090,3 – Causes comme engagement

– Plus nombreux sont ceux, et celles, qui se servent des causes que ceux, et celles, qui les servent.

– Celles pour lesquelles on s’engage sont toujours bonnes. Les attitudes intellectuelles s’écartant de la vacuité et de la servilité du politiquement correct et donc relevant du lynchage, de la prison, de l’asile psychiatrique ou de la ruine au nom de la justice ne méritent pas le nom de causes. Il ne s’agit que de positions ou d’élucubrations intolérables (le terme à la mode est nauséabondes), et, fort justement, non tolérées par les sages du pouvoir et les justes des média.

– Normalement, une cause un tant soit peu humanitaire (sidaction, abolissons la faim, la soif, la maladie, la surdité des vieux, la vieillesse, l’impuissance juvénile, les larmes, la mort, et bien sûr les intolérables inégalités et les odieuses discriminations) est toujours représentée par une dévouée célébrité (genre artiste, sportif…) chargée d’émouvoir les gogos, laquelle se mobilise pour la cause à quasi plein temps, une femme de préférence. L’association bénéficie ainsi d’une aura supposée être prestigieuse et la vedette montre ainsi son grand cœur, ce qui ne saurait desservir sa notoriété, donc, mais c’est certainement très secondaire et non recherché, ne saurait nuire ni à sa carrière ni à son chiffre d’affaires. Pour une fois que les nobles intérêts des parties concordent !

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« Une cause constitue … le créneau le plus propice à l’expression ordinaire du ‘clan’, un soutien logistique des notoriétés les plus affirmées, un bon tremplin pour celles qui montent … L’énergie pétitionnaire. » (Jean-Paul Aron)

« Se consacrer  à une grande cause quelle qu’elle soit, ne serait-ce qu’une heure par mois, ça fait un bien fou et de quoi parler dans les dîners ; même si à court terme, ça ne change pas grand-chose aux malheurs du monde … Pour les causes perdue d’avance (nos sœurs des pays islamistes voilées, emburkées, excisées, infibulées, mariées, divorcées ou prostituées de force voire tuées pour venger l’honneur d’un mâle quelconque de la famille),  soit on fait un ‘Rebond’ dans ‘Libé’ et on retourne se coucher, soit on va crier son indignation sur place, mais alors, sans garantie  de pouvoir revenir le raconter aux copines … Reste les maladies orphelines ; ça permet d’avoir sa photo dans le journal quand on crée une assoce… » (Frigide Barjot)

« Je comprends qu’on déserte une cause pour savoir ce qu’on éprouvera à en servir une autre. » (Baudelaire)

« Défendre une cause ! on n’est pas province à ce point… » (un personnage de Simone de Beauvoir) – A Paris, sans doute, on ne défend une cause qu’adoptée par la bien-pensance, donc profitable.

« On peut parfaitement considérer qu’ils défendaient des causes exécrables tout en reconnaissant qu’ils ont agi avec courage, parfois avec héroïsme. On peut condamner leurs idées sans pour autant faire bon marché de leur abnégation. Quiconque est incapable de faire cette distinction raisonne à mon avis d’une manière très basse. » (Alain de Benoist – sur les gens des Brigades Internationales en Espagne et les légionnaires de la LVF sur le front russe)

« On ne conteste plus pour défendre une cause juste. La cause devient juste parce qu’on conteste. » (Philippe Bilger) – Et parce que les média privilégient le vacarme et les braillards.

« Je préfère aimer une cause qu’une femme. » (Lord Byron – fuyant une dame de Ravenne pour l’indépendance grecque à Missolonghi) – Chacun ses goûts.

« Les meilleures causes furent ruinées par leurs apôtres ; les patries, par des patriotes ; et ceux qui parlent toujours de justice en font une risée. » (Jacques Chardonne) – Nouvel autocollant : La justice climatique ; mais que fait Dieu ?

« Je ne suis pas un individu ; je suis une Cause ! » (G. K. Chesterton – déclamation d’un révolutionnaire)

« La retenue et la modération ne sont pas de mise dans une cause excellente. » (Cicéron) – Mais qui juge de l’excellence de la cause ?

« La quantité d’exaltés, de détraqués et de dégénérés que j’ai pu admirer ! Soulagement voisin de l’orgasme à l’idée qu’on n’embrassera plus jamais une cause, quelle qu’elle soit. » (Emil Cioran)

« A s’enticher de causes perdues, on en arrive à penser qu’elles le sont toutes, et on ne se trompe guère. » (Emil Cioran)

« Autrefois c’était pour faire tomber la pluie que les tribus africaines jouaient du tambour et que les dieux d’en haut ‘finissaient par entendre’. » (Jean Clair – à propos de nos manifestations imbéciles d’indignation, exigence, réclamation … Rassemblements, concerts, défilés, œuvres dites d’art, etc. pour exiger qu’au bout du monde on se plie à nos sommations et ultimatums, à nos trépignements)

« Un voyage en business class ou un blouson de marque sont des contrefaçons à côté des bouffées d’oxygène qu’offre, à de rares moments, l’adhésion à une cause poussée jusqu’à l’oubli de soi. » (Régis Debray – Bilan de faillite)

« Obéir était un besoin pour cette nature étriquée, avide de soumission, toujours au nom d’une ‘grande cause’, d’une ‘grande idée’. mais en somme le but n’a pas d’importance en ce cas, car les jeunes fanatiques ne comprennent le dévouement à une cause que pour autant que celle-ci s’incarne dans une personnalité‚ qui en est comme la représentation à leurs yeux. » (Dostoïevski – Les démons)

« Si, hier, une star pouvait participer, de temps à autre, à un bal de charité, aujourd’hui, tout ‘people’ a sa cause. » (Guillaume Erner) – Le bal des faisans.

« Prescrit par la vigilance et non par la bienséance un nouvel ordre moral s’est abattu sur la vie de l’esprit. Son drapeau, c’est l’humanité. Son ennemi, c’est la hiérarchie… Arts plastiques, littérature, théâtre, danse, opéra, cinéma, philosophie, religion :  tout désormais est défense de la bonne cause. Les œuvres humaines sont évaluées à la seule aune de l’humanité, c’est-à-dire de l’égale dignité des personnes.  » (Alain Finkielkraut)

« Pourquoi mourir pour une cause alors qu’on ne sait même pas pourquoi l’on vit, » (Jean-Edern Hallier)

« Quelqu’un qui prend une arme pour défendre une cause, quelle qu’elle soit, me paraît essentiellement méprisable. » (Michel Houellebecq)   

« Le soi doit trouver son identité morale dans et à travers son appartenance à des communautés comme  la famille, le quartier, la ville et la tribu. Ce qui n’implique pas qu’il doive accepter les limitations morales de la particularité de ces formes de communauté. Sans ces particularités morales comme point de départ, on ne saurait où commencer … Quand les hommes identifient trop aisément ou trop complètement leurs causes, en réalité partielles et particulières, à la cause d’un principe universel, ils se conduisent plus mal encore qu’ils n’en ont l’habitude. »  (Alasdair Mac Intyre) – Phénomène de notre temps qu’on retrouve dans tous les humanitarismes, antiracisme et diktats imposant des comportements relevant soi-disant de principes universels, mais dictés par des intérêts ou des obsessions en réalité partielles et particulières.

« Se désolidariser de son passé est encore la meilleure recette pour ne pas vieillir. Tout reniement rajeunit. » (Roland Jaccard) 

« Il peut y avoir, en effet, une grande différence entre servir une cause et s’en servir. Il y a presque une antinomie entre ressentir une inquiétude morale et faire la morale aux autres. » (Pierre Lamalattie – à propos des artistes adoptant des positions moralisatrices) – Et, récitant le « catéchisme humanitaire, suivant lequel  le bon, le bien, c’est tout ce qui contribue à la dignité humaine, à la justice sociale, à l’égalité mondiale, et au bien-être planétaire. » (Marie-Hélène Verdier) 

« La ‘cause des femmes’ fait partie des sujets qui ne se discutent pas. Dans le discours médiatique, le féminisme n’est pas une option, un point de vue possible : c’est une vérité incontestable. » (Elisabeth Lévy) – Exemple de cause incontestable, de droit divin aurait-on dit jadis.

« Il n’est plus de nobles causes sans stars. » (Gilles Lipovetsky)

« L’homme est beau quand il travaille et lutte pour de belles causes. Mais s’il obtenait enfin la victoire, n’en serait-ce pas fini de sa beauté ? » (cardinal Henri de Lubac)

« La noblesse de l’être humain éclate … en ce que beaucoup se montrent capables de sacrifier leur être de chair à quelque cause qui les dépasse. Mais, du moins, que l’Humanité se fasse ! Que l’Humanité demeure ! Qu’un avenir prenne forme à jamais ! Et si ce n’était là aussi qu’un mythe ? Si cette idée que nous avons tous à résoudre un problème en commun, à nous diriger ensemble vers un but, n’était qu’une idée tout arbitraire, dont il y aurait avantage à nous débarrasser avant qu’elle ne devienne une idée fixe ? » (cardinal Henri de Lubac) – Le cardinal pensait à de vraies causes, certaines de celles de jadis. C’était avant les causes bidons qui ne servent aux people qu’à se faire mousser, à tous qu’à récolter des subventions, à entrer en juteuse politique et à insulter les gens normaux en se donnant bonne conscience.

« Si l’homme n’est rien d’autre qu’un nœud de rapports sociaux, on risque de voir dans l’adversaire social un ennemi total … Force et dureté deviennent les vertus essentielles. » (cardinal Henri de Lubac) – Ce n’est plus un risque, c’est maintenant un fait.

« Les mots devraient nous engager autant que les actes » (Hélie de Saint Marc)  – « Les mensonges écrits avec de l’encre ne sauraient effacer une vérité écrite avec du sang. » (Lu Xun, dissident chinois – cité par Hélie de Saint Marc) – Allez dire ça à nos politicards, nos syndicalistes, nos éditorialistes…

« Les mouvements ‘progressistes’ qui ne défendent plus que les seuls intérêts culturels des nouvelles classes moyennes des grandes métropoles du globe, autrement dit, ceux d’un peu moins de 15% de l’humanité. » (Jean-Claude Michéa)

« Nous les appelons généralement ‘luttes’ (pour la citoyenneté, contre l’homophobie, la xénophobie, le patriarcat, etc.). » (Philippe Muray)

« On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d’être insipides. » (Nietzsche)

« Une bonne guerre rend sacrée n’importe quelle cause. » (Nietzsche) – Les Américains ont retenu la maxime.

« Qu’est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? – Et qu’est-ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c’est pour la bonne cause ? » (Jacques Prévert)

« Si la cause est bonne, c’est de la persévérance. Si la cause est mauvaise, c’est de l’obstination. » (Laurence Sterne)

« La bonne cause ? C’est la nôtre. » (Charles Régismanset)

« La sempiternelle troupe de pétitionnaires, staliniens décomposés en tête, renforcée de quelques autres comiques, seconds rôles de cinéma, fantaisistes, députés verts, chanteurs de variétés et évêques ’in partibus’ … L’engeance citoyenniste. » (René Riesel)

« L’adhérent fanatique à une cause quelconque se reconnaît principalement à ceci qu’il est au fond totalement indifférent à cette cause et seulement fasciné par le fait que cette cause lui paraît, à un moment donné, pouvoir être tenue pour certaine … L’adoration d’une vérité se double  toujours d’une indifférence à l’égard du contenu de cette vérité même.  » (Clément Rosset)

« Plus les causes qu’on s’imagine servir sont grandioses, plus durs et nombreux seront les coups permis, la bonne conscience enflant à mesure que l’ineptie des premières le dispute à la violence des seconds. Les humains ont cette propension à tuer pour dse idées fumeuses plus férocement que d’autres créatures tuent pour manger. » (Peggy Sastre)

« Chaque développement critique à gauche requiert une atmosphère de ’lutte’ … Ils demandent aussi une figure de proue, qui sera héros ou martyr … Chef de file, mais aussi intellectuel, afin de prétendre à une importance théorique et pas seulement pratique (Trotski, Mao, Castro, Che Guevara… et naturellement Lénine). » (Roger Scruton)

« La légitimité d’une cause ne peut justifier la lâcheté des moyens qu’on prend pour la servir. » (Louis-Philippe de Ségur) – Qui s’exprimait pourtant avant notre système de délation généralisée.

« Nous sommes à la fois méfiants à l’endroit des fois collectives et hantés par un besoin de croire. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Les foules rassemblées par les promoteurs de telle ou telle bonne cause platonique s’occupent surtout à s’admirer elles-mêmes d’être là réunies dans l’euphorie d’une généreuse unanimité dont elles sont bien tranquilles qu’elle est sans conséquence, qu’elle ne les engage à rien. » (Jaime Semprun)

« Les trentenaires réputés ‘enfants des banlieues issus de l’immigration, ayant réussi dans la vie’ ont compris que leur carrière bénéficierait de l’engagement public en faveur d’une ‘bonne cause’. » (Pierre-André Taguieff) – Les seuls média, presque tous gauchistes, définissant ce qu’est une bonne cause.

« Les raisons ne sont que des raisons, c’est-à-dire que ce ne sont peut-être pas des vérités. » (Miguel de Unamuno)

« La meilleure des causes est celle où l’on se perd le mieux corps et âme. » (Raoul Vaneigem – pour les abrutis)

« Les causes appellent surtout ceux qui vont les chercher. On sert surtout ses rêves et son tempérament. » (Alexandre  Vialatte)

« Je n’en peux plus d’Emmanuelle Béart. Depuis son coup d’éclat médiatique, nombre de comédiens et de comédiennes dont je m’occupe me supplient de leur trouver une cause … Ils n’ont aucune opinion sur quoi que ce soit, ce qui les intéresse c’est de passer le plus souvent possible à la télévision … Je passe mon temps à appeler des associations, à chercher. » (Une attachée de presse de comédiens – citée par Pierre-André Taguieff)

« Les grandes causes sont fortes des sacrifices qu’elles exigent, non des concessions qu’elles font aux médiocres pour essayer de les retenir. » (?)

« La cause que l’on défend vaut moins que l’honneur qu’on met à le faire. » (?)

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