270,1 – Erreur, Faute ; Excuse, Pardon ; Regrets, Remords

– C’est pas moi ! C’est pas ma faute ! Les glapissements des paltoquets d’aujourd’hui.

– Si on étrangle sa voisine ou si on écrase un bébé, il n’y a plus de faute maintenant, tout juste des erreurs, et encore, à peine des écarts.

– Mais bizarrement, certaines erreurs deviennent des fautes quand on n’ a pas suivi les directives de la société d’assistance et de conditionnement. Puisque tous les conseils sont abondamment diffusés et toutes sortes de gourous disponibles, malheur à celui qui stresse et déprime, qui rate sa vie, l’éducation de son gamin…

– Le fait de ne pas l’avoir fait exprès ne réduit pas toute faute à une erreur et toute erreur à une simple bévue. Passé l’enfance, dès l’adolescence, la nocivité d’un acte se juge plus à ses conséquences qu’à son intention, la pureté de celle-ci n’étant qu’une circonstance atténuante.

– Nos erreurs se prolongent souvent pendant des années, des décennies mêmes, si on refuse de voir la réalité en se réfugiant dans ce qu’on appelle le déni. Toute erreur prolongée devient faute. Comment réduire le nombre et le poids de nos erreurs, affectives ou matérielles, détecter les situations fausses, les recettes sont simples : Prendre du temps pour soi, hors agitation et fébrilité, marcher, pour ne penser à rien, perdre son temps, lâcher prise, se vider l’esprit de l’actuel, regarder ailleurs ou nulle part, afin de laisser survenir de nouvelles idées, d’autres points de vue, d’apercevoir des opportunités, des écueils, des partis-pris, de réaliser la nocivité de comportements devenus automatiques. Laisser venir (l’esprit) et ainsi échapper à l’obsession bloquante sur une situation. Ne pas fonctionner orgueilleusement en isolé, laisser venir, solliciter, les conseils, suggestions, appréciations, directives mêmes et surtout les entendre sans les rejeter à priori.

– Les mêmes erreurs existentielles (mauvaises orientations, hésitations, décisions, double jeu et double vie…) descendent souvent sous des formes proches d’une génération sur la suivante, ou les suivantes (voir suggestion au début de la rubrique Curiosité, 185,1.

-Repentir déplaisant pratiqué par de nombreux intellectuels quelque peu exhibitionnistes  (type Edgar Morin). Pour s’excuser, longuement, d’avoir été pendant des années et des années stalinien, maoïste… on s’étale sur des pages et des pages sur les raisons de ces abjections : on a été entraîné, on se posait déjà bien des questions (mais qu’on gardait soigneusement pour soi), etc. Combien serait-il préférable d’avouer tout simplement qu’on suivait la mode et ses exigences, qu’on  manifestait ainsi son opportunisme pour sa carrière.

– « La génération excuse. » (?). On peut faire et dire les pires saletés. Il suffit de s’excuser ensuite dans les poubelles que sont souvent les réseaux sociaux, et le troupeau applaudit le mufle, l’imbécile ou le salaud (au choix).

– Quand on veut excuser un casseur, un terroriste, un djihadiste, et surtout ne pas le nommer, le journaliste bien-pensant a à sa disposition un terme parfait, il le qualifie tout simplement de déviant.

 ——————————————————————————————————————————-

« L’erreur est facile à tous, plus facile peut-être à celui qui sait beaucoup. » (Alain)

« Qui ne sait que le visage de l’erreur et celui de la vérité ne sauraient avoir des traits différents ? L’erreur s’accompagne de certitude. L’erreur s’impose par l’évidence. Et tout ce qui se dit de la vérité, qu’on le dise de l’erreur ; on ne se trompera pas davantage. Il n’y aurait pas d’erreur sans le sentiment même de l’évidence. Sans lui on ne s’arrêterait jamais à l’erreur. » (Louis Aragon – Le paysan de Paris)

« La lumière ne se comprend que par l’ombre, et la vérité suppose l’erreur. Ce sont ces contraires mêlés qui peuplent notre vie, qui lui donnent la saveur et l’enivrement. Nous n’existons qu’en fonction de ce conflit, dans la zone où se heurtent le blanc et le noir. » (Louis Aragon)

« Les actes faits par choix sont ceux qui sont accomplis après délibération préalable … Des actions involontaires les unes sont pardonnables et les autres ne sont pas pardonnables … Les fautes non seulement faites dans l’ignorance, mais qui encore sont dues à l’ignorance sont pardonnables, tandis que celles qui ne sont pas dues à l’ignorance, mais qui tout en étant faites dans l’ignorance, ont pour cause une passion qui n’est ni naturelle ni humaine ne sont pas pardonnables. » (Aristote)

« La vanité française consiste à se reprocher toutes les fautes, sauf la faute décisive : la paresse de penser. » (Raymond Aron)

« On se flatte de laisser la faute derrière soi et on la retrouve devant soi. » (Lucien Arréat)

« Qu’importent nos fautes, leur gravité et leur nombre si, au moins, nous savons encore que ce sont des fautes. » (Christian Atias)

« Chacun reconnaît séparément ses torts, mais l’amour-propre rend le rapprochement difficile. » (Marcelle Auclair)

« Heureuse faute qui nous a valu un tel rédempteur. » (saint Augustin ? Innocent III ?) – Sur le péché originel.

« Le plaisir résidait pour moi dans la faute même, dans ce péché commis en compagnie … O amitié ennemie ! Mystérieuse séduction de l’esprit, ardent désir de nuire, né du jeu et de la plaisanterie, besoin de léser autrui sans attrait de gain personnel ou de vengeance. Mais que quelqu’un dise : ‘Allons-y ! Faisons-le !’ Et l’on a honte d’avoir honte. » (saint Augustin)

« La faute d’un autre, il faut la laisser là où elle est. » (Marc-Aurèle)

« Une faute est toujours un déficit d’être. » (Gaston Bachelard)

« La vérité n’est jamais qu’une erreur rectifiée. » (Gaston Bachelard)

« On se lave d’une faute, non d’une bassesse. » (Anne Barratin)

« Retire-toi après une erreur, simple honnêteté. » (Anne Barratin)

« La vraie civilisation n’est pas dans le gaz, ni dans la vapeur, ni dans les tables tournantes, elle est dans la diminution des traces du péché originel. » (Baudelaire) 

« Pour être vieilles les erreurs n’en sont pas meilleures. » (Pierre Bayle)

« L’œuvre insensée du XIX° siècle, qui s’est mis à élever la spontanéité au-dessus de la réflexion, l’invention au-dessus de l’ordre, l’originalité au-dessus de la vérité. » (Julien Benda – Discours à la nation européenne) – Préparant ainsi les fols errements du XX° siècle.

« Nous sommes mauvais juges en notre propre cause, et nous entretenons souvent l’illusion de certaines fautes, pour mieux nous dérober la vue de ce qui en nous est tout à fait pourri et doit être rejeté à peine de mort. » (Georges Bernanos)

« Nos pires fautes nous restent inconnues et peut-être par une disposition providentielle : nous ne saurions en supporter la vue. » (Alain Besançon)

« Une erreur auréolée de prestige exercera toujours plus d’action qu’une vérité sans prestige. » (Gustave Le Bon)

«  Le biais d’auto-complaisance. Nous avons tendance généralement à nous attribuer nos succès, tandis que nos échecs nous semblent attribuables à des facteurs externes (éléments internes à l’entreprise contre situation économique générale ou concurrence déloyale ; victoires et échecs d’équipes sportives ;  etc.) … Théorie déterministe : quel type de comportement auriez-vous si on arrive à vous persuader que vous êtes si déterminés par le structures sociales que l’on ne saurait vous imputer vos actes ? … Dévitalisation des notions de  mérite, de responsabilité ou de moralité … Idéal pour expliquer ses défaillances, ses fautes ou ses échecs par l’action fatale de causes (sociales, psychologiques ou biologiques) sur lesquelles il n’y a pas de prise. » (Gérald Bronner, Etienne Géhin) – Conduites très actuelles dans notre société débordante de lâcheté.

« Dieu peut être un juge terrible ; au moins est-il unique et juste. Avec l’humanité j’ai affaire à un juge multiforme, insaisissable. Désormais mon sort ne dépend que de moi : impossible de me décharger sur une instance extérieure de mes manquements ou de mes bévues.» (Pascal Bruckner)

« On ne vit point assez pour profiter de ses fautes. On en commet pendant tout le cours de sa vie ; et tout ce que l’on peut faire à force de faillir, c’est de mourir corrigé. Il n’y a rien qui rafraîchisse le sang comme d’avoir su éviter de faire une sottise. » (La Bruyère)

« Il n’y a pour l’homme, qu’un vrai malheur, qui est de se retrouver en faute et d’avoir quelque chose à se reprocher. » (La Bruyère) – Surtout quand excuse, réparation, ne sont plus possibles.

« Il y a de certaines gens qui veulent si ardemment et si déterminément une certaine chose que, de peur de la manquer, ils n’oublient rien de ce qu’il faut faire pour la manquer. » (La Bruyère)

« En société petite-bourgeoise, ce qui est idéologiquement inadmissible, ce qui ne s’accorde pas avec les valeurs en place, ce qui les contredit ou leur oppose une résistance logique ou factuelle, est faux. Non seulement c’est criminel ou imbécile à énoncer, non seulement c’est faux, mais ce n’est pas. » (Renaud Camus)

« Le sentiment d’imposture, cette invention de l’esprit … Ce terrible besoin de n’être pas en faute … Ils se prennent pour des imposteurs, c’est leur rêve grinçant, leur cauchemar, leur peur … Ils n’ont jamais été convaincus de la légitimité de leur présence au monde … On les voit vivre doucement, silencieusement, ayant l’air de toujours chuchoter : ‘Excusez-moi d’exister, ce ne sera pas long’ … L’angoissante question : ‘Suis-je celui que je devrais être pour occuper légitimement cette case ?’ … La plupart du temps, autrui semble penser que nous occupons légitimement notre place, mais dans le secret de notre chimère, nous ne croyons pas à cette légitimité, nous pensons qu’autrui s’est trompé et nous tremblons d’être découvert … Cette imposture se joue en circuit fermé, elle se dispense du jugement d’autrui … ‘Si je venais à être découvert’ se dit ‘l’imposteur’. » (Belinda Cannone – Le sentiment d’imposture – qui atteint non les professionnels de l’imposture, ceux qui occupent en effet une place à laquelle ils n’ont pas droit, ceux qui mentent, qui trichent, qui en ‘imposent’, mais des incertains d’eux-mêmes, pour différentes raisons, souvent dues à de légers traumatismes d’enfance)

« Les hommes vivent dans l’erreur et n’aiment pas qu’on les détrompe, l’erreur est leur climat et on les offense en leur prouvant qu’ils se méprennent. Ils aiment la vérité, mais ne consentent pas d’y vivre. » (Albert Caraco)

« La plupart de nos déboires nous viennent de nos premiers mouvements. Le moindre élan se paye plus cher qu’un crime. » (Emil Cioran)

« Nier le péché originel serait une preuve qu’on n’a jamais élevé d’enfants. » (Emil Cioran)

« Le moyen le plus sûr de ne pas se tromper est de miner certitudes après certitudes. » (Emil Cioran)

« Ne fais de bêtises que celles qui te font réellement plaisir. » (la mère de Colette – citée par Henry de Montherlant)

« A compétence égale, le septuagénaire se sera trompé plus souvent. Il se trouve donc mieux placé pour reconnaître une erreur et douter d’une vérité que l’on croit établie. » (Christian Combaz)

« La vraie faute est celle qu’on ne corrige pas. » (Confucius)

« Vos fautes vous définissent. » (Confucius)

« Quand un homme vulgaire faute, il cherche toujours à sauver les apparences. » (Confucius)

« ‘La faute devient expressément péché du moment où elle n’est plus éprouvée comme transgression d’une règle … mais comme diminution de l’être même du moi … Ce qui compte ce n’est plus la gravité de la faute, mais la négation par le moi de la loi spirituelle qui fait le fond de son être’. Ainsi, le moi apparaît-il à lui-même comme sa propre règle dépassant toute règle… Ce que l’inévitable sentiment du péché nous révèle est ‘qu’originairement et de tout temps, nous ne sommes pas ce que nous devrions être.’ » (Alain Cugno – citant Paul Ricœur)

« Je fus souvent tenté de préférer l’erreur qui rapproche à la vérité qui sépare. » (Jean Daniel- cité par Jean Sévillia) – Essayant de justifier ses compromissions avec l’horreur communiste. Préférer le copinage, certes fructueux, à la vérité : minable pour un homme public et un journaliste écouté. Beaucoup aujourd’hui pourraient en dire autant.

« L’erreur est toujours unanime, et la vérité plutôt solitaire. » (Régis Debray)

« Le temps de la vérification rétrécit avec l’accélération du ‘staccato’ médiatique (chaque bulle émotionnelle, quinze jours maximum). La culture du flux permet à tout un chacun d’effacer ses bourdes au fur et à mesure qu’il en profère. Pas de recensement ni d’anthologie au-delà du mois écoulé. L’amnésie vaut amnistie … M. Alain Minc qui annonçait hier l’écrasement de l’Occident par le rouleau compresseur soviétique, BHL se gaussant de ceux qui prévoyaient des difficultés en Afghanistan, ou M. Glucksman exhortant à l’invasion joyeuse de l’Irak. » (Régis Debray) – L’inversion de la courbe du chômage…

« La faute d’un jour pèse sur tous les âges. » (Jacques Delille)

« La principale erreur et la plus ordinaire qui s’y puisse rencontre (dans mes jugements) consiste en ce que je juge que les idées qui sont en moi sont semblables, ou conformes à des choses qui sont hors de moi. » (Descartes)

« Tel est le scandale : non pas que nous ne puissions tout savoir, mais que nous nous trompions dans l’exercice même de la connaissance, alors que les animaux, avec leurs instincts, ont des facultés infaillibles. » (Descartes)

« Les esprits bouillants, les imaginations ardentes ne s’accommodent pas de l’indolence du sceptique. Ils aiment mieux hasarder un choix que de n’en faire aucun ; se tromper que de vivre incertain. » (Diderot)

« On tient beaucoup à ne pas comprendre la faute d’autrui, on tient beaucoup à la faute d’autrui. La vertu outragée n’en couvrira que mieux les nôtres. » (Jean-Philippe Domecq)

« Je puis en effet me tromper, je ne puis pas être hérétique, car l’erreur est affaire d’intelligence, l’hérésie dépend de la volonté. » (Maître Eckhart)

« L’homme qui se sent coupable perd en même temps son efficacité et le sens de son combat. » (Jacques Ellul) – Objectif, désarmer les populations blanches par la culpabilisation et les exigences continuelles d’excuse et de repentance.

« La conscience de la faute est le premier pas vers le salut. » (Epicure)

« Il n’y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient un moment où on se sent vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un vertige. » (Saint-Exupéry)

« A mesure qu’augmentent nos pouvoirs, la négligence se révèle plus redoutable, plus maléfique que la méchanceté elle-même. A l’ère de la machinerie généralisée, ce que l’homme peut faire de pire à l’homme se loge et se logera toujours davantage dans la zone grise du non-intentionnel. » (Alain Finkielkraut)

« Avec une expertise de chercheurs du CNRS, ils diluent le concept de faute dans celui de ‘difficulté’ et transfèrent à la société, c’est-à-dire, en l’occurrence, au racisme, à l’inégalité des chances, aux promesses non tenues de l’Etat-providence ou aux bavures de l’Etat policier, la responsabilité des méfaits qu’ils commettent. Bonne conscience dans l’incivilité… » (Alain Finkielkraut – sur ceux que Chevènement appelait gentiment les sauvageons et leurs admirateurs médiatiques) – De toute façon, il n’y a plus de faute !

« L’ethnocentrisme de la repentance a pris la relève de l’impérialisme arrogant en Europe et dans ces hauts-lieux de la radicalité que sont les campus américains. L’image de l’Occident mondialement malfaisant  a succédé à celle de sa bienfaisance universelle. Le ‘politiquement correct’, ce n’est pas la fin du ‘tout occidental’, c’est son changement de signe … La culpabilité intégrale du ‘masochisme moralisateur’ combine le sentiment de n’être rien qui vaille et l’orgueil d’être à l’origine de tous les maux. lI  y a de la superbe dans cette humiliation extrême.  On s’abaisse et on se vante ; on s’agenouille et on bombe le torse. » (Alain Finkielkraut)

« Faute. – ‘C’est pire qu’un crime, c’est une faute’ (Talleyrand) – ‘Il ne vous reste plus de fautes à commettre’ (Adolphe Thiers). Ces deux phrases doivent être articulées avec profondeur. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Loin de me réjouir quand je vois s’en aller quelque vieille erreur, je songe à l’erreur nouvelle qui viendra la remplacer, et je me demande avec inquiétude si elle ne sera pas plus incommode ou plus dangereuse que l’autre. » (Anatole France – cité par Régis Debray) –  Sur les erreurs collectives. Mais, de même sans doute dans les vies individuelles.

« Ils (certains chrétiens) sont persuadés que le meilleur moyen de combattre une erreur est encore de la partager. » (André Frossard – faisant parler le diable)

« France, le seul pays où on entende parler du ‘droit à l’erreur’, bien que personne ne s’y trompe jamais. » (André Frossard)

« L’erreur ne se fait pas vérité en se multipliant. » (mahatma Gandhi)

« Les hommes ne sont même pas parvenus à inventer un huitième péché capital. » (prêté à Théophile Gautier)

« Le principe de précaution est incompatible avec l’un des traits fondamentaux de l’évolution  des sociétés humaines : le principe essai/erreur. Au nom de  l’aversion très récente que nous éprouvons pour les conséquences désagréables de l’erreur, nous mettons en cause la légitimité même de l’essai … Prétendre éviter tous les dangers, même les plus infimes, conduit des organisations apparemment stables à faire preuve d’une grande fragilité au moment où une imprévisible catastrophe d’ampleur s’abat sur elle. » (Stéphane Germain) – Par exemple une pandémie

« La fonction première de la repentance est de désarmer l’Europe Occidentale en tant que civilisation. La repentance est une grande machine à détruire les mythes et les croyances collectives qui permettent à un peuple de se regarder dans la glace sans vouloir se trancher les veines par honte et dégoût de soi.  En installant un complexe d’infériorité au plus profond des peuples, elle accomplit sa mission qui est d’étouffer à la racine toute velléité d’affirmation de soi. Elle a remplacé le péché originel d’Adam et Eve par une série de crimes inexpiables qui servent de prologue à une descente aux enfers de la civilisation européenne dont la seule vocation devient alors de réparer les offenses (donc de passer à la caisse) avant de laisser la place aux autres. » (Driss Ghali)

« A notre époque de légèreté qu’il est donc facile de propager une erreur … Un critique d’art peut bien avoir réformé son jugement au bout de quelques années, il peut bien aussi rendre publiques ses nouvelles convictions ; en attendant, ses erreurs n’en ont néanmoins pas bien fait du chemin, et à l’avenir elles continueront de foisonner, telle une mauvaise herbe à côté de la bonne. Ma seule consolation est qu’un talent véritablement grand ne se laisse pas induire en erreur ni gâter. » (Goethe) – Elargir au-delà des critiques d’art, par exemple aux ex-admirateurs de Staline, de Mao, de Pol-Pot, de Castro et autres Guevara, sans compter les admirateurs de n’importe quel politicard à succès… Seuls, effectivement, les laquais et les opportunistes avides induisent en erreur et s’y laissent induire, mais ils sont aussi nombreux que bruyants et puissants.

« Il importe avant tout de ne pas heurter la sensibilité de ‘chacune’ et de ‘chacun’. On ne peut ou ne veut pas dire qu’on a commis une erreur ou une faute, mais on s’empresse de présenter ses excuses pour les blessures qu’on a infligés involontairement à telle ou telle personne ou telle catégorie de la population. » (Jean-Pierre Le Goff) – D’un côté masochisme de médiocres se mettant à genoux, de l’autre sentimentalisme de petits minables. Voilà l’Occident.

« D’une folie, n’en pas faire deux. Il est ordinaire après une sottise faite, d’en faire quatre autres pour la rhabiller … Ne point continuer une sottise. Quelques uns se font un engagement de leurs bévues ; lorsqu’ils ont commencé à faillir, ils croient qu’il est de leur honneur de continuer. » (Baltasar Gracian)

« ‘Pécher’, repris du grec, signifie ‘se tromper, manquer l’objectif, vivre sans faire attention à soi-même’. » (Anselm Grün) – Cela pourrait se résumer aujourd’hui par l’expression : vivre à côté de ses pompes, situation qui est bien souvent la source de ce que les religions nomment péché.

« C’est une erreur de croire parce qu’on est cocu qu’on a droit à toutes les autres femmes. » (Sacha Guitry)

« Deux erreurs contraires qui limitent la vérité et qui aident à la définir ne doivent pas être mises au même niveau et sur le même plan. Il n’y a pas de véritable ‘via media’ entre les contraires, bien que l’idée d’occuper ce lieu soit très rassurante. Ces évidences sont passées sous silence car l’opinion se rassure dans la ‘via media’ qui, condamnant également la droite et la gauche lui donne l’illusion d’avoir du génie. » (Jean Guitton)

« La faute moderne s’entoure d’un contexte de justification, de compensation, de sublimation qui la rend difficilement discernable au sujet ; le conflit de la chair et de l’esprit s’y dissimule et tend à ne plus apparaître devant la conscience. » (Jean Guitton)

« L’erreur est (souvent) une méthode qui se transforme en système. » (Jean Guitton)

« Quiconque aime la vérité déteste l’erreur … Mais cette détestation de l’erreur est la pierre de touche à laquelle se reconnaît l’amour de la vérité. Si vous n’aimez pas la vérité, vous pouvez jusqu’à un certain point dire que vous l’aimez et même le faire croire ; mais soyez sûr qu’en ce cas vous manquerez d’horreur pour ce qui est faux, et, à ce signe, on reconnaîtra que vous n’aimez pas la vérité. » (Ernest Hello)

« La hâte engendre en tout l’erreur, et de l’erreur sort bien souvent le désastre. » (Hérodote)

« ‘Errare humanum est’, ‘l’erreur est humaine’, peut être réinterprété comme signifiant que commettre des erreurs est une faculté appartenant exclusivement aux humains, soit ‘seuls les humains se trompent’ … Les animaux font peu d’erreurs ou pas du tout, si ce n’est peut-être les plus intelligents d’entre eux. » (Albert Hirschman)

« Toute faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ouvre. » (Victor Hugo)

« La vision que ses yeux venaient d’avoir lui nommait comme en lettres de flamme la chose qu’il avait si totalement et si absurdement manquée … Elle ne lui était point venue, cette révélation, sur les ailes de l’expérience : elle l’avait frôlé, basculé, renversé, avec l’irrévérence du hasard, l’insolence de l’accident. Mais maintenant que l’illumination avait commencé, elle embrasait jusqu’au Zénith, et ce qu’à présent il demeurait à contempler, c’était, sondé d’un coup, le vide de sa vie … La vision dont l’effroyable limpidité le glaça d’un froid aussi grand … Il aurait pu échapper à son destin en l’aimant. » (Henry James – La Bête dans la jungle) – L’infinie et incurable tristesse quand on s’aperçoit aussi brutalement que soudainement et à travers un rien combien on a pu passer toute sa vie à côté de : l’évident, l’essentiel, le sens, le bonheur… pour que se révèle à soi-même le sinistre : trop tard !

« Le mal est plus évident que le bien, plus enveloppant, plus volumineux … Pascal le remarquait déjà : il y a une infinité de façons de se tromper, mais il n’y en a qu’une d’avoir raison. Le faux … est multiple, plurivoque et débordant. Le faux est légion … Notre intelligence ne voit autour d’elle que les degrés innombrables de l’erreur … Le faux est ‘au pluriel’ … Comme les cercles concentriques qui entourent le ‘mille’ d’une cible, ils (les jugements négatifs) représentent les variétés infinies de l’erreur. » (Vladimir Jankélévitch)

« Celui qui veut être vrai doit risquer de se tromper. » (Karl Jaspers)

« Le temps du repentir et celui de la faute sont-ils les mêmes ? Le temps de nos corruptions et celui de nos innocences ? » (Joseph Joubert)

« L’erreur agite, la vérité repose. » (Joseph Joubert)

« Le pire de l’erreur ce n’est pas ce qu’il y a de faux, mais ce qu’elle a de volontaire, d’aveugle, de passionné. » (Joseph Joubert)

« Le contraire qu’engendre une erreur n’est pas la vérité mais une autre erreur. » (Bertrand de Jouvenel)

« Les erreurs sont les portes de la découverte. » (James Joyce)

« Une erreur ne devient faute que si l’on persiste en elle. » (Ernst Jünger)

« Le caractère, dit-on, forme le destin. Notre propre expérience nous l’enseigne, où nous voyons, rétrospectivement, que les mêmes fautes sont toujours revenues nous nuire. Il est difficile, sinon impossible, de les éviter car les occasions qui les provoquent s’offrent à nous sous des déguisements étonnants et toujours changeants. » (Ernst Jünger)

« Ce ne sont ni les structures, ni l’ordre préexistant, ni tel ou tel autre mécanisme quelconque qui sont en cause; la faute est mienne. » (cardinal Walter Kasper)

« L’autocritique : il ne s’agit pas  de se critiquer (séparer les bons côtés des mauvais avec l’intention de se corriger), il s’agit de ‘trouver sa faute’ pour pouvoir aider l’accusateur, pour pouvoir accepter et approuver l’accusation. » (Milan Kundera) – Être son propre procureur.

« Cette raison déraisonnante qui prétend nous délivrer en abolissant le péché originel, et avec lui l’idée même de la faute, est bien l’arme du crime ou plutôt celle du suicide du vieil ‘homo sapiens’ et de l’antique modernité. Sans faute et sans dette, pas de vie humaine, pas de liberté et pas d’art. » (Elisabeth Lévy – évoquant Philippe Muray)

« L’erreur est humaine, c’est-à-dire dans la mesure où les animaux rarement ou jamais ne se trompent. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Malheur aux gens qui n’ont jamais tort, ils n’ont jamais raison. » (prince de Ligne)

« Quand on s’est mépris il faut réparer la faute et que nulle considération ne nous en empêche. » (Louis XIV)

« Lorsque je vois un homme commettre une faute, je le tiens capable d’en faire mille. » (Machiavel)

« Qui se met en chemin et se trompe de route, ne va pas où il veut, mais où mène le chemin qu’il a pris. » (Errico Malatesta)

 « Deux erreurs opposées sont à éviter, celle qui soumet toutes choses à l’univocité, celle qui disperse toutes choses dans l’équivocité. La seconde pensera qu’avec le temps les conditions historiques deviennent tellement différentes qu’elles relèvent de principes eux-mêmes hétérogènes. La première portera à croire que ces règles et ces principes suprêmes s’appliquent toujours de la même façon. » (Jacques Maritain) – La seconde débouche sur le Relativisme, la première sur l’immobilisme sclérosé.

« Si je pouvais recommencer ma vie, je ferais les mêmes erreurs, mais je les ferais plus tôt. » (Groucho Marx)

« Nos fautes sont vouées à l’oubli et c’est ce qu’elles méritent. » (André Maurois)

« S’excuser pour des actes qu’on n’a pas commis soi-même auprès de gens à qui on ne les a pas fait subir relève d’une industrie en plein essor. » (Walter Benn Michaels – sur la repentance et les sociétés de gestion d’héritage fleurissant aux Etats-Unis pour détecter les failles du temps jadis, l’administrateur qui avait possédé des esclaves au milieu du XIX° siècle ! – La diversité contre l’égalité)

« La négligence, l’une des propriétés du monde horizontal (le nôtre) qui la qualifierait sans doute de faute ‘light’, quoique la notion de faute y soit en contradiction avec l’éthique généralisée. » (Richard Millet)

Une erreur ne devient pas vérité sous prétexte qu’on y  a sincèrement et longtemps adhéré. » (Jean-Claude Milner)

« Les plus courtes erreurs sont toujours les meilleures. » (Molière – L’étourdi)

« Ce qu’il y a de plus grand chez les hommes surgit de leurs limites. Il y a du bien parce qu’il y a du mal. C’est parce que l’erreur est possible que la vérité vaut d’être poursuivie. » (Jean d’Ormesson)

« Nous sommes tous capables de croire à des choses que nous savons fausses et, lorsque nous avons finalement tort, nous déformons les faits sans vergogne pour montrer que nous avions raison » (George Orwell)

« Deux erreurs : prendre tout littéralement ; prendre tout spirituellement. » (Blaise Pascal)

« L’erreur n’est pas le contraire de la vérité, mais l’oubli de la vérité contraire. » (Blaise Pascal) – C’est tout à fait le cas des déviations qu’on appelle des hérésies. L’accentuation indue d’une seule face d’une question.

« Tous errent d’autant plus dangereusement qu’ils suivent chacun une vérité. » (Blaise Pascal) – Encore du temps de l’auteur, y avait-il des vérités.

« L’homme n’apprend vraiment qu’en reconnaissant ses propres erreurs. » (Jean-Paul II)

« Le mal commis à cause d’une ignorance invincible ou d’une erreur de jugement non coupable peut ne pas être imputable à la personne qui le commet ; mais, même dans ce cas, il n’en demeure pas moins un mal, un désordre par rapport à la vérité sur le bien. » (Jean-Paul II)

« Avoir péché, cela veut dire demeurer convaincu que, d’une façon mystérieuse cet acte est créateur de malheur pour vous  dans l’avenir, qu’il a enfreint une mystérieuse loi d’harmonie et qu’il n’est qu’un anneau dans la chaîne de dissonances précédentes et futures. Vivre, c’est comme faire une longue addition, où il suffit de s’être trompé dans le total des deux premiers nombres à additionner pour ne plus en sortir. Cela veut dire, mettre un doigt dans l’engrenage. » (Cesare Pavese)

« Depuis 1830, chaque erreur suit une marche invariable : elle s’élabore dans le cabinet d’un lettré, voit le jour dans un salon et règne vingt ans après dans les chaumières. » (Frédéric Le Play – Les ouvriers européens)

« Nous ne faisons de progrès que si nous sommes prêts à apprendre de nos erreurs … au lieu d’y persévérer avec dogmatisme …  Il est très difficile de tirer un enseignement de  très grosses erreurs. Techniquement, parce qu’il est impossible de dire quelle mesure particulière est responsable de n’importe lequel des résultats. Moralement, parce qu’une discussion libre au sujet d’un plan totaliste ne sera pas tolérée, car un tel plan entraînera forcément pléthore de protestations déraisonnables ou raisonnables, qu’il importera de repousser si on veut arriver. » (Karl Popper)  

« Mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche. » (Psaume 50)

« L’erreur est une faute intellectuelle. » (Pierre Ranqueur)

« Commettre deux fois la même erreur – deux fois seulement ! quelle sagesse. » (Charles Régismanset)

« Un des plus grands défauts des hommes est qu’ils cherchent presque toujours, dans les malheurs qui leur arrivent par leurs fautes, des excuses devant que d’y chercher des  remèdes ; ce qui fait qu’ils y  trouvent trop souvent trop tard les remèdes qu’ils n’y cherchent  pas d’assez bonne heure. » (cardinal de Retz)

« On ne gagne rien à prouver à des gens qui se sont trompés qu’on ne s’est pas trompé comme eux. La raison est inutile avant l’événement, et odieuse après. » (Rivarol – cité par  Jean-Edern Hallier) 

« Nous oublions aisément nos fautes lorsqu’elles ne sont sues que de nous. » (La Rochefoucauld)

« La conséquence la plus grave du péché c’est que l’homme a peur de Dieu. » (Père Thierry de Roucy)

« Les erreurs des généraux ‘en retard d’une guerre’ sont sanctionnées par la défaite militaire, et parfois par les cours martiales. Les erreurs idéologiques des partis, les erreurs pédagogiques de l’éducation ne sont punies que sur la tête de générations innocentes. » (Raymond Ruyer)  – Donc les politicards peuvent s’en donner à cœur joie, et ils ne s’en privent pas.

« C’est un mérite rare que celui de reconnaître son erreur. » (Louis-Philippe de Ségur)

« On recommence ses fautes quand on les oublie. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Loin d’isoler et de stigmatiser les pauvres, le langage religieux du péché s’applique également à tous les êtres humains. » (Richard Sennett – sur une religieuse qui en parlant d’amour de Dieu et de soumission nécessaire s’attirait l’affection de tous les immigrés d’un quartier de Chicago)

« Qu’y-a-t-il de plus naturel et de plus inévitable que d’être vaincu, d’échouer cent fois, mille fois, avant de réussir. Combien de fois l’enfant tombe-t-il avant de marcher ? Combien de navigateurs inconnus perdus en mer pour un Christophe Colomb qui, guidé par une erreur magnifique, aborde des terres nouvelles ? «  (Victor Serge – Les derniers temps)

« Je me suis si longtemps vautré dans l’erreur qu’il m’est plus facile de poursuivre dans cette voie que de m’arrêter en chemin. » (Shakespeare, un personnage) – Shakespeare, grand inspirateur de nos politicards. 

« Il faut découvrir l’erreur, et non la vérité. » (Carlo Suares)

« Quand vous avez fait une faute, payez d’effronterie et d’impertinence, et conduisez-vous comme si c’était vous qui aviez à vous plaindre ; cela calmera immédiatement votre maître ou votre maîtresse. » (Jonathan Swift – Instructions aux domestiques) – Très utilisé par tous les puissants pris en faute. Rien ne vaut l’attaque. 

« Nous défaillons bien moins  souvent par action que par omission. » (Antonio Tabucchi)

« C’est le propre de la nature humaine de haïr celui qu’on a offensé. » (Tacite) – Ou, au moins d’en dire du mal, pour se dédouaner soi.

« Ce qui rend les fautes de la vieillesse si tristes c’est qu’elles sont irréparables. » (Talleyrand) – Et aussi que celui qui les commet les sait inexcusables.

« Je vois bien que c’est de la niaiserie et que c’est en se trompant qu’on acquiert de l’expérience, mais si l’erreur est grave, jamais on ne s’en remet. » (sainte Thérèse d’Avila – sur sa difficulté à souffrir les petites fautes)

« Toutes les chutes appellent la compassion et le pardon, sauf celles qui se déguisent en ascensions. » (Gustave Thibon)

« Deux locutions populaires expriment à merveille le caractère actif du péché et le caractère passif de la souffrance : si nous disons de quelqu’un : ‘il en a fait’, c’est toujours de mauvaises actions que nous voulons parler, tandis que si nous disons : ‘il en a vu’, c’est toujours d’épreuves, de  souffrances qu’il s’agit. » (Gustave Thibon)

« Autrefois les gens avouaient aux confesseurs, maintenant ils avouent aux journalistes. » (Bertrand Vac) – Ceux-ci sont moins discrets.

« Il y a quelque chose de pire que la pire des erreurs, c’est le reproche qui s’y attache. » (Raoul Vaneigem)

« Substitution du risque à la faute … L’homme qui ne répond plus de sa faute, l’assurance paiera, s’habitue à la dissolution en lui du devoir de responsabilité. » (Jean-Marc Varaut)

« Personne ne veut être plaint de ses erreurs. » (Vauvenargues)

« Personne n’est sujet à plus de fautes que ceux qui n’agissent que par réflexion. » (Vauvenargues)

« Quand on se règle sur le monde pour penser, on ne pense pas. On suit ce qui se fait … On sort de l’erreur quand on revient en soi et qu’au lieu de se régler sur le monde, on se règle sur soi. On pense, alors, parce que l’on veut penser. » (Bertrand Vergely)

« Les fautes vénielles sont faciles à discerner : ce sont celles qu’on commet soi-même, les erreurs graves sont celles d’autrui. » (Alexandre Vialatte)

« Le mot d’ordre du libéralisme est : ‘A chacun sa vérité !’ Saluons cette merveille, le ‘droit à l’erreur’. » (Michel Villey)

« A la peur de l’avenir vient à succéder la peur du passé. Phénomène panique analogue au remords, ce qui devient alors ‘fautif’, ce n’est plus tellement la personne, l’individu isolé, c’est la société et son environnement immédiat … Coexistence d’un passé non seulement présent mais omniprésent et qui fait obstacle  à l’avenir … Travelling-arrière, le recul de l’histoire entraîne le retrait des acquis, la retraite du progrès … Soudain, tout fuit. Les idéaux éthiques et politiques, la pérennité des sociétés et la stabilité de  l’unité de peuplement démographique … Répulsion de l’être ici présent. A l’instar de l’effroi qui produit le retrait du corps, l’effacement de l’espoir en l’avenir provoque la régression de l’esprit, le ressentiment permanent. » (Paul Virilio) – Ce qui nous arrive avec les vagues de repentance délirantes.

« Rater son existence par préjugé de classe est un grand classique. » (Marin de Viry – sur l’histoire de Lamartine abandonnant Graziella au coup de sifflet émanant de la niche familiale et le regrettant toute sa vie)

« Bien des erreurs sont nées d’une vérité dont on abuse. »(Voltaire)

« Aime la vérité, mais pardonne à l’erreur. » (Voltaire)

« Essayer de remédier aux fautes par l’attention et non par la volonté. » (Simone Weil)

« D’une manière générale, les erreurs les plus graves, celles qui faussent toute la pensée, qui perdent l’âme, qui la mettent hors du vrai et du bien, sont indiscernables. Car elles ont pour cause le fait que certaines choses échappent à l’attention. » (Simone Weil – citée par Baudouin de Bodinat)

« Les erreurs de notre époque sont du christianisme sans surnaturel. » (Simone Weil)

« On peut supporter l’adversité, elle vient de l’extérieur et n’est qu’accidentelle,. Tandis que souffrir pour les fautes qu’on a commises ; c’est là que la vie nous blesse. ! » (Oscar Wilde)

« L’erreur n’annule pas la valeur de l’effort accompli. » (proverbe)

« Il ne faut pas montrer les fautes des autres avec un doigt sale. » (proverbe)

« Nier une faute, double faute. »(proverbe)

« L’expérience est le mot par lequel  les hommes désignent leurs erreurs. » (?)

« Ne dites jamais cette faute est légère, je peux me la permettre sans danger. » (?)

« Le fait que vous soyez offensés ne veut pas forcément dire que vous avez raison. » (?)

« La loi des trois L : je loue, je lâche, je lynche. » (?)

 « La non-punition des erreurs est un élément fondamental pour éviter les décisions absurdes. » (?) 

Ci-dessous extraits simplifiés et remaniés de l’ouvrage de Gérald Bronner,  L’empire de l’erreur        

 On pourra aussi voir à la rubrique Causes comme origine, 090, 2 quelques  remarques  tirées du livre d’Hubert Krivine, Petit traité de hasardologie.

 « Pourquoi le raisonnement humain dans certaines circonstances, s’éloigne-t-il aussi fréquemment de la norme du vrai ? »

« Une action non appropriée à la fin échoue et déçoit. Une telle action est contraire à l’intention qui la guide, mais elle reste rationnelle, en ce sens qu’elle résulte d’une délibération, raisonnable encore qu’erronée. » (citant Ludwig von Misses)

« L’entendement humain une fois qu’il s’est plu à certaines opinions (parce qu’elles sont reçues et tenues pour vrai ou parce qu’elles sont agréables), entraîne tout le reste à les appuyer ou à les confirmer ; si fortes et nombreuses que soient les instances contraires, il ne les prend pas en compte, les méprise, ou les écarte et les rejette par des distinctions qui conservent intacte l’autorité accordée aux premières conceptions … L’entendement humain est davantage mis en branle par les affirmatives que par les négatives alors que en bonne règle, il devrait se prêter également aux deux …Tout au contraire Lorsqu’il faut établir un axiome vrai, la force de l’instance négative est plus grande. » (citant Francis Bacon – Novum Organum)

«  Le biais de confirmation : ‘Les hommes, infatués des apparences vaines, prêtent attention aux événements, quand ils remplissent leur attente ; mais, dans les cas contraires, les plus fréquents, ils se détournent et passent outre’ … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance … Beaucoup de nos idées fausses nous paraissent confirmées par notre expérience … Nous ne cherchons pas à tester ces idées en recueillant des contre-exemples, mais nous captons et mémorisons facilement tout ce qui affermit nos croyances … qui nous apporte un confort cognitif … D’autant plus si nous y avons intérêt … Lorsque vous êtes en quête de signes ils finissent toujours par arriver. »  (Gérald Bronner – citant Francis Bacon et le Novum Organum) – Connu aussi comme biais d’exposition sélective ou biais cognitif. Aux biais cognitifs s’ajoutent les biais émotionnels et motivationnels. Tendance à ne retenir que les informations qui confirment une idée préconçue – « L’aptitude de l’homme de résister à toute information extérieure dès lors que celle-ci ne s’accorde pas avec l’ordre de l’attente et du souhait, de l’ignorer, d’y opposer si la réalité s’entête un refus de perception qui clôt le débat, aux dépens naturellement du réel … Sorte de verrou offrant une dénégation préalable, une  protection à l’avance, une réfutation à priori. »  (Clément Rosset)

« La ‘sunk cost fallacy’ ou le  sophisme de la dépense gâchée : poursuite obstinée d’une ligne de conduite qui représente un investissement en argent, temps ou énergie … la difficulté de renoncer à un effort devenu inutile mais représentant une vie ou une tranche de vie, ou représentant une dépense importante. ‘je ne peux pas me permettre de reculer’, et aussi bien, ‘je ne peux pas me permettre de douter’. » – sur la difficulté  de faire renoncer à une croyance ancrée, même devinée fausse par l’intéressé.

« Il existe sur le marché cognitif, une forme de concurrence déloyale entre les idées du précautionnisme et celles qui s’y opposent (recensement de sites Internet favorables et défavorables, de livres, d’articles des médias), par le coût des connaissances méthodiques par rapport aux simples croyances, la différence dans l’effort mental requis … par la vérification rendue impossible par la surabondance de l’information … par la motivation des croyants, supérieure à celle des sceptiques … par la nature de la connaissance scientifique et du discours scientifique qui, en raison de sa prudence et de sa complexité, est un mauvais produit médiatique quand la rhétorique de l’inquiétude en est un très bon, parce que ce discours, désenchanteur et peu spectaculaire, manquant de sensationnalisme, achoppe à une caractéristique de l’esprit humain qui est sa difficulté à accepter des explications pluricausales. » (Gérald Bronner et Etienne Géhin – L’inquiétant principe de précaution)  – On peut étendre à beaucoup de croyances, y compris de nature complotiste.

Ce contenu a été publié dans 270, 1 - PER - Erreur, Faute ; Excuse, Pardon ; Regrets, Remords, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.