050,1 – Argent, Enrichissement, Riches ; Financier, Fiscalité ; Allocations – Economie

– « Catin universelle. » (Shakespeare – l’argent)

-C’est Bertold Brecht, alors en exil en Californie, feignant de s’étonner de ne pas voir le prix sur un oranger en pleine terre  (vision de l’Amérique)

Une époque vient à l’esprit : celle qu’on a appelé, les années fric, les années Mitterrand.

– Le premier remplace toutes les divinités devenues obsolètes. Ne s’approche pas plus que les anciennes, sinon à travers quelques certificats-papier. Nous soumet à des sautes d’humeur incompréhensibles (que ne peuvent interpréter que les grands prêtres de l’économie). La prière qu’on adresse à sa bienveillance porte un joli nom : croissance.

– Le plus grand corrupteur. L’avidité mène à des bassesses auxquelles aucun autre vice ne saurait conduire, nous en avons tous eu des exemples. Ce n’est pas pour rien que l’avarice figure dans les sept péchés capitaux.

– Quelques sept ans d’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes (addictions, rythme de vie, moindre résistance organique et surtout volonté moindre de s’accrocher…). Les notaires et les agents de change, qui ne sont pas des journalistes stupides ou des naïfs, savent, eux, où sont les grands patrimoines.

– On s’indignera que quelqu’un gagne 10.000 euros par mois en travaillant dur et, admirant, on applaudira un footballeur à peine sorti de l’adolescence qui gagne ‘n’ millions par mois. Les média ont bien réussi leur opération d’abrutissement et d’aliénation.

– En 2002 : l’euro allait être un grand succès, une garantie de stabilité… ; en 2012 : sortir de l’euro serait une catastrophe inimaginable… ; Tel pays est sauvé (au moins pour la semaine) – L’étonnant est qu’on trouve encore des gogos (voir rubrique N° 370,1) pour croire les mêmes grotesques et arrogants zozos.

– « La décennie fric. » (?) – 1983-1993. L’arrivée des socialistes. L’invention de l’idole Bernard Tapie – « Que la gauche tout entière, il n’y eu pas que Mitterrand ! se soit fait un héros d’un chevalier d’industrie sans scrupules en dit long … sur les relations honteuses … qu’elle entretenait avec l’argent. » (Jacques Julliard)

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« La relation entre bien-être et richesse s’estompe au fur et à mesure que le revenu augmente. » (Yann Algan…)

« Dans les pays riches, nous savons que c’est moins le niveau absolu du revenu que sa valeur relative qui explique le bien-être pour la majorité de la population. » (Yann Algan…)

 « Ce n’est pas entre deux médecins que naît une communauté d’intérêts, mais entre un médecin par exemple et un cultivateur, et d’une manière générale entre des contractants différents et inégaux qu’il faut pourtant égaliser. C’est pourquoi toutes les choses faisant objet de transactions doivent être d’une certaine façon commensurables entre elles. C’est à cette fin que la monnaie a été introduite devenant une sorte de moyen terme, car elle mesure toutes choses … C’est seulement de cette façon qu’ils sont en état d’égalité et en communauté d’intérêts. » (Aristote)

« Dans l’hypothèse où nous n’avons besoin de rien pour le moment, la monnaie est pour nous une sorte de gage donnant l’assurance que l’échange sera possible si jamais le besoin s’en fait sentir … De cette façon il y aura toujous possibilité d’échange et communauté d’intérêts entre les hommes … Il ne saurait y avoir ni communauté d’intérêts sans échange, ni échange sans égalité, ni enfin égalité sans commensurabilité. » (Aristote) – Sur la fin et au-delà de la question monétaire, magnifique démonstration des conditions de l’égalité.

« Il y a des cas où le désintéressement est le meilleur placement. » (Saint-Aulaire)

« L’argent mène à tout, à condition d’en sortir… beaucoup. » (Claude Aveline)

« L’or contient tout en germe et donne tout en réalité. » (Balzac – L’usurier Gobseck)

« Être riche sans être sympathique : un beau visage sans de grands yeux. » (Anne Barratin)

« L’argent nous est bien moins cher par l’indépendance qu’il donne que par l’indifférence qu’il permet. » (Anne Barratin)

« La richesse promet plus de moyens d’être heureux qu’elle ne donne de bonheurs. » (Anne Barratin)

« On demande tout à l’argent : le bonheur, la joie, l’esprit, le plaisir ; le meilleur acteur cependant ne peut jouer tous les rôles. » (Anne Barratin)

« Une super-marchandise qui les représente toutes : l’argent, qui n’a aucune valeur d’usage et dont le seul avantage est de diviser le monde en unités comptables permettant sa sérialisation et donc sa désacralisation la plus absolue. » (Miguel Benasayag)

« Le possesseur de marchandises’ cosmopolite, qui n’est attaché à aucune communauté concrète, hormis celle de l’argent. » (cité par Alain de Benoist) – « L’argent étant lui-même la communauté, il ne peut en tolérer d’autres en face de lui … Lorsque l’argent n’est pas lui-même la communauté, il lui faut la dissoudre. » (Karl Marx)

« L’argent est pure quantité, ou plus exactement la quantité est sa seule qualité … soit, avec l’argent, la qualité est systématiquement rabattue sur la quantité. Or, toute quantité … peut toujours être augmentée d’une unité … Le mieux s’y confond automatiquement avec le plus. Ce dont on peut avoir ‘toujours plus’, on n’en a ’jamais  assez’ … ‘Tout l’avilissement du monde moderne vient de ce que le monde moderne a considéré comme négociables des valeurs que le monde antique et le monde chrétien considéraient comme non négociables’ (Charles Péguy) … La monnaie étalonne toutes les activités humaines … Tel est le principe d’illimitation qui correspond à l’essence du Capital … Le monde de l’argent ignore la complétude, la limite. Il implique ‘l’hybris’, la démesure : ‘toujours plus, jamais assez’ … la monnaie institue un nouveau rapport au réel. Elle génère un formidable mouvement d’homogénéisation et de quantification … Le règne de la valeur marchande destitue toutes les autres valeurs. En s’habituant à évaluer toute chose en argent, l’homme s’habitue du même coup à tout considérer d’un point de vue quantitatif et, simultanément, à tenir pour ‘irrationnel’, donc non significatif, voire pour inexistant, toutes les qualités qui ne se laissent pas comptabiliser, ramener à une évaluation quantifiée. » (Alain de Benoist)  

« Je n’aime pas les gens qui crient : ‘à bas l’argent’, ils finissent toujours par crier : ‘à bas l’esprit’. Je n’aime pas les gens qui crient : ‘vive l’esprit’, ils finissent toujours par cier : ‘vive l’argent’, par défendre, au nom de l’esprit, castes et privilèges. » (Emmanuel Berl)

« Méfiez-vous, c’est un pauvre » prévenait déjà Bernanos en 1933, à propos du chancelier Adolf Hitler (cité par Paul Virilio) – Lucidité de Bernanos, comme toujours. Historiquement et socialement exact.

« Il faut mettre de l’argent de côté pour en avoir devant soi. » (Tristan Bernard)

« On ne prête qu’aux riches, et avec raison, car les autres remboursent difficilement. » (Tristan Bernard)

« Le grand thème commun à la pensée réactionnaire et à la pensée révolutionnaire : le refus de l’argent, du capitalisme, de la transaction monétaire, du profit et finalement du marché. L’antichrématistique catholique donne une main aux utopies traditionnelles, et l’autre aux socialismes contemporains. » (Alain Besançon) – Contemporains, du XIX° siècle.

« Argent : bien qui ne nous est d’aucun avantage sauf quand nous nous en séparons. » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable

« Je suis attaché à l’argent, mais l’argent n’est pas attaché à moi. » (Francis Blanche)

« Se défier des gens qui promettent des millions et dont on est forcé de régler les consommations. » (Léon Bloy)

« On ne peut pas vivre sans argent, dit-on. – In-con-tes-ta-ble-ment. Et c’est si vrai que, quand on en manque, on est forcé de prendre celui des autres. Cela peut se faire, d’ailleurs, avec beaucoup de loyauté… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, X)

« L’argent ne fait pas le bonheur, dit-on. – Lieu commun de premier ordre et qui nécessite le confident de la tragédie antique. Il faut quelqu’un pour ajouter immédiatement : ‘Mais il y contribue.’ Alors, c’est tout à fait beau … Oui, c’est vrai, songe profondément le Bourgeois, l’argent ne fait pas le bonheur, surtout lorsqu’il est absent… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XLV)

« Rentrer dans son argent, dit-on. – Il faudrait imaginer follement comme un fleuve ou un océan d’argent où on pourrait prendre des bains à telle époque de l’année. On dirait la saison d’argent, comme on dit la saison de Trouville … » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XLVI)

« On ne connaît pas la couleur de son argent, dit-on. – Celui dont on dit cela est au dernier degré de l’abjection. Si on disait simplement qu’on ne connaît pas son argent, ce serait beaucoup moins grave … Il est connu que l’argent n’a pas d’odeur … Mais on exige qu’il ait de la couleur et on veut voir cette couleur… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, CXI)

« Je ne connais que l’argent, dit-on. – Tu voudrais sans doute, épicier immonde, que l’argent ne connût que toi. Mais il en connaît beaucoup d’autres qui te valent bien, et tu es trop bête pour le fixer dans ta boutique… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, CVI)

« Jeter l’argent par les fenêtres, dit-on. – A quel moment et dans quelles circonstances jette-t-on l’argent par les fenêtres ? C’est un point de casuistique bourgeoise… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, CXIV)

« Quand la sage-femme prononce que ‘l’argent ne fait pas le bonheur’ et que le marchand de tripes lui répond avec astuce ‘néanmoins qu’il y contribue’ – Ces deux augures ont le pressentiment infaillible d’échanger ainsi des secrets précieux et de se dévoiler l’un à l’autre des arcanes de la vie éternelle… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – ?????)

« Il ne vit jamais en riche, celui tremblant et gémissant qui se croit dans le besoin. » (Boèce)

« Les pauvres sont fats de leurs dépenses et les riches de leurs économies. » (Abel Bonnard)

« Le vrai mépris de l’argent repose sur la connaissance de toutes les richesses que l’on peut avoir sans lui. » (Abel Bonnard)

« Comme le savait l’Eglise, il (l’argent) est le seul rival de Dieu, capable comme lui d’embrasser la multiplicité du monde dans son unité, de ne mettre aucune borne à son expansion. Il est une force spirituelle à vrai dire, le seul absolu que nous tolérions en période de relativisme. » (Pascal Bruckner)

« Il est une force spirituelle, le seul absolu que nous tolérions en période de relativisme. » (Pascal Bruckner)

« Il tue toutes les hiérarchies liées à la naissance, au statut social sauf une, indépassable : la hiérarchie de l’argent. » (Pascal Bruckner)

« Ne pas dépendre de l’argent, c’est savoir qu’on ne vivrait pas autrement si on en avait beaucoup plus. » (Pascal Bruckner)

« Il ne suffit pas d’être riche, encore faut-il avoir l’air en forme, cultiver l’éthique du paraître bien dans sa peau. » (Pascal Bruckner) – Heureux…

« Aucune jouissance ne peut l’égaler puisqu’il les contient potentiellement toutes … ‘Un magot ne pourra jamais décevoir en raison même de son abstraction’. » (Pascal Bruckner – citant Georg Simmel)

« Il convient de ne pas prêter moins d’attention à la façon de dépenser l’argent qu’à celle de le gagner … Il peut être sacrifié en pure perte, retiré de la circulation générale par une circulation constante et rapide en circuit fermé, car les gains sont rarement soustraits au cycle infernal. Ils sont remis en jeu … Dans le jeu, l’argent non seulement ne produit rien, mais empêche de produire. Qui joue ce qu’il gagne ne peut rien acheter. » (Roger Caillois – sur le cas de pays comme le Brésil des années quarante) – Mais on peut extrapoler, sur d’autres pays, d’autres temps, d’autres jeux, empêchant l’accumulation du capital ou même la fameuse croissance – « L’économie a omis d’étudier la branche la plus importante de la question : la dépense. » (John Ruskin)

« L’argent est présenté comme la solution à tout, quelquefois par les gouvernants eux-mêmes, qui promettent ‘d’investir davantage dans les quartiers’ ou de ‘mettre plus d’argent dans la culture’, selon leur élégante façon de s’exprimer, et toujours par les gouvernés … L’argent l’unique clef de tout. » (Renaud Camus)

« L’argent étant partout et toujours donné comme l’unique clef de tout, il n’y a plus entre les riches et les pauvres, comme le remarquait justement Nicolas Gomez Davila, qu’une seule différence, c’est l’argent. » (Renaud Camus)

Phénomène analogue à celui des athées qui ne cessent d’évoquer Dieu et ses méfaits : « Quand on est indifférent à l’argent (qu’on se prétend tel), qu’on avance qu’il ne constitue nullement un critère de la valeur des êtres, il est pour le moins étrange de tant s’y intéresser. » (publication : Causeur) – A propos de l’abondance de la littérature, des articles, des productions médiatiques sur les affreux riches et méchants, réactionnaires évidemment.

« Vous aurez beau regorger d’or, de cuivre, de laine, de pétrole, si la démagogie travaille vos masses, vous n’arriverez quand même à rien, vous serez pourris au fur et à mesure, vous crèverez de matérialisme, de surenchère, vous ne construirez jamais, vous n’achèverez rien. » (Louis-Ferdinand Céline)

« Seigneur, la banque illuminée est comme un coffre-fort

« Où s’est coagulé le sang de votre mort. » (Blaise Cendrards)

« L’argent en soi ne donne rien. Il n’y a aucun changement véritable ; plutôt une perte. Ce sont certaines mœurs, une certaine culture qui comptent. Et de cela, il n’en est plus question. » (Jacques Chardonne) – Il suffit de regarder M. Bernard Tapie, entre cent autres bouffis.

« Il fréquentait l’argent de ses voisins plus que leur personne. » (Chateaubriand – sur une connaissance)

« Les Américains sont les plus grands idéalistes du monde … Mais l’idéaliste peut aisément de venir idolâtre …  Les Américains sont devenus si pleins d’idéalisme qu’ils idéalisent l’argent. » (G. K. Chesterton)

« Sa nature est de servir et non de commander. » (saint Clément de Rome)

« Les riches seraient les méchants, les pauvres, les gentils ; alors pourquoi tout le monde y veut devenir méchant ? » (Coluche)

« Dieu disait à Moïse : ‘Je suis celui qui est’ ; le capitaliste dit aujourd’hui : ‘Je suis celui qui a.’ » (Jean Commerson)

« L’une des dérives des sociétés actuelles consiste à estimer que le pouvoir et le prestige donnent droit à l’argent, alors qu’ils étaient jadis considérés comme suffisants en eux-mêmes. » (Marc Crapez) 

« Un petit croquis en dit plus long qu’un long discours, mais beaucoup moins qu’un gros chèque. » (Pierre Dac)

« Un capital investi ne se rend jamais. » (Auguste Detoeuf)

« Epargnons ! Epargnons ! C’est le mot d’ordre du ministre des Finances ! Epargnez ! Epargnez ! Et je vous épargnerai ! » (Raymond Devos)

« Personne ne peut légitimer l’absence de proportions entre les rémunérations  (voilà un domaine à penser que les ‘Intellectuels’ laissent en jachère) … Les salaires faramineux attribués à la minorité de managers sont sans commune mesure, sans proportion avec les services rendus et la pertinence du travail … Des présidents-directeurs  généraux de grandes entreprises sont remerciés à prix d’or après échec de leur politique économique. » (Jean-Philippe Domecq) 

« Notre époque semble plus incapable que les époques antérieures d’interpréter un propos dissensuel autrement qu’en termes d’intérêt personnel … Cette psychosocialisation qui conduit à n’envisager pour tout motif à nos actes qu’arrière-pensées intéressées. » (Jean-Philippe Domecq)

« Fonctions de l’argent suivant Aristote : mesure de valeur, moyen d’échange, moyen de paiement et réserve de valeur. C’est cette dernière fonction qui ouvre la voie au désordre et à la perversion … Alors que la consommation est nécessairement limitée, il n’y a pas de limite à l’accumulation de richesses … à la quantité d’argent qu’une personne peut détenir … L’argent porte en germes les pires excès lorsque, d’intermédiaire dans les échanges, il se transforme en finalité de l’activité humaine. » (Dostaler et Maris)

« L’argent permet de changer d’avis, d’être irrationnel. Il dépersonnalise les relations humaines, liquide la vieille société faite d’autorité, de servitude, de vassalité et d‘adoubement … Il introduit le temps dans la vie, il brise le troc, la simultanéité de l’échange, permet de réviser les plans, jette un brouillard d’incertitude sur toutes les actions humaines. Il calme l’angoisse et l’accroit … Il permet de ne ‘plus regarder les hommes dans les yeux’ (Georg Simmel). » (Dostaler et Maris)

« Médire de l’argent c’est témoigner que, le cas échéant, on ne saurait pas en faire usage. » (Louis Dumur)

« La pauvreté exclut, la richesse isole. » (Lawrence Durrell)

« Georg Simmel a fortement souligné en quoi l’argent, équivalent général, nous plonge dans le monde de l’abstraction … Nous ne sommes plus des êtres humains mais des agents économiques. » (Eugène Enriquez) – Et le monde de l’abstraction peut facilement devenir le monde de toutes les perversions devenues invisibles et insensibles.

« On trouve d’illustres scélérats mais jamais d’illustres avares. » (Saint-Evremond)

« Epargne. – Occasion de vol pour les domestiques. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Argent. – Cause de tout le mal. Le dieu du jour (ne pas confondre avec Apollon). » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Il ne possédait pas l’or, mais l’or le possédait -. Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent  – Mettez une pierre à la place – Elle vous vaudra tout autant. » (La Fontaine – L’avare qui a perdu son trésor)

« Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme – Et reprenez vos cent écus. » (La Fontaine – Le savetier et le financier)

« Si vous voulez savoir la valeur de l’argent, essayez donc d’en emprunter. » (Benjamin Franklin)

« L’argent ne peut acheter toutes choses, mais avez-vous-essayé d’en acheter sans argent ? » (Benjamin Franklin)

« Si l’on connaît des riches bien-pensants, on en voit rarement de bien-dépensants. » (André Frossard)

« Son oreille était excellente, car elle entendait le son d’un quart d’écu de cinq cent pas. » (Furetière)

« Des chaînes dorées sont beaucoup plus lourdes que des chaînes de fer. » (mahatma Gandhi)

« Enormes liquidités dues au prix du pétrole ; Besoin de crédit des Etats et les Etats emprunteurs ; Développement du crédit des ménages ; puissance financière des organismes de retraite par capitalisation. » (Marcel Gauchet) –  Quelques sources de la financiarisation du monde.

« Les affaires, c’est l’argent des autres. » (Emile de Girardin)

« ‘L’argent ne fait pas naturellement, donc ne doit pas faire de petits’. Toute opération de crédit portant intérêt buta longtemps sur ce dogme que les scolastiques empruntèrent à Aristote pour condamner le prêt avec intérêt. » (Jacques Le Goff – La civilisation de l’Occident médiéval)

« La thèse de la ‘privation relative’, l’idée que l’on compare ses revenus et son statut uniquement à ceux qui sont à un ou deux échelons de nous, vers le haut ou vers le bas, a été rendue obsolète par la transparence offerte par les réseaux sociaux et par l’égalitarisme naïf du système éducatif, encourageant l’idée que chaque élève peut devenir ce qu’il voudrait être. » (David Goodhart) 

« La promotion de l’intérêt au rang de mobile hégémonique est le correspondant passionnel de la promotion de la monnaie au rang de médiateur universel des échanges, de mesure unique des valeurs et d’incarnation privilégiée de la richesse. » (Jean-Joseph Goux)

« Plusieurs catégories de ’métiers’ se sont hissées au-dessus de leur condition antérieure. Les patrons et les cadres supérieurs, on le sait, les financiers aussi, mais encore les juristes, les membres du ‘show-bizz’ et certains journalistes relevant de la sphère audiovisuelle, sans parler des sportifs professionnels. Cet ensemble disparate en apparence présente un point commun ; les bénéficiaires, qui fixent eux-mêmes leurs rémunérations ou les négocient en position de force, échappent au marché du travail. Etrangement, contrairement à la ‘masse salariale’, ces rémunérations ne sont pas un coût pour les entreprises concernées. » (Jean-Luc Gréau) – Mais les Gogos au SMIC sont conditionnés à applaudir les footballeurs et les animateurs télé… Pauvres aliénés.

« Si (jadis) l’argent tenait le pouvoir, au moins devait-il assumer l’illégitimité morale de son statut … S’il avait la puissance, au moins n’avait-il, pas encore, la gloire … Nous voilà dans une configuration nouvelle : non seulement l’argent gouverne mais il règne ! … Cette rupture fut évidemment traduite par la culture dominante, celle des média. » (Jean-Claude Guillebaud) – L’éloge du trader, du Golden boy, de l’homme d’affaires ; corrélativement, la disqualification de la pauvreté.

« Le rôle indispensable que joue la monnaie en rendant possibles l’ordre étendu de coopération humaine et le calcul général des valeurs de marché. » (Friedrich von Hayek)

« La douce passion pour l’argent, même grossière et indigne, pouvait vaincre et enterrer les passions violentes qui avaient alimenté … les cycles de boucherie sans fin. » (Stephen Holmes) – Allusion à la naissance du Libéralisme et du Capitalisme à la suite des guerres dites de religion.

« Où l’argent devient véritablement monstrueux, c’est quand cachant l’éclat de son nom sous le voile noir d’un mot, il s’intitule le capital. Alors son action ne se limite plus à des incitations individuelles , à des conseils de vols et de meurtres, mais elle s’étend  à l’humanité toute entière. » (Joris-Karl Huysmans)

« Mieux vaut toucher de l’argent que du bois car l’argent conjure plus aisément le mauvais sort. » (Henri Jeanson)

« Les enrichis n’ont pas appris à être riches et les appauvris n’ont pas appris à être pauvres. » (Joseph Joubert) 

 « L’argent avait paru jadis scandaleux face à la pauvreté ; désormais, c’est la pauvreté qui devenait objet de scandale face à l’argent. » (Bertrand de Jouvenel)

« Pour que la société reste viable, il fallait que la cupidité des capitalistes demeurât une exception dans une société globale animée par des sentiments nobles et désintéressés Non que celle-ci (la valeur unique de l’argent) ait été absente des sociétés anciennes. Bien loin de là. Mais le système de l’argent y cohabitait avec d’autres systèmes (c’est, ou c’était,  le cas dans le système aristocratique fondé sur l’honneur, dans le système chrétien fondé sur la charité, dans le système prolétarien fondé sur la solidarité) … Le capitalisme se conduit en prédateur, destructeur progressif du lot de valeurs accumulées avant son apparition … L’extension à des secteurs sociaux non marchands de la logique de la marchandise … Toutes les valeurs non mercantiles ayant été phagocytées par le système de l’argent … ‘Pour la première fois dans l’histoire du monde, les puissances spirituelles ont été toutes ensemble refoulées non point par les puissances matérielles, mais par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l’argent … Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul face à l’esprit’. » (Jacques Julliard – citant Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes)

« L’argent est par lui-même sans qualités ; chacun pourrait en avoir, ce qui n’est pas le cas de la valeur morale et de la culture. » (Hermann von Keyserling)

« Un idiot riche est un riche. Un idiot pauvre est un idiot. » (Paul Laffitte)

« L’argent ramasse en lui la satisfaction idéale de tous les désirs à la fois : mais le désir de l’argent repousse la satisfaction de tout désir particulier … Il est le désir de pouvoir les satisfaire, mais sans jamais les satisfaire. L’avarice est donc la seule passion qui ne se laisse jamais emprisonner par son objet … parce qu’il peut s’accumuler sans cesse … parce qu’il représente tous les biens à la fois sans que je sois pourtant obligé d’appliquer ma pensée à aucun d’eux. »(Louis Lavelle). Ce que corrobore Jean Dutourd : « L’avare n’est point matérialiste puisqu’il se contente du symbole, de la puissance abstraite, alors que le prodigue éprouve sans cesse le besoin de convertir sa puissance abstraite en jouissances matérielles. »

« Les gens ont besoin d’avoir quelque chose dans leur vie qui ait plus d’importance que l’argent ; surtout, peut-être, quand ils ont peu d’espoir d’en gagner beaucoup. » (Charles Leadbeater – cité par David Goodhart – sur l’explication du résultat de certains référendums, Brexit…)

« L’argent de l’administration est pur, ce n’est pas le sale argent capitaliste. Cette doctrine est une aubaine, car évidemment, à l’instar de la bureaucratie soviétique, la française pullule de potentats qui accumulent les privilèges de toutes sortes, voire les avantages en nature liés à leur place. Il est pur et divin de s’enrichir sous le protectorat de l’administration ; il est impur et frauduleux de gagner l’argent en dehors de l’organisation sublime. » (Pierre Legendre)

« L’obsession … pour l’argent des autres en dit plus sur le règne de l’envie et du soupçon … » (Elisabeth Lévy) – Que sur un quelconque souci de moralité !

« Les hommes oublient plus facilement la mort de leur père que la perte de leur patrimoine. » (Machiavel)

« Trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l’argent, secondement de l’argent, troisièmement de l’argent. » (D’un maréchal au roi qui demandait ce qu’il fallait pour gagner la guerre)

« Au lieu d’être tenu pour un simple aliment servant à l’équipement et au ravitaillement matériel d’un organisme vivant qui est l’entreprise de production, c’est l’argent qui est tenu pour l’organisme vivant, et l’entreprise avec ses activités humaines pour l’aliment et l’instrument de celui-ci. En telle sorte que les bénéfices ne sont plus le fruit normal de l’entreprise alimentée par l’argent, mais le fruit normal de l’argent alimenté par l’entreprise. » (Jacques Maritain)

« L’intérêt individuel n’est pas dirigé vers des objectifs économiques seulement par des motifs pécuniaires : l’honneur, la vanité, l’estime sociale, l’amour du confort et celui de la domination ont leur place. » (Christian Marouby – exposant des thèses d’Adam Smith) – Beaucoup moins exact, au moins pour les premiers motifs cités, depuis que la monstrueuse avidité fiscale interdit toutes fanfaronnades, sauf pour les politiques jouissant impudemment de l’argent des autres.

« La soif abstraite de jouissances suppose un objet contenant la possibilité de toutes les jouissances : l’argent dans sa fonction de représentant matériel de la richesse. » (Karl Marx)

« Du point de vue de la qualité, comme représentant universel de la richesse matérielle, l’argent est sans limite parce qu’il est immédiatement transformable en toutes sortes de marchandises. Mais chaque somme d’argent a sa limite quantitative et n’a donc qu’une puissance d’achat restreinte. Cette contradiction entre la quantité toujours définie et la qualité de puissance infinie de l’argent ramène constamment le thésaurisateur au travail de Sisyphe … Il en va pour lui comme pour un conquérant que chaque nouvelle conquête ne mène qu’à une nouvelle frontière. » (Karl Marx)

« Les deux antiques forces matérielles : l’Or, le Sang … De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous … Cet Or est sans doute une représentation de la force, mais dépourvue de la signature du fort. On peut assassiner le puissant qui abuse : l’Or échappe à la désignation et à la vengeance. Ténu et volatil, il est impersonnel. Son règne est indifféremment celui d’un ami ou d’un ennemi… Sans que rien ne le trahisse, il sert également Paris, Berlin et Jérusalem. Cette domination, la plus absolue, la moins responsable de toutes, est pourtant celle qui prévaut dans les pays qui se déclarent avancés … Nos libres penseurs n’ont pas encore compris que le dernier obstacle à l’impérialisme de l’or, le dernier fort des pensées libres est justement représenté par l’Eglise catholique qu’ils accablent de vexations. … C’est le spirituel qui baisse dans le mode, lui qui régna sur les argentiers et les rois ; c’est la force brutale qui repart à la conquête du monde. » (Charles Maurras – L’avenir de l’intelligence)

 « L’or, divisible à l’infini, est aussi diviseur immense, et la hiérarchie qu’il établit sépare au lieu d’unir. » (Charles Maurras)

 « Le principal avantage que trouve l’Argent à subventionner ses ennemis  provient de ce que l’Intelligence révolutionnaire sort merveilleusement avilie de ce marché. » (Charles Maurras) 

« La disparition des hiérarchies, des vieilles forces spirituelles, politiques et militaires qui, dans l’Ancien Régime, opposaient une forte masse de résistance aux transformations trop rapides et douloureuses de la société, laissa l’Argent devenir le seul déterminant de la vie contemporaine. L’Argent sépare au lieu d’unir. Un honneur, une tradition, une fidélité se peuvent partager. L’Argent est un diviseur infini et la hiérarchie qu’il établit sépare au lieu d’unir … Aux hiérarchies et aux ordres, l’Argent substitue les castes. » (Charles Maurras)

« La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d’argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire. » (Charles Maurras)

« La magie de l’argent, en tant qu’équivalent général, réside dans la possibilité qu’il offre au sujet d’être quitte de toute dette envers un donateur à partir du moment où le service rendu a été payé sur le champ … L’échange marchand n’organise pas simplement la circulation économique des choses. Il définit simultanément une nouvelle métaphysique des rapports humains … Il annule la triple obligation de donner, recevoir, rendre, fondement anthropologique de la socialité … L’échange marchand permet de prendre des libertés avec autrui (aspect qui est indiscutablement positif pour l’individu). » (Jean-Claude Michéa)

« Dans bien des cas l’argent est désiré en lui-même et pour lui-même ; le désir de le posséder est souvent plus intense que le désir de l’employer … Après avoir été un moyen d’atteindre le bonheur, il est venu à être lui-même un élément de la conception qu’a l’individu du bonheur … On peut dire la même chose de la plupart des grands buts de la vie humaine, par exemple, le pouvoir ou la célébrité, avec cette différence que chacune de ces deux choses procure un plaisir immédiat ce qu’on ne peut pas dire de l’argent … même si elles sont poursuivies pour l’aide immense qu’elles nous apportent pour la réalisation de nos autres souhaits … Ainsi, les moyens (argent, pouvoir, célébrité, gloire…) sont devenus une partie de la fin, et une partie plus importante qu’aucune des choses dont ils sont les moyens. » (John Stuart Mill)

« Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C’est la seule chose qui ne s’achète pas. » (un personnage de Stendhal, Mathilde de la Mole)

« Son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa bourse. » (Molière – Le bourgeois gentilhomme)

« On aimait l’or parce qu’il donnait le pouvoir et qu’avec le pouvoir on faisait de grandes choses. Maintenant on aime le pouvoir parce qu’il donne l’or et qu’avec cet or on en fait de petites. » (Henry de Montherlant – Le maître de Santiago) – Des temps héroïques aux temps médiocres. 

« Pays où la croix n’est que le signe plus. » (Paul Morand – sur les Etats-Unis)

« Pour gagner de l’argent il faut un don, mais pour le dépenser il faut une culture. » (Alberto Moravia)

« L’argent a tout dévoré. Il a réussi à installer au cœur de l’homme le vieux rêve divin de la bête, la possession sauvage. » (Emmanuel Mounier)

« Comment faire comprendre que toute transaction autre que financière est hors de prix ? Que ce qui ne s’achète pas coûte les yeux de la tête ? Que les ennemis mortels de la valeur-or deviennent bien souvent les inquisiteurs fiscaux et moraux impitoyables des sociétés de justice et de progrès ? » (Philippe Muray – reprenant Faulkner et en défense de Paul Claudel)

« L’aristocratie de l’argent, la pire de toutes. » (Napoléon Bonaparte) – La seule tolérée, et adulée, en France.

« Quand on a fait une cinquantaine de successions on n’a plus guère d’illusions sur l’âme humaine » (un notaire)

« L’avare a toutes les souffrances du pauvre et pas une de ses joies. » (Charles-Nicolas de Nugent)

« Contrairement à ce que croient les pauvres, l’argent ne fait pas le bonheur des riches. Mais contrairement à ce que croient les riches, il ferait celui des pauvres. » (Jean d‘Ormesson)

« Chaque monde sera jugé sur ce qu’il aura considéré comme négociable et non négociable. » (Charles Péguy) – Qui, de son temps, ne pouvait songer à la GPA, Gestation pour autrui et location de ventres. – « Tout se monnaye, nulle sphère de l’existence n’échappe à l’échange. »  (Alain Finkielkraut)

« L’Ancien Régime au moins n’avait pas commis cet abus d’être uniquement, inexpiablement, le règne, le régime de l’argent. Des puissances spirituelles existaient encore, balançaient encore la puissance de l’argent. » (Charles Péguy)

« Evénement aussi monstrueux que si l’horloge se mettait à être le temps. » (Charles Péguy – A propos de l’envahissement de l’argent dans tous les interstices de la vie) 

« L’Ancien Régime au moins n’avait pas commis cet abus d’être uniquement, inexpiablement, le règne, le régime de l’argent. Des puissances spirituelles existaient encore, balançaient encore la puissance de l’argent. » (Charles Péguy)

« Contrairement à certaine vulgate,  l’homme agit de manière, non pas à protéger son intérêt individuel à posséder des biens matériels, mais de manière à garantir sa position sociale, ses droits sociaux, ses avantages sociaux. Il n’accorde de valeur aux biens matériels que pour autant qu’ils servent cette fin. » (Karl Polanyi)

« ‘J’achèterai tout’ dit l’or ; ‘Je prendrai tout’ dit l’épée. » (Pouchkine)

« Je déteste un certain socialisme parce qu’il a la haine de l’argent au lieu d’en avoir le mépris. » (Charles-Ferdinand Ramuz)

« Il faut pas mal d’argent pour pouvoir s’en passer. » (Charles Régismanset)

« Si l’argent ne fait pas le bonheur, alors rendez-le. » (Jules Renard)

« Il ne tient pas à son argent, il ne tient qu’à l’argent des autres. » (Jules Renard)

« Il y a des gens qui n’ont de leur fortune que la crainte de la perdre. » (Rivarol)

« L’assemblée nationale a pris pour réussir un des grands moyens de l’Evangile : prêcher la haine des riches, les traiter tous de ‘mauvais riches’. De là au partage des biens il n’y a qu’un pas … Les maximes actuelles ont déjà ruiné les riches sans enrichir les pauvres ; et eu lieu de l’égalité des biens, nous n’avons encore que l’égalité des misères et des maux … Ils aimaient tant la fortune qu’ils ne pouvaient souffrir ceux qui la possédaient. » (Rivarol)

« Mirabeau est capable de tout pour de l’argent, même d’une bonne action. » (Rivarol)

« L’intérêt fait jouer toutes sortes de personnage, et même celui de désintéressé. » (La Rochefoucauld) 

« L’argent qu’une génération gagne rend parfois vulgaire la génération suivante. » (Drieu la Rochelle)

« On a de tout avec de l’argent, hormis des mœurs et des citoyens. » (J. J. Rousseau)

« L’argent qu’on possède est l’instrument de la liberté ; celui qu’on pourchasse est celui de la servitude. » (J. J. Rousseau)

« Qui va donc faire peur aux riches maintenant ? » (Claude Roy) – Après la chute du communisme. Les envieux y pourvoiront.

« Je ne vois pas pourquoi l’argent n’aurait pas d’odeur, lui qui peut tout avoir. » (Erik Satie)

« Autrefois, une opération économique avait pour fin la possession et la jouissance d’une valeur qualitative bien déterminée, et réservait à l’argent un rôle accessoire de moyen d’échange, désormais, c’est une valeur monétaire qui est la fin de l’opération et la qualité de la chose n’est plus qu’une fin intermédiaire. Le schéma de l’opération : ‘Richesse-Argent-Richesse devient Argent-Richesse-Argent’. » (Max Scheler – citant Karl Marx)

« Le monde entier a remplacé la cour de Rome pour accorder des indulgences aux riches. » (Petit-Senn)

L’argent étant le moyen absolu « il s’élève, pour cette raison même, à la signification psychologique d’une fin absolue. » (Georg Simmel)

« Il permet aux hommes de ne pas se regarder dans les yeux. » (Georg Simmel)

« L’argent devient le niveleur le plus redoutable ; il vide irrémédiablement les choses de leur substance, de leur caractère propre, de leur valeur spécifique et incomparable. » (Georg Simmel)

« De toutes les activités auxquelles l’homme s’est jusqu’alors essayé – guerre, politique, religion, jeux violents, sadisme sans réciprocité – faire de l’argent reste socialement la moins dommageable. » (Adam Smith)

« L’esprit propose, l’argent dispose. » (Oswald Spengler)

« La fortune est de verre. » (Publius Syrus)

« A quoi te sert l’argent si tu ne sais pas l’employer? » (Publius Syrus)

« Fortune trop vite acquise s’évanouit, amassée peu à peu, elle augmente. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)

« Le premier réflexe de l’égalitarisme est ce cri : Pourquoi pas moi ? … En face de l’argent surtout, tout le monde se sent digne d’être l’élu … se sent capable de jouir … Ce n’est pas l’effet du hasard si les époques où le primat social est dévolu à l’argent sont aussi celles où sévit la pire fièvre égalitariste. » (Gustave Thibon)

« Là où l’argent ne suffit pas à classer un homme, le manque d’argent ne suffit pas à le déclasser. » (Gustave Thibon – se référant aux milieux populaires, particulièrement paysans, et à la noblesse, la vraie) – Pas les petites crapules politico-médiatiques.

« Qu’est-ce que cela lui rapportera ? » (Henry David Thoreau – rapportant la réflexion typique de l’Américain sur n’importe quelle initiative) – Continuons à les copier servilement.

« Quand les concitoyens sont tous indépendants et indifférents, ce n’est qu’en payant que l’on peut obtenir le concours de chacun d’eux ; ce qui multiplie à l’infini l’usage de la richesse et en accroît le prix. Le prestige qui s’attachait aux choses anciennes ayant disparu, la naissance, l’état, la profession ne distinguent plus les hommes, ou les distinguent à peine ; il ne reste plus guère que l’argent qui crée des différences très visibles entre eux et qui puisse en mettre quelques uns hors de pair. La distinction qui naît de la richesse s’augmente de la disparition et de la diminution de toutes les autres. » (Alexis de Tocqueville)

« L’argent ne représente qu’une nouvelle forme d’esclavage impersonnel à la place de l’ancien esclavage personnel. » (Léon Tolstoï)

« Quand on dit ‘qu’il n’y a plus que le pognon qui distingue les gens’, on veut dire qu’il n’y a plus de débats, que la contradiction sociale a été dépassée, recluse, car le ‘pognon’ quand il devient dominant comme critère d’identité, signale la dissolution des classes en tant qu’instances qualitatives et qualifiantes. » (Marin de Viry)

« L’argent détruit les racines partout où il pénètre, en remplaçant tous les mobiles par le désir de gagner. Il l’emporte sans peine sur les autres mobiles parce qu’il demande un effort d’attention tellement moins grand. Rien n’est si clair et si simple qu’un chiffre. » (Simone Weil – L’enracinement – cité par Alain Supiot) 

« Si, pour arriver au but, tu te heurtes à des obstacles, fais-toi précéder d’une troupe de dinars. » (Al-Zamakhchari)  

« L’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas. Le veau d’or est toujours de boue. » (slogan soixante-huitard – reprenant les liens inconscients entre l’argent et l’excrément)

« Les jetons ne font pas de rejetons. » (adage du droit canon – sur la prohibition du prêt à intérêt)

« Plus vous en laissez à vos héritiers, moins ils vous regrettent. » (proverbe)

« Garde ton argent pour le mauvais temps. » (proverbe)

« Sans argent, pas de Suisses. » (proverbe historique) – auquel un plaisantin rajoutait « pas de Suissesses, non plus. »

« L’avare est un homme qui s’obstine à vivre pauvre pour mourir riche. » (proverbe)

« Qui a richesses ne sait quel ami lui est. » (proverbe)

« Les sottises du riche sont des sentences. » (proverbe)

« L’argent est rond pour rouler ; l’argent est plat pour s’entasser. » (proverbe)   

« L’argent ne fait pas le bonheur dit-on; je pense qu’on parle de l’argent des autres. » (?)

« L’argent c’est la puissance projetée sur le monde. L’Amérique l’investit donc de sainteté. »(?)

« Puisque l’argent répond à tous les besoins, pourquoi fatiguer son esprit à autre chose. » (?)

« Bon serviteur et mauvais maître. » (?)

« L’avare qui, dictant son testament, s’était institué son héritier. » (?)

« Je n’ai jamais aimé l’argent que comme un moyen de plier les êtres et les chose. » (?) – Phrase d’un dominateur, pas d’un jouisseur.

« L’âge d’or était l’âge où l’or ne régnait pas. » (?)

« Le fait des temps modernes c’est que la terre ne tourne plus autour du soleil mais que l’argent court autour de la terre. » (?) – Sur la spéculation débridée et instantanée.

« La cavalerie de Saint-Georges. » ( ?) – Nom donné jadis, notamment sous Napoléon, à l’argent anglais qui gagnait plus de batailles que la vraie cavalerie. A régné jusqu’au milieu du XX° siècle, depuis où sont les maîtres de cette cavalerie ?

Syndrome dit du casino « Utiliser des jetons à la place de la monnaie réduit la barrière psychologique à la dépense excessive. » (?) – Club MED…

 « In gold we trust. » (?)

Extraits simplifiés d’un livre de Raymond Boudon, L’art de se persuader des raisons douteuses, fragiles ou fausses portant sur le livre de Georg Simmel, La philosophie de l’argent.

 « Selon Simmel, la diffusion de l’argent dans les sociétés modernes a profondément affecté la pensée humaine. Certes on sait que les relations sociales dans ces sociétés tendent à devenir impersonnelles. Mais : – Les biens sont devenus mesurables et ont, par suite, acquis une valeur objective, objectivation des valeurs, la valeur nous paraît être une propriété des choses (ce qu’à l’évidence elle n’est pas, comme la couleur) – Affectation et brouillage de nos distinctions entre moyens et fins, complexification des sociétés, les finalités ultimes des actions de l’individu tendent à lui échapper (quelles destinations auront les étoffes fabriquées par le tisserand chinois ?) – Renforcement de la pensée quantitative, extension à l’extrême de l’empire du mesurable – Le fondement de la valeur devient difficilement perceptible par le sujet, lequel n’est plus en mesure de saisir l’ancrage de la valeur dans le désir, les choses ont une valeur non seulement supra-individuelle, mais objective – Véritable mutation de cette pensée, celle-ci passe du mode singulier au mode universel, du mode subjectif au mode objectif, du mode qualitatif au mode quantitatif, du mode substantialiste au mode relativiste … Hypothèse selon laquelle l’argent aurait fait le lit de la pensée scientifique en suggérant que les objets les plus hétéroclites pouvaient … être comparés, mesurés et comme dépouillés de leur substance et de leur singularité … De plus en favorisant la naissance de la catégorie de l’universel, l’économie monétaire aurait facilité l’apparition d’une catégorie sociale inédite, celle des intellectuels (type social peu compatible tant que régna la pensée substantialiste avec son monde peuplé d’entités singulières) ; intellectualisation de la vie et développement de l’individualisme (vision dans laquelle chacun put s’estimer porteur d’universalité) … Effacement de la pensés substantialiste, avec laquelle les choses ont une essence, tendent à être incommensurables, sont dotées de singularité, même la substance des idées s’efface (l’âme conçue de manière substantielle se trouve considérée dans une forme et un cadre relationnel). »

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– Economie

– L’ère moderne a été témoin de l’émergence d’un nouveau mode de considération des phénomènes humais et de la délimitation d’un domaine séparé … évoqués par les mots d’économie… » (Louis Dumont)

– Fermez le cercle : la consommation tire la production, qui tire les investissements, qui tirent l’emploi, qui tire le pouvoir d’achat, qui tire la consommation…

– Jadis signifiait : bon ordre dans la conduite d’un établissement ou d’une maison. On voit que le sens moderne de bazar généralisé est bien différent. « Jusqu’au milieu du XX° siècle, pour la plupart des gens, l’économie renvoyait avant tout au fait d’être économe : épargner les ressources naturelles, prendre soin des objets, ne rien jeter… » (Serge Latouche) – Pauvres attardés !

– Encore auparavant, « Quand l’expression s’est formée, consommation signifiait ‘détruire, piller, épuiser’, le terme comportait une connotation négative avant de devenir la valeur clé de l’époque. » (Jean-Paul Besset) – « Cela se consomme si bien que ça se consume. » (Jacques Lacan)

– La grande rupture Producteur-Usager caractérise les débuts du capitalisme ; soit la rupture de la confusion fréquente des deux rôles, la diminution des liens familiaux et communautaires (les rapports d’appartenance appelés liens primaires), la création d’un marché distinct, la vision libérale de deux institutions seulement : le marché et l’Etat (avec lesquelles on ne peut avoir que des liens secondaires, non prioritaires).

– Suivant la théorie libérale classique, le producteur produit ce que veut l’usager (utilité, préférence…) totalement libre. En réalité moderne l’offre précède de plus en plus, et même presque toujours, la demande (quitte à la créer ou la stimuler par la publicité). La création de l’homo economicus classique, entièrement libre de ses décisions, de ses choix, était qualifiée de Robinsonnade par l’humoriste Karl Marx.

 – Aucune réflexion sur l’économie ne peut se dispenser d’une réflexion critique sur le désir.

 – Suivant Georges Bataille (La part maudite), l’excédent de ressources disponibles dû à la production ne peut être résorbé que par la dépense somptuaire d’une couche sociale privilégiée, par l’accumulation du capital (capitalisme) qui contribue d’ailleurs à accroître le volume des ressources disponibles, par la société de consommation effrénée, de gaspillage (société de consumation selon l’auteur), par la guerre ou sa préparation. On peut d’ailleurs cumuler ces diverses solutions.

– La justice dépend étroitement de la puissance. Ainsi le gouvernement américain ne se prive pas de racketter les entreprises non américaines (notamment européennes et surtout françaises) sous n’importe quel prétexte. La sanction du non paiement de ces amendes énormes étant la fermeture du marché américain, ce que les entreprises concernées ne peuvent évidemment pas se permettre. La justice d’Andorre ou du Liechtenstein ne peut non moins évidemment se permettre un luxe aussi profitable. Que les Américains soient des brutes avides, forcenées quand il s’agit d’écraser plus faible (voir les fameuses sanctions imposées à tous les pays contre un seul), et dépourvues des scrupules les plus élémentaires ne surprendra personne (excepté quelques Bobos nomades aussi tarés)  – « Il est patent que le droit est devenu le prolongement de la guerre économique, par d’autres moyens. Cette extension mondiale du système normatif américain, consentie par ses acteurs aveuglés par un soft power efficace, a accouché de la doctrine d’extraterritorialité qui consiste à appliquer à un acteur économique une loi d’un autre État, ce qui revient à l’assujettir au-delà de ses frontières. La globalisation a ainsi fourni les prétextes et créé des appâts qui allaient permettre de sanctionner les concurrents malheureux. (Olivier de Maison Rouge – sur l’impérialisme américain)

– Produire plus, donc consommer plus, donc susciter des besoins à l’infini. « La société de consommation est l’aboutissement inéluctable d’une société de croissance. » (Serge Latouche)

– « Doit-on consommer pour vivre ou vivre pour consommer » (?)Telle est la nouvelle question existentielle.

« Le moteur de l’économie n’est plus le commerce de marchandises et de services, mais le mouvement des capitaux, des masses monétaires. L’économie est passée d’une phase réelle à une phase symbolique. » (Alexandre Zinoviev)

Voir aussi aux rubriques : Libéralisme, 175,10, Ecologie, 510,1 et Développement durable, 510, 3

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« La frénésie de consommation des produits les plus récents de la technique ne rend pas seulement indifférent au produit même, mais fait accepter la camelote la plus éculée et jouer le jeu de la stupidité programmée … Pour répondre au progrès technique, le consommateur n’a que sa volonté obstinée et bornée … de ne jamais être en retard sur le processus de production et de ne jamais se demander à quoi sert un produit. Faire comme tout le monde, participer à la bousculade, faire la queue… » (Theodor Adorno) – Et encore, écrit avant les téléphones portables, iphones, tablettes et Dieu sait quoi !

« L’économie va donc jouer, dès la fondation de l’individualisme moderne, à la fois comme principe de régulation et d’harmonisation des rapports individuels et comme principe d’explication du fonctionnement social ; la combinaison des deux se cristallisant dans le concept de ‘marché’ … La politique devient tendanciellement inutile, : si elle doit subsister, ce ne sera qu’au titre de résidu ou de supplément rendu nécessaire par les éventuels dysfonctionnements de la loi d’intérêt réciproque qui échoue à assurer, à elle seule, l’autorégulation du social … Envahissement et réduction du social à l’échange généralisé qui aboutit à l’éviction ou à l’exténuation du politique … Le marché concept organisateur et unificateur du rapport social … L’institution du politique n’est plus la condition de l’existence de l’ordre social : c’est la régulation des passions et des intérêts à travers les mécanismes du marché qui en est le centre de gravité. » (Myriam Revault d’Allonnes) 

« La transformation d’une société de production en société de consommation, cette dernière ne pouvant se perpétuer que par sa métamorphose en une gigantesque économie de gaspillage … La doctrine du progrès comme présupposé de toute cette époque dans son développement … ‘Le progrès  a été un bulldozer traçant sa propre route, qui n’a laissé aucune empreinte durable derrière lui, et qui n’a avancé vers aucune destination envisageable ni humainement souhaitable … Le mouvement est devenu le but ‘… Cesser le mouvement, le gaspillage, la consommation toujours plus importante, toujours plus rapide, parce que dire à un moment donné ‘en voilà assez’ équivaudrait à un effondrement immédiat. » (Hannah Arendt L’ère du déclin – – citant Lewis Mumford) – C’est bien pourquoi nous nous préparons un effondrement imposé autrement plus dramatique qu’un effondrement préparé et consenti.

« Ce qui met le monde de la consommation en mouvement c’est dorénavant le renouvellement de l’offre, non celui de la demande. L’innovation technologique ne cesse de créer de nouveaux produits et de susciter de nouveaux désirs vite transformés en nouveaux besoins. » (Marc Augé)

« Le productivisme (lié à la société de consommation) propose aux hommes de remplir le tonneau des Danaïdes dans un mécontentement croissant. » (Jean Baechler)

« C’est la dévalorisation des fonctions religieuses, politiques et militaires qui a concentré les énergies sur les activités économiques … L’élite anglaise  s‘est occupée d’économie faute de débouchés politiques et militaires. » (Jean Baechler) – Au moins avant l’extension de la colonisation.

 « Le caractère unique du système économique occidental … Pourquoi les Occidentaux, et eux seuls, ont-ils adopté un comportement économique caractérisé par la quête incessante de l’efficacité maximale ? … D’autres sociétés et d’autres époques ont connu une évolution du même type, sans aboutir à une révolution industrielle … – Séparation villes-campagne – Apparition d’un groupe social de marchands – Extension des rapports commerciaux à une aire de plus en plus vaste – Apparition de la manufacture – Extension du commerce au monde entier, du fait de la découverte de l’Amérique et de la colonisation – Domination du marché mondial par une nation, l’Angleterre – Développement des forces productives pour répondre à une demande croissante, ce qui engendre la révolution industrielle … L’importance majeure attribuée à la création d’un marché mondial, à chaque étape du développement du capitalisme. » (Jean Baechler – résumant la pensée de Marx et d’Engels – Les origines du capitalisme)

« Le consumérisme a besoin de l’ethos infantilise parce qu’il favorise le laxisme et le loisir par rapport à la discipline, valorise l’impétuosité infantile et le narcissisme juvénile sur l’ordre adulte et l’intérêt éclairé »2. (Benjamin Barber) 

« Le capitalisme a radicalement changé. S’il a pu être historiquement associé à des vertus qui ont aussi contribué à fonder la démocratie, il est aujourd’hui lié à des vices qui la détruisent. ‘L’ éthique protestante’ de Max Weber, qui privilégiait le travail, l’épargne, la vie simple, la probité, la responsabilité et une économie œuvrant à la satisfaction de vrais besoins, s’est muée en son contraire : un ‘éthos infantiliste’ qui glorifie la consommation, la superficialité et la dépense inutile pour assouvir de faux besoins. Nous sommes passés du capitalisme productiviste au capitalisme consuméristePassage d’un système qui répondait à des besoins à un système qui produit des besoins Les ex-citoyens sont transformés en grands enfants, tandis que les vrais enfants et les adolescents deviennent l’épicentre et la cible privilégiée du marketing … Pour la première fois dans l’histoire, la société estime que sa survie économique exige une sorte de régression contrôlée, une culture qui incite à rester puéril et non à mûrir. » (Benjamin Barber – Comment le capitalisme nous infantilise)

« Vendre à un public de jeunes et inoculer aux consommateurs âgés des goûts de jeunes … La mondialisation incite aussi à vendre aux jeunes de par la relative homogénéité des goûts de la jeunesse (et son caractère malléable)… Séparer l’enfant d’avec sa mère et sa famille pour mettre la main sur lui, libérer les jeunes des contraintes de la discipline des adultes pour mieux leur imposer celles du marché … Figés dans le temps, les adultes vieillissants restent de jeunes consommateurs toute leur vie … Eveillez les enfants et abêtissez les adultes (l’abêtissement de la culture travaille pour la consommation ; les films à gros budgets et à grands succès sont des films qui ciblent le marché adolescent étiré de treize à trente ans) … Remodeler toutes les institutions culturelles, pédagogiques et politiques pour qu’elles contribuent à maintenir un état d’esprit favorable à l’infantilisation … Etant ceux qui ont le moins et donc veulent le plus (leur avidité sans frein venant à la rescousse), les enfants sont en position parfaite pour être capturés … Qu’à dit G. Bush aux Américains après le 11 septembre 2001 : ‘continuez, allez au centre commercial’ … D’un côté une éthique pour consommateurs infantilisés, d’un autre une théologie pour croyants infantilisés (la tribu de prédicateurs : entrepreneurs d’émission télévisés et autres gourous d’école de commerce prônant tous les archétypes antérieurs : l’entrepreneur aventureux, le comptable prudent, l’individu informé et rationnel libre de ses choix et le ‘manager’ pourvu des mêmes qualités)… L’éthos consumériste a fait pour la consommation ce que l’éthos ascétique de Weber avait fait jadis pour la production avec la trilogie de John Wesley : gain, épargne et don pour sanctifier le tout, notamment les méthodes de piraterie anticoncurrentielles et monopolistiques (sanctification que l’on retrouve dans les diverses fondations de milliardaires, telles celles de Bill Gates, Warren Buffet…) … Ce n’est pas vraiment ‘qu’il n’y a plus d’enfance’, mais qu’il n’y a plus d’âge adulte. » (Benjamin Barber – Considérations éparses sur le capitalisme consumériste) – Des flibustiers de jadis, de  Rockfeller, aux requins actuels, rien n’est changé sur le plan de l’immoralité des procédés.

« Par rapport à l’âge adulte, l’enfant préfère le facile au difficile, le simple au complexe et le rapide au lent … L’utilisation de ces termes, ou leurs équivalents, dans les publicités. Restauration rapide, crédits, jeux vidéos, Actualités, primauté de l’image sur le texte. » (Benjamin Barber)

« En nous, le consommateur est dressé contre le citoyen … Conflit entre notre intérêt privé, acheter des produits à bon prix, et notre intérêt public, avoir une économie capitaliste juste et amie des collectivités locales, qui crée des emplois sûrs, bien payés, préserve les petites villes et les quartiers commerçants… » (Benjamin Barber) – Peut-être vrai aux Etats-Unis. En France l’ahurissante ponction fiscale profite bien plus à l’entretien de la gigantesque classe politico-bureaucratique qu’à des investissements utiles.

« Le marché consumériste se caractérise par l’ubiquité (il est partout, des stades portent des noms de marque…), l’omniprésence temporelle (il est toujours là et aspire à emplir l’ensemble du temps, magasins ouvert en permanence, fêtes religieuses et cadeaux…), l’addictivité (il crée ses propres formes de renforcement, création de désirs, dons de marchandises à des associations, universités…), la capacité d’autoduplication (il se répand comme un virus, le biais des franchises, McDonald, Starbucks) et l’omnilégitimité (il s’autojustifie activement et mine ainsi les fondements de toute résistance, le commerce renforce notre liberté, élargissement du choix, récupération du col Mao, traitement des valeurs oppositionnelles, qu’elles soient religieuses, morales ou civiques en en faisant un jeu…). Conjointement ces cinq traits assurent au marché un pouvoir sur nos vies et nos pensées, nos corps et nos âmes, qui rivalise …  avec les formes traditionnelles du totalitarisme … Moins toxiques, ils sont plus difficiles à combattre et à vaincre. » (Benjamin Barber)

« L’échec du communisme a été pris à tort pour une preuve des mérites du capitalisme, voire de son invincibilité. » (Benjamin Barber)

« Le consumérisme a besoin de l’ethos infantiliste parce qu’il favorise le laxisme et le loisir par rapport à la discipline, valorise l’impétuosité infantile et le narcissisme juvénile sur l’ordre adulte et l’intérêt éclairé »2. (Benjamin Barber)

« Les centres commerciaux sont d’autant plus des lieux de destination, surtout pour la population résidant dans des banlieues,  qu’ils deviennent progressivement le seul centre de vie collective dans toute la zone sur laquelle ils rayonnent. » (Benjamin Barber)

« La société de consommation est aussi, par nécessité, une société de simulation. Il n’y a plus de goût, ni même de mauvais goût, qui tienne, ce qui émerge depuis la fin des années soixante, c’est le goût plat … le goût lisse … Avec le goût plat, tout passe, tout glisse … Consommer est devenu la règle première du civisme contemporain. Les média s’emploient, jour après jour, à nous en convaincre. »  (Olivier Bardolle)

« Dans la sphère économique, un acte, une habitude, une institution, une loi n’engendrent pas seulement un effet, mais une série d’effets. De ces effets, le premier seul est immédiat ; il se manifeste simultanément avec sa cause, ‘on le voit’. Les autres ne se déroulent que successivement, ‘on ne les voit pas’ ; heureux si on les prévoit …. Entre un mauvais et un bon économiste, voici toute la différence : l’un s’en tient à l’effet ‘visible’ ; l’autre tient compte et de l’effet ‘qu’on voit’ et de ceux qu’il ‘faut prévoir’. Mais cette différence est énorme, car il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice-versa … D’où il suit que le mauvais économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d’un grand mal à venir, tandis que le vrai économiste poursuit un grand bien à venir, au risque d’un petit mal actuel … Du reste il en est ainsi en hygiène, en morale. Souvent, plus le premier fruit d’une habitude est doux, plus les autres sont amers … Appliquons à l’économie ce que Chateaubriand dit de l’histoire : ‘Il y a deux conséquences en histoire : l’une immédiate et qui est à l’instant connue, l’autre éloignée et que l’on n’aperçoit pas d’abord. Ces conséquences souvent se contredisent ; les unes viennent de notre courte sagesse, les autres de la sagesse perdurable. L’événement providentiel apparaît après l’événement humain. Dieu se lève derrière les hommes’. » (Frédéric Bastiat)  – Tout ça est bien beau, mais ce qui importe c’est de gagner les élections de l’an prochain, alors le long terme !

« La consommation doit être divisée en deux parts distinctes. La première … est représentée par l’usage du minimum nécessaire … à la conservation de la vie et à la continuation de l’activité productive … La seconde part est représentée par les dépenses dites improductives : le luxe, les deuils, les guerres, les cultes, les constructions de monuments somptuaires, les jeux, les spectacles, les arts, l’activité sexuelle perverse (détournée de la finalité génitale … Toutes activités qui ont leur fin en elles-mêmes … A cette dernière catégorie est réservée le nom de ‘dépense’. » (Georges Bataille)

« Le rang social est lié à la possession d’une fortune, mais c’est encore à la condition que celle-ci soit partiellement sacrifiée à des dépenses sociales improductives … le prestige de la perte … corrélé parfois avec le défi et l’humiliation de l’autre (sociétés primitives). » (Georges Bataille)

« Rien n’est plus différent de l’homme asservi aux œuvres de croissance (ancienne bourgeoisie, ouvrier d’URSS…) que l’homme relativement libre des sociétés stables. » (Georges Bataille)

« Ce qui distingue l’économie médiévale de l’économie capitaliste, c’est que, … la première, statique, faisait des richesses excédantes une consumation improductive, alors que la seconde accumule et détermine une croissance dynamique de l’appareil de production. » (Georges Bataille)

« Ce qu’on appelle ‘accumulation’ signifie que de nombreux individus fortunés se refusèrent aux dépenses improductives d’un train de vie fastueux et employèrent leurs disponibilités à l’achat de moyens de production. De là la possibilité d’un développement en progression accélérée, et même … la consécration en retour d’une partie des ressources ainsi accrues à des dépenses non-productives. » (Georges Bataille)

« Nous ne sommes plus dans la croissance, nous sommes dans l’excroissance. Nous sommes dans une société de la prolifération… » (Jean Baudrillard)

« Le refus de consommer, trahison sociale au regard du libéralisme dominant. Une nouvelle lutte des classes s’engage (si le troupeau ne veut plus brouter, comment faire son beurre ?) … De nouvelles formes larvées de résistance, lorsque ceux à qui on veut extorquer le besoin, la dépense comme une obligation sociale, après leur avoir extorqué la parole, le vote, le sexe, le bonheur, réalisent quelle puissance ils ont par rapport au système, tout simplement consommer moins, non pas par objection de conscience ou détermination politique, mais par comportement réflexe d’autodéfense. » (Jean Baudrillard)

« Les nouvelles générations sont désormais des héritières, non plus seulement des biens, mais du ‘droit naturel à l’abondance’, dispensée par une instance mythologique : la Technique, le Progrès, la Croissance. » (Jean Baudrillard) – Du moins il y  a encore vingt ans.

« Il n’y a plus de différence entre l’économique et le politique, parce que le même langage y règne d’un bout à l’autre … La forme publicitaire s’est imposée et développée aux dépens de tous les autres langages, comme rhétorique de plus en plus neutre, équivalente, sans affects… » (Jean Baudrillard)

« Dans notre société tertiaire où il est plus difficile de vendre que de produire, où les signes (marques, logos) l’emportent sur la matérialité des objets … Effacement des niveaux entre  superstructures et infrastructures … Passage d’une économie fondée sur la valeur-travail, l’offre et la production à une économie fondées sur la valeur-désir, la demande et la consommation » (tiré de Jean Baudrillard)

« Il y a une complicité, non pas secrète, mais affichée entre l’Universel et le capitalisme marchand. C’est le capital qui le premier s’est alimenté … de la déstructuration de tout référentiel, de toute fin humaine, qui a brisé toutes les distinctions idéales du vrai et du faux, du bien et du mal pour asseoir une loi radicale des équivalences et des échanges. » (Jean Baudrillard) – « Gigantesque machine à dissoudre les singularités et les identités fortes, à abolir les différences réelles (de naissance, de statut, etc.) pour en produire des superficielles et des artificielles … Pour que les individus consomment des produits standard, il est impératif qu’ils appartiennent à une culture identique, que leur conception du bien et du mal, du nécessaire et du superflu, soit commune. » (tiré de Jean Baudrillard par Ludovic Leonelli)

 « L’épreuve à subir pour accéder aux meilleures positions sociales exige que les individus se reconditionnent sans cesse en produits capables d’attirer l’attention sur eux-mêmes. Cette subtile transformation des consommateurs en produits est le trait le plus caractéristique de la société de consommation … Le consumérisme associe le bonheur moins à la satisfaction des besoins qu’à une augmentation constante en volume et en intensité des désirs … A nouveaux besoins, nouvelles marchandises ; à nouvelles marchandises, nouveaux besoins et désirs ; l’avènement du consumérisme annonce l’époque de ‘l’obsolescence intégrée’ … il est le signe d’un spectaculaire développement de l’industrie des déchets … Adjoindre la soif de se débarrasser des choses et de les jeter (excès et déchet) … Les produits apparaissent et ce n’est qu’ensuite qu’ils se cherchent des applications, si échec, poubelle … Le consumérisme est aussi une économie de la tromperie, qui parie sur l’irrationalité des consommateurs, et non sur leurs évaluations motivées et pondérées … Si l’on veut maintenir en vie de nouvelles attentes, si l’on tient à ce que de nouveaux espoirs viennent remplir le vide laissé par les espoirs déjà discrédités et rejetés, il convient de raccourcir et de faciliter le trajet menant du magasin à la poubelle … La ‘vie de shopping’ a pour principal attrait d’offrir une profusion de nouveaux départs et de résurrections, d’occasions de ‘renaître’ … Nouvelles aventures, nouvelles sensations, nouvelles joies … La faculté d’invalider le passé, ‘renaître’, une série infinie de nouveaux départs. Toute une série de familles, de carrières, d’identités (témoin, l’expansion de la chirurgie esthétique) …  Les membres de la société des consommateurs sont eux-mêmes des marchandises de consommation, se transformer en marchandise commercialisable est un devoir individuel, pas juste  ‘devenir’, mais ‘se transformer’ … Le rêve de se transformer en une marchandise remarquable, remarquée et convoitée, une marchandise dont on parle, une marchandise qui se distingue de la masse des marchandises, une marchandise que l’on ne saurait ignorer, railler ou rejeter. Dans une société de consommateurs, le fait de se changer en une marchandise désirable et désirée constitue l’essence même des contes de fées … Ce qui compte vraiment c’est que ce soit ‘vous’ qui ayez maintenant les choses en main. Et vous devez les avoir en main : le choix vous revient peut-être, mais n’oubliez pas qu’il est obligatoire de choisir … L’ostracisme et l’exclusion menacent ceux qui se satisfont de l’identité qu’ils possèdent et se contentent de ce pour quoi leurs ‘partenaires’ les prennent. » (Zygmunt Bauman – Considérations éparses sur la société de consommation, que l’auteur préfère nommer société des consommateurs)

« Le déchet est le produit fini de toute action de consommation. » (Zygmunt Bauman)

« Le marché ne survivrait pas  si les consommateurs s’accrochaient aux choses. Sa propre survie dépend de ce que les clients ne connaissent ni engagement ni loyauté. » (Zygmunt Bauman)

« Je suis un publicitaire. Vous faire baver est ma mission. Dans mon métier personne ne désire votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas. » (Frédéric Beigbeder – cité par Serge Latouche)

« La croissance (tant désirée) signifie seulement de plus en plus de production vaine, ‘une importante accumulation de marchandises’ (Karl Marx), une montagne d’objets supplémentaires pour nous ensevelir … ‘En la Croissance tu Croiras’ … Produisons des millions de tonnes de produits entassés et nous serons heureux ! » (Frédéric Beigbeder)

« Vous verrez qu’un jour ils vous tatoueront un code-barre sur le poignet. » (Frédéric Beigbeder)

« ‘Economie’, voilà le mot qui peut désormais servir à tout, expliquer tout, justifier tout. Dès que quiconque développe un projet, il est rappelé à l’ordre : l’œil de Dieu le regarde, les lois du marché l’encerclent. La production et ses mécanismes le tenaillent. S’il veut paraître un peu sérieux, tout alternatif doit donner des gages : employer quelques mots sacrés, économiques … juste pour éprouver sa soumission … Dès qu’un acte s’inscrit dans la logique utilitariste induite, il nous apparait immédiatement clair et compréhensible. Si c’est pour l’argent, le profit ou l’intérêt, tout peut s’expliquer … La chose économique érige ceux-ci en biens normatifs. Celui qui ne les désire pas  devient un déviant, un marginal. Toute autre dimension dans une marchandise que sa valeur d’échange, la valeur d’usage par exemple, va être considérée comme archaïque, voire absurde. » (Miguel Benassayag, Florence Aubenas) – On peut justifier n’importe quel travail ou occupation, fût-il ou elle socialement critiquable ou même nuisible parce que c’est bien payé. 

« Dans la vision utilitariste (celle des sophistes contrée par Socrate), le seul objectif du berger, sa seule activité, faisant abstraction du cycle, ne serait orientée, que vers la vente des moutons … déréalisation du monde et folie  actuelle, l’objectif n’est même plus la vente des moutons, mais l’argent. Le néolibéralisme, à son apogée, considère ainsi le processus de production comme une perte de temps : si le mercantilisme implique la circulation marchandise-argent-marchandise, et le capitalisme argent-marchandise-argent, le néolibéralisme est l’époque où la circulation est argent-argent-argent. L’utilitarisme explique et rend légitime une telle folie. » (Miguel Benasayag)

« L’économie de marché n’est plus une simple composante de l’ordre social, elle tend à s’imposer comme une forme de civilisation ; la civilisation marchande. » (Philippe Bénéton)

« Avec l’avènement de ‘l’hyperclasse’’ dominante, le ‘turbo-capitalisme’ a retrouvé les pratiques brutales et la voracité prédatrice qui étaient les siennes à la fin du XIX° siècle … mais avec une portée planétaire. » (Alain de Benoist)

« Dans l’activité économique, les marxistes donnent le rôle prédominant au mode de production ; les libéraux, eux, le donnent au marché … C’est le mode de production (économie de départ) ou mode de consommation (économie d’arrivée) qui détermine la structure sociale … Le bien-être matériel est le seul but que consent à s’assigner la société civile, et le moyen adapté à ce but est le plein exercice de l’activité économique. » (Alain de Benoist)

« ‘Il est évident que l’accumulation du capital (ou croissance) ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique’. Le système capitaliste a très vite compris qu’il avait tout intérêt à encourager (et à satisfaire) l’explosion des désirs subjectifs et la revendication générale d’émancipation. Inversement, ceux qui en mai 68 voulaient ‘jouir sans entraves’ ont très vite compris, eux aussi, qu’ils avaient tout intérêt à rallier le système capitaliste qui, plus qu’aucun autre, leur permet de satisfaire leurs envies. Déjà ravi d’avoir mis les ménagères au travail … le système marchand a vu dans la libération des mœurs une nouvelle source de profit. » (Alain de Benoist – citant Jean-Claude Michéa) – La complicité objective entre le capitalisme, par les média notamment, et le libertarisme gauchiste n’est plus, espérons-le, à démontrer.

« ‘Une économie de droite ne peut fonctionner durablement qu’avec une culture de gauche’ (Jean-Claude Michéa), il s’en déduit que le libéralisme économique et le ‘libéral-libertaire’ sont nécessairement voués à se rejoindre. » (Alain de Benoist) – « La droite gère l’économie et la gauche l’évolution des mœurs, main dans la main … Le ’sociétal’ est devenu la meilleure stratégie du capitalisme pour obérer le progrès social. » (Michel Clouscard)

« Le fait que les économistes s’occupent de la richesse, chose indéniablement réelle et solide, leur confère une espèce de solidité intellectuelle impressionnante, que ne confère nullement, par exemple, la culture. On peut être sûr que ces gens là ne parlent pas pour ne rien dire. » (Allan Bloom) – Certes, mais pour se tromper systématiquement.

« ‘Il n’y a pas le choix, c’est comme ça’. » (Baudouin de Bodinat – Sur » l’humiliation d’avoir à obtempérer ainsi sans son mot à dire à l’obsolescence cynique que décrètent les firmes dispensatrices de l’internité. »)

« Quand on nous entretenait d’un ‘choix de civilisation’ dont il fallait prendre conscience qu’il était devant nous … il était déjà trop tard pour autre chose, le choix en avait été fait depuis longtemps en réalité … C’était seulement que les conséquences commençaient à se refermer sur nous … A peine évoquée la nouvelle société de communication, des téléphones se mirent à sonner dans les poches … Si bien qu’à peine nous figure-t-on ce nouvel âge des automates, que c’en est un à votre poste de travail et qui répond au téléphone. » (Baudouin de Bodinat – Au fond de la couche gazeuse)

« Quand une civilisation se définit essentiellement par la consommation, elle se tire elle-même une balle dans le pied en déclassant une partie importante de sa population, et en bafouant aussi ouvertement le seul idéal collectif qu’elle ait été capable de se donner … Elle vit en porte-à-faux permanent entre ce qu’elle donne et ce qu’elle promet. » (Françoise Bonardel)

« Pour Zemmour le ‘tryptique soixante-huitard’, Dérision, Déconstruction, Destruction aurait sapé les fondements de toutes les structures traditionnelles : famille, nation, travail, Etat, école … L’heure venue, le Marché s’emparera sans mal de ces hommes déracinés et déculturés pour en faire de simples consommateurs. » (Laetitia Strauch-Bonart – citant Eric Zemmour)

« L’interprétation de Max Weber dans ‘l’éthique protestante et le capitalisme’ … a ouvert et élargi le paradigme matérialiste qui avait été utilisé de manière prépondérante dans l’analyse des processus économiques. Elle a suggéré que les ‘valeurs’, les ‘facteurs culturels’ peuvent jouer un rôle important dans les transformations économiques. Elle a bousculé de manière radicale un mode de pensée traditionnel. » (Raymond Boudon)

« Les sociétés industrielles modernes, en gagnant en complexité, me paraissent s’éloigner plutôt que se rapprocher de l’idéal (ou du repoussoir) de la ‘programmation’. Demain les possibilités de manipulation génétiques détruiront peut-être le quasi équilibre entre les sexes qu’assumait la nature… Le progrès technique et des effets pervers de type nouveau, type : la pollution… » (Raymond Boudon)

« La première raison pour laquelle l’observation même de l’insécurité culturelle est profondément rejetée à gauche tient à la prévalence de ce qu’Antonio Gramsci dénonçait déjà comme ‘économisme’ : tout serait déterminé, dans l’explication comme dans la prescription des solutions, par les facteurs économiques … que tout découlerait des rapports de force qui s’établissent dans le monde productif … De là l’idée, très courante, que l’amélioration de la conjoncture économique permet de régler à coup sûr toute crise, et donc de répondre à tout questionnement identitaire … L’aveuglement économiciste consiste à voir dans l’amélioration des conditions économiques et sociales d’ensemble un remède aux difficultés multiples que traverse la société contemporaine française. » (Laurent Bouvet)

« La ‘sunk cost fallacy’ ou le  sophisme de la dépense gâchée : poursuite obstinée d’une ligne de conduite qui représente un investissement en argent, temps ou énergie … la difficulté de renoncer à un effort devenu inutile mais représentant une vie ou une tranche de vie, ou représentant une dépense importante. ‘je ne peux pas me permettre de reculer’, ,et aussi bien, ‘je ne peux pas me permettre de douter’. » (tiré de Gérald Bronner – sur la difficulté  de faire renoncer à une croyance ancrée, même devinée fausse par l’intéressé)

« Dans la débâcle générale des croyances et des idéologies, il en est une au moins qui résiste et dont la vitalité ne se dément pas : l’économie. Elle a cessé depuis longtemps d’être une science aride, une froide activité de la raison, pour devenir la dernière spiritualité du monde développé … Religiosité austère, sans élans particuliers … mais qui déploie une ferveur proche du culte … Il est peu de professions qui cumulent un pareil taux de fautes et d’erreurs jamais sanctionnées! » (Pascal Bruckner)

« La conclusion logique de la société de marché, c’est la prostitution généralisée, la transformation du genre humain en prestataires ou clients, une armée de petites mains prodiguant des soins multiples aux prospères pressés. Mais c’est aussi la généralisation du soupçon puisqu’il n’est pas un sourire, un geste qui ne puisse être vu comme un calcul, ne soit chargé d’arrière-pensées mercenaires. » (Pascal Bruckner)

« A la fameuse question de Stendhal : ‘Pourquoi les hommes ne sont-ils pas heureux dans le monde moderne ?’, nous pouvons répondre : parce qu’ils se sont affranchis de tout et s’aperçoivent que la liberté est insupportable à vivre. La liberté, parce qu’elle engage et oblige, nous tyrannise par ses exigences. Nous savons, depuis Max Weber (et Marcel Gauchet) que nous vivons dans l’univers du désenchantement … Le système libéral a riposté par une invention tout à fait originale, le ‘consumérisme’. Les loisirs, le divertissement, l’abondance matérielle constituent à leur niveau une tentative pathétique de réenchantement du monde, l’une des réponses que la modernité apporte à la souffrance d’être libre, à l’immense fatigue d’être soi. » (Pascal Bruckner)

« La profonde erreur des dirigeants politiques athéniens sera de manquer complètement un point. Ils confondront l’harmonie de l’Etat avec la prospérité matérielle. Même de grandes et nobles âmes … commettront cette erreur. Ils ne réussiront jamais à se mettre au niveau du véritable but de l’Etat comme du pouvoir politique et manqueront l’essentiel pour n’avoir pas réussi à ‘perfectionner l’âme des citoyens’ (Platon). » (Ernst Cassirer – Le mythe de l’Etat) – Plus de vingt siècles après, nos dirigeants ont les mêmes œillères.

«  Ces deux idéologies, marxisme et libéralisme,  se rejoignent en effet dans le matérialisme qu’elles professent. Selon ces deux systèmes, l’homme est entièrement dominé par l’économie. Autre point commun, le goût des innovations sociétales… »  (Jean-Michel Castaing) – D’où l’incompréhension complète des aspirations identitaires des classes populaires qui, elles, n’ont pas renoncé à quelque fierté indépendante du fric.

« L’énorme succès du capitalisme s’appuie, entre autres, sur une destruction irréversible des ressources biologiques que trois milliards d’années ont accumulées sur terre. Il y a là une sorte de barrière contre laquelle on est précipités à toute vitesse. » (Cornelius Castoriadis)

« Faire du travail une marchandise, c’est s’assurer qu’un stock de travailleurs reste disponible en cas de besoin (‘l’armée industrielle de réserve’ de Marx), c’est arracher des jeunes gens à leur milieu d’origine pour les entasser dans des usines. Gérer la terre comme une marchandise, c’est en extraire économiquement la moindre ressource au risque de la transformer en désert. Laisser le marché gérer la finance, c’est donner libre cours aux spéculateurs professionnels et à la mégalomanie des sociétés d’investissement. » (David Cayla – s’inspirant de Karl Polanyi)  

« Ce n’est pas parce que l’homme ne peut vivre sans manger qu’il ne vit que pour manger. » (Chesterton)

« La tendance à faire du capitaliste contemporain l’idéal et la mesure de toutes choses. » (Pierre Clastres) – Ce qui nous empêche de comprendre des comportements autres et fausse, notamment, des analyses historiques ou ethnologiques – « Les sociétés primitives sont des sociétés du refus de l’économie … l’économique, comme secteur se déployant de manière autonome dans le champ social, est absent du Mode de Production Domestique … L’économie n’y est pas une ‘machine’ à fonctionnement autonome ; impossible de la séparer de la vie sociale, rituelle, religieuse … Le champ économique ne détermine pas l’être de la société primitive, mais c’est bien plutôt la société qui détermine le lieu et les limites du champ de l’économique. Les forces productives ne tendent pas au développement, c’est au contraire la société qui exerce sans cesse un contrôle rigoureux et délibéré sur sa capacité de production. C’est le social qui règle le jeu économique» (Pierre Clastres – reprenant l’analyse de Marshall Sahlins – Âge de pierre, âge d’abondance – sur les sociétés primitives et même non primitives, mais non modernes)

« L’apprentissage de la vie n’est plus l’apprentissage du métier, mais l’apprentissage du gaspillage … maintenant on livre à l’enfant toutes les technologies d’usage, on le préserve même des exercices pédagogiques élémentaires (toute pédagogie était aussi un apprentissage, car la vie quotidienne exigeait une multitude de travaux domestiques … faire son lit…) devenus autoritarisme et brimades … Avec l’électricité, il suffit d’une pichenette, geste magique, geste de démiurge. L’enfant profite d’un progrès sans donner aucun travail, même symbolique, en échange. Il s’installe dans la totale ignorance du travail nécessaire à cette consommation … La société capitaliste a inventé une pédagogie d’intégration au système : l’usage ludique du fonctionnel. » (Michel Clouscard – Le capitalisme de la séduction) – Il suffit de les voir et de les interroger sur ce qu’il y  a derrière leurs écrans et leurs téléphones. Futurs gaspilleurs inconséquents et standardisés.

« Le père et le fils ont passé un contrat social : ‘Si tu as ton bac, tu l’auras ta moto.’ … Rituel d’entrée dans la vie … Les parents proposent eux-mêmes l’extraordinaire objet ludique, libidinal, marginal continuant l’initiation mondaine (acquise dès l’enfance avec les premiers gadgets : écrans divers…) … Emancipation entraînant intégration … Nouvel équilibre entre le transgressif et l’institutionnel … Déculpabilisation de la consommation mondaine et production d’un modèle standard : l’individu de la social-démocratie libertaire. » (Michel Clouscard – Le capitalisme de la séduction)

« Castel et Régine, la grande prêtrise mondaine ; le club Méditerranée et Ibiza, le mondain à l’usage des couches moyennes ; la fièvre du samedi soir (ou du vendredi soir), le bal ou la boîte qui draine la jeunesse des alentours … Les lieux mêmes de la fin des tabous … Désacralisation … Tous les interdits mythiques ont été balayés. On a pu aller jusqu’au bout. C’est le temps et le lieu du pourrissement des valeurs occidentales … Au commencement des procédures d’initiation à la consommation (libidinale, ludique, marginale) l’aspect provocateur, transgressif, subversif est essentiel … la consommation se veut sans médiations, sans alibis, sans détours.  Elle est brutale et massive. Pas de temps à perdre … Le capitalisme a inventé l’innocence. Plus de culpabilité, de péché, d’interdit, de tabous ! Tout et tout de suite. L’usage naïf, spontané, péremptoire … Evidence qui n’a plus à se proclamer, à se justifier. » (Michel Clouscard – Le capitalisme de la séduction)

« Mai 68, contre-révolution libérale, cheval de Troie du libéralisme libertaire. Il  fallait un nouveau marché : le marché du désir, une nouvelle société, celle de la confusion de la liberté et de la libéralisation, un double profit, celui du permissif pour le consommateur et du répressif sur le producteur, pour sauver le capitalisme en crise radicale. » (Michel Clouscard)

« La libération des mœurs nécessaire au marché du désir. » (Michel Clouscard)

« Auparavant le capitalisme se contentait de dire comment produire. Désormais, il va dire comment consommer, et au-delà comment vivre. » (Michel Clouscard) 

« La stratégie de la totale libération du désir consisterait à radicaliser et systématiser la consommation de l’émancipation transgressive pour atteindre la croissance maximale, implanter le désordre immoral, dissoudre les institutions de la Nation. » (Michel Clouscard)

« La stratégie néo-capitaliste doit sur le plan idéologique des principes, de la morale, des conduites de consommation et pour conquérir ses marchés, casser, liquider, broyer les valeurs éthiques ; la société ‘d’abondance’ doit promouvoir les valeurs inverses de consommation, de gaspillage, de fête, de libidinalité … Liquider l’éthique (moralisme répressif de papa !), liquider l’économie (de l’accumulation) l’inhibition, les valeurs traditionalistes. » (Michel Clouscard) – D’où l’association libéral-libertaire.

« Comme les biens d’équipement peuvent caractériser le niveau de vie du prolétariat, comme les biens de consommation caractérisent celui de la nouvelle petite bourgeoisie, les biens du foncier et de l’immobilier caractérisent moyenne et grand et bourgeoisie (ancienne et nouvelle) … Alors que l’authenticité du grand bourgeois tendrait à se marquer par le non-ostentatoire, tant il est vrai que l’avoir n’a pas besoin de signe pour exprimer la hiérarchie et que la revendication de signes est signe d’une fortune non issue de l’accumulation de la dynastie familiale … le nouveau riche tend à donner les preuves de ses moyens financiers. » (Michel Clouscard)

« Le niveau de vie est l’infrastructure du genre de vie … Le prolétariat identifie son niveau de vie et son genre de vie, alors qu’au contraire, moyenne et grande bourgeoisie peuvent à partir d’un commun niveau de vie disposer de deux genres contradictoires (disons, pour simplifier une vie de privation ou une vie de jouissance). » (Michel Clouscard)

« Avant Airbnb, une chambre inoccupée à la maison était une ‘chambre d’ami’ ou une pièce libre, c’est désormais un manque à gagner. Avant Blablacar, un trajet seul dans sa voiture était une occasion de rêvasser, ou de prendre un autostoppeur, ou que sais-je, c’est désormais une occasion de faire un peu de fric passé à la trappe. Ce que l’on mettait aux encombrants ou que l’on donnait  à des proches, on le vend désormais sur Le bon coin. Il faut que sans cesse et à tout point de vue nous soyons en train de compter. Que la crainte ‘de rater une opportunité’ soit l’aiguillon de la vie … tout doit désormais entrer dans la sphère du rentabilisable. » (C. N. I.)

« Nul homme, entre ceux qui sont arrivés à l’immortalité, n’a basé sa gloire sur la vérité économique. » (Donoso Cortès) – L’économie n’est pas une notion primordiale, ne devrait pas l’être.

« Le capitalisme n’est pas tant fondé sur la fabrication en masse et en série d’objets … que sur un mode de production ontologique qui a transformé les relations entre les humains en choses. » (Maurice G. Dantec)

« La première phase de la domination de l’économie sur la vie sociale avait entraîné dans la définition de toute réalisation humaine une évidente dégradation de ‘l’être en avoir’. La phase présente de l’occupation totale de la vie sociale par les résultats accumulés de l’économie conduit à un glissement généralisé de ‘l’avoir au paraître’, dont tout ‘avoir’ effectif doit tirer son prestige et sa fonction dernière. » (Guy Debord – La société du spectacle)

« La valeur d’échange, est le ‘condottiere’ de la valeur d’usage qui finit par mener la guerre pour son propre compte. » (Guy Debord)

La société de consommation sera inexorablement conduite « à remplacer la satisfaction des premiers besoins humains sommairement reconnus, par une fabrication ininterrompue de pseudo-besoins qui se ramènent au seul pseudo-besoin du maintien de son règne. » (Guy Debord)

« Personne ne peut légitimer l’absence de proportions entre les rémunérations  (voilà un domaine à penser que les ‘Intellectuels’ laissent en jachère) … Les salaires faramineux attribués à la minorité de managers sont sans commune mesure, sans proportion avec les services rendus et la pertinence du travail … Des présidents-directeurs  généraux de grandes entreprises sont remerciés à prix d’or après échec de leur politique économique. » (Jean-Philippe Domecq) 

« Jamais on ne s’arrête. Jamais l’équilibre ni la paix ne sont atteints … L’argent n’est pas le voile transparent, neutre et paisible posé sur les échanges … il porte toutes les angoisses et les pulsions de l’humanité entraînée dans ce maelström de croissance, d’accumulation de biens et de déchet, de destruction de la nature. » (Dostaler et Maris)

« Le marché … est un terrible lieu d’égalité théorique et, partant, de mimétisme, de rancœurs. » (Dostaler et Maris) 

« L’humanité, en croissance indéfinie, accumule à l’infini pour satisfaire des besoins tout aussi infinis … L’accumulation est devenue un danger pour l’homme lui-même, parce qu’il n’accumule pas seulement des ‘richesses’, mais aussi et surtout des biens négatifs, des déchets … Il détruit plus qu’il n’accumule. » (Dostaler et Maris)

« L’incapacité de concevoir une limite, propre à l’infantilisme, est au cœur du capitalisme … ‘Accumulez, accumulez ! C’est la loi et les prophètes … Accumuler pour accumuler, produire pour produire, tel est le mot d’ordre de l’économie politique proclamant la mission historique de la période bourgeoise’. » (Dostaler et Maris – citant Marx)

« Le système économique a transféré la dépendance des personnes aux choses. Marx ne dit pas  autre chose à propos de la ‘réification’. » (Dostaler et Maris)

« Maintenant que sont tombées ces barrières traditionnelles et coutumières qui protégeaient les faibles et les déshérités, la loi darwinienne de la ‘lutte pour la vie’ règne sans entraves dans le monde économique. » (Edouard Drumont – allusion à la disparition-suppression des corporations, ainsi qu’à la loi bourgeoise-révolutionnaire Le Chapelier) – La révolution bourgeoise de 1789 a tout fait pour livrer aux puissants l’individu (ouvrier comme consommateur) sans défense. Introduction du libéralisme.

« Il faut que chacun se  dirige librement vers les marchandises que le bon système de production capitaliste fabrique pour lui … ‘Librement’ car, forcé, il résisterait. » (Dany-Robert Dufour – à propos de la société libérale)

« Bernard Mandeville est celui qui avant tout le monde a compris que le développement économique passait par la libération des passions. » (Dany-Robert Dufour – à propos de sa célèbre fable des abeilles – voir à la rubrique Vertus, 740, 1)

« L’idée primitive étai que dans le commerce l’avantage d’un partenaire est la perte de l’autre (à rapprocher du mépris des sociétés traditionnelles) …Considérer l’échange comme avantageux aux deux parties représente un changement fondamental, et signale l’accession de la catégorie économique … séparation du point de vue économique et du point de vue politique … Emancipation d’avec la moralité … Domaine bénéfique s’il est laissé à lui-même. » (Louis Dumont)

« Si nous maintenons le taux d’expansion actuelle de la population et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier ne se terminera pas sans l’effondrement total de notre civilisation. » (René Dumont) – Ce sera alors une crise d’une autre gravité, mais l’important n’est que de savoir qui sera élu demain ! 

« On se trouve devant un phénomène de causalité circulaire, où les besoins déterminent la quantité de biens nécessaires, et la quantité de biens produits détermine les besoins ; où l’élévation des niveaux de production entraîne l’accroissement des besoins, et l’accroissement des besoins exige une nouvelle élévation des niveaux de production. » (Paul Dumouchel) – Et on appelle ce cirque : la croissance. Et on fait semblant de croire que ça va durer.

« L’ordre économique n’étant qu’un ordre de moyens, ne devant pas devenir des fins. » (Julius Evola) – Et bien si, c’est la seule fin, grotesque et pernicieuse, qui reste à l’Occident.

« Chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut de lui-même et pour lui-même. C’est ainsi que les adversaires résolus des excès de l’économie de marché plaident avec ardeur pour la société du marché total. » (Alain Finkielkraut) – Les gauchistes stupides et leurs dirigeants, moins stupides eux.

« A nos yeux le travail est encore lié à l’âge industriel, au capitalisme d’ordre immobilier … alors qu’il n’est plus aujourd’hui qu’une entité dépourvue de substance … Le monde inédit qui s’installe sous le signe de la cybernétique, de l’automation, des technologies révolutionnaires, (de l’intelligence artificielle) et qui exerce désormais le pouvoir, semble s’être esquivé, retranché en des zones étanches, quasi ésotériques. Il ne nous est plus synchrone … On fait jaillir du virtuel, on combine sous forme de ‘produits dérivés’ des valeurs financières que ne sous-tendent plus des actifs réels …  volatiles, invérifiables … Un monde qui vit à la vitesse de l’immédiat … Une quantité majeure d’êtres humains n’est déjà plus nécessaire au petit nombre qui, façonnant l’économie, détient le pouvoir … Le chômage :‘notre souci majeur’, le retour de l’emploi : ‘notre priorité’ (rires en coulisses, mensonges) ... Cette étrange manie de vouloir à tout prix caser la population dans des emplois inexistants, et des emplois dans une société qui n’en a manifestement plus besoin … Les paysages politiques, économiques ont pu se métamorphoser au vu (mais non au su) de tous sans avoir éveillé l’attention, moins encore l’inquiétude … le nouveau schéma planétaire a pu envahir et dominer nos vies sans être pris en compte, sinon par les puissances économiques qui l’ont établi. » (Viviane Forrester – L’horreur économique)

« Le père de l’économie politique ajoutait que, si les emplois improductifs augmentent, cela se fait aux dépens de la croissance. » (Claude Fouquet) – C’est évident, mais nous sommes tellement plus malins qu’Adam Smith (comme le prouve nos succès économiques depuis trente ans) que nous chassons la fameuse croissance en multipliant les emplois de fonctionnaires et les fameux emplois aidés (80% dans des associations à tout le moins folkloriques, ou animateurs et agents d’ambiance).

« La revendication d’autonomie (des années 60) a largement contribué à ouvrir la voie au processus de déréglementation et de désinstitutionnalisation, et, par là, au déploiement de l’ordre marchand. » (Ingrid France)

« Le marché est la seule institution qui permette de réunir des millions d’hommes sans qu’ils aient besoin de s’aimer, ni même de se parler. » (Milton Friedman) – Bravo, bravo !

« Consommer pour produire, et non produire pour consommer, telle est la loi que je vous impose. » (André Frossard – faisant parler le diable)

« Les gens ne sont même plus conscients de tous leurs désirs. Ces désirs ne deviennent évidents que lorsqu’ils sont sollicités artificiellement, précisés et entretenus par la publicité … Au début du XIX° siècle, rares étaient les gens qui avaient besoin d’un agent de publicité pour savoir ce qu’ils voulaient …. Nos besoins marginaux n’existent que dans la mesure où ils sont créés artificiellement. Nous ne fabriquons pas de besoins pour des biens que nous ne produisons pas. » (John Galbraith – L’ère de l’opulence) – On peut aussi bien supprimer toutes les négations de la dernière phrase.

« Au fur et à mesure que l’abondance augmente dans une société de nouveaux besoins sont sans cesse créés par le processus même qui les satisfait … Les désirs sont de sorte assujettis à la production … Le niveau supérieur de production a simplement pour corollaire un échelon plus élevé de création de besoins. » (J. K. Galbraith) – « L’abondance permanente des biens est alimentée par la création délibérée des désirs, par la publicité, par l’injonction de consommer… » (Roger Scruton)

« On ne peut pas défendre la production comme satisfaisant aux besoins, si la production crée elle-même ces besoins … si elle remplit le vide qu’elle a elle-même créé … L’individu qui augmente l’importance de la production pour satisfaire ces besoins se trouve dans la situation d’un homme qui s’efforcerait de rattraper la vitesse d’une roue à laquelle il imprimerait lui-même un mouvement de rotation … Selon Keynes, les besoins qui résultent des efforts pour rester à la hauteur ou dépasser ses semblables ‘pouvaient en effet être insatiables ; car plus le niveau général s’élève, plus on cherche à le dépasser’ … Plus on satisfait de besoins, plus il s’en crée de neufs … Le fait même que des besoins peuvent être créés montre qu’ils ne sont pas très urgents. A un homme qui a faim, il est inutile de lui rappeler son besoin de manger …  Il existe une grande connexité empirique entre les dépenses faites en vue de la production des biens et les dépenses faites pour créer le désir de ces produits … Les économistes (du moins à l’époque du livre, 1960) ont fermé les yeux et les oreilles au plus important de tous les phénomènes économiques, à savoir la création moderne des besoins … On ne peut continuer à admettre que le bien-être soit plus élevé à un niveau général de production supérieur qu’à un niveau inférieur. Il peut être pareil. Le niveau supérieur de production à simplement pour corollaire un échelon plus élevé de création de besoins nécessitant un degré correspondant de satisfaction de ces besoins … L’intérêt que nous accordons aux produits ne jaillit plus d’un besoin spontané de consommation. Il provient plutôt, suivant l’effet de dépendance, du processus de la production elle-même. Si production signifie accroissement, il faut effectivement inventer artificiellement des besoins … Les opinions et les valeurs qui font de la production l’œuvre essentielle de notre société ont certaines de leurs racines complètement pourries. » (John Galbraith – L’ère de l’opulence) – Qui osera encore parler de Croissance ? Le bouffon François Hollande peut-être. 

« Ce qu’on appelle le développement économique consiste largement à imaginer une stratégie qui permette de vaincre la tendance des hommes à imposer des limites à leurs objectifs de revenus, et donc à leurs efforts … Les systèmes économiques et politiques cultivent leur propre version de la vérité, version qui n’entretient aucune relation nécessaire avec le réel … les détenteurs réels du pouvoir dans la firme moderne sont les directeurs, pratiquant l’autoenrichissement, et non les propriétaires du capital … Le conseil d’administration (censé représenter les actionnaires) choisi par les directeurs et qui leur est entièrement dévoué, instance d’aimable compagnie, qui se réunit sous le signe de l’autosatisfaction et du respect fraternel … Avec, en plus, le cérémonial des Assemblées générales, on s’efforce de donner l’impression d’une autorité de propriétaire, mensonge …  D’où, entre autres raisons, le glissement du terme de ‘capitalisme’ à ‘économie de marché’ (expression dépourvue de passif, d’histoire et vide de sens – raison de ce choix) … Avec cette expression, creuse, fausse, insipide et mièvre, aucun pouvoir économique ne transparaît, ne domine (alors qu’en fait le pouvoir est celui du producteur, et non celui du consommateur, qualifié dérisoirement de souverain, dans les discours d’apologie du système économique et dans les écoles de commerce, l’un de nos mensonges les plus envahissants) … Rôle dominant du secteur privé dans le secteur public (industries d’armement et, nouveau, mercenaires de ces industries sur le terrain) … Voir le vieil avertissement d’Eisenhower contre le lobby des industries d’armement à la fin de son mandat de président … Le rôle de la prestigieuse et encensée Réserve Fédérale américaine dans sa lutte contre l’inflation, insignifiance totale et continue … En période faste, la hausse des taux d’intérêt n’a pas grande importance. Ce qui compte, c’est la perspective de profits, et de même en période de récession et donc de baisse des taux … La Réserve Fédérale ne joue aucun rôle décisif dans les dépenses des consommateurs. » (J. K. Galbraith – considérations éparses tirées de l’ouvrage Les mensonges de l’économie)

« On pourrait soutenir que le bonheur humain serait tout aussi assuré par l’inefficacité de la création de besoins que par l’efficacité de la production. » (John Galbraith) – Si du moins on ramène le bonheur à la consommation.

« Les grandes entreprises sont pour l’essentiel aux mains d’une oligarchie d’ex-fonctionnaires dont le souci de l’intérêt public n’est pas le trait le plus frappant … Le spectacle de cette satrapie ne peut pas ne pas avoir des effets délétères. On s’étonne après cela des mécontentements ‘populistes’. » (Marcel Gauchet – sur le cas français)

« Depuis le début de la révolution industrielle … la demande virtuelle (ce qui ne veut pas dire solvable) était par nature supérieure à l’offre. C’est cette supériorité qui se renverse … Dans une situation de surabondance, le problème est de susciter la demande. » (Marcel Gauchet)

« L’univers des mastodontes s’efface en se dissolvant dans une nébuleuse de micro-opérateurs. » (Marcel Gauchet)

« L’égalité a dissipé la conscience de classe en tant que fait moteur au sein des masses laborieuses … comme aussi l’évolution des formes de la production et du travail ; disparition de la grande usine, effacement de la centralité de la production et du travail productif dans la vision du fonctionnement collectif. » (Marcel Gauchet)

« Nous sommes dans un monde où le problème n’est pas d’avoir l’objet, mais d’échanger des signes. La société de consommation est souvent devenue un système d’échange de ‘signes’, au lieu d’un échange d’objets réels. » (René Girard)

« Qu’est-ce qui a conduit l’humanité à se convaincre que seule l’augmentation permanente de la production marchande conduisait au bonheur ? … ‘L’humanité a autre chose à faire’.» (Jacques Godbout – citant Cornelius Castoriadis) – On dirait Qui plutôt que Qu’est-ce.

« Valeur d’échange ; valeur d’usage. Ne devrait-on pas ajouter un troisième type de valeur, qui serait la valeur de ‘lien’ … Réalité totalement occultée par le discours économique. » (Jacques Godbout) – Lien personnel, lien social…

« Valeur d’échange ; valeur d’usage. Ne devrait-on pas ajouter un troisième type de valeur, qui serait la valeur de ‘lien’ … Réalité totalement occultée par le discours économique. » (Jacques Godbout) – Lien personnel, lien social… Il existe aussi ce que Gilbert Simondon appelle la fonction de signe (que connaissent bien les publicitaire comme valeur) – « Distorsion entre le système des besoins et le système des signes … Dans sa fonction concrète l’objet est une solution à un problème pratique. Dans ses aspects inessentiels, il est solution à un conflit social ou psychologique. » (Jean Baudrillard)

« La société marchande a commencé le jour où on a décidé de fabriquer une chose non pas parce qu’un utilisateur l’avait ‘demandée’, en ‘avait besoin’ … mais parce que le fait de produire pouvait être indirectement ‘utile’ au producteur, s’il parvenait à vendre la chose produite … La production se met à exister indépendamment de l’usage, elle devient première. De moyen, elle devient fin … La tendance permanente à créer artificiellement des besoins pour écouler la production devient ainsi inhérente au système … Le producteur devient premier et l’usager n’est qu’un instrument nécessaire à l’écoulement de la production. Il se transforme en consommateur. Les rôles sont inversés … Dans le domaine des services, c’est l’Etat, démocratique et providence, qui prendra la relève du marché en prenant en charge une partie importante des échanges de dons ‘laissés de côté’ par le marché. » (Jacques Godbout)

« Au bout du chemin de la libération marchande et étatique (libération car absence de liens contraignants) on ne trouve pas un individu libre, mais un individu seul, fragile, dépendant, vulnérable, pris en charge par des appareils extérieurs à lui et sur lesquels il n’a aucune prise, proie facile… » (Jacques Godbout)

« Le marché est neutre, ne se mêle pas de ce qu’une société produit, à condition qu’elle produise quelque chose, et toujours plus. » (Jacques Godbout)

« Le système économique moderne a transféré la dépendance des personnes aux choses. » (Jacques Godbout) – Et c’est bien pire !

« La supériorité de l’économie capitaliste sur l’économie communiste, en ce qu’elle a pris acte de la brisure communautaire qui a conduit à la rupture producteur-usager fondatrice de la société moderne. En conséquence, elle ne prétend pas connaître à l’avance les besoins du client. Le capitalisme est suspendu à l’incertitude (les individus aussi) écrit Goux. Ce fut la grande erreur des régimes communistes que de refuser de reconnaître la situation d’ignorance et donc d’incertitude fondamentale du producteur qui n’appartient plus au même monde que le client, dans un système qui passe de la commande à la demande. » (Jacques Godbout)

« La santé de l’économie semble aujourd’hui tenir le rôle et la fonction de ce que furent naguère la pureté de la race et la vigueur de la nation. » (Roland Gori)

« La France, réputée terre d’élection pour la critique, offre une illustration révélatrice de l’alignement des idées économiques sur les étalons internationaux … Un véritable clergé, composé d’économistes institutionnels, de banques, d’organismes de recherche, s’y emploie à escamoter tout ce qui pourrait être mis en question … Un nouveau courant, qui prétend incarner la praxis libérale de l’économie en marche, est parvenu à engloutir toute tentative de penser l’économie autrement qu’il l’entend. » (Jean-Luc Gréau – La trahison des économistes) – France, terre d’élection pour la critique, peut-être, mais aussi terre d’élection pour la servilité à l’égard des puissants, qu’il s’agisse de ses dirigeants internes ou des autres puissances.

« Le protectionnisme ne peut être introduit dans le débat économique dés lors que tout individu qui en avance le principe est supposé parler sous la crainte d’un avenir dont il ne perçoit pas les opportunités favorables … ‘Qui a peur de la mondialisation ?’, ‘Qui a peur de la Chine ?’, ‘Qui a peur des OPA ?’… » (Jean-Luc Gréau)

« L’actuelle critique de la société de consommation qui porte accusation contre le bourgeois présente quelque analogie avec la critique fasciste de la société d’avant-guerre qui faisait du Juif le principal responsable de ses ‘tares’. Bourgeois et Juif incarnant le triomphe du matérialisme. » (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel)

 « La société de consommation sera vécue par le contestataire comme une mère gaveuse, étouffant l’enfant par une nourriture surabondante … lequel pendant ce temps ‘pourrait faire beaucoup mieux’, juste le contraire de cette absorption de nourriture, c’est-à-dire une ‘ activité purement narcissique’. » (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel) 

« La grande distribution a inventé une technique de vente révolutionnaire : ‘le libre service’, peut-être un des dispositifs les plus emblématiques de la deuxième moitié du XX° siècle et qui deviendra peu-être le modèle dominant des comportements individuels … Processus de dépersonnalisation de la relation commerciale … Le contact entre l’offre et la demande devenu direct, délivré de la médiation du vendeur … Le client livré à lui seul, indépendant, libre de choisir, de prendre son temps, d’examiner les produits, d’acheter sans subir les pressions du commerçant. ‘On ne lui vend plus, il achète’. » (Jean-Luc Gréau) – Mais aussi, la responsabilité de l’achat et du choix du produit, laissée entièrement à la charge de l’acheteur.

« Il n’existe aucune marque européenne d’ordinateur personnel. » (Jean-Luc Gréau) – Le souci de la mafia de Bruxelles n’est évidemment pas le développement économique. La soumission aux autorités américaines et à l’entreprise idéologique de destruction de toutes les valeurs est autrement prioritaire.

« La matière est essentiellement multiplicité et division, donc source de luttes et de conflits ; aussi, qu’il s’agisse des peuples ou des individus, le domaine économique n’est-il et ne peut-il être que celui des rivalités d’intérêt. » (René Guénon)

« Pour reprendre la terminologie de Polanyi, l’économie n’est plus ‘encastrée’ comme jadis dans les relations sociales ; ce sont ces dernière qui se trouvent dorénavant ‘encastrées ‘ dans la logique marchande. La société devient un simple auxiliaire du marché. Il n’est pas abusif d’y voir la marque d’un processus totalitaire. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Tout ce qu’on appelle communément ‘libération des mœurs’, les enjeux sociétaux du libéralisme libertaire, s’inscrivent tous dans un processus favorable aux intérêts marchands. » (Jean-Louis Harouel) – C’est sans doute pourquoi toute nouvelle aberration sur ce plan commence toujours aux Etats-Unis.

« Quand la production est devenue économique, quand il s’est agi de produire de l’argent, c’est-à-dire une réalité économique, en lieu et place des biens utiles à la vie et désignés par elle, la face du monde en effet a été changée. »  (Michel Henry)

 « Il divisa l’esprit capitaliste en deux. D’un côté, se situait l’esprit d’aventure et d’entreprise … le côté allemand du capitalisme. De l’autre, c’était l’esprit calculateur, commercial, bourgeois … ‘Gemeinschaft’ et ‘Gesellschaft’. » (Jeffrey Herf – sur Werner Sombart, économiste allemand) – Distinction assez pertinente, ainsi débarrassée de ses présupposés antisémites. D’une part, le local, l’enraciné, le nationaliste et le concret ; d’autre part, l’universel, le déraciné, l’international et l’abstrait.

« On pourrait se dire qu’en augmentant la consommation on augmentera l’emploi, mais le raisonnement est erroné car si la productivité n’augmente pas, ce sont les biens importés qui en profitent, et l’emploi dans les pays exportateurs. » (Philippe Herlin) – surtout en France, pays que l’on a sciemment désindustrialisé

«  Dès les années 1920, le capitalisme américain ne nécessitait  plus une éthique du travail et un ascétisme obstiné … mais avait besoin de consommateurs. » (cité par Eva Illouz)

« Notre société industrielle souffre d’un malaise fondamental, qui est d’ordre moral et politique et qui se résume à ceci que l’individu n’a de pouvoir que dans le rôle irresponsable de consommateur. C’est en ce sens que notre société est vraiment une société de consommation. » (Bertrand de Jouvenel)

« Nous sommes en guerre, mais nous ne le savons pas … C’est la guerre de l’économie contre la société, la guerre que le libéralisme a engagé contre les sociétés humaines, leurs peuples et leur autonomie. Libre-échangisme, mondialisme, sans-frontiérisme, devoir d’ingérence, droit au développement… L’idéologie nouvelle emprunte des costumes variés et déploie une panoplie ingénieuse … pour dissoudre les peuples, abaisser les nations et livrer la guerre de l’économie contre le monde, au nom de l’individu planétaire et du consommateur apatride. » (Hervé Juvin)

« ‘La démocratie, la forme politique du capitalisme’. Un régime qui s’est épanoui à mesure que s’est aggravé  l’asservissement économique de l’homme par l’homme … La démocratie, constatait Bernanos, a tourné le dos aux vieilles notions d’héroïsme et de service et instauré l’injustice généralisée et le culte universel du profit. » (Sébastien Lapaque – citant et évoquant Georges Bernanos)

 « Le développement du management tout comme la prolifération des experts représentent de nouvelles formes du contrôle capitaliste, qui permettent au capital de transcender sa forme personnelle et d’infiltrer chaque partie de la  société. » (Christopher Lasch – à propos de la famille) – Mais on doit étendre.  

« La défense rhétorique par Reagan de la ‘famille et du quartier’ ne pouvait s’accorder avec sa défense de la dérégulation du marché, qui avait remplacé les quartiers par des centres commerciaux et des hypermarchés. Une société dominée par l’esprit de marché … n’avait aucune place à laisser aux valeurs familiales. » (Christopher Lasch)

« En se mondialisant, le ‘marché’ a sapé les bases de cet ’Etat-providence’ des trente glorieuses. Il n’a certes pas détruit l’Etat comme machine oppressive à son service, mais il a détruit l’Etat comme nation de citoyens, et l’Etat comme système social de contre-pouvoirs. » (Serge Latouche)

 « La société moderne a ‘inventé’ l’économie (qui était auparavant enchassée dans l’ensemble de la vie), autonomisé une ‘sphère’ de la production … Un système économique universel complètement déraciné, n’ayant plus d’attaches privilégiées en un lieu particulier, mais poussant des antennes partout est déjà plus ou moins en place … sphère économico-financière viant hors-sol, cablée en permanence. » (Serge Latouche)

« Dans les sociétés pré-modernes … le technique est totalement, ou presque, enchassé dans le social. L’anthropologue rencontre la culture comme totalité, et presque pas la technique ni l’économique comme tels … Les pratiques relatives ne sont pas autonomisées ; elles ne constituent pas une sphère à part, valorisée comme telle. Dans la société moderne, à l’inverse, on ne rencontre que du technique et de l’économique, et presque pas ou presque plus de culture. » (Serge Latouche)

« Tout ce qui fait l’objet d’un désir humain est candidat à l’échange … La théorie économique … ne fixe aucune borne à l’empire du marché. La ‘marchandisation’ doit donc pénétrer tous les recoins de la vie … Les biens et les services, le travail, la terre et, demain, le corps, les organes, le sang, le sperme, la location d’utérus… » (Serge Latouche)

« La vision ‘économiciste’ du monde … L’affirmation d’un ordre spontané, la croyance en la ‘main invisible’ (Adam Smith), et leurs conséquences libertariennes ; libre-échange total, concurrence absolue, flexibilité sans limites des salaires, Etat minimal … La main invisible, c’est l’illimitation économique fondée sur l’émancipation de l’économie et de la morale. » (Serge Latouche) – C’est la néfaste concurrence loyale et non faussée chère aux technocrates de Bruxelles.

« Non seulement l’économie s’est émancipée du politique et de la morale, mais elle les a littéralement phagocytés. Elle occupe toute la place … il en va de même dans la sphère de la représentation. Une pensée unique monopolise l’espace de la créativité et colonise les esprits. La rationalité triomphe partout et le calcul coût-bénéfice s’insinue dans les recoins les plus cachés de l’imaginaire tandis que les rapports marchands s’emparent de la vie privée et de l’intimité … Ce totalitarisme de l’économie débouche à terme sur la mort de l’économie et peut-être celle de l’humanité elle-même. L’absurdité d’une vie dont l’économie est à a fois le moyen et la fin se démasque, et démasque par là même le vide fondamental de la vie … Le monnayage de tout et de n’importe quoi … provoque l’effondrement des significations (anthropologiques, sociologiques,  par exemple du travail, de la richesse, du développement, de la production, de la consommation, du besoin…). » (Serge Latouche)

« La science économique naît donc en France aux XVII° et XVIII° siècles de la protestation impuissante des classes sociales jugulées par l’écrasement de la Fronde (l’aristocratie et une certaine bourgeoisie), comme affirmation qu’il est une loi naturelle plus puissante que la loi du Prince ou les décrets du Pape, et dont les effets engagent toute la vie terrestre : la loi du marché. » (Serge Latouche)

« La démesure repose sur la perte du sens des limites dans l’assouvissement effréné des désirs et la création artificielle des besoins. La limite économique est donc tout aussi fortement corrélée à la limite morale et aux limites culturelles. La transgression de la limite économique est constituée, d’un côté, par l’avidité débridée qui débouche sur l’accumulation infinie et, de l’autre, par la fixation du désir sur la consommation … Il ne s’agit pas de croître pour satisfaire des besoins reconnus … mais de croître pour croître. » (Serge Latouche)

« Le point de départ de l’obsolescence programmée c’est l’addiction de notre système productif à la croissance. Notre société a lié son destin à une organisation fondée sur l’accumulation illimitée … Nous sommes devenus ‘toxicodépendants’ à la croissance, ‘laquelle est devenue le cancer de l’humanité’ (?). » (Serge Latouche)

« La publicité crée le désir de consommer, le crédit en donne les moyens, l’obsolescence programmée en renouvelle la nécessité. Ces ressorts de la croissance constituent de véritables ‘pousse-au-crime’ en ce qui concerne les écosystèmes. » (Serge Latouche)

 « Trois sortes d’obsolescence : Technique, due au progrès technique (diligence, machine à vapeur…) – Psychologique ou symbolique, désuétude provoquée par la ‘persuasion clandestine’, c’est-à-dire par la publicité et la mode (présentation, ‘look’, design, emballage…) – Programmée, usure ou défectuosité artificielle (l’idéal étant de faire coïncider la manifestation du vice avec la fin de la période de garantie !) … L’obsolescence symbolique peut être considérée comme le stade suprême de l’obsolescence programmée, mais la manipulation de l’opinion est telle que les trois formes s’interpénètrent. » (Serge Latouche)

« Le triomphe en tout du ‘jetable’, la pratique du contenant jetable (fin des ex-consignations) favorisant le conditionnement et l’augmentation exponentielle du volume des emballages dans les poubelles, l’extension de la date de péremption dans le champ alimentaire (et le colossal gaspillage, égalité entre hypermarchés et particuliers pétant de trouille, au total 30 à 50% des produits alimentaires ! ) la honteuse prime à la casse. » (Serge Latouche)

« Bernard de Mandeville (la fable des abeilles) représente bien le tournant de la philosophie morale et politique occidentale. Affirmer dans une société encore officiellement chrétienne que ‘les vices privés font la richesse publique’, même si tout un chacun est à même de le constater chaque jour un peu plus dans l’Angleterre marchande et capitaliste du XVIII° siècle, ne pouvait que choquer. » (Serge Latouche)

« La ‘déterritorialisation’ de l’économie ne se limite pas à la croissance des firmes multinationales … La mondialisation des enjeux économiques s’impose … D’autres phénomènes, comme la ‘fin des paysans’ et la mondialisation des télécommunications, contribuent à la rupture des liens de l’économie et de la souche territoriale. » (Serge Latouche)

« La publicité représente le deuxième budget mondial après l’armement. » (Serge Latouche) – Tout cela pour salir l’espace, bourrer nos boîtes aux lettres, saturer les ondes, polluer le sport, pourrir les cerveaux.

« Les 8R, ces objectifs capables d’enclencher une décroissance, conviviale et soutenable : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler. » (Serge Latouche)

« Une fois le manège social lancé à toute allure autour de son axe économique, il n’est plus besoin d’arrimer les individus : la vitesse de rotation leur interdit de lâcher prise une seconde. » (Bertrand Leclair)

« Le besoin se compare à un vide, à un creux bien délimité. On (la consommation et le consommateur) comble ce vide, remplit ce creux. C’est la saturation.  A peine obtenue, la satisfaction se voit sollicitée par les mêmes dispositifs qui ont engendré la saturation. Pour que le besoin redevienne rentable, on le stimule à nouveau de façon à peine différente. Les besoins oscillent entre la satisfaction et l’insatisfaction, provoquées par les mêmes manipulations … Le sens disparaît, vide énorme, vide de sens  … Pour que l’usure ‘morale’ et l’obsolescence des choses aillent vite en besogne, il faut aussi que les besoins vieillissent, que de jeunes besoins les remplacent. C’est la stratégie du désir. » (Henri Lefebvre)

« De tout temps l’on s’est attendu à ce que l’un des bénéfices de l’abondance économique soit une manière de vivre tranquille et harmonieuse, une sorte d’Arcadie. Or ce que l’on observe est exactement le contraire. La cadence s’accélère, et nos vies deviennent, en fait, de plus en plus fiévreuses. » (Staffan B. Linder – cité par Jean-Pierre Dupuy, Jean Robert) – On attend toujours le grand détachement vis-à-vis des problèmes matériels pour la consécration aux loisirs et à la culture.

« L’hyperconsommation se développe comme un ersatz de la vie à laquelle on aspire, elle fonctionne à la manière d’un palliatif des désirs déçus de chacun … Ersatz de la vraie vie, la consommation n’exerce son emprise que pour autant qu’elle a la capacité d’étourdir ou d’endormir … On achète d’autant plus que l’on est en manque d’amour, le shopping permettant de combler un vide, de réduire un mal-être. » (Gilles Lipovetsky)

« Le plus grand instrument de destruction de l’éthique protestante (travail, économie, épargne…) fut l’invention du crédit. » (Gilles Lipovetsky) – Non son invention, mais sa diffusion, sa facilité d’accès, sa nouvelle aura de respectabilité.

« Le mieux-vivre est devenu une passion de masse, le but suprême des sociétés démocratiques, un idéal exalté à tous les coins de rue. Une espèce de turbo-consommateur, décalé, mobile, flexible, affranchi des anciennes cultures de classe, imprévisible dans ses goûts et ses achats, à l’affût d’expériences émotionnelles et de mieux-être, de qualité de vie et de santé, de marques d’authenticité, d’immédiateté et de consommation. La consommation intimisée a pris le relais de la consommation honorifique. L’esprit de consommation a réussi à s’infiltrer jusque dans le rapport à la famille et à la religion, à la politique et au syndicalisme, à la culture et au temps disponible. » (Gilles Lipovetsky) – Jusque dans le bénévolat !

« La puissance culturelle du Nouveau. La concurrence des classes est peu de chose comparée aux effets de cette signification sociale impulsant d’elle-même le goût du différent, précipitant l’ennui du répétitif, faisant aimer et désirer ‘a priori’ ce qui change. L’obsolescence dirigée des produits n’est pas le simple résultat de la technostructure capitaliste, elle s’est greffée sur une société acquise, en très grande partie, aux frissons incomparables du neuf. » (Gilles Lipovetsky)

« La logique économique a bel et bien balayé tout idéal de permanence, c’est la règle de l’éphémère qui gouverne la production et la consommation des objets … Les progrès de la science, la logique de la concurrence, mais aussi le goût dominant pour les nouveautés, concourent à l’établissement d’un ordre économique organisé comme la mode. L’offre et la demande fonctionnent au Nouveau. » (Gilles Lipovetsky)

« La logique économique a bel et bien balayé tout idéal de permanence, c’est la règle de l’éphémère qui gouverne la production et la consommation des objets … Les progrès de la science, la logique de la concurrence, mais aussi le goût dominant pour les nouveautés, concourent à l’établissement d’un ordre économique organisé comme la mode. L’offre et la demande fonctionnent au Nouveau … C’est l’offre et la communication marchande qui détiennent désormais le pouvoir souverain. » (Gilles Lipovetsky)

« Triomphe la logique du ‘box-office’ favorisant l’uniformisation des goûts (hits-parades, ‘top ten’, best-seller…). »  (Gilles Lipovetsky, Jean Serroy)

« Les avant-gardes sont intégrées dans l’ordre économique, acceptées , recherchées, soutenues … Fini le monde des grandes oppositions rédhibitoires, art contre industrie, culture contre commerce, création contre divertissement … Les stratégies marchandes du capitalisme créatif transesthétique n’épargnent plus aucune sphère … il démultiplie les styles, les tendances, les spectacles, les lieux de l’art ; il lance continuellement de nouvelles modes et crée à grande échelle du rêve, de l’imaginaire, des émotions … Après l’art-pour-les-Dieux, l’art-pour-les-princes et l’art-pour- l’art, c’est maintenant l’art-pour–le-marché qui triomphe … Les termes professionnels suivent : les jardiniers sont devenus des paysagistes, les cuisiniers des créateurs culinaires, d’autres des ‘créateurs d’automobiles’, etc. … L’ère transesthétique en marche est planétaire … Goût pour la mode, les spectacles, la musique, le tourisme (qui ne voit partout que des paysages à admirer et à photographier comme des décors ou des tableaux), le patrimoine, les musées,  les cosmétiques, la décoration de la maison … Espèce de fétichisme et de voyeurisme esthétique généralisé … L’important est de ressentir … non d’être conforme à des modèles de représentation sociale … Moins conformiste et plus exigeant que par le passé, l’individu transesthétique apparaît en même temps comme un ‘drogué de la consommation’, pressé, zappeur, boulimique de nouveautés, obsédé de jetable, de célérité, de divertissement faciles (‘l’homo festivus’ de Philippe Muray, doublé d’un ‘homo esthéticus’, par ailleurs dépossédé de sa propre culture) mais qui n’en porte pas moins un regard esthétique, non utilitaire, sur le monde … Ce sont les valeurs initialement prônées par les artistes bohèmes du XIX° siècle (hédonisme, accomplissement de soi, authenticité, expressivité, recherche des expériences) qui sont devenues les valeurs dominantes célébrées par le capitalisme de consommation. » (Gilles Lipovetsky et Jean Serroy – considérations éparses – L’esthétisation du monde, vivre à l’âge du capitalisme artiste) – Derrière (et même devant cette esthétique), le fric. Affreux mélange du n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment, pour et par n’importe qui , irrespect généralisé, absurdité et abrutissement garantis, sauvagerie, infantilisme, fin en catastrophe imminente malgré l’enthousiasme évident et difficilement compréhensible des auteurs  – « Le capitalisme esthétique présenté comme  non moins agressif ou cynique que le capitalisme financier, vise les ressources émotionnelles des acteurs. » (Eva Illouz) – Il est encore plus tordu.

« On le sait, le rôle décisif, historiquement progressiste, du capitalisme consiste selon Marx à établir le marché mondial, grâce à quoi toute l’économie mondiale devient un tout objectivement cohérent. » (Georg Lukàcs)

« L’un des succès les plus étonnants dans l’histoire mondiale du capitalisme se sera produit sous l’égide du parti communiste. » (Amin Maalouf – à propos de la Chine) 

« Depuis Bismarck, depuis que la social-démocratie a pris une certaine force, un certain partage des richesses entre capital et travail s’était mis sur pied mais c’était sans doute dû la menace que le socialisme faisait peser sur le capital. Dès qu’il a été libéré de cette menace, il a joué au maximum le transfert des richesses du travail vers le capital. »  (Jean-Paul Malrieu – cité par Pierre le Vigan)

« Le progrès technique et un mode de vie plus confortable ont permis de faire entrer systématiquement des composants libidinaux dans la production et la circulation des marchandises (conduire un hors-bord, faire de la vitesse en automobile, se parer…)  … La mobilisation et la manipulation de la libido expliquent en grande la soumission volontaire des individus, l’absence de terreur, l’harmonie pré-établie entre les besoins individuels et les désirs, les buts et les aspirations exigées par la société … La satisfaction se fait sous une forme qui engendre la soumission et affaiblit la rationalité de la protestation. » (Herbert Marcuse)

« Comment l’idée de croissance économique est-elle devenue un lieu commun ? Par quelle ‘révolution’ dans l’histoire de la pensée … la notion d’une économie de croissance en est-elle venue à s’imposer dans la modernité, et presque universellement, non seulement comme un bien en soi, mais comme un phénomène naturel ? » (Christian Marouby)

« Le capital ressent toute limite comme une entrave. » (Karl Marx)

« Les économistes nous expliquent comment on produit dans des rapports donnés, mais ce qu’ils ne nous expliquent pas, c’est comment ces rapports se produisent, c’est-à-dire le mouvement historique qui les a fait naître. » (Karl Marx – Misère de la philosophie)

« La marchandise démolira toutes les murailles, bien plus efficacement que les canons des féodaux, elle abolira tous les rapports sociaux … famille… » (Karl Marx- Engels)

« Le capitalisme est une tentative de séparation de la vie économique du reste de la vie sociale. » (Jérôme Maucourant – résumant partie du travail de Karl Polanyi) – Un désencadrement de l’économie. « Ni dans les conditions du tribalisme, ni dans celles de la féodalité, ni dans celles du mercantilisme, il n’a existé dans la société de système économique séparé. La société du XIX° siècle dans laquelle l’activité économique était isolée … fut en vérité une nouveauté singulière. » (Karl Polanyi)

« La classe économique a asservi l’Etat, mais n’est jamais devenue l’Etat, parce qu’elle a toujours maintenu hors de l’Etat les centres de sa puissance, elle n’a pas été absorbée dans l’Etat, elle a attiré à elle la substance de l’Etat. » (Thierry Maulnier) – A plus forte raison depuis qu’elle est devenue une classe hors sol.

« La logistique, le management de la chaîne d’approvisionnement, avec son emblème le conteneur, aura été la condition essentielle et décisive de  la mondialisation industrielle. » (Yves Michaud)

 Deux capitalismes : « celui du XIX° siècle, accumulateur et industrialisateur, ne s’articulait pas encore à une société de consommation généralisée. Cela signifie qu’il valorisait l’ l’épargne, la sobriété, le sens de l’effort, et, d’une manière générale l’austérité, et non pas, comme à présent le papillonnement infini du désir, l’obligation de jouir et le culte de la transgression. » (Jean-Claude Michéa)

 « Une ‘économie de droite’ ne peut fonctionner durablement qu’avec une ‘culture de gauche’ … L’accumulation du capital (ou croissance)  ne pourrait se poursuivre très longtemps si elle devait s’accommoder en permanence de l’austérité religieuse, du culte des valeurs familiales, de l’indifférence à la mode ou de l’idéal patriotique … La croissance ne peut trouver ses bases psycho-idéologiques réelles que dans une culture de la consommation généralisée, c’est-à-dire dans cet imaginaire ‘permissif, ‘rebelle’ et ‘fashion’ dont l’apologie permanente est devenue la principale raison d’être de la nouvelle gauche (et qui constitue le principe même de l’industrie du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique) … L’Etat libéral est philosophiquement contraint d’impulser une révolution culturelle permanente dont le but est d’éradiquer tous les obstacles culturels …  à l’accumulation du Capital et, en premier lieu, à ce qui en constitue de nos jours la condition de possibilité absolue : la mobilité intégrale des individus. » (Jean-Claude Michéa) – Relire Marx.

« Contrairement aux civilisations antérieures, l’économie capitaliste n’a jamais eu pour but de produire des valeurs d’usage (des biens ou des services censés répondre à un besoin réel qu’il soit matériel, psychologique ou symbolique). Son objectif premier est de produire toujours plus de ‘marchandises’, c’est-à-dire de biens et de services qui n’ont été conçus qu’en fonction de leur seule valeur d’échange, autrement dit  de leur seule capacité supposée à accroître le capital initialement investi  … ‘Les marchandises ne sont pas fabriquées en fonction de leur utilité réelle mais uniquement afin d’être vendues’. » (Jean-Claude Michéa – citant John Ruskin) – Bien sûr, l’auteur reconnaît généraliser.

« La sacro-sainte croissance (idéal absurde dans un monde fini) n’est plus, de nos jours, que le prête-nom médiatique de l’accumulation illimitée du capital, c’est-à-dire du processus d’enrichissement sans fin de ceux qui sont déjà riches. » (Jean-Claude Michéa) – Sacrilège pour le Gogo, quotidiennement endoctriné.

« Une des conséquences du paradigme économique est l’inutilité de la morale. La mécanique de l’intérêt bien compris, quand elle fonctionne sans obstacle, suffit, par hypothèse, à garantir tout l’ordre dont une communauté a besoin. » (Jean-Claude Michéa)

 « ‘Bon pour la casse : les déraisons de l’obsolescence programmée’ (titre d’un livre de Serge Latouche) … tel est sans doute l’envers le plus sinistre de la vertueuse ‘croissance’ … Laquelle est vouée à se briser tôt ou tard contre ‘l’iceberg’ écologique. » (Jean-Claude Michéa)

« L’économie libérale apparaît nécessairement liée à un mode de consommation déterminé, qui inclut par exemple le primat structurel de l’objet jetable sur l’objet réparable, et par là même aux différentes manières de vivre ‘nomades’ et ‘éclatées’ qui en constituent le complément naturel. » (Jean-Claude Michéa)

« Une économie de marché intégrale ne peut fonctionner durablement que si la plupart des individus ont intégré une culture de la mode, de la consommation et de la croissance illimitée, culture nécessairement fondée sur la célébration perpétuelle de la jeunesse, du caprice individuel et de la jouissance immédiate … C’est donc le libéralisme culturel (et non le rigorisme moral ou l’austérité religieuse) qui constitue le complément psychologique et moral le plus efficace du capitalisme de consommation. » (Jean-Claude Michéa)

« La dynamique d’illimitation du capitalisme, loin de trouver sa source première dans une idéologie ‘conservatrice’ ou a fortiori, ‘réactionnaire, reposait bel et bien, et cela depuis Adam Smith et Voltaire, sur des valeurs fondamentalement ‘de gauche’ (individualisme radical, refus de toutes les limites et de toutes les frontières, culte de la science et de l’innovation technologique, mythe du progrès…) … C’est bien du reste pourquoi Marx n’a jamais eu l’étrange idée de se définir comme un ‘homme de gauche’ … Engels appelait ‘la queue de la classe capitaliste, son aile d’extrême gauche’ (‘L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat’). » (Jean-Claude Michéa)

« La seule raison pour laquelle l’économie de marché peut fonctionner sans que des ordres gouvernementaux disent à tout un chacun ce qu’il doit faire et comment il doit le faire, c’est qu’elle ne demande à personne de s’écarter des lignes de conduite qui conviennent le mieux à ses intérêts propres … En suivant son ‘avidité’ chaque acteur apporte sa contribution au meilleur agencement possible des activités de production. » (Ludwig von Mises)

« En économie, qualifier une  mesure de mauvaise n’est pas prononcer un jugement de valeur, mais simplement déclarer que du point de vue de ceux qui veulent obtenir un certain résultat, la mesure est inappropriée. » (Ludwig von Mises) – Mettre de la morale partout, c’est faire œuvre de démolition-destruction, intéressée cela va sans dire.

« Relation entre capitalisme et technologie … Sa crainte était que l’expansion du capitalisme, de la technologie et de la science entraîne le déclin d’une finalité collective et la dissolution des cultures particulières. La logique de ces champs était pour lui transnationale … Dissolution des barrières politiques et culturelles … Système global sans connexion historique ou organique avec quelque culture particulière que ce soit … Ordre mondial reposant sur l’échange commercial … Le sens ne pouvant survenir que d’une particularité naturelle cette perspective équivalait à un non-sens universel … Perte de la cohésion culturelle, menace du subjectivisme.» (Jerry Z. Muller – exprimant les craintes de Hans Freyer ou de Carl Schmitt) – Perspective du début du XX° siècle sur la mondialisation.

« La production du fer a avancé au même rythme que le sang répandu. » (Lewis Mumford)

« C’est le développement de l’économie de marché, et non les imprécations des millénaristes religieux ou sécularisés, qui a contribué à faire reculer la pauvreté en Europe. » (Philippe Nemo) – Ce ne sont pas les défilés, manifestations de rue, braillards…

« Le capitalisme consommationniste n’a pas besoin d’adultes, il hait les adultes, trop incontrôlables, trop libres penseurs, trop divers, il lui faut une humanité de treize ans d’âge mental, maxi. » (Dominique Noguez)

« La fièvre de la consommation est une fièvre d’obéissance à un ordre non énoncé. » (Pier Paolo Pasolini)

« Dans un pays civilisé, où le progrès n’aurait pas été simplement le développement, c’est-à-dire la destruction mécanique et irréversible des valeurs … La révolution capitaliste, d’un point de vue anthropologique, c’est-à-dire  quant à la fondation d’une nouvelle ‘culture’ exige des hommes dépourvus de liens avec le passé (qui comportait l’épargne et le moralisme). Elle exige que ces hommes vivent, du point de vue de la qualité de la vie, des comportements et des valeurs, dans un état d’impondérabilité, ce qui leur permet de privilégier comme seul acte existentiel possible, la consommation et la satisfaction de  ses exigences hédonistes … Sa caractéristique la plus intransigeante réside dans son pouvoir de destruction, sa première exigence est de faire place nette d’un univers ‘moral’ qui l’empêche de s’étendre. » (Pier Paolo Pasolini – sur le nouveau capitalisme – Lettres luthériennes)

« La production ne produit pas seulement de la marchandise ; elle produit en même temps des rapports sociaux, de l’humanité. Le ‘nouveau mode de production’ a donc produit une nouvelle humanité, c’est-à-dire une nouvelle ‘culture’, en modifiant anthropologiquement l’homme. Cette  ‘nouvelle culture’ a cyniquement détruit les cultures précédentes … En produisant de la marchandise on produit en fait de l’humanité (des rapports sociaux) … Les besoins induits par le vieux capitalisme étaient au fond très semblables aux besoins primaires. Au contraire, les besoins que le nouveau capitalisme peut induire sont totalement et parfaitement inutiles et artificiels. Voilà pourquoi, à travers eux, le nouveau capitalisme ne se limiterait pas historiquement à changer historiquement un type d’homme, mais il changerait l’humanité elle-même. » (Pier Paolo Pasolini – Lettres luthériennes) – Pas besoin d’être marxiste pour connaître le lien de cause à effet entre mode de production et les conditions d’existence au sens large.

« Chaque monde sera jugé sur ce qu’il aura considéré comme négociable et non négociable. » (Charles Péguy) – Qui, de son temps, ne pouvait songer à la GPA, Gestation pour autrui et location de ventres. – « Tout se monnaye, nulle sphère de l’existence n’échappe à l’échange. »  (Alain Finkielkraut)

« L’idée d’un marché s’ajustant lui-même était purement utopique. Une telle institution ne pouvait exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l’homme et sans transformer son milieu en désert. »  (Karl Polanyi – La grande transformation)

« La société moderne, qui naît au XIX° siècle, est une ‘société de marché’, car l’homme, la terre et la monnaie y sont traités comme des marchandises ; le projet de cette société est bien de ‘subordonner aux lois du marché la substance de la société elle-même’. » (Karl Polanyi – interprété par Jérôme Maucourant) – Aujourd’hui, il ne s’agit plus de soumettre une société, mais le monde.

« Tant que la satisfaction des besoins dépend d’objets matériels, la référence est économique. L’économie ne signifie rien d’autre ici que ‘se rapportant au processus de satisfaction des besoins matériels’. » (Karl Polanyi) – Mais, sous l’impulsion du capitalisme, l’économie au sens large a débordé sur tous les domaines (distractions, loisirs, sports, arts, politique…)

« La place de l’économie dans la société … Dans la conception matérialiste de l’histoire, l’économie constitue pour Marx le facteur qui détermine, directement ou indirectement, les domaines juridique et politique ainsi que la sphère des idées. La base économique conditionne et explique la ‘superstructure’ de la société ; selon Marx, ce schéma a une validité historique générale … Pour Max Weber, les diverses sphères de la vie sociale (économie, droit, religion, pouvoir) entretiennent des relations caractérisées par l’indépendance et l’autonomie relative, sans déterminisme historique universel. Marx comme Weber voient dans le capitalisme une fois établi la domination directe du domaine économique sur les autres dimensions de la vie en société. » (Karl Polanyi – La subsistance de l’homme)

« Plus le système du marché est global et plus il révèle son incapacité à  satisfaire les conditions d’une société stable. » (Karl Polanyi – La grande transformation)

« La société est gérée en tant qu’auxiliaire du marché. Au lieu que l’économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans les relations économiques. » (Karl Polanyi)

« Le capitalisme, dans son essence, est intrinsèquement révolutionnaire, en ce qu’il a besoin pour s’étendre de détruire toutes les valeurs, tous les liens sociaux, qui pourraient faire obstacle à la mise en place d‘une confrontation des égoïsmes … dont peut seule émerger une accumulation sans fin du capital et sa concentration entre certaines mains. La ‘destruction créatrice’ théorisée par Schumpeter… » (Natacha  Polony)

« Ce qu’on a appelé l’uberisation du monde est en fait la mise en concurrence totale de chacun par tous … L’ubérisation est une paupérisation … La globalisation a fait exploser le modèle français. » (Natacha Polony et le comité Orwell) – Et ce n’est qu’un début. Quand on aura fait sauter les notaires, on va entendre les gémissements, les pleurs le vacarme des conflits et les escroqués, les ruinés iront contempler les décombres.

 « Je déteste un certain socialisme parce qu’il a la haine de l’argent au lieu d’en avoir le mépris. » (Charles-Ferdinand Ramuz) – Ce qui n’empêche que « Socialisme et amour des places aillent  souvent de pair. » (Joseph Proudhon)

« Le capitalisme avancé … a très bien compris tout le parti qu’il peut tirer de la fièvre avant-gardiste et de la perpétuelle remise en question des valeurs … Une société mobile, malléable, ouverte au changement continuel … Tout avant-garde fascinée par la subversion et ‘l’audace’ cesse de la menacer et devient bel et bien son alliée. » (François Ricard) – D’où l’intérêt des milliardaires pour les médias les plus gauchistes possibles.

« La métamorphose de la consommation de vice en vertu est l’un des plus importants événements sociaux (et l’un des moins étudiés) du XX° siècle. » (Jeremy Rifkin – cité par Jacques Godbout) – Le dieu développement et la déesse croissance.

« Il y a deux voies possibles qui procurent l’abondance. On peut aisément satisfaire des besoins  soit en produisant beaucoup, soit en désirant peu … Marx accorde que ‘dans les nations pauvres les gens sont à leur aise’’ alors que dans les nations riches ‘ils sont généralement pauvres’ … Ayant attribué au chasseur des motivations bourgeoises et l’ayant muni d’outils paléolithiques, nous décrétons par avance que sa situation est désespérée. La rareté n’est pas une propriété intrinsèque des moyens techniques. Elle naît du rapport entre moyens et fins … Quand ‘la valeur suprême est la liberté de mouvement’ (Warner), la richesse (en objets notamment) se révèle moins un bien qu’une gêne (surtout pour des nomades) … La fabrication d’outils, d’ustensiles ou d’ornements, même peu onéreuse, perd toute signification quand ceux-ci deviennent plus encombrants qu’utiles. La construction d’habitations tant soit peu importantes est tout aussi vaine s’il faut les abandonner une fois achevées … ‘la quantité très limitée de leurs biens matériels les soulage de soucis et leur permet de jouir de l’existence’ (?) …Se débarrasser de ce qui n’est pas indispensable … La même chose est vraie, ou presque, des contraintes démographiques : Suppression des vieillards, pratique de l’infanticide, abstinence sexuelle pendant l’allaitement … Une politique démographique draconienne et une économie ascétique sont l’expression d’une même écologie … On est en mesure de prouver que les peuples de chasseurs-collecteurs travaillent moins que nous ; et que loin d’être un labeur continu, la quête de nourriture est, pour eux, une activité intermittente, qu’ils jouissent de loisirs surabondants et dorment plus que dans tout autre type de société … Pour ceux-ci le stockage serait superflu, cette confiance en soi, en l’avenir et en la nature justifierait aussi leur prodigalité … Certains ont refusé les bienfaits de la révolution néolithique, de l’agriculture, alléguant que cela ’entraînerait trop de travail’. » (Marshall Sahlins – Âge de pierre, âge d’abondance – ayant étudié les rares tribus écartées encore subsistantes au début des années 1960 et luttant contre « La tendance à faire du capitaliste contemporain l’idéal et la mesure de toutes choses. » (Pierre Clastres ; voir ci-dessus) – ou du moins de l’homo oeconomicus contemporain sinon du capitaliste pur.

« Peut-on penser que la construction d’une nouvelle entité politique, à l’échelle européenne, puisse être le simple produit de la collaboration économique et de l’extension de la protection sociale, que le politique puisse se réduire à l’économique ? » (Dominique Schnapper)

« Les consommateurs étant traités en enfants, les enfants peuvent bien l’être en consommateurs à part entière. » (Jaime Semprun – sur le puérilisme de nos sociétés)

« Etant les plus malléables et les plus manipulables des consommateurs, les mieux adaptés au monde de la camelote, puisqu’ils n’ont jamais rien connu d’autres, les jeunes sont constamment donnés en exemple au reste de la population. » (Jaime Semprun)

«  La tension vers un horizon de transformation n’apparait plus dans les propositions politiques … ‘Les violentes passions politiques ont peu de prise sur des hommes qui ont ainsi attaché toute leur âme à la poursuite du bien-être. L’ardeur qu’ils mettent aux petites affaires les calme sur les grandes’.  » (Raffaele Simone – citant Alexis de Tocqueville) – Tout, et tout tout de suite.

« L’ultracapitalisme n’accumule plus seulement les profits en exploitant ses propres travailleurs, mais plutôt en capturant et en opprimant sa propre clientèle mondiale, qui s’est laissé prendre (sans que personne s’en aperçoive à gauche) dans une spirale où se retrouvent différents facteurs qui ne sont plus seulement économiques : publicité, marketing, crédit facile, désir de ‘fun’ et d’évasion, espoir de rester jeune, prolongation de la vie sexuelle, saupoudrage de religiosité et de pathos. » (Raffaele Simone)

« Faut-il confier la satisfaction d’un besoin, la création d’une valeur à la concurrence des forces individuelles ou à leur organisation rationnelle, à leur affrontement ou à leur coopération. » – Débat du libéralisme et du socialisme, dans lequel la réponse serait évidente si « Lorsqu’elle n’est pas altérée par d’autres formes de lutte, la concurrence a pour effet, la plupart du temps, d’augmenter la valeur du point de vue du groupe et d’obtenir des satisfactions subjectives du point de vue des individus. » (Georg Simmel)  et si : le socialisme avait une seule fois démontré son efficacité économique et sa rigueur morale.

« Les économistes qui placent au centre l’homme comme animal consommateur. Ils veulent ne voir sa liberté à l’œuvre que dans le choix des auges. » (Peter Sloterdijk)

« Ce n’est point de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. » (Adam Smith – La richesse des nations) – Phrase célèbre. A l’appui de sa thèse libérale suivant laquelle l’intérêt suffit à régler les rapports sociaux. Le terme égoïsme n’a pas là de caractère péjoratif. L’auteur n’ignore pas non plus qu’une société fondée uniquement sur l’égoïsme conduit à la violence, à l’état de guerre de tous contre tous (Théorie des sentiments moraux, du même auteur).

« Un système infiniment moins coûteux et bien plus efficace (que le fascisme) pour enlever au peuple toute volonté séditieuse… Et ce système s’appelle ‘société de consommation’. » (Alain Soral)

« …Dont la conscience adulte se limite au désir de jouir et de consommer … Voilà pourquoi nos démocraties de marché caressent ces jouisseurs immatures dans le sens du poil, en se foutant pas mal de créer de toutes pièces les conditions d’une psychopathologie de masse, du moment qu’à court terme les hommes deviennent des ‘ménagères de moins de cinquante ans’ comme les autres. » (Alain Soral)

« La démocratisation des pratiques d’élite en nouveau standard de consommation de masse, est le moteur même de note système socio-économique où le voyage devient tourisme, la haute couture prêt-à-porter, l’érotisme industrie du X … Fatalement la partouze chic, promue par catherine Millet, et la médiatisation de la jet-set, se retrouve un jour en banlieue sous la forme de tournantes et autres viols en réunion. » (Alain Soral)

 « La jetabilité généralisée qui s’est de nos jours imposée partout dans le monde, qui affecte aussi bien les hommes et les entreprises que les objets qu’ils produisent, ainsi que les idées et les concepts que ces objets incarnent et désincarnent, a installé une infidélité systématique qui est orchestrée par le marketing … La destruction systémique de la fidélité nécessairement induite par l’innovation permanente et donc nécessaire au système économique consumériste est inévitablement aussi une destruction systémique de la confiance. » (Bernard Stiegler) – Infidélité et méfiance qui ont débordé du plan économique au plan social.

« Cette sacro-sainte croissance qui comporte tous les éléments d’un suicide collectif. » (François Taillandier)

« Aux âges de coutume, c’est le débouché ultérieur, étroit et prolongé, tandis qu’aux âges de mode, c’est le débouché extérieur, vaste et bref, qui est recherché par le producteur. » (Gabriel Tarde) – Âges de mode, époques de gaspillage, croissance égal gaspillage.

« Aux Etats-Unis, l’économie a cessé d’être la discipline qui étudie l’allocation optimale des ressources rares, pour y devenir la religion d’un dynamisme qui se désintéresse de la notion d’équilibre … L’Amérique s’est toujours développée en épuisant ses sols, en gaspillant son pétrole, en cherchant à l’extérieur les hommes dont elle avait besoin pour travailler … C’est pourquoi l’exportation par les Etats-Unis de leur capitalisme dérégulé constitue une menace pour les sociétés européennes, comme pour la société japonaise. » (Emmanuel Todd)

« Le libre-échange absolu, qui accentue le mouvement vers l’inégalité des revenus, entraine le triomphe du principe oligarchique. » (Emmanuel Todd)

« Des acteurs s’évertuant à offrir aux électeurs un spectacle, allant du grotesque au tragique, pour dissimiler une triste réalité : la fin de la capacité d’action des politiques, l’euro ayant privé la France de sa souveraineté économique, donc  de sa souveraineté tout court. » (Emmanuel Todd)

« Ils ont épuisé et le nom et le concept de Dieu, de Nature, de Fatalité qui symbolisèrent si longtemps l’objet de leur salut et de leur perdition … Il ne leur reste, pour rendre compte d’une destinée si contraire à leurs espérances, qu’à invoquer, ‘ultima ratio’, la nécessité économique. Ainsi se referme sur son point de départ et d‘arrivée le cercle d’une civilisation viciée, dont l’économie a scellé simultanément la naissance et le dépérissement. » (Raoul Vaneigem – Adresse aux vivants

« Les principes de la démocratie et des droits de l’homme n’ont pas de plus sûr garants que la nécessité où le marché mondial se trouve de vendre n’importe quoi à n’importe qui. Il s’ensuit que les valeurs du passé vont à la casse à la cadence de marchandises obsolètes. » (Raoul Vaneigem – Adresse aux vivants)

« La croissance est dépendante de la consommation de biens inutiles,, autrement dit du gaspillage des ressources. » (Dominique Venner) – Ce pourquoi notre mode de vie est condamné, et à brève échéance.

« L’avènement de la société de consommation imposait la dissolution … de tout ce qui serait susceptible de freiner l’achat de marchandises, et donc l’abolition de toute morale réprimant la satisfaction immédiate du désir. » (Jean Vioulac)

« Comment expliquer historiquement que dans le plus grand centre capitaliste du temps, dans la Florence des XIV° et XV° siècles, marché de l’argent de toutes les grandes puissances politiques, cette attitude (la défense de la recherche du profit par Benjamin Franklin) fût considérée comme éthiquement injustifiable, ou fût, au mieux, tolérée. Alors qu’au XVIII° siècle, dans des conditions petites-bourgeoises, au milieu des forêts de Pennsylvanie … elle était considérée comme l’essence de la conduite morale, et elle était même recommandée au nom du devoir. Parler ici de ‘reflet’ des ‘conditions matérielles’ sur la ‘superstructure idéelle’ (doctrine marxiste) serait pur non-sens.  …Quel est donc l’arrière-plan d’idées qui a conduit à considérer cette sorte d’activité dirigée en apparence vers le seul profit, comme une vocation envers laquelle l’individu se sent une obligation morale ? Car ce sont ces idées qui ont conféré à la conduite de l’entrepreneur ‘nouveau style’ son fondement éthique et sa justification … Mais aujourd’hui l’esprit de l’ascétisme religieux s’est échappé de la cage … Le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de ce soutien depuis qu’il repose sur une base mécanique. » (Max Weber – son ouvrage fondamental : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme – dans lequel il discerne la forte influence de l’éthique protestante, notamment puritaine, sur l’ascèse et le mécanisme béni d’accumulation du capital ; le travail fin en soi, but de la vie, signe d’être dans la grâce, expression de la louange au Créateur)

« Dans un monde aux ressources finies, on voit la perversion d’un système d’accumulation illimité. » (Julien Wosnitza – sur le capitalisme)

« Le consommateur n’est qu’un intermédiaire, pas vraiment indispensable, entre l’usine et la poubelle. » (Eric Zemmour)

« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » (? un économiste) – Ce pourrait être aussi un gogo stupide ou son maître à penser, quelque  stipendié du système politico-médiatique.

Les quatre stades de développement successifs de l’humanité définis suivant le mode de subsistance et tels que classiquement retenus : chasseurs ou chasseurs-cueilleurs (ce qui n’est pas la même chose), pastoral, agricole, et enfin commercial (plus tard défini comme industriel) – Une prime est promise à qui trouvera le cinquième.

« L’économie d’assistance ; l’envie la plus réduite pour le plus grand nombre de gens. » (slogan d’un courant économique dans le monde anglophone)

« La mode est devenue la forme dominante de tout processus de consommation-production, dans lequel le principe est de réduire la durée de vie du produit non plus par son usure mais par la lassitude du consommateur. » (?)

« L’idée absurde et, à terme, suicidaire suivant laquelle il faudrait toujours produire toujours plus de n’importe quoi jusqu’à la fin des temps. » (?) – Façon de faire advenir la fin des temps plus rapidement.

« Demander aux meilleurs de la classe de moins bien travailler afin que les cancres obtiennent de meilleures notes. » (?) – Remarque émise à propos des pleurnicheries de la France auprès de l’Allemagne en matière économique.

« De la marche efficiente de l’économie, l’entièreté de la ‘vie bonne’ de l’individu est supposée dépendre. » (?) – Elle a même étouffé la politique.

« Si l’on fait abstraction du fanatisme et de l’hystérie, la croissance signifie simplement ‘dépenser plus’. Peu importe où va l’argent et pourquoi il y va. » (?)

« Ils voudront tous acheter des Nike ! » (?) – Le stupide credo consumériste, matérialiste, progressiste destiné à rassurer les inquiets devant l’envahissement.

– Ci-dessous, extraits condensés d’un livre de Jean-Joseph Goux – Frivolité de la valeur – considérations éparses sur le passage du capitalisme industriel au capitalisme financier, la fortune-signe remplaçant la fortune-bien,  en simplifiant également.

« Que la valeur marchande soit relative au désir et non plus au travail, devient à la fois un triomphe de la subjectivité (subjectivité sans garantie ni transcendance, subjectivité flottante, variable, qui ne perçoit plus le monde dans sa réalité unanime et stabilisée mais au travers de ses propres sensations fluctuantes, au travers de ses propres désirs aux sources inconnues et problématiques), mais aussi un risque de désintégration du sujet lui-même … La valeur est d’abord valeur-pour-moi … elle ne vient pas de l’objet vers le sujet, elle part du sujet (désirant) pour se projeter sur les choses, les constituer passagèrement en objet valeureux … le désir et le plaisir de la consommation deviennent ce à partir de quoi se pense la valeur, et non plus le travail … le désir à l’origine de la valeur (le pain n’a valeur qu’en fonction de ma faim) … ‘C’est différemment que vaut chaque chose’ (André Gide) … La notion ‘d’utilité’ (‘désirabilité’ pour certains) n’a rien de normatif … elle n’est que le nom de code de l’hédonisme … Dans son acception économique, l’utilité ne signifie rien d’autre que la propriété de satisfaire à un besoin individuel (et momentané) quelconque. Est utile, tout ce qui est, ici et maintenant, désirable, même le nuisible, le superflu et, au sens courant, l’inutile … L’utilité économique est si largement comprise qu’elle déborde tout concept d’utilité morale … La force d’enveloppement de la logique économique … Si la valeur est subjective, elle devient variable et éphémère … Passage d’un monde de la valeur stable à la valeur variable (l’abandon de l’étalon or, l’équilibre instantané et  fluctuant de l’échange boursier) … Une valeur stable et fondée donnait une assurance à l’ouvrier quant au prix du travail et donnait une limite au bourgeois quant au profit qu’il pourrait tirer de ce travail … Réduction des valeurs à leurs rapports réciproques qui permet à Valéry une assimilation analogique de toutes valeurs (spirituelles ou matérielles), ‘J’ai donc dit qu’il y a une valeur nommée esprit’ … Plus de valeurs élevées et de valeurs basses … Ecroulement de toute l’échelle hiérarchique des valeurs … Balzac fait apparaître que cette convergence des désirs multiples vers l’intérêt unique pour l’or, est le principe ou la condition d’une optique réaliste sur le monde, au sens à la fois esthétique et éthique … plus de distinction entre l’utile et l’inutile, l’indispensable et l’arbitraire ; il y a des valeurs en hausse et des valeurs en baisse … Au langage boursier généralisé … correspond la ruine des fondements, ‘véritable et gigantesque transmutation des valeurs’ (Paul Valéry) … L’instabilité des valeurs économiques se transmet à toutes les valeurs, y compris au sens des mots du langage … ‘L’esprit politique finit toujours par être contraint de falsifier. Il introduit … de la fausse monnaie intellectuelle. Politique et liberté d’esprit s’excluent’  (Paul Valéry).»

-Ci-dessous extraits simplifiés d’un livre de Jeremy Rifkin – L’âge de l’accès – considérant le passage rapide d’une économie de propriété des biens matériels, et même de leur accumulation, à une économie privilégiant l’accès aux ressources, la primauté des services sur les biens, la préférence de l’usage temporaire (provisoire, locatif) de biens, à la demande, sur leur détention, l’influence des réseaux ; économie reflétée par des phénomènes comme l’externalisation (outsourcing, partenariat, sous-traitance généralisée), la franchisation, la location (semences agricoles brevetées), l’UBERisation, AIRBNB, BLABLACAR, le E-commerce, des entreprises tels GOOGLE, AMAZON….

« A l’ère des réseaux ce ne sont plus les plus gros accumulateurs de patrimoine matériel qui contrôlent les échanges mais les prestataires de services … Avoir, posséder, accumuler n’ont plus guère de sens dans une économie où la seule constante est le changement … Passage de la production industrielle à la production culturelle, avec colonisation de la sphère culturelle par la sphère marchande … Dématérialisation des espaces de bureau (déclin de l’immobilier, et des centres commerciaux), disparition de la notion de stock … La manipulation de l’esprit plus importante que le remodelage ancien de l’univers physique, les idées matière première de l’activité économique, de la sphère marchande … Contrôle des idées clés dans un secteur d’activité, contrôle de l’intégralité du secteur, concentration du pouvoir … Tout devient service (ex : location de véhicules) … Vie économique en termes d’accès à des services, des expériences, et de moins en moins en termes de propriété (même le répondeur téléphonique a disparu) … Le capitalisme est en train de se défaire de son enveloppe matérielle pour acquérir une dimension de plus en plus temporelle … Ce qui compte désormais ce sont les ‘parts de client’ plus que les parts de marché …  ‘Je suis connecté, donc j’existe’ … Clientèle à ‘personnalités multiples’, d’identité provisoire (et factice) vivant dans un monde de performance de type théâtral … Absence d’enracinement dans des expériences de socialisation durables et stabilisatrices … Incorporation dans toutes sortes de réseaux par toute une série d’engagements financiers … L’univers conscient de la pensée rationnelle et analytique y devient suspect, tandis que le monde inconscient du désir érotique, de l’illusion et des rêves éveillés occupe le devant de la scène et devient la réalité (univers des jeux) … L’activité économique abandonne de plus en plus les métaphores relevant du travail pour celles du jeu … Déclin des énoncés affirmatifs caractéristiques de la personnalité autonome, cédant la place à des énoncés interrogatifs qui reflètent une identité plus relationnelle (ou une absence d’identité) … De moins en moins d’espace et de temps disponibles pour l’expression et l’entretien de relations et de liens communautaires traditionnels. Comment l’empathie peut-elle s’exprimer dans un monde de simulacres dans lequel disparaissent les ressources émotionnelles ? »

Extraits du livre de Naomi Klein, La stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre. Du moins du début qui contient une idée, et une idée fort pertinente résumée ci-dessous. Le reste des 500 pages de ce pavé militant contient beaucoup trop d’exagérations et d’amalgames pour être utilisé. Les lecteurs de mon recueil doivent se douter que je ne suis pas porté sur l’américanophilie, mais il y a des limites. Si le monde est d’une part gris foncé (cas des Etats-Unis et de leurs laquais, aujourd’hui – cela peut changer toujours) et d’autre part gris clair, Il est trop simpliste de le voir en  noir et blanc.

« Les désastres ne sont plus des périodes de nivellement social (enfin pas pour tous) … La ‘destruction créative’ … Milton Friedman et ses disciples avaient perfectionné leur stratégie. Attendre une crise de grande envergure, puis pendant que les citoyens sont encore sous le choc, vendre l’Etat morceau par morceau, à des intérêts privés avant de s’arranger pour pérenniser les réformes à la hâte (Tsunami de 2004 au Sri Lanka, ouragan ‘Katrina’ de 2005 à la Nouvelle Orléans, guerres contre l’Irak et les opérations militaires baptisées ‘choc et effroi’, utilisation aux Etats-Unis même  des attentats du 11 septembre 2001) … J’appelle ‘capitalisme du désastre’ ce type d’opérations consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au  lendemain de cataclysmes et à traiter ces derniers comme des occasions d’engendrer des profits … Profiter des traumatismes collectifs pour opérer de grandes réformes économiques et sociales … Utiliser les périodes de changement cataclysmiques durant lesquelles les citoyens, avec leurs habitudes obstinées et leurs exigences persistantes sont neutralisés et où la démocratie apparaît comme impossible en pratique … ‘Un nouveau gouvernement jouit d’une période de six à neuf mois au cours de laquelle il peut opérer des changements fondamentaux’. S‘il n’en profite pas pour agir avec détermination, une telle occasion ne se représentera plus’ (Milton Friedman) … ‘Les technocrates de l’économie jouissent du luxe d’une page blanche sur laquelle ils peuvent déployer, dans tout son épanouissement pour ainsi dire, le cadre de politique économique qu’ils préconisent’ (Arnold Harberger) … ‘Seule une attaque éclair lancée pendant la conjoncture favorable créée par le brouillard de la transition permet d’apporter les changements avant que la population n’ait eu le temps de s’organiser pour protéger ses intérêts’ (Joseph Stiglitz)… La ‘science de la peur’ (tortures et assassinats, confinement, isolement, stimuli divers : Irak, Amérique du sud…) pour les récalcitrants … A l’approche de l’invasion de l’irak, le Pentagone enrôla tous les médias américains dans un exercice d’escalade de la peur à l’intention des Irakiens (inutile de dire que les serviles médias européens, français en tout cas suivirent avec empressement) … Guerre privatisée (Irak toujours), reconstruction privatisée, externalisation de la reconstruction comme de la destruction, boom économique dès que les bombes commencent à tomber, boom économique dès qu’elles s’arrêtent, destructeurs et reconstructeurs appartiennent seulement à des divisions différentes des mêmes entreprises (entreprises de mercenaires, multiples agences, Hallburton, Blackwater, Carlyle group, etc.) … Partout où il s’est installé, le complexe du capitalisme du désastre a engendré une prolifération de groupements armés en marge de l’Etat. »

Ci-dessous extraits de l’ouvrage de Naomi Klein, No logo, portant essentiellement sur les marques et leur prépondérance par rapport au produit.

« Les entreprises prospères doivent produire des marques plutôt que des marchandises… non des objets mais des images de leurs marques  … car ce sont les marques que les consommateurs achètent … ‘Les consommateurs ne voient pas de différence énorme entre les produits’, d’où ’l’établissement de liens émotionnels des marques avec leurs clients’ (un VP de Starbucks) … La’ publicité sociétale’  : les annonces qui positionnent une entreprise, ses valeurs, sa personnalité et son caractère … Une marque n’est plus un produit mais un style de vie, une attitude, un ensemble de valeurs, un look, une idée … Nike est une ‘société de sport’, sa mission n’est pas de vendre des chaussures mais ‘d’améliorer la vie des gens par le sport et la forme physique’ et de garder ‘vivante la magie du sport ’(le président de Nike)  … Swatch ne vend pas des montres mais une idée du temps … Les logos remplissent la même fonction sociale que de garder l’étiquette  du prix sur le vêtement (le crocodile de Lacoste), tout le monde sait (les marques jouent dans les ghettos un puissant rôle de substitut et compensent tous les manques, notamment d’estime de soi) … Si les marques ne sont pas des produits mais des idées, des attitudes, des valeurs et des expériences, pourquoi  ne pourraient-elles également constituer une culture ? ( le sponsoring, où la marque finit par absorber l’événement lui-même) … Marques et athlètes et artistes (le basketteur Michael Jordan et Nike, les groupes musicaux), Les jeux de pouvoir entre athlètes millionnaires et sociétés milliardaires …  le patron n’étant pas toujours et au fil du temps la marque (cas de Michael Jordan) … L’accent mis sur la cible jeunesse, (la chasse au cool) :  ‘Ils courent en troupeaux. Si vous vendez quelque chose à l’un d’eux, vous le vendez à tous les étudiants de leur classe et de leur école.’ (?) … Le marketing identitaire (marketing gay, etc.) : L’importance que nous accordions aux identités sexuelles et raciales extrêmes, aux styles de vie alternatifs,  engendrait de magnifiques stratégies de contenus associé à des marques et de marketing associé à des créneaux, en suivant le définisseur idéologique de la génération présente, la ‘diversité’, par opposition à ‘l’individualité’ pour les boomers et au ‘devoir’ pour leurs parents … De plus, la publicité a toujours apprécié les ‘images’ surprenantes … Mais les multinationales détentrices de marques ont beau parler de diversité, le résultat visible de leurs gestes est une armée d’ados. tous identiques marchant au pas, en ‘uniforme’, comme le disent les spécialistes du marketing, dans le centre commercial mondial (que les contestataires de vocation et de profession, les gauchistes stupides,  servent d’idiots utiles à leurs pires ennemi et qu’ils soient toujours cocus à la fin, ne constitue pas une nouveauté, l’auteur Naomi Klein en tête)

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés de l’ouvrage d’Yves Michaud, Le nouveau luxe.

« Le succès des industries du luxe nous en dit long sur les fragilités de l’individu contemporain, son malaise avec l’identité et ses stratégies pour tenter d’y faire face …  Individu obsédé par le plaisir, le besoin d’exister et d ‘être visible, de se trouver une identité, même creuse et vide, se raccrochant au luxe pour être ‘quelqu’un’, tout en ayant confusément conscience que  ses expériences sont aussi fragiles qu’inauthentiques, plus fabriquées que jamais …Quête obsessionnelle de l’identité …Ne pas être ‘quelqu’un’, c’est n’être personne, se distinguer pour être quelqu’un, pour être reconnaissable et reconnu, que ce soit en raison de son rang, de sa richesse, de ses manières , de ses vêtements, de son parfum, de son goût, de ses cartes de crédit, de sa voiture de ses amants ou maîtresses, recherche d’identité même dans la consommation du luxe démocratique de bas de gamme …  Le luxe sert à établir des différences, à produire des distinctions sur la base de l’accès à des symboles, des objets, des comportements, des consommations et des expériences qui ne peuvent pas être partagées par tous et ne doivent  surtout pas l’être sous peine de perdre leur valeur … Le désir de distinction n’opère pas seulement entre classes populaires et classes dirigeantes, mais de proche en proche dans la stratification sociale (dynamique d’imitation et alignement sur les modèles de la catégorie immédiatement supérieure) …. L’envie qui, au lieu de se propager sagement de bas en haut en fonction d’une ostentation imposée de haut en bas, part dans tous les sens et toutes les directions …  N’étant personne, l’individu n’a d’autre ressource que de s’affirmer comme riche, inoccupé, heureux, et surtout visible … Moins l’individu a de substance, plus il a besoin d’ostentation et d’authenticité pour exister, pus il a besoin de sensations pour se sentir exister … Production de distinction, production de plaisir, vécu d’expériences rares et intenses (dont expériences de dépense et d’excès) … Le luxe permet aussi de décrocher du quotidien … Trilogie du luxe : ostentation, plaisir et excès, mais fonctions partout présentes, sinon toujours équilibrées  … Dans le monde occidental, les fonctions de distinction ont plus d’importance, au moins au départ, que celles de plaisir et d’excès … Le luxe, produit aujourd’hui industriellement, même quand il affiche des traits artisanaux … Ce qui était vécu à travers les objets est désormais vécu de façon plus dématérialisée, ou encore vaporeuse et gazeuse, par la participation à des expériences (être ‘sur la liste’ pour une soirée réservée et fermée…) … Les expériences prennent le pas sur les objets. Les objets deviennent volatils et sont remplacés par des atmosphères de luxe … ‘La passion du luxe est aussi sous-tendue par le désir de s’admirer soi-même, de jouir de soi-même, et d’une image élitaire, dimension de type narcissique devenue dominante’ (Gilles Lipovetsky). »

 

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