225,1 – Dons, Cadeaux ; Facultés personnelles, Talents

– Faire un don une fois, c’est très bien. Mais il faut savoir que c’est s’exposer à recevoir des tonnes de mailing jusqu’à la fin de ses jours et même sans doute des années après (là, seuls mes descendants sauront).

– Sollicitations : persécutions auxquelles on ne peut échapper qu’en refusant d’ouvrir sa boîte aux lettres, méthode qui, à terme, peut cependant entraîner quelques inconvénients de la part d’administrations impatientes telle le fisc.

– L’imbécillité étant aussi dangereuse que la méchanceté, celui, celle, qui verse à n’importe quelle association (même non fictive) sans s’être raisonnablement assuré de son utilité et de son intégrité est aussi coupable que ses dirigeants qui mettent les fonds dans leurs poches. Des présomptions d’honnêteté d’une association pourraient être, entre autres : elle ne fait ni vacarme ni publicité, ses dirigeants et principaux soutiens ne sont pas des people ou des politicards, elle n’est pas subventionnée par l’Etat (si oui, forte présomption de défendre des causes idéologiques et discutables – dernier terme qui est un euphémisme)

– Lamentation souvent entendue : Nous sommes tellement sollicités ! Entendre : Donc, je ne donne rien à personne, et cela m’arrange bien. Ainsi que : « Nombreux sont ceux qui disent : on ne peut pas aider tout le monde, et n’aident personne. » (Christiane Singer)

– En matière de dons, une distinction fondamentale, tirée de Jacques Godbout, est : ce qui circule, la réalité du don, la forme  (matière, argent, présence, soutien, organes humains…) et le sens de ce qui circule, la valeur de lien, le fond (pourquoi, intention si difficile à percevoir même par le donateur, objectif, résultat, impact sur le receveur…). « Le primat du lien sur le bien.

–  Mieux vaut ne pas attendre trop de reconnaissance. Quand elle est, elle émane le plus souvent de gens humbles.

 ——————————————————————————————————————————-

« Lorsqu’on a saisi qu’au niveau ultime, il y a le don, mais ni donateur ni donataire, bien des faux problèmes s’évanouissent. » (Philippe Baillet)

« Les femmes savent mieux donner que prêter. » (Anne Barratin)

« Un don qui se retire a le devoir, comme tout visiteur, de le faire poliment. » (Anne Barratin)

« Il n’y a pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu’il n’espère. » (Baudelaire)

« Si on vous donne tout vous n’avez plus rien à ajouter, c’est-à-dire à donner en échange, en vous en donnant trop on vous retranche tout. » (Jean Baudrillard)

« Il y a une fonction nécessaire de l’interdit, sans lui le chaos, pas seulement dans la vie sociale, mais dans l’intime de l’homme … sa fonction instaurante …  A qui l’interdit n’a pas été signifié, il ne reste qu’à errer jusqu’à le rencontrer, au besoin par provocation … Le don précède l’interdit, le père aime avant d’imposer sa loi … Dans l’Ancien Testament, la promesse est première et la loi seconde … ‘Tu ne tueras pas’ devient ‘tous les homme sont frères et la vie bonne est dans la reconnaissance de l’autre, quel qu’il soit’ » (père Maurice Bellet)

« Je découvrais qu’un être ne peut rien nous donner hors le fait de son existence, et que nous ne pouvons rien lui donner hors la reconnaissance de ce fait. » (Emmanuel Berl)

« Qui donne aux pauvres donne à Dieu, qui donne à l’Etat prête à rire. » (Tristan Bernard)

« Qui donne aux pauvres prête à Dieu, dit-on. – Y pensez-vous ? C’est la situation la plus dangereuse. Qui dit prêteur dit créancier. L’ennemi mortel du créancier c’est le débiteur. La conséquence est épouvantable. En donnant aux pauvres, on s’expose à l’inimitié de Dieu, puisqu’on lui prête. Donc, il ne faut jamais donner aux pauvres, si on veut garder l’amitié de Dieu… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, LXXXVIII)

« La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu’à donner à propos. » (La Bruyère)

« Le donateur ne veut pas d’abord et avant tout le retour ; il veut d’abord que le retour soit libre, donc incertain. » (Alain Caillé)

« Tout ce qui n’est pas donné est perdu. » (Père François Ceyrac)

– Quand à la suite d’un incendie, une cathédrale,  élément du patrimoine national,  est détruite et que des fortunes françaises donnent d’énormes sommes d’argent pour sa reconstruction, la meute des minables-envieux, à la suite d’un certain monsieur Philippe Poutou, hurle au scandale. – « Dans aucun pays du monde on ne verrait des généreux donateurs (peu importent leurs motifs profonds et les avantages éventuels qu’ils en retirent, symboliques ou matériels) se faire traiter de la sorte parce qu’ils donnent de l’argent pour reconstruire le bâtiment le plus visité d’Europe et le cœur de la France … Les réactions de haine … Et, surtout, pourquoi ne pas prendre la question du mécénat autrement que comme une hystérie réactivant la lutte des classes de manière imbécile et aveugle ? … Car la voilà, la bonne grosse polémique à la française, bien stupide, bien moche, bien peu à la hauteur de la situation : les méchants riches donnent leur argent pour rebâtir Notre-Dame. »  (Anne-Sophie Chazaud) –  La petitesse française s’étale avantageusement, on descend dans le caniveau.

« Pourquoi m’en veux-tu autant ? Je ne t’ai pourtant rien donné. » (Confucius ?)

« Un bienfait perd sa grâce à le trop publier,

« Qui veut qu’on s’en souvienne il le doit oublier. » (Corneille)

« Donner avec ostentation n’est pas très joli, mais ne rien donner avec discrétion ne vaut guère mieux. » (Pierre Dac)

« Il n’est pas nécessaire de posséder quoi que ce soit pour donner au-delà de toute mesure. Le regard d’un nouveau né nous initie à ce mystère de tout ce que peut donner un être qui n’a rien, mais qui n’est rien d’autre que cette disponibilité, cette âme offerte. » (Nathanaël Dupré La Tour)

« C’est la pratique du don qui a libéré les hommes du confinement de leur territoire, de leur ‘niche’. C’est par l’échange de dons qu’ils ont réalisé la première ‘paix des routes’ qui … permit ce brassage fabuleux de gens, de techniques, d’idées, de chants et de poèmes dont sont nées les civilisations. » (Jean-Pierre Dupuy)

« Le bénéficiaire de la générosité disparaît derrière le spectacle de la générosité : à force de donner (et de le faire savoir) on ne sait plus à qui on donne … En donnant (publiquement) à autrui, on donne d’abord de soi-même (et à soi-même) l’image flatteuse de celui qui donne. On fait à soi-même le cadeau de donner … Il suffit pour donner vraiment de donner sans compter. Or c’est exactement, par définition, ce que le ‘Téléthon’ ne fait pas. Dans un tel système, la personne du destinataire passe après l’ego du donateur. » (Raphaël Enthoven)

« Qui tout me donne, tout me nie. » (Henri Estienne)

« On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné. » (Evangiles)     

« Tous vos biens seront un jour distribués. Donnez donc dés maintenant : que la saison du don soit vôtre et non celle de vos héritiers. » (Khalil Gibran)

«  La possession parfaite ne se prouve que par le don. Tout ce que tu ne sais pas donner te possède. Sans sacrifice il n’est pas de résurrection. Rien ne s’épanouit que par l’offrande. Ce que tu prétends protéger en toi s’atrophie. » (André Gide – Les nouvelles nourritures) Si le grain ne meurt…

« Distance du don par rapport au marché, certes, mais aussi par rapport au contrat et même à la loi, soit par rapport aux institutions les plus importantes régissant la circulation des choses dans la société : rituels multiples de négation du rapport contractuel et marchand … ; tendance à l’excès ; incertitude volontaire et risque voulu ; importance de la valeur de lien. » (Jacques Godbout)

« La pensée dominante assure que ce qui circule entre les hommes se définit essentiellement par l’échange marchand. Le sens économique de ce qui circule n’en épuise pas le sens. Le lien social n’est pas seulement fait d’utilité, de rationalité, de calculs et d’intérêts réciproques … Pourquoi le don est-il toujours et partout présent ? Même quand, apparemment, il n’a plus de raison d’être … Le don ne se réduit pas à la bienveillance … ni à la pitié ou la compassion …Le don fait appel à une multitude de ‘passions’ : honneur, prestige, image de soi… Le sens ultime de ce que l’on reçoit, c’est le don lui-même…  Le don affecte l’identité des partenaires … Lorsque quelqu’un donne en percevant le receveur comme incapable de donner, en refusant qu’il donne, ou en niant la valeur de tout ce qu’il pourrait donner, il empoisonne son don, il oblige l’autre à se percevoir comme receveur seulement, et toute la dette négative  (la dette impayable) découle de ce sens qui prive le receveur de toute identité sociale … Dons aux inconnus : l’absence d’un rapport communautaire signifie que ce qui circule se situe dans le cadre de la rupture producteur-usager … Le ‘retour’ n’implique pas l’absence de nature du don au départ, c’est même un phénomène social fondamental : le don attire le don … Absence de négociation explicite … Refus de le reconnaître (‘Ce n’est rien, Il n’y a pas de quoi…’) … Tendance à l’excès … Dans tout don, il y a chez le donneur un certain désir de lien … Risque du non-retour certes, mais plus fondamentalement le risque du sens, le risque de la relation, le risque de l’identité, le réel danger que le don soit mal reçu … Les cadeaux du Père Noël sont comme les ombres du don originel, le don de notre existence (la naissance est le don par excellence), don premier, don sans dette, Dieu, le personnage mythique du don sans réplique (encore qu’en Chrétienté, le Christ, Dieu-donateur, prenne lui-même en charge la dette des donataires) …  Confondant ce qui circule et le sens de ce qui circule, on croit toujours, et faussement, que la preuve de l’intention morale réside dans l’absence de retour … Définir le vrai don par le non-retour est une manière d’approcher le don qui est la cause de tous les malentendus … Les effets pervers du don qui se veut sans retour (tel que voulu par le donateur) … Négation du receveur … Tout don doit comporter, d’une façon ou d’une autre, un élément de réplique … le don le plus ‘altruiste’ est celui qui rend à l’autre la capacité de donner à son tour … Le don pur unilatéral est un don narcissique, et non pas un don hautement moral. » (Jacques Godbout – suite de considérations éparses sur le don – Ce qui circule entre nous, donner, recevoir, rendre)

« La magie du don n’est susceptible d’opérer que si ses règles demeurent informulées … Plus il y a explicitation (l’explicitation de la règle de réciprocité tue le don), moins grande est la valeur de lien et plus on se rapproche du contrat … Il contient nécessairement le lien, il le renferme, et ainsi peut devenir dangereux pour le donataire … Tout don est un don de soi. Il relève de la pensée animiste … Par opposition au rapport marchand qui est une objectivation du monde et des rapports entre êtres humains … Système non pas économique, mais système social de relations de personne à personne … Le désir de donner est aussi important pour comprendre l’espèce humaine que celui de recevoir … Donner, Recevoir, rendre sont des moments du don qui circulent dans tous les sens à la fois … Le don a horreur de l’égalité. Il recherche l’égalité alternée … Rendre immédiatement signifierait qu’on se dérobe au poids de la dette, qu’on tente d’échapper à l’obligation, qu’on renonce à l’établissement du lien social … Au centre de la sphère domestique … la femme symbole du don (elle se ‘donne’) … Elle assure l’emballage des cadeaux, ce supplément gratuit qui assure le minimum de dilapidation servant à signifier que ce n’est pas tant l’aspect utilitaire de la chose donnée qui compte, que le geste, le lien … La famille étant au cœur du don, il n’est pas étonnant que ce soit en elle qu’on retrouve les utilisations les plus négatives , voire les plus perverses du don (la dette si lourde parfois de l’enfant avec ses parents) … L’impôt remplace le don (l’anonymat peut erndre le don plus recevable) … Certains dons remettent en question les relations entre dons et liens sociaux : dons du sang, dons d’organes, lors de catastrophes … dons unilatéraux, sans retour … Les chaînes de dons, réciprocité mais ouverture sur l’altérité, où chaque membre transmet à d’autres, et même ainsi s’aide lui-même, sans rupture entre donneur et receveur, dans le cadre d’obligation qu’on se donne (certains bénévolats, groupes d’entraide, tels les alcooliques anonymes où chaque membre guéri aide…) … L’action volontaire : rendre (ailleurs) ce qu’on a reçu, rien ne circule en retour comme tel (mais les témoignages indiquent que le retour est immense) … Paradoxalement l’efficacité du don comme instrument de pouvoir est maximale lorsque l’instrumentalité (le caractère utilitaire chez le donateur) est minimale … Retour : il n’y en a pas toujours (dons unilatéraux) – Souvent plus grand que le don, déséquilibré, sans équivalence marchande – Existe même si non voulu, satisfaction du donateur … Le don n’est ni bon ni mauvais en soi, ni partout souhaitable. Tout dépend du contexte de la relation … Le marché peut être préférable … L’utilitarisme est pertinent pour toutes les relations où l’on souhaite que l’interlocuteur demeure étranger. C’est la relation minimale … Ce qui unit les partenaires du don, ce n’est pas leur statut, ni leur intérêt marchand ; c’est leur histoire, ce qui s’est passé entre eux avant … le don est le geste qui nous relie au cosmos, qui rompt avec le dualisme, qui nous rebranche sur le monde. » (Jacques Godbout – suite de considérations éparses sur le don – L’esprit du don)

« Le don affecte l’identité des partenaires …‘Présenter quelque chose à quelqu’un, c’est présenter quelque chose de soi’. » (Jacques Godbout – citant Marcel Mauss)

« Le principal danger du don, c‘est, pour le donneur, que le don soit mal reçu … Pourquoi Dieu rejette-t-il le sacrifice de Caïn alors qu’il accepte le don d’Abel ? … Rien n’est clair, rien n’est donné dans le don. » (Jacques Godbout)

« Le don n’est véritablement un don que si aucun retour n’est escompté. A côté du marchand et de l’usurier, il y a aussi le ‘noble’, celui qui escompte la gloire, l’honneur, le prestige, en retour des bienfaits qu’il répand. Le  sans retour est d’abord un certain rapport à l’altérité de l’autre et non pas d’abord un rapport à soi. Il n’y a pas de don possible sans autrui, dit Sénèque. » (Jean-Joseph Goux – reprenant Sénèque)

 « Quiconque donne beaucoup ne donne pas, mais il vend. Il ne faut pas trop charger la reconnaissance, car celui qui se verra dans l’impossibilité de satisfaire, rompra la correspondance. » (Baltasar Gracian)

«  Aucune société ne peut exister ni durer sans cette part de gratuité que constitue le don. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Le talent a-t-il besoin de passions ? Oui, de passions réprimées. » (Joseph Joubert)

« On semble oublier que l’espèce humaine n’aurait pas pu durer sans le don, que celui-ci est plus essentiel que l’échange. » (Bertrand de Jouvenel) ) – Demandez au nouveau-né, et même longtemps après.

« Pour le chrétien, la réalité première n’est pas la substance, mais la personne, qui n’est concevable que dans l’échange désintéressé du don et du recevoir. » (cardinal Walter Kasper)

« C’est par le don et non par la spoliation que le Centre se trouve investi d’un extraordinaire pouvoir de domination … Cette logique asphyxiante du don fonctionne pour toutes les composantes de la culture et pas seulement pour les ‘biens culturels’ au sens étroit. On la retrouve pour l’alimentation comme pour la technologie … Les sociétés peuvent se défendre contre la violence et le pillage … en revanche, tout les prédispose à se présenter comme désarmées et sans défense devant le don, devant l’avalanche de bonne volonté … Le prestige du donateur … (Désintéressement des ‘médecins sans frontières’, sollicitude des ‘frères des hommes’, amour du prochain des missionnaires, compétence solidaire des techniciens, ardeur et abnégation des révolutionnaires professionnels) … Que lui reste-t-il quand ses dieux sont morts, que ses mythes sont taxés de fables, que ses exploits sont impuissants et inutiles. La société non occidentale ne peut que se découvrir dans une ‘nudité’ insensée, telle que l’Occident l’a décrétée … Cernée par les batteries de critères de l’organisation des Nation unies, la société est vaincue, elle s’avoue vaincue, elle réclame même à cor et à cri d’être classée dans les moins avancées. Elle n’est plus bonne qu’à la mendicité internationale … L’Occident continue de donner sans rien accepter … il ne reconnaît aucune dette et n’entend recevoir de leçon de personne … Le sous-développement est … ce regard, cette parole d’Occident, ce jugement sur l’autre, décrété misérable, avant de l’être, et le devenant parce qu’ainsi jugé. Le sous-développement est une nomination occidentale. » (Serge Latouche – considérations éparses sur la mondialisation) – Remarques concernant les pays dits sous-développés, s’applique à beaucoup de formes de dons, de prise en charge, de soi-disant abnégation, de situation de donateur et de donataire. Toujours la castration véhiculée par les bien-pensants.

« Les hommes, en une opération identique, celle du don, se confirment les uns les autres qu’ils ne sont pas des choses. » (Claude Lefort)

« Le don est une structure potentiellement violente puisqu’il suffit de refuser d’entrer dans le cycle des prestations pour que cela s’identifie à une offense… La règle de réciprocité, parce qu’elle fonctionne comme lutte symbolique ou prestigieuse et non comme moyen d’accumulation, met en place un face-à-face toujours au bord du conflit et de l’affrontement … En liant les groupes non par l’intérêt mais par une logique symbolique, la réciprocité brise les amitiés avec la même facilité qu’elle les fait. » (Gilles  Lipovetsky)

« Il n’est chose qui se consume elle-même comme la libéralité : à mesure que vous en usez, vous perdez la faculté d’en user et vous devenez pauvre et méprisable ou bien, pour fuir la pauvreté, rapace et odieux … Il est donc plus sage de conserver le nom de ladre, qui fait naître un mauvais renom sans haine, que, pour vouloir le nom de libéral, être dans l’obligation d’encourir le nom de rapace qui engendre in mauvais renom associé à de la haine. » (Machiavel – Le Prince)  – Oui, mais l’important est de se faire réélire.  

« Mieux vaut un beau refus qu’un don impoli. » (Arnaud de Mareuil)

« La meilleure illustration de ce retour narcissique à soi du donateur nous vient de Descartes, dont les ‘Passions de l’âme’ ont démontré … que la générosité, en tant qu’estime de soi à la mesure du bon usage de son  libre arbitre … provoque la passion première du ‘contentement de  soi’… » (Jean-Luc Marion)

« Un don permet en général d’établir des relations et de ‘faire lien’ ; il est une forme d’échange que l’on ne peut réduire à ses éléments économiques … La valeur des dons est liée à leur capacité à créer et à reproduire des relations, au point que ne pas attendre un retour déterminé ne signifie pas ne rien attendre du tout, ni agir sans motivation, sans visée, sans raison. Donner signifie s’exposer à la possibilité soit que ce qui revient diffère de ce qui est parti, soit qu’il n’y ait aucun retour … Un don existe dès qu’est acceptée l’éventualité d’un défaut de réciprocité … donner sans attendre de retour est la condition même de la donation, mais donner sans espérer que le don puisse être reçu n’a pas de sens. Le don est un échange, sans s’y réduire. Il est à la fois conditionnel et inconditionnel, intéressé et désintéressé, gratuit et conditionné … La finalité du don est d’établir des alliances qui ne peuvent être refusées. » (Michela Marzano)

« Refuser de donner, négliger d’inviter, comme refuser de prendre, équivaut à déclarer la guerre ; c’est refuser l’alliance et la communion. » (Marcel Maus – Essai sur le don)

«  Emulation entre les individus de même sexe, cet ‘impérialisme foncier’ des hommes ; fond social d’une part, fond animal et psychologique de l’autre voilà ce qui apparaît. » (Marcel Mauss)

 «  Le don dans les sociétés primitives était un geste d’alliance, transformant l’ennemi en ami, fondant le lien social. » (Marcel Mauss)

 « Reconnaissance de la propriété artistique, littéraire et scientifique au-delà de l’œuvre originale et de sa cession … La législation d’assurance sociale et, au-delà du salaire, la dette des patrons et de l’Etat pour une certaine sécurité dans la vie, contre le chômage, la maladie, la veillesse… » (Marcel Mauss – évoquant le suivi des choses vendues … le ‘rendre’ du don)

« Dans nos masses et dans nos élites, la dépense pure et irrationnelle est de pratique courante … ‘L’homo oeconomicus’ n’est pas derrière nous, il est devant nous … L’homme a été très longtemps autre chose ; et il n’y a pas bien longtemps qu’il est une machine, compliquée d’une machine à calculer … Regardant notre dépense, notre consommation à nous, combien de besoins satisfaisons-nous ? Et combien de tendances ne satisfaisons-nous pas qui n’ont pas pour but dernier l’utile ? » (Marcel Mauss) – Dépenses de prestige, mariages, fêtes…

« Les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes et enfin individus, ont su stabiliser leurs rapports, donner, recevoir, et enfin rendre. Pour commercer, il fallut d’abord savoir poser les lances. C’est alors qu’on a réussi à échanger les biens et les personnes, non seulement de clans à clans (origines de toutes nos sociétés, clans ou grandes familles), mais de tribus à tribus et de nations à nations et, surtout, d’individus à individus. » (Marcel Mauss)

« Il y a des manières d’accorder des grâces qui sont plus insupportables que des refus. » (chevalier de Méré) 

« La triple obligation de ‘donner, recevoir et rendre’ constitue le socle originel ( le ‘roc’ selon Marcel Mauss) de toutes les relations humaines … Les vertus qui tournent autour de l’obligation de donner (celles qui gouvernent les différents modes de la générosité), les vertus qui tournent autour de l’obligation de rendre (celles qui gouvernent les différents modes de la gratitude et de la reconnaissance) et, enfin, les vertus qui tournent autour de l’obligation de recevoir (celles qui nous rendent capables d’accueillir un don comme un don, et non comme un dû ou un droit). » (Jean-Claude Michea) – C’est aussi permettre une circulation ininterrompue des biens au sein de la communauté.

« L’esprit du don : ‘donner, recevoir, rendre’ et l’idée moderne, très libérale que pour réussir dans la vie il suffit de savoir ‘demander, recevoir et prendre’ (Beaumarchais). » (Jean-Claude Michéa)

« ‘Donner est un mot pour lequel il a tant d’aversion, qu’il ne dit jamais : ‘Je vous donne’ mais ‘Je vous prête le bon jour’. » (Molière – L’avare)

« L’amitié et l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre. » (Alfred de Musset)

« Nul n’est trop pauvre pour ne rien avoir à donner et nul n’est trop riche pour ne rien avoir à recevoir. » (Jean-Paul II)

« Sa main gauche ignore ce que ne donne pas sa main droite. » (Charles Péguy)

 « La société tout entière est basée sur le système des échanges et croit volontiers qu’elle serait parfaite le jour où elle réussirait à assurer leur équité parfaite ; elle oublie que le cœur n’est sensible qu’au don … On ne donne rien tant qu’on ne se donne pas soi-même. » (Charles-Ferdinand Ramuz – cité par Jean-Joseph Goux) – Le don n’est pas de l’ordre de l’avoir mais de l’être.

« La foi chrétienne c’est reconnaître que le don précède l’action, sans pour  autant déprécier l’action. C’est parce que nous avons reçu qu’il nous est  possible de ‘faire’. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Plus l’échange est égal et plus on s’ennuie. Le don assure la survie du temps en déséquilibrant l’offre et la contrepartie. » (Henri Raymond)

« Tu ne sais que ramasser et prendre, tu ne sais ni céder, ni donner, car l’attitude fondamentale de ton corps est celle de la ‘retenue’, du ‘refus’ et du ‘dépit’ ; tu es saisi de panique quand tu sens le mouvement originel de l’amour ou du don de toi. C’est pourquoi tu as peur de donner. » (Wilhelm Reich – Ecoute, petit homme !)

« On n’aime pas être obligé malgré soi, et par certaines personnes. C’est que chacun doit jouer le rôle auquel il est appelé, et qu’il ne faut en usurper aucun, pas même celui de bienfaiteur. » (Rivarol)

« On ne donne rien si libéralement que ses conseils. » (La Rochefoucauld)

« Ecouter l’autre devrait au moins avoir pour conséquence de ne pas nous écouter … Ecouter ne constitue pas le pôle passif de l’échange … il faut beaucoup de vigilance et d‘intériorité créatrice pour susciter cet espace d’accueil dans lequel les propos de l’autre pourront prendre place ; Recevoir, se montrer capable de recevoir, nécessite autant d’initiative et de générosité que donner, à tel point que les  égoïstes, les infirmes de l’échange, ne sauront jamais écouter. » (Pierre Sansot)

« Plus important que ce qu’on donne est de savoir à qui l’on donne. » (Sénèque)

 « Un petit prêt fait un débiteur, un grand prêt un ennemi. » (Sénèque)

« On se trompe si l’on croit que donner est une chose facile. Elle présente beaucoup de difficultés pour qui du moins donne avec réflexion, sans semer au hasard. » (Sénèque)

« Quelque hâte qu’on y mette le bienfait vient tard s’il ne vient qu’après la demande. Tâchons donc de deviner les vœux de chacun et … évitons-leur l’amère nécessité de la prière … ce qui gâte souvent les grands services, c’est le silence ou la lenteur à répondre, qui singent l’importance et le grand sérieux et qui promettent de l’air dont on refuse. » (Sénèque)

« Si le bienfait n’est à la mesure du donnant comme du recevant, il ne partira ni n’arrivera juste. » (Sénèque – comme une balle échangée)

« La prohibition de l’inceste est moins une règle qui interdit d’épouser mère, sœur ou fille, qu’une règle qui oblige à donner mère, sœur ou fille à autrui. C’est la règle du don par excellence. » (Claude Lévi-Strauss)

« On trompe moins celui à qui on refuse sur le champ. » (Publius Syrus)

« L’homme généreux a beaucoup de flatteurs, tout le monde est ami de celui qui donne. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)

« Donnez peu à un être. Il trouvera que c’est trop. Mettez-vous à lui donner beaucoup : il trouvera que ce n’est pas assez. Ainsi s’expliquent la naissance et la mort de toutes les affections. L’amour commence par l’éblouissement d’une âme qui n’attendait rien et se clôt sur la déception d’un ‘moi ‘ qui exige tout. » (Gustave Thibon)

« La mentalité féodale semblait concevoir le don comme une sorte de refus hautain de l’échange, une volonté de nier l’interchangeable. » (Raoul Vaneigem)

« La richesse confère la puissance, et c’est là un autre motif d’accumuler … Pour s’attirer et conserver l’estime des hommes, il ne suffit pas de posséder simplement richesse ou pouvoir ; il faut encore les mettre en évidence, car c’est à l’évidence que seule va l’estime. En mettant sa richesse bien en vue, non seulement on fait sentir son importance aux autres, mais encore, chose à peine moins utile, on affermit toutes raisons d’être satisfait de soi. » (Thorstein Veblen) – En finale, penser aux milliardaires accumulateurs, aussi cupides que donateurs, Bille Gates…

« Les hommes nous doivent ce que nous imaginons qu’ils nous donneront. Leur remettre cette dette. Accepter qu’ils soient autres que les créatures de notre imagination, c’est imiter le renoncement de Dieu. Moi aussi, je suis autre que ce que je m’imagine être. Le savoir, c’est le pardon. » (Simone Weil)

« Qui toujours prent et rien ne donne

« L’amour de l’amy abandonne. » (Proverbe du XVI° siècle)

« Ce que l’on garde pourrit, ce que l’on donne fleurit. » (proverbe)   

« Qui donne ne doit jamais s’en souvenir, qui reçoit ne doit jamais l’oublier. » (proverbe)  

« Don trop attendu n’est pas donné mais vendu. » (proverbe)

« Donner et retenir ne vaut. »(proverbe)

« Qui tout me donne, tout me nie. » (proverbe)

« Si tu donnes, oublie ; si tu prends, rappelle-toi. » (proverbe)

« Mieux vaut un beau refus qu’un don impoli. » (proverbe)

« Pensez plus à ce que vous donnez qu’à ce que vous recevez. » (?)

« Dieu considère seulement l’amour de celui qui donne, et non le don de celui qui aime. » (?) – Suivant Max Scheler,  l’humanitarisme moderne, c’est tout le contraire (le don de celui qui donne et non l’amour de celui qui aime).

Ce contenu a été publié dans 225, 1 - PER, COL - Dons, Cadeaux ; Facultés personnelles, Talents, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.