215,2 – Diable

– Le malin, le prince de ce monde.

– Suivant les experts en diablerie, il aime beaucoup à faire croire qu’il n’existe pas, il se cache souvent derrière quelque vertu, pour désamorcer la méfiance de ses futurs sujets il procède à petits pas, par petites touches. Si les politiciens, constamment en exhibition, imposent leur indécente présence partout et sans cesse, ils ont beaucoup appris des deux derniers procédés.

– L’Occident aime chanter le diable, la douce chanson de rock ‘Kiss the devil’, j’aimerai le diable et sa chanson, je roulerai une pelle au diable… qui aimera le démon ? J’aimerai le démon… pendant que les tueurs entrent silencieusement dans la salle de concert (le Bataclan).

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« Nous vivons une époque dans laquelle il y a des mains propres en masse : l’inflation d’hommes pleins de bonne volonté est considérable. Nous allons périr noyés sous un déluge d’innocence. Le ‘malin’ n’est plus gêné par personne. Il n’est plus obligé, comme autrefois, de corrompre d’abord l’innocence des hommes pour les dominer … Là où l’homme est libre du malin, le malin est libre de l’homme. Il a vaincu. » (Gunther Anders – à propos des massacres sur presse bouton en général et des Américains historiquement)

« « Le meilleur régal du diable, c’est une innocence. » (Barbey d’Aurevilly)

« Le diable, je suis bien obligé d’y croire, car je le sens en moi. » (Baudelaire)

« Il est plus difficile aux gens de ce siècle de croire au diable que de l’aimer. Tout le monde le sert et personne n’y croit. Sublime subtilité du diable. » (Baudelaire)

« C’est le diable qui tient les fils qui nous remuent !

« Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;

« Chaque jour vers l’enfer nous descendons d’un pas,

« Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. » (Baudelaire – Les fleurs du mal)

« Il est bien connu que le ciel est plus pâle. A cela, une bonne raison : l’enfer est le lieu de nos désirs, c’est là que chutent notre agressivité et notre sexualité. Nous ne pouvons que secrètement préférer l’enfer (d’où la nécessité de la peur) ; et le diable est du côté de nos désirs, il porte les puissances de vie : c’est lui que nous voudrions avoir pour Dieu … Voici revenir la fatale équivoque : puisque Dieu nous a créé comme il a créé le diable et qu’il a la toute-puissance, c’est donc lui, Dieu, qui est en vérité le destructeur, l’odieux, le diable. » (père Maurice Bellet – le Dieu pervers)

« Satan aussi s’efface. Sans doute l’avons-nous écœuré par l’excès de nos flagorneries. » (Emmanuel Berl)

« Le diable, c’est l’ami qui ne reste pas jusqu’au bout. » (Georges Bernanos)

« Dés que tu as fait à Satan la concession de discuter avec lui, tu peux être sûr qu’il te bat en dialectique et te convainc. » (Lucian Blaga)

« Tout, dans ce monde, est inexplicable sans l’intervention du Démon. Ceux qui se souviennent habituellement de cet ennemi peuvent entrevoir, avec autant d’admiration que de crainte, le dessous des choses. » (Léon Bloy)

« Où allons-nous ? dit-on. – Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent je vous répondrai avec certitude que nous allons au diable… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, CIV)

« L’Angleterre est au monde ce que le diable est à l’homme. » (Léon Bloy) – Remplaçons par (ou ajoutons) les Etats-Unis.

« Le diable fuit de n’être pas pris au sérieux. » (Christian Bobin) – Peut-être au contraire s’agit- il d’une de ses ruses comme celle de faire croire qu’il n’existe pas ?

« C’est avec les gens heureux qu’on fait les meilleurs damnés ! Le principe du diable tient bon. Il avait raison, comme toujours, en braquant l’homme sur la matière. Cela n’a pas traîné, en deux siècles, fou d’orgueil, dilaté par la mécanique, il est devenu impossible. » (Louis-Ferdinand Céline)

« Du temps où le diable florissait, les paniques, les effrois, les troubles étaient des maux bénéficiant d’une protection surnaturelle ; on savait qui les provoquait, qui présidait à leur épanouissement ; abandonnés maintenant à eux-mêmes, ils tournent en ‘drames intérieurs’ ou dégénèrent en ‘psychoses’, en pathologie sécularisée. » (Emil Cioran)

« Tant que l’on croyait au diable, tout ce qui arrivait était intelligible et clair ; depuis qu’on n’y croit plus, il faut, à propos de chaque événement, chercher une explication nouvelle, aussi laborieuse qu’arbitraire, qui intrigue tout le monde et ne satisfait personne. » (Emil Cioran)

« Le Diable n’a aucun autel : l’homme se reconnaît trop en lui pour l’adorer ; Mais le Diable ne s’en plaint pas et n’aspire point à fonder une religion ; ne sommes-nous pas là pour le garantir de l’inanition et de l’oubli ? » (Emil Cioran) 

« Le diable est une représentation tardive et, surtout, ce n’est pas un Dieu. » (Jean Clair) –  En chrétienté du moins.

« Dans un monde qui ne connaîtrait plus ni Dieu ni diable il ne resterait plus à la pauvre humanité qu’à se débrouiller avec le péché en nous organisé. » (Paul Claudel)

« Le diable représente en quelque sorte les défauts de Dieu, car, sans le diable, Dieu serait inhumain. » (Jean Cocteau)

« Le diable ne dort jamais. » (abbé de Saint-Cyran)

« Il s’est produit peu à peu un déplacement allant du démon aux hommes, justifiant ainsi différentes formes d’hostilité …. Démonologie présente dans le monde et pas seulement dans le christianisme … Le danger  est de faire porter à autrui le poids du démoniaque et de le juger dès lors comme un ennemi qu’il faut abattre à tout prix. » (Marie-Madeleine Davy) – Il est aisé de trouver ces traces dans les mouvements extrêmes anti…… en tout genre, y compris anti-masculin, ces mouvements qu’il faut qualifier de féroces qui prolifèrent aujourd’hui.

« Qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait faire que je ne sois rien tant que je penserai être quelque chose. » (Descartes)

« Le mal absolu est pensé dés l’origine comme la division (le diable) ; il faut donc que le bien absolu soit l’union. » (Nathanaël Dupré La Tour)

« Le diable, c’est la foi sans sourire, la vérité qui n’est jamais effleurée par le doute. » (Umberto Eco)

« Si ! Le conditionnel est le mode du diable. Tout irait bien si… ! Voilà très exactement le contenu de chaque proposition diabolique. Car le ‘diabolos’, c’est celui qui sépare. Et il n’y a pas plus sûr moyen de séparer que d’introduire le ‘si’ … Il introduit la mauvaise conscience destructrice … Levier admirable qui permet de soulever toutes les inerties, mais pour animer l’homme contre son prochain … ‘si les ouvriers cessaient d’être communistes, et si donc les patrons cessaient d’exploiter les ouvriers’ … ‘Il suffit de…, N’y a qu’à…’ et voilà le bonhomme embarqué dans une aventure où périront … le peu de justice… » (Jacques Ellul)

« Il a peu de pouvoir sur les choses et les corps, moins encore que l’homme à qui Dieu a confié le soin du monde ; mais beaucoup sur les esprits qu’il veut tromper et séduire, et qui sont maintenant le domaine propre de ses maléfices. » (selon Erasme)

« Voilà la vraie immoralité : l’ignorance et la bêtise ; le diable n’est pas autre chose. » (Flaubert).

« Vous pouvez mesurer les effets de cette dédiabolisation du monde. Vous portez désormais la responsabilité intégrale de tous vos actes, et comme je ne suis plus là pour vous tenir lieu de circonstance atténuante, vous ne vous pardonnez plus rien les uns aux autres. » (André Frossard – faisant parler le diable)

« Et si Satan était effectivement le prince de ce monde, comme le dit l’Ecriture, que se passerait-il ? Il se passerait ce qui se passe … Je commence à m’ennuyer sur cette planète, où vous tombez avant que je ne vous pousse. » (André Frossard – faisant parler le diable)

« Je suis l’esprit qui toujours nie. » (Goethe – Faust)

« Satan, en hébreu, c’est l’adversaire, c’est-à-dire celui qui renverse toutes choses et les prend en quelque sorte à rebours ; c’est l’esprit de négation et de subversion, qui s’identifie à la tendance ‘descendante’ ou ‘infériorisante’, celle même que suivent les êtres dans ce processus de matérialisation suivant lequel s’effectue tout le développement de la civilisation moderne. » (René Guénon) – Qui écrivait avant même que ne se manifeste au grand jour la volonté satanique de détruire toutes les structures de l’humanité par des mesures sociétales furieuses et démentes.

« Le diable est un ange. Il possède une intelligence plus perspicace que la nôtre … Il ne possède pas de chair, et ne saurait donc être bestial … On serait plus rationnel de le représenter, au lieu d‘un bouc cornu… avec des cheveux blonds, des yeux bleus, un air d’apôtre entre des ailes resplendissantes … ‘Ange de lumière’ dit saint Paul (Lucifer). » (Fabrice Hadjadj)

« Nous avons beaucoup d’écrits niant l’existence de Dieu, mais nul athée n’a réfuté le diable. » ( Heinrich Heine) – Coupable complicité ?

« Dieu s’est fait homme ; soit ! Le diable s’est fait femme. » (Victor Hugo)

« Je crois au diable … l’histoire est incompréhensible sans la démonologie … on ne s’en défend plus puisqu’il n’existe plus. » (Eugène Ionesco)

« Satan n’est-il pas en quelque sorte l’hypostase de la confusion absolue ? » (Vladimir Jankélévitch)

« Le diable que remplace si bien aujourd’hui auprès des belles âmes ’la pulsion’, censée innocenter l’infortuné violeur, le pauvre assassin. » (Lucien Jerphagnon)

« Le diable est bien optimiste s’il pense pouvoir rendre les humains pires qu’ils ne sont. » (Karl Kraus)

« En enfer, le diable est un personnage positif. » (Stanislas Jerzy Lec)

« Tantôt (les hommes) ils croient trop au diable, tantôt ils n’y croient pas assez. » (C. S. Lewis)

« Maudire, c’est prier le diable. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« L’auberge du diable. » (Martin Luther – qui donna ce nom au monde)

« Le meilleur moyen de chasser le diable,

«  …. C’est de rire et de se moquer

« de lui, car il ne supporte pas le mépris. » (Martin Luther)

« Le démon aime les collectivités, plus encore les assemblées ; la grandeur aussi. » (André Malraux) – Mais la grandeur s’y montre plus rarement.

« Nous convaincre de notre nullité humaine et spirituelle, souligner nos échecs passés pour en tirer une prédiction du futur : nous ressasser que l’amour est impossible, et que, de toutes manières, nous en sommes incapables, indignes ou frustrés … Vaincre Satan en nous revient donc simplement à redevenir ce qu’il ne peut plus accomplir en lui, une personne qui ne veut pas toujours se venger, ou du moins veut ne pas se venger toujours. » (Jean-Luc Marion – sur le jeu banal de Satan, vaincu, qui n’exerce sa puissance qu’en vertu de son impuissance, qui veut l’impuissance de notre volonté pour rassurer sa propre impuissance)

« Le diable est pur parce qu’il ne peut faire que le mal. » (Jacques Maritain – cité par Jean Cocteau)

« L’une des obsessions les plus constantes du XIX° siècle concerne le personnage de Satan … Révision en profondeur du procès du démon et réhabilitation … Marche de l’humanité comme vers le point lumineux de son bonheur futur … Affirmation du Mal comme neutre sous l’effet bienfaisant du progrès … Retour de l’Esprit universel de Hegel … Avec la disparition de Satan, c’est le Mal qui est censé disparaître en s’abîmant dans le Bien … Extermination de la racine douce de la négativité, le judaïsme … Liquidation du catholicisme … Repousser le Dieu des Juifs en l’abaissant au rang de mauvais démiurge du monde raté … Restauration de l’antique volonté d’égalité si longtemps considérée comme satanique et désormais affectée d’un signe positif. » (Philippe Muray – Le XIX° siècle à travers les âges)

« Si Satan a été viré, il n’est pas resté inactif. On a assisté au XX° siècle au pire spectacle du mal perpétré de sang-froid de toute l’histoire. » (Amos Oz – cité par François Taillandier) – De toute l’histoire je ne sais ? Mais, ce qui est évident, vu le délire de nos sociétés, c’est que le XXI° risque de ne pas démériter sur ce plan.

« Le diable me suit de jour et de nuit, car il a peur d’être seul. » (Picabia) 

 « Le diable rôde, comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer. » (saint Pierre)

« Satan vit du non-discernement. Il bouche les trous par où l’esprit, l’illumination peuvent entrer. Satan, les ténèbres de l’imbécillité. » (Dominique de Roux) – Maintenant, il peut se reposer. Les média font tout son travail, gratuitement.

« À ceux qui sont censés lutter contre le Diable, tout est permis. Et le Diable n’a plus qu’un visage : le ‘fascisme’. » (Pierre-André Taguieff – Du Diable en politique, Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire)

« Si le monde contemporain cessait de faire du bruit, on entendrait le rire du diable. » (un Théologien)

« Une âme en état de grâce n’a rien à craindre des démons qui sont des lâches, capables de fuir devant le regard d’un enfant. » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)

« Il fut des temps où l’on attribuait l’origine de certains actes particulièrement monstrueux à l’inspiration du démon ; maintenant, le grand, sinon l’unique coupable, c’est la société. » (Gustave Thibon) – Pauvre démon, devenu inutile, superflu, remplacé, au chômage…

« Le diable est très savant et nous ne croyons pourtant rien de ce qu’il dit parce que nous ne l’aimons pas. » (saint Vincent de Paul)

« Le diable ne demande jamais rien d’impossible. » (Paul Valéry)

« Au besoing on s’aide du diable. » (proverbe du Moyen Âge)

« Le diable a plus de douze apôtres. » (proverbe)

« Dieu donne le gouvernail mais le diable donne les voiles. » (proverbe)

« Quiconque ne croira pas qu’il y ait des diables, qu’il aille au Palais et à la cour. » (?)

« Le diable est bien optimiste s’il pense nous rendre pires que nous ne sommes. » (?)   

« Dieu passe dans le cœur des hommes, j’y demeure. » (? – cité par Gustave Thibon)

« Si les gens se mettent à se créer leur enfer personnel, je n’ai plus qu’à retourner chez Dieu. » (? – faisant parler de diable) – Correcte vision de la modernité.

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