025,2 – Calme

– Etat anormal, symptôme maladif, dangereux pour l’esprit citoyen, la consommation et l’audimat. Heureusement, les collectivités de toute nature s’efforcent de combattre cette maladie à grands frais par ce qu’elles appellent l’animation (l’individu normal étant évidemment incapable de s’animer lui-même).

– Les manifestations festives ne sont pas forcément détestables, mais leur développement est un signe de la sociologisation des esprits (nuits blanches, retransmission de foot sur écran géant…). » (Philippe Val) – Le rassemblement des moutons.

– Il n’y aurait rien de plus urgent que de calmer l’agitation désordonnée qui accable tout le monde. Mais cela irait contre les intérêts matériels du marché et de la finance, contre les intérêts des politiques qui doivent impérativement s’agiter et tout agiter pour justifier leur existence et leurs privilèges, ainsi que ceux des média au service de ces trois entités. De plus, que deviendrait l’infortuné Bobo confronté à son vide ?

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« Que l’on fasse l’amour ou du bricolage, le calme et le silence améliorent la réflexion et la qualité de l’expérience. » (Bernard Arcand)

« Il y a des gens qui ont le calme inexpugnable. » (Anne Barratin)

« Lorsque l’eau est immobile, elle reflète des images qui n’existent plus quand on l’agite. » (Emmanuel Berl)

« Ils étaient toujours persuadés que rien n’était plus facile que de trouver la paix, mais ensuite ils étaient obligés de constater que c’était au contraire le chose la plus difficile … Qu’elle ne pouvait se trouver ailleurs qu’en eux-mêmes … Des personnes qui ne trouvent jamais la paix, parce qu’ils sont eux-mêmes tout sauf en paix et qu’ils introduisent leur agitation où qu’ils aillent et quoi qu’ils fassent … … Cette folie consistant à rechercher la paix, alors que la paix n’existe pas, dans la mesure où l’être humain est l’absence même de paix … car nous sommes l’absence de paix incriminée. » (Thomas Bernhard – diatribes contre ses parents)

« Calme, toujours plus calme, le calme indésirable. » (Maurice Blanchot) 

« L’une de ces assommantes invitations au calme fort en usage dans la vie anglaise est l’injonction : ‘relax’. J’imagine quelqu’un enjoignant à Shakespeare : ‘relax’ ! » (Elias Canetti)

« Il n’existe aucune voie commune, rassemblant tous les hommes de bonne volonté, en dehors de l’intériorité … Mystérieux ce creuset symbolise moins un lieu qu’un état. Il inaugure un passage du dehors au-dedans, du chaos à l’ordonnance, de l’esclavage à la liberté … La beauté assume la difformité, la clarté l’ombre, les erreurs du parcours sont entièrement consumées, il n’en reste aucune trace …Il porte un nom : il s’appelle ‘désert’ … La décréation progressive a fait apparaître dans l’âme de nouveaux continents, telle la mer en se retirant découvre … Le désert intérieur permet de prendre un certain recul et de comprendre nos failles sans pour autant les tenir constamment sous nos yeux …  ‘Si l’homme s’agite pour trouver la perfection, en un instant il se détruit’ (texte égyptien ancien ) … L’homme n’échappera à l’agonie qui le guette que par l’intériorité, mais par une intériorité vécue à un niveau universel … finies les communautés ‘possédantes’ de vérité …L’éloignement de tout tumulte extérieur, la non-coopération à l’agitation … Le désert est le lieu des métamorphoses …  ‘Sors de ta terre et de ta parenté’ (Genèse) , ce qui signifie : dépouille-toi, abandonne ce qui t’encombre …  nécessité d’entrer en lui-même, de s’y tenir, voire de s’y fixer … le désert intériorisé signifiant passage par le vide, la remise en question, la purification du faux savoir, des notions périmées, alors il  émergera de la boue qui l’enlise … Ce qui est multiple, éparpillé est sujet à la corruption, seule l’unité échappe au temps … L’homme intériorisé ne jette aucun regard sur lui-même (s’il sait qu’il prie, il est hors de la prière, s’il se sait unifié, il séjourne dans la dualité), se réjouir de ses progrès ou s’attrister de ses défaites n’aurait aucun sens. » (Marie-Madeleine Davy – Le désert intérieur)

« Les sociétés les plus agréables sont celles dont les membres entretiennent dans le calme une estime réciproque. » (Goethe)  – Il s’agit donc de micro société devenues rarissimes non tant en raison de la réduction du nombre  de gens que l’on peut vraiment estimer mais surtout en raison du vacarme ambiant qui exprime la haine du calme, conséquence de la haine que l’on peut porter à soi-même laquelle est seulement supportable dans le brouhaha.

« Nous avons oublié ce que devait être la contemplation. Nous ne savons plus voir, nous ne savons plus nous arrêter dans l’agitation générale et regarder, immobiles un instant, cette agitation même. » (Eugène Ionesco)

« Quand l’âme n’est pas ébranlée par un grand nombre de sensations, elle est bien plus propre à tirer parti des biens qui se présentent. » (madame de Lambert – retirée des agitations mondaines)

« Le calme de ceux qui n’ont pas d’avenir. » (Clarice Lispector)

« C’est dans le repos que les esprits changent. » (Lucain) 

« Eclairé par ce qui m’éteint,

« Porté par ce qui me noie,

« Je suis fleuve dans le fleuve qui passe. »  (Yves Michaux) 

« L’idée du calme est dans un chat assis. » (Jules Renard)

« Le calme naît de l’impuissance ; quand il n’y a plus d’espoir on voit tout d’un œil sec. » (Rivarol)

« Quand on ne trouve point son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs. » (La Rochefoucauld)

« C’est l’endroit où l’eau est profonde qu’elle est calme. » (Shakespeare – évoquant la sagesse)

« Si la tranquillité de l’eau permet de refléter ce qui se présente,

« Que ne peut celle de l’esprit ? » (Tchouang Tseu)

« On considère que mes yeux, les oreilles, l’imagination, la mémoire et le mécanisme logique des citoyens doivent être respectés comme leurs biens, et même comme leur bien le plus précieux. » (Paul Valéry) – Que deviendraient les média, la publicité, le pouvoir, le grand capital s’ils respectaient les dits citoyens. Plus d’intox., fin de l’agitation permanente…

« Seul celui qui pouvait regarder l’avenir sans appréhension jouissait du présent avec sérénité. » (Stefan Zweig – Le monde d’hier) – Le grand bordel a mis définitivement fin à cette quiétude.

« Rester à sa place fait durer plus  longtemps. » (proverbe)

« Allons lentement, nous rencontrerons plus de monde. » (proverbe)

« L’homme pressé refait deux fois la même chose. » (proverbe)

« Fleuve paisible, rives tranquilles. » (proverbe) 

« Laisser l’eau se calmer avant de s’y baigner. » (?)

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