt. » (Paul-Louis Courier)

« A l’inverse des paradis, tous perdus, les nations n’existent que retrouvées, et elles ne valent rien si on ne les égare pas en chemin. Camp de prisonniers, Occupation, exil, long périple : tout est bon, tant on fait des retrouvailles avec peu. C’est dans les rues vides de Vancouver … qu’un Européen se souviendra de cette étrange zone sur la planète où il y a du monde dans les villes après six heures du soir, où il y a des gens dans les bistrots ou les pubs qui parlent autour d’une table des choses d’antan… » (Régis Debray)

« Conception essentialiste des nations (en  Russie et ailleurs) … Nations plus incarnées …  loin de la vision contractuelle de l’Occident … On ne peut pas aimer une constitution, mais seulement une patrie avec ses paysages et ses figures humaines. » (Chantal Delsol

« Ce sont toutes les sociétés occidentales qui semblent en voie de ‘zadisation’. Les vieilles nations sont attaquées par le haut par les multinationales et pas le bas par les tribus. Sans un sursaut collectif, le nouveau monde sera celui des GAFA et de la burka, du McWorld et du djihad, comme le prophétisait dès les années 1990 Benjamin Barber. » (Alexandre Devecchio)

« Les nations ont un caractère propre aussi bien que les individus. » (Disraeli) – Mais fort heureusement la mondialisation est en train de balayer toutes ces inconvenantes survivances.

« Lorsque l’action humaine ‘tourne mal’ elle dégénère en violence, en guerre, en destruction … L’action ‘bonne’ aujourd’hui peut demain être jugée ‘mauvaise’ … La confrontation impliquée par le face à face … L’originalité des sociétés historiques, pourvues d’un Etat et d’institutions centralisées est d’avoir substitué aux dispositifs symboliques des sociétés dites primitives (notamment, le langage du don, créateur d’un monde de relations stables, de sécurité) un mécanisme beaucoup plus efficace et puissant, mais par là même beaucoup plus aliénant : celui de ‘l’interface’ … Ne rencontrer que des interfaces, des institutions anonymes, agissant selon des règles fixes et connues,  a un avantage : les dommages engendrés sont anonymes et ne sont jamais un rapport entre deux personnes en face à face … Personne ne crée apparemment de dommages à autrui (si cela se produit, un mécanisme d’interface, la Justice, s’interpose) … Ce qui limite les risques que la violence éclate (au prix du sacrifice du sens et de la visibilité et de sa conséquence, le risque d’explosion générale de type révolution) … Seul l’interface qui dissimule la ‘cause’ des dommages aux yeux des victimes, est capable d’éviter l’explosion violente … » (Jean-Pierre Dupuy, Jean Robert – sur, entre autres, le rôle du Marché)

« Le premier acte par lequel l’Etat (la violence organisée) intervient réellement comme représentant de toute la société, l’appropriation des moyens de production au nom de la société, est en même temps son dernier acte autonome d’Etat … il dépérit. » (Friedrich Engels – Anti-Dürhing) – Doux rêve !

« Un Etat sans dimension spirituelle et sans légitimation transcendante n’a pas droit au nom d’Etat et se trouve désarmé en face de tous les arguments invoqués par la polémique rationaliste, révolutionnaire, sociétaire et subversive. » (Julius Evola) – C’est la situation de la plupart des Etats occidentaux aujourd’hui, simples fournisseurs de prébendes à leurs fidèles, Etats non respectés car non respectables.

« L’Etat n’est pas, et n’a pas à être l’expression de la société … La finalité de l’Etat en tant que ‘force qui tire vers le haut’ s’en trouve gravement niée. » (Julius Evola) – La sphère politique doit dépasser les intérêts particuliers. On voit combien, on en est loin, puisque même ceux qui occupent l’Etat (on n’ose dire à leur propos incarne) ne manquent pas de se soucier d’eux et de leurs copains, de les caser, ou recaser.

« Les convoitises des nations sont plus âpres, leurs triomphes plus hautains, leurs mépris plus insultants que ceux des princes. Ils soulèvent aussi des ressentiments plus amers et plus durables … Les passions qui n’agitaient autrefois que quelques individus gagnent la masse du peuple et elles deviennent d’autant plus terribles que les esprits dont elles s’emparent sont plus bornés. » (Marc Ferro)

« La contradiction conceptuelle entre l’idée de la ‘nation-contrat’ (française), théorie élective, libre choix, et de la ‘nation-génie’ (allemande), théorie ethnique, communauté de langue et de race. D’un côté, la patrie : c’est ce qu’on désire ou ce qu’on aime, la nation élective, juridique, faisant fi de la notion communautaire d’identité collective, homme par nature et Français par accident. De l’autre : est des nôtres quiconque fait partie de notre communauté culturelle (langue, mœurs…), la nation ethnique, fusionnelle, faisant fi de l’universel (le volkgeist, l’esprit du peuple, d’une entité politisée, agrégée par un but commun, par une même sensibilité), Allemand par destin. Cette dernière doctrine élaborée pour faire pièce à la conquête et à l’asservissement de l’Allemagne par la Révolution puis par Napoléon (un peu plus d’un siècle après les horreurs du saccage du Palatinat par Turenne puis Louvois). Cette opposition des deux conceptions n’a pas peu contribué à alimenter l’antagonisme franco-allemand entre 1870 et 1914 à propos de l’Alsace-Lorraine – Comme toujours dans nos temps modernes, les prétendus intellectuels sont coupables des dégâts causés dans les têtes, puis dans les faits, ici, Barrès, Renan, Péguy même… là, Mommsen, Strauss… » (Notions tirées d’Alain Finkielkraut) – « Appartenance politique en France, appartenance culturelle en Allemagne. » (Stéphane Vibert) – « Dans sa propre idée de lui-même le Français est homme par nature et français par accident, tandis que l’Allemand se sent d’abord allemand, et homme à travers sa qualité d’allemand. » (Louis Dumont) – « D’un côté (français) conception subjective de la nation ne reposant que sur un projet commun, des valeurs partagées (mais peu de valeurs nationales, seulement valeurs de la ‘république’) et un ‘vouloir-vivre’ collectif. De l’autre (germanique) une conception objective de la nation, fondée sur le sang, la langue, la culture, la religion et l’histoire. » (Jean-Luc Coronel de Boissezon) – Face au multiculturalisme imposé, la conception française s’écroule : projet, valeurs, vouloir-vivre communs. Eclat de rire général. 

« En abandonnant les usages de leur pays et leur propre histoire… ivres de théorie, les révolutionnaires … Dans le moment même où ils croyaient libérer la nation des institutions surannées qui la maintenaient sous tutelle, ils trahissaient, en fait, l’identité nationale au profit de ce rêve de l’esprit, de cette entité purement imaginaire : l’homme …  Ils ont chassé l’histoire en croyant bannir la superstition ou l’erreur ; convaincus d’émanciper les esprits, ils n’ont réussi qu’à les déraciner. Ils ont délogé la présence du ‘nous’ dans le ‘je’, chassé l’antérieur de l’actuel… » (Alain Finkielkraut) – Valable pour les révolutionnaires de tout temps et tout lieu. – Comme l’écrit Taine : « Des hommes nés à vingt ans, sans parents, sans passé, sans tradition, sans obligation, sans patrie, et qui, assemblés pour la première fois, vont pour la première fois traiter entre eux. »

« L’idéal de l’Etat, selon les socialistes, n’est-il pas une espèce de vaste monstre absorbant en lui toute action individuelle, toute personnalité, toute pensée et qui dirigera tout, fera tout ? Une tyrannie sacerdotale est au fond de ces cœurs étroits. » (Flaubert)

« Nous n’avons point d’Etat, nous avons des administrations. » (Anatole France)  

« Le rôle d’un Etat n’est pas d’être éthique, mais politique. Avant d’être un Etat de droit, il doit être un Etat. » (Julien Freund – reprenant Vilfredo Pareto) – « Encore eût-il fallu qu’il y ait eu un chef et un Etat. » (Charles de Gaulle – sur Albert Lebrun président de la république en 1939-40) – Comme aujourd’hui.

« L’Etat, c’est dans l’existence de ce condensateur de l’autosuffisance de l’ici-bas que réside l’essence de la politique moderne. » (Marcel Gauchet) – Soit dans l’existence d’un monstre froid.

« Les sociétés civiles s’autonomisent et l’Etat devient une sorte de prolongement instrumental de la société civile au lieu d’être l’instance en surplomb qui domine et définit le cadre dans lequel va se situer la vie civile. » (Marcel Gauchet) – L’Etat au service des intérêts privés.

« En une décennie, de 1970 à 1980, l’Etat est passé de la figure de vecteur du futur à celle de monstre obsolète. Rationalité gestionnaire, vertu de désintéressement, faculté de voir à long terme … Ces qualités éminentes dont on le présumait capable se sont dissoutes dans l’acide du soupçon. » (Marcel Gauchet)

« Désormais, l’Etat ne saurait définir des fins par lui-même, il n’est plus qu’un instrument au service de la société civile et c’est à celle-ci qu’il appartient de formuler les buts ultimes au nom desquels l’action publique doit se déployer. » (Marcel Gauchet – La religion dans la démocratie) – On peut toujours rêver. Pourquoi pas un grand débat ! Avec de toutes petites questions.

« Depuis la fin de l’Ancien régime, et la mise sur pied des premiers Etats de droit, le langage et la pensée juridique courante tendent à confondre la égalité avec la légitimité. On qualifie presque indifféremment une activité de légale ou de légitime quand on la trouve conforme aux règles du système juridique en vigueur. » (Pierre Gothot)

« Lorsque furent formées ces unités secondaires, d’ordre purement politique, c’est-à-dire temporel et non plus spirituel, que sont les nations, la grande unité de l’Occident fut irrémédiablement brisée, et l’existence effective de la ‘Chrétienté’ prit fin. » (René Guénon)

« L’Etat n’a pas en charge les fins dernières. Mais parce qu’il tient les hôpitaux et la redistribution sociale, il se mêle de dire comment naître, comment vivre, et même quand et comment mourir … Il n’a pas en charge l’éducation des enfants, qui est l’affaire des parents. Mais comme il tient le système scolaire… L’Etat n’a pas créé l’altérité des sexes ni la filiation … Dans une jalousie féroce de puissance métaphysique, l’Etat (touche à tout) s’apprête à toucher l’intouchable. » (Marie-Joëlle Guillaume)

« L’Etat renonçant à toute fonction symbolique ou instituante pour se transformer en thérapeute indulgent, et maternant, de l’individu transgresseur. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Que la Révolution décapite le roi, il lui faut inventer cette fiction centralisatrice : la Nation abstraite, conçue comme un génie de la race qui vous fait toiser les autres peuples de haut. Autrefois, rois et nobles faisaient la guerre au-dessus de la tête des populations, qui n’avaient pas à entretenir de haines mutuelles. En 1793, la Convention invente la ‘levée en masse’ … Pour l’arracher aux siens, on lui instille donc la haine de la ‘nation’ d’en face … ‘Qu’un sang impur abreuve nos sillons !’. » (Fabrice Hadjadj) – C’est en 1914 que l’organisation de la haine fut, du moins en France, l’objet de tous les soins (si on peut dire), à des degrés inimaginables, infra-humains. Il fallait bien cela pour obtenir un tel massacre. 

« Les sociétés se forment mais les Etats sont fabriqués. » (Friedrich von Hayek)

« Une nation, c’est un peuple en tant qu’il est né. » (Hegel) – Nation vient de nasci, naître.

« On ne peut causer de plus grands dommages à une nation qu’en la dépouillant de son caractère national, de ce qu’il y a de spécifique dans son esprit et dans sa langue … Les amis de l’humanité et des cosmopolites … » (J. G. Herder) – Déjà au XVIII° siècle.

« Ce qui a toujours fait de l’Etat un enfer sur la terre c’est que l’homme a voulu en faire un paradis. » (Hölderlin)

« La nation est le seul bien de ceux qui n’ont rien. » (Jean Jaurès)

« L’Etat moderne n’est autre chose que le roi des derniers siècles, qui continue triomphalement son labeur acharné, étouffant toutes les libertés locales, nivelant sans relâche et uniformisant. » (Bertrand de Jouvenel)

« Corps permanent auquel on a l’habitude d’obéir, et qui a les moyens matériels de contraindre, qui est soutenu par l’opinion qu’on a de sa force, la croyance dans son droit de commander (légitimité) et l’espoir qu’on met dans sa bienfaisance. » (Bertrand de Jouvenel – sur l’Etat)

« En refusant de reconnaître qu’il y a  deux entités distinctes, on a livré la Nation au Pouvoir, qui accueillerait comme sédition ce que la monarchie accueillait comme remontrance et le peuple reste sans défenseur. » (Bertrand de Jouvenel)

« Tout attendre de l’Etat, cela signifie que l’on attend tout des autres … cela signifie que le peuple est en train de se transformer en un troupeau de moutons qui escomptent toujours que les bergers les conduiront sur de gras pâturages. » (Carl Jung) – Non, les gras pâturages  sont réservés aux seuls bergers et à leurs copains.

 « L’individu ne peut trouver une justification réelle à son existence, à son autonomie spirituelle et morale, sans faire appel à un principe qui n’est pas du monde et qui est susceptible de relativiser l’influence par trop puissante des facteurs extérieurs … L’Etat dictatorial a non seulement détruit les fondements du droit du citoyen, mais il l’a en outre privé de ses bases spirituelles en le dépouillant de la justification métaphysique de son existence. » (Carl Jung) – L’Etat dit démocratique antireligieux et totalitaire à la française fait de même, le mépris et l’hypocrisie en plus.

« Le foyer réel des attaques et des résistances contre l’Etat : c’est la famille … Elle se soustrait plus opiniâtrement à la refonte par le plan d’Etat que l’armée, la vie économique, l’Eglise et même l’individu. Sa force vient de ce qu’on porte ici la main, non uniquement sur une institution, un état social, un sacrement, un destin individuel, mais en même temps sur la nature en sa substance … Soustraire l’enfant à l’influence de sa famille, pour le modeler selon une orientation définie. » (Ernst Jünger – L’Etat universel – le rêve de tous les théoriciens et de tous les utopistes) – Le rêve des saboteurs officiels de l’Education Nationale française, comme celui de toutes les dictatures déclarées ou clandestines qui haïssent la famille, dernier bastion de résistance de la liberté et qui s’efforcent de la détruire par toutes les nocives mesures dites sociétales.

« La nation était le meilleur antidote du choc des civilisations … Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de la concorde planétaire, mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. » (Hervé Juvin)

« Quand on soulève le couvercle de la Nation pour la  déconstruire, on récolte moins souvent l’utopie mondialiste ou la paix entre citoyens que la passion ethnique, religieuse, clanique ou mafieuse … Détruisez la Nation et vous substituez à ce principe d’union des différences et de dépassement des oppositions, un principe de reflux vers ces ‘identités meurtrières’ que dénonçait Amartya Sen … Montée des extrêmes, grandes peurs, grandes solitudes qui provoquent les grandes haines, tout cela n’est que le début des effets délétères mais prévisibles et connus, de la décomposition nationale sous l’effet du mondialisme. »  (Hervé Juvin)

« Qu’est-ce qu’une nation qui ne préfère pas ses citoyens ? » (Hervé Juvin) – La France.

« La petite nation est celle dont l’existence peut être à n’importe quel moment mise en question, qui peut disparaître et qui le sait. Un Français, un Russe, un Anglais n’ont pas l’habitude de se poser des questions sur la survie de leur nation.» (Milan Kundera) – C’est effectivement une toute autre optique.

« ‘La colonisation du monde vécu’ (Jürgen Habermas) signifie que rien ne doit être exempt de médiation pédagogique ou thérapeutique … Toute conduite doit être administrée par des experts possédant les dernières technologies du moi … L’invasion de l’intimité par le ‘complexe tutélaire’ de l’Etat moderne. » (Christopher Lasch)

 « En se mondialisant, le ‘marché’ a sapé les bases de cet ’Etat-providence’ des trente glorieuses. Il n’a certes pas détruit l’Etat comme machine oppressive à son service, mais il a détruit l’Etat comme nation de citoyens, et l’Etat comme système social de contre-pouvoirs. » (Serge Latouche)

« A la fois protecteur et oppresseur, gestionnaire et arbitre, autoritaire et rationnel, libérateur et identitaire, l’Etat actuel accumule les contradictions sous des discours officiels de la plus haute cohérence … Avec quel acharnement les hommes de l’Etat, un peu partout, rognent ce qui dépasse, détruisent ce qui ne rentre pas dans les normes imposées … Il ne se contente plus de ‘surveiller et punir’, d’élaguer l’inutile, d’éliminer l’anormal. Aujourd’hui, l’Etat gère le quotidien, soit directement soit indirectement. Directement, par les règlements et les lois, par les interdits multipliés, par l’action tutélaire des institutions et des administrations. Indirectement, par la fiscalité, par l’appareil de la justice, par l’orientation des médias … jadis, ce qui n’était pas interdit était autorisé. Aujourd’hui, tout ce qui n’est pas autorisé est interdit.  » (Henri Lefebvre) – L’Etat devenu fou, confié à des pitres incultes et barbares.

« L’amour de la subordination dans le cœur du peuple, au moyen de l’amour de la loi … Les juristes savent que l’amour porté à l’Etat passe par une dévotion de la loi … La pompe de l’arrêté réglementaire pour nommer un concierge de Ministère ou pour lever la taxe sur les chiens n’est pas une invention d’idiots, mais un cérémonial efficace pour entretenir la soumission. Sont-ils, sur ce point, affranchis, les sujets de cette bureaucratie superbe, au XX° siècle ? … Mettez ensemble les sujets, dites-leur de décider de la plus infime question, immédiatement ils manifestent leur souffrance de ne pouvoir en référer à leurs pasteurs. Ainsi s’ordonne la gérance d’un troupeau fidèle … L’Etat centraliste comme substitut monothéiste … L’Etat investi de la charge suprême du Salut, venant prononcer les paroles rassurantes et distribuer les bienfaits d’un Bonheur magistralement défini selon les docteurs, d’après cette image sacrée du Père, associée au thème de la Mère nourrissante … Afficher la bonne croyance, dire que le Droit est l’unique et le vrai Droit, voilà l’important et le seul nécessaire ; le grand œuvre de la soumission ne demande pas autre chose : une entreprise perpétuelle d’ordre moral et de conversion. » (Pierre Legendre)

« Il faut à tout prix (je veux dire : quel que soit le prix en croyances et l’étendue du massacre mental) que s’opère une transposition rigoureuse, imposant à la masse d’aimer sa dépendance, le salut par les pontifes porteurs du sens de l’Etat. L’usine à slogans bienfaiteurs saura-t-elle répondre à la demande d’une certaine soumission ? » (Pierre Legendre)

« Les hommes s’habitueront à observer les conditions élémentaires de la vie en société, sans violence et sans soumission … Engels parle de la nouvelle génération ‘grandie dans des conditions sociales nouvelles et libres’ qui sera en état de se défaire de tout ce bric-à-brac de l’Etat, de tout Etat, y compris celui de la république démocratique. » (Lénine)

« L’Etat prolétarien commencera à s’éteindre dés sa victoire, l’Etat devenant inutile et impossible dans une société où les contradictions de classe n’existent pas. » (Lénine)

« L’Etat pourra s’éteindre complètement quand la société aura réalisé le principe : ‘De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins’ … Quand les hommes travailleront volontairement selon leurs capacités … Quand chacun puisera librement selon ses besoins … La phase supérieure du communisme suppose une productivité du travail différente de celle d’aujourd’hui, et la disparition de l’homme moyen d’aujourd’hui… La nécessité d’observer les règles, simples mais essentielles, de toute société humaine deviendra très vite une habitude.» (Lénine)

« Selon Marx, l’Etat est un organisme de domination de classe, un organisme d’oppression d’une classe par une autre ; c’est la création d’un ‘ordre’ qui légalise et affermit cette oppression en modérant le conflit des classes. » (Lénine) – C’est en tout cas devenu de nos jours un ordre bien fermé, au sens de l’ancienne noblesse, dont les membres prospèrent et se gobergent sur le dos du peuple, mais avec plus d’hypocrisie et moins d’élégance que l’ancienne noblesse.

« Une nation n’est pas une société : la société est horizontale, elle se conjugue au présent ; la nation, elle, a un passé et un avenir, elle est cité des vivants et des morts, monde commun des hommes d’aujourd’hui, d’hier et de demain … Le multiculturalisme signifie bien autre chose que l’enrichissement par les différences : il signifie la dislocation, l’émiettement de la nation. » (Bérénice Levet) – On croit rêver quand on voit ce qui reste de nos nations d’aujourd’hui, des mixtures…

Le capital, qui a bien saisi tout le profit qu’il peut tirer de la mort des nations, encourage et finance même l’érection de la nouvelle Babylone. (Nicolas Lévine)

« Moins l’Etat est régalien, plus il est maternel. Moins il a d’autorité, plus il se montre autoritaire. Moins il peut faire, plus il nous dit quoi faire … Les préoccupations de santé cachent une vision moraliste qui évoque des ligues de vertu d’antan. »» (Elisabeth Lévy)

« Le matin nous éructons parce qu’il nous espionne, le soir nous défilons parce qu’il nous abandonne. Nous le trouvons absent et envahissant, intrusif et indifférent. L’Etat n’en fait jamais assez et toujours trop. Moins l’Etat est régalien, plus il est maternel. Moins il a d’autorité, plus il se montre autoritaire. Moins il peut faire, plus il dit quoi faire. Comme si faute de pouvoir agir sur le monde, il lui fallait régir le moindre détail de nos existences. » (Elisabeth Lévy) – On a reconnu l’Etat français, son impuissance, son agitation, sa fébrilité. 

« Dans une société libre, l’Etat n’administre pas les affaires des hommes. Il administre la justice parmi des hommes qui conduisent leurs propres affaires. » (Walter Lippmann) – En clair, il ne se mêle pas de tout pour emmerder les gens.

« Tout ordre étatique, et juridique, et au premier chef, l’ordre capitaliste repose en dernière analyse sur le fait que son existence et la validité de ses règles ne posent aucun problème et sont acceptées comme telles. » (Georg Lukàcs) – Vrai pour tout régime, démocratie incluse.

« Un Etat digne de ce nom, un Etat fort, ne peut avoir qu’une base sûre : la centralisation militaire et bureaucratique. Entre la monarchie et la république la plus démocratique, il n’y a qu’une différence notable : sous la première, la gent bureaucratique opprime et oppresse le peuple, au nom du roi … sous la république … c’est au nom de la volonté du peuple. » (J. W. Makhaïski) – L’aspect purement militaire est remplacé de nos jours par la propagande médiatique, plus économique autant que  plus efficace.

« La nation ou les trois autarcies : l’autarcie économique, l’autarcie diplomatique et stratégique, l’autarcie passionnelle. » (Pierre Manent – reprenant Jean Baechler) – Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

« L’Etat est moins là pour protéger les Français que pour les surveiller. » (Pierre Manent)

« L’Etat est un organisme de domination de classes … C’est la création d’un ordre qui légalise et affermit cette oppression en modérant le conflit des classes. » (Karl Marx)

« L’Etat étant la forme par laquelle les individus d’une classe dominante font valoir leurs intérêts communs et dans laquelle se résume toute la société civile d’une époque, il s’ensuit que toutes les institutions communes passent par l’intermédiaire de l’Etat et reçoivent une forme politique. De là, l’illusion que la loi repose sur la volonté et, qui mieux est, sur une volonté libre, détachée de sa base concrète. » (Marx – Engels)

« L’indépendance de l’Etat n’existe plus aujourd’hui que dans les seuls pays où les ordres ne sont pas encore entièrement parvenus dans leur développement au stade de classes et jouent encore un rôle, alors qu’ils sont éliminés dans les pays plus évolués. » (Marx – Engels) – Par ordres entendre les ordres traditionnels : militaire, noblesse, magistrature de robe, clergé, Tiers-Etat… Ce qui ne signifie pas que les auteurs regrettent leur disparition même si la formulation est plutôt à l’avantage des ordres anciens.

« Quand dans un Etat vous ne percevez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas. Un gouvernement libre, c’est-à-dire toujours agité. » (Montesquieu)

« Il y a de mauvais exemples qui sont pires que les crimes ; et plus d’Etats ont péri parce qu’on a violé les mœurs que parce qu’on a violé les lois. » (Montesquieu)

« Une nation où les femmes donnent le ton est une nation parleuse. » (Montesquieu)

« C’est le plus froid de tous les monstres froids. Et il ment froidement : ‘Moi, l’Etat je suis le peuple !’ … Alors qu’il suspend au-dessus d’eux une épée et cent appétits … Mais l’Etat ment dans tous les langages du bien et du mal; il ment dans tout ce qu’il dit – et tout ce qu’il possède il l’a volé. Tout en lui est faux. » (Nietzsche)

« Fort avec les faibles, faibles avec les forts. » (Michel Onfray – sur l’Etat ou le gouvernement, autoritaires)

« Contrairement à ce que l’on croit habituellement, l’Etat absolu respecte instinctivement la société beaucoup plus que notre Etat démocratique, qui est plus intelligent, mais qui a un sentiment moins vif de la responsabilité historique. » (José Ortega y Gasset)

« L’homme-masse voit dans l’Etat un pouvoir anonyme, et comme il se sent lui-même anonyme, vulgaire, il croit que l’Etat lui appartient … et il tendra de plus en plus à le faire fonctionner pour anéantir, grâce à lui, toute minorité créatrice qui le gêne … Le plus grand danger, l’étatisation de la vie, l’interventionnisme, l’absorption de toute spontanéité sociale par l’Etat … il sucera la moelle de la société jusqu’à en devenir cadavérique … Comment ne pas craindre que, sous l’empire des masses, l’Etat ne se charge d’anéantir l’indépendance de l’individu, du groupe, et d’épuiser ainsi définitivement l’avenir ? » (José Ortega y Gasset) – Ecrit en 1930, bien vu.

« Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager ; dans le présent une volonté commune ; dans l’avenir, un même programme à réaliser. ‘L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours’. » (José Ortega y Gasset – citant Ernest Renan) – Evoquant la nation, ni l’auteur ni Renan n’ont songé en leur temps au tas d’allocs objet de notre convoitise et préoccupation principale de ce qui fut un peuple.

« L’Etat n’est que la classe qui a réussi à obtenir l’hégémonie. Qu’on soit en monarchie ou en démocratie, peu importe. C’est toujours une oligarchie qui est maîtresse. Parler d’une démocratie véritable, c’est parler d’une sphère carrée, d’un bâton sans bout. Il serait donc naïf de s’illusionner sur le compte de l’Etat, cette papauté nouvelle. » (Georges Palante) – La seule différence entre monarchie et démocratie, c’est que dans cette dernière forme, l’oligarchie est bien cachée.

« Défendez vos nations comme la prunelle de vos yeux. » (Jean-Paul II – à l’ONU)

« L’Etat centralisé, avec sa multitude de prébendes, est le paradis du parasitisme. C’est le régime qui permet à un nombre maximum de fainéants de vivre aux dépens des producteurs. » (Jules Payot)

« Une nation qui ne soutient pas son élite est une nation condamnée à disparaître. » (Jules Payot)

« Le dogme libéral de la neutralité axiologique de l’Etat, en interdisant de trancher entre les multiples revendications de l’individualisme démocratique qui entrent en conflit, conduit à abandonner la solution de ces conflits à l’arbitraire des rapports de force. » (André Perrin – évoquant Jean-Claude Michéa)

« L’Etat n’est pas la solution à nos problèmes, il est le problème. » (Ronald Reagan – cité par Pierre-André Taguieff)

« Les moyens immoraux de gouvernement (police machiavélique, restrictions à certaines libertés…) ont été jusqu’ici nécessaires et  légitimes. Ils cesseront de l’être quand l’Etat sera composé d’hommes intelligents et cultivés. » (Ernest Renan) – Cela n’en prend guère le chemin. Bel exemple de l’optimisme renanien. 

« L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun et aussi que tous fassent oubli de choses. » (Ernest Renan)  – Alors il y a déjà longtemps que la France n’est plus une nation.

« L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours …  Se souvenir des choses qu’on a faites ensemble et propos d’en faire d’autres … Une nation est une âme et un principe spirituel … Deux choses … l’une dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis » (Ernest Renan) – Définit plus la Patrie que la Nation, deux notions qui se recoupent mais la première à un niveau affectif, la seconde à un niveau plus existentiel   – « La nation comme ‘être commun’, c’est le principe spirituel, l’âme ; la nation comme ‘avoir commun’, c’est l’héritage. » (Frédéric Saint Clair) – « L’unité contenue dans le principe spirituel, l’âme – L’héritage reposant sur la possession d’un ‘riche legs de souvenirs’, l’’aboutissant d’un long passé’- La volonté exprimée par le ‘consentement actuel, le désir de vivre ensemble’, le ‘plébiscite de tous les jours’ » (Eric Zemmour) –  Que peut-il bien rester d’âme, d’héritage et de volonté commune aujourd’hui ? Restent les allocs !

« Jusqu’à une date très récente dans l’histoire humaine, une épidémie du genre de  celle qui avec le coronavirus actuel s’est diffusée à la surface de la terre aurait affecté l’humanité autant qu’une vaguelette trouble l’océan … Comment expliquer un tel changement d’échelle …  Plus le pouvoir central porte secours aux citoyens, plus ceux-ci sont enclins à lui reprocher les maux dont ils souffrent. Quand l’Etat ne peut rien, ou presque rien, personne ne songe à se plaindre de son inaction contre les calamités … Le gouvernement, estimant que, dans la difficulté, il fallait renchérir dans les affirmations de la toute-puissance, prétendit jusqu’à l’absurde qu’il dominait la situation, que tout était ‘sous contrôle’, sans admettre le moindre manque (les masques, absents, ‘ne servaient à rien’) … Plus le système croit, plus il déçoit, parce que les attentes enflent à l’infini, alors que les capacités à les combler … demeurent bornées …. Comment la vie en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré ?  Si la vie n’est réellement que ‘l’ensemble des phénomènes et des fonctions essentielles se manifestant de la naissance à la mort’ (Trésor de la langue française), on se demande pourquoi il faudrait s’employer à la sauver … Sur quelles libertés les populations ne sont-elles pas disposées à transiger, quelles sujétions ne sont-elles pas prêtes à accepter, pour fuir devant cette terreur, avec laquelle plus aucun rite ne permet de composer ? » (Olivier Rey – considérations éparses à propos de la crise sanitaire) 

 « L’Etat détrôné n’a plus pour rôle de représenter ce qui dans la volonté de chaque citoyen est volonté générale d’habiter un monde commun ; sa fonction est plutôt de servir les individus … afin qu’ils puissent atteindre … le bonheur personnel auquel ils ont droit … Ces individus ne sont plus des ‘citoyens’ mais des ‘particuliers’. Tantôt ‘contribuables’, tantôt ‘bénéficiaires’, ils forment une ‘clientèle’ dont l’Etat doit combler les besoins … à commencer par les besoins économiques, qui sont par définition des besoins jamais satisfaits … Etat ‘ultra-moderne’ gigantesque entreprise de services … Le ‘ménage national’ disait Hannah Arendt … On n’attend plus de cet Etat ‘fonctionnel’ ni de ses dirigeants qu’ils proposent ou représentent des valeurs, une histoire, un projet, mais qu’ils soient simplement ‘à l’écoute de leur ‘marché’. » (François Ricard) – D’ailleurs les dirigeants n’ont ni valeurs, ni histoire, ni projet autre que leur réussite.

« S’il est expédient à l’Etat que tu meures, tu dois mourir. » (J. J. Rousseau – cité par Philippe Val) – Rousseau le saint patron des idéologues révolutionnaires.

« L’Etat devient prestataire de services, distributeur de droits, auxiliaire de l’hédonisme, ou, comme disait Philippe Muray, du ‘festivisme’. ‘L’Etat thérapeutique’, suivant Christopher Lasch, une institution vouée à satisfaire les pulsions des individus plutôt qu’à garantir le bien commun. » (Jean-Marie Salamito) – Et quand même aussi à satisfaire les besoins matériels et de domination de ceux qui ont réussi à s’en emparer. 

« Le ‘storytelling’des hommes politiques et son décryptage compulsif par les médias sont devenus en quelques années les deux mamelles d’une démocratie envoûtée, qui a substitué le récit à l’action, la distraction à la délibération, l’art de la mise en scène à l’art de gouverner … De la joute à l’interactif … L’homme d’Etat apparaît de moins en moins comme une figure d’autorité … et de plus en plus comme quelque chose à consommer, un artefact de la sous-culture de masse … il a perdu ce double caractère que lui attribuait Ernst  Kantorowicz (‘Les deux corps du roi’), il a perdu sa dimension supra-humaine, il traîne derrière lui son manteau écarlate … Désacralisé, profané par les médias, ridiculisé par les marchés, soumis à la tutelle des institutions internationales et des agences de notation, l’Etat est désormais ce trou noir qui aspire ce qui reste du rayonnement de la politique … Ce qui définit l’homme politique de l’âge néo-libéral ce n’est plus le respect des règles, mais l’aptitude à les changer (l’impérieux devoir de réformer) ; non plus la continuité d’une action, mais la capacité à tourner le dos à ses engagements.  » (Christian Salmon – La cérémonie cannibale)

« La tâche essentielle de l’Etat est d’imposer par la force un ordre juridique. Puissance et droit sont les éléments constants de l’Etat. » (Max Scheler) – Du temps où l’Etat faisait son travail et non pas n’importe quoi.

« L’Etat n’est que la manière d’envisager l’organisation politique sans laquelle il ne peut exister de société … L’Etat n’est pas une substance, mais une instance. » (Carl Schmitt)

« La société devenue l’Etat devient un Etat dirigiste en économie et pour la culture, un Etat d’assistance, de bien-être, de prévoyance ; l’Etat devenu l’auto-organisation de la société est devenu impossible à séparer d’elle par son objet accapare tout le social, c’est-à-dire tout ce qui concerne la vie des gens. Il n’existe plus de secteur devant lequel l’Etat pourrait observer une stricte neutralité au sens d’une non-intervention. » (Carl Schmitt) – L’Etat total.

« A mesure que l’Etat-père se dissout et que l’Etat-mère se fait dominant, le comportement antisocial se généralise et devient le moyen usuel de plainte et de revendication de catégories sociales entières. » (Michel Schneider)

« L’Etat ne poursuit jamais qu’un but : limiter, enchaîner, assujettir l’individu, le subordonner à une généralité quelconque. » (Max Stirner) 

« Il faut trois mille ans pour faire une belle nation ; il ne faut pas trois générations pour la détruire. » (André Suarès)

« L’Etat n’affronte jamais délibérément le sens intellectuel et moral d’un homme, mais uniquement son être physique, ses sens. Il ne dispose contre nous ni d’un esprit ni d’une dignité supérieurs, mais de la seule supériorité physique. » (Henry David Thoreau – La désobéissance civile) – Vrai du temps de l’auteur, mais aujourd’hui, en plus des forces de police classiques, tout Etat dispose aussi du pouvoir de l’argent, de la contrainte des règlements, du fisc, de la magistrature et des média, outils et institutions derrière lesquels, il peut abriter et masquer ses vengeances.

 « Il (l’Etat) ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce que l’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un  troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger … Il dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même … Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre. » (Alexis de Tocqueville) – Pour ôter le trouble les média s’en chargent.

« Quand les nations sont arrivées à ce point (de modernité), il faut qu’elles modifient leurs lois et leurs mœurs, ou qu’elles périssent, car la source des vertus publiques y est comme tarie : on y trouve encore des sujets, mais on n’y voit plus de citoyens. » (Alexis de Tocqueville)

« Le sens réel des attaques dont la nation est l’objet, de la part des économistes qui célèbrent son dépassement comme des idéologues qui stigmatisent sa barbarie intrinsèque … Son émergence était un effet de l’homogénéisation égalitaire, sa remise en question est une conséquence de la dissociation culturelle. On voit en quoi l’antinationisme est une machine inégalitaire. Car la nation, qui enferme les riches et les pauvres dans un réseau de solidarité, est pour les privilégiés une gêne de tous les instants … L’antinationisme est pour des classes supérieures qui veulent se débarrasser de leurs obligations, fonctionnel, efficace et discret. » (Emmanuel Todd) – Et évidemment sous les nobles prétextes dont se pare toujours la corruption ; en l’occurrence, dépassement du nationalisme prétendûment agressif, solidarité internationale et autres fariboles.

« Si l’Etat nation est dénigré, l’Etat providence est exigé. » (Shmuel Trigano)

« La nation, cible du post-modernisme, condensé de ce que dénonce cette idéologie : le souverain, le sujet, le centre, le pouvoir, le ‘grand récit’, l’identité, la préférence culturelle et nationale, la singularité de chaque peuple… au profit de la ‘multitude’ (Antonio Negri) au plan mondial et des minorités au plan interne à la nation. » (Shmuel Trigano – à propos du  post-modernisme)

« Si l’Etat est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons. » (Paul Valéry)

« L’Etat-nation est déchiré … Vers le haut, dans la Communauté européenne, et même mondiale … et vers le bas par les volontés d’émancipation régionale et décentralisatrices. Ce double mouvement est un mouvement suicidaire pour la démocratie et la politique. Lorsqu’on arrache l’Etat national à la fois par le haut et par le bas … on se dirige vers l’état de guerre civile … la simultanéité des deux mouvements contradictoires : donner du pouvoir aux régions et perdre le sien au niveau d’un ensemble plus vaste, mène à la catastrophe. » (Paul Virilio)

« L’Etat, rapport de domination de l’homme sur l’homme fondé sur le moyen de la violence légitime (c’est-à-dire considérée comme telle). » (Max Weber) – Du moins si on considère, comme Marx que l’Etat constitue un instrument d’oppression aux mains de la classe dominante.

« L’Etat est une chose froide qui ne peut pas être aimée ; mais il tue et abolit tout ce qui pourrait l’être ; ainsi on est forcé de l’aimer parce qu’il n’y a que lui … L’Etat inhumain, brutal, bureaucratique, policier, légué par Richelieu à Louis XIV, par Louis XIV à à la Convention, par la Convention à l’Empire, par l’Empire à la troisième République (et aux suivantes qui se prétendent morales et qui sont pires encore) … Il est instinctivement connu et haï comme tel. » (Simone Weil)

« Une société bien faite serait celle où l’Etat n’aurait qu’une action négative de l’ordre du gouvernail : une légère pression au moment opportun pour compenser un commencement de déséquilibre. » (Simone Weil) – Et alors, plus de comités, plus de postes, de voitures et d’appartements dits de fonction, de gardes du corps, de privilèges de toutes sortes pour les copains ! L’horreur.

« ‘il est difficile d’imaginer la nation sans l’Etat, rien de plus facile que d’imaginer l’Etat lui-même sans la nation … L’unique forme sous laquelle elle a chance de se réaliser comme nation est celle de l’Etat-nation, soit elle s’associera à l’Etat, soit il lui faudra renoncer à se réaliser comme nation … L’empire (romain…), Etat non-national, non limité à l’aire d’extension d’une seule nation, très apte au contraire à s’incorporer une multitude d’autres nations  … L’Etat peut préexister à la nation (l’Etat Français des débuts de la monarchie, l’Etat capétien) soit lui survivre … On peut se demander si, au lent processus de ‘nationalisation’ qu’ont connu les grands Etats européens depuis le moyen âge, n’a pas succédé, depuis une cinquantaine d’années, un processus inverse et accéléré de ‘dénationalisation’ … Quel avenir pour l’Etat-national à l’ancienne dans une société comportant 15, 20, 25% d’immigrés inassimilables (et non désireux eux-mêmes, d’ailleurs , en règle générale, de se laisser le moins du monde assimiler) ? » (Eric Werner)

« La nation n’est pas seulement un ensemble de citoyens détenteurs de droits individuels. Elle est une communauté de destins. » (?)

« Pour qu’il y ait une raison d’Etat, il faut qu’il y ait un Etat et des hommes d’Etat. » (?) – et pas des hommes ‘normaux’ !

Ci-dessous, extraits du livre de Norbert Elias, La dynamique de l’Occident, sur la formation des grandes unités politiques (Etats) et l’édification de la civilisation occidentale actuelle par, notamment, ce qu’il appelle le processus de monopolisation (valable en politique avant de l’être en économie). Les exemples sont souvent pris en France, car son histoire est la plus typique du processus occidental.

« Les petites dynasties féodales (issues de groupes de guerriers) n’avaient que peu de chances d‘opposer une résistance victorieuse aux grands seigneurs … Ce qui marque dorénavant la société, ce sont les luttes des maisons princières pour imposer leur hégémonie à des ensembles territoriaux plus vastes … Le nombre de ceux qui … peuvent encore participer à la lutte pour des chances territoriales et militaires s’est fortement réduit (quelques quatre maisons, dont les rois d’Angleterre, en plus de la maison de France) … Une société de guerriers caractérisée par une compétition relativement libre s’est transformée en une société où la concurrence est soumise à une réglementation d’allure monopolistique … Comme dans la société capitaliste plus tard et la poussée des Etats, surtout européens, vers l’hégémonie, les luttes entre les maisons de guerriers puis de grands seigneurs féodaux s’orientent dans le sens de la monopolisation … sans qu’on puisse prévoir à l’origine l’emplacement de leur centre et le tracé de leurs limites … ‘Il ne voulait pas tout le terrain, il voulait seulement le terrain à côté du sien’ (remarque au sujet d’un pionnier américain) … Le cercle des concurrents se rétrécit, la pression concurrentielle, présente dés le début du processus, crée des interdépendances étendues et, de plus en plus, et la position monopolistique de l’un d’eux aboutit … à la formation d’un Etat absolutiste … A l’époque de la plus grande désintégration féodale que l’Occident ait connue, s’amorcent des mécanismes d’interdépendance qui s’orientent vers l’intégration d’unités sans cesse plus grandes qui se terminent par la lente victoire de quelques concurrents et finalement d’une seule unité … Et on voit se dessiner, par suite du débordement des interdépendance, la lutte pour l’hégémonie dans un système englobant la terre habitée (tendance à la mondialisation pressentie par Norbert Elias) … La plus grande liberté pulsionnelle et la menace physique plus immédiate qui pèse sur les membres de toutes les sociétés qui n’ont pas encore développé de puissants monopoles centraux … Les hommes libres et victorieux ne sont pas tenus de réfréner leurs pulsions et leurs émotions, mais tous sont également menacés par les passions et les débordements … alors que la monopolisation de la violence physique (par une autorité centrale) fait de l’exercice de la violence un acte prévisible, impose une attitude plus réservée et rend possible une collaboration dépassionnée entre les hommes … La société occidentale a donné naissance à un réseau d’interdépendances qui s’étend par-delà les mers (colonisation) et qui englobe d’immenses régions intérieures … Les ‘couches inférieures’ sont de plus en plus exposées à l’influence des contraintes extérieures, qui se transforment dans le psychisme de l’individu en autocontraintes … L’effort tendant au maintien de la supériorité du groupe dominant se traduit par le renforcement du contrôle que ses membres exercent les uns sur les autres … Stricte observation d’un code du comportement et développement d’un Surmoi … comme, au niveau de l’individu, crainte de la déchéance personnelle, de la perte de prestige … A la cour, le calcul l’emporte, dans la société non civilisée, c’est la pulsion … C’est dans les milieux plus ou moins liés à la cour que se développe … l’approche psychologique de l’homme, c’est-à-dire l’habitude d’examiner les chaînes de motivations et les interdépendances lointaines qui déterminent ses propres actes et ceux des autres, l’habitude de la prévision … L’interdépendance s’accroît … Le raffinement civilisateur de l’aristocratie (de cour) est destiné à la mettre à l’abri de la poussée des couches inférieures, autant que sa fonction (pour le monarque) est de faire contrepoids à la bourgeoisie, d’où son souci d’afficher un savoir-vivre distingué, une sociabilité de bon aloi, une urbanité à toute épreuve, un goût exquis, de se distinguer … Elle assurait la fonction d’une ‘bonne société’ … la mise en place et le maintien d’un mécanisme tant soit peu stable du Surmoi … lequel a toujours présupposé un niveau de vie relativement élevé et une certaine sécurité … phase d’imitation et d’assimilation des comportements et des modes de conduite par la large couche inférieure montante … suivie de la phase du refus, de la différenciation et de l’émancipation caractérisée par l’accroissement de la force sociale et de la conscience de soi du groupe montant à laquelle le groupe supérieur répond par une réserve et un isolement plus marqués. »

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