215,1 – Dieu / Diable ; Ciel, Paradis / Enfer ; Athéisme

– Dieu, L’UN, Celui qui est… Que dire de plus ? Nul ne peut dire ce qu’II est, seulement ce qu’Il n’est pas. On ne peut en parler « que par négation » (?). Ce qui n’est pas exact pour un chrétien pour lequel Il est effectivement une personne rencontrée.

– Dieu serait mort suivant Nietzsche, lui aussi. Dans un monde privé de transcendance, et pour reprendre la prédiction du saint curé d’Ars, on « adorera les bêtes ». Traduisons bêtes aujourd’hui dans notre monde qui ne croit plus à rien (et donc surtout pas à lui-même) par : loteries et jeux, violence et sexe, usage parfois dépravé d’internet, fuite dans les fictions régressives, d’anticipations ou magiques, disparition dans la drogue, astrologie, occultisme de pacotille, déviations en tout genre, culte d’escrocs-arrivistes-arrivés, de people ou de gourous, fascination pour l’argent et les biens matériels, angoisse des crises à répétition, sentimentalisme de midinette, humanitarisme de repus, agitation dépourvue de sens entraînant l’angoisse corrélative de cette fébrilité infantile qui n’est que vaine recherche d’un sens disparu et introuvable à notre niveau… En l’absence de tout sacré, de tout dieu, de toute transcendance, il n’y a plus aucun rempart contre la folie humaine (voir la rigolade des droits de l’homme), ni contre le désespoir.

– Le sacré est aussi indispensable à l’homme que le pain. Si on n’a pas compris cela, on n’a rien compris à l’homme, soit à soi-même. D’ailleurs la modernité n’a pas fait disparaître le sacré, elle l’a seulement dévalué et transporté de la sphère religieuse, personnelle, à la sphère civile, collective. Toutes les révolutions et les sociétés les plus férocement athées s’empressent de s’inventer un nouveau culte, de se bricoler un sacré en carton pâte et des divinités de pacotille (drapeau, l’Être suprême de la révolution française, le grand architecte de l’univers maçonnique, le Progrès, la Solidarité, la Tolérance, l’idéologie de la Démocratie, la Science et la technologie toute puissante, la Croissance, la vénération pour la Réussite et pour l’Argent, la spectacularisation des média, les émissions jeux de cirque, le bonheur pour tous… ), de se fabriquer des démons (idéologiques et grotesques) à exorciser, de sacrifier à des rites dérisoires (commémorations, anniversaires, journées de…, fêtes de…).

– Qui hésiterait entre le Père éternel chanté par Brassens, la douce  vierge Marie, l’admirable Jésus et le froid GADLU (grand architecte de l’univers) maçonnique ?

– « Je ne crois pas en Dieu – Oh, comme il sera fâché ! » (réponse d’un prêtre à cette affirmation)

– Dans cette rubrique, comme dans celles sur les religions (650…), ne prendre, S. V. P. aucune citation pour méprisante, et à plus forte raison pour blasphématoire.

 ——————————————————————————————————————————-

« Si Dieu existe j’espère qu’il a une excuse valable. » (Woody Allen) – Certes, mais on peut au moins le remercier, bien qu’il n’ait accompli sa tâche qu’assez médiocrement quand on constate qu’il nous faut augmenter et la réalité et l’humanité (la Silicon Valley plus performante que le Créateur va être obligée de combler rapidement les lacunes).

« Si on découvre qu’il y a un Dieu, je ne pense pas qu’il soit mauvais. Tout au plus peut-on dire qu’il ne fait pas grand-chose. » (Woody Allen)

« De Dieu nous ne pouvons pas savoir ce qu’il est, mais seulement ce qu’il n’est pas. » (saint Thomas d’Aquin)

« Dieu premier servi. » (Jeanne d’Arc) – Et moi, et moi, ! Alors ! Dit-on de nos jours.

« Si l’Être et l’Apparence se séparent à jamais (si l’apparence nous dit que c’est le soleil qui tourne autour de la terre…), postulat fondamental de la science, alors il ne reste rien à accepter de confiance ; il faut douter de tout (le doute cartésien) Si l’homme ne peut se fier ni à ses sens ni à sa raison, surgit l’hypothèse d’un esprit malin, d’un ‘Dieu trompeur’… qui aurait fait une créature douée d’une notion du vrai et lui aurait donné en même temps des facultés telles qu’elle serait incapable d’atteindre la moindre vérité, d’avoir jamais la moindre certitude. » (Hannah Arendt – sur le cauchemar de Descartes : « Je dois examiner s’il y a  un Dieu … et si je trouve qu’il y en ait un, je dois aussi examiner s’il peut être trompeur. »)

« Dieu, la pensée qui se pense elle-même. » (Aristote)

« Il y a une seule chose dont Dieu même est privé : c’est de faire que ce qui a été fait ne l’a pas été. » (Aristote)

« Car ce n’est pas en quelques années que l’homme se consolera de la perte de Dieu. Avec quelle ardeur pourtant n’a-t-on point tenté de réparer cette perte : mysticisme de la beauté, de l’homme et de l’individu,, passions inassouvies, instincts déviés ; de tout cela il ne reste plus guère que lassitude et découragement, et perpétuellement en nous cette flamme inquiète et désolée. » (Marcel Arland)

« Les dieux illusoires du progrès et de l’histoire. » (Raymond Aron) – Ces faux dieux là, au moins sont-ils bien morts, sauf encore pour quelques brefs instants et pour quelques vieux imbéciles.

« A l’intérieur de moi, je trouve plus que moi. » (saint Augustin)

« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. » (saint Augustin)

« Seigneur, je ne vous ai point trouvé en dehors de moi ; c’est que je vous cherchais mal au dehors, puisque vous êtes en moi. » (saint Augustin)

« Si je me connaissais, je Te connaîtrais ; si je Te connaissais, je me connaîtrais. » (saint Augustin)

« Celui qui nous a créés sans nous ne nous sauvera pas sans nous. » (saint Augustin)

« Qu’est-ce que Dieu faisait avant qu’Il ne fasse le Ciel et la Terre ? … Et si, de toute éternité, Dieu a voulu l’existence de la créature, pourquoi la créature, elle aussi, n’est-elle pas éternelle ? … Mais ce temps même, c’est vous qui l’aviez créé, et les temps n’ont pas pu s’écouler avant que vous ne fissiez les temps. Si, avant le ciel et la terre, nul temps n’existait, pourquoi demande-t-on ce que vous faisiez alors ? Il n’y avait pas ‘d’alors’ là où il n’y avait pas de temps … En aucun temps vous n’êtes donc resté sans rien faire, car vous aviez fait le temps lui-même. Et nul temps ne vous est coéternel parce que vous demeurez immuablement ; si le temps demeurait ainsi, il ne serait pas le temps … Vous êtes, avant tous les temps, le Créateur éternel de tous les temps, et aucun temps ne vous est coéternel, ni aucune créature. » (saint Augustin) – Il faut suivre !

« Il est caché, afin que nous puissions Le chercher afin  de Le trouver ; mais Il est infini afin que, L’ayant découvert, nous puissions continuer à Le chercher. » (saint Augustin)

« Non, on ne m’a pas dit : là où Il est, tu seras toi aussi ; mais là où tu es, toi, Il sera lui aussi. » (saint Augustin)

« Dieu est bon, Dieu est juste, Dieu est tout-puissant … Qu’on nous dise alors pour quel juste motif les enfants sont condamnés à souffrir tant de maux. » (Saint Augustin – anticipant la révolte d’Ivan Karamazov)

« Si Dieu descendait sur la terre tous les peuples se mettraient à genoux, excepté les Français qui diraient : ‘Ah, vous voilà ! Enfin ! C’est pas trop tôt ! On va enfin pouvoir discuter un peu !’ » (lord Balfour)

« Dieu est celui auquel il appartient de ne pouvoir être comparé à rien … Quoi que ce soit que tu dises de lui, tu ne dis jamais que quelque chose de lui, qu’une manifestation de sa puissance, non lui-même. » (Père Hans Urs Von  Balthasar) 

« Le ciel et l’enfer sont deux grands poèmes qui formulent les deux seuls points sur lesquels tournent notre existence : la joie et la douleur. » (Balzac)

« En Occident, les hommes pensent à Dieu quand ils en ont besoin. Généralement pour lui reprocher de les ‘avoir abandonnés’ ou pour lui soutirer quelque miracle à usage personnel. Ils ont une approche consommatrice du Très-Haut. Pas étonnant qu’il reste mutique, c’est toujours désagréable d’être sollicité seulement quand on a besoin de vous. » (Olivier Bardolle)   

« Il est plus facile de croire au ‘Bon Dieu’ qu’en Dieu. Les chromos ont une force de persuasion considérable, bien plus efficace que les pensées … La  ‘Bonne Mére’ et son ‘doux Jésus’, voilà ce qui vous forge une foi de charbonnier … à la condition, toutefois de ne pas se perdre en réflexions fumeuses sur les ‘espaces infinis’. Toute philosophie, et même tout raisonnement, affaiblit la piété. » (Olivier Bardolle)   

« Les routes vers Dieu sont perdues. Dieu n’est plus accessible qu’aux aventuriers. » (René Barjavel)

« L’homme m’embête, si on l’écoutait on ne s’occuperait plus que de lui. » (René Barjavel)

« Je ne crois plus en Dieu, mais il me manque. » (Julien Barnes)

« On peut être une âme d’Eglise sans être une âme de Dieu. » (Anne Barratin)

« Dieu nous a estimés en nous donnant la vie, nous a aimés en nous donnant la mort. » (Anne Barratin)

« Ce Dieu que l’on pourrait démontrer, quel genre de Dieu serait-ce donc ? » (Karl Barth)

« Il m’importe peu de savoir si Dieu existe ou non, mais ce que je sais et que je saurai jusqu’au bout, c’est qu’Il n’aurait pas dû inventer en même temps l’amour et la mort. » (Roland Barthes – au décès de sa mère)

« Oh ! non, il nous faut un Dieu, pour reporter à quelqu’un le bien et le mal. » (le cri solitaire de Marie Bashkirtseff, dont si grande était la soif de vivre, et qui si tôt s’éteignit, selon Lucien Jerphagnon)

« Dieu est le seul être qui pour régner n’ait même pas besoin d’exister. » (Baudelaire)

« L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade. Celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. » (Baudelaire)

« L’homme est un animal religieux qui se trompe de dieu. » (Baudelaire)

« Si pareille force et pareille autorité n’existent pas, l’humanité est vouée à s’en remettre à sa propre intelligence et volonté. » (Zygmunt Bauman) – Ce qui ne va pas nous mener très loin.

« Il m’était plus facile de penser un monde sans créateur qu’un créateur chargé de toutes les contradictions du monde. » (Simone de Beauvoir)

« Que faisait Dieu avant la Création du monde ? » (Samuel Beckett)

« On apprenait aux hommes que le divin, par une condescendance de sa nature, devient l’humain. Mais on ne leur a jamais dit que l’humain, par un haussement de la sienne, devient le divin. Cette humanisation du divin vous a menés à le doter d’attributs fort nouveaux. D’abord, le divin est aujourd’hui lié aux circonstances. Mieux, il doit être ‘adapté’ à ces circonstances. Jadis, c’étaient les circonstances qui devaient regarder vers l’idéal. Maintenant, c’est l’idéal qui doit ‘s’inspirer des circonstances’ … Etant circonstancié, le divin ‘varie’ avec les circonstances. Il se ‘développe’ avec le temps. Mieux, il se ‘perfectionne’ avec le temps … Dieu aujourd’hui est ‘progressif’ »   (Julien Benda)

« La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée mais dans un fait : Dieu s’est montré. » (Benoît XVI)

« L’important n’e

« Nous sommes en train de vérifier expérimentalement que là où il n’y a pas de Dieu, il n’y a point d’homme non plus. » (Niclas Berdiaeff)

« La conception de Dieu que présentait le judaïsme était une conception transcendante (Dieu éloigné, à une hauteur infinie), d’où des rapports tragiques entre l’homme, le peuple et le Dieu transcendant. Par contre, selon la conception aryenne (l’Inde ancienne), Dieu est un être immanent dont la présence se manifeste dans les profondeurs les plus cachées de l’homme lui-même. » – (Nicolas Berdiaeff)

« A un Dieu qui tranchait sans doute sur tous les autres par sa justice en même temps que par sa puissance, mais dont la puissance s’exerçait en faveur de son peuple et dont la justice concernait avant tout ses sujets, succéda un Dieu d’amour, et qui aimait l’humanité entière. » (Henri Bergson)

« Avec l’immanence, même l’homme révolté s’arrange. Tout ce dont l’absence lui paraît inacceptable est, a été, sera … Quelques atroces que semblent les péripéties du film, le metteur en scène est là, avec nous, et le dénouement nous est garanti par sa présence même qui l’engage. Mais avec la transcendance, tout reste toujours menacé. Nous ne sommes même pas sûrs de notre existence, puisque nous ne sommes pas sûrs que Dieu ait besoin de nous. Nous ne savons jamais ce qu’il fait, ce qu’il est, ce qu’il veut … Qui ne serait inquiet d’un Dieu inconnaissable ? … Le philosophe (Spinoza) rappelant les juifs à l’ordre de l’immanence qu’ils négligent, le peintre (Rembrandt) rappelant les chrétiens à l’ordre de la transcendance qu’ils négligent après le concile de Trente. » (Emmanuel Berl) – Le Dieu dont on ne peut voir la face sans mourir et Celui qui touche pour guérir et dont on peut toucher la frange du manteau.

« Dieu agace. C’est donc qu’il trouble. » (Emmanuel Berl – traitant de tous ceux qui l’oublient, l’insultent…)

« Le crépuscule de l’homme est beaucoup plus sensible, depuis quarante ans, que le crépuscule de Dieu trompetté par tant de fanfares. » (Emmanuel Berl) – D’où l’acharnement de certains a tout détruire, furieux de voir que Dieu arrive à subsister malgré eux, alors qu’eux descendent du caniveau à l’égout.

Dans un univers ‘expliqué’ « On verrait des millions d’êtres presque absolument vidés de toute vie intérieure … monstrueusement disponibles … le désespoir de ces médiocres libérant d’énormes disponibilités de haine. » (Georges Bernanos)

« Les dieux protecteurs de la cité moderne, on les connaît, ils dînent en ville et s’appellent des banquiers. » (Georges Bernanos)

« Il me semble parfois moins triste de ne pas croire en Dieu que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre ou physicien. » (Georges Bernanos – Dialogues des carmélites)

« Cette chose unique, diverse dans ses actes, est à la fois longueur par son éternité, largeur par sa charité, hauteur par sa puissance et profondeur par sa sagesse. » (saint Bernard – traduction maladroite, chose ?)

« Le pire despote sous les traits duquel on ait jamais imaginé le destin, le Dieu de Calvin : nul ne peut savoir ce qui l’attend là-haut, le décret divin qui le sauvera ou le damnera est inconnaissable ici-bas. » (Ernst Bloch)

« ‘Dieu est mort’ a proclamé Nietzsche. Mais il ne l’a pas dit sur un ton de triomphe, dans le style de l’ancien athéisme, ce qui signifierait que le tyran a été renversé et que l’homme est désormais libre. Non, la phrase est prononcée avec l’intonation angoissée de la piété la plus puissante et la plus délicate qui se trouve privée de son objet … L’homme a perdu son Père et son Sauveur … La joie de la libération, que l’on trouve chez Marx, s’est muée en terreur devant la nudité de l’homme privé de protection … Le monde est devenu ‘une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui n’a aucun sens’ … Nietzsche a remplacé un athéisme insouciant et content de lui par un athéisme angoissé … Marx investissait l’histoire de toutes les fonctions divines, gigantesque naïveté. » (Allan Bloom)

« Le bon Dieu, dit-on. – Enfin, et pour tout dire, le bon Dieu, si difficilement et si rarement avalé par le Bourgeois est tout de même encore assez demandé par la clientèle et cela vaut qu’on sacrifie bien des répugnances. Entrez n’importe où, vous n’entendrez parler que de lui : ‘Le bon Dieu vous viendra en aide… le bon Dieu s’occupe de vous… le bon Dieu pour tous… le bon Dieu sans confession.. .la bête à bon Dieu… il n’y a pas de bon Dieu’, etc… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, CXXII)

Aujourd’hui, « pas de nouvelles de Dieu. » (Léon Bloy) –Phrase étonnante.

« Dieu tenait au XVII° siècle la place que tient l’argent aujourd’hui ; les dégâts étaient moindres. » (Christian Bobin)

« N’importe quoi peut servir de Dieu quand Dieu manque. » (Christian Bobin)

« Ainsi un de tes familiers n’avait pas tort de demander : Si vraiment Dieu existe, d’où vient le mal ? Mais d’où vient le bien, s’il n’existe pas ? » (Boèce)

« Il faut prier pour consoler Dieu. » (un personnage d’Heinrich Böll)

« Qui êtes-vous pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? » (Niels Bohr – réponse humoristique à Einstein sur une de ses affirmations appuyée sur sa formule : « Dieu ne joue pas aux dés. »)

« Si l’esprit de l’homme pouvait comprendre la nature de Dieu, l’homme intelligent serait égal à Dieu : car deux intelligences qui peuvent se comprendre mutuellement et également sont égales. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. » (Pasteur Dietrich Bonhoeffer) – Sur l’Incarnation puis le ‘départ’ du Dieu chrétien, sa discrétion et son absence. Dieu créateur et garant d’une liberté fondamentale.

« Un Dieu qu’on fait à sa mode, aussi insensible que nos passions le demandent, n’incommode pas. La liberté qu’on se donne de penser tout ce qu’on veut fait qu’on croit respirer un air nouveau. On s’imagine jouir de soi-même et de ses désirs et, dans le droit qu’on pense acquérir de ne se rien refuser, on croit tenir tous les biens,   et on les goûte par avance. » (Bossuet – Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, princesse palatine)

« Quand Dieu efface c’est qu’il s’apprête à écrire. » (Bossuet)

« Nous qui ne sentons rien que de borné, qui ne voyons rien que de muable, où avons-nous pu comprendre cette éternité ? où avons-nous songé cette infinité … par où donc es-tu entrée en nos âmes ? » (Bossuet)

« Dieu même a besoin d’avoir raison ! » (Bossuet – répliquant au protestant Jurieu qui arguait que le peuple était la seule autorité qui n’ait pas besoin d’avoir raison pour valider ses actes politiques, théorie qu’endossât parfaitement Robespierre)

« L’impiété, c’est de dire Dieu mal ou trop vite. » (Pierre Boutang)

« La mort de Dieu charrie le cadavre de l’homme. » (Pierre Boutang)

« Saint Thomas prévient l’objection qui naît inévitablement de la disproportion totale de l’effet par rapport à la cause en faisant remarquer que la preuve n’a nullement pour ambition de conclure de la nature de l’effet à la nature de la cause, mais uniquement de la présence de l’effet à l’existence d’une cause. » (Jacques Bouveresse reprenant la théorie de saint Thomas d’Aquin sur la disproportion entre notre connaissance intuitive de Dieu et Celui-ci) – Pas d’effet sans cause. Proposition généralisable hors du champ de la théologie.

«  Dire que l’humanisme exclusif nie toute espèce de divin, et à plus forte raison, de dieux. C’est parler un peu vite. Nous ne pouvons plus voir des naïades dans les sources, des dryades dans les arbres, Zeus derrière l’orage … D’autres divinités ont refait surface sous le nom de Nation, de Progrès, d’Histoire, de Classe ou de Race. » (Rémi Brague) – C’est moins poétique et, potentiellement, plus sanglant.

« La question n’est pas de savoir si l’homme peut savoir par lui-même comment il devrait bien vivre. Elle est plutôt de savoir s’il peut vouloir survivre sans une instance extérieure pour l’affirmer … pour lui donner une légitimité. » (Rémi Brague)

« ‘Et ne répondra plus que par un froid silence

« Au silence éternel de la divinité.’’ (finale de la strophe d’Alfred de Vigny Le mont des oliviers). Ce silence a justement pour but de laisser la parole à l’homme et de lui permettre de répondre en toute connaissance de cause à ce qui lui est offert. L’homme reste libre de répondre. Sa réponse positive est attendue, mais elle n’est pas donnée d’emblée, voire, elle inclut le risque du ‘non’. » (Rémi Brague)

« Ne pensez-vous pas que Dieu doit souvent avoir envie de croire que l’homme n’existe pas ? » (Albert Brie)

« La coexistence de la croyance en Dieu et le constat de l’imperfection du monde, le problème intellectuel souligné par Leibniz puis par Max Weber. » (Gérald  Bronner)

– Dieu serait mort suivant Nietzsche, lui aussi. Dans un monde privé de transcendance, et pour reprendre la prédiction du saint curé d’Ars, on « adorera les bêtes ». Traduisons bêtes aujourd’hui dans notre monde qui ne croit plus à rien (et donc surtout pas à lui-même) par : loteries et jeux, violence et sexe, usage parfois dépravé d’internet, fuite dans les fictions régressives, d’anticipations ou magiques, disparition dans la drogue, astrologie, occultisme de pacotille, déviations en tout genre, culte d’escrocs-arrivistes-arrivés, de people ou de gourous, fascination pour l’argent et les biens matériels, angoisse des crises à répétition, sentimentalisme de midinette, humanitarisme de repus, agitation dépourvue de sens entraînant l’angoisse corrélative de cette fébrilité infantile qui n’est que vaine recherche d’un sens disparu et introuvable à notre niveau… En l’absence de tout sacré, de tout dieu, de toute transcendance, il n’y a plus aucun rempart contre la folie humaine (voir la rigolade des droits de l’homme), ni contre le désespoir.

– Le sacré est aussi indispensable à l’homme que le pain. Si on n’a pas compris cela, on n’a rien compris à l’homme, soit à soi-même. D’ailleurs la modernité n’a pas fait disparaître le sacré, elle l’a seulement dévalué et transporté de la sphère religieuse, personnelle, à la sphère civile, collective. Toutes les révolutions et les sociétés les plus férocement athées s’empressent de s’inventer un nouveau culte, de se bricoler un sacré en carton pâte et des divinités de pacotille (drapeau, l’Être suprême de la révolution française, le grand architecte de l’univers maçonnique, le Progrès, la Solidarité, la Tolérance, l’idéologie de la Démocratie, la Science et la technologie toute puissante, la Croissance, la vénération pour la Réussite et pour l’Argent, la spectacularisation des média, les émissions jeux de cirque, le bonheur pour tous… ), de se fabriquer des démons (idéologiques et grotesques) à exorciser, de sacrifier à des rites dérisoires (commémorations, anniversaires, journées de…, fêtes de…).

– Qui hésiterait entre le Père éternel chanté par Brassens, la douce  vierge Marie, l’admirable Jésus et le froid GADLU (grand architecte de l’univers) maçonnique ?

– « Je ne crois pas en Dieu – Oh, comme il sera fâché ! » (réponse d’un prêtre à cette affirmation)

– Dans cette rubrique, comme dans celles sur les religions (650…), ne prendre, S. V. P. aucune citation pour méprisante, et à plus forte raison pour blasphématoire.

 ——————————————————————————————————————————-

« Si Dieu existe j’espère qu’il a une excuse valable. » (Woody Allen) – Certes, mais on peut au moins le remercier, bien qu’il n’ait accompli sa tâche qu’assez médiocrement quand on constate qu’il nous faut augmenter et la réalité et l’humanité (la Silicon Valley plus performante que le Créateur va être obligée de combler rapidement les lacunes).

« Si on découvre qu’il y a un Dieu, je ne pense pas qu’il soit mauvais. Tout au plus peut-on dire qu’il ne fait pas grand-chose. » (Woody Allen)

« De Dieu nous ne pouvons pas savoir ce qu’il est, mais seulement ce qu’il n’est pas. » (saint Thomas d’Aquin)

« Dieu premier servi. » (Jeanne d’Arc) – Et moi, et moi, ! Alors ! Dit-on de nos jours.

« Si l’Être et l’Apparence se séparent à jamais (si l’apparence nous dit que c’est le soleil qui tourne autour de la terre…), postulat fondamental de la science, alors il ne reste rien à accepter de confiance ; il faut douter de tout (le doute cartésien) Si l’homme ne peut se fier ni à ses sens ni à sa raison, surgit l’hypothèse d’un esprit malin, d’un ‘Dieu trompeur’… qui aurait fait une créature douée d’une notion du vrai et lui aurait donné en même temps des facultés telles qu’elle serait incapable d’atteindre la moindre vérité, d’avoir jamais la moindre certitude. » (Hannah Arendt – sur le cauchemar de Descartes : « Je dois examiner s’il y a  un Dieu … et si je trouve qu’il y en ait un, je dois aussi examiner s’il peut être trompeur. »)

« Dieu, la pensée qui se pense elle-même. » (Aristote)

« Il y a une seule chose dont Dieu même est privé : c’est de faire que ce qui a été fait ne l’a pas été. » (Aristote)

« Car ce n’est pas en quelques années que l’homme se consolera de la perte de Dieu. Avec quelle ardeur pourtant n’a-t-on point tenté de réparer cette perte : mysticisme de la beauté, de l’homme et de l’individu,, passions inassouvies, instincts déviés ; de tout cela il ne reste plus guère que lassitude et découragement, et perpétuellement en nous cette flamme inquiète et désolée. » (Marcel Arland)

« Les dieux illusoires du progrès et de l’histoire. » (Raymond Aron) – Ces faux dieux là, au moins sont-ils bien morts, sauf encore pour quelques brefs instants et pour quelques vieux imbéciles.

« A l’intérieur de moi, je trouve plus que moi. » (saint Augustin)

« Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. » (saint Augustin)

« Seigneur, je ne vous ai point trouvé en dehors de moi ; c’est que je vous cherchais mal au dehors, puisque vous êtes en moi. » (saint Augustin)

« Si je me connaissais, je Te connaîtrais ; si je Te connaissais, je me connaîtrais. » (saint Augustin)

« Celui qui nous a créés sans nous ne nous sauvera pas sans nous. » (saint Augustin)

« Qu’est-ce que Dieu faisait avant qu’Il ne fasse le Ciel et la Terre ? … Et si, de toute éternité, Dieu a voulu l’existence de la créature, pourquoi la créature, elle aussi, n’est-elle pas éternelle ? … Mais ce temps même, c’est vous qui l’aviez créé, et les temps n’ont pas pu s’écouler avant que vous ne fissiez les temps. Si, avant le ciel et la terre, nul temps n’existait, pourquoi demande-t-on ce que vous faisiez alors ? Il n’y avait pas ‘d’alors’ là où il n’y avait pas de temps … En aucun temps vous n’êtes donc resté sans rien faire, car vous aviez fait le temps lui-même. Et nul temps ne vous est coéternel parce que vous demeurez immuablement ; si le temps demeurait ainsi, il ne serait pas le temps … Vous êtes, avant tous les temps, le Créateur éternel de tous les temps, et aucun temps ne vous est coéternel, ni aucune créature. » (saint Augustin) – Il faut suivre !

« Il est caché, afin que nous puissions Le chercher afin  de Le trouver ; mais Il est infini afin que, L’ayant découvert, nous puissions continuer à Le chercher. » (saint Augustin)

« Non, on ne m’a pas dit : là où Il est, tu seras toi aussi ; mais là où tu es, toi, Il sera lui aussi. » (saint Augustin)

« Dieu est bon, Dieu est juste, Dieu est tout-puissant … Qu’on nous dise alors pour quel juste motif les enfants sont condamnés à souffrir tant de maux. » (Saint Augustin – anticipant la révolte d’Ivan Karamazov)

« Si Dieu descendait sur la terre tous les peuples se mettraient à genoux, excepté les Français qui diraient : ‘Ah, vous voilà ! Enfin ! C’est pas trop tôt ! On va enfin pouvoir discuter un peu !’ » (lord Balfour)

« Dieu est celui auquel il appartient de ne pouvoir être comparé à rien … Quoi que ce soit que tu dises de lui, tu ne dis jamais que quelque chose de lui, qu’une manifestation de sa puissance, non lui-même. » (Père Hans Urs Von  Balthasar) 

« Le ciel et l’enfer sont deux grands poèmes qui formulent les deux seuls points sur lesquels tournent notre existence : la joie et la douleur. » (Balzac)

« En Occident, les hommes pensent à Dieu quand ils en ont besoin. Généralement pour lui reprocher de les ‘avoir abandonnés’ ou pour lui soutirer quelque miracle à usage personnel. Ils ont une approche consommatrice du Très-Haut. Pas étonnant qu’il reste mutique, c’est toujours désagréable d’être sollicité seulement quand on a besoin de vous. » (Olivier Bardolle)   

« Il est plus facile de croire au ‘Bon Dieu’ qu’en Dieu. Les chromos ont une force de persuasion considérable, bien plus efficace que les pensées … La  ‘Bonne Mére’ et son ‘doux Jésus’, voilà ce qui vous forge une foi de charbonnier … à la condition, toutefois de ne pas se perdre en réflexions fumeuses sur les ‘espaces infinis’. Toute philosophie, et même tout raisonnement, affaiblit la piété. » (Olivier Bardolle)   

« Les routes vers Dieu sont perdues. Dieu n’est plus accessible qu’aux aventuriers. » (René Barjavel)

« L’homme m’embête, si on l’écoutait on ne s’occuperait plus que de lui. » (René Barjavel)

« Je ne crois plus en Dieu, mais il me manque. » (Julien Barnes)

« On peut être une âme d’Eglise sans être une âme de Dieu. » (Anne Barratin)

« Dieu nous a estimés en nous donnant la vie, nous a aimés en nous donnant la mort. » (Anne Barratin)

« Ce Dieu que l’on pourrait démontrer, quel genre de Dieu serait-ce donc ? » (Karl Barth)

« Il m’importe peu de savoir si Dieu existe ou non, mais ce que je sais et que je saurai jusqu’au bout, c’est qu’Il n’aurait pas dû inventer en même temps l’amour et la mort. » (Roland Barthes – au décès de sa mère)

« Oh ! non, il nous faut un Dieu, pour reporter à quelqu’un le bien et le mal. » (le cri solitaire de Marie Bashkirtseff, dont si grande était la soif de vivre, et qui si tôt s’éteignit, selon Lucien Jerphagnon)

« Dieu est le seul être qui pour régner n’ait même pas besoin d’exister. » (Baudelaire)

« L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade. Celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. » (Baudelaire)

« L’homme est un animal religieux qui se trompe de dieu. » (Baudelaire)

« Si pareille force et pareille autorité n’existent pas, l’humanité est vouée à s’en remettre à sa propre intelligence et volonté. » (Zygmunt Bauman) – Ce qui ne va pas nous mener très loin.

« Il m’était plus facile de penser un monde sans créateur qu’un créateur chargé de toutes les contradictions du monde. » (Simone de Beauvoir)

« Que faisait Dieu avant la Création du monde ? » (Samuel Beckett)

« On apprenait aux hommes que le divin, par une condescendance de sa nature, devient l’humain. Mais on ne leur a jamais dit que l’humain, par un haussement de la sienne, devient le divin. Cette humanisation du divin vous a menés à le doter d’attributs fort nouveaux. D’abord, le divin est aujourd’hui lié aux circonstances. Mieux, il doit être ‘adapté’ à ces circonstances. Jadis, c’étaient les circonstances qui devaient regarder vers l’idéal. Maintenant, c’est l’idéal qui doit ‘s’inspirer des circonstances’ … Etant circonstancié, le divin ‘varie’ avec les circonstances. Il se ‘développe’ avec le temps. Mieux, il se ‘perfectionne’ avec le temps … Dieu aujourd’hui est ‘progressif’ »   (Julien Benda)

« La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée mais dans un fait : Dieu s’est montré. » (Benoît XVI)

« L’important n’est pas de croire en Dieu. L’important est d’agir de telle façon qu’Il puisse croire en nous. » (Alain de Benoist)

« La conception de Dieu que présentait le judaïsme était une conception transcendante (Dieu éloigné, à une hauteur infinie), d’où des rapports tragiques entre l’homme, le peuple et le Dieu transcendant. Par contre, selon la conception aryenne (l’Inde ancienne), Dieu est un être immanent dont la présence se manifeste dans les profondeurs les plus cachées de l’homme lui-même. » – Et de la nature (Nicolas Berdiaeff)

« A un Dieu qui tranchait sans doute sur tous les autres par sa justice en même temps que par sa puissance, mais dont la puissance s’exerçait en faveur de son peuple et dont la justice concernait avant tout ses sujets, succéda un Dieu d’amour, et qui aimait l’humanité entière. » (Henri Bergson)

« Avec l’immanence, même l’homme révolté s’arrange. Tout ce dont l’absence lui paraît inacceptable est, a été, sera … Quelques atroces que semblent les péripéties du film, le metteur en scène est là, avec nous, et le dénouement nous est garanti par sa présence même qui l’engage. Mais avec la transcendance, tout reste toujours menacé. Nous ne sommes même pas sûrs de notre existence, puisque nous ne sommes pas sûrs que Dieu ait besoin de nous. Nous ne savons jamais ce qu’il fait, ce qu’il est, ce qu’il veut … Qui ne serait inquiet d’un Dieu inconnaissable ? … Le philosophe (Spinoza) rappelant les juifs à l’ordre de l’immanence qu’ils négligent, le peintre (Rembrandt) rappelant les chrétiens à l’ordre de la transcendance qu’ils négligent après le concile de Trente. » (Emmanuel Berl) – Le Dieu dont on ne peut voir la face sans mourir et Celui qui touche pour guérir et dont on peut toucher la frange du manteau.

« Dieu agace. C’est donc qu’il trouble. » (Emmanuel Berl – traitant de tous ceux qui l’oublient, l’insultent…)

« Le crépuscule de l’homme est beaucoup plus sensible, depuis quarante ans, que le crépuscule de Dieu trompetté par tant de fanfares. » (Emmanuel Berl) – D’où l’acharnement de certains a tout détruire, furieux de voir que Dieu arrive à subsister malgré eux, alors qu’eux descendent du caniveau à l’égout.

Dans un univers ‘expliqué’ « On verrait des millions d’êtres presque absolument vidés de toute vie intérieure … monstrueusement disponibles … le désespoir de ces médiocres libérant d’énormes disponibilités de haine. » (Georges Bernanos)

« Les dieux protecteurs de la cité moderne, on les connaît, ils dînent en ville et s’appellent des banquiers. » (Georges Bernanos)

« Il me semble parfois moins triste de ne pas croire en Dieu que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre ou physicien. » (Georges Bernanos – Dialogues des carmélites)

« Cette chose unique, diverse dans ses actes, est à la fois longueur par son éternité, largeur par sa charité, hauteur par sa puissance et profondeur par sa sagesse. » (saint Bernard – traduction maladroite, chose ?)

« Le pire despote sous les traits duquel on ait jamais imaginé le destin, le Dieu de Calvin : nul ne peut savoir ce qui l’attend là-haut, le décret divin qui le sauvera ou le damnera est inconnaissable ici-bas. » (Ernst Bloch)

« ‘Dieu est mort’ a proclamé Nietzsche. Mais il ne l’a pas dit sur un ton de triomphe, dans le style de l’ancien athéisme, ce qui signifierait que le tyran a été renversé et que l’homme est désormais libre. Non, la phrase est prononcée avec l’intonation angoissée de la piété la plus puissante et la plus délicate qui se trouve privée de son objet … L’homme a perdu son Père et son Sauveur … La joie de la libération, que l’on trouve chez Marx, s’est muée en terreur devant la nudité de l’homme privé de protection … Le monde est devenu ‘une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui n’a aucun sens’ … Nietzsche a remplacé un athéisme insouciant et content de lui par un athéisme angoissé … Marx investissait l’histoire de toutes les fonctions divines, gigantesque naïveté. » (Allan Bloom)

« Le bon Dieu, dit-on. – Enfin, et pour tout dire, le bon Dieu, si difficilement et si rarement avalé par le Bourgeois est tout de même encore assez demandé par la clientèle et cela vaut qu’on sacrifie bien des répugnances. Entrez n’importe où, vous n’entendrez parler que de lui : ‘Le bon Dieu vous viendra en aide… le bon Dieu s’occupe de vous… le bon Dieu pour tous… le bon Dieu sans confession.. .la bête à bon Dieu… il n’y a pas de bon Dieu’, etc… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, CXXII)

Aujourd’hui, « pas de nouvelles de Dieu. » (Léon Bloy) –Phrase étonnante.

« Dieu tenait au XVII° siècle la place que tient l’argent aujourd’hui ; les dégâts étaient moindres. » (Christian Bobin)

« N’importe quoi peut servir de Dieu quand Dieu manque. » (Christian Bobin)

« Ainsi un de tes familiers n’avait pas tort de demander : Si vraiment Dieu existe, d’où vient le mal ? Mais d’où vient le bien, s’il n’existe pas ? » (Boèce)

« Il faut prier pour consoler Dieu. » (un personnage d’Heinrich Böll)

« Qui êtes-vous pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? » (Niels Bohr – réponse humoristique à Einstein sur une de ses affirmations appuyée sur sa formule : « Dieu ne joue pas aux dés. »)

« Si l’esprit de l’homme pouvait comprendre la nature de Dieu, l’homme intelligent serait égal à Dieu : car deux intelligences qui peuvent se comprendre mutuellement et également sont égales. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. » (Pasteur Dietrich Bonhoeffer) – Sur l’Incarnation puis le ‘départ’ du Dieu chrétien, sa discrétion et son absence. Dieu créateur et garant d’une liberté fondamentale.

« Un Dieu qu’on fait à sa mode, aussi insensible que nos passions le demandent, n’incommode pas. La liberté qu’on se donne de penser tout ce qu’on veut fait qu’on croit respirer un air nouveau. On s’imagine jouir de soi-même et de ses désirs et, dans le droit qu’on pense acquérir de ne se rien refuser, on croit tenir tous les biens,   et on les goûte par avance. » (Bossuet – Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, princesse palatine)

« Quand Dieu efface c’est qu’il s’apprête à écrire. » (Bossuet)

« Nous qui ne sentons rien que de borné, qui ne voyons rien que de muable, où avons-nous pu comprendre cette éternité ? où avons-nous songé cette infinité … par où donc es-tu entrée en nos âmes ? » (Bossuet)

« Dieu même a besoin d’avoir raison ! » (Bossuet – répliquant au protestant Jurieu qui arguait que le peuple était la seule autorité qui n’ait pas besoin d’avoir raison pour valider ses actes politiques, théorie qu’endossât parfaitement Robespierre)

« L’impiété, c’est de dire Dieu mal ou trop vite. » (Pierre Boutang)

« La mort de Dieu charrie le cadavre de l’homme. » (Pierre Boutang)

« Saint Thomas prévient l’objection qui naît inévitablement de la disproportion totale de l’effet par rapport à la cause en faisant remarquer que la preuve n’a nullement pour ambition de conclure de la nature de l’effet à la nature de la cause, mais uniquement de la présence de l’effet à l’existence d’une cause. » (Jacques Bouveresse reprenant la théorie de saint Thomas d’Aquin sur la disproportion entre notre connaissance intuitive de Dieu et Celui-ci) – Pas d’effet sans cause. Proposition généralisable hors du champ de la théologie.

«  Dire que l’humanisme exclusif nie toute espèce de divin, et à plus forte raison, de dieux. C’est parler un peu vite. Nous ne pouvons plus voir des naïades dans les sources, des dryades dans les arbres, Zeus derrière l’orage … D’autres divinités ont refait surface sous le nom de Nation, de Progrès, d’Histoire, de Classe ou de Race. » (Rémi Brague) – C’est moins poétique et, potentiellement, plus sanglant.

« La question n’est pas de savoir si l’homme peut savoir par lui-même comment il devrait bien vivre. Elle est plutôt de savoir s’il peut vouloir survivre sans une instance extérieure pour l’affirmer … pour lui donner une légitimité. » (Rémi Brague)

« Ne pensez-vous pas que Dieu doit souvent avoir envie de croire que l’homme n’existe pas ? » (Albert Brie)

« La coexistence de la croyance en Dieu et le constat de l’imperfection du monde, le problème intellectuel souligné par Leibniz puis par Max Weber. » (Gérald  Bronner)

« Le vrai dieu ne demande rien, il ne fait que donner. Un faux dieu ne fait au contraire que demander. » (Rémi Brague)

« Dieu a dit dans le Fils tout ce qu’il avait déjà dit partiellement aux prophètes …  Dans celui-ci il s’est donné à voir tout entier … le Christ n’est pas celui qui dit, mais celui qui est dit. Il n’est pas quelqu’un qui porte un message, une sorte de prophète. Il est le message lui-même. Il est tout ce que Dieu dit et a à dire … Pas de distance entre le message et le messager, parfaite identité  … Avec la mort du Christ, Dieu a dit tout ce qu’il avait à dire   … cette façon dont a parlé le dieu des chrétiens n’aboutit en rien à  faire taire l’homme. » (Rémi Brague – développement, sur la Trinité notamment -s’inspirant de saint Jean de la Croix et contredisant Alfred de Vigny, ci-dessous)

« ‘Et ne répondra plus que par un froid silence

« Au ‘silence éternel de la divinité.’ (finale de la strophe d’Alfred de Vigny Le mont des oliviers). Ce silence a justement pour but de laisser la parole à l’homme et de lui permettre de répondre en toute connaissance de cause à ce qui lui est offert. L’homme reste libre de répondre. Sa réponse positive est attendue, mais elle n’est pas donnée d’emblée, voire, elle inclut le risque du ‘non’. » (Rémi Brague)

« Dieu attend que l’homme nomme les animaux et donc accepte d’apprendre quelque chose de l’homme. En se taisant et en attendant la réponse, il crée la condition première d’n dialogue avec l’homme : accepter celui-ci comme un partenaire qui a quelque chose à dire. » (Rémi Brague)

Dans un univers ‘expliqué’ « Nous serions affranchis certes mais plus d’échappées, assignés à résidence ici-bas. » (Pascal Bruckner)

« Tant que vous ne penserez qu’à votre salut, vous tournerez le dos à Dieu. Dieu est Dieu, pour celui-là seul qui surmonte la tentation de le dégrader afin de l’employer à son service. » (Léon Brunschvig)

 « Les lignes de toutes les relations, si on les prolonge, se coupent dans le ‘Tu’ éternel … avec le seul ‘Tu’ qui par essence ne puisse jamais devenir un ‘Cela’ … Car celui qui prononce le nom de Dieu, alors qu’il est tout rempli du ‘Tu’, quelle que soit l’illusion qui le possède, invoque le vrai ‘Tu’ de sa vie, le ‘Tu’ qu’aucun autre ne limite et avec lequel il est dans une relation qui englobe toutes les autres. » (Martin Buber) – Pour la signification du ‘Tu’ et du ‘Cela’, voir Martin Buber à la rubrique Autres, 290, 4.

« Seule la simplicité de la foi pouvait sauver des pièges et des leurres de la raison. » (Ernst Cassirer – commentant)

« Dieu est mort. Mais le vide qu’il laisse est à sa taille : absolu. Et dans ce vide tous les vents du désert soufflent en tempête. » (Bernard Charbonneau)

« Si nous insistons sur l’immanence de Dieu nous obtenons l’introspection, la solitude, le quiétisme, l’indifférence sociale – le Tibet. Si nous insistons sur la transcendance de Dieu, nous obtenons l’émerveillement, la curiosité, l’esprit d’entreprise morale et politique, la vertu d’indignation – la Chrétienté. Si nous insistons sur la présence de Dieu dans l’homme, l’homme restera à l’intérieur de lui-même. Si nous insistons sur le fait que Dieu transcende l’homme, l’homme s’est transcendé. » (Chesterton)

« Immanence et transcendance divine : si nous insistons sur la présence de Dieu dans l’homme, l’homme restera à l’intérieur de lui-même. Si nous insistons sur le fait que Dieu transcende l’homme, l’homme s’est transcendé. » (Chesterton)

« Quand un homme cesse de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire à rien mais pour croire à n’importe quoi. » (Chesterton)

« Toute tentative pour parler de Dieu en langage moderne nous oblige immanquablement à avoir recours à Spinoza et aboutit au désir de ‘purifier’ et de ‘magnifier’ Dieu en l’éloignant autant que possible de la vie quotidienne, c’est-à dire des besoins humains, des souffrances, des joies, des tâches et des buts. » (Léon Chestov) – Sorte de désincarnation du christianisme.

« Dans un univers ‘expliqué’, rien n’aurait encore un sens, si ce n’est la folie … Il tombe sous le sens que Dieu était une solution et qu’on n’en trouvera jamais une aussi satisfaisante. » (Emil Cioran)

« Se croire dieu me paraît plus aisé que de croire en Dieu. » (Emil Cioran)

« La théologie n’a gardé pour Dieu que le respect de la majuscule. » (Emil Cioran)

« A quoi bon se défaire de Dieu pour retomber en soi ? » (Emil Cioran)

« S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. » (Emil Cioran)

« L’idée de Dieu aura fait de l’usage ! On ne voit pas par quoi la remplacer. Pourquoi alors l’homme ne ferait-il pas tout pour la garder, pour s’y cramponner ? De toute façon il ne trouvera pas mieux. » (Emil Cioran) –  On a pourtant tout essayé, pour finalement tomber soit dans le grotesque soit dans la barbarie. Maintenant l’athéisme de combat qui n’a plus de cartouches se contente de la stupidité frustrée.

« La critique est de tous les temps ; l’inspiration religieuse, un privilège de certaines époques éminemment rares. S’il faut beaucoup d’irréflexion et d’ébriété pour engendrer un dieu, il suffit, pour le tuer, d’un peu d’attention. Ce petit effort, l’Europe le fournit depuis la Renaissance.  Quoi d’étonnant si nous en sommes à envier ces moments grandioses où l’on pouvait assister à l’enfantement de l’absolu ? » (Emil Cioran)

Cioran ayant lu quelque part : « Dieu ne parle que de lui-même » en déduisait que « sur ce point précis, le Très-Haut avait plus d’un rival. »

« Depuis des siècles l’Eglise trivialise ses prestiges, et, le rendant accessible, lui prépare, grâce à la théologie, une mort sans énigmes, une agonie commentée, éclaircie ; accablé sous les prières, comment ne le serait-il pas sous les explications ? … les attaques des athées au moins lui font encore garder l’illusion de la toute-puissance : c’est toujours un attribut de sauvé. » (Emil Cioran) 

« Dieu est une mer à laquelle nous nous abandonnons, pour nous oublier nous-mêmes. L’immersion dans l’abîme divin nous sauve de la tentation d’être ce qu’on est. » (Emil Cioran)

« En nous assimilant à Lui, nous disparaissons ; en le rejetant, nous perdons toute raison d’exister. » (Emil Cioran)

« La Russie et l’Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D’autres pays se contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. » (Emil Cioran)

« Même auprès de Dieu le mécontentement grondait, comme en témoigne la rébellion des anges, la première en date. C’est à croire qu’à tous les niveaux de la création, on ne pardonne à personne sa supériorité. On peut même concevoir une fleur ‘envieuse. » (Emil Cioran)

« L’homme n’atteindra jamais à des profondeurs comparables à celles qu’il connut pendant des siècles d’entretien égoïste avec son dieu …  Je n’arrive pas à mépriser tous ces siècles pendant lesquels on ne s’est employé à rien d’autre qu’à mettre au point une définition de Dieu. » (Emil Cioran)

« Dans un monde qui ne connaîtrait plus ni Dieu ni diable il ne resterait plus à la pauvre humanité qu’à se débrouiller avec le péché en nous organisé. » (Paul Claudel)

« J’ai fui en vain. Il faut subir le maître, quelqu’un qui soit en moi plus moi-même que moi. » (Paul Claudel)

« J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’éternelle enfance de Dieu. » (Paul Claudel)

« Parole d’un ancien chartreux : la plus grande mortification à la Chartreuse est la mortification du vide. Là, on n’a que Dieu seul, et peu d’hommes peuvent se contenter de Dieu. » (Paul Claudel)

« Dieu ne saurait être déifié sans ridicule. Il aime être vécu. »(Jean Cocteau)

« Si les bœufs savaient peindre, leurs dieux ressembleraient à des bœufs. » (Xénophane de Colophon)

« S’Il vient à moi, je ne le verrai pas ; s’Il s’éloigne, je ne comprendrai pas. » (saint Jean de la  Croix)

« Une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » (cardinal Nicolas de Cues)

« Père est, en une certaine façon, le nom le plus vrai de Dieu, son nom propre par excellence. » (Cyrille d’Alexandrie)

« On n’allume pas une bougie pour regarder le soleil. » (Pierre Damien – sur la foi en Dieu) 

 « Un Dieu impuissant ne peut être aimé que de manière désintéressé … L’amour total est totalement gratuit. L’impuissance de Dieu est la contrepartie de l’amour … Dieu s’est frotté au risque de l’homme pour s’en faire aimer. On ne peut aimer sans arrière-pensée celui que l’on craint, alors Dieu s’est fait faible. L’Incarnation n’a-t-elle pas été suspendue au consentement d’une jeune femme de Galilée ? » (Raphaël Debailiac – interprétant Gustave Thibon)

« Le Dieu d’amour a supplanté le Dieu juge. » (Régis Debray)

 « C’est une chance d’avoir un interlocuteur, et un seul à qui adresser ses reproches et ses prières. Un Dieu trompeur, pervers, autocrate, sadique vaudra toujours mieux à cet égard que mille dieux, comme en Inde ou au Japon, ou pas de dieu du tout, comme dans nos terres fébriles … C’est un des avantages comparatifs du monothéisme. » (Régis Debray)

« Pour rappeler à César qu’il n’était pas Dieu, nos ancêtres avaient l’au-delà en garantie. Quand le transcendant s’éclipse, et que la chasse à l’instant mobilise l’attention, l’ultime recours, c’est l’en-deçà. » (Régis Debray)

« L’Être suprême des philosophes, exsangue et chlorotique,  sans histoire à raconter, n’a jamais pu élire domicile ici-bas. » (Régis Debray)

« Une culture peut difficilement se passer de dieu : nous le savons en observant les produits monstrueux que, privée de lui, elle invente aussitôt pour le remplacer. » (Chantal Delsol) – Suffit de regarder autour de soi, de connaître un peu d’histoire (la vraie, pas l’officielle)

« Ce n’est pas l’amour, mais l’altérité de Dieu qui permet la liberté … Dieu est une personne : autrement dit, un être distancié. La distance de Dieu, séparé du monde par l’acte même de la création désigne la liberté de l’homme. » (Chantal Delsol) – Le dieu monothéiste et créateur.

« Car comment serait-il possible que je pusse connaître que je doute et que je désire, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose et que je ne suis pas tout parfait, si je n’avais pas en moi aucune idée d’un être plus parfait que le mien, par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma nature ? » (Descartes –  Méditations) – « Je peux me connaître seulement à la lumière d’une perfection qui dépasse de beaucoup mes pouvoirs. » (Charles Taylor)

« Les divinités chtoniennes de la Terre-Mère étaient la source universelle de consolation religieuse, avant l’avènement, plus tardif dans l’histoire, des divinités solaires masculines … Les ‘pieta’ médiévales, bras de la Terre-Mère, qui vit encore, la divinité solaire morte, son fils, se trouvant de nouveau dans le silence du retour à la matrice d’où il est issu.» (Philip K. Dick)  – En penser ce qu’on veut. Dans l’imaginaire de l’auteur, image de la Terre-Mère, qui n’enlève et n’ajoute rien à la Vierge Marie.

« Il y a des gens dont il ne faut pas dire qu’ils craignent Dieu, mais bien qu’ils en ont peur. » (Diderot)

« Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. » (Diderot)

« La pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne, mais bien celle qu’il y en a un, tel que celui qu’on me peint. » (Diderot) – Du moins tel que souvent on le peignait du temps de l’auteur.

« On nous parle trop de Dieu ; autre défaut ; on n’insiste pas assez sur sa présence. Les hommes ont banni la divinité d’entre eux ; ils l’ont reléguée dans un sanctuaire ; les murs d’un temple bornent sa vue. » (Diderot)

« Si Dieu n’existe pas, tout est permis … Je suis dieu. » (Dostoïevski – Les possédés) – Et si Dieu n’est rien, l’homme constate désespérément que tout est indifférent.

« L’homme repousse Dieu en même temps que le miracle, car c’est surtout le miracle qu’il cherche. et comme il ne saurait s’en passer il s’en forge de nouveaux, les siens propres. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov ; La légende du  Grand Inquisiteur)

« Il y a trois forces, les seules qui puissent jamais subjuguer la conscience de ces faibles révoltés, ce sont : le miracle, le mystère, l’autorité. Tu les a repoussées toutes trois … L’homme est plus faible et plus vil que tu ne pensais … La grande estime que tu avais pour lui a fait tort à la pitié. Tu as trop exigé de lui, toi qui pourtant l’aimais plus que toi-même. En l’estimant moins, tu lui aurais imposé un fardeau plus léger … Qu’importe qu’à présent il s’insurge partout contre notre autorité et soit fier de sa révolte ? C’est la fierté de jeunes écoliers mutinés qui ont chassé leur maître. Mais l’allégresse des gamins prendra fin et leur coûtera cher. » (le grand inquisiteur de Dostoïevski s’adressant au Christ – Les frères Karamazov ; La légende du  Grand Inquisiteur)

« Le seul peuple théophore est le peuple russe. » (Dostoïevski – Les Possédés) – Peut-être une des raisons pour lesquelles il s’est lancé dans cette entreprise messianique qu’était le communisme.

« Il se pourrait que nous ne soyons pas près de pouvoir vivre sans dieu(x) puisque chaque fois que nous mettons un dieu à mort, c’est pour en aimer un autre. La question est désormais de savoir auquel nous sommes présentement en train de sacrifier … Contrairement aux dieux précédents, le Marché ne vient plus compléter la nature …  c’est un dieu postmoderne, un dieu sans grand récit de fondation, un dieu réduit à une pure Providence événementielle. » (Dany-Robert Dufour – à propos de la société libérale)

« Dieu existe, au moins dans un lieu, dans la tête des hommes … Or, de ce dernier refuge, on ne l’expulsera pas facilement. » (Dany-Robert Dufour)

« Je respecte trop l’idée de Dieu pour le rendre responsable d’un monde aussi absurde. » (Georges Duhamel)

« Dieu pêche les âmes à la ligne, Satan les pêche au filet. » (Alexandre Dumas)

« L’homme ne peut imaginer Dieu dans des modes autres que ceux qu’il trouve en lui-même. » (Louis Dumur)

« Dieu et moi nous sommes Un. » (maître Eckhart)

« Toutes les choses ont un pourquoi, mais Dieu n’a pas de pourquoi. » (Maître Eckhart)

« N’accueillez pas le mode de présentation de Dieu, c’est lui qui le choisit. Accueillez Dieu et soyez satisfait du mode. » (Maître Eckhart)

« Dieu est le Dieu du présent. Tel Il te trouve, tel Il te reçoit, tel Il te prend ; non point tel que tu fus, mais tel que tu es en ce moment. » (maître Eckhart)

« Que l’homme soit près ou loin, Dieu, lui, ne s’éloigne jamais. Il reste toujours dans le voisinage ; et, s’Il ne peut demeurer en nous Il ne va jamais plus loin que l’autre côté de la porte. » (maître Eckhart)

« Je prie Dieu de me délivrer de Dieu. » (maître Eckhart) – De ses images. – Ce qui ressemble fort à l’adage bouddhiste « Si tu rencontre Bouddha sur ta route, tue-le. »

« ‘Dieu habite dans une lumière à laquelle personne ne saurait parvenir, une lumière à laquelle il n’est pas d’accès’ (saint Paul) … ‘En Dieu il n’y a pas de moins et plus, ni de ceci et cela. Aussi longtemps nous sommes dans l’accès, nous ne parvenons pas jusque-là’ (un maître) … ‘Il est par-delà l’être, par-delà la vie, par-delà la lumière, untel voit-il quelque chose ou quelque chose tombe-t-il dans la connaissance, ce n’est pas Dieu’ (Denys le lumineux) … ‘Celui qui parle de Dieu par comparaison quelconque, il en parle de façon impure’ (un maître) … Dieu est au-dessus de tout nom ; personne ne peut aller si loin qu’il puisse désigner Dieu … Devons-nous connaitre Dieu, il faut que cela se fasse sans intermédiaire ; rien d’étranger ne peut tomber là. Si nous connaissons Dieu dans cette lumière, il faut que ce soit de cette façon propre et tournée vers l’intérieur, sans aucune incursion de choses créées quelles qu’elles soient. » (maître Eckhart –  sermon 71 )

« Dieu est malin, mais pas truqueur. » (Einstein – sur la pérennité des lois physiques, à découvrir cependant) 

Il n’y a pas de tierce solution. « Si vous ne voulez pas avoir un Dieu, il faudra vous soumettre à Hitler ou à Staline. » (T. S. Eliot) – Dans les années 39/40.

« Ce n’est pas un hasard si l’immense courant de la mort de Dieu est né dans notre monde des images : l’impossibilité de représenter visuellement Dieu conduit inévitablement en notre temps à son impossibilité d’exister … Nous ne pouvons faire confiance qu’à un Dieu visible … Un ‘royaume qui n’est pas de ce monde’, un paradis promis n’intéressent plus personne … Nous ne pouvons ni statistiquement mesurer les résultats ni en faire des graphiques. » (Jacques Ellul)

« Dissocier la religion et Dieu. Le Dieu n’est pas indispensable à la religion, c’est la religion qui fait le Dieu, même quand elle, refuse de lui donner ce nom … Comment se fait-il qu’un mouvement fondamentalement irréligieux comme le marxisme ait donné naissance à l’une des principales religion du monde moderne ? » (Jacques Ellul) – Les religions séculières (terme de Raymond Aron) pour désigner les religions sans transcendance externe (religions politiques comme le marxisme, de la science vécue sur le mode du mythe, de la technique qui devient le sacré, du progrès, de la prétendue égalité…)

 « L’irruption de Dieu dans une existence humaine participe de la violence. L’homme ne s’en remet que fort secoué. Aux antipodes de la sécurité bourgeoise, l’aventure spirituelle s’expose à une déconcertante Rencontre qui, seule, ultimement, consomme la pacifiante présence … L’homme n’est chez soi qu’en chemin. L’homme, fondamentalement lutteur, ne trouve sa plénitude qu’à travers les affrontements … c’est en rupture plus qu’en continuité que l’homme avance vers sa vérité profonde qui est en avant de soi, dans son propre dépassement. Route à parcourir, distance à franchir, différence à traverser … Si le ‘même’ n’est pas éclaté par ‘l’autre’, il ne reste que lui-même et jamais rien d’autre ne sera. La traversée de la différence est accroissement. L’affrontement d’altérité enrichit. » (Père Gérard Eschbach) – La lutte de Jacob et du pseudo-ange.

« ‘L’homme n’a inventé Dieu qu’afin de pouvoir vivre sans se tuer’. L’implication est évidente : c‘est la nécessité, pour l’homme, d’avoir un centre, une valeur de base ; ne le trouvant pas en lui-même, il l’avait placé hors de lui, l’avait projeté en Dieu … avait supposé qu’il existait (ce centre) mais chez un autre. Et la foi en cet autre avait provisoirement résolu le problème existentiel. » (Julius Evola – citant un personnage de Dostoïevski)

« Que m’importe que Dieu n’existe pas, Dieu donne à l’humanité de la divinité. » (Saint-Exupéry)

« Le verbe ‘avoir’ est la mort de Dieu. » (Moacyr Félix, poète brésilien – cité par Jean-Claude Guillebaud)

« Dieu n’a pas disparu, il a été remplacé : l’homme absous de sa finitude, dégagé des chaînes de l’expérience terrestre … ‘qui place la nature dans les conditions de  son entendement’ (Hannah Arendt), cet homme n’est rien d’autre que le successeur de Dieu … L’âge positif est, en fait, tout rempli de religiosité … ‘Ce siècle qui se dit athée ne l’est point, il est autoathée’ (Charles Péguy). Et quand l’auteur de ‘L’avenir de la science’ (Ernest Renan) affirme avec emphase que ‘le grand progrès de la réflexion moderne a été de substituer la catégorie du devenir à la catégorie de l’être, la conception du relatif à la conception de l’absolu et le mouvement à l’immobilité,’ il ment ou se ment à lui-même.. Ce relatif qu’il oppose à la métaphysique n’est que la voie d’accès à l’absolu, le devenir n’est qu’un devenir-Dieu, et le temps des modernes …  n’est que la marche de l’homme vers son propre couronnement, le temps qu’il lui faut pour se hisser à l’omniscience et pour exercer sur les choses un pouvoir illimité. » (Alain Finkielkraut – Le mécontemporain)

« Les dieux n’étant plus, les hommes se retrouvent seuls. » (Flaubert)  

« Dieu. – Voltaire lui-même l’a dit : ‘Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer’. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Déicide. – S’indigner contre, bien que le crime ne soit pas fréquent. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux – Souvent pour des sujets même indignes des hommes. » (La Fontaine – L’homme et la puce)

« La mort de Dieu, en ôtant à notre existence la limite de l’illimité… » (Michel Foucault)

« L’esprit de contradiction juif voit en l’homme une image de Dieu, alors que les peuples païens faisaient plutôt des dieux à l’image de l’homme. » (André Frossard)

« C‘est au XIX° siècle que l’Histoire remplace Dieu dans la toute-puissance sur le destin des hommes, mais c’est au XX° siècle que se font voir les folies politiques nées de cette substitution. » (François Furet, historien contemporain) – « Ruse hégélienne de la raison, lutte marxiste des classes, loi darwinienne de l’évolution : dans tous les cas le mal est bon et la violence utile car ils servent les fins supérieures et rapprochent l’humanité de sa destination. » (Alain Finkielkraut)

« J’ai cru longtemps que Dieu est la Vérité, je sais à présent que la Vérité est Dieu. » (mahatma Gandhi)

« La mort de Dieu, ce n’est pas l’homme devenant Dieu, se réappropriant l’absolue disposition consciente de lui-même qu’il lui avait prêtée ; c’est l’homme expressément obligé au contraire de renoncer au rêve de sa propre divinité. C’est quand les dieux s’éclipsent qu’il s’avère réellement que les hommes ne sont pas des dieux. » (Marcel Gauchet)

« A la différence des anciens dieux concrètement présents … le dieu séparé est un dieu qui exige un acte de foi, une conversion, un dieu dont la vérité ne s’appréhende que moyennant une rupture avec l’évidence sensible. » (Marcel Gauchet)

« La perspective de quelque chose comme une croissance matérielle est étrangère à l’humanité jusque vers l’an mil … En Christ l’humain et le divin sont conjoints en même temps que séparés … A partir du moment où l’ici-bas apparaît comme une sphère consistante par elle-même, Dieu se conçoit comme inconnu par rapport à cette sphère et la figure du Christ connaît aussitôt une métamorphose spectaculaire… » (Marcel Gauchet) – On passe du Christ triomphant au Christ souffrant.

« Vous serez comme des dieux. » (Genèse 3, 5) – Le démon tentant Eve. Nous n’avons que trop essayé de tenir la fallacieuse promesse ; à notre grand dam. Et ce n’est hélas qu’un début.

« Si tu sais mettre Dieu dans tout ce que tu fais, tu le retrouveras dans tout ce qui t’arrive. » (Père Vladimir Ghika)

« Dieu n’existe pas ; tu peux te débaucher. » (cable d’André Gide, prétendu mort, à François Mauriac)

« La route vers Dieu est facile parce qu’on y avance en se déchargeant. » (Etienne Gilson)

« En perdant dieu, la Renaissance allait perdre l’homme lui-même. » (Etienne Gilson)

« Si notre évolution culturelle nous a conduits à remplacer Dieu, nous devrions nous rendre compte que nous nous sommes chargés d’une responsabilité énorme. » (René Girard)

« A quoi bon le Dieu unique quand s’entr’égorgent, sans limites, ceux qui s’en réclament ? … Chute du ciel sur la terre … Ou c’est Dieu qui juge et condamne la réalité mondaine ou bien c’est la réalité dans son chaos qui juge Dieu et le condamne … Les deux positions constatent que le rapport homme-Dieu est rompu … que la rupture est irrécupérable … La boue de 1914 (comme Auschwitz, Hiroshima, le Rwanda) lance à Dieu : ‘Tu n’existes pas’ … ou bien Dieu juge le monde et lui dit : ‘Tu ne mérites pas d’exister’ … Quels sens ces événements si Dieu existe ? Quel sens si l’histoire est raison et progrès ? Quel sens si l’humanité fait sens ? Dieu est jugé, le ciel tombe sur nos têtes, preuve de la non-existence du Très-Haut … ou c’est Dieu qui  juge un très-bas condamné à disparaître … quand l’horreur surgit, si le Seigneur est toute-puissance, ou bien il n’est pas toute-sagesse, ou bien il n’est pas toute bonté … S’il est omniscient et charitable, alors il est impuissant – Mais le meurtre de Dieu est une signature, la marque d’un savoir-faire créateur qui, élevant le tueur au-dessus du tué, garantit l’assomption du successeur. Tous pouvoirs à qui ? Aux soviets ? A la volonté de puissance ? A la communauté de la classe, de la race ? Aux dictateurs ? Au progrès ? A la science ? peu importe l’étiquette. L’acte de naissance demeure la mise au tombeau de l’Être suprême. L’objectif est invariable, la captation de l’héritage, la maîtrise des ‘tous pouvoirs’, l’omniscience et l’omnipotence, ‘la prise en charge du règne de la terre’  selon Heidegger. » (André Glucksmann – La troisième mort de Dieu) – Suite et assemblage de considérations éparses sur la désaffection envers Dieu, sur l’incroyance galopante, tirées d’une réponse majoritaire à un questionnaire mettant en relief le lien entre les massacres de masse et la perception divine (on sait les effets dévastateurs sur ce plan de la boucherie de 1914, auparavant de l’effet sur Voltaire et ses contemporains du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne au XVIII° siècle). Dieu se retirait d’abord de l’histoire, puis vint le tour de la raison. A quoi Hans Jonas répondait qu’Il ne pouvait pas intervenir parce qu’Il avait abandonné toute possibilité d’intervenir dans le domaine physique : « Dieu, après s’être entièrement donné dans le monde en devenir, n’a plus rien à offrir : c’est maintenant à l’homme de lui donner … Le livre de Job invoque la plénitude de puissance du Dieu créateur, une autre thèse invoque  son renoncement à la puissance (votre maison vous est laissée, Evangiles, Mt; 23,37).» – On se doute que la notion de coexistence entre une divinité créatrice et la permanence du  mal est plus complexe que ces aperçus simplifiés.

« Je crois de plus en plus qu’il ne faut pas juger le bon Dieu sur ce monde-ci. C’est une étude de lui qui est mal venue. » (Vincent van Gogh – cité par Albert Camus)

« Si un dieu créateur existe quel intérêt peut-il prendre à la marche du monde ? » (Edmond et Jules de Goncourt)

Mot d’un curé de campagne à une dévote assaillie de scrupules : « Dieu n’est pas si bête que ça. » (cité par Rémy de Gourmont)

« Un Dieu sans mystère ne serait pas Dieu. Il faut qu’il soit incompréhensible pour être divin. » (Bernard Groethuysen)

« Ne pouvant aimer le Dieu des jansénistes, et sachant parfaitement se passer de celui des Jésuites, l’honnête homme trouvera dans une morale bien fondée et dans une vie parfaitement réglée ce qu’il ne saurait plus puiser dans ce monde mystérieux… » (Bernard Groethuysen) – Cette déplorable obsession de vouloir encadrer Dieu. 

« Les hommes s’angoissent de perdre tout point de repère, ils choisissent des dieux de rechange. » (Jean Guitton)

« L’acte divin de création, à moins de tomber dans le panthéisme, se présente sous une figure paternelle ; l’acte divin de miséricorde, sous peine de s’altérer en une dureté justicière, se présente sous une figure maternelle. » (Fabrice Hadjadj) 

« Cette raison existante, ultime et suprême, c’est-à-dire première, de la nature des choses, il faut poser ce qu’on a coutume d’appeler Dieu. » (Martin Heidegger – reprenant Leibniz)

 « ‘Je cherche  Dieu !  … Nous l’avons tué, vous et moi ! Nous sommes tous ses meurtriers. Comment avons-nous pu faire cela ? Comment avons-nous pu boire d’un trait la mer tout entière ? Qui nous a donné l’éponge pour effacer tout l’horizon ? Que faisions-nous lorsque nous détachions cette terre de son soleil ? Vers où se meut-elle à présent ? N’est-ce pas loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? Et vers l’arrière, vers le côté, vers le devant, vers tous les côtés? Y a-t-il encore un haut et un bas? N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ?  … Dieu est mort ! … Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux pour du moins paraître dignes d’eux ? … Avec quelle eau pourrons-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d’inventer ? … Le plus important des événements récents, le fait que Dieu soit mort, que la foi dans le dieu chrétien ne soit plus digne de foi, commence déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres’ (Le ‘Gai Savoir’, paragraphe n° 125, le ‘Forcené’, plus cinquième livre) – Dans la pensée nietzschéenne, Dieu désigne le monde suprasensible en général, le domaine des Idées et des Idéaux, le vrai monde depuis Platon … Si Dieu comme Cause suprasensible et comme Fin de toute réalité, est mort, si le monde suprasensible a perdu toute force … l’homme ne sait plus à quoi s’en tenir et il ne reste plus rien qui puisse l’orienter … Un néant commence à s’étendre … Le nihilisme, ‘le plus inquiétant de tous les hôtes’ est devant la porte … Le but d’une félicité éternelle dans l’au-delà se change en celui du bonheur pour tous ici-bas … L’acte créateur, autrefois le propre du dieu biblique, devient la marque distinctive de l’activité humaine … Le fil conducteur des trois images : soleil, horizon, mer explique ce qui est entendu dans l’image du déicide … L’homme devient autre (et sa situation dans le monde aussi) … Le paragraphe émane du ‘Forcené’, c’est-à-dire hors du sens. Car il est sorti du plan de l’homme ancien … Le défaut de dieu signifie qu’aucun dieu ne rassemble plus … les hommes et les choses sur soi, ordonnant ainsi, à partir d’un tel rassemblement, l’histoire du monde et le séjour humain en cette histoire. Non seulement les dieux et le dieu se sont enfuis, mais la splendeur de la divinité s’est éteinte dans l’histoire du monde. Le temps de la nuit du monde est le temps de détresse, parce qu’il devient de plus en plus étroit … tellement étroit qu’il n’est même plus capable de retenir le défaut de dieu comme défaut. » (Martin Heidegger – considérations éparses sur le texte célèbre de Nietzsche) – « Dieu n’est pas mort de mort naturelle. Il a été victime d’un meurtre collectif … L’acte même qui semble mettre fin au processus religieux est en réalité son origine, son noyau véritable, le processus religieux par excellence. Ces nouveaux jeux sacrés reproduiront certainement le meurtre collectif de Dieu. Il y aura des rites sacrificiels. La mort de Dieu est aussi sa naissance.. » (René Girard – sur les débuts de toute religion, la mort du Dieu)

« Seul un Dieu peut encore nous sauver ! » (Martin Heidegger – dénonciation du vide de l’être ?) – Dés 1966.

« Le bon Dieu reconnaît les siens. Mais il est si bon qu’il fait semblant de reconnaître tout le monde. » (Abel Hermant)

 « Dieu a créé le monde comme les océans ont fait les continents ; en se retirant. » (Hölderlin)

« L’œil ne voit bien Dieu qu’à travers les larmes. » (Victor Hugo)

« Dieu est l’auteur de la pièce, Satan est le directeur du théâtre. » (Victor Hugo)

« En parlant de Dieu, dit Denis le Chartreux, il est préférable de procéder par des négations que par des affirmations. ‘Car quand je dis : Dieu est bonté, essence, vie, je semble indiquer ce qu’est Dieu, comme si ce qu’il est avait quelque chose de commun ou quelque ressemblance avec la créature…’ » (Johan Huizinga)

« De quel meurtre es-tu accusé demandait le rabbin à l’écrivain ? Du meurtre de Dieu, répondit-il, Pour ma défense, cependant, j’ajouterai que je meurs avec Lui. » ( cité par Edmond Jabès)

« Une grand mélancolie s’empara de l’homme lorsqu’il s’éloigna de Dieu ; car il venait d’éprouver la cruauté d’être séparé de soi-même. » (Reb Ardel – cité par Edmond Jabès)

« Lorsque les paupières de Dieu s’abaissèrent pour la première fois, l’ombre fut dans l’univers avec le mal. » (Reb Avav – cité par Edmond Jabès)

« Dieu ne cesse pas d’aimer ces oublieux, ces étourdis qui croulent et roulent de mal en pis, de sombre en noir. » (Max Jacob)   

« Approchez-vous de Dieu, et Il s’approchera de vous. » (saint Jacques)

« Autant se demander si Dieu est blond ou brun. » (Vladimir Jankélévitch – sur certaines interrogations théologiques)

« Un Bon Dieu pas fier auquel on ne rougit pas de demander quelques services, patronner un massacre, conquérir des terres à blé ou à pétrole, prêter son nom à des opérations financières. ‘Vous pouvez bien faire cela pour nous, Seigneur ?’, ‘Merci, Seigneur’ … Il n’y a pas que le cheval qui soit la plus noble conquête de l’homme. » (Lucien Jerphagnon)

« De quel Dieu s’agit-il ? Suivant les intentions différentes de la conscience : – Du Dieu que l’on prie et que l’on aime si on est croyant (besoin d’une supériorité aimante) – Du Dieu-horloger de Voltaire, qui s’est retiré après avoir construit et réglé la pendule (besoin d’un principe rationnel, organisateur) – Du Dieu suprême cause et fin du monde, suprême réalité (besoin de cohérence, d’intelligibilité) …  Deux grandes conceptions de Dieu : le Dieu des religions et le Dieu disons de la raison, lequel ’n’est jamais et nulle part le premier en date’ (Georges Gusdorf) … Les cinq voies vers Dieu selon Saint Thomas, dans la ‘Somme théologique’ : – Le mouvement qui exige un premier Moteur – La causalité qui postule une Cause incausée – La contingence qui requiert une absolue Nécessité – Les degrés de l’être qui impliquent la suprême Perfection – L’ordre du monde qui veut une absolue Finalité. » (Lucien Jerphagnon) – « Que serait un Dieu prouvé ? » (Karl Jaspers)

« Dieu. Nous parlons toujours de Lui en sa présence. » (Joseph Joubert)

« Il faut que quelque chose soit sacré. » (Joseph Joubert)

« Dieu est le lieu où je ne me souviens pas du reste. » (Joseph Joubert)

« Le miracle, ce n’est pas Dieu, c’est nous. » (Marcel Jouhandeau)

« Dieu fit l’aliment ; le diable fit l’assaisonnement. » (James Joyce)

« Seuls des  saints d’une très haute spiritualité comme saint Jean de la Croix sont capables d’embrasser dans une seule vision le Dieu des philosophes et le Dieu de l’Evangile. » (Jacques  Julliard – évoquant Simone Weil)

« On peut lui ravir ses dieux, mais à la seule condition de lui en donner d’autres. » (Carl Jung) – Culte de la personnalité, veaux d’or de toutes sortes, célébrités, fêtes, travail même…

« Son désespoir provient, de façon classique d’un constat du non-sens de la vie en l’absence de Dieu. » (un personnage de Sarah Kane) – cité par Nancy Huston

« La mort de Dieu n’est-elle pas en effet manifestée dans un geste doublement meurtrier qui, en mettant un terme à l’absolu, est en même temps assassin de l’homme lui-même. » (Emmanuel Kant)

« Dieu est la pure subjectivité sans mélange. » (Kierkegaard)

« Le Dieu de la modernité, présenté d’abord comme ‘divin architecte’ avait de moins en moins à faire dans le monde, qui était de plus en plus à même de se passer de ses services … Il devenait un Dieu feignant. » (Alexandre Koyré) – Avec Descartes. En revanche, la raison advenait dans sa figure totalisante et sans faille.

« Je ne crois pas en Dieu, et j’ai toutes les raisons de croire que c’est réciproque. » (Grégoire Lacroix)

« Sire, je n’ai plus besoin de cette hypothèse. » (Laplace – réponse à Napoléon qui l’interrogeait sur le sort de Dieu dans son système)

« Quand même le premier homme eût été doté de l’idée d’un Dieu unique, cette notion, transmise et non innée, n’eût pas pu longtemps garder sa pureté. Dés que la raison humaine, livrée à elle-même, commença d’y réfléchir, elle divisa l’incommensurable unique en une pluralité d’êtres commensurables, et attribua une caractéristique propre à chacune des parties. » (G. E. Lessing)

« Pour sa gloire de Dieu moral et pour la gloire de l’homme majeur, Dieu est impuissant. » (Emmanuel Levinas)

« Il est probablement dans la nature de l’esprit qu’un Dieu sévère et un homme libre préparent un ordre humain meilleur qu’une Bonté infinie pour un homme mauvais … L’extermination du mal par la violence signifie que le mal est pris au sérieux et que la possibilité du pardon infini invite au mal infini … Sans cette finitude de la patience divine, la liberté de l’homme ne serait que provisoire et dérisoire, et l’histoire un jeu. Admettre le châtiment, c’est admettre le respect de la personne même du coupable. » (Emmanuel Levinas – vantant la dure loi de l’Ancien Testament qui n’est peut-être pas une doctrine de douceur, qu’importe) – Autant pour la Loi humaine. Il est évident que le lâche laxisme actuel s’exerce au profit de la prétendue bonne conscience des forts et au détriment de l’ordre protecteur des faibles. 

« C’est une grande perte pour l’homme, que celle qu’il subit, lorsqu’il a perdu la conviction de celle d’un être sage qui dirige le monde. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Des plaisirs passagers pleins de trouble et d’ennui,

« Par des tourments affreux  éternels comme lui. » (prince de Ligne – Dieu veuille ne pas punir)

« Que craindrais-je ? Si je vis, je sers Dieu ; si je meurs, je Le vois. » (saint Louis)

« Il faut arriver à voir que Dieu n’est pas tant la cause de l’obligation morale, ou la sanction du devoir, que la substance même du bien. »(cardinal Henri de Lubac)

« Il n’est pas toujours bon de se réfugier trop vite dans le sein de Dieu. Cette fuite peut cacher un secret orgueil ou l’avide recherche d’un anesthésiant. » (cardinal Henri de Lubac)

 « A l’image d’un Dieu créateur de toutes choses, l’homme doit s’employer à domestiquer, tout à la fois, l’environnement naturel et l’ensemble social. » (Michel Maffesoli) – Ambitieux. Mais l’homme ne sait pas s’arrêter aux limites, à ses propres limites.

« Dieu a peut-être disparu mais le diable est resté. » (André Malraux)

« Pour détruire Dieu, et après l’avoir détruit, l’esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s’opposer à l’homme : parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé devant le corps de sa maîtresse, il ne trouve que la mort. Avec son image enfin atteinte il découvre qu’il ne peut plus se passionner pour elle. Et jamais il ne fit d’aussi inquiétante découverte. » (André Malraux – la tentation de l’occident)  – Dois-je comprendre que, Dieu mort, il ne reste à l’homme que la mort ? 

« Dieu est mort, près de trois quarts de siècle plus tard une autre affirmation, moins proférée que murmurée dans l’angoisse, vient aujourd’hui faire écho : l’homme est en agonie. » (Gabriel Marcel)

« Dieu prête plus d’attention à un acte de charité ou à un quart d’heure d’oraison de quiétude qu’au fracas de la chute d’un empire ou d’une révolution sociale. » (Jacques Maritain)

« La rupture avec Dieu qui avait commencée comme revendication d’indépendance et d’émancipation, comme une hautaine rupture révolutionnaire, s’achève dans une soumission révérente et prostrée au tout-puissant mouvement de l’histoire. » (Jacques Maritain – sur le matérialisme).

« On aime tellement Dieu quand on a besoin de lui. » (Marivaux)

« Dieu n’est pas une invention ; c’est une découverte. » (Louis Massignon)

« Dieu est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » (d’un mathématicien)

« Balance : le plus faux des symboles divins. » (Charles Maurras)

« Sans Dieu, plus de vrai ni de faux ; plus de loi, plus de droit. Sans Dieu une logique rigoureuse égale la pire folie à la plus parfaite raison … il n’y a point de crime qui ne devienne indifférent, ni de révolution qui ne soit légitime ; car, sans Dieu, le principe de l’examen subsiste seul, principe qui peut tout exclure, mais qui ne peut fonder rien. » (Charles Maurras)

« Dussé-je aller en enfer, jamais un tel Dieu ne forcera mon respect. » (John Milton – sur le Dieu arbitraire de la doctrine protestante de la seule élection par la grâce)

« Je vous rappelle que je n’ai pas la foi, si je cherchais Dieu, je me trouverais. » (Henry de Montherlant, un personnage – Les Jeunes Filles)

« Le Créateur a raté ce monde-ci ; pourquoi aurait-il réussi l’autre ? » (Paul Morand – citant son père)

« Deux pôles sacrés, le dieu s’appelle Egalité, le diable discrimination … ‘Il s’agit d’accepter enfin, vraiment, la mort de Dieu et des morales qui s’y rattachent, afin de refonder quelque chose d’authentiquement divin ou du moins, d’authentiquement enchanté : le paradis, oui ! Mais ici, sur la terre’. » (Philippe Muray – citant quelque rigolo et concluant qu’il vaut mieux entendre cela que d’être sourd)

« Dieu parle, il faut qu’on lui réponde. » (Alfred de Musset)

« L’unicité du dieu, au contraire (du polythéisme), signifie le retrait de ce dieu hors de la présence et donc aussi hors de la puissance. Il rend donc absolument problématique le nom de ‘dieu’, il le rend non signifiant, et surtout, il lui retire tout pouvoir d’assurance … Le monothéisme est en vérité l’athéisme … le monothéisme, dans son essence, défait le ‘théisme’, c’est-à-dire la présence de la puissance qui assemble le monde et assure son sens. » (Jean-Luc Nancy – La décomposition)

« La foi en Dieu équivaut rationnellement à la certitude du triomphe final du Bien. Notre idée même de Dieu implique le triomphe du Bien. » (Philippe Nemo – reprenant Emmanuel Levinas)

« Ce curieux entre tous. » (Nietzsche) 

« Les hommes seront des dieux pour eux-mêmes. » (Nietzsche)

« Je ne pourrais croire qu’en un Dieu qui saurait danser. » (Nietzsche)

« Si on ne trouve plus la grandeur en Dieu, on ne la trouve plus nulle part ; il faut la nier ou la créer. »(Nietzsche)

« C’est à l’égard de son Dieu qu’on a le moins de probité : on ne lui accorde pas le droit de pécher. » (Nietzsche)

« Ce fou … qui courait et criait … ‘Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu !’ … Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu épuiser la mer ? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon entier ? Qu’avons-nous fait à désenchaîner cette terre de son soleil ? … Est-ce que nous ne tombons pas sans cesse ? En arrière, de côté, en avant, de tous les côtés ? Y a-t-il encore le haut et le bas ? … Néant sans fin … Espace vide … Il fait de plus en plus froid … Et de plus en plus la nuit … Dieu est mort et nous l’avons tué ! Comment nous consoler, nous, les meurtriers des meurtriers ? … Qui nous lavera de ce sang ? … La grandeur de cette action n’est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas tenus de devenir nous-mêmes des dieux, afin d’en paraître dignes ? … Il n’y a jamais eu d’action plus grande et ceux qui naîtront après nous appartiendrons à cause de nous à une histoire plus haute qu’aucune ne le fut jamais jusqu’à nous. » (Nietzsche – Le Gai Savoir) – L’homme, ce dieu dérisoire dont parlait déjà Pascal.

« Maintenant qu’ils se sont débarrassés de Dieu, ils se croient d’autant plus tenus de faire Sa police. Et le sanctions qu’ils veulent ne viennent même plus de commandements extérieurs ou supérieurs mais d’eux-mêmes ! … Emancipés de Lui, ils disent qu’ils savent ce qui est bon et ce qui est mauvais pour eux ! Mais c’est dans leur propre bénitier qu’ils ont trouvé ce qu’ils disent savoir … Ils disent qu’ils veulent la lutte contre la logique de la démesure et les puissances de l’illimitation, mais illimité est leur fanatisme et démesurée leur tyrannie ! » (Nietzsche – Zarathoustra)

« Que doit penser Dieu quand il lit un traité de théologie ? » (Marie Noël) 

« Dieu est invraisemblable. Nous aussi. Le temps est invraisemblable. La lumière est invraisemblable. La vie est invraisemblable… » (Jean d’Ormesson)

« Tout ce qu’on peut faire avec Dieu, ce n’est ni de le connaître ni d’accumuler des arguments pour ou contre son existence. Ce n’est même pas de parler de lui. C’est d’espérer qu’il existe. Il faut donner sa chance à Dieu. Il faut lui laisser le bénéfice du doute (le pari de Pascal). Dieu ne se donne pas comme un fait, comme une évidence. Où serait le mérite des hommes si Dieu était une évidence ? Dieu est une idée pure, une recherche, une conquête, une tension, une espérance. Dieu est un rêve et une tâche infinie. On ne peut le trouver que si on le cherche … Il n’est pas un savoir, il est une croyance … Nous ne pouvons décréter ni qu’il existe ni qu’il n’existe pas. Nous avons seulement le droit d’espérer qu’il existe. » (Jean d’Ormesson)

« Il n’est pas exclu … que vous n’existiez pas. Parce que mon rêve aura été beau et qu’il m’aura empêché de sombrer dans l’absurde et dans le désespoir, parce que, légende ou réalité, vous m’aurez fait vivre un peu au-dessus de ma bassesse inutile, je n’en bénirai pas moins votre grand et saint nom. » (Jean d’Ormesson)

« Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer ! » (Blaise Pascal)

« Les uns craignent de le perdre, les autres de le trouver. » (Blaise Pascal)

« La plus cruelle guerre que Dieu puisse faire aux hommes en cette vie est de les laisser sans cette guerre qu’il est venu apporter. » (Blaise Pascal)

«Je L’avise et Il m’avise. » (un paysan, paroissien du curé d’Ars)

 « Quel dépouillement, de soi, de son pouvoir,  quelle imprudence, quelle imprévision, quelle imprévoyance, quelle improvidence de Dieu. Nous pouvons faire défaut. » (Charles Péguy) – Dieu ne nous a pas livrés à Lui, nous laissant libres, Il s’est livré à nous !

« Dieu a même craint la mort. » (Charles Péguy) 

« Si l’Un n’est pas, alors rien n’est. » (Platon)

« Même Dieu ne peut tout, il ne  peut se donner la mort quand même il le voudrait, le plus beau privilège accordé à l’homme. » (Pline l’ancien)

« Le silence de Dieu est une chance ; s’il parlait, avec toutes nos conneries, qu’est-ce qu’on entendrait. » (Michel Polac)

« Les fêtes de fin d’année, ou les fêtes tout court … L’humanité se rassemble, non dans le symbole oublié d’un Dieu s’incarnant dans la fragilité d’un enfant, mais dans l’effervescence du consumérisme festif. Telle est la nouvelle transcendance. » (Natacha Polony) – Profond dégoût.

« Sur les dieux je ne puis rien dire. Je ne sais ni s’ils existent, ni s’ils n’existent pas. Bien des choses m’empêchent de le savoir, d’abord l’obscurité de la question, ensuite la brièveté de la vie. » (Protagoras)

« Je pense à dieu depuis que j’existe. » (Joseph Proudhon) – Qui ne s’est cependant jamais noyé dans un bénitier.

« On ne peut rien dire de Dieu, même qu’il n’existe pas. » (Raymond Queneau)

« Dieu demeure là où on le fait entrer. » (un Rabbi, doctrine hassidique – cité par Martin Buber)

« Dieu est d’habitude pour les gros escadrons contre les petits. » (Bussy-Rabutin)

« Le chrétien répondait aux païens que son Dieu ne ressemblait ni à Zeus ni à Dionysos, mais plutôt à l’Être Suprême dont parlait les philosophes d’alors. Le choix ainsi opéré signifiait l’option pour le ‘logos’ contre toute espèce de ‘mythos’, la démythologisation définitive du monde et de la religion. La foi chrétienne a opté contre les dieux des religions pour le Dieu des philosophes,  c’est à dire contre le ‘mythos’ de la seule coutume pour la vérité de l’être lui-même. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Le Dieu des philosophes est essentiellement ordonné à lui-même, il est pure pensée, se contemplant elle-même. Le Dieu de la foi, au contraire, est défini fondamentalement par la catégorie de la relation. Il est l’Immensité créatrice qui embrasse la totalité. Le Dieu des philosophes est pensée pure. Le Dieu de la foi est amour. Pour lui, penser, c’est aimer. Ce n’est plus la pensée qui est divine, c’est l’amour. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Dans l’histoire des religions, le thème de dieu revêt toujours les deux formes simultanées – Le dieu-sauveur, le dieu-rédempteur : le dieu-fils. Thèmes de la “solitude/sécurité”, du mal et de notre déficience – Le dieu-créateur : le dieu-père. Thèmes de la puissance cosmique, du bien et de la plénitude.. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Il n’y a plus de ciel fermé. Le Christ est au ciel, ce qui implique que Dieu est accessible à l’homme. » (cardinal Joseph Ratzinger) 

« Dieu dit au premier homme : tu m’oublieras, tu vivras, tu enfanteras, tu travailleras, tu souffriras ; et quand tu auras souffert, tu m’inventeras ! » (Charles Régismanset)

« Dieu, celui que tout le monde connaît, de nom. » (Jules Renard)

« Dieu ne croit pas à notre Dieu. » (Jules Renard)

« Selon la formule attribuée à Chesterton, quand les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien, ils croient en n’importe quoi, et la condition humaine supérieure qui devait résulter d’un dépassement de la foi en Dieu se révèle plutôt un retour à l’infantilisme et à ses fantasmes de toute-puissance. Hans Jonas se demande dans ‘Le principe Responsabilité’ si l’effacement de la transcendance n’a pas été ‘l’erreur la plus colossale de l’histoire’. » (Olivier Rey)

« Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux !

« L’homme est roi,

« L’homme est dieu ! » (Arthur Rimbaud – Soleil et chair)

« M. de Créqui ne croit pas en Dieu, il craint en Dieu. » (Rivarol)

« Moins on croit en Dieu, plus on comprend que d’autres y croient. » (Jean Rostand)

 « Bien pauvre celui qui s’imaginerait avoir pensé le dernier mot sur ‘le vrai, le beau, le bien’, ou par quelque découverte physico-chimique ne plus avoir à parler du mystère de la vie … L’idée de Dieu, ou, ce qui revient au même, l’idée de quelque chose de transcendant dans l’immanent,  est efficace comme élément nécessaire de l’humilité humaine. Quand ce barrage à l’orgueil est enlevé, un pas de plus est fait sur la route qui mène à un certain type de folie auquel l’homme moderne est exposé … Un chaos de sens et d’harmonisations, de réussites partielles et sans lendemain sur fond de non-sens … L’idée de Dieu a la vertu de maintenir la foi en l’unité. » (Raymond Ruyer) – Nous avons déjà fait de grand pas sur cette route.

« Dieu-Ordre et Dieu Personne sont, en un sens, complémentaires. Si l’on souligne l’Ordre, la Personne s’estompe et inversement. Les grands systèmes religieux et philosophiques pourraient se classer en deux groupes, selon qu’ils croient à un Ordre, à une Voie : Tao, Karma, Raison éternelle qui nous assigne impersonnellement une norme, ou qu’ils croient à une Personne, avec une volonté historique insondable, et pour nous arbitraire : Allah ou Yahvé, à laquelle nous obéissons comme à un maître doué de conscience. Avec encore plus d’artifice, on pourrait ajouter que ce clivage correspond au clivage Orient-Occident … Obéir à une personne ou obéir à une direction, les deux attitudes sont fondamentalement analogues. Les deux croyances impliquent …  que l’homme reconnaît sa dépendance réglée à l’égard d’un Principe supérieur … Conception de Dieu comme Vie centrée sur elle-même ou comme incarnée dans les créatures, participant à leurs peines, à leurs fautes. » (Raymond Ruyer) – Mais l’une occulte la relation personnelle, sa chaleur, son affectivité, son réconfort, sa proximité humaine, oserait-on dire.

« Dieu et le ‘Sauveur’ correspondent à des idées très différentes. Dieu, l’Être suprême, est une exigence de l’esprit, une sorte de nécessité naturelle et spirituelle à la fois, qui surgit dans la pensée, avant de bouleverser l’âme. Le Sauveur ne correspond qu’à une demande psychologique.. » (Raymond Ruyer)

« Nous sommes dans le monde humain dès qu’il y a  des sens et des valeurs stables, détachés de la physiologie humaine. Il suffit alors d’une intellectualisation facile et réalisée presque instantanément pour que ce monde des valeurs stables appelle comme corrélatif un Dieu, un Être suprême … Dieu étant le sens de ce monde total, comme vérité et réalité du monde, point indispensable de survol du monde total, qui tient au monde sans être dans le monde … Principe suprême à la fois lié au monde et distinct du monde … La religion concerne le rapport de l’homme et de l’univers total. » (Raymond Ruyer)

« Dans ce bel élan des meilleures parts de soi-même, le cœur embaumé de béatitudes célestes, on perdit de vue pourquoi on était fait. On ferma les yeux sur mille habitudes passées ; parce qu’on était nouveau venu, on se crut prédestiné à Dieu. La vie se vengea aussi vite qu’elle put. Après quelques mois de confusion inouïe, tout rentra en ordre. Mais il fallut rebrousser chemin. Et l’impatience du bien avait donné le jour à beaucoup de mal. » (Maurice Sachs – sur des expériences avortées de conversion religieuse) – Bien observé.

« Le renversement de la notion de Dieu dans ses rapports avec l’homme et avec l’univers, est non la cause mais l’effet du changement de sens de l’amour (l’univers antique est une chaîne d’unités spirituelles dynamiques, où l’inférieur tend vers le supérieur qui l’attire jusqu’à être attiré par lui, ainsi jusqu’à la Divinité éternellement immobile, alors que dans la conception chrétienne, le noble descend et s’incline vers le roturier, l’homme sain vers le malade… le Messie vers les publicains et les pécheurs), Dieu n’est plus cette fin, immobile et éternelle comme un astre qui meut le monde comme ‘l’aimé meut l’amant’ ; son essence même est d’aimer, servir, créer, vouloir et agir. Le premier : moteur éternel de l’univers cède la place au créateur qui a créé l’univers par amour. » (Max Scheler)

« Tout homme a un dieu ou une idole. » (Max Scheler) – Les progressistes, idolâtres de leur moi. 

« Dieu est-il le rêve de l’humanité ? Ce serait trop beau. L’humanité est-elle le rêve de Dieu ? Ce serait abominable. » (Arthur Schnitzler) 

« Même un croyant peut douter de Dieu à la suite d’un grand malheur, mais on n’a jamais vu quelqu’un perdre la foi pour un bonheur qu’il ne méritait pas. » (Arthur Schnitzler)

« Pourquoi l’intellect ne trouve-t-il pas repoussante l’idée de quelque chose d’infini ? » (Duns Scot) – Comment un être fini peut-il concevoir quelque chose d’infini et l’appeler ‘Dieu’  ? – « Capacité mentale de transcender le donné, c’est-à-dire transcender la factualité même de l’être. » (Hannah Arendt – en réponse)

« L’existence de Dieu ne regarde que Lui. »(Louis Scutenaire)

« Oui, l’homme est divin … ou plutôt ce que l’homme renferme de divin c’est d’avoir inventé le dieu. » (Segalen –prêtant à Gauguin)

« Nul besoin d’appeler Dieu ; la source est en toi

« Si tu ne l’obstrue pas, elle jaillira sans cesse. » (Angélus Silésius)

 « Que Dieu n’ait pas de fin, je ne puis l’accorder,

« Car vois comme il me cherche, pour reposer en moi. » (Angelus Silesius)

« On ne sait ce qu’est Dieu : Il n’est ni lumière ni esprit,

« Ni vérité, ni unité, ni ce qu’on nomme divinité,

« Ni sagesse, ni raison, ni amour, volonté ou bonté,

« Ni chose, ni non-chose, ni essence ou affect,

« Il est ce que ni moi, ni toi, ni nulle créature

« Jamais n’apprennent qu’en devenant ce qu’Il est. » (Angelus Silesius)

« Christ serait-il né mille fois à Bethléem,

« S’Il n’est pas né en toi, c’est ta perte à jamais. » (Angelus Silesius)

« Dieu est Rien pur. Nul ‘maintenant’, nul ‘ici’ ne le touchent.

« Plus tu cherches à Le saisir et plus Il t’échappe. » (Angelus Silesius)

« Mon Dieu, si je n’existais pas

« Vous non plus n’existeriez

« Puisque moi n’est-ce pas vous

« Avec ce besoin que vous avez de moi. » (Angélus Silésius – L’Errant chérubinique)

« Il n’y a pas de Dieu à Stalingrad. » (Lettre d’un soldat allemand)

« Jamais Il ne parle par-dessus d’autres voix, d’où son silence en des millions de vies. » (Père Zanotti-Sorkine)

« C’est ici que réside le véritable sens de l’interdit judaïque jeté sur l’énonciation du Nom du nom, de dieu. Une fois prononcé, ce nom est happé par les contingences sans limites du jeu linguistique qu’il soit rhétorique, métaphorique ou déconstructionniste. Dieu n’a pas de place démontrable dans le discours naturel et illimité. » (George Steiner)

« La perfection de ce temple est telle que je sais maintenant que les dieux ont visité l’homme. » (Goethe, devant le temple de Segeste, en Sicile) – « Devant Chartres, je sais maintenant que Dieu a rendu visite à l’homme. » (Henry Adams) (les deux cités par George Steiner)

« N’avoir ni paradis, ni enfer, c’est se retrouver intolérablement privé de tout, dans un monde absolument plat …  Reconnaître avec de Maistre que notre jungle politique, l’acquiescement de l’homme cultivé et assoiffé de technique au massacre, accomplissent la prédiction de la Chute. »  (George Steiner)

« Parce qu’il ne pouvait être partout, Dieu créa les mères. » (Talmud)

« Les plus anciens dieux des diverses mythologies, dans toutes les parties du monde, ont été des animaux, des bêtes sauvages, souvent des bêtes féroces … avant l’anthropomorphisme graduel. » (Gabriel Tarde) – Car nos plus proches voisins, parfois adulés, souvent redoutés. Les peintures rupestres correspondraient plus au besoin de dieux qu’à des besoins esthétiques encore non éclos.

« Autant tu sors, autant Il entre. » (Jean Tauler)

« Veux-tu que Dieu parle ? Tout doit de taire. » (Jean Tauler)

 « Plus tu auras été vidé plus aussi tu recevras. Autant ce qui vient de toi diminue, autant ce qui vient de lui augmente. Fais le vide et Dieu sera forcé de le combler. » (Jean Tauler)

« Deux êtres ou deux formes ne peuvent pas coexister en même temps. La chaleur doit-elle entrer ? le froid doit nécessairement sortir. Dieu doit-il entrer ? le créé et toute possession doivent sortir. » (Jean Tauler)

 « Au Moyen Âge on obéissait à Dieu à travers le péché ; aujourd’hui on obéit au diable à travers même les vertus. Exemple : les idées ‘généreuses’ des réformateurs sociaux qui mènent au chaos, puis à la tyrannie. » (Gustave Thibon)

« Avant de tuer les Dieux, songer aux monstres qui naîtront de leurs cendres. » (Gustave Thibon) – Regardons la démence de nos sociétés sans Dieu.

 « L’homme a tout volé à Dieu. Il est le seul roi de la création ; et Dieu dépossédé c’est réfugié dans l’Incréé … Un Dieu dépossédé, expulsé de l’univers comme un parasite » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Tu ne peux plus monter vers ton Dieu ? Sois fidèle encore, car l’heure suprême va sonner où ton Dieu descendra vers toi. » (Gustave Thibon)   

«  Les hommes oublient Dieu, leur père. Mais qui donc n’oublie pas son Père, qui donc n’oublie pas sa source ? » (Gustave Thibon)

« S’il y a au-dessus du temps une perfection immuable, toutes les injustices, toutes les misères du passé sont rachetées. » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Dernière offense à dieu que de trembler devant sa justice après avoir méconnu son amour. » (Gustave Thibon)

« On raconte que dieu nous a créé à son image ; il nous a donné là une piètre idée de ses charmes. » (Jean-Paul Toulet)

« Avant de tuer les Dieux, songer aux monstres qui naîtront de leurs cendres. » (Gustave Thibon) – Regardons la démence de nos sociétés.

« ‘Je remercie Dieu qui m’a donné cette arme’. » (Harry Truman, président des Etats-Unis, le lendemain d’Hiroshima – cité par Albert Jacquard) – Les américains respectent peut-être Dieu mais s’y entendent pour le déshonorer en l’invoquant à l’appui de leurs turpitudes.

« Je choisirais le paradis pour le climat, l’enfer pour la compagnie. » (Mark Twain)

« Si l’homme se croise les bras, Dieu s’endort. » (Miguel de Unamuno)

« Dieu, créant un homme qui lui fît nécessairement louange, ressemblerait au constructeur de phonographes qui se ferait réciter son éloge par un appareil. » (Auguste Valensin)

« L’homme valait-il de déranger un Dieu pour le créer ? » (Paul Valéry)

« Le mot Amour ne s’est trouvé associé au nom de Dieu que depuis le Christ. » (Paul Valéry) – « C’est vertigineusement vrai. » (Simon Leys – qui cite)

« Divers théologiens pourraient nous faire croire que Dieu est bête. » (Paul Valéry)

« Dieu n’annule pas les réalités de l’existence. » (Père Albert Vanhoye)

« Le problème de dieu se pose en relation avec la rencontre d’une limite, avec l’échéance d’un échec. Nous croyons pouvoir réaliser la justice sur la terre, nous voyons que ce n’est pas possible, et nous avons recours à l’espérance en Dieu. La mort pèse sur nous comme une éventualité inéluctable, nous échappons au désespoir en nous tournant vers Dieu et vers sa promesse de nous accueillir en son royaume éternel, Dieu ne se découvrirait-il que là où l’on se heurte à quelque chose de radicalement pénible ? Comme dans l’habitude de ne dire : ‘La volonté de Dieu soit faite’ que lorsque les choses vont vraiment mal et non pas, par exemple, quand on gagne à la loterie ? … L’idée du dieu ‘bouche-trou’. » (Gianni Vattimo)

« On devrait se sentir plus libre, plus fort, plus puissant ; tel n’est pas le cas, le monde de la mort de Dieu se caractérisant par son vide. » (Bertrand Vergely)

« Dieu est ce qui déconstruit l’orgueil de l’homme. » (Bertrand Vergely)

« Dieu est toujours pensé ‘contre’. Contre le hasard, contre la violence… sur un mode négatif, à partir de l’impossibilité du désordre ou du chaos … Une autre façon de concevoir Dieu est une façon positive, comme possibilité inouïe de l’humanité. » (Bertrand Vergely)

« Il est toujours dangereux de vouloir mettre Dieu à la portée des hommes. A force de l’humaniser on finit par lui ôter ce qui fait de lui un Dieu, à savoir son caractère divin, transcendant, ineffable … L’homme devenant Dieu sur terre, on se met à lui demander ce que l’on demande à Dieu. D’où une mystique du social, de l’humain, du caritatif, d’où un culte de l’amour … On est prêt à tout accepter, tout tolérer, tout pardonner, pourvu qu’il y ait de l’amour. » (Bertrand Vergely)

« ‘Je ne crois pas en Dieu’ – ‘Oh ! qu’Il sera contrarié !’ » (réponse du père Veuillot à Baudelaire)

« Dieu se dissimule comme le loup de la devinette qui se cache dans sa propre image au milieu des branches du pommier. On ne voit plus que lui quand on l’a découvert.  D’autres ne voient jamais que le pommier. » (Alexandre Vialatte)

« Dieu a fait l’homme a son image, mais l’homme le lui a bien rendu. » (Voltaire)

« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer

« Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » (Voltaire – qui n’écrasait pas toujours l’infâme !)

« Dieu pris au piège de ses propres règles : ou bien Il ne peut créer un rocher si lourd qu’Il soit incapable de le soulever, ou bien Il ne peut le soulever ; dans les deux cas, Il n’est pas tout-puissant. » (Paul Watzlawick – citant un paradoxe célèbre sur la toute-puissance de Dieu) – Il en existe bien d’autres issus de l’imagination humaine.

« Dieu ne peut être présent dans la création que sous la forme de l’absence. » (Simone Weil)

« Si on aime Dieu en pensant qu’il n’existe pas, il manifestera son existence. » (Simone Weil)

« N’est-ce pas le grand malheur, quand on lutte contre Dieu, de n’être pas vaincu ? » (Simone Weil) – La lutte de Jacob.

« Dieu et l’humanité ressemblent à deux amants qui, ayant fait erreur sur le lieu de rendez-vous, ne se rejoignent jamais. » (Simone Weil)

« Entre deux hommes qui n’ont pas l’expérience de Dieu, celui qui le nie en est peut-être le plus près. » (Simone Weil)

« En créant l’homme, Dieu a quelque peu surestimé ses capacités. » (Oscar Wilde)

« Tout homme va à Dieu à travers ses propres dieux. » (adage hindou) 

« L’homme pense, Dieu rit. » (proverbe yiddish) – Petitesse prétentieuse de l’homme.

« L’artisan est caché dans l’atelier.» (proverbe soufi) – « Concept d’un Dieu immanent, d’un Dieu présent à l’intérieur de l’univers, et non pas transcendentalement retiré au-delà ou au-dessus, et donc n’en faisant pas partie. » (Philip K . Dick)

« Dieu donne le gouvernail mais le diable donne les voiles. » (proverbe)

« L’ancre rompue, recours à dieu. » (proverbe) 

« Fou, celui qui pense avoir attrapé Dieu par la barbe. » (proverbe)

« Dieu n’est pas sans péché ; il a créé le monde. » (proverbe)    

« Si tu veux faire rire Dieu, raconte-lui tes plans. » (proverbe russe)

« L’Ein Sof, l’infini des kabbalistes, d’où procède les mondes on ne peut rien dire, même pas qu’il existe, car ce serait encore trop anthropomorphique, la notion d’existence étant connotée par l’expérience humaine … L’on n’en parle que par opposition à tout ce dont nous pouvons dire quelque chose, comme pour ne pas rester enfermés dans le ‘il y a’ de nos expériences multiples, nécessairement finies et divisées. » ( ? – cité par Henri Atlan)

« Il est impossible de décider si Dieu existe ou s’Il n’existe pas. Mais pour être plus sûr on l’a trucidé. » (?)

« Ce ne serait rien de supprimer Dieu si l’on n’était pas ensuite obligé de le remplacer. » (?) – Et par Dieu sait quoi ! C’est le cas de le dire.

« J’ai l’idée d’un être parfait,

« Or, il ne serait pas parfait s’il n’existait pas,

« Donc, il existe. » (?)

« Dieu : si tu comprends, ce n’est pas Dieu. » (?)

« On a beaucoup parlé de la face de Dieu, jamais de son profil, pourquoi ? » (?)

« Quand Il a pétri la terre, il aurait fait une grosse boulette. » (?)

« Dieu : Yavhé intervenait trop. Le Dieu chrétien n’interviendrait pas assez. Jamais les grenouilles ne sont contentes de leur roi. » (?)

« Dieu est un somnifère. » (?)

« Dieu lui-même se limite en créant le monde. » (?)

« Jésus changeait l’eau en vin ; rien d’étonnant à ce que douze types l’aient suivi. » (?)

Dans un univers ‘expliqué’ « Nous serions affranchis certes mais plus d’échappées, assignés à résidence ici-bas. » (Pascal Bruckner)

« Tant que vous ne penserez qu’à votre salut, vous tournerez le dos à Dieu. Dieu est Dieu, pour celui-là seul qui surmonte la tentation de le dégrader afin de l’employer à son service. » (Léon Brunschvig)

 « Les lignes de toutes les relations, si on les prolonge, se coupent dans le ‘Tu’ éternel … avec le seul ‘Tu’ qui par essence ne puisse jamais devenir un ‘Cela’ … Car celui qui prononce le nom de Dieu, alors qu’il est tout rempli du ‘Tu’, quelle que soit l’illusion qui le possède, invoque le vrai ‘Tu’ de sa vie, le ‘Tu’ qu’aucun autre ne limite et avec lequel il est dans une relation qui englobe toutes les autres. » (Martin Buber) – Pour la signification du ‘Tu’ et du ‘Cela’, voir Martin Buber à la rubrique Autres, 290, 4.

« Seule la simplicité de la foi pouvait sauver des pièges et des leurres de la raison. » (Ernst Cassirer – commentant)

« Dieu est mort. Mais le vide qu’il laisse est à sa taille : absolu. Et dans ce vide tous les vents du désert soufflent en tempête. » (Bernard Charbonneau)

 « Si nous insistons sur l’immanence de Dieu nous obtenons l’introspection, la solitude, le quiétisme, l’indifférence sociale – le Tibet. Si nous insistons sur la transcendance de Dieu, nous obtenons l’émerveillement, la curiosité, l’esprit d’entreprise morale et politique, la vertu d’indignation – la Chrétienté. Si nous insistons sur la présence de Dieu dans l’homme, l’homme restera à l’intérieur de lui-même. Si nous insistons sur le fait que Dieu transcende l’homme, l’homme s’est transcendé. » (Chesterton)

« Immanence et transcendance divine : si nous insistons sur la présence de Dieu dans l’homme, l’homme restera à l’intérieur de lui-même. Si nous insistons sur le fait que Dieu transcende l’homme, l’homme s’est transcendé. » (Chesterton)

« Quand un homme cesse de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire à rien mais pour croire à n’importe quoi. » (Chesterton)

« Toute tentative pour parler de Dieu en langage moderne nous oblige immanquablement à avoir recours à Spinoza et aboutit au désir de ‘purifier’ et de ‘magnifier’ Dieu en l’éloignant autant que possible de la vie quotidienne, c’est-à dire des besoins humains, des souffrances, des joies, des tâches et des buts. » (Léon Chestov) – Sorte de désincarnation du christianisme.

« Dans un univers ‘expliqué’, rien n’aurait encore un sens, si ce n’est la folie … Il tombe sous le sens que Dieu était une solution et qu’on n’en trouvera jamais une aussi satisfaisante. » (Emil Cioran)

« Se croire dieu me paraît plus aisé que de croire en Dieu. » (Emil Cioran)

« La théologie n’a gardé pour Dieu que le respect de la majuscule. » (Emil Cioran)

« A quoi bon se défaire de Dieu pour retomber en soi ? » (Emil Cioran)

« S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. » (Emil Cioran)

« L’idée de Dieu aura fait de l’usage ! On ne voit pas par quoi la remplacer. Pourquoi alors l’homme ne ferait-il pas tout pour la garder, pour s’y cramponner ? De toute façon il ne trouvera pas mieux. » (Emil Cioran) –  On a pourtant tout essayé, pour finalement tomber soit dans le grotesque soit dans la barbarie. Maintenant l’athéisme de combat qui n’a plus de cartouches se contente de la stupidité frustrée.

« La critique est de tous les temps ; l’inspiration religieuse, un privilège de certaines époques éminemment rares. S’il faut beaucoup d’irréflexion et d’ébriété pour engendrer un dieu, il suffit, pour le tuer, d’un peu d’attention. Ce petit effort, l’Europe le fournit depuis la Renaissance.  Quoi d’étonnant si nous en sommes à envier ces moments grandioses où l’on pouvait assister à l’enfantement de l’absolu ? » (Emil Cioran)

Cioran ayant lu quelque part : « Dieu ne parle que de lui-même » en déduisait que « sur ce point précis, le Très-Haut avait plus d’un rival. »

« Depuis des siècles l’Eglise trivialise ses prestiges, et, le rendant accessible, lui prépare, grâce à la théologie, une mort sans énigmes, une agonie commentée, éclaircie ; accablé sous les prières, comment ne le serait-il pas sous les explications ? … les attaques des athées au moins lui font encore garder l’illusion de la toute-puissance : c’est toujours un attribut de sauvé. » (Emil Cioran) 

« Dieu est une mer à laquelle nous nous abandonnons, pour nous oublier nous-mêmes. L’immersion dans l’abîme divin nous sauve de la tentation d’être ce qu’on est. » (Emil Cioran)

« En nous assimilant à Lui, nous disparaissons ; en le rejetant, nous perdons toute raison d’exister. » (Emil Cioran)

« La Russie et l’Espagne : deux nations enceintes de Dieu. D’autres pays se contentent de le connaître, ils ne le portent pas en eux. » (Emil Cioran)

« Même auprès de Dieu le mécontentement grondait, comme en témoigne la rébellion des anges, la première en date. C’est à croire qu’à tous les niveaux de la création, on ne pardonne à personne sa supériorité. On peut même concevoir une fleur ‘envieuse. » (Emil Cioran)

« L’homme n’atteindra jamais à des profondeurs comparables à celles qu’il connut pendant des siècles d’entretien égoïste avec son dieu …  Je n’arrive pas à mépriser tous ces siècles pendant lesquels on ne s’est employé à rien d’autre qu’à mettre au point une définition de Dieu. » (Emil Cioran)

« Dans un monde qui ne connaîtrait plus ni Dieu ni diable il ne resterait plus à la pauvre humanité qu’à se débrouiller avec le péché en nous organisé. » (Paul Claudel)

« J’ai fui en vain. Il faut subir le maître, quelqu’un qui soit en moi plus moi-même que moi. » (Paul Claudel)

« J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’éternelle enfance de Dieu. » (Paul Claudel)

« Parole d’un ancien chartreux : la plus grande mortification à la Chartreuse est la mortification du vide. Là, on n’a que Dieu seul, et peu d’hommes peuvent se contenter de Dieu. » (Paul Claudel)

« Dieu ne saurait être déifié sans ridicule. Il aime être vécu. »(Jean Cocteau)

« Si les bœufs savaient peindre, leurs dieux ressembleraient à des bœufs. » (Xénophane de Colophon)

« S’Il vient à moi, je ne le verrai pas ; s’Il s’éloigne, je ne comprendrai pas. » (saint Jean de la  Croix)

« Une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » (cardinal Nicolas de Cues)

« Père est, en une certaine façon, le nom le plus vrai de Dieu, son nom propre par excellence. » (Cyrille d’Alexandrie)

« On n’allume pas une bougie pour regarder le soleil. » (Pierre Damien – sur la foi en Dieu) 

 « Un Dieu impuissant ne peut être aimé que de manière désintéressé … L’amour total est totalement gratuit. L’impuissance de Dieu est la contrepartie de l’amour … Dieu s’est frotté au risque de l’homme pour s’en faire aimer. On ne peut aimer sans arrière-pensée celui que l’on craint, alors Dieu s’est fait faible. L’Incarnation n’a-t-elle pas été suspendue au consentement d’une jeune femme de Galilée ? » (Raphaël Debailiac – interprétant Gustave Thibon)

« Le Dieu d’amour a supplanté le Dieu juge. » (Régis Debray)

 « C’est une chance d’avoir un interlocuteur, et un seul à qui adresser ses reproches et ses prières. Un Dieu trompeur, pervers, autocrate, sadique vaudra toujours mieux à cet égard que mille dieux, comme en Inde ou au Japon, ou pas de dieu du tout, comme dans nos terres fébriles … C’est un des avantages comparatifs du monothéisme. » (Régis Debray)

« Pour rappeler à César qu’il n’était pas Dieu, nos ancêtres avaient l’au-delà en garantie. Quand le transcendant s’éclipse, et que la chasse à l’instant mobilise l’attention, l’ultime recours, c’est l’en-deçà. » (Régis Debray)

« L’Être suprême des philosophes, exsangue et chlorotique,  sans histoire à raconter, n’a jamais pu élire domicile ici-bas. » (Régis Debray)

« Une culture peut difficilement se passer de dieu : nous le savons en observant les produits monstrueux que, privée de lui, elle invente aussitôt pour le remplacer. » (Chantal Delsol) – Suffit de regarder autour de soi, de connaître un peu d’histoire (la vraie, pas l’officielle)

« Ce n’est pas l’amour, mais l’altérité de Dieu qui permet la liberté … Dieu est une personne : autrement dit, un être distancié. La distance de Dieu, séparé du monde par l’acte même de la création désigne la liberté de l’homme. » (Chantal Delsol) – Le dieu monothéiste et créateur.

« Car comment serait-il possible que je pusse connaître que je doute et que je désire, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose et que je ne suis pas tout parfait, si je n’avais pas en moi aucune idée d’un être plus parfait que le mien, par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma nature ? » (Descartes –  Méditations) – « Je peux me connaître seulement à la lumière d’une perfection qui dépasse de beaucoup mes pouvoirs. » (Charles Taylor)

« Les divinités chtoniennes de la Terre-Mère étaient la source universelle de consolation religieuse, avant l’avènement, plus tardif dans l’histoire, des divinités solaires masculines … Les ‘pieta’ médiévales, bras de la Terre-Mère, qui vit encore, la divinité solaire morte, son fils, se trouvant de nouveau dans le silence du retour à la matrice d’où il est issu.» (Philip K. Dick)  – En penser ce qu’on veut. Dans l’imaginaire de l’auteur, image de la Terre-Mère, qui n’enlève et n’ajoute rien à la Vierge Marie.

« Il y a des gens dont il ne faut pas dire qu’ils craignent Dieu, mais bien qu’ils en ont peur. » (Diderot)

« Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. » (Diderot)

« La pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne, mais bien celle qu’il y en a un, tel que celui qu’on me peint. » (Diderot) – Du moins tel que souvent on le peignait du temps de l’auteur.

« On nous parle trop de Dieu ; autre défaut ; on n’insiste pas assez sur sa présence. Les hommes ont banni la divinité d’entre eux ; ils l’ont reléguée dans un sanctuaire ; les murs d’un temple bornent sa vue. » (Diderot)

« Si Dieu n’existe pas, tout est permis … Je suis dieu. » (Dostoïevski – Les possédés) – Et si Dieu n’est rien, l’homme constate désespérément que tout est indifférent.

« L’homme repousse Dieu en même temps que le miracle, car c’est surtout le miracle qu’il cherche. et comme il ne saurait s’en passer il s’en forge de nouveaux, les siens propres. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov ; La légende du  Grand Inquisiteur)

« Il y a trois forces, les seules qui puissent jamais subjuguer la conscience de ces faibles révoltés, ce sont : le miracle, le mystère, l’autorité. Tu les a repoussées toutes trois … L’homme est plus faible et plus vil que tu ne pensais … La grande estime que tu avais pour lui a fait tort à la pitié. Tu as trop exigé de lui, toi qui pourtant l’aimais plus que toi-même. En l’estimant moins, tu lui aurais imposé un fardeau plus léger … Qu’importe qu’à présent il s’insurge partout contre notre autorité et soit fier de sa révolte ? C’est la fierté de jeunes écoliers mutinés qui ont chassé leur maître. Mais l’allégresse des gamins prendra fin et leur coûtera cher. » (le grand inquisiteur de Dostoïevski s’adressant au Christ – Les frères Karamazov ; La légende du  Grand Inquisiteur)

« Le seul peuple théophore est le peuple russe. » (Dostoïevski – Les Possédés) – Peut-être une des raisons pour lesquelles il s’est lancé dans cette entreprise messianique qu’était le communisme.

« Il se pourrait que nous ne soyons pas près de pouvoir vivre sans dieu(x) puisque chaque fois que nous mettons un dieu à mort, c’est pour en aimer un autre. La question est désormais de savoir auquel nous sommes présentement en train de sacrifier … Contrairement aux dieux précédents, le Marché ne vient plus compléter la nature …  c’est un dieu postmoderne, un dieu sans grand récit de fondation, un dieu réduit à une pure Providence événementielle. » (Dany-Robert Dufour – à propos de la société libérale)

« Dieu existe, au moins dans un lieu, dans la tête des hommes … Or, de ce dernier refuge, on ne l’expulsera pas facilement. » (Dany-Robert Dufour)

« Je respecte trop l’idée de Dieu pour le rendre responsable d’un monde aussi absurde. » (Georges Duhamel)

« Dieu pêche les âmes à la ligne, Satan les pêche au filet. » (Alexandre Dumas)

« L’homme ne peut imaginer Dieu dans des modes autres que ceux qu’il trouve en lui-même. » (Louis Dumur)

« Dieu et moi nous sommes Un. » (maître Eckhart)

« Toutes les choses ont un pourquoi, mais Dieu n’a pas de pourquoi. » (Maître Eckhart)

« N’accueillez pas le mode de présentation de Dieu, c’est lui qui le choisit. Accueillez Dieu et soyez satisfait du mode. » (Maître Eckhart)

« Dieu est le Dieu du présent. Tel Il te trouve, tel Il te reçoit, tel Il te prend ; non point tel que tu fus, mais tel que tu es en ce moment. » (maître Eckhart)

« Que l’homme soit près ou loin, Dieu, lui, ne s’éloigne jamais. Il reste toujours dans le voisinage ; et, s’Il ne peut demeurer en nous Il ne va jamais plus loin que l’autre côté de la porte. » (maître Eckhart)

« Je prie Dieu de me délivrer de Dieu. » (maître Eckhart) – De ses images. – Ce qui ressemble fort à l’adage bouddhiste « Si tu rencontre Bouddha sur ta route, tue-le. »

« ‘Dieu habite dans une lumière à laquelle personne ne saurait parvenir, une lumière à laquelle il n’est pas d’accès’ (saint Paul) … ‘En Dieu il n’y a pas de moins et plus, ni de ceci et cela. Aussi longtemps nous sommes dans l’accès, nous ne parvenons pas jusque-là’ (un maître) … ‘Il est par-delà l’être, par-delà la vie, par-delà la lumière, untel voit-il quelque chose ou quelque chose tombe-t-il dans la connaissance, ce n’est pas Dieu’ (Denys le lumineux) … ‘Celui qui parle de Dieu par comparaison quelconque, il en parle de façon impure’ (un maître) … Dieu est au-dessus de tout nom ; personne ne peut aller si loin qu’il puisse désigner Dieu … Devons-nous connaitre Dieu, il faut que cela se fasse sans intermédiaire ; rien d’étranger ne peut tomber là. Si nous connaissons Dieu dans cette lumière, il faut que ce soit de cette façon propre et tournée vers l’intérieur, sans aucune incursion de choses créées quelles qu’elles soient. » (maître Eckhart –  sermon 71 )

« Dieu est malin, mais pas truqueur. » (Einstein – sur la pérennité des lois physiques, à découvrir cependant) 

Il n’y a pas de tierce solution. « Si vous ne voulez pas avoir un Dieu, il faudra vous soumettre à Hitler ou à Staline. » (T. S. Eliot) – Dans les années 39/40.

« Ce n’est pas un hasard si l’immense courant de la mort de Dieu est né dans notre monde des images : l’impossibilité de représenter visuellement Dieu conduit inévitablement en notre temps à son impossibilité d’exister … Nous ne pouvons faire confiance qu’à un Dieu visible … Un ‘royaume qui n’est pas de ce monde’, un paradis promis n’intéressent plus personne … Nous ne pouvons ni statistiquement mesurer les résultats ni en faire des graphiques. » (Jacques Ellul)

« Dissocier la religion et Dieu. Le Dieu n’est pas indispensable à la religion, c’est la religion qui fait le Dieu, même quand elle, refuse de lui donner ce nom … Comment se fait-il qu’un mouvement fondamentalement irréligieux comme le marxisme ait donné naissance à l’une des principales religion du monde moderne ? » (Jacques Ellul) – Les religions séculières (terme de Raymond Aron) pour désigner les religions sans transcendance externe (religions politiques comme le marxisme, de la science vécue sur le mode du mythe, de la technique qui devient le sacré, du progrès, de la prétendue égalité…)

 « L’irruption de Dieu dans une existence humaine participe de la violence. L’homme ne s’en remet que fort secoué. Aux antipodes de la sécurité bourgeoise, l’aventure spirituelle s’expose à une déconcertante Rencontre qui, seule, ultimement, consomme la pacifiante présence … L’homme n’est chez soi qu’en chemin. L’homme, fondamentalement lutteur, ne trouve sa plénitude qu’à travers les affrontements … c’est en rupture plus qu’en continuité que l’homme avance vers sa vérité profonde qui est en avant de soi, dans son propre dépassement. Route à parcourir, distance à franchir, différence à traverser … Si le ‘même’ n’est pas éclaté par ‘l’autre’, il ne reste que lui-même et jamais rien d’autre ne sera. La traversée de la différence est accroissement. L’affrontement d’altérité enrichit. » (Père Gérard Eschbach) – La lutte de Jacob et du pseudo-ange.

« ‘L’homme n’a inventé Dieu qu’afin de pouvoir vivre sans se tuer’. L’implication est évidente : c‘est la nécessité, pour l’homme, d’avoir un centre, une valeur de base ; ne le trouvant pas en lui-même, il l’avait placé hors de lui, l’avait projeté en Dieu … avait supposé qu’il existait (ce centre) mais chez un autre. Et la foi en cet autre avait provisoirement résolu le problème existentiel. » (Julius Evola – citant un personnage de Dostoïevski)

« Que m’importe que Dieu n’existe pas, Dieu donne à l’humanité de la divinité. » (Saint-Exupéry)

« Le verbe ‘avoir’ est la mort de Dieu. » (Moacyr Félix, poète brésilien – cité par Jean-Claude Guillebaud)

« Dieu n’a pas disparu, il a été remplacé : l’homme absous de sa finitude, dégagé des chaînes de l’expérience terrestre … ‘qui place la nature dans les conditions de  son entendement’ (Hannah Arendt), cet homme n’est rien d’autre que le successeur de Dieu … L’âge positif est, en fait, tout rempli de religiosité … ‘Ce siècle qui se dit athée ne l’est point, il est autoathée’ (Charles Péguy). Et quand l’auteur de ‘L’avenir de la science’ (Ernest Renan) affirme avec emphase que ‘le grand progrès de la réflexion moderne a été de substituer la catégorie du devenir à la catégorie de l’être, la conception du relatif à la conception de l’absolu et le mouvement à l’immobilité,’ il ment ou se ment à lui-même.. Ce relatif qu’il oppose à la métaphysique n’est que la voie d’accès à l’absolu, le devenir n’est qu’un devenir-Dieu, et le temps des modernes …  n’est que la marche de l’homme vers son propre couronnement, le temps qu’il lui faut pour se hisser à l’omniscience et pour exercer sur les choses un pouvoir illimité. » (Alain Finkielkraut – Le mécontemporain)

« Les dieux n’étant plus, les hommes se retrouvent seuls. » (Flaubert)  

« Dieu. – Voltaire lui-même l’a dit : ‘Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer’. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Déicide. – S’indigner contre, bien que le crime ne soit pas fréquent. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux – Souvent pour des sujets même indignes des hommes. » (La Fontaine – L’homme et la puce)

« La mort de Dieu, en ôtant à notre existence la limite de l’illimité… » (Michel Foucault)

« L’esprit de contradiction juif voit en l’homme une image de Dieu, alors que les peuples païens faisaient plutôt des dieux à l’image de l’homme. » (André Frossard)

« C‘est au XIX° siècle que l’Histoire remplace Dieu dans la toute-puissance sur le destin des hommes, mais c’est au XX° siècle que se font voir les folies politiques nées de cette substitution. » (François Furet, historien contemporain) – « Ruse hégélienne de la raison, lutte marxiste des classes, loi darwinienne de l’évolution : dans tous les cas le mal est bon et la violence utile car ils servent les fins supérieures et rapprochent l’humanité de sa destination. » (Alain Finkielkraut)

« J’ai cru longtemps que Dieu est la Vérité, je sais à présent que la Vérité est Dieu. » (mahatma Gandhi)

« La mort de Dieu, ce n’est pas l’homme devenant Dieu, se réappropriant l’absolue disposition consciente de lui-même qu’il lui avait prêtée ; c’est l’homme expressément obligé au contraire de renoncer au rêve de sa propre divinité. C’est quand les dieux s’éclipsent qu’il s’avère réellement que les hommes ne sont pas des dieux. » (Marcel Gauchet)

« A la différence des anciens dieux concrètement présents … le dieu séparé est un dieu qui exige un acte de foi, une conversion, un dieu dont la vérité ne s’appréhende que moyennant une rupture avec l’évidence sensible. » (Marcel Gauchet)

« La perspective de quelque chose comme une croissance matérielle est étrangère à l’humanité jusque vers l’an mil … En Christ l’humain et le divin sont conjoints en même temps que séparés … A partir du moment où l’ici-bas apparaît comme une sphère consistante par elle-même, Dieu se conçoit comme inconnu par rapport à cette sphère et la figure du Christ connaît aussitôt une métamorphose spectaculaire… » (Marcel Gauchet) – On passe du Christ triomphant au Christ souffrant.

« Vous serez comme des dieux. » (Genèse 3, 5) – Le démon tentant Eve. Nous n’avons que trop essayé de tenir la fallacieuse promesse ; à notre grand dam. Et ce n’est hélas qu’un début.

« Si tu sais mettre Dieu dans tout ce que tu fais, tu le retrouveras dans tout ce qui t’arrive. » (Père Vladimir Ghika)

« Dieu n’existe pas ; tu peux te débaucher. » (cable d’André Gide, prétendu mort, à François Mauriac)

« La route vers Dieu est facile parce qu’on y avance en se déchargeant. » (Etienne Gilson)

« En perdant dieu, la Renaissance allait perdre l’homme lui-même. » (Etienne Gilson)

« Si notre évolution culturelle nous a conduits à remplacer Dieu, nous devrions nous rendre compte que nous nous sommes chargés d’une responsabilité énorme. » (René Girard)

« A quoi bon le Dieu unique quand s’entr’égorgent, sans limites, ceux qui s’en réclament ? … Chute du ciel sur la terre … Ou c’est Dieu qui juge et condamne la réalité mondaine ou bien c’est la réalité dans son chaos qui juge Dieu et le condamne … Les deux positions constatent que le rapport homme-Dieu est rompu … que la rupture est irrécupérable … La boue de 1914 (comme Auschwitz, Hiroshima, le Rwanda) lance à Dieu : ‘Tu n’existes pas’ … ou bien Dieu juge le monde et lui dit : ‘Tu ne mérites pas d’exister’ … Quels sens ces événements si Dieu existe ? Quel sens si l’histoire est raison et progrès ? Quel sens si l’humanité fait sens ? Dieu est jugé, le ciel tombe sur nos têtes, preuve de la non-existence du Très-Haut … ou c’est Dieu qui  juge un très-bas condamné à disparaître … quand l’horreur surgit, si le Seigneur est toute-puissance, ou bien il n’est pas toute-sagesse, ou bien il n’est pas toute bonté … S’il est omniscient et charitable, alors il est impuissant – Mais le meurtre de Dieu est une signature, la marque d’un savoir-faire créateur qui, élevant le tueur au-dessus du tué, garantit l’assomption du successeur. Tous pouvoirs à qui ? Aux soviets ? A la volonté de puissance ? A la communauté de la classe, de la race ? Aux dictateurs ? Au progrès ? A la science ? peu importe l’étiquette. L’acte de naissance demeure la mise au tombeau de l’Être suprême. L’objectif est invariable, la captation de l’héritage, la maîtrise des ‘tous pouvoirs’, l’omniscience et l’omnipotence, ‘la prise en charge du règne de la terre’  selon Heidegger. » (André Glucksmann – La troisième mort de Dieu) – Suite et assemblage de considérations éparses sur la désaffection envers Dieu, sur l’incroyance galopante, tirées d’une réponse majoritaire à un questionnaire mettant en relief le lien entre les massacres de masse et la perception divine (on sait les effets dévastateurs sur ce plan de la boucherie de 1914, auparavant de l’effet sur Voltaire et ses contemporains du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne au XVIII° siècle). Dieu se retirait d’abord de l’histoire, puis vint le tour de la raison. A quoi Hans Jonas répondait qu’Il ne pouvait pas intervenir parce qu’Il avait abandonné toute possibilité d’intervenir dans le domaine physique : « Dieu, après s’être entièrement donné dans le monde en devenir, n’a plus rien à offrir : c’est maintenant à l’homme de lui donner … Le livre de Job invoque la plénitude de puissance du Dieu créateur, une autre thèse invoque  son renoncement à la puissance (votre maison vous est laissée, Evangiles, Mt; 23,37).» – On se doute que la notion de coexistence entre une divinité créatrice et la permanence du  mal est plus complexe que ces aperçus simplifiés.

« Je crois de plus en plus qu’il ne faut pas juger le bon Dieu sur ce monde-ci. C’est une étude de lui qui est mal venue. » (Vincent van Gogh – cité par Albert Camus)

« Si un dieu créateur existe quel intérêt peut-il prendre à la marche du monde ? » (Edmond et Jules de Goncourt)

Mot d’un curé de campagne à une dévote assaillie de scrupules : « Dieu n’est pas si bête que ça. » (cité par Rémy de Gourmont)

« Un Dieu sans mystère ne serait pas Dieu. Il faut qu’il soit incompréhensible pour être divin. » (Bernard Groethuysen)

« Ne pouvant aimer le Dieu des jansénistes, et sachant parfaitement se passer de celui des Jésuites, l’honnête homme trouvera dans une morale bien fondée et dans une vie parfaitement réglée ce qu’il ne saurait plus puiser dans ce monde mystérieux… » (Bernard Groethuysen) – Cette déplorable obsession de vouloir encadrer Dieu. 

« Les hommes s’angoissent de perdre tout point de repère, ils choisissent des dieux de rechange. » (Jean Guitton)

« L’acte divin de création, à moins de tomber dans le panthéisme, se présente sous une figure paternelle ; l’acte divin de miséricorde, sous peine de s’altérer en une dureté justicière, se présente sous une figure maternelle. » (Fabrice Hadjadj) 

« Cette raison existante, ultime et suprême, c’est-à-dire première, de la nature des choses, il faut poser ce qu’on a coutume d’appeler Dieu. » (Martin Heidegger – reprenant Leibniz)

 « ‘Je cherche  Dieu !  … Nous l’avons tué, vous et moi ! Nous sommes tous ses meurtriers. Comment avons-nous pu faire cela ? Comment avons-nous pu boire d’un trait la mer tout entière ? Qui nous a donné l’éponge pour effacer tout l’horizon ? Que faisions-nous lorsque nous détachions cette terre de son soleil ? Vers où se meut-elle à présent ? N’est-ce pas loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? Et vers l’arrière, vers le côté, vers le devant, vers tous les côtés? Y a-t-il encore un haut et un bas? N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ?  … Dieu est mort ! … Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux pour du moins paraître dignes d’eux ? … Avec quelle eau pourrons-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d’inventer ? … Le plus important des événements récents, le fait que Dieu soit mort, que la foi dans le dieu chrétien ne soit plus digne de foi, commence déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres’ (Le ‘Gai Savoir’, paragraphe n° 125, le ‘Forcené’, plus cinquième livre) – Dans la pensée nietzschéenne, Dieu désigne le monde suprasensible en général, le domaine des Idées et des Idéaux, le vrai monde depuis Platon … Si Dieu comme Cause suprasensible et comme Fin de toute réalité, est mort, si le monde suprasensible a perdu toute force … l’homme ne sait plus à quoi s’en tenir et il ne reste plus rien qui puisse l’orienter … Un néant commence à s’étendre … Le nihilisme, ‘le plus inquiétant de tous les hôtes’ est devant la porte … Le but d’une félicité éternelle dans l’au-delà se change en celui du bonheur pour tous ici-bas … L’acte créateur, autrefois le propre du dieu biblique, devient la marque distinctive de l’activité humaine … Le fil conducteur des trois images : soleil, horizon, mer explique ce qui est entendu dans l’image du déicide … L’homme devient autre (et sa situation dans le monde aussi) … Le paragraphe émane du ‘Forcené’, c’est-à-dire hors du sens. Car il est sorti du plan de l’homme ancien … Le défaut de dieu signifie qu’aucun dieu ne rassemble plus … les hommes et les choses sur soi, ordonnant ainsi, à partir d’un tel rassemblement, l’histoire du monde et le séjour humain en cette histoire. Non seulement les dieux et le dieu se sont enfuis, mais la splendeur de la divinité s’est éteinte dans l’histoire du monde. Le temps de la nuit du monde est le temps de détresse, parce qu’il devient de plus en plus étroit … tellement étroit qu’il n’est même plus capable de retenir le défaut de dieu comme défaut. » (Martin Heidegger – considérations éparses sur le texte célèbre de Nietzsche) – « Dieu n’est pas mort de mort naturelle. Il a été victime d’un meurtre collectif … L’acte même qui semble mettre fin au processus religieux est en réalité son origine, son noyau véritable, le processus religieux par excellence. Ces nouveaux jeux sacrés reproduiront certainement le meurtre collectif de Dieu. Il y aura des rites sacrificiels. La mort de Dieu est aussi sa naissance.. » (René Girard – sur les débuts de toute religion, la mort du Dieu)

« Seul un Dieu peut encore nous sauver ! » (Martin Heidegger – dénonciation du vide de l’être ?) – Dés 1966.

« Le bon Dieu reconnaît les siens. Mais il est si bon qu’il fait semblant de reconnaître tout le monde. » (Abel Hermant)

 « Dieu a créé le monde comme les océans ont fait les continents ; en se retirant. » (Hölderlin)

« L’œil ne voit bien Dieu qu’à travers les larmes. » (Victor Hugo)

« Dieu est l’auteur de la pièce, Satan est le directeur du théâtre. » (Victor Hugo)

« En parlant de Dieu, dit Denis le Chartreux, il est préférable de procéder par des négations que par des affirmations. ‘Car quand je dis : Dieu est bonté, essence, vie, je semble indiquer ce qu’est Dieu, comme si ce qu’il est avait quelque chose de commun ou quelque ressemblance avec la créature…’ » (Johan Huizinga)

« De quel meurtre es-tu accusé demandait le rabbin à l’écrivain ? Du meurtre de Dieu, répondit-il, Pour ma défense, cependant, j’ajouterai que je meurs avec Lui. » ( cité par Edmond Jabès)

« Une grand mélancolie s’empara de l’homme lorsqu’il s’éloigna de Dieu ; car il venait d’éprouver la cruauté d’être séparé de soi-même. » (Reb Ardel – cité par Edmond Jabès)

« Lorsque les paupières de Dieu s’abaissèrent pour la première fois, l’ombre fut dans l’univers avec le mal. » (Reb Avav – cité par Edmond Jabès)

« Dieu ne cesse pas d’aimer ces oublieux, ces étourdis qui croulent et roulent de mal en pis, de sombre en noir. » (Max Jacob)   

« Approchez-vous de Dieu, et Il s’approchera de vous. » (saint Jacques)

« Autant se demander si Dieu est blond ou brun. » (Vladimir Jankélévitch – sur certaines interrogations théologiques)

« Un Bon Dieu pas fier auquel on ne rougit pas de demander quelques services, patronner un massacre, conquérir des terres à blé ou à pétrole, prêter son nom à des opérations financières. ‘Vous pouvez bien faire cela pour nous, Seigneur ?’, ‘Merci, Seigneur’ … Il n’y a pas que le cheval qui soit la plus noble conquête de l’homme. » (Lucien Jerphagnon)

« De quel Dieu s’agit-il ? Suivant les intentions différentes de la conscience : – Du Dieu que l’on prie et que l’on aime si on est croyant (besoin d’une supériorité aimante) – Du Dieu-horloger de Voltaire, qui s’est retiré après avoir construit et réglé la pendule (besoin d’un principe rationnel, organisateur) – Du Dieu suprême cause et fin du monde, suprême réalité (besoin de cohérence, d’intelligibilité) …  Deux grandes conceptions de Dieu : le Dieu des religions et le Dieu disons de la raison, lequel ’n’est jamais et nulle part le premier en date’ (Georges Gusdorf) … Les cinq voies vers Dieu selon Saint Thomas, dans la ‘Somme théologique’ : – Le mouvement qui exige un premier Moteur – La causalité qui postule une Cause incausée – La contingence qui requiert une absolue Nécessité – Les degrés de l’être qui impliquent la suprême Perfection – L’ordre du monde qui veut une absolue Finalité. » (Lucien Jerphagnon) – « Que serait un Dieu prouvé ? » (Karl Jaspers)

« Dieu. Nous parlons toujours de Lui en sa présence. » (Joseph Joubert)

« Il faut que quelque chose soit sacré. » (Joseph Joubert)

« Dieu est le lieu où je ne me souviens pas du reste. » (Joseph Joubert)

« Le miracle, ce n’est pas Dieu, c’est nous. » (Marcel Jouhandeau)

« Dieu fit l’aliment ; le diable fit l’assaisonnement. » (James Joyce)

« Seuls des  saints d’une très haute spiritualité comme saint Jean de la Croix sont capables d’embrasser dans une seule vision le Dieu des philosophes et le Dieu de l’Evangile. » (Jacques  Julliard – évoquant Simone Weil)

« On peut lui ravir ses dieux, mais à la seule condition de lui en donner d’autres. » (Carl Jung) – Culte de la personnalité, veaux d’or de toutes sortes, célébrités, fêtes, travail même…

« Son désespoir provient, de façon classique d’un constat du non-sens de la vie en l’absence de Dieu. » (un personnage de Sarah Kane) – cité par Nancy Huston

« La mort de Dieu n’est-elle pas en effet manifestée dans un geste doublement meurtrier qui, en mettant un terme à l’absolu, est en même temps assassin de l’homme lui-même. » (Emmanuel Kant)

« Dieu est la pure subjectivité sans mélange. » (Kierkegaard)

« Un peu comme si Dieu avait été trop faible, comme s’il avait eu le sort du débonnaire, payé d’ingratitudes pour excès de concessions … Nos gens frayent avec Lui sur un pied de parenté, sa concession ayant le même sens de nos jours que celui d’une charte libérale, et l’on sait bien ce que c’est, ‘Il y était un peu forcé’ …‘C’est sa faute, pourquoi s’être mis si bien avec les hommes !’, un peu comme si Dieu s’était mis lui-même dans l’embarras. Autrement qui aurait songé, aurait eu le front, de prétendre à cette égalité entre Dieu et l’homme ? ‘Mais c’est Toi qui l’a proclamée (homme, image de Dieu), tu récoltes ce que tu as semé’ … Être si près de Dieu que l’homme ait le pouvoir, l’audace (du moins ait eu), la promesse de l’approcher dans le Christ, quelle tête humaine y eut jamais songé ? (Kierkegaard –à propos du christianisme et de l’homme-dieu actuel)

« Le Dieu de la modernité, présenté d’abord comme ‘divin architecte’ avait de moins en moins à faire dans le monde, qui était de plus en plus à même de se passer de ses services … Il devenait un Dieu feignant. » (Alexandre Koyré) – Avec Descartes. En revanche, la raison advenait dans sa figure totalisante et sans faille.

« Je ne crois pas en Dieu, et j’ai toutes les raisons de croire que c’est réciproque. » (Grégoire Lacroix)

« Sire, je n’ai plus besoin de cette hypothèse. » (Laplace – réponse à Napoléon qui l’interrogeait sur le sort de Dieu dans son système)

« Quand même le premier homme eût été doté de l’idée d’un Dieu unique, cette notion, transmise et non innée, n’eût pas pu longtemps garder sa pureté. Dés que la raison humaine, livrée à elle-même, commença d’y réfléchir, elle divisa l’incommensurable unique en une pluralité d’êtres commensurables, et attribua une caractéristique propre à chacune des parties. » (G. E. Lessing)

« Pour sa gloire de Dieu moral et pour la gloire de l’homme majeur, Dieu est impuissant. » (Emmanuel Levinas)

« Il est probablement dans la nature de l’esprit qu’un Dieu sévère et un homme libre préparent un ordre humain meilleur qu’une Bonté infinie pour un homme mauvais … L’extermination du mal par la violence signifie que le mal est pris au sérieux et que la possibilité du pardon infini invite au mal infini … Sans cette finitude de la patience divine, la liberté de l’homme ne serait que provisoire et dérisoire, et l’histoire un jeu. Admettre le châtiment, c’est admettre le respect de la personne même du coupable. » (Emmanuel Levinas – vantant la dure loi de l’Ancien Testament qui n’est peut-être pas une doctrine de douceur, qu’importe) – Autant pour la Loi humaine. Il est évident que le lâche laxisme actuel s’exerce au profit de la prétendue bonne conscience des forts et au détriment de l’ordre protecteur des faibles. 

« C’est une grande perte pour l’homme, que celle qu’il subit, lorsqu’il a perdu la conviction de celle d’un être sage qui dirige le monde. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Des plaisirs passagers pleins de trouble et d’ennui,

« Par des tourments affreux  éternels comme lui. » (prince de Ligne – Dieu veuille ne pas punir)

« Que craindrais-je ? Si je vis, je sers Dieu ; si je meurs, je Le vois. » (saint Louis)

« Il faut arriver à voir que Dieu n’est pas tant la cause de l’obligation morale, ou la sanction du devoir, que la substance même du bien. »(cardinal Henri de Lubac)

« Il n’est pas toujours bon de se réfugier trop vite dans le sein de Dieu. Cette fuite peut cacher un secret orgueil ou l’avide recherche d’un anesthésiant. » (cardinal Henri de Lubac)

 « A l’image d’un Dieu créateur de toutes choses, l’homme doit s’employer à domestiquer, tout à la fois, l’environnement naturel et l’ensemble social. » (Michel Maffesoli) – Ambitieux. Mais l’homme ne sait pas s’arrêter aux limites, à ses propres limites.

« Dieu a peut-être disparu mais le diable est resté. » (André Malraux)

« Pour détruire Dieu, et après l’avoir détruit, l’esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s’opposer à l’homme : parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé devant le corps de sa maîtresse, il ne trouve que la mort. Avec son image enfin atteinte il découvre qu’il ne peut plus se passionner pour elle. Et jamais il ne fit d’aussi inquiétante découverte. » (André Malraux – la tentation de l’occident)  – Dois-je comprendre que, Dieu mort, il ne reste à l’homme que la mort ? 

« Dieu est mort, près de trois quarts de siècle plus tard une autre affirmation, moins proférée que murmurée dans l’angoisse, vient aujourd’hui faire écho : l’homme est en agonie. » (Gabriel Marcel)

« Dieu prête plus d’attention à un acte de charité ou à un quart d’heure d’oraison de quiétude qu’au fracas de la chute d’un empire ou d’une révolution sociale. » (Jacques Maritain)

« La rupture avec Dieu qui avait commencée comme revendication d’indépendance et d’émancipation, comme une hautaine rupture révolutionnaire, s’achève dans une soumission révérente et prostrée au tout-puissant mouvement de l’histoire. » (Jacques Maritain – sur le matérialisme).

« On aime tellement Dieu quand on a besoin de lui. » (Marivaux)

« Dieu n’est pas une invention ; c’est une découverte. » (Louis Massignon)

« Dieu est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. » (d’un mathématicien)

« Balance : le plus faux des symboles divins. » (Charles Maurras)

« Sans Dieu, plus de vrai ni de faux ; plus de loi, plus de droit. Sans Dieu une logique rigoureuse égale la pire folie à la plus parfaite raison … il n’y a point de crime qui ne devienne indifférent, ni de révolution qui ne soit légitime ; car, sans Dieu, le principe de l’examen subsiste seul, principe qui peut tout exclure, mais qui ne peut fonder rien. » (Charles Maurras)

« Dussé-je aller en enfer, jamais un tel Dieu ne forcera mon respect. » (John Milton – sur le Dieu arbitraire de la doctrine protestante de la seule élection par la grâce)

« Je vous rappelle que je n’ai pas la foi, si je cherchais Dieu, je me trouverais. » (Henry de Montherlant, un personnage – Les Jeunes Filles)

« Le Créateur a raté ce monde-ci ; pourquoi aurait-il réussi l’autre ? » (Paul Morand – citant son père)

« Deux pôles sacrés, le dieu s’appelle Egalité, le diable discrimination … ‘Il s’agit d’accepter enfin, vraiment, la mort de Dieu et des morales qui s’y rattachent, afin de refonder quelque chose d’authentiquement divin ou du moins, d’authentiquement enchanté : le paradis, oui ! Mais ici, sur la terre’. » (Philippe Muray – citant quelque rigolo et concluant qu’il vaut mieux entendre cela que d’être sourd)

« Dieu parle, il faut qu’on lui réponde. » (Alfred de Musset)

« L’unicité du dieu, au contraire (du polythéisme), signifie le retrait de ce dieu hors de la présence et donc aussi hors de la puissance. Il rend donc absolument problématique le nom de ‘dieu’, il le rend non signifiant, et surtout, il lui retire tout pouvoir d’assurance … Le monothéisme est en vérité l’athéisme … le monothéisme, dans son essence, défait le ‘théisme’, c’est-à-dire la présence de la puissance qui assemble le monde et assure son sens. » (Jean-Luc Nancy – La décomposition)

« La foi en Dieu équivaut rationnellement à la certitude du triomphe final du Bien. Notre idée même de Dieu implique le triomphe du Bien. » (Philippe Nemo – reprenant Emmanuel Levinas)

« Ce curieux entre tous. » (Nietzsche) 

« Les hommes seront des dieux pour eux-mêmes. » (Nietzsche)

« Je ne pourrais croire qu’en un Dieu qui saurait danser. » (Nietzsche)

« Si on ne trouve plus la grandeur en Dieu, on ne la trouve plus nulle part ; il faut la nier ou la créer. »(Nietzsche)

« C’est à l’égard de son Dieu qu’on a le moins de probité : on ne lui accorde pas le droit de pécher. » (Nietzsche)

« Ce fou … qui courait et criait … ‘Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu !’ … Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu épuiser la mer ? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon entier ? Qu’avons-nous fait à désenchaîner cette terre de son soleil ? … Est-ce que nous ne tombons pas sans cesse ? En arrière, de côté, en avant, de tous les côtés ? Y a-t-il encore le haut et le bas ? … Néant sans fin … Espace vide … Il fait de plus en plus froid … Et de plus en plus la nuit … Dieu est mort et nous l’avons tué ! Comment nous consoler, nous, les meurtriers des meurtriers ? … Qui nous lavera de ce sang ? … La grandeur de cette action n’est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas tenus de devenir nous-mêmes des dieux, afin d’en paraître dignes ? … Il n’y a jamais eu d’action plus grande et ceux qui naîtront après nous appartiendrons à cause de nous à une histoire plus haute qu’aucune ne le fut jamais jusqu’à nous. » (Nietzsche – Le Gai Savoir) – L’homme, ce dieu dérisoire dont parlait déjà Pascal.

« Maintenant qu’ils se sont débarrassés de Dieu, ils se croient d’autant plus tenus de faire Sa police. Et le sanctions qu’ils veulent ne viennent même plus de commandements extérieurs ou supérieurs mais d’eux-mêmes ! … Emancipés de Lui, ils disent qu’ils savent ce qui est bon et ce qui est mauvais pour eux ! Mais c’est dans leur propre bénitier qu’ils ont trouvé ce qu’ils disent savoir … Ils disent qu’ils veulent la lutte contre la logique de la démesure et les puissances de l’illimitation, mais illimité est leur fanatisme et démesurée leur tyrannie ! » (Nietzsche – Zarathoustra)

« Que doit penser Dieu quand il lit un traité de théologie ? » (Marie Noël) 

« Dieu est invraisemblable. Nous aussi. Le temps est invraisemblable. La lumière est invraisemblable. La vie est invraisemblable… » (Jean d’Ormesson)

« Tout ce qu’on peut faire avec Dieu, ce n’est ni de le connaître ni d’accumuler des arguments pour ou contre son existence. Ce n’est même pas de parler de lui. C’est d’espérer qu’il existe. Il faut donner sa chance à Dieu. Il faut lui laisser le bénéfice du doute (le pari de Pascal). Dieu ne se donne pas comme un fait, comme une évidence. Où serait le mérite des hommes si Dieu était une évidence ? Dieu est une idée pure, une recherche, une conquête, une tension, une espérance. Dieu est un rêve et une tâche infinie. On ne peut le trouver que si on le cherche … Il n’est pas un savoir, il est une croyance … Nous ne pouvons décréter ni qu’il existe ni qu’il n’existe pas. Nous avons seulement le droit d’espérer qu’il existe. » (Jean d’Ormesson)

« Il n’est pas exclu … que vous n’existiez pas. Parce que mon rêve aura été beau et qu’il m’aura empêché de sombrer dans l’absurde et dans le désespoir, parce que, légende ou réalité, vous m’aurez fait vivre un peu au-dessus de ma bassesse inutile, je n’en bénirai pas moins votre grand et saint nom. » (Jean d’Ormesson)

« Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer ! » (Blaise Pascal)

« Les uns craignent de le perdre, les autres de le trouver. » (Blaise Pascal)

« La plus cruelle guerre que Dieu puisse faire aux hommes en cette vie est de les laisser sans cette guerre qu’il est venu apporter. » (Blaise Pascal)

«Je L’avise et Il m’avise. » (un paysan, paroissien du curé d’Ars)

 « Quel dépouillement, de soi, de son pouvoir,  quelle imprudence, quelle imprévision, quelle imprévoyance, quelle improvidence de Dieu. Nous pouvons faire défaut. » (Charles Péguy) – Dieu ne nous a pas livrés à Lui, nous laissant libres, Il s’est livré à nous !

« Dieu a même craint la mort. » (Charles Péguy) 

« Si l’Un n’est pas, alors rien n’est. » (Platon)

« Même Dieu ne peut tout, il ne  peut se donner la mort quand même il le voudrait, le plus beau privilège accordé à l’homme. » (Pline l’ancien)

« Le silence de Dieu est une chance ; s’il parlait, avec toutes nos conneries, qu’est-ce qu’on entendrait. » (Michel Polac)

« Les fêtes de fin d’année, ou les fêtes tout court … L’humanité se rassemble, non dans le symbole oublié d’un Dieu s’incarnant dans la fragilité d’un enfant, mais dans l’effervescence du consumérisme festif. Telle est la nouvelle transcendance. » (Natacha Polony) – Profond dégoût.

« Sur les dieux je ne puis rien dire. Je ne sais ni s’ils existent, ni s’ils n’existent pas. Bien des choses m’empêchent de le savoir, d’abord l’obscurité de la question, ensuite la brièveté de la vie. » (Protagoras)

« Je pense à dieu depuis que j’existe. » (Joseph Proudhon) – Qui ne s’est cependant jamais noyé dans un bénitier.

« On ne peut rien dire de Dieu, même qu’il n’existe pas. » (Raymond Queneau)

« Dieu demeure là où on le fait entrer. » (un Rabbi, doctrine hassidique – cité par Martin Buber)

« Dieu est d’habitude pour les gros escadrons contre les petits. » (Bussy-Rabutin)

« Le chrétien répondait aux païens que son Dieu ne ressemblait ni à Zeus ni à Dionysos, mais plutôt à l’Être Suprême dont parlait les philosophes d’alors. Le choix ainsi opéré signifiait l’option pour le ‘logos’ contre toute espèce de ‘mythos’, la démythologisation définitive du monde et de la religion. La foi chrétienne a opté contre les dieux des religions pour le Dieu des philosophes,  c’est à dire contre le ‘mythos’ de la seule coutume pour la vérité de l’être lui-même. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Le Dieu des philosophes est essentiellement ordonné à lui-même, il est pure pensée, se contemplant elle-même. Le Dieu de la foi, au contraire, est défini fondamentalement par la catégorie de la relation. Il est l’Immensité créatrice qui embrasse la totalité. Le Dieu des philosophes est pensée pure. Le Dieu de la foi est amour. Pour lui, penser, c’est aimer. Ce n’est plus la pensée qui est divine, c’est l’amour. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Dans l’histoire des religions, le thème de dieu revêt toujours les deux formes simultanées – Le dieu-sauveur, le dieu-rédempteur : le dieu-fils. Thèmes de la “solitude/sécurité”, du mal et de notre déficience – Le dieu-créateur : le dieu-père. Thèmes de la puissance cosmique, du bien et de la plénitude.. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Dieu dit au premier homme : tu m’oublieras, tu vivras, tu enfanteras, tu travailleras, tu souffriras ; et quand tu auras souffert, tu m’inventeras ! » (Charles Régismanset)

« Dieu, celui que tout le monde connaît, de nom. » (Jules Renard)

« Dieu ne croit pas à notre Dieu. » (Jules Renard)

« Selon la formule attribuée à Chesterton, quand les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien, ils croient en n’importe quoi, et la condition humaine supérieure qui devait résulter d’un dépassement de la foi en Dieu se révèle plutôt un retour à l’infantilisme et à ses fantasmes de toute-puissance. Hans Jonas se demande dans ‘Le principe Responsabilité’ si l’effacement de la transcendance n’a pas été ‘l’erreur la plus colossale de l’histoire’. » (Olivier Rey)

« Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux !

« L’homme est roi,

« L’homme est dieu ! » (Arthur Rimbaud – Soleil et chair)

« M. de Créqui ne croit pas en Dieu, il craint en Dieu. » (Rivarol)

« Moins on croit en Dieu, plus on comprend que d’autres y croient. » (Jean Rostand)

 « Bien pauvre celui qui s’imaginerait avoir pensé le dernier mot sur ‘le vrai, le beau, le bien’, ou par quelque découverte physico-chimique ne plus avoir à parler du mystère de la vie … L’idée de Dieu, ou, ce qui revient au même, l’idée de quelque chose de transcendant dans l’immanent,  est efficace comme élément nécessaire de l’humilité humaine. Quand ce barrage à l’orgueil est enlevé, un pas de plus est fait sur la route qui mène à un certain type de folie auquel l’homme moderne est exposé … Un chaos de sens et d’harmonisations, de réussites partielles et sans lendemain sur fond de non-sens … L’idée de Dieu a la vertu de maintenir la foi en l’unité. » (Raymond Ruyer) – Nous avons déjà fait de grand pas sur cette route.

« Dieu-Ordre et Dieu Personne sont, en un sens, complémentaires. Si l’on souligne l’Ordre, la Personne s’estompe et inversement. Les grands systèmes religieux et philosophiques pourraient se classer en deux groupes, selon qu’ils croient à un Ordre, à une Voie : Tao, Karma, Raison éternelle qui nous assigne impersonnellement une norme, ou qu’ils croient à une Personne, avec une volonté historique insondable, et pour nous arbitraire : Allah ou Yahvé, à laquelle nous obéissons comme à un maître doué de conscience. Avec encore plus d’artifice, on pourrait ajouter que ce clivage correspond au clivage Orient-Occident … Obéir à une personne ou obéir à une direction, les deux attitudes sont fondamentalement analogues. Les deux croyances impliquent …  que l’homme reconnaît sa dépendance réglée à l’égard d’un Principe supérieur … Conception de Dieu comme Vie centrée sur elle-même ou comme incarnée dans les créatures, participant à leurs peines, à leurs fautes. » (Raymond Ruyer) – Mais l’une occulte la relation personnelle, sa chaleur, son affectivité, son réconfort, sa proximité humaine, oserait-on dire.

« Dieu et le ‘Sauveur’ correspondent à des idées très différentes. Dieu, l’Être suprême, est une exigence de l’esprit, une sorte de nécessité naturelle et spirituelle à la fois, qui surgit dans la pensée, avant de bouleverser l’âme. Le Sauveur ne correspond qu’à une demande psychologique.. » (Raymond Ruyer)

« Nous sommes dans le monde humain dès qu’il y a  des sens et des valeurs stables, détachés de la physiologie humaine. Il suffit alors d’une intellectualisation facile et réalisée presque instantanément pour que ce monde des valeurs stables appelle comme corrélatif un Dieu, un Être suprême … Dieu étant le sens de ce monde total, comme vérité et réalité du monde, point indispensable de survol du monde total, qui tient au monde sans être dans le monde … Principe suprême à la fois lié au monde et distinct du monde … La religion concerne le rapport de l’homme et de l’univers total. » (Raymond Ruyer)

« Dans ce bel élan des meilleures parts de soi-même, le cœur embaumé de béatitudes célestes, on perdit de vue pourquoi on était fait. On ferma les yeux sur mille habitudes passées ; parce qu’on était nouveau venu, on se crut prédestiné à Dieu. La vie se vengea aussi vite qu’elle put. Après quelques mois de confusion inouïe, tout rentra en ordre. Mais il fallut rebrousser chemin. Et l’impatience du bien avait donné le jour à beaucoup de mal. » (Maurice Sachs – sur des expériences avortées de conversion religieuse) – Bien observé.

« Le renversement de la notion de Dieu dans ses rapports avec l’homme et avec l’univers, est non la cause mais l’effet du changement de sens de l’amour (l’univers antique est une chaîne d’unités spirituelles dynamiques, où l’inférieur tend vers le supérieur qui l’attire jusqu’à être attiré par lui, ainsi jusqu’à la Divinité éternellement immobile, alors que dans la conception chrétienne, le noble descend et s’incline vers le roturier, l’homme sain vers le malade… le Messie vers les publicains et les pécheurs), Dieu n’est plus cette fin, immobile et éternelle comme un astre qui meut le monde comme ‘l’aimé meut l’amant’ ; son essence même est d’aimer, servir, créer, vouloir et agir. Le premier : moteur éternel de l’univers cède la place au créateur qui a créé l’univers par amour. » (Max Scheler)

« Tout homme a un dieu ou une idole. » (Max Scheler) – Les progressistes, idolâtres de leur moi. 

« Dieu est-il le rêve de l’humanité ? Ce serait trop beau. L’humanité est-elle le rêve de Dieu ? Ce serait abominable. » (Arthur Schnitzler) 

« Même un croyant peut douter de Dieu à la suite d’un grand malheur, mais on n’a jamais vu quelqu’un perdre la foi pour un bonheur qu’il ne méritait pas. » (Arthur Schnitzler)

« Pourquoi l’intellect ne trouve-t-il pas repoussante l’idée de quelque chose d’infini ? » (Duns Scot) – Comment un être fini peut-il concevoir quelque chose d’infini et l’appeler ‘Dieu’  ? – « Capacité mentale de transcender le donné, c’est-à-dire transcender la factualité même de l’être. » (Hannah Arendt – en réponse)

« L’existence de Dieu ne regarde que Lui. »(Louis Scutenaire)

« Oui, l’homme est divin … ou plutôt ce que l’homme renferme de divin c’est d’avoir inventé le dieu. » (Segalen –prêtant à Gauguin)

« Nul besoin d’appeler Dieu ; la source est en toi

« Si tu ne l’obstrue pas, elle jaillira sans cesse. » (Angélus Silésius)

 « Que Dieu n’ait pas de fin, je ne puis l’accorder,

« Car vois comme il me cherche, pour reposer en moi. » (Angelus Silesius)

« On ne sait ce qu’est Dieu : Il n’est ni lumière ni esprit,

« Ni vérité, ni unité, ni ce qu’on nomme divinité,

« Ni sagesse, ni raison, ni amour, volonté ou bonté,

« Ni chose, ni non-chose, ni essence ou affect,

« Il est ce que ni moi, ni toi, ni nulle créature

« Jamais n’apprennent qu’en devenant ce qu’Il est. » (Angelus Silesius)

« Christ serait-il né mille fois à Bethléem,

« S’Il n’est pas né en toi, c’est ta perte à jamais. » (Angelus Silesius)

« Dieu est Rien pur. Nul ‘maintenant’, nul ‘ici’ ne le touchent.

« Plus tu cherches à Le saisir et plus Il t’échappe. » (Angelus Silesius)

« Mon Dieu, si je n’existais pas

« Vous non plus n’existeriez

« Puisque moi n’est-ce pas vous

« Avec ce besoin que vous avez de moi. » (Angélus Silésius – L’Errant chérubinique)

« Il n’y a pas de Dieu à Stalingrad. » (Lettre d’un soldat allemand)

« Jamais Il ne parle par-dessus d’autres voix, d’où son silence en des millions de vies. » (Père Zanotti-Sorkine)

« C’est ici que réside le véritable sens de l’interdit judaïque jeté sur l’énonciation du Nom du nom, de dieu. Une fois prononcé, ce nom est happé par les contingences sans limites du jeu linguistique qu’il soit rhétorique, métaphorique ou déconstructionniste. Dieu n’a pas de place démontrable dans le discours naturel et illimité. » (George Steiner)

« La perfection de ce temple est telle que je sais maintenant que les dieux ont visité l’homme. » (Goethe, devant le temple de Segeste, en Sicile) – « Devant Chartres, je sais maintenant que Dieu a rendu visite à l’homme. » (Henry Adams) (les deux cités par George Steiner)

« N’avoir ni paradis, ni enfer, c’est se retrouver intolérablement privé de tout, dans un monde absolument plat …  Reconnaître avec de Maistre que notre jungle politique, l’acquiescement de l’homme cultivé et assoiffé de technique au massacre, accomplissent la prédiction de la Chute. »  (George Steiner)

« Parce qu’il ne pouvait être partout, Dieu créa les mères. » (Talmud)

« Les plus anciens dieux des diverses mythologies, dans toutes les parties du monde, ont été des animaux, des bêtes sauvages, souvent des bêtes féroces … avant l’anthropomorphisme graduel. » (Gabriel Tarde) – Car nos plus proches voisins, parfois adulés, souvent redoutés. Les peintures rupestres correspondraient plus au besoin de dieux qu’à des besoins esthétiques encore non éclos.

« Autant tu sors, autant Il entre. » (Jean Tauler)

« Veux-tu que Dieu parle ? Tout doit de taire. » (Jean Tauler)

 « Plus tu auras été vidé plus aussi tu recevras. Autant ce qui vient de toi diminue, autant ce qui vient de lui augmente. Fais le vide et Dieu sera forcé de le combler. » (Jean Tauler)

« Deux êtres ou deux formes ne peuvent pas coexister en même temps. La chaleur doit-elle entrer ? le froid doit nécessairement sortir. Dieu doit-il entrer ? le créé et toute possession doivent sortir. » (Jean Tauler)

 « Au Moyen Âge on obéissait à Dieu à travers le péché ; aujourd’hui on obéit au diable à travers même les vertus. Exemple : les idées ‘généreuses’ des réformateurs sociaux qui mènent au chaos, puis à la tyrannie. » (Gustave Thibon)

« Avant de tuer les Dieux, songer aux monstres qui naîtront de leurs cendres. » (Gustave Thibon) – Regardons la démence de nos sociétés sans Dieu.

 « L’homme a tout volé à Dieu. Il est le seul roi de la création ; et Dieu dépossédé c’est réfugié dans l’Incréé … Un Dieu dépossédé, expulsé de l’univers comme un parasite » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Tu ne peux plus monter vers ton Dieu ? Sois fidèle encore, car l’heure suprême va sonner où ton Dieu descendra vers toi. » (Gustave Thibon)   

«  Les hommes oublient Dieu, leur père. Mais qui donc n’oublie pas son Père, qui donc n’oublie pas sa source ? » (Gustave Thibon)

« S’il y a au-dessus du temps une perfection immuable, toutes les injustices, toutes les misères du passé sont rachetées. » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Dernière offense à dieu que de trembler devant sa justice après avoir méconnu son amour. » (Gustave Thibon)

« Avant de tuer les Dieux, songer aux monstres qui naîtront de leurs cendres. » (Gustave Thibon) – Regardons la démence de nos sociétés.

« Sans la forme et l’autorité d’un juge suprême, le respect d’une loi morale ne s’imposera pas indéfiniment. Ceux qui espèrent pérenniser la mission policière et judiciaire d’un Dieu le Père auquel ils ne croient pas auront des réveils difficiles. » (Denis Tillinac)

« On raconte que dieu nous a créé à son image ; il nous a donné là une piètre idée de ses charmes. » (Jean-Paul Toulet)

« ‘Je remercie Dieu qui m’a donné cette arme’. » (Harry Truman, président des Etats-Unis, le lendemain d’Hiroshima – cité par Albert Jacquard) – Les américains respectent peut-être Dieu mais s’y entendent pour le déshonorer en l’invoquant à l’appui de leurs turpitudes.

« Je choisirais le paradis pour le climat, l’enfer pour la compagnie. » (Mark Twain)

« Si l’homme se croise les bras, Dieu s’endort. » (Miguel de Unamuno)

« Dieu, créant un homme qui lui fît nécessairement louange, ressemblerait au constructeur de phonographes qui se ferait réciter son éloge par un appareil. » (Auguste Valensin)

« L’homme valait-il de déranger un Dieu pour le créer ? » (Paul Valéry)

« Le mot Amour ne s’est trouvé associé au nom de Dieu que depuis le Christ. » (Paul Valéry) – « C’est vertigineusement vrai. » (Simon Leys – qui cite)

« Divers théologiens pourraient nous faire croire que Dieu est bête. » (Paul Valéry)

« Dieu n’annule pas les réalités de l’existence. » (Père Albert Vanhoye)

« Le problème de dieu se pose en relation avec la rencontre d’une limite, avec l’échéance d’un échec. Nous croyons pouvoir réaliser la justice sur la terre, nous voyons que ce n’est pas possible, et nous avons recours à l’espérance en Dieu. La mort pèse sur nous comme une éventualité inéluctable, nous échappons au désespoir en nous tournant vers Dieu et vers sa promesse de nous accueillir en son royaume éternel, Dieu ne se découvrirait-il que là où l’on se heurte à quelque chose de radicalement pénible ? Comme dans l’habitude de ne dire : ‘La volonté de Dieu soit faite’ que lorsque les choses vont vraiment mal et non pas, par exemple, quand on gagne à la loterie ? … L’idée du dieu ‘bouche-trou’. » (Gianni Vattimo)

« On devrait se sentir plus libre, plus fort, plus puissant ; tel n’est pas le cas, le monde de la mort de Dieu se caractérisant par son vide. » (Bertrand Vergely)

« Dieu est ce qui déconstruit l’orgueil de l’homme. » (Bertrand Vergely)

« Dieu est toujours pensé ‘contre’. Contre le hasard, contre la violence… sur un mode négatif, à partir de l’impossibilité du désordre ou du chaos … Une autre façon de concevoir Dieu est une façon positive, comme possibilité inouïe de l’humanité. » (Bertrand Vergely)

« Il est toujours dangereux de vouloir mettre Dieu à la portée des hommes. A force de l’humaniser on finit par lui ôter ce qui fait de lui un Dieu, à savoir son caractère divin, transcendant, ineffable … L’homme devenant Dieu sur terre, on se met à lui demander ce que l’on demande à Dieu. D’où une mystique du social, de l’humain, du caritatif, d’où un culte de l’amour … On est prêt à tout accepter, tout tolérer, tout pardonner, pourvu qu’il y ait de l’amour. » (Bertrand Vergely)

« ‘Je ne crois pas en Dieu’ – ‘Oh ! qu’Il sera contrarié !’ » (réponse du père Veuillot à Baudelaire)

« Dieu se dissimule comme le loup de la devinette qui se cache dans sa propre image au milieu des branches du pommier. On ne voit plus que lui quand on l’a découvert.  D’autres ne voient jamais que le pommier. » (Alexandre Vialatte)

« Dieu a fait l’homme a son image, mais l’homme le lui a bien rendu. » (Voltaire)

« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer

« Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » (Voltaire – qui n’écrasait pas toujours l’infâme !)

« Dieu pris au piège de ses propres règles : ou bien Il ne peut créer un rocher si lourd qu’Il soit incapable de le soulever, ou bien Il ne peut le soulever ; dans les deux cas, Il n’est pas tout-puissant. » (Paul Watzlawick – citant un paradoxe célèbre sur la toute-puissance de Dieu) – Il en existe bien d’autres issus de l’imagination humaine.

« Dieu ne peut être présent dans la création que sous la forme de l’absence. » (Simone Weil)

« Si on aime Dieu en pensant qu’il n’existe pas, il manifestera son existence. » (Simone Weil)

« N’est-ce pas le grand malheur, quand on lutte contre Dieu, de n’être pas vaincu ? » (Simone Weil) – La lutte de Jacob.

« Dieu et l’humanité ressemblent à deux amants qui, ayant fait erreur sur le lieu de rendez-vous, ne se rejoignent jamais. » (Simone Weil)

« Entre deux hommes qui n’ont pas l’expérience de Dieu, celui qui le nie en est peut-être le plus près. » (Simone Weil)

« En créant l’homme, Dieu a quelque peu surestimé ses capacités. » (Oscar Wilde)

« Tout homme va à Dieu à travers ses propres dieux. » (adage hindou) 

« L’homme pense, Dieu rit. » (proverbe yiddish) – Petitesse prétentieuse de l’homme.

« L’artisan est caché dans l’atelier.» (proverbe soufi) – « Concept d’un Dieu immanent, d’un Dieu présent à l’intérieur de l’univers, et non pas transcendentalement retiré au-delà ou au-dessus, et donc n’en faisant pas partie. » (Philip K . Dick)

« Dieu donne le gouvernail mais le diable donne les voiles. » (proverbe)

« L’ancre rompue, recours à dieu. » (proverbe) 

« Fou, celui qui pense avoir attrapé Dieu par la barbe. » (proverbe)

« Dieu n’est pas sans péché ; il a créé le monde. » (proverbe)    

« Si tu veux faire rire Dieu, raconte-lui tes plans. » (proverbe russe)

« L’Ein Sof, l’infini des kabbalistes, d’où procède les mondes on ne peut rien dire, même pas qu’il existe, car ce serait encore trop anthropomorphique, la notion d’existence étant connotée par l’expérience humaine … L’on n’en parle que par opposition à tout ce dont nous pouvons dire quelque chose, comme pour ne pas rester enfermés dans le ‘il y a’ de nos expériences multiples, nécessairement finies et divisées. » ( ? – cité par Henri Atlan)

« Il est impossible de décider si Dieu existe ou s’Il n’existe pas. Mais pour être plus sûr on l’a trucidé. » (?)

« Ce ne serait rien de supprimer Dieu si l’on n’était pas ensuite obligé de le remplacer. » (?) – Et par Dieu sait quoi ! C’est le cas de le dire.

« J’ai l’idée d’un être parfait,

« Or, il ne serait pas parfait s’il n’existait pas,

« Donc, il existe. » (?)

« Dieu : si tu comprends, ce n’est pas Dieu. » (?)

« On a beaucoup parlé de la face de Dieu, jamais de son profil, pourquoi ? » (?)

« Quand Il a pétri la terre, il aurait fait une grosse boulette. » (?)

« Dieu : Yavhé intervenait trop. Le Dieu chrétien n’interviendrait pas assez. Jamais les grenouilles ne sont contentes de leur roi. » (?)

« Dieu est un somnifère. » (?)

« Dieu lui-même se limite en créant le monde. » (?)

« Jésus changeait l’eau en vin ; rien d’étonnant à ce que douze types l’aient suivi. » (?)

Ci-dessous, extraits très remaniés du livre du cardinal de Lubac, Le drame de l’humanisme athée. Il a été parfois difficile de distinguer ce qui est de l’auteur du livre (de Lubac) ou provient d’autres sources citées

« Types d’athéisme.  – Idéal de ‘l’homme-Dieu’, l’individu qui s’élève au-dessus de toute loi, sorte de surhomme, le nietzschéen manqué, ‘L unique’ de Max Stirner – Idéal de la ‘Tour de Babel’, le révolutionnaire qui veut assurer sans  Dieu le bonheur des hommes , ‘le socialisme … c’est avant tout la question de l’athéisme qui se construit sans Dieu, non pour atteindre les cieux depuis la terre, mais pour abaisser les cieux jusqu’à la terre’ (Dostoïevski), Le ‘Grand Inquisiteur’ (de Dostoïevski toujours) – Idéal du ‘palais de cristal’, idéal rationnel  du philosophe qui repousse tout mystère, l’univers de la raison, ce palais tel qu’ont achevé de le constituer la science et la philosophie modernes. »

« Alors que l’idée chrétienne de l’homme avait été accueillie comme une libération, elle a commencé à être ressentie comme un joug … L’humanisme moderne se construit sur un ressentiment … L’homme élimine Dieu pour rentrer lui-même en possession de la grandeur humaine qui lui semble indûment détenue par un autre. En Dieu, il renverse un obstacle pour conquérir sa liberté … Dieu n’est, pour Feuerbach, que l’ensemble des attributs qui font la grandeur de l’homme … ‘L’esprit socratique est par essence un esprit destructeur de mythes, la rationalité à tout prix, force dangereuse qui sape la vie’ (Nietzsche opposant Dionysos à Socrate), divorce entre le savoir et la vie … or l’homme privé de mythes est un homme déraciné. C’est un homme ‘perpétuellement  affamé’, homme ‘abstrait’’, dévitalisé  … Nous sommes en train de vérifier expérimentalement que là où il n’y a pas de Dieu, il n’y a point d’homme non plus.’  (Nicolas Berdiaeff) … Néanmoins, la ferveur dionysiaque risque de nous replacer parmi les animaux, car Socrate, c’est la conscience qui prend le pas sur l’instinct, c’est la raison qui juge et qui apprend à l’homme à se connaître … Même s’il faut reconnaître que la faute essentielle de la raison cartésienne a été de nier et refuser le monde de l’irrationnel au-dessous d’elle, et surtout le monde du supra-rationnel au-dessus … S’étant isolé du courant sacré dans lequel il avait baigné jusqu’alors, l’homme ne tombe-t-il pas fatalement sous le joug d’une force plus dure et plus aveugle qui le mène à sa perte ?  … Si le ‘socratisme’ c’est le monde ‘moderne’ … Nous condamnons le socratisme. Mais cela n’entraîne point notre adhésion au programme nietzschéen, ‘dépasser le savoir par l’invention mythologique’, notre soumission à Dionysos …L’athéisme, ‘négativisme provisoire’ (Auguste Comte), dans l’impossibilité de satisfaire tous les besoins sociaux et moraux qui étaient satisfaits par les ‘croyances arriérées’ de jadis … ‘D’une religion sans transcendance, d’un mysticisme sans surnaturel, la vertu apparaîtra vite épuisée (sur ’la religion de l’humanité’ du positivisme d’Auguste Comte) … Si on supprime l’hypothèse d’un Dieu maître du monde, je n’arrive pas à comprendre sur quelle réalité on peut asseoir la notion d’un droit permettant à l’individu, monade isolée, de se poser en face des autres êtres qui l’entourent et de leur dire :’il y a en moi quelque chose d’intangible que je vous somme de respecter parce que son principe est indépendant de vous’ (Antoine Baumann). »

Ce contenu a été publié dans 215, 1 - DIV - Dieu / Diable ; Ciel, Paradis / Enfer ; Athéisme , avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.